Les "cinq enseignements"
de l'école Kegon, les "trois
périodes" de l'école Hosso,
les "deux resserres"
et "trois ères"
professées par l'école Sanron,
tous ces principes furent totalement démontés par Saicho*.
Non seulement les principes des six
écoles furent réfutés, mais ils servirent à
révéler que les autres participants au débat étaient
tous coupables d'opposition au Dharma.
Genèse
du Rissho Ankoku Ron (Kamakura,
le 5 avril 1268, à Hokan-bo)
Les brahmanistes ont critiqué le Bouddha en disant : "Vous n'êtes qu'un
ignorant vivant à la fin du kalpa
de formation et au début du kalpa
de continuité, alors que les fondateurs de nos doctrines
furent des sages des temps anciens, les deux divinités brahmaniques [Shiva et Vishnu] et les trois
ascètes." Néanmoins, pour finir, les 95 écoles
non bouddhiques furent réfutées. En étudiant les huit écoles du bouddhisme,
moi, Nichiren, j'ai découvert ceci : les écoles Hosso, Kegon et Sanron,
s'appuyant sur des sutras de l'enseignement
provisoire, prétendent qu'ils sont identiques au Sutra de
l'enseignement véridique,
ou même que ce Sutra de l'enseignement
véridique est inférieur aux sutra des enseignements
provisoires. Ces erreurs flagrantes ont leur origine chez
les maîtres et les fondateurs de leurs doctrines. Les écoles Kusha et Jojitsu sont des cas à part (note) et l'école Ritsu représente le niveau le plus bas de l'enseignement du Hinayana.
Le savant maître
Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à
Joken-bo et Gijo-bo)
Le Sutra
du Lotus contient deux principes importants (note), dont les écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso et Sanron ne connaissent rien, pas même le nom. Par contre, les écoles Kegon et Shingon se sont sournoisement emparées de ces principes pour en faire le
coeur de leurs propres enseignements. Le principe d'ichinen
sanzen ne se trouve que dans l'enseignement
essentiel* du Sutra du Lotus, caché dans les profondeurs du chapitre Juryo* (XVI).
[...] Par
la suite, les écoles bouddhiques Hosso et Shingon sont venues d'Inde,
et l'école Kegon fit aussi
son apparition. Parmi ces écoles, l'école Hosso s'érigea
en ennemie jurée de l'école Tiantai parce que leurs deux doctrines sont aussi incompatibles
que le feu et l'eau (note). Lorsque plus tard Xuanzang et Cien, fondateurs de l'école
Hosso en Chine, étudièrent en détail les oeuvres
de Zhiyi*,
ils découvrirent que les conceptions de leur propre école
étaient erronées. Sans la rejeter ouvertement, il semble
bien qu'ils se soient convertis aux enseignements de Zhiyi. Dès
l'origine, les écoles Kegon et Shingon furent toutes deux des
écoles provisoires basées sur des sutras provisoires. Mais Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*,
qui introduisirent les enseignements ésotériques en Chine,
s'approprièrent le principe d'ichinen
sanzen de Zhiyi*,
pour en faire le coeur des enseignements de leur école, tout en
y ajoutant la pratique de mudra et
de mantra dharani* et prétendirent que leurs enseignements surpassaient ceux de Zhiyi.
De sorte que ceux qui étudiaient le bouddhisme, ignorant les faits
réels, en vinrent à croire que le principe d'ichinen
sanzen se trouvait déjà
dans le Sutra Vairocana* tel
qu'il était parvenu d'Inde. De même, à l'époque
de Cheng-guan, patriarche de
l'école Kegon, le principe
d'ichinen sanzen de Zhiyi fut subrepticement incorporé et utilisé pour interpréter
le passage du Sutra Kegon* qui dit : "L'esprit est semblable à un peintre habile."
Les gens ignorent ces faits. Pour en venir
à notre propre pays, le Japon, les enseignements du Kegon et des autres écoles comprises dans les six
écoles de Nara furent introduits avant le Tendai et le Shingon. Les écoles Kegon, Sanron, Hosso et les autres écoles
de Nara polémiquaient et débattaient entre elles, aussi
antinomiques que l'eau et le feu. Quand le Grand-maître* Saicho* apparut au Japon, il ne se contenta pas d'exposer les erreurs des six
écoles de Nara mais établit clairement que l'école Shingon avait volé les principes
du Sutra du Lotus exposés par Zhiyi* pour en faire l'essentiel de sa propre doctrine.
