Le choix en fonction du temps - 2
Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 3, p. 89 Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui |
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Question : Quelle est ce Dharma secret ? Je voudrais d'abord que l'on me dise son nom et ensuite qu'on me l'explique. Si ce que vous dites est vrai, se pourrait-il que Shakyamuni apparaisse en ce monde pour la deuxième fois, ou que le bodhisattva Jogyo sorte de nouveau de la Terre ? Répondez-moi sans attendre, je vous en supplie ! On dit
que le Savant-maître*
Xuanzang mourut et renaquit
six fois, avant de parvenir en Inde où il séjourna dix-neuf
ans. Il affirma que le principe du Véhicule
unique énoncé dans le Sutra du Lotus n'était
qu'un enseignement provisoire et que les sutras
Agama*
du bouddhisme hinayana représentaient
l'enseignement définitif
(jikkyo). Et lorsqu'il revint en Inde le Savant-maître*
Amoghavajra*
annonça que le Bouddha du chapitre Juryo*
(XVI) était
le bouddha Amida ! C'est une
erreur aussi grande que de confondre l'Est avec l'Ouest ou le soleil
avec la lune. Ils épuisèrent leur corps en vain et exercèrent
leur esprit sans effet. Réponse : Cet enseignement est révélé dans le texte du Sutra, il m'est donc facile de vous l'expliquer. Mais, avant de clarifier cet enseignement, je dois parler de trois points importants qui me préoccupent. Il est dit que, si vaste que soit le grand océan, il ne conserve pas les cadavres (note) et, si solide que soit la croûte terrestre, elle ne soutient pas ceux qui sont ingrats envers leurs parents (note). Si l'on en croit les textes bouddhiques, pourtant, même ceux qui ont commis les cinq forfaits peuvent être sauvés, de même que les personnes qui transgressent les lois de la piété filiale. Seuls les icchantika, ceux qui s'opposent au Dharma et ceux qui se donnent l'apparence de garder les préceptes tout en se croyant supérieurs aux autres ne peuvent pas être pardonnés. Les trois difficultés importantes dont je parlais plus tôt consistent en l'école Nembutsu, l'école Zen et l'école Shingon. L'école Nembutsu, pour commencer, a envahi le Japon tout entier et l'invocation du bouddha Amida se retrouve comme une chanson sur les lèvres des quatre congrégations. Deuxièmement, l'école Zen a produit des moines arrogants qui parlent de leur "triple robe et un bol à aumônes", et couvrent la terre, entre les quatre mers, en se prétendant les guides éclairés du monde entier. Troisièmement, l'école Shingon forme une catégorie à part. Elle bénéficie du soutien des temples du Mont Hiei, des sept temples de Nara, du To-ji, du Onjo-ji et de leurs patriarches, y compris le supérieur du Mont Hiei, Omuro, le supérieur du Onjo-ji et les administrateurs des divers temples et sanctuaires.(note) Depuis que le miroir sacré (note) conservé au palais impérial a été détruit par le feu, on a considéré que le précieux mudra du bouddha Vairocana*, miroir du Bouddha, devait le remplacer pour l'empereur ; et puisque le sabre précieux avait sombré dans la mer de l'ouest, (note) on a cru que les cinq grands Honorés avaient le pouvoir de vaincre les ennemis du Japon. Ces croyances semblent si profondément enracinées que la pierre dont l'usure correspond à un kalpa (note) pourrait être totalement érodée et la terre immense pourrait basculer sans que quiconque les mette en doute. Quand le Grand-maître* Zhiyi* réfuta publiquement les maîtres des autres écoles du Sud et du Nord, ces enseignements du Shingon n'avaient pas encore été introduits en Chine ; et, lorsque le Grand-maître* Saicho* vainquit les maîtres des Six Écoles au Japon, il ne fut plus question de la doctrine Shingon. A plusieurs reprises le Shingon évita la confrontation avec ses puissants ennemis, et réussit à supplanter et mettre en danger le Grand Dharma du Sutra du Lotus. De plus, Ennin*, disciple du Grand-maître* Saicho*, alla jusqu'à adopter l'enseignement de cette école [Shingon], et à l'introduire au Mont Hiei, obscurcissant ainsi les principes du Tendai et livrant l'école tout entière à l'influence du Shingon. Mais qui pouvait s'opposer ouvertement à un personnage aussi écouté que Ennin* ? Ainsi, en bénéficiant de préjugés favorables, l'enseignement erroné de Kukai* n'a jamais été réfuté. Le moine Annen formula bien quelques réserves à l'égard de Kukai*, mais il se contenta de remplacer l'école Kegon par celle du Sutra du Lotus, à la deuxième place, dans son classement par ordre d'importance ; il considéra toujours le Sutra du Lotus comme inférieur au Sutra Vairocana*. Il ne fut donc rien de plus qu'un homme de compromis. Question En quoi consistent les erreurs de ces trois écoles ? Réponse : Considérons d'abord l'école Jodo ou Nembutsu. En Chine, sous la dynastie Qi, vécut un Maître du Dharma du nom de Tanluan. A l'origine, il était moine de l'école Sanron, mais, après avoir lu le Jujubibasha Ron de Nagarjuna, il accepta la distinction entre la Voie de la pratique difficile et Voie de la pratique facile. Plus tard sous la dynastie Tang vécut celui que l'on appela le Maître de méditation, Daochuo. A l'origine, il donnait des cours sur le Sutra du Nirvana mais lorsqu'il lut le récit fait par Tanluan de sa conversion à l'école Jodo [ou enseignement de la Terre pure], Daochuo abandonna le Sutra du Nirvana et se convertit lui aussi à la doctrine de la Terre pure, classant les enseignements en deux catégories, ceux de la Voie sacrée et ceux de la Terre pure (note). De plus Daochuo eut un disciple du nom de Shandao qui définit deux sortes de pratique religieuse, la pratique correcte et la pratique incorrecte. Au Japon, deux cents ans environ après l'entrée dans l'époque des Derniers jours du Dharma, sous le règne de l'empereur retiré Go-Toba, vécut un homme du nom de Honen. S'adressant aux moines aussi bien qu'aux laïcs, il déclara : "Les enseignements bouddhiques varient en fonction des capacités des hommes à diverses époques. Le Sutra du Lotus, le Sutra Vairocana*, les doctrines des huit ou neuf écoles telles Tendai ou Shingon, tous les enseignements exposés par le Bouddha de son vivant, mahayana et hinayana, exotériques et ésotériques, provisoires ou définitifs, aussi bien que les écoles qui s'appuient sur eux, furent tous conçus pour les personnes de capacités et de sagesse supérieures qui vécurent pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel. Depuis que nous sommes entrés dans l'époque des Derniers jours du Dharma, quels que soient les efforts fournis dans la pratique de tels enseignements, ils n'apportent plus aucun bienfait. De plus, si on mélange de telles pratiques avec la récitation du Nembutsu adressée au bouddha Amida, même le Nembutsu deviendra inefficace et ne nous permettra pas de renaître sur la Terre pure. "Ce n'est pas là une interprétation qui m'est personnelle [à moi Honen]. Le bodhisattva Nagarjuna et le Maître du Dharma Tanluan ont rangé tous deux ces pratiques dans la Voie de la pratique difficile. Daochuo les a rejetées en disant que jamais une seule personne n'a atteint l'Éveil grâce à elles et Shandao a affirmé qu'elles n'ont pas le pouvoir de sauver une personne sur mille." Toutes ces citations émanent de maîtres de l'école Jodo et vous pourriez peut-être mettre leur parole en doute. Mais le défunt maître Genshin*, à qui aucun sage des écoles Tendai ou Shingon n'est supérieur à l'époque des Derniers jours du Dharma, dit de même. Il affirme, dans son ouvrage intitulé Ojo yoshu (L'Essentiel pour renaître dans la Terre pure), que les enseignements du bouddhisme, exotériques aussi bien qu'ésotériques, ne sont pas de nature à délivrer des souffrances de la vie et de la mort. De plus, dans un ouvrage intitulé Ojo juin [Définition des dix causes qui permettent de renaître dans la Terre pure] Yokan, de l'école Sanron, est du même avis. Il dit que, si les enseignements des écoles Hokke et Shingon sont totalement rejetés au profit de la récitation exclusive du Nembutsu, dix personnes sur dix, cent personnes sur cent pourront renaître dans la Terre pure." Ces déclarations de Honen suscitèrent d'abord des polémiques avec les moines du Mont Hiei, du To-ji, du Onjo-ji et des sept temples principaux de Nara. Mais la préface du Ojo yoshu parut si convaincante que Kenshin, patriarche du temple du Mont Hiei, fut finalement conquis par la doctrine du Nembutsu et devint un disciple de Honen. De plus, même des personnes qui n'étaient pas disciples de Honen se mirent à réciter le Nembutsu plus volontiers que les louanges de n'importe quel autre bouddha, ayant constamment comme un refrain à la bouche et comme une préoccupation en tête le nom du bouddha Amida, tant et si bien que chaque habitant du Japon semblait devenu disciple du moine Honen. Au cours des cinquante dernières années, tous les habitants du pays, à l'intérieur des quatre mers, sans aucune exception, sont devenus des disciples de Honen. Et comme chacun est devenu disciple de Honen, cela signifie que chaque habitant du Japon est une personne qui s'oppose au Dharma. Si, par exemple, mille enfants se réunissaient pour tuer ensemble un seul de leurs parents, ces mille personnes commettraient en même temps l'un des cinq forfaits. Et si l'une d'elles pour cela tombait dans l'enfer avici, comment les autres pourraient-elles échapper au même sort ? Finalement, il semblerait que Honen, par esprit de vengeance pour avoir été condamné à l'exil, se soit changé en un mauvais esprit qui s'empara des gouvernants, posséda les moines du Mont Hiei et du Onjo-ji qui l'avaient auparavant persécuté, lui et ses disciples ; il poussa certains moines à fomenter une rébellion, d'autres à commettre diverses mauvaises actions. Cela eut pour résultat qu'ils furent presque tous éliminés par Minamoto no Yoritomo. Les quelques rares moines du Mont Hiei ou du To-ji qui ont survécu sont considérés avec mépris par les croyants et les croyantes laïques. Ils sont traités comme des singes dont se moque la foule ou comme des barbares du nord prisonniers, devenus, même pour les enfants, objet de risée. Les moines de l'école Zen, profitant de la situation, se prétendirent "gardiens des préceptes"(note) et, trompant les gens, se donnèrent des airs si respectables que, même quand leur folie les poussait à formuler des principes absurdes, on ne comprit pas qu'ils exposaient des enseignements erronés. Cette école Zen prétend avoir reçu une "transmission particulière en dehors des sutras" [qui ne fut pas révélée par le Bouddha dans les nombreux sutra qu'il exposa de son vivant] et que Shakyamuni chuchota à l'oreille du Vénérable* Mahakashyapa. Ainsi, les tenants de cette école disent que, étudier les sutras sans connaître l'enseignement du Zen, c'est être comme un chien qui veut mordre un coup de tonnerre ou comme un singe essayant d'attraper le reflet de la lune dans l'eau. Cet enseignement Zen est erroné. Il séduit au Japon ceux que leurs pères et mères ont reniés parce qu'ils ont manqué à leurs obligations filiales, ceux qui ont été renvoyés par leur seigneur ou leur maître en raison de leur mauvaise conduite, les jeunes moines trop paresseux pour se concentrer sur leurs études ou ceux dont la nature est nonchalante comme celle d'une courtisane. Bien que tous ses adeptes observent en apparence les