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Extraits de gosho sur |
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Voie du milieu (chudo) |
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Que
désigne donc Myo ? C'est uniquement la nature mystérieuse
de notre vie, d'instant en instant, que l'on ne peut saisir par la pensée
ni exprimer par les mots. Si vous vous interrogez sur la nature de votre
esprit à un moment donné, vous ne percevez ni couleur
ni forme prouvant qu'il existe. Mais vous ne pouvez pas non plus dire
qu'il n'existe pas, car diverses pensées ne cessent de se présenter
à vous. La vie est une réalité difficile à
saisir qui échappe aux mots et aux concepts d'existence comme
de non-existence. Elle n'est ni existence, ni non-existence, et pourtant
manifeste tantôt l'un de ces aspects, tantôt l'autre. C'est
la réalité mystique de la Voie
du milieu, réalité unique de toutes choses. On appelle
Myo la nature mystérieuse de la vie et Ho ses manifestations. Le sutra
dit : “Aveugles, ils ne voient rien. Ils ne recherchent pas les nombreux
bouddhas ni le Dharma qu’ils proposent pour interrompre la souffrance.
Profondément pénétrés de vues erronées,
ils tentent de se débarrasser de la souffrance par la souffrance”.
Dans la Détermination à propager il est dit : “Sans
même connaître les mots de ce monde, comment pourraient-ils
connaître le principe lointain de la Voie
du milieu ? Comment, d’autant plus, pourraient-ils connaître
les enseignements secrets habituels ?” Les écoles actuelles
du Zen sont toutes un ramassis de grands
hérétiques. On appelle cela fleur de lotus (renge). Un cœur, par son changement
né de l’observation, enseigne d’autres cœurs.
On nomme cela sutra (kyo)”.
Le Hokke Gengi Shakusen indique : “Si l’on dit qu’il existe, alors, aucune pensée
d'ichinen sanzen n’existe.
A fortiori, comment pourrait-il y avoir d’image des dix monde-états-états ? Si on dit qu’il n’existe
pas, alors trois mille pensées se manifestent. A fortiori, la pensée
d’un monde-état. C’est parce que l’on ne peut
pas le considérer à travers l’être ou le non-être que le cœur d’une pensée, à l’évidence,
est la Voie du milieu. C’est
pourquoi, il faut le savoir, le cœur est merveilleux (myo)”.
Ici, il faut le savoir, notre cœur est le Sutra du Lotus.
Le Sutra du Lotus est notre cœur. Ne pas connaître
le Sutra du Lotus revient à ne pas se connaître
soi-même. Troisièmement, « l’aspect ainsi est » (so nyo ze) indique la Voie du milieu (chutai), la forme du Corps du Dharma*. En lisant so nyo ze et le contemplant de la sorte, notre corps devient le Corps du Dharma* de l’Ainsi-Venu. On l’appelle également Voie du milieu (chutai) ou nature du dharma du paranirvana (extinction suprême), jakumetsu (extinction sereine). Il est
écrit dans le Sutra du Lotus : "comme si
l'on trouvait un bateau pour effectuer la traversée."
On pourrait décrire ce bateau ainsi : le vénérable
Bouddha, constructeur de navires d'une sagesse infiniment profonde,
a rassemblé le bois des quatre
saveurs et des huit enseignements,
l'a raboté en rejetant sincèrement les enseignements
provisoires, coupant et assemblant les planches en utilisant à
la fois le bon et le mauvais ; puis il a achevé l'ouvrage en
enfonçant solidement les clous du seul enseignement suprême.
Ainsi, il a lancé le navire sur l'océan des souffrances.
Hissant les voiles des "trois mille conditions de vie" (ichinen
sanzen) sur le mât de la doctrine de la Voie
du milieu, poussé par les bons vents de "tous les
phénomènes révèlent la véritable
aspect" (shoho jisso), le vaisseau s'élance, transportant
tous ceux qui, par la pureté de leur croyance, peuvent parvenir
à la bodhéité.
Le Bouddha Shakyamuni est le timonier, le bouddha Taho manoeuvre les voiles, et les Quatre
bodhisattva, dirigés par Jogyo,
conjuguent leurs efforts pour actionner les avirons grinçants.
