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Extraits de gosho sur

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bouddha Dainichi-Vairocana
 

Les écoles du Zen disent : Il est dit qu’il faut fouler le sommet du crâne de Vairocana (note) Je dis : Mais qui est donc Vairocana  ? S’il s’agit du Corps du Dharma* du monde des dharma environnants, les montagnes, les rivières et la terre sont aussi le Corps et la Terre de Vairocana. Il s’agit alors de la nature principielle de Vairocana. Les chiens et les renards foulent aussi ce Corps et cette Terre. Cela ne rentre pas dans le cadre des écoles du Zen. Si en vérité, il faut fouler le sommet du crâne du Bouddha, on peut dire que même Brahma n’en voit pas le sommet.
Dialogue avec les écoles du Zen (1255)

Alors que l’Éveillé état enfant, sa sagesse était déjà supérieure et il manifestait l’Éveil. Ses parents étaient des hommes ordinaires (bompu) Dans leur ignorance, ils ne sont simplement pas encore éveillés. Les hommes, ne possédant pas une connaissance précise des doctrines, médisent en foulant au pied le sommet du crâne de Vairocana (note). C’est une grave erreur.
La doctrine d’Ichinen Sanzen, 1258

Les mudra et les mantra des bouddhas Buddhalocana et Mahavairocana, enseignés dans les sutras de Guirlande de fleurs (Kegon), de la Couronne de Diamant (Kongocho*) et de L'accomplissement merveilleux (Soshitsuji*) sont inutiles. Car même si le nom de ces Vénérés est "Œil du bouddha" et "Grand Soleil", ils ne sont ni l’œil du Bouddha, ni un grand soleil. Par exemple, même un bouddha, comme celui de Guirlande de fleurs (Kegon*), n’est pas le Bouddha de l'enseignement parfait*. Il ne faut donc pas se fier au seul nom.
L’ouverture des yeux des images sculptées ou peintes (Kamakura 1264)

L'ésotériste lui dit : "Il y a deux sortes d'enseignements bouddhiques, exotériques et ésotériques. Les plus profonds principes des enseignements exotériques ne soutiennent pas la comparaison avec les stades même élémentaires de la pratique ésotérique. D'après ce que vous me dites, il me semble que la doctrine à laquelle vous adhérez appartient à l'enseignement exotérique du Bouddha Shakyamuni. Mais la doctrine à laquelle j'adhère est l'enseignement caché du bouddha Vairocana*, le roi de l'illumination. Si vous craignez véritablement cette maison en feu qu'est le monde des trois plans dans lequel nous vivons, et si vous aspirez à la Terre merveilleuse de la lumière éternellement paisible, vous devriez immédiatement rejeter les enseignements exotériques, et accorder votre foi aux enseignements ésotériques !
[...] De nouveau, dans le passage concernant la quatrième sorte de pratiques incorrectes, celle de l'invocation d'un nom, sont mentionnés certains noms de bouddha et de bodhisattva qu'un pratiquant du Nembutsu ne devrait pas invoquer. Les noms qu'il doit invoquer sont ceux du bouddha Amida et de ses deux honorables acolytes. Les noms qu'il ne doit pas invoquer sont ceux de Shakyamuni, Yakushi*, Vairocana, et autres bouddhas  ; ceux de Jizo, Fugen, Manjushri, les divinités Nitten, Gatten et des étoiles ; les divinités des sanctuaires d'Izu et de Hakone, des sanctuaires de Mishima, Kumano et Haguro  ; la déesse du Soleil Amaterasu Omikami  ; et le grand bodhisattva Hachiman. Ceux qui réciteraient ne serait-ce qu'un seul de ces noms, même s'ils récitaient le Nembutsu cent mille ou un million de fois, parce qu'ils auraient commis l'erreur d'invoquer le nom de l'un de ces bouddhas, bodhisattva, divinité du Soleil ou de la Lune ou d'autres divinités tomberaient dans l'enfer avici et ne pourraient pas renaître dans la Terre pure.
[...] Mais il n'y a certainement aucune raison de rejeter les enseignements du Shingon. Le Sutra Vairocana* représente l'enseignement caché du bouddha Vairocana*, le roi de l'illumination. Il a été transmis, dans une lignée ininterrompue du bouddha Vairocana* à Shubhakarasimha* et Amoghavajra*. Et au Japon le Grand-maître* Kukai* répandit les enseignements concernant les mandala du Monde de diamant et du Monde de la matrice. Ce sont des enseignements secrets et ésotériques concernant les trente-sept honorés. Par conséquent, les plus profonds principes des enseignements exotériques ne sont pas même comparables aux stades élémentaires des enseignements ésotériques. C'est pourquoi le Grand-maître* Enchin, du second temple Toin (note), dit dans ses commentaires  : "Même le Sutra du Lotus ne soutient pas la comparaison avec le Sutra Vairocana*, et moins encore les autres doctrines."(réf.) Quelle est votre opinion à ce sujet ? Le sage répondit  : "Au début, j'ai accordé ma confiance au bouddha Vairocana*, et souhaité pratiquer assidument l'enseignement de l'école bouddhique du Shingon ésotérique. Mais, lorsque j'ai étudié les principes essentiels de cette école, j'ai découvert qu'ils s'appuyaient sur des conceptions qui constituent, en réalité, une offense au Dharma !
[...] Il s'ensuivit que Shokaku-bo, disciple de Kukai* à une époque ultérieure et fondateur du temple Dembo-in, en vint à écrire que le Sutra du Lotus n'était même pas digne d'être le porteur de sandales du Sutra Vairocana*, et que le Bouddha Shakyamuni ne méritait pas même de conduire les boeufs du bouddha Vairocana*.
[...] Ensuite, dans cet ensemble de comparaisons, nous lisons : "De même, ce Sutra occupe la première place parmi tous les sutras et toutes les doctrines, qu'ils aient été enseignés par des bouddhas, des bodhisattvas ou par des disciples dans l'état d'auditeurs-shravakas." Ce passage nous indique que le Sutra du Lotus n'est pas seulement la plus élevée de toutes les doctrines enseignées par le Bouddha Shakyamuni de son vivant, mais qu'il occupe aussi la première place parmi tous les enseignements et sutra exposés par des bouddhas comme Vairocana, Yakushi* ou Amida, et par des bodhisattvas comme Fugen et Manjushri. Par conséquent, si quelqu'un affirmait qu'il existe un sutra supérieur au Sutra du Lotus, vous devriez bien comprendre qu'il expose des conceptions empruntées aux enseignements non bouddhiques, ou celles du Démon du sixième Ciel. De plus, pour ce qui est de l'identité du bouddha Vairocana*, quand le Bouddha Shakyamuni, Seigneur du Dharma, Éveillé depuis le passé illimité, pendant quarante-deux ans atténua sa lumière et se mêla à la poussière du monde, se mettant à la portée des capacités des hommes de son temps, en tant que bouddha qui réunit les Trois Corps en un, il adopta temporairement la forme du bouddha Vairocana*. Par conséquent, lorsque le Bouddha Shakyamuni révéla le véritable aspect de tous les phénomènes, il devint clair que Vairocana était une forme temporaire empruntée par Shakyamuni pour répondre aux capacités des gens. Voilà pourquoi il est dit dans le Sutra Fugen que le Bouddha Shakyamuni est appelé "Vairocana* partout présent", et que le lieu où vit ce bouddha est dit "de la lumière éternellement paisible ".
[...] 2 Kukai de l'école Shingon, dans ses écrits affirme que le Sutra du Lotus est inférieur même au Sutra Kegon*, et le classe deux rangs en dessous du Sutra Vairocana, le qualifiant de "théorie puérile". Et Shokaku-bo, de la même école, déclare que le Sutra du Lotus n'est même pas digne d'être le porteur de sandales du Sutra Vairocana*, que le Bouddha Shakyamuni ne mérite même pas de garder les vaches du bouddha Vairocana*.
Conversation entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )

L'ermite Agastya contint toute l'eau du Gange pendant douze ans dans son oreille (réf.). L'ermite Jinu but toute l'eau des quatre océans en un seul jour et le brahmane Uluka changea son corps en pierre et resta ainsi pendant huit cents ans. Comment les bienfaits obtenus par la pratique du Shingon pourraient-ils surpasser ces prodiges  ? L'ermite Kudon prit l'apparence de Taishaku et enseigna pendant douze ans, et Kukai* se transforma pour un instant en bouddha Vairochana. Décidez vous-même qui des deux avait les pouvoirs surnaturels les plus grands. Si vous prenez des transformations de ce genre pour de grands bienfaits, vous pourriez aussi bien croire aux enseignements brahmaniques.
Réponse à Hoshina Goro Taro (5 décembre 1267 à Hoshina)

Avant l'apparition du Bouddha Shakyamuni, il n'y avait pas d'ordre de moines ou de nonnes  ; il n'y avait d'autres catégories que celles des hommes et des femmes. De nos jours, il y a des moines et des nonnes qui, parce qu'ils pratiquent le Shingon, font du bouddha Vairocana* leur objet fondamental de vénération et relèguent à une position inférieure le Bouddha Shakyamuni. D'autres, parce qu'ils croient aux vertus du Nembutsu, adressent leurs prières exclusivement au bouddha Amida, en négligeant totalement le Bouddha Shakyamuni. Ils ne sont pourtant tous moines et nonnes que grâce au Bouddha Shakyamuni, mais ils agissent ainsi en raison des erreurs commises par les fondateurs de leurs diverses écoles.
[...] La troisième raison est que ce Bouddha Shakyamuni est le maître originel de tous les êtres humains de ce monde Saha. Il est né en Inde centrale, en tant que fils du roi Shuddhodana, au cours du neuvième kalpa de décroissance dans l'actuel kalpa de sagesse, à une époque où la longévité moyenne de l'homme était de cent ans. Il quitta sa famille à l'âge de dix-neuf ans, atteignit l'Éveil à l'âge de trente ans, et passa les plus de cinquante ans qu'il lui restait à vivre à exposer les enseignements sacrés. Il mourut à l'âge de quatre-vingts ans, léguant ses reliques (note) comme moyen de salut pour tous les êtres humains aux époques du Dharma correct, du Dharma formel et des Derniers jours du Dharma. Les bouddhas Amida, Yakushi*, Vairocana et les autres sont les bouddhas d'autres terres ; ils ne sont pas l'Honoré de notre monde Saha.
[...] Ainsi, les maîtres du Shingon pensent que le Sutra Vairocana* est supérieur à tous les autres sutras, et c'est pourquoi ils considèrent le bouddha Vairocana* décrit dans ce sutra comme le bouddha suprême, comme celui avec qui ils ont un lien particulier. Les croyants du Nembutsu, qui ont foi dans le Sutra Kammuryoju, considèrent le bouddha Amida comme celui qui a un lien particulier avec ce monde Saha.
[...] Prenons un exemple. Le Savant-maître* Shubhakarasimha* fut le fondateur de l'école Shingon en Chine. Il était le fils du roi Busshu monarque du royaume d'Udyana. Le vénérable Bouddha Shakyamuni quitta le palais de son père à l'âge de dix-neuf ans pour entrer dans la vie religieuse. Mais ce Savant-maître* Shubhakarasimha* renonça au trône à l'âge de treize ans, après quoi il voyagea à travers plus de soixante-dix royaumes de l'Inde, parcourant à pieds quatre-vingt-dix mille ri, et étudiant les multiples sutras et commentaires des diverses écoles. Dans un royaume du Nord de l'Inde, il se tint au pied du stupa élevé par le roi Konzoku (note), contempla le ciel et formula des prières, après quoi le mandala du Monde de la Matrice* lui apparut suspendu dans les airs avec, assis au centre, le bouddha Vairocana*.
[...] Il faut ajouter à tout cela que les enseignements ésotériques du Shingon sont différents des autres enseignements bouddhiques. Ils affirment que si l'on a formé avec les mains ne serait-ce qu'un seul mudra, si l'on a prononcé de sa bouche ne serait-ce qu'un seul mantra dharani*, même les crimes les plus graves accumulés dans les trois phases de la vie seront expiés. Ils ajoutent qu'il suffit de poser les yeux sur un mandala ésotérique pour que toutes les fautes et entraves karmiques accumulées pendant d'innombrables koti de kalpa s'effacent immédiatement. Cela aurait dû être d'autant plus vrai dans le cas de ce Savant-maître*, qui avait mémorisé tous les mudra et les mantra dharani* des plus de mille deux cents Honorés, qui avait compris aussi clairement que si elle avait été reflétée dans un miroir la pratique de la contemplation qui permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence, et qui, pendant la cérémonie d'onction dans le Monde du Diamant* et dans le Monde de la Matrice*, s'était métamorphosé en roi illuminé Vairocana ou en bouddha Vairocana* lui-même  ! Pourquoi une personne de ce genre devait-elle se présenter devant Emma, le roi des enfers, et subir une punition ?
[...] Deuxièmement, bien que le bouddha Vairocana* soit une émanation du Bouddha Shakyamuni, Shubhakarasimha* s'est forgé la croyance erronée que le bouddha Vairocana* est supérieur au Bouddha Shakyamuni. Le crime que représentent ces formes d'opposition au Dharma est si grave qu'une personne qui s'en est rendue coupable ne pourra jamais éviter de sombrer dans les mauvaises voies, même si elle accomplissait les pratiques des plus de mille deux cents Honorés pendant d'innombrables kalpas.
Le savant maître Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à Joken-bo et Gijo-bo)

Certains [maîtres du bouddhisme ésotérique] disent que le Sutra Vairocana* a été exposé par [le bouddha Vairocana*] un bouddha différent de Shakyamuni, d'autres déclarent que le Sutra Vairocana* est l'enseignement le plus élevé du Bouddha Shakyamuni, tandis que d'autres encore prétendent que le même bouddha se manifesta tantôt sous la forme du Bouddha Shakyamuni pour enseigner les sutras exotériques, tantôt sous la forme du bouddha Vairocana* pour enseigner les sutras ésotériques. Ainsi, en ignorant la logique de l'enseignement du Bouddha, ils offrent une infinie variété d'opinions qui sont toutes erronées.
La lettre de Teradomari (Teradomari, le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)

Si l'on réfléchit à tout cela, il devient évident que le bouddha Vairocana, dépeint dans le Sutra Kegon* comme étant assis sur un trône en forme de lotus et que le Bouddha Shakyamuni décrit comme mesurant seize pieds (note) dans les sutras Agama*, aussi bien que les autres bouddhas provisoires mentionnés dans les sutras Hodo*, Hannya*, Konkomyo*, Amida et Vairocana*, ne sont que des reflets du bouddha du chapitre Juryo* (XVI). Ils sont comme des images flottantes de la lune se reflétant dans des vasques de différentes tailles emplies d'eau.
Le coeur du chapitre Juryo (17 avril 1271 ou 1272)