préceptes, ils ne sont que des sauterelles dévorant les récoltes des paysans. C'est pourquoi les divinités du Ciel froncent les sourcils de colère et celles de la Terre trépignent. L'école Shingon est une source de difficultés beaucoup plus graves que les deux autres dont je viens de parler. Sa doctrine est extrêmement erronée et je voudrais en discuter ici les grandes lignes. Sous le règne de l'empereur Xuanzang, de la dynastie Tang, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*, et Amoghavajra* ont apporté les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji* d'Inde et les ont introduits en Chine. Les enseignements de ces trois sutras sont très clairement énoncés. Si nous en recherchons le principe essentiel, nous voyons qu'il consiste à réunir les deux Véhicules et à les remplacer par le Véhicule unique de l'état de bodhisattva, à réfuter les Deux Véhicules pour révéler le Véhicule unique de l'état de bodhisattva. Et la caractéristique de cette école est la pratique des mudra et des mantra dharani*. Un tel principe ne peut même pas soutenir la comparaison avec le remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique de l'état de Bouddha, notion énoncée dans les sutras Kegon* et Hannya* et n'est pas même aussi profond que l'enseignement spécifique (bekkyo) et l'enseignement parfait* qui précédèrent le Sutra du Lotus comme l'a clarifié l'école Tendai. Pour ce qui est de sa signification essentielle un tel principe correspond tout au plus aux deux types d'enseignement les moins élevés, les enseignements tripitaka (zogyo) et commun (tsugyo). Shubhakarasimha* comprit sans doute que s'il exposait, tels quels, les enseignements énoncés dans ces sutras, il serait ridiculisé par les adeptes des écoles Kegon et Hosso et deviendrait la risée de l'école Tendai. Mais, comme il avait pris la peine de les apporter d'Inde, il aurait sans doute trouvé regrettable de ne pas les enseigner. A cette époque, il y avait, dans l'école Tiantai, un Maître de méditation du nom de Yixing, un homme sans droiture. Shubhakarasimha* alla le trouver et lui demanda des explications sur les principes bouddhiques enseignés en Chine. L'acarya Yixing, se trompant sur ses véritables motifs, non seulement révéla à Shubhakarasimha* les principes de base des écoles Sanron, Hosso et Kegon, mais lui expliqua aussi ceux de l'école Tiantai. Shubhakarasimha* comprit que l'enseignement du Tiantai était encore supérieur à la description qu'on lui en avait faite en Inde et qu'il serait très difficile avec les trois sutras qu'il avait apportés de le dépasser. Aussi, afin de tromper Yixing, il lui dit : "Mon bon moine, vous êtes l'un des hommes les plus intelligents de Chine et l'école Tiantai possède un enseignement véritablement profond et mystique. Mais l'école Shingon dont j'ai apporté les sutras en Chine est supérieure à l'école Tiantai sur un point : elle utilise les mudra et les mantra dharani*." Yixing pensa que ce n'était peut-être pas impossible. Shubhakarasimha* dit alors à Yixing : "De la même manière que le Grand-maître* Zhiyi* écrivit des commentaires sur le Sutra du Lotus, j'aimerais concevoir des commentaires sur le Sutra Vairocana* pour propager l'enseignement de l'école Shingon. Pourriez-vous les écrire pour moi ? " Yixing répondit que c'était chose facile. Mais que devrait-il écrire ? L'école Tian tai était une forteresse imprenable, et, bien que toutes les autres écoles bouddhiques aient tenté de réfuter sa doctrine, aucune n'y était jamais parvenue pour une seule et bonne raison. Parce que l'on trouve, dans le Sutra Muryogi qui sert d'introduction au Sutra du Lotus, une affirmation qui rend caducs tous les sutras enseignés pendant les quarante et quelques années précédentes [l'affirmation par le Bouddha qu'il n'avait pas encore révélé la vérité]. Et, dans les chapitres Hosshi* (X) et Jinriki* (XXI) (note) du Sutra du Lotus, le Bouddha déclara qu'aucun sutra enseigné par la suite ne pourrait supplanter le Sutra du Lotus. Dans le passage du chapitre chapitre Hosshi* (X) où le Sutra du Lotus est comparé à d'autres sutras exposés à la même époque, la supériorité du Sutra du Lotus est aussi établie. Yixing demanda donc à Shubhakarasimha* dans quelle catégorie il fallait placer le Sutra Vairocana* : dans celle des sutras enseignés avant le Sutra du Lotus, à la même époque ou après ? Shubhakarasimha* eut alors une idée extrêmement rusée. "Le Sutra Vairocana*, expliqua-t-il à Yixing, commence par un chapitre appelé Jushin. De même que le Sutra Muryogi réfute tous les sutras enseignés pendant les quarante et quelques années précédentes, ce chapitre Jushin rend périmés tous les autres sutras. Les chapitres qui suivent, du chapitre Nyumandara jusqu'à la fin du Sutra Vairocana*, ont été présentés en Chine comme deux versions distinctes, le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana*, mais en réalité, en Inde, ils constituaient un sutra unique. Le Bouddha Shakyamuni s'adressa à Shariputra et à Maitreya, leur enseigna le Sutra Vairocana* en l'appelant Sutra du Lotus et en omettant l'enseignement des mudra et des mantra dharani*, n'exposant ainsi que la théorie. C'est l'ouvrage que Kumarajiva traduisit en chinois et que le Grand-maître* Zhiyi* utilisa. A la même époque, toutefois, le bouddha Vairocana* s'adressa à Kongosatta et lui enseigna le Sutra du Lotus sous le nom de Sutra Vairocana*. Il s'agit de l'ouvrage que l'on appelle maintenant Sutra Vairocana* et que j'ai eu souvent l'occasion de voir en Inde. J'aimerais donc vous voir écrire que le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus sont essentiellement de la même substance, comme de l'eau et du lait. Par conséquent, le Sutra Vairocana* peut prétendre à la supériorité sur tous les enseignements du passé, du présent et du futur, de la même manière que le Sutra du Lotus. "Quant aux mudra et mantra dharani*, on les utilise pour embellir le principe spirituel défini par les termes ichinen sanzen, ils deviennent un l'enseignement secret (zuitai, himitsu) harmonisant les trois mystères. Et, parce qu'il inclut ce principe des trois mystères, l'enseignement du Shingon se révèle supérieur à celui du Tiantai qui ne mentionne que le Mystère de la pensée. Le Shingon est comme un grand général portant casque et cuirasse, un arc et des flèches et une grande épée au côté. Alors que le Tiantai, avec seulement le Mystère de la pensée [la théorie d'ichinen sanzen], est comme un grand général sans aucune arme." L'acarya Yixing écrivit tout cela fidèlement, comme Shubhakarasimha* le lui avait dicté. L'enseignement théorique* du Sutra du Lotus fut adressé à Shariputra et l'enseignement essentiel*, à Maitreya. Dans les 360 provinces de Chine, personne ne découvrit ce subterfuge. Au début, il y eut quelques polémiques sur les mérites relatifs des écoles Tiantai et Shingon. Mais Shubhakarasimha* était une personne qui inspirait un grand respect et les moines de l'école Tiantai avaient moins de poids que lui. De plus, à cette époque, il n'y avait pas de moine aussi sage que l'avait été le Grand-maître* Zhiyi*. Ainsi, de jour en jour, l'école Tiantai perdit du terrain et la domination du Shingon ne fut plus contestée. Avec le passage des années, la racine frauduleuse de ces enseignements erronés de l'école Shingon aurait pu rester bien cachée. Le Grand-maître* Saicho*, après s'être rendu du Japon en Chine, en revint avec les textes de l'école Tiantai, mais aussi avec ceux de l'école Shingon. Il recommanda l'enseignement de l'école Tendai à l'empereur du Japon et fit étudier celui de l'école Shingon aux maîtres des Six Écoles. Il avait déjà clairement mis en évidence la supériorité de l'enseignement du Tendai sur celui des Six Écoles avant son voyage en Chine. Après être rentré de Chine, il décida de faire construire le kaidan pour l'ordination selon les préceptes menant à l'Éveil parfait et immédiat, mais cela suscita de nombreuses controverses. Peut-être pensa-t-il qu'il avait déjà beaucoup d'ennemis, et que la réalisation de ce Grand Sanctuaire serait suffisamment difficile même s'il y consacrait tous ses efforts. Ou peut-être a-t-il pensé que ce serait à l'époque des Derniers jours du Dharma qu'il faudrait réfuter l'école Shingon. Quoi qu'il en soit, il ne mentionna pas le Shingon en présence de l'empereur et n'en parla pas non plus de manière décisive à ses disciples. Toutefois il laissa bel et bien un ouvrage secret en un volume intitulé Ebyo Shu (note) dans lequel il décrit de quelle manière divers moines des Sept Écoles furent convaincus par l'enseignement du Tendai. Dans la préface de ce texte, il mentionne le caractère frauduleux des enseignements du Shingon. Kukai* se rendit en Chine pendant l'ère Enryaku à la même époque que le Grand-maître* Saicho*(note). Il y étudia l'enseignement de l'école Shingon sous la direction de Huiguo du temple Qing-long-si. De retour au Japon, évaluant les mérites des enseignements exposés par Shakyamuni de son vivant, il déclara que les plus élevés étaient les enseignements de l'école Shingon, plaçant le Sutra Kegon* au deuxième rang, et, au troisième, le Sutra du Lotus. Nombreux sont ceux qui, de nos jours, éprouvent un très grand respect pour ce Kukai*. Mais, j'ai quelque regret à le dire, concernant les enseignements bouddhiques, il a commis beaucoup d'erreurs. Pourquoi ? Je suppose que c'est parce que, lorsqu'il séjourna en Chine, il étudia seulement l'enseignement de l'école Shingon, la pratique des mudra et des mantra dharani*. Mais il ne semble pas avoir étudié les aspects théoriques de la doctrine. De retour au Japon, il découvrit que l'école Tendai était beaucoup plus florissante qu'il ne le pensait et en conclut qu'il serait difficile de propager l'enseignement du Shingon auquel il était attaché. Par conséquent, il reprit l'enseignement de l'école Kegon qu'il avait étudié au Japon avant son départ, et il commença à affirmer [comme le Kegon le disait de sa propre doctrine] que l'enseignement du Shingon était supérieur à celui du Sutra du Lotus. Mais il comprit que, s'il se contentait de l'affirmer, comme le faisaient les maîtres de l'école Kegon, personne ne le croirait. C'est pourquoi il modifia à sa manière le raisonnement du Kegon (note) en disant : "Je propage en réalité la véritable doctrine contenue dans le Sutra Vairocana*, dans le Bodaishin Ron du bodhisattva Nagarjuna et dans l'enseignement du maître du Shingon Shubhakarasimha*", consolidant ainsi sa position à grand renfort de mensonges absurdes. Mais, malgré cela, les moines de l'école Tendai n'ont pas su fermement le contredire. Question : Dans des ouvrages de Kukai* tels que le Jujushin Ron, le Hizo Hoyaku et le Ben Kemmitsu Nikyo Ron, on lit des phrases comme : "Chaque école proclame que le véhicule qu'elle propose est le véritable véhicule, mais, si on examine cela du point de vue des doctrines ultérieures du Shingon, il ne s'agit que de théories puériles." (note) "Le Bouddha Shakyamuni est encore à l'étape de l'obscurité, il n'est pas parvenu à l'étape de l'Éveil"(réf.) ; "les divers sutras du Mahayana exotérique correspondent à la quatrième saveur, celle du beurre"(note) ; "les maîtres bouddhistes, en Chine, ont rivalisé pour s'approprier la saveur du beurre clarifié du Shingon et clamer qu'elle appartient à leur propre école."