[...] Mais le Sutra du Lotus est si différent des sutras précédents
du Mahayana que et les shravakas comme Shariputra,
les grands bodhisattvas, les hommes et les dieux en entendant le Bouddha l'enseigner, en vinrent à penser : "Ne
serait-ce pas un démon qui aurait pris la forme du Bouddha ? "(réf.) Et pourtant, les hommes à la vue troublée des écoles Kegon, Hosso, Sanron, Shingon et Nembutsu semblent tous penser
que leurs propres doctrines sont parfaitement identiques au Sutra du
Lotus. C'est véritablement une vision déficiente !
[...] Le passage qui proclame l'identité entre "l'esprit,
le Bouddha et les simples mortels" (note), représente
non seulement le coeur des enseignements Kegon,
mais aussi celui des enseignements Hosso (note), Sanron, Shingon et Tendai.
[...] 2 Néanmoins, Cheng-guan, Jizang, Cien, Kukai* et d'autres maîtres des écoles provisoires comme le Kegon et le Shingon, pour faire l'éloge
des divers sutras sur lesquels sont basées leurs doctrines provisoires,
vont jusqu'à affirmer : "Le bouddha du Sutra
Kegon* est le "bouddha du Corps de sagesse*, "
alors que le bouddha du Sutra du Lotus n'est que "le bouddha
du Corps manifesté."(réf.)
Les quatre écoles Kegon, Shingon, Sanron,
et Hosso sont toutes des écoles
du Mahayana. Parmi elles, les
écoles Hosso et Sanron vénèrent un bouddha sous l'aspect du Corps manifesté
supérieur (note). C'est comme si un prince héritier,
prétendant légitime à la couronne, prenait son père
pour un simple guerrier. Les écoles Kegon et Shingon rabaissent le Bouddha
Shakyamuni et affirment que c'est le bouddha Mahavairochana qui doit être le véritable objet de vénération.
[...] 2 Le Grand-maître* Zhanlan* vivait à l'ère Tian-bao [742-755], dans la dernière
période de la dynastie
Tang. Il affirme qu'après avoir étudié de manière
complète et approfondie les écoles Sanron, Kegon, Hosso et Shingon ainsi que les sutras
sur lesquels elles s'appuient, si l'on ne reconnaît pas le Bouddha
du chapitre Juryo* (XVI), l'on n'est rien de plus qu'un animal doté
de talent et de capacités mais qui ne sait même pas quel
royaume son père gouverne. Le passage : "même avec certains
talents et des capacités" se réfère à
des hommes comme Fa-zang et Cheng-guan de l'école Kegon ou à Shubhakarasimha* de l'école Shingon.
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Pendant les plus de deux mille
deux cents vingt ans écoulés depuis la disparition du
Bouddha, les maladies des hommes, c'est-à-dire leurs illusions et leur karma négatif, étaient
sans gravité. Et il a donc suffi qu'apparaisse une succession
de savants-maîtres* qui, tels des médecins, ont dispensé les remèdes
appropriés pour ces maladies. Ces maîtres étaient
issus des écoles Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso, Sanron, Shingon, Kegon, Tendai, Jodo et Zen. Chacune de ces écoles prescrit son propre médicament. Par exemple, l'école Kegon énonce le principe des six formes et les dix mystères.
Le don du mandala
du Dharma Merveilleux (Sado,
1273 à Sennichi-ama)
Du vivant
du Bouddha, ainsi que pendant les deux mille ans des époques du Dharma correct et du Dharma
formel [qui suivirent sa disparition], il n'y eut que trois pratiquants du Sutra du Lotus. Le Bouddha Shakyamuni lui-même, Zhiyi* et Saicho*.
[Les autres, ] Shubhakarasimha (Shan-wu-wei) et Amoghavajra* de l'école Shingon, Dushun et Zhiyan de l'école Kegon,
ainsi que les maîtres des écoles Sanron et Hosso interprétèrent
tous les phrases du Sutra du Vrai Dharma pour les concilier avec
le sens des sutras provisoires.