Le Bouddha Shakyamuni naquit dans le kalpa de continuité* , dans le neuvième kalpa mineur*, à une époque où la durée de la vie humaine, diminuant graduellement, était encore de cent ans. Il était le petit fils du roi Shimhahanu et le fils héritier du roi Shuddhodana. Enfant, on l'appelait Siddhartha, l'Accompli. A l'âge de dix-neuf ans, il quitta sa famille* et à trente ans, il réalisa la bodhéité. Sur le lieu de son Éveil*, il commença par exposer le Sutra Kegon apparaissant comme le bouddha Vairocana* dans son Monde du Trésor du Lotus (note). Il exposa les dix mystères*, les six formes*, et l'interdépendence de tous les phénomènes (note), le Dharma mystique*. A ce moment-là, les bouddhas des dix directions apparurent devant lui, et tous les bodhisattvas se rassemblèrent autour d'eux comme une nuée.
[...] De ce point de vue, nous comprenons que le bouddha Vairocana* décrit dans le Sura Kegon*, le Bouddha Shakyamuni décrit dans les sutras Agama*, et les bouddhas venus de toutes les directions de l'univers décrits dans les sutras Hodo* et Hannya* ainsi que dans les sutras Konkomyo*, Amida et Vairocana ne sont que des reflets du Bouddha du chapitre Juryo* (XVI), semblables aux reflets de la lune flottant à la surface de vasques emplies d'eau, grandes et petites. Les maîtres des diverses écoles bouddhiques, égarés par la doctrine de leur propre école et ignorant les enseignements du chapitre Juryo* du Sutra du Lotus, confondent le reflet dans l'eau avec la lune elle-même, certains entrant dans l'eau pour essayer de la saisir avec leurs mains, tandis que d'autres s'efforcent de l'amarrer avec une corde et l'immobiliser. Comme le dit Zhiyi, "ils ignorent tout de la lune dans le ciel, et ne regardent que la lune dans l'étang."(réf.)
[...] De plus, les enseignements de Shubhakarasimha* descendent en droite ligne du bouddha Mahavairochana. Comment des hommes de cette sorte, qui sont des manifestations du Bouddha, pourraient s'être trompés. Le Sutra Kegon dit : "Certains perçoivent qu'un nombre incalculable de kalpa s'est écoulé depuis que le Bouddha Shakyamuni atteignit l'Éveil " et le Sutra Vairocana*  dit : "Je [Vairocana] suis la source et le commencement de toutes choses." Pourquoi certains prétendent que seul le chapitre Juryo* (XVI) du Sutra du Lotus énonce le principe de l'Éveil du Bouddha dans un passé illimité ?
[...] 2 Quant aux neuf Honorés sur les huit pétales du lotus et aux trente-sept Honorés, décrits dans les sutras Sutra Vairocana *et Sutra du Diamant, même si on les présente comme des incarnations du bouddha Vairocana*, ils n'ont pas les caractéristiques d'un véritable bouddha intégralement doté des trois propriétés.
[...] 2 Dans les sutras antérieurs et les chapitres de l'enseignement théorique* du Sutra du Lotus, les autres bouddhas présents étaient dépeints comme pratiquant diverses austérités et disciplines religieuses aux côtés du Bouddha Shakyamuni. C'est pourquoi ceux qui considèrent l'un ou l'autre de ces bouddhas comme objet de vénération commettent la faute de rabaisser le Bouddha Shakyamuni. Il apparaît maintenant clairement que le bouddha Vairocana* du Sutra Kegon* ainsi que les divers bouddhas des sutras Hodo*, Hannya* et Vairocana* sont tous, en fait, des disciples du Bouddha Shakyamuni.
[...] 2 Mais comme il est devenu évident que le Bouddha Shakyamuni atteignit l'Éveil dans le passé illimité, il est certain que les bodhisattvas Nikko et Gakko, acolytes du bouddha Yakushi* de l'Est, les bodhisattvas Kannon et Seishi, acolytes du bouddha Amida de l'Ouest, ainsi que les disciples de tous les bouddhas des mondes des dix directions et les grands bodhisattvas, disciples du bouddha Vairocana* mentionnés dans les sutras Vairocana* et Kongocho*, tous sont les disciples du Bouddha Shakyamuni. Puisque les divers bouddhas eux-mêmes sont des émanations du Bouddha Shakyamuni, leurs disciples sont nécessairement eux aussi des disciples de Shakyamuni. Et, à plus forte raison, les diverses divinités du soleil, de la lune, et des étoiles, qui résident en ce monde depuis des temps immémoriaux, doivent être, certainement, disciples du Bouddha Shakyamuni.
[...] 2 Les quatre écoles Kegon, Shingon, Sanron, et Hosso sont toutes des écoles du Mahayana. Parmi elles, les écoles Hosso et Sanron vénèrent un bouddha sous l'aspect du Corps manifesté supérieur (note). C'est comme si un prince héritier, prétendant légitime à la couronne, prenait son père pour un simple guerrier. Les écoles Kegon et Shingon rabaissent le Bouddha Shakyamuni et affirment que c'est le bouddha Mahavairochana qui doit être le véritable objet de vénération.
[...] 2 Mais, après son voyage en Chine, Shubhakarasimha* eut l'occasion de lire le Maka Shikan de Zhiyi* et en retira sagesse et compréhension. Il s'appropria alors le principe d'ichinen sanzen, l'utilisant pour interpréter les passages du Sutra Vairocana* sur "la réalité de l'esprit" ou celui qui dit "Je [Vairocana] suis la source et le commencement de toutes choses", pour en faire le cœur des enseignements Shingon mais en y ajoutant la pratique des mudra et des mantra dharani*.
[...] 2 Mais Kukai*, [le maître de l'école Shingon] au Japon, a dit : "Le Sutra Vairocana* ne rentre ni dans la catégorie des Six actions difficiles ni dans celle des Neuf actes aisés. Il est différent de tous les sutras enseignés par Shakyamuni, puisqu'il fut prêché par le bouddha Vairocana*, bouddha sous l'aspect du Corps du Dharma*." De même, certains affirment : "Puisque le Sutra Kegon* fut enseigné par le bouddha sous l'aspect du Corps de Sagesse*, il n'entre ni dans la catégorie des Six actions difficiles ni dans celle des Neuf actes aisés."
[...] 2 Et aussi : "Le bouddha Vairocana* s'adressa au Maître des secrets (note) en ces termes : "Maître des secrets, en quoi consiste l'Éveil   ? " [Il lui répondit : ] "C'est comprendre la véritable nature de notre propre esprit."
Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Les disciples de Vairocana, connus sous le nom d'école Zen, prétendent que les véritables enseignements bouddhiques ont été transmis en dehors des sutras. Ils se moquent du Sutra du Lotus dans lequel ils ne voient qu'un doigt pointé vers la lune ou une suite de caractères sans signification. Ces moines furent certainement des élèves des six maîtres non bouddhistes, mais maintenant ils sont entrés dans le courant du bouddhisme.
La Lettre de Sado (Sado, 20 mars 1272, à Toki Jonin)

Il est dit dans le sutra : "La sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable."(réf.) "Tous les bouddhas" désigne chaque bouddha dans l'univers et dans les trois phases de l'existence y compris le bouddha Vairocana* de l'école Shingon et le bouddha Amida de l'école Jodo. Cela désigne tous les bouddhas et tous les bodhisattvas sans exception de tous les sutras ou toutes les écoles, du passé, du présent et du futur, y compris le Bouddha Shakyamuni. Il est question de sagesse. Mais qu'entend-on par "la sagesse" de tous les bouddhas  ? C'est le principe de shoho jisso [l'aspet réel est tous les phénomènes] que Shakyamuni expliqua par les dix modalités (dix nyoze) d'expression de la vie. En quoi consiste ce principe  ? C'est Namu Myoho Renge Kyo... Zhiyi* écrivit : "Le profond principe de jisso (aspect réel) est le Dharma primordial (atemporel) de Myoho Renge Kyo". La véritable réalité manifestée dans tous les phénomènes est représentée par les deux bouddhas Shakyamuni et Taho. Taho représente tous les phénomènes et Shakyamuni, l'aspect réel. Les deux bouddhas symbolisent également kyo [l'objet] et chi [le sujet]. Le bouddha Taho représente l'objet et Shakyamuni, le sujet. Bien qu'ils soient deux, ils ne font qu'un dans l'Éveil du Bouddha.
Les désirs mènent à l'Éveil (Sado, le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)