Tel est le vaisseau évoqué par les termes : "un
bateau pour effectuer la traversée", le vaisseau de Myoho
Renge Kyo. A son bord, se trouvent les disciples et adeptes de
Nichiren. C’est aussi pour cette raison que Zhiyi* disait : "Toute chose possédant une couleur ou une odeur
manifeste la Voie du milieu"
[Maka Shikan]. Et Zhanlan* ajoute : "Même si tous admettent que les choses possédant
une couleur ou une odeur sont des manifestations de la Voie du milieu,
ils sont néanmoins choqués et émettent des doutes
lorsque, pour la première fois, ils entendent dire que les êtres
non-sensitifs possèdent la nature de bouddha." Considérant
que le corps a moins d'importance que le Dharma qui est suprême,
l'ignorant escalada les montagnes, poussé par l'inquiétude,
allant d'un temple à l'autre aussi longtemps que ses pieds pouvaient
le porter. A un moment donné, il arriva devant une caverne rocheuse,
creusée dans une montagne dont les pentes verdoyantes s'élevaient
à pic derrière elle. Le vent, dans les pins, jouait la mélodie
de l'éternité, du bonheur, de la véritable nature,
et de la pureté, et le flot du ruisseau émeraude qui longeait
la montagne, en ricochant sur les pierres de la rive, faisait comme un
écho à la perfection de ces quatre
vertus. Les fleurs qui tapissaient la vallée profonde s'épanouissaient
dans les couleurs du véritable aspect de la Voie
du milieu, et, des fleurs de pruniers, à peine écloses
dans la vaste prairie, s'échappait le parfum des trois
mille conditions. En vérité, c'était au-delà
de ce que les mots peuvent décrire, au-delà de ce que l'esprit
peut imaginer. On aurait pu se croire dans le lieu où vécurent
les quatre ermites aux cheveux blancs du Mont Heng, ou sur le site où un bouddha des temps anciens se
serait promené au sortir de sa méditation.
Des nuages de bon augure apparaissaient à l'aube, une lumière
mystérieuse rayonnait dans la soirée. Ah ! c'était
une impression que l'esprit ne pouvait saisir ni les mots expliquer ! Myoho est l’Éveil du sensitif. Renge est l’Éveil du non-sensitif.
Le sensitif est l’Éveil de la vie et le non-sensitif est l’Éveil
de la mort. L’Éveil de la vie et
de la mort désigne la bodhéité du sensitif et
du non-sensitif. C’est la raison pour laquelle lorsque nous, les
êtres, mourrons, ériger un toba et faire l’offrande de l’ouverture
des yeux, c’est l’Éveil de la mort, donc l’Éveil
des végétaux. Dans le premier volume du Maka
Shikan, il est dit : “Il n’est pas une couleur, pas une
odeur qui ne soit dans la Voie de la médianeté”. Zhanlan* commente : “Et, de plus, la couleur et l’odeur permettent la Voie du milieu. La nature de bouddha chez le non-sensitif étonne l’oreille et trouble le cœur”.
Cette couleur, quelle est-elle, parmi les cinq couleurs ? Ces dernières
- le bleu, le jaune, le rouge, le blanc et le noir - sont traduites par
“une couleur”. “Une” exprime la nature des dharmas.
C’est en ce sens que Zhanlan traduit par “la couleur et l’odeur permettent la voie du milieu”.
Le Grand-maître* Zhiyi* traduit lui aussi par “qui ne soit dans la voie de la médianeté”.