Le pratiquant
du Sutra du Lotus rencontrera des persécutions (Sado, 14
janvier 1274 à Toki Jonin, Shijo Kingo, Kawanobe et Yamato Ajari)
Les sutras et shastras qui sont arrivés au Japon du pays des Yuezhi*, qui est dans l'Ouest, par la Chine sont au nombre de plus de cinq ou sept mille. Il est au-delà de nos forces de distinguer parmi eux, en nous en remettant à notre propre jugement, ceux qui sont supérieurs ou inférieurs, superficiels ou profonds, difficiles ou faciles. Si l'on écoute telle personne ou si l'on s'appuie sur telle école pour le savoir on ne trouve que confusion. L'école Kegon dit : « Parmi tous les sutras celui-ci est le premier. »
[...] Les patriarches de ces écoles furent Dushun, Zhiyan, Fazang, Cheng-guan (de l'école Kegon), Xuanzang, Cien (de l'école Hosso), Jizang, Daolang (de l'école Sanron), Shubhakarasimha, Vajrabodhi, Amoghavajra (de l'école Shingon), Daoxuan, Jian-zhen* (de l'école Ritsu), Tanluan, Daochuo, Shandao (de l'école Jodo), Bodhidharma, Huiko (de l'école Zen).
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1274, à Toki Jonin)
Les maîtres
de l'école Shingon et
les adeptes des écoles Kegon, Hosso, Sanron, Zen, Jodo
et Ritsu prétendent s'être
éveillés au Dharma. Ils croient s'être libérés
des souffrances de la naissance et
de la mort. Mais les fondateurs de leurs écoles n'ont pas
réussi à comprendre le véritable sens des sutras
sur lesquels ils appuient leur doctrine. Ils n'ont procédé
que de façon superficielle, en n'utilisant que les sutras de
leur choix.
Lettre au nyudo
d'Ichinosawa (Minobu,
le 8 mai 1275, à l'épouse du nyudo d'Ichinosawa)
Ainsi, toutes
ces écoles citées plus haut, Hosso, Kegon et Shingon,
se sont attaquées à l'école Tendai et aux enseignements du Sutra du Lotus. Mais, peut-être
parce les adeptes de l'école Tendai n'avaient pas la sagesse de leur maître, tout en sachant que ces
autres doctrines n'étaient pas fondées, aucun d'eux ne
proposa de les réfuter dans un débat public, comme Zhiyi* l'avait fait. Par conséquent, tous, dans le pays, du souverain
et ses ministres jusqu'au plus petit peuple, se sont écartés
du véritable enseignement bouddhique, et la possibilité
pour une personne ordinaire de parvenir à l'Éveil disparut. Cela
correspond aux deux premiers siècles de la seconde période
de cinq cents ans de l'époque du Dharma formel.
[...] Sous le
règne de l'empereur
Shomu, le quarante-cinquième souverain, l'école Kegon fut introduite, en provenance du royaume coréen de Silla par
un moine de grande vertu appelé le Précepteur
Shinjo. Le supérieur des moines, Ryoben,
les transmit à l'empereur Shomu. Il contribua aussi à
faire ériger la grande statue de bouddha [Vairocana]
du temple Todai-ji.
[...] Puis, sous
le règne du cinquantième souverain, l'empereur Kammu,
huit cents ans après le début de l'époque du Dharma
formel, apparut un jeune moine appelé Saicho*,
qui serait connu plus tard sous le nom de Grand-maître* Saicho (Dengyo). Il étudia
tout d'abord les enseignements des six écoles Sanron, Hosso, Kegon, Kusha, Jojitsu, Ritsu, ainsi que le Zen sous la direction du moine Gyoho et d'autres. Par la suite, il fit construire le temple Kokucho-ji, appelé
plus tard Hiei-san. Là, il
fit une étude comparative rigoureuse des principaux sutras de
ces six écoles ainsi que
des traités et des commentaires de leurs maîtres.
Ses principes sont aussi clairs
qu'un index pointé vers la lune... et tous ses mots découlent
essentiellement de la vérité suprême."(réf.) Le [...] Grand-maître* Fa-zang,
de l'école Kegon, fait l'éloge
de Zhiyi* en disant : "Huisi et Zhiyi* se sont intuitivement éveillés à la vérité
et sont déjà parvenus à la première* des dix étapes de
sécurité* dans la pratique
des bodhisattvas.