Question - Je conserve un doute. Le Sutra Vairocana* est un enseignement exposé par le bouddha Vairocana*. Dans ce cas, n'est-il pas déraisonnable de réfuter l'enseignement du bouddha Vairocana* en utilisant l'enseignement du Bouddha Shakyamuni  ? Réponse -. Qui étaient les parents du bouddha Vairocana*, et dans quel pays apparut-il pour exposer le Sutra Vairocana*  ? S'il s'est manifesté directement en ce monde sans avoir ni père ni mère, dans quel sutra est-il écrit qu'après la mort du Bouddha Shakyamuni, un bouddha comme lui [Vairocana] apparaîtrait pour exposer l'enseignement au cours des cinquante-six milliards soixante-dix millions d'années séparant la mort du Bouddha Shakyamuni de l'apparition du vénérable et bienveillant Maitreya ?
Sur la prière (Sado, 1272 à Sairen-bo)

Lorsqu'il prêcha le Sutra Kegon*, le Bouddha apparut sous la forme du bouddha Vairochana, assis au centre d'une fleur de lotus à mille pétales. Lorsqu'il exposa les sutras Agama*, il apparut sous la forme d'un bouddha qui a brisé toutes les entraves en pratiquant trente-quatre sortes de purification spirituelle. Quand il prêcha les sutras Hodo*, il fut accompagné par une grande multitude de bouddha. Dix mille bouddhas se joignirent à lui lorsqu'il exposa les sutras Hannya*. Dans les sutras Vairocana* et Kongocho*, il fit une apparition solennelle, sous la forme de cinq cents bouddhas et bodhisattvas dans l'un, et de sept cents dans l'autre. Dans le onzième chapitre du Sutra du Lotus, le Bouddha se manifesta de quatre manières différentes en transformant la terre trois fois.
[...] Tout au long de sa vie, le Bouddha Shakyamuni donna divers enseignements, exotériques et ésotériques, hinayana aussi bien que mahayana. Si nous considérons plus spécifiquement les sutras sur lesquels chaque école, Kegon, Shingon, etc. s'appuie pour fonder leur doctrine, nous voyons, par exemple, que le Sutra Kegon* décrit le bouddha Vairochana assis au centre d'une fleur de lotus à mille pétales ; le Sutra Daijuku dépeint une nuée de bouddha venus de toutes les directions de l'univers ; le Sutra Hannya* relate l'apparition de mille bouddhas  ; et les sutras Vairocana* et Kongocho* parlent de plus de mille deux cents bouddhas et bodhisattva. Tous ces bouddhas ne sont que des manifestations temporaires du Bouddha Originel.
[...] Shakyamuni, dans le Sutra Kegon*, révéla le monde qui naît de la fleur de lotus à Bodh-Gaya, où il atteignit la bodhéité. Ensuite, pendant plus de cinquante ans, jusqu'à sa mort dans le bosquet de shala, le Bouddha Shakyamuni prêcha la Terre pure du bouddha Vairocana* dans le Sutra Mitsugon  ; il purifia trois fois d'innombrables terres dans l'univers en révélant les enseignements provisoires du Sutra du Lotus, et définit les Quatre sortes de terres dans le Sutra du Nirvana - la Terre de la résidence commune des êtres éveillés et non-éveillés ainsi que les Terres de transition, de rétribution vraie et de lumière toujours paisible. Toutes ces terres, aussi bien que la Terre pure du bouddha Amida et la Terre émeraude du bouddha Yakushi* sont en flux constant - croissance, stabilité, déclin et vacuité (ku). Quand le vénérable Bouddha Shakyamuni entre dans le parinirvana, tous les autres bouddhas et leurs terres disparaissent également avec lui.
Quand l'empereur Shomu construisit le temple Todai-ji, il prit pour objet de vénération une statue du bouddha Vairochana mais ne parvint pas à pénétrer le véritable sens du Sutra du Lotus. Le Grand-maître* Saicho* révéla presque la vérité du Sutra, mais parce que l'époque n'était pas encore venue, il érigea une statue du bouddha Yakushi*, qui réside dans une région orientale de l'univers, mais il ne représenta pas les Quatre Bodhisattva Surgis de Terre sous quelque forme que ce soit.
Le véritable objet de vénération (Sado, avril 1273 à Toki Jonin)

Pourtant, le Bouddha Shakyamuni couvrira du manteau de sa bienveillance ceux qui persévéreront dans la propagation. Toutes les divinités leur feront des offrandes, les épauleront et les porteront sur leur dos. Ils possèdent la bonne fortune suprême et pourront servir de guides à tous les êtres humains. Ainsi, soutenu par les bouddhas Shakyamuni et Taho, tous les autres bouddhas et bodhisattvas, les sept catégories de divinités bénéfiques célestes et les cinq catégories de divinités terrestres, Kishimojin et ses dix Filles, les quatre Rois du Ciel, Bonten, Taishaku, le roi Yama, les divinités de l'eau et du vent, celles des mers et des montagnes, le bouddha Vairocana* les bodhisattvas Fugen et Manjushri et les divinités Nitten et Gatten, Nichiren a pu endurer d'innombrables et cruelles épreuves. Celui dont on vante les qualités n'hésite pas à prendre tous les risques mais quand il est critiqué, il peut courir inconsidérément à sa propre perte.
La véritable réalité de la vie (Sado - Ichinosawa, mai 1273 à Sairen-bo)

A ce moment se rassemblèrent là, en ce monde Saha, de grands bodhisattvas comme Sagesse du Dharma, Forêt de Mérites, Bannière de Diamants, Dépôt de Diamants et d'autres, aussi nombreux que les particules de poussière des mondes des dix directions, qui s'étaient déjà réunis dans les Sept Lieux et les Huit Assemblées décrits dans le Sutra Kegon* (note) en tant que disciples de Vairocana, le bouddha qui trône sur le piédestal en forme de lotus soutenant tous les mondes des dix directions, étaient également présents les bouddhas et bodhisattva regroupés en ordre aussi serré que des nuages dans la Grande Salle aux trésors (note) où furent enseignés les sutras Hodo* (Sutra du grand dharani)  ; Subhuti, Taishaku et les mille bouddhas réunis pour entendre les sutras Hannya*  ; les quatre bouddha et quatre bodhisattvas qui figurent parmi les Neuf honorés assis sur le lotus à huit pétales, mentionnés dans le Sutra Vairocana* ; les trente-sept honorés du Sutra Kongocho* ; et les bouddhas et bodhisattva venus de tous les mondes des dix directions et réunis dans la cité de Kushinagara pour écouter le Sutra du Nirvana. Tous furent reconnus par Manjushri, Maitreya et leur suite, qui conversèrent avec eux, ce qui indique que les grands bodhisattvas Manjushri, et Maitreya ne trouvaient rien d'inhabituel à leur présence dans l'Assemblée.
Réfuter l'opposition au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées (Sado, 1273 à Shijo Kingo)

Nichiren est la personne la plus contrariante du Japon. Voici pourquoi : il proclame que, parce que les hommes vénèrent Amida, Vairocana, Yakushi* et d'autres bouddhas, plus encore que leurs parents et seigneurs, les trois calamités et les sept désastres se déchaînent avec plus de violence qu'auparavant, et les désastres naturels n'ont jamais été plus terrifiants. Je ne cesse de leur rappeler que non seulement ils courront à leur propre perte et détruiront le pays en cette vie, mais aussi qu'ils tomberont dans les profondeurs de l'enfer au cours de leur vie prochaine. C'est ce qui m'a valu cette persécution.
Les Sabres du Bien et du Mal (Sado, 21 février 1274, à Hojo Yagenta)