Le “Un” de “Une couleur, une odeur” n’est
pas le chiffre “un” par rapport à “deux”
ou “trois”. Ce “un” désigne la nature des dharmas de la voie du milieu. En fait,
il ne peut pas ne pas comporter dix
mondes-états, trois mille, le sujet
et environnement. Cette couleur et cette odeur désignent la
bodhéité des végétaux, c’est-à-dire
la bodhéité de la fleur du lotus. Couleur et odeur, fleur
du Lotus ; bien que les mots soient différents, ils désignent
le fait que les herbes et les arbres deviennent Bouddha. Pendant les plus de deux mille
deux cents vingt ans écoulés depuis la disparition du
Bouddha, les maladies des hommes, c'est-à-dire leurs illusions et leur karma négatif, étaient
sans gravité. Et il a donc suffi qu'apparaisse une succession
de savants-maîtres* qui, tels des médecins, ont dispensé les remèdes
appropriés pour ces maladies. Ces maîtres étaient
issus des écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso, Sanron, Shingon, Kegon, Tendai, Jodo et Zen. Chacune de ces écoles prescrit son propre médicament. Par exemple, l'école Kegon énonce le principe des six formes et les dix mystères,
l'école Sanron, la Voie
du milieu des huit négations,
l'école Hosso insiste sur
la perception que tous les phénomènes ne sont "Rien-que-Conscience", l'école Ritsu préconise les deux cent
cinquante préceptes, l'école Jodo,
l'invocation du nom du bouddha Amida,
l'école Zen, la méditation
sur son propre état de bouddha, l'école Shingon,
la méditation sur les
cinq éléments et l'école Tendai a formulé la théorie d'ichinen
sanzen. Mais maintenant, nous sommes entrés dans l'époque
des Derniers jours du Dharma et les remèdes proposés par ces écoles ne guérissent
plus les maladies des hommes. Une preuve
supplémentaire qu'obscurité et Éveil constituent fondamentalement
une réalité unique se trouve dans le passage du Sutra
du Lotus : "Tous ces phénomènes sont des
aspects d'un Dharma immuable, et toutes les caractéristiques du
monde sont éternelles."(réf.) Il est dit dans le Daichido Ron* : "l'Éveil et l'obscurité ne sont pas deux
choses différentes, deux réalités distinctes. Comprendre
cela, c'est ce que l'on appelle la Voie
du milieu." Le Sutra du Lotus prédit que Devadatta atteindra la bodhéité dans une terre appelée Voie
céleste [tendo], mais quel autre sutra affirme qu'une personne
aussi mauvaise peut obtenir le suprême bienfait ? Même
en laissant de côté cette question, quel autre sutra enseigne
l'implication réciproque des dix mondes-états,
ou la possibilité pour les végétaux de manifester
l'état de bouddha ? Zhiyi* a expliqué [ce principe de l'Éveil des végétaux] (note) en disant : "Tout ce qui est doté de couleur et de
parfum est une manifestation de la Voie
du milieu." Le Grand-maître* Zhanlan* ajoute qu'un principe aussi étonnant que celui de l'atteinte
de la bodhéité par les êtres non-sensitifs surprendra probablement beaucoup ceux qui l'entendront
et suscitera chez eux des doutes. Au Japon, Ennin* étudia en profondeur l'enseignement de Saicho* et celui de Kukai*,
puis, sous la direction des huit
maîtres éminents y compris celle du Maître
du tripitaka Baoyue, d'Inde du Sud, il passa dix ans en Chine à
étudier les enseignements les plus secrets et les plus profonds.
Après quoi, il termina ses commentaires sur les deux sutra. De
plus, ayant prié devant une image de Bouddha, il se réveilla
d'un rêve dans lequel il avait vu la flèche de la sagesse
atteindre le soleil de la Voie du milieu.
