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http://nichirenscoffeehouse.net/ShuteiMandala/ 4 - Les bodhisattvas provisoires |
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Le bouddhisme theravada des nikayas et des agamas, sources du bouddhisme, ne reconnaît que deux bodhisattvas : Siddhartha Gautama avant son Éveil et le bodhisattva Maitreya résidant dans le Ciel Tushita jusqu’au moment où il devra apparaître dans le monde en tant que prochain Bouddha. Les nikayas et les agamas admettent toutefois qu’il puisse y avoir d’autres bodhisattvas mais ne les nomment pas. Les sutras mahayana font des bodhisattvas l’idéal le plus élevé de la pratique bouddhiste et de nombreux bodhisattvas apparaissent pour illustrer cet idéal de sauveurs célestes qui aident les autres dans leur recherche de la bodhéité. Plusieurs de ces bodhisattvas sont à peu de chose près les égaux du Bouddha pour ce qui est de la sagesse et de leur capacité à aider les autres. Ils sont souvent représentés comme des parèdres de bouddhas résidant dans différentes Terres pures à travers l’univers. Un bon nombre d’entre eux apparaissent dans le Sutra du Lotus; les plus connus sont le bodhisattva Manjushri (Monju), le bodhisattva Kannon, le bodhisattva Bhaishajyaraja (Yakuo), le bodhisattva Maitreya (Miroku) et le bodhisattva Samantabhadra (Fugen). Ces bodhisattvas sont des figures bien connues dans le bouddhisme mahayana et apparaissent également dans bien d’autres sutras. Dans le Sutra du Lotus, ces bodhisattvas viennent de mondes idéals pour entendre le Dharma et expriment leur désir ardent d’enseigner le Sutra du Lotus dans ce monde-ci, après le parinirvana du Bouddha. Ils représentent ceux qui, pour atteindre l’Éveil, ont développé au cours d’innombrables vies les six paramitas. Ils pensent que Shakyamuni atteignit l’Éveil seulement dans cette vie et que sa bodhéité présente est l’aboutissement de nombreux kalpas d’entrainement spirituel. Les événements du Sutra du Lotus ébranlent leur point de vue selon lequel la bodhéité est atteinte par le développement graduel des six paramitas. Le chapitre XII offre l’exemple de la fille du Roi-Dragon qui parvient à l’Éveil en un seul instant, et le chapitre XVI révèle que le Bouddha a, en réalité, atteint l’Éveil dans un passé sans commencement ; le développement graduel de sa sagesse et de ses vertus - dans cette vie et dans les existences passées - n’étant qu’un ‘‘moyen salvifique’’. Dans les chapitres XIII à XV, alors que ces bodhisattvas célestes revendiquent l’autorisation de propager le Sutra du Lotus, le Bouddha convoque les bodhisattvas Surgis-de-Terre et dans le chapitre XXI il confère à ces derniers la mission spéciale et la responsabilité de la propagation du Sutra du Lotus. Ce n’est que dans le chapitre XXII que la propagation générale du Sutra du Lotus est concédée aux bodhisattvas célestes. Selon Nichiren, la propagation générale se fera par les bodhisattvas célestes durant les périodes Shoho et Zoho (Jours du Dharma correct et formel), alors que les bodhisattvas Surgis-de-Terre auront la mission la plus difficile, celle de transmettre le Sutra du Lotus dans la période mappo (les Derniers jours du Dharma). Les bodhisattvas provisoires en seront alors exclus parce qu’ils correspondent aux enseignements théoriques du Sutra du Lotus (shomon). L’enseignement théorique de la première partie du Sutra du Lotus enseigne que tous les êtres sensitifs ont le potentiel d’atteindre la bodhéité en pratiquant les paramitas de façon graduelle et c’est cela qui sera propagé durant les périodes Shoho et Zoho, les hommes de ces périodes ayant la capacité de s’y astreindre. Les bodhisattvas Surgis-de-Terre représentent l’enseignement essentiel (honmon) du Sutra du Lotus. Celui-ci montre que la bodhéité est immédiate, ‘‘originelle’’, sans commencement ni fin, comme celle du Bouddha Atemporel Shakyamuni. Durant la période mappo c’est cet enseignement qui devra être propagé car les autres enseignements ne seront plus efficaces pour arracher les êtres à leur obstination et à leur cécité spirituelle. Seuls des bodhisattvas Surgis-de-Terre, disciples fondamentaux du Bouddha Atemporel (Honbutsu), sauront propager l’enseignement essentiel. Cependant les bodhisattvas provisoires seront toujours présents et capables de protéger et assister les bodhisattvas Surgis-de-Terre à accomplir leur mission. Ce bodhisattva représente le pouvoir de guérison du Bouddha. Avec son frère Yakujo (Baishajya samudgata) c’est un personnage important du Sutra du Lotus. Le Dictionnaire des termes et concepts bouddhiques relate à leur propos :