Quel grand médecin ou quel bon médicament a le pouvoir de guérir tous les êtres à l'époque des Derniers jours du Dharma ? Ils ne peuvent pas être guéris par les mudra et les mantra dharani* du bouddha Vairocana*, par les quarante-huit voeux du bouddha Amida ou les douze grands voeux du bouddha Yakushi*, ni même par son serment de guérir toutes les maladies. Non seulement de tels remèdes n'ont pas le pouvoir de guérir les maladies mais ils les aggravent.
[...] Maintenant, si l'on examine le temps écoulé depuis l'accession des divers ainsi-venus à l'état de buddha comme résultat des pratiques (kwai, ), on voit que, pour les buddhas du passé, il a été tantôt de dix kalpas, tantôt de cent kalpas, tantôt de mille kalpas, tandis que le Vénéré Shakyamuni, Fondateur de la Doctrine, jouit depuis cinq cents kalpas dits de grains de poussière de la plénitude du fruit () de l'Éveil subtil (). L'Ainsi-Venu Vairocana, l'Ainsi-Venu Amida, l'Ainsi-Venu Yakuo*, tous les bouddhas des dix directions sans exception sont subordonnés au Vénéré Shakya, Fondateur de la Doctrine, notre Maître originel. Il est comme la lune qui se reflète sur toutes les eaux. Le Vairocana du Kegonkyo*, assis sur les feuilles de lotus dans les dix directions, l'Ainsi-Venu Vairocana des deux plans [de Matrice et de Diamant] du Dainichikyo* et du Kongocho*, sont des acolytes qui encadrent l'Ainsi-Venu Taho* du chapitre de la Tour aux Trésors comme les deux ministres de la droite et de la gauche d'un roi séculier.
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1274, à Toki Jonin)

Dans votre lettre, vous m'interrogez aussi sur la manière de répondre aux arguments des adeptes de l'école Shingon. Demandez-leur d'abord sur quels textes leur Grand-maître* Kukai* s'est appuyé pour qualifier le Sutra du Lotus de "théorie puérile", et pour dire que le Bouddha Shakyamuni était "encore au stade de l'obscurité". S'ils vous répondent en citant un sutra ou un autre, posez-leur la question : "Parmi tous les bouddhas des trois phases de la vie, lequel représente le bouddha Vairocana*  ? " Et poursuivez en leur demandant : "Connaissez-vous la supercherie utilisée par Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*  ? " Expliquez-leur ensuite de quelle manière Shubhakarasimha* trompa le moine Yixing et lui fit écrire un commentaire du Sutra Vairocana* (note). Bien qu'il n'y ait pas, dans le Sutra Vairocana*, la plus petite allusion au principe d'ichinen sanzen, lorsque Shubhakarasimha* introduisit ce sutra en Chine, il prétendit mensongèrement qu'il s'y trouvait.
Enseignement, pratique et preuve (Minobu, 1274 ? à Sammi-bo)

Les prêtres du Shingon rapportent tous que les trois Maîtres du Tripitaka (sanzo), nommés Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*, sont les cinquièmes ou sixièmes propagateurs de l’enseignement de Vairocana et qu’ils sont les précurseurs de l’enseignement promettant la bodhéité sans changer d'apparence (sokushin jobutsu). Ils sont cependant, à mes yeux, les instigateurs du vol d'enseignement ainsi que les auteurs de ce vol.
Souverains de notre pays (Minobu, février, 1275)

Sous le règne de l'empereur Shomu, le quarante-cinquième souverain, l'école Kegon fut introduite, en provenance du royaume coréen de Silla par un moine de grande vertu appelé le Précepteur Shinjo. Le supérieur des moines, Ryoben, les transmit à l'empereur Shomu. Il contribua aussi à faire ériger la grande statue de bouddha [Vairocana] du temple Todai-ji.
[...] 2 Deuxièmement, l'école Zen a produit des moines arrogants qui parlent de leur "triple robe et un bol à aumônes", et couvrent la terre, entre les quatre mers, en se prétendant les guides éclairés du monde entier. Troisièmement, l'école Shingon forme une catégorie à part. Elle bénéficie du soutien des temples du Mont Hiei, des sept temples de Nara, du To-ji, du Onjo-ji et de leurs patriarches, y compris le supérieur du Mont Hiei, Omuro, le supérieur du Onjo-ji et les administrateurs des divers temples et sanctuaires.(note) Depuis que le miroir sacré (note) conservé au palais impérial a été détruit par le feu, on a considéré que le précieux mudra du bouddha Vairocana*, miroir du Bouddha, devait le remplacer pour l'empereur ; et puisque le sabre précieux avait sombré dans la mer de l'ouest, (note) on a cru que les cinq grands Honorés avaient le pouvoir de vaincre les ennemis du Japon. Ces croyances semblent si profondément enracinées que la pierre dont l'usure correspond à un kalpa (note) pourrait être totalement érodée et la terre immense pourrait basculer sans que quiconque les mette en doute. contribua aussi à faire ériger la grande statue de bouddha [Vairocana] du temple Todai-ji.
[...] 2 Shubhakarasimha* eut alors une idée extrêmement rusée. "Le Sutra Vairocana*, expliqua-t-il à Yixing, commence par un chapitre appelé Jushin. De même que le Sutra Muryogi réfute tous les sutras enseignés pendant les quarante et quelques années précédentes, ce chapitre Jushin rend périmés tous les autres sutras. Les chapitres qui suivent, du chapitre Nyumandara jusqu'à la fin du Sutra Vairocana*, ont été présentés en Chine comme deux versions distinctes, le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana*, mais en réalité, en Inde, ils constituaient un sutra unique. Le Bouddha Shakyamuni s'adressa à Shariputra et à Maitreya, leur enseigna le Sutra Vairocana* en l'appelant Sutra du Lotus et en omettant l'enseignement des mudra et des mantra dharani*, n'exposant ainsi que la théorie. C'est l'ouvrage que Kumarajiva traduisit en chinois et que le Grand-maître* Zhiyi* utilisa. A la même époque, toutefois, le bouddha Vairocana* s'adressa à Kongosatta et lui enseigna le Sutra du Lotus sous le nom de Sutra Vairocana*. Il s'agit de l'ouvrage que l'on appelle maintenant Sutra Vairocana* et que j'ai eu souvent l'occasion de voir en Inde. J'aimerais donc vous voir écrire que le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus sont essentiellement de la même substance, comme de l'eau et du lait. Par conséquent, le Sutra Vairocana* peut prétendre à la supériorité sur tous les enseignements du passé, du présent et du futur, de la même manière que le Sutra du Lotus.
[...] 2 J'ai été moi-même stupéfait en lisant ces commentaires et j'ai donc fait des recherches dans tous les sutras, y compris dans les trois attribués au bouddha Vairocana*. Mais je ne trouve pas un seul mot ou passage dans les sutras indiquant que le Sutra du Lotus, comparé aux sutras Kegon* ou Vairocana* est un enseignement puéril  ; que, par rapport au Sutra Rokuharamitsu, Zhiyi* agit comme un voleur, ou que le Sutra Shugo décrit Shakyamuni "à l'étape de l'obscurité"(note). Ce sont là des affirmations totalement absurdes et pourtant, depuis trois ou quatre cents ans, au Japon, un certain nombre de personnes sensées les ayant acceptées, on en est maintenant venu à penser qu'elles sont raisonnables et fondées. J'aimerais souligner quelques erreurs de Kukai* particulièrement flagrantes afin que l'on comprenne qu'il en va de même pour le reste.
[...] 2 De retour au Japon, Ennin* fit construire le Soji-in, au Mont Hiei, dans la région Todo, une grande salle de pratique, à l'ouest du Shikan-in, dans laquelle il fit enchâsser comme objet de culte une image du bouddha Vairocana* du Monde de diamant. Devant cette image, en s'inspirant des commentaires de Shubhakarasimha* sur le Sutra Vairocana*, il écrivit sept volumes de commentaire sur le Sutra Kongocho*, et sept volumes de commentaires sur le Soshitsuji*, soit au total quatorze volumes.
[...] 2 Par conséquent, de tous les temples et sanctuaires construits par l'empereur Kammu et par le Grand-maître* Saicho* au Japon, il n'en est plus un seul qui ne propage la doctrine Shingon. Les aristocrates comme les samouraïs invitent les maîtres du Shingon à conduire leurs cérémonies, les considèrent comme des maîtres, leur confèrent des fonctions et leur confient des temples. Et, pour procéder à la cérémonie de consécration des statues ou images du Bouddha, les huit écoles ont toutes recours aux mudra et mantra dharani* se référant au bouddha Vairocana* !
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