(note) Comment devons-nous comprendre les affirmations contenues dans ces commentaires ? Réponse J'ai été moi-même stupéfait en lisant ces commentaires et j'ai donc fait des recherches dans tous les sutras, y compris dans les trois attribués au bouddha Vairocana*. Mais je ne trouve pas un seul mot ou passage dans les sutras indiquant que le Sutra du Lotus, comparé aux sutras Kegon* ou Vairocana* est un enseignement puéril ; que, par rapport au Sutra Rokuharamitsu, Zhiyi* agit comme un voleur, ou que le Sutra Shugo décrit Shakyamuni "à l'étape de l'obscurité"(note). Ce sont là des affirmations totalement absurdes et pourtant, depuis trois ou quatre cents ans, au Japon, un certain nombre de personnes sensées les ayant acceptées, on en est maintenant venu à penser qu'elles sont raisonnables et fondées. J'aimerais souligner quelques erreurs de Kukai* particulièrement flagrantes afin que l'on comprenne qu'il en va de même pour le reste. Ce fut sous les dynasties de Chen (557 - 589) et Shui (581 - 618) que le Grand-maître* Zhiyi* compara le Sutra du Lotus au ghee. Et deux siècles plus tard, vers le milieu de la dynastie des Tang, le Savant-maître* Prajna traduisit et introduisit le Sutra Rokuharamitsu en Chine. Il aurait fallu que le Sutra Rokuharamitsu qui range l'enseignement des dharani dans la cinquième catégorie, la plus élevée, le comparant au beurre clarifié ait été déjà transmis aux époques de Chen et Shui pour que le Grand-maître* Zhiyi* puisse "voler le beurre clarifié de l'enseignement Shingon". Au Japon, le moine Tokuichi offre un exemple similaire. Il critiqua sévèrement le Grand-maître* Zhiyi* pour avoir rejeté la classification des enseignements en trois périodes énoncée dans le Sutra Jimmitsu*, en disant que Zhiyi* s'était servi d'une langue de trois pouces (sun) pour détruire le corps [du Bouddha] de cinq pieds (shaku). Le Grand-maître* Saicho* [à son tour] rétorqua à Tokuichi que le Sutra Jimmitsu* avait été introduit en Chine par Xuanzang dans les premières décennies de la dynastie Tang. Et que le Sutra Jimmitsu* était donc arrivé en Chine plusieurs années après la mort de Zhiyi* qui vécut sous les dynasties Chen et Shui. Comment aurait-il pu réfuter un sutra qui ne fut introduit en Chine qu'après sa mort ? Tokuichi fut non seulement réduit au silence mais sa langue se fendit en huit morceaux, et il mourut. Mais tout cela n'est rien comparé aux accusations malveillantes formulées par Kukai*. Il qualifie de voleurs Fa-zang de l'école Kegon, Jizang, de l'école Sanron, Xuanzang de l'école Hosso, Zhiyi*, aussi bien que les maîtres des écoles du Nord et du Sud de la Chine, en fait, tous les lettrés et les maîtres qui vécurent depuis l'introduction du bouddhisme en Chine, sous la dynastie des Han postérieurs. De plus, comparer le Sutra du Lotus au beurre clarifié n'est en rien une invention personnelle de Zhiyi*. Le Bouddha lui-même, dans le Sutra du Nirvana, a comparé le Sutra du Lotus au beurre clarifié et, par la suite, le bodhisattva Vasubandhu compara de même le Sutra du Lotus et le Sutra du Nirvana au beurre clarifié. (réf.) Le bodhisattva Nagarjuna qualifie le Sutra du Lotus de "remède merveilleux". (réf.) Si tous ceux qui ont comparé le Sutra du Lotus au ghee sont des voleurs, faut-il également traiter de voleurs les bouddhas Shakyamuni, Taho, les bouddhas des dix directions, Nagarjuna et Vasubandhu ? Si la vision des disciples de Kukai*, comme celle des moines Shingon du temple To-ji est à ce point mauvaise qu'ils sont incapables, de leurs propres yeux, de distinguer le blanc du noir, ils devraient faire confiance aux yeux des autres et reconnaître les malheurs qu'entraînent leurs propres erreurs ! Et qu'ils nous montrent donc les passages du Sutra Vairocana* et du Sutra Kongocho* qualifiant le Sutra du Lotus d'enseignement puéril ! Même si l'on trouvait dans ces sutras un passage se référant au Sutra du Lotus en ces termes, il s'agirait très probablement d'une erreur imputable aux traducteurs. De telles affirmations doivent être examinées avec le plus grand soin avant d'être reprises. On rapporte que Confucius refléchissait neuf fois avant de prononcer un seul mot et que Dan, le duc de Zhou, s'y reprenait à trois fois pour se laver les cheveux et reposait trois fois sur la table des aliments qu'il était sur le point de porter à sa bouche (note). Des sages décrits dans les enseignements non bouddhiques, qui étudient le monde profane et éphémère, procédaient déjà ainsi, avec une extrême circonspection. Comment des hommes sans scrupules peuvent-ils donc agir de manière aussi négligente et superficielle dans des domaines concernant le Dharma ? Ces conceptions erronées de Kukai* furent transmises jusqu'à Shokaku-bo le fondateur du temple Dembo-in, qui déclara dans son Shariko Shiki [compilation de discours prononcés au cours de cérémonies en l'honneur des reliques du Bouddha] : "Le bouddha véritablement honorable et digne de respect est celui du Mahayana de la non-dualité. Le bouddha aux trois corps d'âne ou de boeuf (note) n'est même pas digne de tirer son chariot. L'enseignement véritablement mystique et profond est celui du mandala des deux Mondes. Les maîtres des quatre enseignements du véhicule exotérique ne sont même pas dignes de porter les sandales de ceux qui enseignent le mandala ! " Par "les maîtres des quatre enseignements du véhicule exotérique", il désigne ceux qui enseignent les doctrines des écoles Hosso, Sanron, Kegon et du Sutra du Lotus. Par "le bouddha aux trois corps d'âne ou de boeuf", il désigne Shakyamuni, le bouddha qui a enseigné le Sutra du Lotus, les sutras Kegon*, Hannya* et Sutra Jimmitsu*. Il prétend que ce bouddha et les moines de ces écoles ne sont pas dignes d'être les palefreniers ou les porteurs de sandales de maîtres du Shingon tels que Kukai* ou de Shokaku-bo lui-même. En Inde, vécut une personne connue sous le nom de Brahmane-Grand-Arrogance. Il possédait une sagesse innée et avait beaucoup lu. Il avait emmagasiné dans sa mémoire les enseignements du bouddhisme ésotérique et exotérique et maîtrisait les écrits bouddhiques aussi bien que non bouddhiques. Même le roi et ses ministres s'inclinaient devant lui, et tous les gens du peuple le respectaient comme un guide et un maître. Il alla jusqu'à se faire fabriquer une chaire sur laquelle il s'asseyait pour enseigner, soutenue par quatre pieds sculptés à l'effigie des quatre sages Maheshvara, Vishnu, Narayana et l'Honoré du monde, ces sages les plus respectés du monde. C'est comparable aux maîtres du Shingon, à notre époque, déployant leur mandala sur des tissus ornés d'images de Shakyamuni et de divers autres bouddhas, pour procéder à leurs cérémonies d'onction [kancho], ou aux maîtres de l'école Zen disant que leur école est le Grand enseignement qui piétine le front du Bouddha (note). A la même époque vivait un Maître de la doctrine, humble moine du nom de Bhadraruchi qui déclara qu'il fallait réfuter les erreurs du Brahmane-Grand-Arrogance, mais ni le roi, ni les ministres, ni le peuple ne tinrent compte de cette suggestion. Finalement le Brahmane-Grand-Arrogance demanda à ses disciples et à ses bienfaiteurs de répandre à son sujet quantité de fausses rumeurs et de calomnies, de maltraiter et de battre Bhadraruchi. Mais Bhadraruchi, sans craindre pour sa vie, continua à dénoncer ses erreurs, jusqu'à ce que le roi, qui en était venu à détester Bhadraruchi, organise un débat avec le Brahmane-Grand-Arrogance. Mais contrairement aux prévisions du roi ce fut Bhadraruchi qui l'emporta sur le brahmane dans le débat. Le roi leva les yeux au ciel, puis se jeta sur le sol, plein de remords, et dit : "Nous avons eu la chance d'entendre tout cela de votre bouche et de nous débarrasser de nos conceptions erronées. Mais, puisque le roi qui m'a précédé [mon père] s'est laissé totalement abuser par cet homme, il doit être maintenant tombé dans l'enfer avici ! " Et il versa des larmes en serrant les genoux de Bhadraruchi. Sur la suggestion de Bhadraruchi, le brahmane fut attaché sur le dos d'un âne, promené et exhibé en disgrâce dans les cinq régions de l'Inde. Mais la haine dans son coeur ne fit que grandir, au point qu'il finit par tomber tout vif dans l'enfer avici. En quoi était-il différent des faux maîtres des écoles Shingon et Zen de nos jours ? Le Maître de méditation San-jie, en Chine, déclara que le Sutra du Lotus, enseignement du Bouddha Shakyamuni, était l'enseignement valable pour les deux premières étape du bouddhisme, aux époques du Dharma correct et du Dharma formel. Mais il affirma que, à l'époque des Derniers jours du Dharma, il fallait adopter "l'enseignement universel" qu'il avait lui-même énoncé. Selon lui, ceux qui pratiqueraient le Sutra du Lotus aujourd'hui tomberaient immanquablement dans le grand l'enfer avici des dix directions, parce que cet enseignement ne correspondait ni à la nature ni aux capacités des personnes vivant à l'époque des Derniers jours du Dharma. Il pratiquait génuflexions et pénitences à heures fixes six fois par jour et observait quatre périodes de méditation quotidiennes, se donnant des allures de bouddha vivant. Beaucoup de gens le respectaient et il avait plus de dix mille disciples. Mais une jeune fille eut le courage de réciter le Sutra du Lotus et de réfuter sa doctrine. Cela eut pour effet de lui faire perdre la voix sur-le-champ. Plus tard, il renaquit sous la forme d'un grand serpent qui mangea ses bienfaiteurs, ses disciples, des fillettes et des jeunes filles. Et maintenant Shandao et Honen, avec leur pernicieux principe "Pas une seule personne sur mille ne pourra être sauvée par le Sutra du Lotus" ne sont pas moins dans l'erreur que San-jie. Ces trois grandes sources de troubles [les écoles Nembutsu, Zen et Shingon] existent déjà depuis de nombreuses années mais il ne faut pas sous-estimer leur influence. Je pense, en les dénonçant de cette manière, éviter à certains de croire en leurs enseignements. Il y a pourtant encore beaucoup plus pernicieux que ces trois enseignements, un fait d'autant plus nuisible qu'il est infiniment plus difficile à admettre. Bien que Ennin* fut le troisième successeur du Grand-maître* Saicho*, tous au Japon, du souverain jusqu'au plus humble de ses sujets, en vinrent à le considérer comme supérieur au Grand-maître* Saicho* lui-même. Il étudia de manière approfondie l'enseignement des écoles Shingon et du Sutra du Lotus, et affirma dans ses écrits que la doctrine du Shingon est supérieure à celle du Sutra du Lotus. Cela conduisit les trois mille moines des monastères du Mont Hiei et tous les maîtres du Japon à accepter son opinion en la matière. Les disciples de Kukai* avaient pensé, bien qu'il soit leur maître, que l'affirmation de Kukai* selon laquelle le Sutra du Lotus était inférieur au Sutra Kegon* était exagérée. Mais lorsqu'ils virent qu'Ennin* exprimait la même opinion dans ses commentaires, ils en vinrent à prendre cette supériorité de l'enseignement de l'école Shingon sur celui du Sutra du Lotus pour une évidence. Les temples du Mont Hiei [centre de l'école Tendai] n'auraient pas du avoir de pires ennemis que ceux qui prétendent, comme on le fait communément au Japon, que l'enseignement