[...] Les principes de l'école Sanron tels que les deux sortes d'enseignements (note),
les trois périodes,
les trois tours de la roue du Dharma ; les principes de l'école Hosso tels que les trois périodes et les cinq natures ; les principes de l'école Kegon tels que les quatre enseignements et les cinq enseignements (note), l'enseignement principal et
secondaire (note),
les six formes et les dix
mystères, tous furent réfutés. Ce fut comme
lorsque les poutres et les piliers d'une grande demeure s'effondrent,
comme si le drapeau fièrement brandi par cette dizaine de moines
éminents traînait maintenant dans la poussière.
[...]2 Ainsi,
en bénéficiant de préjugés favorables, l'enseignement
erroné de Kukai* n'a jamais été réfuté. Le moine Annen formula bien quelques réserves à l'égard de Kukai*,
mais il se contenta de remplacer l'école Kegon par celle du Sutra du Lotus, à la deuxième place,
dans son classement par ordre d'importance ; il considéra toujours
le Sutra du Lotus comme inférieur au Sutra Vairocana*.
Il ne fut donc rien de plus qu'un homme de compromis.
[...]2 Shubhakarasimha* comprit sans doute que s'il exposait, tels quels, les enseignements
énoncés dans ces sutras, il serait ridiculisé par
les adeptes des écoles Kegon et Hosso et deviendrait la risée
de l'école Tendai. Mais,
comme il avait pris la peine de les apporter d'Inde, il aurait sans
doute trouvé regrettable de ne pas les enseigner.
[...]2 A cette
époque, il y avait, dans l'école Tiantai, un Maître de méditation du nom de Yixing, un homme sans
droiture. Shubhakarasimha* alla le trouver et lui demanda des explications sur les principes bouddhiques
enseignés en Chine. L'acarya Yixing, se trompant sur ses véritables
motifs, non seulement révéla à Shubhakarasimha* les principes de base des écoles Sanron, Hosso et Kegon,
mais lui expliqua aussi ceux de l'école Tiantai.
[...] De retour au Japon, il [Kukai] découvrit que l'école Tendai était beaucoup
plus florissante qu'il ne le pensait et en conclut qu'il serait difficile
de propager l'enseignement du Shingon auquel il était attaché. Par conséquent, il reprit
l'enseignement de l'école Kegon qu'il avait étudié au Japon avant son départ, et
il commença à affirmer [comme le Kegon le disait de sa
propre doctrine] que l'enseignement du Shingon était
supérieur à celui du Sutra du Lotus. Mais il
comprit que, s'il se contentait de l'affirmer, comme le faisaient les
maîtres de l'école Kegon, personne ne le croirait. C'est
pourquoi il modifia à sa manière le raisonnement du Kegon (note) en disant : "Je propage en réalité
la véritable doctrine contenue dans le Sutra Vairocana*, dans le Bodaishin Ron du bodhisattva Nagarjuna et dans l'enseignement
du maître du Shingon Shubhakarasimha*",
consolidant ainsi sa position à grand renfort de mensonges absurdes.
Mais, malgré cela, les moines de l'école Tendai n'ont pas su fermement le contredire.
[...] Mais tout
cela n'est rien comparé aux accusations malveillantes formulées
par Kukai*.
Il qualifie de voleurs Fa-zang de l'école Kegon, Jizang,
de l'école Sanron, Xuanzang de l'école Hosso, Zhiyi*,
aussi bien que les maîtres des écoles du Nord et du Sud
de la Chine, en fait, tous les lettrés et les maîtres qui
vécurent depuis l'introduction du bouddhisme en Chine, sous la dynastie des Han postérieurs.
Le choix en
fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275
; adressé à Yui)
De retour
chez moi, la rumeur me parvint que le gouvernement avait ordonné
au moine Hoin, du temple d'Amida,
de prier pour la pluie à partir du dixième jour du quatrième
mois [10 avril]. Ce Hoin est le
plus éminent des moines du temple To-ji et il est le précepteur du prince-moine (dajo)
du temple Ninna-ji. Il adhère
avec une fidélité absolue aux enseignements ésotériques de Kukai*, Ennin* et Enchin et a mémorisé
tous les principes des écoles Tendai et Kegon. Hoin se mit à prier le 10 avril, et, le lendemain même, il tomba
une averse.