Grand-maître* Kukai*, fit remarquer  : "Chaque véhicule proposé se proclame le véhicule véritable, mais lorsqu'on les considère d'un point de vue plus large, on voit bien qu'ils ne sont que théories puériles."(réf.) Ainsi, chacun de ces Grands-maîtres affirma que le Sutra du Lotus, bien que le plus élevé de tous les sutras que le Bouddha Shakyamuni ait enseignés, enseigne et enseignera à l'avenir (note) comparé au Sutra Vairocana* exposé par le bouddha Vairocana* , est une doctrine puérile. Une personne de bon sens devrait-elle accorder le moindre crédit à cette assertion   ? Le peuple du Japon, de nos jours, devrait redouter plus que tout ces moines éminents qui observent les préceptes tout en professant des opinions erronées  ; ils sont cent fois, mille fois, dix mille fois, cent mille fois plus à craindre que des éléphants sauvages, des chevaux vicieux, des taureaux furieux, des chiens enragés, des serpents venimeux, des chardons empoisonnés, des rivages périlleux des falaises abruptes, des crues débordantes, des hommes nuisibles, des pays dangereux, des villes meurtrières, des maisons funestes, des femmes méchantes, des enfants malveillants, et des serviteurs hostiles  !
La question à approfondir jour et nuit (Minobu, 28 août 1275 ? , Toki Jonin)

J'ai étudié de manière approfondie les sutras Vairocana*, Kongocho*, Soshitsuji* et autres sur lesquels s'appuie l'école Shingon, mais je n'ai rien trouvé dans ces écrits qui justifie l'affirmation qu'ils sont supérieurs au Sutra du Lotus. Cette affirmation ne fait que reprendre la conception erronée défendue par Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*, Amoghavajra*, Kukai*, Ennin*, Enchin et d'autres. Maintenant, plus que jamais, je comprends que la Véritable intention des bouddhas Shakyamuni et Vairocana* était de placer le Sutra du Lotus au-dessus de tous les autres sutras. Quand Kukai*, fondateur de l'école Shingon au Japon, ainsi que Ennin* et Enchin, se rendirent en Chine [sous la dynastie Tang], Huiguo et Faxian leur léguèrent les principes erronés d'abord défendus par Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*.
Ce n'est pas le Sutra du Lotus mais le Sutra Vairocana* qui regorge de doctrines puériles, et c'est Vairocana lui-même qui se trouve dans le monde de l'obscurité. Si le tronc, c'est-à-dire les maîtres, est tordu comment les branches, pourraient-elles être droites  ? Si une rivière est contaminée à la source, tout son cours sera pollué. Pour cette raison, l'arbre du Japon a connu une longue et sombre nuit et il est sur le point d'être détruit par le gel
La Guérison des Maladies Karmiques (Minobu, 3 novembre 1275, à Ota Jomyo)

En réalité, les sutras du Shingon appartiennent aux enseignements provisoires et sont même inférieurs aux sutras Kegon* ou Hannya*. Pourtant, Ennin* et Kukai* se sont trompés sur ce point et ont prétendu que les sutras du Shingon étaient égaux ou même supérieurs au Sutra du Lotus. La cérémonie "d'ouverture des yeux" d'une nouvelle effigie du Bouddha est donc conduite avec le mudra de la déesse Butsugen-son (Vénérable-œil-du-Bouddha) et le mantra dharani* du bouddha Vairocana*. Il en résulte que toutes les images peintes et sculptures en bois [représentant le Bouddha] au Japon, ont été privées d'âme et d'yeux, et qu'elles sont en fin de compte possédées par le Démon du sixième Ciel, causant la perte de ceux-là mêmes qui leur rendent un culte. C'est pour cela que les édits de la cour impériale [à Kyoto] ont presque perdu toute validité.
Lettre aux moines du Seicho-ji (Minobu, le 11 janvier 1276 aux moines du temple Seicho-ji)

Quatre cents ans se sont écoulés depuis lors. Au total, plus de sept cents ans ont passé depuis l'introduction du bouddhisme au Japon. Dans cet intervalle, certains ont exhorté le peuple à invoquer le nom d'Amida, d'autres à invoquer le nom de Vairocana ou celui de Shakyamuni. Mais personne n'a encore jamais conseillé de réciter Namu Myoho Renge Kyo, le Titre du Sutra du Lotus.
[...] Les enseignements des huit et neuf écoles (note) diffèrent les uns des autres, mais, d'un point de vue général, nous voyons que, dans la majorité des cas, les fondateurs et maîtres de ces écoles ont récité le nom du bouddha Amida. Viennent ensuite, par ordre d'importance, ceux qui récitèrent le nom du bodhisattva Kannon, ceux qui invoquèrent le nom du Bouddha Shakyamuni, suivis par ceux qui psalmodièrent le nom de Vairocana, de Yakushi* ou d'un autre bouddha. Mais, pour une raison quelconque, aucun d'eux n'a jamais récité le Titre du Sutra du Lotus, le coeur même et l'essence de l'enseignement dispensé par le Bouddha tout au long de sa vie.
[...] Ainsi, peut-être parce que, au cours des deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma formel, après la disparition du Bouddha, la maladie de l'illusion n'était pas encore devenue critique, personne n'a prescrit d'utiliser les cinq caractères de Myoho Renge Kyo, le meilleur remède qui se puisse trouver dans tous les enseignements exposés par le Bouddha de son vivant. Mais, maintenant, nous sommes entrés dans l'époque des Derniers jours du Dharma, et les gens sont tous gravement malades. Il serait difficile de guérir cette maladie par des remèdes aussi anodins que l'invocation des bouddhas Amida, Vairocana ou Shakyamuni.
Lettre à Myomitsu Shonin (Minobu, le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu)