du Shingon est supérieur à celui du Sutra du Lotus. Mais parce qu'Ennin* mit un bâillon sur la bouche des trois mille moines [du Mont Hiei, leur interdisant ainsi de parler], tout se passa comme les maîtres du Shingon le souhaitaient. En fait, le To-ji [principal temple Shingon dans la région de Kyoto] n'eut pas de meilleur allié qu'Ennin*. Ce n'est pas le seul exemple de ce genre. Les école Jodo et Zen pouvaient prospérer dans d'autres pays mais, au Japon, il leur aurait été impossible de se développer, même en d'innombrables kalpas, sans l'acceptation du temple Enrakyu-ji [du Mont Hiei]. Mais un moine considéré comme le plus respectable du Mont Hiei, Annen, établit, dans son ouvrage intitulé Kyojijo Ron, une classification des neuf écoles donnant la première place au Shingon, la deuxième au Zen, la troisième à l'école Tendai-Hokke, la quatrième au Kegon, etc. A cause de cette redoutable erreur d'interprétation, l'école Zen parvint à répandre ses enseignements à travers tout le Japon et le pays est au bord de la ruine. Et Honen parvint à propager l'enseignement du Nembutsu, qui fait également peser sur le pays la menace de la destruction, grâce aux opinions exprimées par Genshin dans sa préface du Ojo yoshu. Le Bouddha parle "des parasites qui, à l'intérieur de son propre corps, dévorent la chair du lion". Comme il a raison ! Le Grand-maître* Saicho* étudia les enseignements Tendai et Shingon pendant quinze ans au Japon, par lui-même. Il possédait de manière innée des capacités de compréhension merveilleuses, et, sans l'aide d'un maître, s'éveilla à la vérité. Mais, pour dissiper les doutes des autres, il se rendit en Chine où il reçut l'enseignement des écoles Tiantai et Shingon. Les maîtres, en Chine, avaient à cet égard diverses opinions mais, dans son coeur, Saicho* était certain que l'enseignement du Sutra du Lotus était supérieur au Shingon. C'est pourquoi il n'utilisa jamais le terme "école" pour se référer au Shingon, parlant seulement des "pratiques shikan et "paroles véritables" de l'école Tendai". Il décida que, chaque année, seraient ordonnés deux novices qui devraient étudier pendant douze ans au Mont Hiei. De plus, il obtint que fut promulgué un édit impérial désignant le Sutra du Lotus, le Sutra Konkomyo* et le Sutra Ninno* comme les trois sutras destinés à assurer la protection et la prospérité du pays, et décrétant qu'ils devaient être lus et récités au Shikan-in. Cet édit poursuivait en les comparant aux trois trésors de la maison impériale, de toute éternité les trésors les plus précieux du Japon, les bijoux sacrés, le sabre sacré et le miroir sacré. Après la mort de Saicho*, le premier patriarche de l'école Tendai au Mont Hiei, Gishin*, et le deuxième patriarche, Encho*, prolongèrent cet enseignement sans le dénaturer. Le troisième successeur, Ennin*, se rendit lui aussi en Chine et passa dix ans à étudier les mérites relatifs des enseignements exotériques et ésotériques sous la direction de huit maîtres éminents. Il étudia aussi avec des maîtres de l'école Tendai comme Guanxiu. Saicho* incorpora à la fois des pratiques shikan et shingon en considérant la pratique Shingon comme une pratique parmi d'autres, dans l'ensemble des pratiques de l'école Tendai et Wei-Juan. Mais, dans son coeur, il [Ennin] croyait le Shingon supérieur au Tendai. Il estimait que le Grand-maître* Saicho* n'avait pas étudié le sujet à fond, n'était pas resté suffisamment longtemps en Chine et n'avait pris connaissance que superficiellement de l'enseignement Shingon. De retour au Japon, Ennin* fit construire le Soji-in, au Mont Hiei, dans la région Todo, une grande salle de pratique, à l'ouest du Shikan-in, dans laquelle il fit enchâsser comme objet de culte une image du bouddha Vairocana* du Monde de diamant. Devant cette image, en s'inspirant des commentaires de Shubhakarasimha* sur le Sutra Vairocana*, il écrivit sept volumes de commentaire sur le Sutra Kongocho*, et sept volumes de commentaires sur le Soshitsuji, soit au total quatorze volumes. L'essentiel de ces commentaires est le suivant : "Il y a deux sortes d'enseignements. L'un est l'enseignement exotérique, c'est-à-dire l'enseignement des trois véhicules. Là, l'enseignement profane et l'enseignement bouddhique ne coïncident pas. L'autre est l'enseignement ésotérique. C'est l'enseignement du Véhicule unique, ainsi appelé parce que l'enseignement profane et l'enseignement bouddhique fusionnent et n'en font plus qu'un seul. L'enseignement ésotérique, à son tour, se divise en deux catégories. La première est celle de l'enseignement théorique*, qui comprend les sutras Kegon*, Hannya*, Vimalakirti, le Sutra du Lotus et du Nirvana. Bien qu'ils enseignent l'inséparabilité des vérités profanes et de la vérité suprême du bouddhisme, ils n'enseignent pas les mudra et les mantra dharani*. La deuxième catégorie est celle de l'enseignement ésotérique à la fois la pratique et théorique. Ce sont les principes que l'on trouve dans les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji* Ils enseignent la non-dualité des vérités profanes et bouddhiques ainsi que les mantra dharani* et les mudra." Ce passage signifie essentiellement que, pour ce qui est de la supériorité relative du Sutra du Lotus, les trois sutras du Shingon mentionnés plus haut sont théoriquement en accord, puisqu'elle réside dans le principe d'ichinen sanzen. Mais la pratique des mudra et des mantra dharani* n'est pas exposée dans le Sutra du Lotus. C'est pourquoi le Sutra du Lotus représente l'enseignement ésotérique théorique, alors que les trois sutras du Shingon représentent l'enseignement ésotérique à la fois théorique et pratique. Ces deux enseignements sont donc aussi différents que le ciel de la terre ou que les nuages de la boue. De plus, Ennin* soutient qu'il ne s'agit pas là de son point de vue personnel mais que c'est la thèse centrale avancée par l'éminent Shubhakarasimha* dans ses commentaires sur le Sutra Vairocana*. Peut-être sentait-il que la supériorité de l'une des deux écoles sur l'autre [Tendai ou Shingon] n'était pas fermement établie, ou peut-être espérait-il dissiper les doutes des autres. Toujours est-il que dans la biographie d'Ennin*, on lit : "Lorsque le Grand-maître* eut fini d'écrire ses commentaires sur les deux sutra [et ainsi accompli son but], il se demanda si ces deux ouvrages correspondaient bien à la volonté du Bouddha. Car, dans le cas contraire, il sentait bien qu'il ne fallait pas les propager largement dans le monde. C'est pourquoi il plaça ses commentaires devant une statue du Bouddha et décida de passer sept jours et sept nuits à prier avec sincérité pour s'assurer du bien-fondé de son entreprise. Au crépuscule du cinquième jour, il rêva qu'il était midi et que le soleil brillait dans le ciel. Levant la tête, il prit son arc et décocha une flèche au soleil. La flèche se planta dans le soleil qui se mit alors à tomber. En se réveillant de ce rêve, il eut la certitude que ses ouvrages correspondaient à la volonté profonde du Bouddha. Il décida de transmettre ses commentaires à la postérité." Au Japon, Ennin* étudia en profondeur l'enseignement de Saicho* et celui de Kukai*, puis, sous la direction des huit maîtres éminents y compris celle du Maître du tripitaka Baoyue, d'Inde du Sud, il passa dix ans en Chine à étudier les enseignements les plus secrets et les plus profonds. Après quoi, il termina ses commentaires sur les deux sutra. De plus, ayant prié devant une image de Bouddha, il se réveilla d'un rêve dans lequel il avait vu la flèche de la sagesse atteindre le soleil de la Voie du milieu. Sa joie fut si grande qu'il demanda à l'empereur Nimmyo de promulguer un décret faisant officiellement du Mont Hiei un centre de pratique Shingon. Bien qu'il fut le Grand-patriarche de l'école Tendai, il devint pratiquement un patriarche Shingon, déclarant que les trois sutras du Shingon étaient les sutras capables d'assurer la protection et la prospérité du pays. Il formula ces principes il y a maintenant plus de quatre cents ans. Les moines éminents qui les ont acceptés sont aussi nombreux que les tiges de riz et de chanvre et les croyants laïques qui y adhèrent avec ferveur sont aussi nombreux que les tiges de bambous et de roseaux. Par conséquent, de tous les temples et sanctuaires construits par l'empereur Kammu et par le Grand-maître* Saicho* au Japon, il n'en est plus un seul qui ne propage la doctrine Shingon. Les aristocrates comme les samouraïs invitent les maîtres du Shingon à conduire leurs cérémonies, les considèrent comme des maîtres, leur confèrent des fonctions et leur confient des temples. Et, pour procéder à la cérémonie de consécration des statues ou images du Bouddha, les huit écoles ont toutes recours aux mudra et mantra dharani* se référant au bouddha Vairocana* ! Question : Ceux qui pensent que le Sutra du Lotus est supérieur aux sutras du Shingon devraient-ils se servir de ces commentaires d'Ennin* ou les rejeter ? Réponse : Le Bouddha Shakyamuni a énoncé une règle valable pour l'avenir en disant : "Il faut suivre le Dharma et non la personne."(réf.) Le bodhisattva Nagarjuna a dit : "Fiez-vous aux commentaires qui s'appuient sur les sutras mais pas sur ceux qui les dénaturent."(réf.) Le Grand-maître* Zhiyi* a dit : "Ce qui est en accord avec les sutras, il faut le croire et le mettre en pratique, mais n'accordez aucune foi à ce qui n'offre ni preuve littérale ni preuve théorique."(réf.) Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Il faut s'appuyer sur les enseignements du Bouddha et ne pas prêter foi aux traditions transmises de manière orale."(réf.) Si l'on croit justes des affirmations de ce genre, que l'on trouve dans les sutras, les traités et les commentaires, on ne peut pas considérer des rêves comme une base solide pour évaluer les enseignements bouddhiques. Bien plus déterminante est l'étude attentive des sutras qui expliquent les mérites relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana. Quant à l'affirmation que, sans mudra ni mantra dharani*, il est impossible de consacrer une statue ou une image du Bouddha, elle est absurde et puérile. Avant l'apparition de l'école Shingon, n'y avait-il donc pas de consécration des statues ou des images du Bouddha ? Avant l'apparition du Shingon on rapporte que, en Inde, en Chine et au Japon, des statues ou des peintures du Bouddha ont marché, enseigné le Dharma ou parlé à haute voix. (note) C'est depuis que l'on a commencé à utiliser mudra et mantra dharani* pour consacrer les images du Bouddha que ces cérémonies ont perdu tout pouvoir bénéfique ! C'est une chose que l'on entend souvent dire aujourd'hui. Pour démontrer la fausseté des affirmations d'Ennin*, Nichiren n'a pas besoin de chercher de preuves ailleurs. Il suffit de lire les commentaires d'Ennin* lui-même pour comprendre ce qu'il en est. Question : Comment cela ? Réponse En réalisant que l'erreur d'Ennin* découle de l'interprétation qu'il donne de son rêve. Il fit ce rêve après avoir établi, dans ses commentaires, que l'enseignement du Shingon était supérieur à celui du Sutra du Lotus. Si ce rêve avait été un rêve de bon augure, comme Ennin* lui-même le prétendit, nous pourrions en conclure que l'enseignement du Shingon est effectivement supérieur. Mais le rêve de transpercer d'une flèche le soleil est-il donc un rêve de bon augure ? Où pouvons-nous trouver, dans les cinq mille ou sept mille volumes d'écrits bouddhiques ou dans les plus de trois mille volumes d'écrits non bouddhiques, la moindre indication que le rêve de planter une flèche dans le coeur du soleil est un rêve de bon augure ? Examinons plutôt ce que disent les textes à ce sujet. Le roi Ajatashatru fit un rêve dans lequel il voyait la lune tomber du ciel."