Sa joie fut si grande qu'il demanda à l'empereur Nimmyo de promulguer un décret faisant officiellement du Mont Hiei un centre de pratique Shingon. En examinant les textes
des sutras Vairocana*, Kegon* et des autres sutras, nous ne découvrons pas un mot, pas un point
qui ressemble aux passages du Sutra du Lotus cités plus
haut. Certes, ils affirment parfois que les sutras du Mahayana sont supérieurs à ceux du Hinayana,
ou que les doctrines bouddhiques sont plus profondes que les enseignements
séculiers ; ils vantent parfois la notion de Voie
du milieu [chu] en l'opposant à divers concepts tels que
la non-substantialité de tous
les phénomènes [ku], ou l'idée qu'ils n'ont qu'une existence temporaire [ke]. Mais
en fait, ils sont comme les roitelets de petits royaumes qui, lorsqu'ils
s'adressent à leurs sujets, parlent d'eux-mêmes comme de
grands rois. C'est le Sutra du Lotus qui, comparé à
ces divers dirigeants, mérite véritablement le titre de
Grand Roi. Quant aux
écoles Kegon et Shingon,
si nous voulions être indulgents avec elles, nous pourrions dire
qu'elles représentent la doctrine de la Voie
du milieu (note) [qui
échappe au dilemme de l'existence ou de la non-existence], mais,
si nous voulons être vraiment rigoureux, nous devons dire qu'elles
sont au même niveau que les deux conceptions des phénomènes Mahayana mentionnées
plus tôt. Par son contenu, le Sutra Vairocana* n'est
plus même pas comparable aux sutras Kegon* ou Hannya*. Mais, parce que tant de personnes de haut rang ont foi en ce Sutra Vairocana*, la
situation ressemble à celle d'un roi amoureux d'une femme d'humble
condition. Le Sutra Vairocana* est
comparable à une femme d'origine modeste, parce que ses principes
ne vont pas au-delà de la notion de la Voie
du milieu, [considérant la vraie nature de toute chose comme]
indépendante de la non-substantialité (kutai) et de l'existence
temporaire (ketai). Quant aux lettrés et aux maîtres qui
adhèrent au Sutra Vairocana*, ils
sont comparables à un roi parce qu'ils commandent le respect
Le titre des sutras Agama* contient le principe de l’impermanence, quintessence de ces sutras. Ce principe est cent, mille, dix mille fois supérieur aux deux idéogrammes “A” et “U” (note) faisant partie du titre des livres des voies extérieures. Entendant le titre des sutras Agama*, les quatre-vingt-quinze sortes de voies extérieures rejetèrent leur attachement à l’hérésie et se dirigèrent vers la voie de l’impermanence. Entendant le titre des sutras Hannya*, on s’éveille aux doctrines de la non-substantialité, de la médianeté simple (tanchu*) et de la médianeté non-simple (futanchu*). Ceux qui entendent le titre du Sutra Kegon* s’éveillent à la médianeté simple et à la médianeté non-simple. Ceux qui entendent le titre du Sutra Vairocana*, des sutras aux doctrines diverses et des sutras de la sagesse s’éveillent soit au principe de la vacuité analytique (shakku*), soit à celui de la vacuité substantielle (taiku*), soit à celui de la vacuité simple (tanku), ou encore à celui de la vacuité non-simple (futanku*), ou au principe de la médianeté simple (tanchu*) ou de la médianeté non-simple (futanchu*). Ils n’ont cependant pas encore entendu les bienfaits (kudoku) de l’Éveil merveilleux de l'inclusion mutuelle des dix mondes-états, cent mondes-états, mille ainsi, trois mille domaines A partir
du moment où la charge de zasu fut pour la première fois établie au Hieizan,
les troisième et quatrième spérieurs des moines,
Jitaku et Chigo, sans aucune raison, agirent contrairement aux enseignements
du premier Maître Saicho* et de son disciple Gishin*,
et déclarèrent que les doctrines conceptuelles du Shingon et du Sutra du Lotus avaient la même valeur, mais que,
dans les conditions concrètes, le Shingon était supérieur au Sutra du Lotus. Ainsi apportèrent
ils la disgrâce sur notre montagne (Hiei),
et ridiculisèrent-ils le Sutra du Lotus et, sans raison,
transformèrent-ils en boue les excellents préceptes qui étaient la Voie du milieu pure et sans tache jadis professée au Enryaku-ji. Heureusement, vous avez rencontré le Pratiquant du Véhicule Unique sans avoir à vous taillader la peau et les chairs, ou servir pendant mille ans et vous fûtes capable d’apprendre les trois mille existences contenues dans une pensée, les dix mondes, les dix aspects, l’unique vérité de la Voie du Milieu ainsi que le Merveilleux Dharma de la Voie du Bouddha Suprême. Bien que nous n’ayons pas cultivé la vertu dans le passé, si nous n’étions pas nés à l'époque des Derniers jours de la dégénérescence, l'époque où le Dharma Merveilleux est transmis, il eut été difficile d'atteindre le chemin de la délivrance même après des éternités.
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