Sur le comportement
du Bouddha (Minobu,
1276, à Konichi-ama)
Six cents ans après que le bouddhisme
fut introduit en Chine, sous le règne de l’empereur Genso,
trois Maîtres, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*,
vinrent d’Inde et fondèrent l’école Shingon.
En conséquence, les écoles Kegon et Hokke devinrent extrêmement
impopulaires. Depuis les empereurs jusqu’au peuple en général,
chacun avait l’impression que l’enseignement Shingon et le Sutra du Lotus étaient aussi différents que
la lumière et l’obscurité.
[...] Sous le règne de l’empereur Shomu
[724-749], le Grand-maître* Simsang (Shinjo) et le moine supérieur Roben introduisirent l’école Kegon.
[...] le Grand-maître* Kukai* fit une fausse déclaration aux gens selon laquelle le Sutra
du Lotus était inférieur, non seulement au Sutra Vairocana*, mais
aussi au Sutra Kegon*.
Si les Grands-maîtres Ennin* et Enchin n’avaient pas donné
beaucoup d’importance aux enseignements des sutras
Shingon, et si le Grand-maître* Kukai* s’était abstenu de les diffuser au Mont Hiei et au temple Onjo-ji,
on aurait pu éviter que son jugement erroné se répande
dans tout le Japon. Les Grands maîtres Ennin* et Enchin ne reconnaissaient pas
les sutras de l’école Kegon comme supérieurs au Sutra du Lotus. Cependant, ils apportèrent
leur soutien à l’affirmation du Grand-maître* Kukai* selon laquelle le Sutra Vairocana* de l’école Shingon était supérieur
au Sutra du Lotus, bien qu’ils appartinssent à l’école Tendai.
[...] g) L’école Kegon, même si elle expose
les enseignements du Mahayana provisoire*,
dépasse toutes les autres écoles religieuses, comme une
personne qui remplace l’Empereur ou le premier conseiller de l’Empereur.
Mais elle proclame que le Sutra du Lotus est son ennemi, et ainsi
c’est comme si un serviteur se rebellait contre l’Empereur.
Questions
- réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,
septembre 1278 à
Joken-bo)
L'infériorité des sutras Kegon*, Vairocana* et autres,
par rapport au Sutra du Lotus, est aussi évidente que
la différence de poids entre un cheveu et une montagne énorme,
ou entre une robe qui ne pèse pas plus que trois plumes et la
terre. Si l'on compare un Pratiquant du Sutra du Lotus de condition modeste aux moines les plus
éminents des écoles Kegon et Shingon, la supériorité
du premier sur les seconds est comparable à celle de Taishaku sur un singe, ou d'un lion sur un lièvre.
[...] De même,
avant l'apparition de Saicho*,
les six écoles, dont fait
partie l'école Kegon, étaient
comparables à de la rosée s'élevant vers le ciel.
Il en va de même pour l'école Shingon.
La bonne fortune
inégalée (Minobu,
1l mai 1280, au seigneur Nishiyama)
Les enseignements
des écoles Shingon et Kegon entrent dans la catégorie
de zuitai. Ils sont par conséquent
faciles à croire et faciles à comprendre puisque le Bouddha
les exposa en tenant compte des capacités ou des désirs
des personnes dans les Neuf états,
tout comme un père sage instruirait son enfant ignorant [de la
manière la mieux adaptée à ses facultés
de compréhension]. Par ailleurs, on appelle zuiriki l'enseignement que le Bouddha exposa en puisant directement dans son
état de Bouddha, de la même manière qu'un père
sage guide son enfant ignorant vers la compréhension à
laquelle il est lui-même parvenu. [A la lumière
de ces principes de zuijii et de zuitai, ] j'ai sérieusement analysé
les sutras Vairocana, Kegon*,
le Sutra du Nirvana et d'autres sutras provisoires
et j'ai finalement découvert que tous ces sutras font partie
de l'enseignement zuitai.