(réf.) Quand il en demanda la signification à son ministre Jivaka, celui-ci lui répondit que c'était un signe de la disparition du Bouddha. Et quand Subhadra rêva que le soleil tombait du ciel, il se dit que cela annonçait la disparition du Bouddha. Quand les démons ashura luttèrent contre le dieu Taishaku, ils commencèrent par décocher des flèches au soleil et à la lune. (réf.) Les mauvais souverains des dynasties Xia et Yin (Shang) et Zhou, avaient, dit-on, pour coutume de lancer des flèches au soleil et tous deux se détruisirent eux-mêmes en même temps que leur dynastie. La reine Maya rêva qu'elle était enceinte du soleil et donna ensuite naissance au prince Siddhartha. C'est pourquoi on donna au Bouddha dans son enfance le nom de Graine de Soleil. Le Japon [Nihon, source du soleil] est appelé ainsi parce qu'il est le pays de Tensho Daijin*, la déesse du soleil. Si l'on en croit ces exemples, le rêve d'Ennin* signifie qu'il se servit de ses deux commentaires comme de flèches dirigées contre Tensho Daijin*, contre le Grand-maître* Saicho*, contre le Bouddha Shakyamuni et contre le Sutra du Lotus. Moi, Nichiren, je suis peut-être un ignorant qui ne connais rien aux sutras ni aux traités. Mais j'affirme, sans la moindre hésitation, que tous ceux qui s'appuient sur ce rêve pour conclure que l'enseignement du Shingon est supérieur à celui du Sutra du Lotus détruiront le pays et perdront leur famille dans cette vie, et après leur mort, tomberont dans l'enfer avici. Une preuve évidente peut en être donnée. Si les forces japonaises et mongoles s'étaient livré bataille, si les prières des maîtres du Shingon avaient prouvé leur efficacité, et si le Japon avait remporté la victoire grâce à elles, on pourrait alors dire que le Shingon est précieux. Mais au moment du soulèvement de Jokyu, bien qu'un nombre considérable de moines aient prié pour la victoire des forces impériales et proféré des malédictions à l'encontre des forces du shogunat de Kamakura, c'est le chef de ces dernières, Gon no Tayu, qui fut vainqueur. Cela valut à l'empereur retiré Go-Toba d'être exilé sur l'île d'Oki et à ses fils d'être bannis sur l'île de Sado et dans une autre province. Tel fut l'effet des prières Shingon pour la victoire. En fin de compte, elles eurent le même effet que les glapissements du renard yakkan qui permettent de le découvrir, et les malédictions, exactement comme il est dit dans le Sutra du Lotus à propos de ceux qui attaquent les pratiquants de ce Sutra, "se sont retournées contre ceux qui les ont prononcées."(réf.) Les trois mille moines du Mont Hiei furent également attaqués par le shogunat de Kamakura et contraints de se soumettre. Aujourd'hui, le shogunat de Kamakura est au sommet de sa prospérité. Les moines Shingon du To-ji, ceux du Mont Hiei, du Onjo-ji et des sept temples principaux de Nara, ainsi que les moines de l'école Hokke qui ont oublié les principes de leur propre école et s'opposent au Dharma, tous s'en vont vers l'est, dans la région de Kanto (note), où ils inclinent la tête, plient les genoux et s'efforcent de diverses manières de gagner les faveurs des samouraïs. En retour, ils obtiennent des positions de supérieur ou d'administrateur des divers temples et monastères de montagne. Et ils continuent à prier pour la paix du pays avec le même enseignement maléfique qui a détruit l'autorité de l'empereur ! Le shogun et sa famille, ainsi que les samouraïs qui sont à leur service, croient-ils que, grâce à de telles prières, le pays restera en paix ? En fait, tant qu'ils utiliseront les services de moines qui provoquent de graves désastres en ignorant l'enseignement du Sutra du Lotus, le pays courra immanquablement à sa perte. Quand je pense à la désolation qu'entraînerait la destruction du pays, et aux tragiques pertes en vies humaines, je suis prêt à risquer ma propre vie pour réfuter ces conceptions néfastes. Si les gouvernants qui ont la responsabilité du pays se préoccupaient de sa sécurité, ils devraient s'interroger sur le cours pris par les événements et s'efforcer de discerner la vérité. Mais au lieu de cela, ils se bornent à écouter des calomnies à mon égard et à me manifester, de diverses manières, leur hostilité. Par le passé, ceux qui s'opposaient au Dharma encouraient la désapprobation de Bonten, de Taishaku, des divinités Nitten, Gatten, des quatre Rois du Ciel et des divinités de la Terre qui ont fait serment de protéger les pratiquants du Sutra du Lotus. Toutefois, parce que personne ne les dénonçait publiquement, ils étaient pardonnés, comme des enfants uniques dont les parents tolèrent la mauvaise conduite, tantôt faisant semblant de ne pas voir, tantôt se contentant de leur adresser de légers reproches. Mais, puisque je suis là, maintenant, pour faire connaître la vérité, je suis stupéfait que les autorités continuent à écouter ceux qui s'opposent au Dharma. Et pourtant, elles le font. Pire encore, elles vont jusqu'à persécuter la seule personne qui s'efforce de les éclairer et de les protéger de l'erreur. Et cela ne dure pas depuis seulement un jour ou deux, un mois ou deux, un an ou deux, mais depuis plusieurs années. Mes difficultés sont plus graves encore que les coups de canne et de bâton infligés au bodhisattva Fukyo, et elles dépassent en violence les attaques meurtrières à l'encontre du moine Kakutoku. Pendant ce temps, les deux grandes divinités Bonten et Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel, les divinités des Etoiles et celles de la Terre ont manifesté leur colère de diverses manières et, à plusieurs reprises, ont envoyé des avertissements (note). Mais, comme l'hostilité à mon encontre n'a fait que grandir, le Ciel, dans sa sagesse, a demandé aux sages d'un pays voisin de renforcer la punition (note) et a provoqué l'invasion du pays par de grands esprits maléfiques qui égarent l'esprit du peuple et le poussent à se rebeller contre ses propres gouvernants (note). Il est logique de penser que plus un présage est grand, qu'il soit de bon ou de mauvais augure, plus importants seront les événements qui le suivront. Récemment nous avons vu apparaître la plus grande comète jamais aperçue dans les plus de deux mille deux cents trente ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, et nous avons subi des tremblements de terre d'une amplitude encore sans précédent. En Chine et au Japon, sont apparus par le passé des hommes dotés d'une sagesse et de capacités exceptionnelles. Mais, en défendant le Sutra du Lotus, aucun d'eux n'a suscité plus que moi l'apparition des grands ennemis dans son pays. Devant cette évidence, chacun devrait comprendre que Nichiren est le plus grand sage du monde entier. Au cours de plus de sept cents ans écoulés depuis l'introduction du bouddhisme au Japon, cinq mille ou sept mille volumes de sutra ont été lus, et l'enseignement de huit ou dix écoles a été professé. Les personnes de sagesse ont été aussi nombreuses que les tiges de riz et de chanvre et ceux qui ont propagé l'enseignement à l'étranger sont aussi innombrables que les tiges de bambous et de roseaux. Et pourtant, parmi tous les bouddhas, il n'en est pas un seul qui soit plus respecté ou dont le nom soit plus souvent invoqué que le bouddha Amida. Cette pratique du Nembutsu fut propagée par Genshin dans son ouvrage le Ojo yoshu, après quoi un tiers de la population du Japon se mit à pratiquer le Nembutsu. Quand Yokkan écrivit le Ojo Juin [Dix Raisons d'accéder à la Terre pure] et le Ojoko Shiki, les deux tiers de la population de ce pays sont devenus des pratiquants du Nembutsu. Et quand Honen écrivit le Senchaku Shu, tous les Japonais sans exception sont devenus adeptes du Nembutsu. Ainsi, ceux qui récitent le nom du bouddha Amida aujourd'hui ne sont aucunement les disciples d'une seule personne. Ce que l'on appelle Nembutsu est une récitation du Titre basée sur les sutras Muryoju, Kammuryoju et Amida qui sont des sutras du Mahayana provisoire*. Si le daimoku des sutras du Mahayana provisoire* est largement répandu et propagé de tous côtés, c'est sans doute un prélude à la propagation du Titre du Sutra du Mahayana définitif*, n'est-ce pas ? Ceux qui ont l'esprit de recherche devraient réfléchir avec soin à cela. Si les sutras provisoires sont largement propagés, le Sutra définitif le sera aussi nécessairement. Si la récitation du Titre des sutras provisoires se propage de tous côtés, le daimoku du Sutra définitif se répandra aussi de tous côtés. En plus de sept cents ans, depuis le règne de l'empereur Kimmei jusqu'à celui de l'actuel empereur [Go-uda], on n'a jamais entendu chose pareille : un sage disant qu'il faut réciter Namu Myoho Renge Kyo, incitant les autres à le réciter et le récitant lui-même. Lorsque le soleil se lève, les étoiles disparaissent. Quand un roi sage apparaît, les rois insensés périssent. Quand le Sutra définitif sera répandu, les sutras provisoires perdront toute validité. Si un sage récite Namu Myoho Renge Kyo, ceux qui ignoraient cette pratique feront de même comme l'ombre suit le corps ou comme l'écho suit la voix. Il ne fait
aucun doute que moi, Nichiren, je suis le plus grand pratiquant du Sutra
du Lotus au Japon. Sur ce point, on peut pressentir que, même