Dans le Sutra du Lotus, ce bodhisattva, présent dans la Grande-assemblée au chapitre I, est appelé par son nom. Dans le chapitre X (Maître du Dharma), le Bouddha Shakyamuni parle avecYakuo*. Dans le chapitre XIII (Exhortation à la sauvegarde),Yakuo* ainsi que le bodhisattva-mahasattva Maha-pratibhana, en compagnie d'une suite de vingt mille bodhisattvas, firent le serment devant le Bouddha de propager le Sutra du Lotus après son parinirvana. Le chapitre XXIII (Conduite originelle du bodhisattva Bhaishajyaraja) raconte sa vie passée en tant que bodhisattva Issai Shujo Kiken (Celui dont la vue remplit de joie tous les êtres sensitifs) à qui le bouddha Chandrasuryapradipa (Nichigatsu Tomyo, Vertu brillante comme le soleil et pure comme la lune) enseigna le Sutra du Lotus. Par gratitude, Kiken offrit à ce bouddha son propre corps en sacrifice pendant 1200 ans. Dans sa vie suivante, il fut de nouveau disciple du bouddha Chandrasuryapradipa (Nichigatsu) et après la mort de celui-ci, il construisit 84 000 stupas pour ses reliques puis se brûla les bras pendant 72000 ans en offrande à ces stupas mais, à la fin, il restaura miraculeusement ses bras grâce à ses mérites et sa sagesse. L’offrande de Yakuo* est une allégorie pour montrer la bonne volonté du bodhisattva d’offrir au Bouddha tous ses actes (ses bras) et même sa vie (son corps). Dans le chapitre XXVI (Dharani), Yakuo* fait le don de formules détentrices-dharani pour protéger tous ceux qui enseignent le Sutra du Lotus. Une autre histoire du passé de Yakuo* est relatée dans le chapitre XXVII (Conduite originelle du roi Ornement Merveilleux). A l’époque du bouddha Jaladhara (Roi des Constellations Tonnerre des Nuées), les bodhisattvas Yakuo* et Yakujo étaient les fils du roi Shubhavyuha (Ornement Merveilleux) ; l'un s'appelait Vimalagarbha (Pur-Réceptacle), l'autre Vimalanetra (Pur-Regard). Alors que le Bouddha exposait le Sutra du Lotus, les deux fils demandèrent à leur mère Vimaladatta (Pure-Vertu) de venir avec eux pour lui présenter des offrandes. La mère, cependant, voulut qu’ils obtiennent d’abord l’autorisation de Shubhavyuha (Ornement Merveilleux), leur père, qui était très attaché aux enseignements brahmanistes. Les deux fils accomplirent alors différents miracles et leur père en fut si impressionné qu’il adhéra au Dharma. Non seulement il leur accorda sa permission mais il les accompagna auprès du Bouddha dont ils devinrent les disciples. Le roi Shubhavyuha (Ornement Merveilleux) fit alors l’éloge de ses deux fils affirmant qu’ils étaient ses maîtres qui avaient fait l’œuvre du Bouddha en le poussant à se convertir. Les bodhisattvas Yakuo* et Yakujo sont parfois considérés comme les parèdres de l’Ainsi-Venu Amoghasiddhi. Dans ce cas, Yakuo* apparaît en tant qu’Avalokiteshvara. Le Grand-Maître Zhiyi était considéré comme une réincarnation de Yakuo* car c’est en lisant le chapitre sur Yakuo* qu’il parvint à l’Éveil. |
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Namu Monjushiri Bosatsu
Bodhisattva Manjushri - Seigneur de Beauté Ce bodhisattva représente la prajna (sagesse transcendante) du Bouddha. Il est associé tout particulièrement aux sutras de la Grande Sagesse (Prajnaparamita sutras) où il est souvent montré une épée à la main, coupant les illusions. Le Dictionnaire des termes et concepts bouddhistes le décrit comme suit :
Taigen Daniel Leighton dit à son sujet : «Manjushri est le bodhisattva de la prajna et de la vision profonde car il pénètre la vacuité fondamentale (ku, shunya), l’universelle ainsité (nyonyo, tathata) et le véritable aspect de tous les phénomènes (shoho jisso ). Manjushri dont le nom signifie ‘‘Noble Seigneur Bienveillant’’ voit de l’intérieur l’essence de tout ce qui est. Shoho jisso (le véritable aspect des dharmas) signifie que rien ne possède une existence séparée, indépendante de l’environnement. Le but de la prajna est de voir au-delà de l’illusion et de la dichotomie soi/les autres, cette image que nous nous fabriquons du monde. En observant le ‘‘self’’ sous cet angle, la vision pénétrante de Manjushri va jusqu’à l’aspect le plus profond et le plus vaste du moi, dépouillé des définitions artificielles et de nos catégorisations habituelles.