Ces maîtres enseignaient que, quels que soient leurs mérites respectifs, les sutras Kegon*, Jimmitsu*, Hannya*, Nirvana et le Sutra du Lotus étaient tous des enseignements exotériques, des enseignements du Bouddha Shakyamuni. Par contre, le Sutra Vairocana* qu'ils venaient d'introduire représentait, selon eux, les paroles royales de Vairocana, le roi du Dharma. Les autres sutras n'étaient que des dizaines de milliers de mots prononcés par des personnes ordinaires alors que ce sutra était l'unique déclaration d'un empereur, fils du ciel. Jamais des ouvrages comme le Sutra Kegon* ou le Sutra du Nirvana ne pourraient parvenir, même en s'aidant d'une échelle, à s'élever jusqu'au sommet du Sutra Vairocana*. Seul le Sutra du Lotus offrait quelques ressemblances avec le Sutra Vairocana*.
[...] Voici comment Kukai* évaluait les mérites respectifs des enseignements exposés par le Bouddha Shakyamuni de son vivant : "Le Sutra Vairocana* de l'école Shingon vient en premier, le Sutra Kegon* en deuxième, et la troisième place revient au Sutra du Lotus et au Sutra du Nirvana. "Comparé aux sutras Agon, Hodo* et Hannya*, le Sutra du Lotus est un sutra véridique mais, comparé aux sutras Kegon* et Vairocana*, il n'offre que des théories puériles."Le vénérable Shakyamuni fut un bouddha, mais en comparaison avec le bouddha Vairocana*, il est encore au stade de l'obscurité (réf.). Il y a entre eux autant de différence qu'entre un empereur et un barbare en captivité.
[...] D'autres affirmèrent que, lorsqu'il [Kukai] était en Chine, il avait lancé un trident de diamant [qui, après avoir survolé l'océan, avait atterri au Japon]. D'autres encore que [pour répondre à ses prières] le soleil était apparu en pleine nuit ; qu'il était la réincarnation du bouddha Vairocana*, ou encore qu'il avait initié le Grand-maître* Saicho* aux dix-huit voies (note) du bouddhisme ésotérique. Ils espéraient ainsi, en attribuant à leur maître quantité de mérites et de prodiges inventés, le faire passer pour un sage, accréditer ses principes erronés et tromper le souverain et ses ministres.
[...] Ennin* rejeta le Bouddha Shakyamuni et dans son sanctuaire du Mont Hiei, prit le bouddha Vairocana* pour objet de culte. Il fit révérer les trois sutras du Shingon, et devint l'ennemi du Sutra du Lotus et des deux sutra qui l'accompagnent. Ce fut sans doute la raison pour laquelle il fit ce rêve étrange.
[...] On peut lire encore dans le Kujakukyo no Ongi (Annotations sur le Sutra du Paon) : "A son retour de Chine, Kukai* avait le désir d'établir l'école Shingon au Japon, et des représentants de toutes les autres écoles furent convoqués au palais impérial. Mais la plupart d'entre eux doutaient que l'on puisse atteindre la bodhéité sans changer d'apparence comme l'enseigne cette école. Alors, Kukai* exécuta avec les mains le mudra de la sagesse et se tourna vers le sud. Tout à coup, sa bouche s'ouvrit et il se changea en bouddha Mahavairochana doré - retrouvant ainsi sa forme originelle. Il démontrait ainsi la présence du bouddha dans le corps de chaque personne, et la présence du corps de chaque personne dans le corps du bouddha (note), ainsi que la possibilité d'atteindre immédiatement la bodhéité dans cette existence même. Dès lors, tous les doutes se dissipèrent, et l'école Shingon ou Yuga (note), avec sa doctrine des mandala secrets, fut solidement établie."
[...] On lit dans le Kujakukyo no Ongi : "Alors, Kukai* exécuta avec les mains le mudra de la sagesse et se tourna vers le sud. Tout à coup, sa bouche s'ouvrit et il se changea en bouddha Mahavairochana doré." En quelle année et sous le règne de quel souverain cela s'est-il produit ?
[...] Le texte dit : "Tout à coup, sa bouche s'ouvrit et il se changea en bouddha Mahavairochana doré." Que signifient donc les mots "sa bouche s'ouvrit"  ? L'auteur voulait sans doute écrire mi-ken, caractères qui désignent "la partie située entre les sourcils" (note), mais il s'est trompé [en utilisant un caractère voisin] et en écrivant men-mon qui signifie "bouche" à la place. Parce que son ouvrage était tissé de mensonges, il fit sans doute d'autres erreurs de ce genre.
[...] Il est dit dans ce passage : "Alors, Kukai* exécuta avec les mains le mudra de la sagesse et se tourna vers le sud. Tout à coup, sa bouche s'ouvrit et il se changea en bouddha Mahavairochana doré."
[...] Le daimoku [ou titre] du sutra, qui apparaît avant [les mots d'introduction] nyoze gamon [Ainsi ai-je entendu] est, dans tous les cas, le véritable coeur du sutra. Cela est vrai qu'il s'agisse d'un sutra du Mahayana ou du Hinayana. Pour ce qui est du Sutra Vairocana*, du Sutra Kongocho*, du Sutra Soshitsuji*, et ainsi de suite, dans tous les cas, c'est leur titre qui constitue le coeur de ces sutras. Il en va de même des bouddhas. Bouddha Vairocana*, bouddha Nichigatsu Tomyo, bouddha Nento, bouddha Daisuchisho, bouddha Unraionno, toutes les vertus de tous ces bouddhas sont contenues dans leur nom.
[...] Toutes les ruses d'une bande de renards ne servent plus à rien lorsqu'ils rencontrent un chien ; et toute une meute de chiens tremblera de peur devant un tigre, même petit. De même, si l'on récite Namu Myoho Renge Kyo, le pouvoir de Namu Amida Butsu, le pouvoir des mantra invoquant Vairocana, le pouvoir du bodhisattva Kannon, et le pouvoir de tous les bouddhas, de tous les sutras et de tous les bodhisattvas sans aucune exception s'effacera devant la force de Myoho Renge Kyo.
Traité sur la dette de reconnaissance (Minobu, le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)

Tantôt ils prenaient un traité pour un sutra, tantôt un commentaire pour un traité. Je discréditai le Nembutsu en affirmant que Shandao [le fondateur chinois de leur école] était fou lorsqu'il tomba d'un saule pleureur [en voulant se pendre parce qu'il aspirait à renaître dans une illusoire Terre pure après la mort]. Je dénonçai comme des mensonges les récits du Shingon qui prétendent que l'objet de vénération, jeté d'un bateau à la mer par Kukai* à son retour de Chine, avait été retrouvé plus tard sur le Mont Koya  ; je réfutai aussi la fable qui prétend qu'il se serait transformé en bouddha Vairocana*.
Sur le comportement du Bouddha (Minobu, 1276, à Konichi-ama)

Le Grand-maître* Kukai*, au Japon, a déclaré : "Le Sutra du Lotus étant inférieur même au Sutra Kegon*, il n'est donc pas comparable au Sutra Vairocana*."(réf.) Il a affirmé aussi  : "Le Sutra du Lotus fut enseigné par Shakyamuni, tandis que le Sutra Vairocana fut enseigné par le bouddha Vairocana*. Le Maître de la doctrine proclamant l'enseignement, dans ces deux cas, n'est pas le même. De plus, le Bouddha Shakyamuni n'est rien d'autre qu'un messager du bouddha Vairocana*. Il a enseigné les doctrines exotériques qui ne sont rien de plus qu'un premier pas vers les doctrines ésotériques."(réf.) Et ailleurs, il déclare encore  : "Le bouddha du chapitre Juryo* (XVI), coeur du Sutra du Lotus, est un bouddha du point de vue des enseignements exotériques  ; mais, du point de vue des enseignements ésotériques, il n'est rien de plus qu'un simple mortel, prisonnier des illusions et des désirs, et entravés par eux."(réf.)
[...] L'école Tendai-Hokke est considérée comme fondée par le Bouddha, établie par le Bouddha Shakyamuni lui-même. L'école Shingon fut l'invention de personnes ordinaires, et ses maîtres et lettrés des époques ultérieures furent ceux qui commencèrent à utiliser les termes "école Shingon" pour se désigner eux-mêmes. Toutefois, ils attribuèrent la fondation de leur école au bouddha Vairocana* et au bodhisattva Maitreya. Mais seule l'école qui se consacre exclusivement au Sutra du Lotus correspond aux véritables intentions du Bouddha Shakyamuni.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