en Inde et en Chine, dans le monde entier, personne ne peut m'égaler. Réponse : Dans les textes du Tendai il est dit : "Les sages peuvent lire les présages et savoir ce qu'ils annoncent comme les serpents connaissent les moeurs des serpents."(réf.) Question : Quel est le sens de ce passage ? Réponse : Quand le bodhisattva Jogyo sortit de terre, d'autres bodhisattvas comme Maitreya, Manjushri, Kanzeon et Yakuo*, bien que libérés des premiers quarante et unième et quarante-deuxième niveaux d'ignorance, n'avaient pas totalement éliminé le niveau le plus profond, celui de l'obscurité fondamentale. Par conséquent on pourrait les qualifier d'ignorants qui ne comprirent pas que le bodhisattva Jogyo était apparu pour propager largement Namu Myoho Renge Kyo, principe caché entre les lignes du chapitre Juryo* (XVI), à l'époque des Derniers jours du Dharma. Question : Y a-t-il quelqu'un, au Japon, en Chine ou en Inde, qui comprenne cela ? Réponse : Même les grands bodhisattvas qui ont éliminé les illusions de la pensée et du désir et qui se sont libérés des quarante et un et quarante-deux premiers niveaux d'ignorance n'ont pas pu le comprendre. Comment, alors, de simples mortels, n'ayant pas éliminé la plus petite illusion, le pourraient-ils ? Question : Mais s'il n'est pas un seul sage qui comprenne l'origine de ces calamités, comment faire pour y remédier ? Si l'on ne connaît pas la cause d'une maladie et que l'on tente quand même de soigner le malade, le traitement échouera et il mourra très certainement. Si l'on a recours à des prières en ignorant la cause essentielle de ces désastres, peut-on douter encore de l'inévitable destruction du pays ? Quelle horrible perspective, véritablement ! Réponse : On dit que les serpents prévoient les grandes pluies sept jours à l'avance et que les corbeaux savent quels événements heureux ou malheureux se produiront dans l'année. Cela doit être parce que les serpents sont au service des grands dragons qui font tomber la pluie et que les corbeaux ont longuement acquis un savoir. Moi, Nichiren, ne suis qu'un homme ordinaire (bompu) et je ne peux donc pas connaître la cause de ces désastres. Néanmoins, je crois pouvoir vous donner quelques éclaircissements à ce sujet. Sous le règne de Pingwang, de la dynastie Zhou de l'Est, en voyant des hommes aller nus avec leurs cheveux longs dénoués, un officiel de la cour, du nom de Xinyu, fit une prédiction : "Dans les cent ans qui viennent, cette dynastie disparaîtra." Sous le règne de Youwang de la dynastie des Zhou de l'Est, des montagnes s'effondrèrent, des rivières débordèrent et la terre trembla. Voyant cela un courtisan du nom de Po Yang prédit : "Dans douze ans, notre grand roi sera confronté à une catastrophe." Le grand tremblement de terre et l'apparition de l'énorme comète à notre époque sont des calamités provoquées par la colère du Ciel, parce que le souverain du pays hait Nichiren et s'allie avec les moines du Zen, du Nembutsu et du Shingon qui prêchent des doctrines menant le pays à sa destruction. Question : Comment pouvons-nous croire une chose pareille ? Réponse : Il est dit dans le Sutra Saishoo : "Parce que des personnes mauvaises sont respectées, et des personnes de bien injustement punies, les étoiles et les constellations, le vent et la pluie n'obéissent plus aux normes saisonnières." Si ce passage de sutra dit vrai, il ne fait aucun doute qu'il y a dans ce pays des personnes mauvaises et que le roi et ses ministres leur accordent leur confiance. Et, il est non moins certain qu'il y a un sage qu'ils haïssent et traitent comme un ennemi. Dans le même sutra, il est dit aussi : "Les divinités des trente-trois Ciels, Indra et ses serviteurs se mettent en colère et des corps célestes non identifiables tombent du ciel, deux soleils apparaissent en même temps, des pillards viennent de l'étranger et la population du pays connaît les désordres et la mort." Il y a déjà eu, dans ce pays, des phénomènes étranges dans le ciel et sur la terre, et les habitants d'un pays étranger sont venus nous attaquer. Ainsi, il ne fait aucun doute que les trente-trois divinités célestes sont en colère. Il est dit dans le Sutra Ninno* : "De mauvais moines, recherchant gloire et profit, se présentent souvent devant le roi, le prince héritier et les autres princes et prennent l'initiative d'exposer des enseignements qui conduisent à l'offense au Dharma bouddhique et à la ruine du pays. Le roi, incapable de distinguer le vrai du faux, écoute ces doctrines et a foi en elles." Le même ouvrage fait allusion à une époque où "le soleil et la lune sortent de leurs orbites habituelles ; les saisons s'inversent ; un soleil rouge et un soleil noir apparaissent ; deux, trois, quatre ou cinq soleils apparaissent en même temps ; le soleil s'éclipse ou n'émet plus de lumière ; une, deux, trois, quatre ou cinq couronnes apparaissent autour du soleil". Ces passages indiquent que lorsque de mauvais moines emplissent le pays, trompent le roi, le prince héritier et les autres princes en exposant des enseignements qui conduisent à la destruction du Dharma bouddhique et du pays, si le roi et les autres hauts personnages se laissent abuser et en viennent à croire que ces enseignements ont effectivement le pouvoir de faire prospérer le Dharma bouddhique et leur pays, les écoutent et les mettent en pratique, le soleil et la lune seront affectés par des phénomènes étranges, il y aura de grands vents, des pluies violentes et de graves incendies ; ensuite viendront les désordres de l'intérieur, les conflits au sein d'un même clan, et des révoltes armées. Le roi et ses ministres perdront de nombreux partisans et alliés, puis des envahisseurs étrangers viendront les attaquer, jusqu'à ce qu'ils soient acculés au suicide, capturés vivants, ou contraints de se rendre. Tout cela se produit uniquement parce qu'ils suivent des doctrines qui conduisent à la destruction du Dharma bouddhique et à la ruine du pays. Il est dit dans le Sutra Shugo : "Le Dharma enseigné par le Bouddha Shakyamuni ne peut pas être détruit par les démons du Ciel ou par les non bouddhistes, ni par les malfaiteurs ou les ascètes ayant acquis les cinq pouvoirs surnaturels. Pourtant il peut être radicalement détruit par de mauvais moines, n'ayant de moine que le nom et l'apparence, au point qu'il n'en restera plus rien. Même si l'on ramassait la totalité des plantes et des arbres de tout un système de mondes majeur, pour en faire du combustible, et si on les brûlait interminablement, on ne pourrait pas détruire, si peu que ce soit, le Mont Sumeru. Mais quand le grand incendie qui marque la fin d'un kalpa se produit, le feu surgit de l'intérieur de la montagne même et elle se trouve en un instant détruite par les flammes, et totalement réduite en cendres." Dans le Sutra Rengemen, on lit : "Le Bouddha dit à Ananda : " C'est comparable au lion lorsqu'il est mort. Aucun animal vivant dans l'air, sous terre, dans l'eau, ou sur la terre n'osera manger le cadavre d'un lion. Seuls les parasites nés dans les entrailles mêmes du lion se nourriront de sa chair. Ananda, il en va de même pour le Dharma du Bouddha. Elle ne peut pas être détruite de l'extérieur. Mais les mauvais moines qui se trouvent dans le corps de mon Dharma - ce sont eux qui détruiront ce Dharma que le Bouddha n'a pu établir qu'au terme de trois grands asogi kalpa." Que signifient ces passages de Sutra ? Par le passé le bouddha Kasho décrivit au roi Kiriki l'époque des Derniers jours du Dharma du Bouddha Shakyamuni et révéla quelle sorte de gens détruiraient l'enseignement de Shakyamuni. Des personnes malfaisantes apparaîtraient, comme le roi Mihirakula qui incendia tous les temples et monastères des cinq régions de l'Inde et fit assassiner tous les moines et les nonnes des seize principaux royaumes, ou l'empereur Wu-zong qui détruisit plus de 4600 temples et pagodes dans les neuf provinces de Chine, et contraignit 260.500 moines et nonnes à revenir à la vie séculière. Mais de telles personnes ne peuvent pas faire disparaître le Dharma enseigné par le Bouddha Shakyamuni. Ce sont les moines eux-mêmes, qui possèdent la triple robe et portent à leur cou le simple bol à aumônes, qui mémorisent les quatre-vingt mille enseignements et récitent à haute voix les douze catégories de sutras - voilà ceux qui détruiront le Dharma du Bouddha. C'est comparable au Mont Sumeru, la montagne dorée. Même en accumulant toutes les herbes et tout le bois contenus dans tout un système de mondes majeur et en les empilant jusqu'au Ciel des Quatre Rois Célestes, et jusqu'aux autres cieux du Monde du désir, même en les brûlant pendant un an, deux ans, ou des dizaines de milliards d'années, il serait impossible de le détruire si peu que ce soit. Mais quand vient le temps de l'incendie qui marque la fin d'un kalpa, une flamme s'allume au pied même du Mont Sumeru, pas plus grande qu'une fève, qui détruit non seulement le Mont Sumeru mais l'ensemble d'un système de mondes majeur. Si les prédictions du Bouddha doivent se vérifier, il semblerait alors que ce seront les moines des dix ou des huit écoles bouddhiques qui réduiront en cendres le Mont Sumeru du bouddhisme. Dans le coeur des moines des écoles du Hinayana, Kusha, Jojitsu et Ritsu s'allumera la flamme de la jalousie à l'encontre des moines du Mahayana. Et des moines tels que Shubhakarasimha*, de l'école Shingon, San-jie, de l'école Zen et Shandao de l'école Jodo sont des moines parasites nés dans ce corps de lion qu'est l'enseignement du Bouddha. Dans ses écrits, le Grand-maître* Saicho* appelle les Grands-maîtres des écoles Sanron, Hosso et Kegon au Japon "les six parasites."(réf.) Moi, Nichiren, j'appellerais volontiers les fondateurs des écoles Shingon, Zen et Jodo "les trois parasites" et Ennin*, Annen et Genshin, de l'école Tendai, "les trois parasites" ayant rongé le corps de lion du Sutra du Lotus et du Grand-maître* Saicho* ! Aussi longtemps que Nichiren, qui s'efforce de mettre à jour la racine de ces grandes oppositions au Dharma, sera traité avec hostilité, les divinités du Ciel seront avares de leur lumière, les divinités de la terre seront furieuses, et mauvais présages et calamités se succéderont de plus belle. Vous devriez savoir que, parce que je parle de ce qu'il y a de plus important au monde, mes mots s'accompagnent des phénomènes les plus extraordinaires. Comme il est tragique et regrettable que les habitants du Japon doivent tous tomber dans la grande citadelle de l'enfer avici ! Mais quelle joie, quel bonheur, bien que n'étant doté que d'un corps ordinaire, d'avoir la graine de la bodhéité plantée dans le champ de son coeur ! Observez bien ce qui va se passer ! Quand des dizaines de milliers de bateaux de guerre viendront du grand empire mongol pour attaquer le Japon, tous, depuis le souverain jusqu'à la multitude des gens du peuple japonais, abandonneront les temples bouddhiques et les sanctuaires du shintoïsme, et réciteront à l'unisson Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge Kyo. Ils joindront les mains et diront : "Moine Nichiren, moine Nichiren, venez à notre aide ! " En Inde, le roi Mihirakula fut amené à joindre respectueusement les mains devant le roi Baladitya, et au Japon, Taira no Munemori fut contraint de s'incliner devant Kajiwara Kagetoki. C'est conforme au principe selon lequel les personnes de grande arrogance doivent toujours finalement se soumettre à leurs ennemis. Les moines cruels et arrogants [décrits dans le Sutra du Lotus] s'armèrent d'abord de cannes et de bâtons pour maltraiter le bodhisattva Fukyo. Mais, par la suite, ils joignirent les mains en regrettant leur erreur. Devadatta infligea une blessure à Shakyamuni et fit couler son sang mais, au moment de sa mort, il s'écria Namu ! S'il avait pu poursuivre et crier : Namu Butsu ! [Dévotion au Bouddha], il aurait évité de tomber en enfer. Mais son karma était si lourd qu'il ne put dire que Namu sans pouvoir prononcer le nom du Bouddha. Bientôt, les moines éminents du Japon essayeront sans aucun doute de crier Namu Nichiren Shonin ! Mais ils n'auront le temps de dire que Namu ! Comme c'est regrettable, comme c'est regrettable ! Dans les textes non bouddhiques il est dit : "Un sage est celui qui connaît ce qui n'est pas encore advenu." Et dans les textes bouddhiques on lit : "Celui qui connaît les trois phases de la vie est un sage." En trois occasions notoires, j'ai fait preuve d'une telle connaissance. La première fois, ce fut dans la première année de l'ère Bun'o (1260), le seizième jour du septième mois, lorsque j'ai remis le Rissho Ankoku Ron à Sa Seigneurie [Hojo Tokiyori] le nyudo du temple Saimyo-ji. J'ai dit au nyudo Yadoya, chargé de lui remettre cet ouvrage : "S'il vous plaît, avertissez Sa Seigneurie qu'elle doit cesser de faire confiance