Comparaison
du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu,
le 26 mai 1280 à Toki Jonin)
Le Sutra du Lotus, en revanche, est comparable
à un grand souverain, un Fils du Ciel. Par conséquent,
les adeptes du Kegon, Shingon et des diverses autres écoles sont comme les sujets et les vassaux
du dirigeant du pays. Mais quand les simples sujets tentent de s'approprier
les vertus du Fils du Ciel, ils agissent comme des inférieurs
essayant de détrôner leur supérieur.
[...] Les moines des écoles Kegon, Shingon et Nembutsu,
comme ceux des écoles Ritsu et Zen, se vantent de respecter rigoureusement
les préceptes, d'avoir
une conduite honnête et de posséder une grande sagesse.
Mais, en réalité, ils sont dans la situation de personnes
nées dans des familles fomentant la rébellion d'inférieurs
contre leur supérieur. En ce sens, ils sont les grands
ennemis du Sutra du Lotus. Comment pourraient-ils éviter
de tomber dans la grande citadelle de l'enfer avici ? Parmi les
adeptes des quatre-vingt quinze sortes d'écoles non bouddhiques (note) beaucoup étaient certainement honnêtes et sages. Mais parce
qu'ils croyaient en des enseignements erronés, légués
par les deux divinités et les trois ascètes,
ils furent condamnés à renaître dans les voies
mauvaises de l'existence.
Chevaux blancs et
cygnes blancs (Minobu,
14 août.1280, à la dame d'Utsubusa)
Plus tard,
sous le règne de l'impératrice Zetian,
l'école Kegon fut fondée
en Chine. On abandonna la traduction du Sutra
Kegon* en soixante volumes (note),
que le Grand-maître* Zhiyi* avait critiquée, et désormais l'école s'appuya
sur une nouvelle traduction du Sutra
Kegon en 80 volumes, introduite par le Maître
du tripitaka Jih-chao. Cette
école enseigne principalement que le Sutra
Kegon est "la racine", l'enseignement fondamental
du Bouddha tandis que le Sutra du Lotus en est "les branches",
l'enseignement secondaire. L'impératrice Zetian s'était faite nonne et elle avait une certaine connaissance des
écrits bouddhiques aussi bien que non bouddhiques. Avec arrogance,
elle rabaissa l'école de Zhiyi*.
Ainsi, par les écoles Hosso aussi bien que Kegon, le Sutra
du Lotus fut donc doublement dissimulé.
[...] Par la suite,
sous le règne de l'empereur Xuanzong,
les trois maîtres du Tripitaka Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* vinrent d'Inde en Chine, apportant avec eux les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*.
Par leur personnalité aussi bien que par leurs théories,
ces trois hommes étaient très loin de soutenir la comparaison
avec les maîtres bouddhistes qui les avaient précédé
en Chine. De plus, parce qu'ils introduisaient la pratique de mudra et de mantra dharani* jusqu'alors inconnus, on pensa que le véritable bouddhisme était
resté ignoré en Chine avant leur arrivée. Ces trois
maîtres déclarèrent que l'école Tiantai était supérieure aux écoles Kegon, Hosso et Sanron,
mais que ses principes étaient incomparablement moins élevés
que ceux des sutras du Shingon. [...] Par la suite,
le Grand-maître* Zhanlan* réfuta les principes introduits par les écoles Hosso, Kegon et Shingon,
ce que n'avait évidemment pas pu faire le Grand-maître* Zhiyi.
[...] A l'époque
du Dharma formel, le bouddhisme fut introduit au Japon, dans la sixième
année du règne de l'empereur Kimmei [544]. Pendant plus de deux cents ans, du règne de l'empereur Kimmei au règne de l'empereur Kammu, l'enseignement des six
écoles - Sanron, Jojitsu, Hosso, Kusha, Kegon et Ritsu - se répandit. La doctrine du Shingon fut introduite sous le règne du quarante-quatrième souverain,
l'impératrice Gensho,
et celle de l'école Tendai sous le règne du quarantième-cinquième souverain,
l'empereur Shomu. Mais aucun de
ces enseignements ne fut propagé à l'époque.
Le corps et
l'esprit des simples mortels (Minobu,
à un disciple)
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