Question : Il y a dix écoles [bouddhiques] au Japon, telles que Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso, Sanron, Kegon, Shingon, Jodo, Zen, et Hokke. L’objet de culte, pour ces écoles, varie. L’objet de culte dans trois écoles du Hinayana, telles que Kusha, Jojitsu, et Ritsu, est le bouddha de la Manifestation inférieure (retsu-ojin). L’objet de culte dans deux écoles, Hosso et Sanron, est le bouddha de Manifestation supérieure (sho-ojin). L’école Kegon vénère Vairocana comme son objet sacré. Vairocana est considéré comme le Corps de sagesse* du Bouddha Shakyamuni. L’objet de culte dans l’école Shingon est Vairocana-Dainichi et celui de l’école Jodo est le bouddha Amida. L’objet de culte de l’école Zen est le Bouddha qui a atteint l’Éveil sous l’arbre bodhi, nommément le Bouddha Shakyamuni. Toutes ces écoles et groupes montrent l’image de Bouddha comme leur objet de culte, mais pourquoi est-ce que l’école Hokke est la seule qui a le Sutra du Lotus comme son objet de culte ?
[...] Le Sutra du Lotus est le parent du Bouddha Shakyamuni et il est, en même temps, les yeux des autres bouddhas. Le Bouddha Shakyamuni, Mahavairocana et les bouddhas des dix directions sont tous nés du Sutra du Lotus. Ainsi, il est assez naturel que leurs véritables parents soient considérés comme l’objet de culte.
[...] Question : Quelle est la différence entre le fait d’avoir le Sutra du Lotus et le Bouddha Vairocana* comme objet de culte  ? Lequel est supérieur ? Réponse : Selon les Grands-maîtres Kukai*, Ennin* et Enchin, le bouddha Vairocana* comme objet de culte est supérieur au Sutra du Lotus comme tel.
[...] Ennin* et Enchin ont aussi mal interprété le Sutra du Lotus, en affirmant qu’" il occupe la seconde place". En comparaison avec les autres sutras, cependant, le Bouddha Shakyamuni, le Bouddha Taho et le bouddha Vairocana* déclarent tous que "le Sutra du Lotus est le plus excellent sutra"(réf.), et "le Sutra du Lotus est supérieur à tous les autres sutras". Puisque tel est bien le cas, quelle base choisiriez vous pour votre objet de culte  ? Est-ce que ce seraient les enseignements du Bouddha Shakyamuni et des autres bouddhas des dix directions, ou les enseignements des trois maîtres, Ennin*, Enchin ou Kukai*  ?
[...] Question : Kukai* est originaire de l’île de Shiko. Il fut disciple de Gonso, Savant-maître* du temple Iwabuchi, dans la préfecture de Nara. Kukai* acquit une connaissance approfondie de six écoles, dont Sanron et Hosso. En mai 804, Kukai*, conformément aux ordres de l’empereur Kammu, partit en Chine (note) puis, selon les instructions de l’empereur Junso, il entra au temple Qing-lung où il étudia les enseignements du Shingon auprès de Maître Huiguo. On dit que Maître Huiguo était le moine de la septième génération après le bouddha Vairocana*(note). Bien que les moines aient changé, les enseignements du Shingon ont été transmis de génération en génération comme on verse de l’eau d’un récipient dans une autre. Bien que le récipient soit différent, l’eau qui a été transmise de Vairocana* à Vajrasattva, Nagabodhi, Vajrabodhi*, Amoghavajra*, Maître Huiguo et à Kukai* est la même.
[...] Le but de ces prières était de maudire les ennemis de l’Etat et des empereurs  ; de prendre la vie des ennemis et d’envoyer leurs esprits dans la Terre Pure de glorification mystique où réside le Bouddha Mahavairocana. Ceux qui ont accompli ce rite étaient au nombre de 41 moines, parmi lesquels des moines supérieurs, tels l'administrateur général des moines (dai-sojo) de l’école Tendai, le moine Jien, du Mont Hiei, le supérieur Shingon, le prince impérial (dajo), qui était l'administrateur général du temple Ninna-ji, et le supérieur Ryoson, du temple Jojyuin, sans parler des 300 moines environ qui accompagnaient les moines supérieurs mentionnés ci-dessus.
Questions - réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)

Mais au cœur des enseignements bouddhiques règne la plus grande confusion. Les adeptes de l'école de la Terre pure prennent le bouddha Amida comme objet de culte, les tenants du Shingon vénèrent le bouddha Vairocana*, tandis que les pratiquants du Zen, sans égard ni pour les sutras ni pour les bouddhas, révèrent Bodhidharma. Quant aux adhérents des autres écoles, ils sont pour la plupart influencés par les adeptes du Nembutsu et les défenseurs du Shingon, et les suivent. Sans être nécessairement convaincus de la supériorité de l'une de ces écoles, ils sont ballottés entre les deux et pour finir, se laissent influencer par la plus puissante et la plus grande en prenant le bouddha Amida comme principal objet de dévotion.
[...] Mais les gens de notre époque, qu'ils soient de haute ou de basse condition, méprisent le Bouddha Shakyamuni, leur père en ce monde présent, et préfèrent vénérer Amida ou Vairocana, des étrangers à qui rien ne les relie. Ce faisant, ne manquent-ils pas à leur devoir de piété filiale  ? Ne s'opposent-ils pas au Dharma  ? Quand je parle ainsi, je m'attire la haine de tous les Japonais. Mais c'est parfaitement compréhensible : la branche tordue déteste le cordeau rectiligne du charpentier, et les malfaiteurs n'apprécient guère les règles d'un gouvernement honnête.
Enseignement correspondant à l'esprit du Bouddha (Minobu, le 2 mai 1279, à Niike Saemon-no-jo)

Mais il en va différemment du Sutra du Lotus. Il s'adresse à tous de la même manière, aux Huit sortes d'êtres non humains aussi bien qu'aux Quatre sortes de croyants. Cela pourrait se comparer à une règle sur laquelle il faut aligner tout ce que l'on mesure, ou au lion, roi des animaux, qui attaque de toutes ses forces quelle que soit la taille de son ennemi. Quand on les place devant le clair miroir du Sutra du Lotus, il devient évident que les trois sutras du bouddha Vairocana* et les trois sutras de Jodo sont tous des enseignements zuitai [exposés en fonction des capacités de ceux à qui ils s'adressaient].
Comparaison du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu, le 26 mai 1280 à Toki Jonin)

Shunxiao et Huiguo étaient tous deux des disciples d'Amoghavajra*. Et le Maître du tripitaka, Amoghavajra* était le sixième disciple d'une lignée directement reliée au bouddha Vairocana*. Ainsi, tant pour la transmission qu'ils avaient reçue que pour leurs propres réalisations, les Grands-maîtres Saicho* et Kukai* étaient considérés par les personnes de leur temps comme le soleil et la lune. Ils étaient aussi respectés que les ministres de la Gauche et de la Droite. Il est bien difficile pour une personne au savoir limité de déterminer ce qui est correct et ce qui est erroné. En essayant de le faire, je suis assuré d'acquérir une mauvaise réputation dans tout le pays et d'attirer sur moi de grandes difficultés. Néanmoins, à la lumière du bon sens, je m'efforcerai d'établir ce qui est correct et ce qui est erroné.
Le Grand-maître* Kukai* présente comme preuve le passage  : "Ceux qui pratiquent cette méditation [samadhi] peuvent immédiatement manifester l'Éveil."(réf.) Il cite encore cet extrait : "Sans abandonner ce corps, on peut obtenir le pouvoir d'être présent partout où on le souhaite. On accède au domaine du Grand Vide, et au principe mystérieux [de la maîtrise] du corps."(réf.) Il s'appuie encore sur les passages  : "Moi [Vairocana], j'ai réalisé qu'originellement je suis non-né."(réf.) et "Tous les phénomènes sont sans origine, fondamentalement non-nés."(réf.)
[...] Question - A cela j'aimerais faire une objection. Ces passages proviennent bien des sutras Vairocana* et Kongocho*. Mais l'un se rapporte à l'atteinte de l'illumination du bouddha Vairocana*  ; un autre affirme que les pratiquants du Shingon peuvent acquérir les cinq pouvoirs surnaturels en conservant leur corps actuel ; et un troisième passage décrit la façon dont un bodhisattva parvenu au dixième des dix transferts peut sans changer d'apparence progresser jusqu'à l'étape suivante. Mais ils n'expliquent pas comment, sans changer d'apparence, on peut prendre conscience en cette vie-ci de la non-naissance et de la non-extinction de tous les phénomènes, et, moins encore, comment il est possible d'atteindre la bodhéité.
Le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence (Minobu, en 1280? , à Myoichinyo)

 

 

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