aux écoles Zen et Nembutsu. Si cet avertissement n'est pas pris en compte, des dissensions se produiront dans la famille Hojo et le pays sera envahi par une puissance étrangère." La deuxième fois, ce fut le douzième jour du neuvième mois, dans la huitième année de l'ère Bun'ei (1271), à l'heure du Singe [entre 15h et 17h]. J'ai dit au magistrat Hei no Saemon : "Nichiren est le pilier et la poutre du Japon. Si vous perdez Nichiren, ce sera comme si vous détruisiez les piliers et les poutres du Japon. Peu après surviendront les désastres des "luttes intestines" et de " l'invasion étrangère ". Non seulement les habitants de ce pays seront tués, mais beaucoup d'entre eux seront aussi faits prisonniers. Il faudrait faire brûler jusqu'à la dernière pierre tous les temples du Nembutsu et du Zen, Kencho-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, Daibutsu-den et Choraku-ji, et conduire les maîtres de ces écoles sur la plage de Yuinohama pour les décapiter (note). Sinon, il est certain que le Japon sera détruit ! " La troisième fois, ce fut le huitième jour du quatrième mois de l'année dernière, dans la onzième année de l'ère Bun'ei (1274). J'ai dit à Hei no Saemon : "Puisque je suis né sur le domaine de mon souverain, je dois lui obéir dans mes gestes. Mais je n'ai pas à lui assujettir les croyances de mon coeur. Il ne fait aucun doute que le Nembutsu conduit à l'enfer avici et que le Zen est l'oeuvre des démons. Le Shingon, en particulier, est un grand fléau pour notre pays. Il ne faut pas confier aux maîtres Shingon la tâche de prier pour la victoire sur le grand empire mongol ! Si une chose aussi grave est abandonnée à leurs soins, la situation ne pourra qu'empirer rapidement et notre pays sera au bord de la destruction." Hei no Saemon m'a alors demandé : "Quand [selon vous, les Mongols] vont-ils attaquer ? " Je lui ai répondu : "Les passages du Sutra ne contiennent aucune indication de temps. Mais divers phénomènes montrent que la colère du Ciel est grande. Il semblerait que l'attaque soit imminente. Elle se produira probablement avant la fin de cette année ! " Pourtant, ce n'est pas moi Nichiren, qui fis ces trois déclarations importantes. Ce fut plutôt, à chaque fois, l'esprit du Bouddha Shakyamuni qui s'empara de moi pour me faire agir ainsi. Et, pour avoir personnellement connu cette expérience, je suis transporté de joie. C'est là le principe primordial d'ichinen sanzen enseigné dans le Sutra du Lotus. Quelle est la signification du passage du Sutra dans lequel il est dit : "Les aspects [de la réalité de tous les phénomènes] sont l'apparence ? "(réf.) Parmi les dix modalités d'expression de la vie, nyoze so [l'apparence] est la plus importante. C'est pourquoi le Bouddha apparaît en ce monde. Les sages peuvent lire les présages et ce qu'ils annoncent, comme les serpents connaissent les moeurs des serpents." Les petites rivières se rassemblent pour former le grand océan et de minuscules grains de poussière s'accumulent pour former un Mont Sumeru. Quand moi, Nichiren, j'ai commencé à croire dans le Sutra du Lotus, je n'étais, dans tout le Japon, qu'une goutte d'eau ou un grain de poussière. Mais par la suite quand deux personnes, trois, dix, cent, mille, dix mille, et un jour dix milliards de personnes en viendront à réciter le Sutra du Lotus et à l'enseigner aux autres, elles formeront le Mont Sumeru de l'Éveil merveilleux (myogaku) et le grand océan du nirvana. Ne cherchez nulle part ailleurs la voie qui mène à la bodhéité ! Question : Au moment de votre deuxième déclaration, le douzième jour du neuvième mois de la huitième année de l'ère Bun'ei, quand vous avez encouru la disgrâce des autorités, comment avez-vous pu savoir que, si l'on s'en prenait à vous, une rébellion éclaterait, et que le pays serait attaqué par une armée étrangère ? Réponse : Il est dit dans le cinquantième volume du Sutra Daijuku : "Il y aura peut-être divers rois de la caste des kshatrya qui s'opposeront au Dharma, créant des difficultés aux disciples shomon de l'Honoré du monde. Peut-être les insulteront-ils et les rabaisseront-ils, les attaqueront-ils et les blesseront-ils à coups de sabre ou de bâton, les dépouillant de leur robe et de leur bol à aumônes et les privant de ce dont ils ont besoin pour vivre. Ou peut-être ces souverains arrêteront-ils ou persécuteront-ils ceux qui font des offrandes aux disciples. Si cela se produisait, nous [Bonten, Taishaku et d'autres divinités] veillerons à ce que des ennemis dans des terres étrangères viennent les attaquer et que des rébellions éclatent à l'intérieur de leurs États. Nous provoquerons épidémies et famines, vents et pluies hors saison ; calomnies, querelles et discordes séviront. Le règne de tels souverains sera de courte durée et leur pays sera détruit." Il y a de nombreux passages semblables dans divers sutras, mais j'ai choisi celui-ci, qui me paraît précieux parce qu'il me correspond parfaitement, et qu'il est adapté à notre époque. "Nous", dans ce passage, désigne toutes les divinités des monde des trois plans, Bonten, Taishaku, le Démon du sixième Ciel, les divinités Nitten, Gatten, les quatre Rois du Ciel et les dragons célestes. Ces divinités prirent un engagement solennel devant le Bouddha : si, après la disparition du Bouddha, dans les périodes du Dharma correct, du Dharma formel et des Derniers jours du Dharma, des moines aux croyances erronées calomnient auprès du souverain celui qui pratique le Dharma correct, et si les proches du roi, par respect pour ces moines, acceptent leurs dires sans vérifier le bien-fondé de leurs accusations, s'ils accablent cet homme sage de médisances et de mauvais traitements, ces divinités susciteront de graves rébellions à l'intérieur du pays, suivies peu après par l'attaque d'un pays étranger, de sorte que le souverain mourra et que le pays tombera en ruine. Voir mes prophéties se réaliser me remplit de joie. Mais, d'un autre côté, cela me peine profondément. Dans cette vie-ci, je n'ai commis aucun crime. Je n'ai fait qu'exprimer ma gratitude à l'égard du pays de ma naissance en m'efforçant de le sauver du désastre. Mais on n'a pas tenu compte de mes conseils. Comme je le regrette ! On m'a même arrêté, on a arraché le cinquième volume du Sutra du Lotus de la poche de mon vêtement et on l'a utilisé pour me frapper violemment (note). Finalement, j'ai été traîné dans les ruelles de Kamakura et je me suis écrié : "Divinités Nitten et Gatten, vous êtes bien là, dans le ciel mais vous laissez Nichiren subir de grandes persécutions. Serait-ce parce que je ne suis pas le Pratiquant du Sutra du Lotus ? Si c'était le cas, j'abandonnerais immédiatement ma croyance erronée. Mais si je suis bien le Pratiquant du Sutra du Lotus, donnez-en immédiatement la preuve ! Sinon, vous, Nitten, Gatten et toutes les autres divinités, n'êtes que de grands menteurs qui avez trompé Shakyamuni, Taho et tous les bouddhas des dix directions. Vos mensonges sont cent fois, mille fois, dix mille fois, cent millions de fois plus graves que ceux de Devadatta et de Kokalika (note) ! " Peu après, le pays fut soudain déchiré par la guerre civile et il y règne encore le plus grand désordre. Je ne suis peut-être qu'un homme ordinaire (bompu) mais, aussi longtemps que je garderai le Sutra du Lotus, je mériterai d'être considéré, au Japon, comme la personne parvenue au plus haut degré d'humanité. Question : Dans cet obstacle qu'est l'arrogance, on distingue diverses catégories : les sept sortes, les neuf sortes ou les huit sortes d'arrogance. Mais votre inconcevable arrogance est cent fois, mille fois, dix milliards de fois plus grande que toutes les catégories énoncées dans les textes bouddhiques ! Le Maître de la doctrine Gunaprabha refusa de s'incliner devant le bodhisattva Maitreya et le Brahmane-Grand-Arrogance se fabriqua une chaire dont les pieds étaient sculptés à l'image des quatre sages. Mahadeva, bien que simple mortel, prétendit être parvenu au stade d'arhat et le Savant-maître* Vimalamitra* se proclama le plus grand sage des cinq régions de l'Inde. Toutes ces personnes, pour avoir commis la faute d'arrogance, sont tombées dans l'enfer avici. Comment osez-vous vous prétendre être la personne la plus sage du monde ? Cela ne vous conduira-t-il pas en enfer avec eux ? Quelle chose épouvantable ! Réponse : Avez-vous bien compris en quoi consistent les sept sortes, les neuf sortes et les huit sortes d'arrogance ? Le Bouddha Shakyamuni, l'Honoré du monde, a déclaré : "Je suis le plus grand sage dans le monde des trois plans ! " Tous les éminents non bouddhistes ont prédit que le Ciel le punirait ou que la terre s'ouvrirait sous ses pieds pour l'avaler. Mais rien de tel ne s'est passé. Les plus de trois cents moines des sept temples principaux de Nara au Japon affirmèrent que le moine Saicho* était une réincarnation de Mahadeva ou du Brahmane-au-ventre-de-fer. Pourtant, le Ciel ne l'a pas puni. Au contraire, il l'a protégée de multiples manières et la terre ne s'est pas ouverte, restant sous ses pieds aussi solide qu'un diamant. Le Grand-maître* Saicho* fit construire le temple du Mont Hiei et devint les yeux du peuple entier. Pour finir, les moines des sept temples principaux reconnurent leur erreur et devinrent ses disciples, et les habitants des diverses provinces devinrent ses adeptes laïcs. Ainsi, faire ouvertement l'éloge de ce qui est véritablement supérieur ressemble à un acte d'arrogance, mais, en réalité, cela entraîne de grands bienfaits parce que cela revient à faire l'éloge du Grand Dharma auquel on adhère. Le Grand-maître* Saicho* déclara : "L'école Tendai-Hokke est supérieure à toutes les autres écoles, en raison du Sutra sur lequel elle s'appuie. Par conséquent, lorsqu'elle se dit supérieure, ce n'est pas pour chanter ses propres louanges ni pour dénigrer les autres écoles."(réf.) Il est dit dans le septième volume du Sutra du Lotus : "De même que le Mont Sumeru est la plus élevée de toutes les montagnes, ce Sutra est le plus élevé de tous les sutras."(réf.) Les sutras Kegon*, Hannya*, Vairocana*, qui précèdent le Sutra du Lotus, et le Sutra Muryogi et le Sutra du Nirvana qui le suivent, c'est-à-dire cinq ou sept mille volumes, aussi bien que tous les sutras de l'Inde, du palais du Roi-Dragon, du Ciel des Quatre Rois Célestes, du Ciel Trayastrimsha, de Nitten, de Gatten, et ceux de tous les mondes des dix directions, tous ces sutras sont des montagnes moins élevées que le Sutra du Lotus. Ils sont comparables à la Montagne de Terre, la Montagne Noire, la Petite Montagne de la Roue de fer et la Grande Montagne de la Roue de fer, alors que ce Sutra du Lotus qui a été transmis jusqu'au Japon est comparable au Mont Sumeru. Dans ce même septième volume, il est dit encore : "Celui qui parvient à croire et à pratiquer ce Sutra est de même nature. Parmi la multitude de tous les êtres vivants, il est le premier."(réf.) Examinons le sens de ce passage du Sutra. Les autres sutras ont leurs adeptes. Ainsi, le Sutra Kegon* est révéré par les bodhisattvas Fugen, Gedatsugatsu, Nagarjuna et Ashvaghosha, par le Grand-maître* Fa-zang, le maître Qingliang, l'impératrice Ze-tian (Tse-t'ien), le Précepteur Shinjo, l'administrateur de moines, Ryoben et l'empereur Shomu. Les sutras Jimmitsu* et Hannya* ont pour adeptes le bodhisattva Shogisho, le Vénérable* Subhuti, le Grand-maître* Jizang, l'éminent lettré Xuanzang, les empereurs Taizong et Gaozong, les moines Kanroku et Dosho et l'empereur Kotoku. Ceux qui croient dans le Sutra Vairocana*, de l'école Kegon, sont les bodhisattvas Kongosatta, Nagarjuna, Nagabodhi, le roi Satavahana, les Savant-maître* Shubhakarasimha* (Shan-wu-wei), Vajrabodhi* et Amoghavajra*, les empereurs Xuanzong et Taizong, le moine Huiguo et les Grands-maîtres Kukai* et Ennin*. Et ceux qui révèrent le Sutra du Nirvana sont le bodhisattva Kasho Doji, les cinquante-deux sortes d'êtres, le Savant-maître* Dharmakshema, Fa-yun du temple Guangzhe-si et les dix moines éminents (note) des trois écoles de la Chine du Sud et des sept écoles de la Chine du Nord, ont eux aussi suivi d'autres sutras que le Sutra du Lotus. Par contre, si de simples mortels, vivant à l'époque mauvaise des Derniers jours du Dharma, n'observant même pas les préceptes et passant pour des icchantika sont convaincus, comme l'enseigne le Sutra, que le Sutra du Lotus, qui surpasse tous les sutras enseignés avant, en même temps et après lui, est la seule voie qui conduise à la bodhéité, de telles personnes, même sans une once de compréhension, sont cent fois, mille fois, dix milliards de fois supérieures à tous ces grands sages. C'est ce que signifie ce passage du Sutra. Parmi les adeptes des autres sutras, certains encouragent à la croyance dans les sutras provisoires comme étape préparatoire conduisant au Sutra du Lotus. D'autres restent exclusivement attachés à leur sutra et n'adhèrent jamais au Sutra du Lotus. D'autres encore, non seulement continuent à suivre d'autres sutras mais y sont si fortement attachés qu'ils les disent supérieurs au Sutra du Lotus. Mais les pratiquants du Sutra du Lotus ne devraient jamais oublier les passages du Sutra du Lotus où il est dit : "De même que, parmi toutes les étendues d'eau, affluents, rivières et fleuves, la mer est la plus vaste, la personne qui pratique le Sutra du Lotus est d'une sagesse supérieure aux autres"(réf.) ; et : "La lune est le plus lumineux de tous les corps célestes visibles dans le ciel nocturne. Ceux qui pratiquent ce Sutra du Lotus lui sont comparables."(réf.) Ces passages doivent rester gravés dans notre coeur. Tous les sages du Japon à notre époque sont comme autant d'étoiles, et moi, Nichiren, suis comparable à la pleine lune. Question : Y a-t-il jamais eu par le passé quelqu'un qui ait parlé comme vous venez de le faire ? Réponse : Le Grand-maître* Saicho* a déclaré : "Il faut savoir que les sutras sur lesquels s'appuient les autres écoles ne sont pas les plus élevés. Par conséquent, ceux qui croient dans ces sutras ne sont pas non plus les meilleurs. Mais, puisque l'école Tendai-Hokke croit dans le sutra le plus élevé, ceux qui croient dans le Sutra du Lotus sont les premiers parmi la multitude. Ce sont là les mots mêmes du Bouddha. Comment cela pourrait-il être un simple éloge de soi-même ? "(réf.) Une tique attachée à la queue d'un kirin peut parcourir mille ri en un seul jour et un homme ordinaire (bompu), au service d'un Roi faisant tourner la roue, peut faire en un instant le tour des quatre continents du monde. Qui songerait à en douter ou à le contester ? Voilà le sens des mots de Saicho* : "Comment cela pourrait-il être un simple éloge de soi-même ? ". Par conséquent, si ce qu'il dit est vrai, celui qui pratique le Sutra du Lotus comme le Bouddha l'enseigne est supérieur à Bonten et plus respectable que Taishaku. Avec l'aide des démons ashura, il peut soulever le Mont Sumeru et, avec les dragons à son service, il peut assécher le grand océan. Le Grand-maître* Saicho* a dit : "Ceux qui adressent des éloges au Grand-maître* Zhiyi* recevront des bienfaits qui s'accumuleront aussi haut que le Mont Sumeru, tandis que ceux qui le calomnient commettent un crime qui les précipitera dans l'enfer avici."(réf.) Et on lit dans le Sutra du Lotus : "Ils mépriseront, haïront, envieront et éprouveront de la rancune à l'égard de ceux qui lisent, récitent, transcrivent ce Sutra et y adhèrent, et, après leur mort, ils tomberont dans l'enfer avici."(réf.) Si ces paroles d'or du Bouddha Shakyamuni sont exactes, si le témoignage du bouddha Taho est véridique, et si l'on peut se fier à l'approbation que marquèrent les bouddhas des dix directions en tirant leurs longues et larges langues, comment ne pas croire que tous les habitants du Japon de notre époque tomberont dans l'enfer avici ? Il est
dit dans le huitième volume du Sutra du Lotus : "Aux
époques futures qui suivront la disparition du Bouddha, les voeux
de ceux qui croiront en ce Sutra et le pratiqueront, le liront
et le réciteront ne resteront pas sans réponse, et ils
recevront des bienfaits dans leur vie présente."(réf.)
Il y est dit encore : "Ceux qui feront des offrandes
au Pratiquant de ce Sutra et feront son éloge recevront
des bienfaits dans leur vie présente."(réf.)
C'est pourquoi je vous le conseille, mes disciples : efforcez-vous de pratiquer fidèlement comme le Sutra du Lotus l'enseigne, sans ménager votre vie ! Mettez la véracité de ce bouddhisme à l'épreuve ! Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge Kyo ! Question : Nous lisons dans le Sutra du Lotus un passage qui dit : "Nous ne sommes pas avares de notre vie. Nous lui préférons la Voie suprême."(réf.) Et dans le Sutra du Nirvana : "Par exemple, si un émissaire, doué d'éloquence et habile diplomate, est envoyé par son roi à l'étranger pour y accomplir une mission, il doit transmettre le message de son souverain sans en omettre un seul mot, même au risque de sa vie. Un sage devrait agir ainsi lorsqu'il enseigne le bouddhisme. Parmi les simples mortels, il doit, prêt à donner sa vie, exposer sans défaillance l'enseignement secret (zuitai, himitsu) de l'Ainsi-Venu contenu dans les sutras du Mahayana, c'est-à-dire révéler que tous les simples mortels possèdent l'état de bouddha." Mais dans quelles circonstances faut-il pratiquer au risque même de sa vie ? J'aimerais que vous l'expliquiez de manière plus précise. Réponse : Lorsque je ne faisais que débuter dans la voie bouddhique, je pensais que la phrase "sans ménager sa vie" signifiait voyager jusqu'en Chine sur l'ordre de l'empereur comme le firent Saicho*, Kukai*, Ennin* et Enchin*. Ou aller de Chine jusqu'en Inde, comme le fit Xuanzang en mourant six fois. Ou je pensais que cela signifiait sacrifier sa vie comme le fit Sessen Doji pour connaître la seconde partie d'un verset, ou se brûler les coudes en offrande] pendant soixante-douze mille ans, comme le fit le bodhisattva Yakuo*. Mais si l'on examine attentivement les passages du Sutra, il ne s'agit pas de cela. Avant qu'apparaissent dans le Sutra les mots "sans ménager sa vie", sont décrits trois sortes d'ennemis qui dénigreront et attaqueront à coups de sabre et de bâton, et mettront la vie des pratiquants en danger. Il faut lire les passages du Sutra du Nirvana qui parlent de faire son devoir "au risque de perdre la vie" et qui disent plus loin : "Il y a des personnes appelées icchantika qui se donnent l'apparence d'arhat, vivent dans des lieux reculés, et dénigrent les sutras du Mahayana. Ils passent pour de véritables arhats aux yeux de nombreux hommes ordinaires ou pour de grands bodhisattvas." Au sujet de la troisième catégorie de grands ennemis, il est dit dans le Sutra du Lotus : "...ou l'on verra des moines habiter la forêt, vêtus de haillons et vivre retirés et ils seront respectés et révérés de par le monde comme s'ils étaient des arhats dotés de six pouvoirs mystiques.". Et il est dit dans le Sutra Hatsunaion : " Il y a aussi des icchantika ayant l'apparence d'arhat mais qui commettent de mauvaises actions." Tous ces passages des sutras parlent des grands ennemis du Dharma correct. Et ce n'est pas parmi les mauvais rois, les mauvais ministres, les non bouddhistes, les démons du Ciel ou parmi les moines qui transgressent les préceptes qu'on les trouve principalement. Ceux qui commettent les plus graves oppositions au Dharma se trouvent plutôt parmi les moines éminents, qui paraissent observer les préceptes et passent pour des hommes de grande sagesse. Le Grand-maître* Zhanlan* dit à leur propos : "Cette troisième catégorie d'ennemis est la plus redoutable de toutes car la deuxième est déjà difficile à reconnaître et la troisième est la plus difficile à démasquer."(réf.) On lit, dans le cinquième volume du Sutra du Lotus : "Ce Sutra du Lotus est la resserre secrète des bouddhas. Parmi tous les sutras, il occupe la place la plus élevée."(réf.) Dans ce passage, nous devons remarquer les quatre caractères signifiant "la place la plus élevée". Si nous devons en croire ces mots, le véritable pratiquant du Sutra du Lotus est celui qui proclame que le Sutra du Lotus est le plus élevé de tous les sutras. Mais supposons qu'il y ait de nombreux moines hautement respectés dans le pays qui prétendent que d'autres sutras sont supérieurs au Sutra du Lotus et débattent avec le pratiquant du Sutra du Lotus sur ce point. Ces moines bénéficient de la confiance et du soutien du souverain et de ses ministres, tandis que le pratiquant du Sutra du Lotus n'a pas de soutiens influents et n'a que peu de disciples ; par conséquent le pays tout entier le méprise et se ligue contre lui. Si, par ailleurs, il se conduit de la même manière que le bodhisattva Fukyo ou le Savant-maître* Bhadraruchi, et continue à proclamer la supériorité du Sutra du Lotus, il sera en butte à de grandes persécutions qui mettront sa vie en danger. Continuer à pratiquer résolument, face à de telles menaces, est le facteur déterminant. Cela correspond tout à fait à la situation à laquelle je suis aujourd'hui confronté. N'être qu'une personne ordinaire et dire, comme le fait Nichiren, que les Grands-maîtres Kukai*, Ennin*, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*, Amoghavajra* et leurs semblables sont les grands ennemis du Sutra du Lotus, et affirmer que, si le Sutra est véridique, ils sont sans aucun doute tombés dans l'enfer avici, est un acte extrêmement difficile. Il serait plus facile de pénétrer sans vêtements dans des flammes furieuses, de saisir d'une main le Mont Sumeru et de le lancer dans les Airs ou de traverser l'océan avec un grand rocher sur le dos que de faire ce que j'ai fait. Etablir le Dharma correct dans ce pays, le Japon, est véritablement une tâche d'une immense difficulté. Si le Bouddha Shakyamuni de la Terre pure du Pic du Vautour, le bouddha Taho du monde du Trésor de pureté, les bouddhas des dix directions, émanations du Bouddha Shakyamuni, les bodhisattvas Surgis-de-Terre, Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel, ne m'accordent pas, de manière visible ou invisible, leur aide et leur protection, ils ne connaîtront plus un seul jour, plus une seule heure de paix ou de sécurité. ARRIERE-PLAN
- "Le choix en fonction du temps" fut écrit au Mont Minobu et daté du 10 juin 1275, alors que Nichiren était
âgé de cinquante-quatre ans. Il était adressé
à l'un de ses disciples, Yui, qui vivait à Nishiyama,
dans la province de Suruga. En anglais : The Selection of the Time |
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