Le bodhisattva Manjushri est cité dans nombre de sutras mahayana, tels que le Sutra Vimalakirti et le Sutra de la Guirlande des Fleurs (Avatamsaka sutra) ainsi que dans beaucoup d’autres. Il est considéré comme presque l’égal du Bouddha. On dit même qu’il était parvenu à la bodhéité, mais qu’il préférait agir en tant que bodhisattva. Certains sutras l’appellent ‘‘Maître de tous les bouddhas’’ et il se conduit effectivement comme tel lorsque, dans le Sutra du Lotus, il répond aux questions de Maitreya, le bouddha du futur. Dans son ouvrage Mahayana Buddhism: The Doctrinal Foundations, Paul Williams synthétise ce que les sutras disent sur Manjushri :
Dans le chapitre I du Sutra du Lotus (Prologue), Manjushri répond aux questions de Maitreya sur le rayon de lumière émis par Shakyamuni. Manjushri dévoile que dans sa vie passée, alors qu’il était connu comme étant le bodhisattva Varaprabha (Lumière Sublime), il avait été témoin d’un rayon de lumière émanant du bouddha Chandra-suryapradipa (Luminaire-de-Soleil-et-de-Lune) juste avant que ce dernier n’expose le Sutra du Lotus, si bien qu’à son avis le Bouddha Shakyamuni était également sur le point d’enseigner le Sutra du Lotus. Puis Manjushri, au milieu du chapitre XII (Devadatta), arrive du palais du Roi-Dragon Sagara au fond de l’océan où il avait exposé le Sutra du Lotus. Il fait venir avec lui les innombrables bodhisattvas auxquels il l’avait enseigné et également la fille du Roi-Dragon âgée de huit ans qui procède à la démonstration de l’atteinte immédiate de la bodhéité. Dans le chapitre XIV (Pratiques paisibles), c’est Manjushri qui demande au Bouddha comment des bodhisattvas ordinaires pourront exposer le Sutra du Lotus dans le monde corrompu, après son parinirvana. Enfin dans le chapitre XXIV (Bodhisattva Son-Merveilleux – Myoon), c’est Manjushri qui interroge sur la signification des fleurs de lotus aux tiges d'or tombant du ciel et, annonçant l’apparition du bodhisattva Gadgadasvara (Myoon), c’est lui qui veut en savoir plus sur ce bodhisattva et qui demande à le voir. Un passage de la traduction chinoise du Sutra de la Guirlande des fleurs (Avatamsaka) situe sa première résidence sur le Mont Wutai en Chine.
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Namu Fugen Bosatsu Bodhisattva Samantabhadra - Divinité universelle Ce bodhisattva représente tous les vœux et toutes les bonnes causes accomplis par le Bouddha. On en trouve une excellente description dans l’ouvrage de Taigen Daniel Leighton Bodhisattva Archetypes :
Samantabhadra est surtout connu en Asie du Sud-Est pour ses dix grands vœux dont il est question dans le chapitre 40 du Sutra de la Guirlande des Fleurs. Ceux-ci sont énumérés par Francis H. Cook qui parle de Samantabhadra de la façon suivante :
Samantabhadra apparaît dans le chapitre XXVIII du Sutra du Lotus. Il vient du monde lointain de l’Est pour entendre et recevoir le Sutra du Lotus. Il promet de protéger et de soutenir ceux qui gardent ce sutra dans les Derniers jours du Dharma (mappo) après le parinirvana du Bouddha. Ensuite il donne une dharani aux adeptes du Sutra du Lotus. Et va jusqu’à déclarer que
Il poursuit en disant que :
Le Bouddha ajoute que :
Le Sutra Fugen, qui est la dernière partie du triple Sutra du Lotus développe les promesses de Samantabhadra faites dans le chapitre XXVIII ‘‘d’apparaître en personne, monté sur un royal éléphant blanc à six défenses’’ à ceux qui s’amendent et récitent le Sutra du Lotus. Le Sutra Fugen explique comment le pratiquant peut visualiser non seulement Samantabhadra mais toute la Cérémonie dans les Airs. Les bouddhistes chinois situent la demeure de Samantabhadra sur le Mont Omei dans l’Ouest de la Chine. |
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Namu Miroku Bosatsu
Bodhisattva Maitreya - Amour-empathie Le bodhisattva Maitreya est le bouddha du futur de ce monde qui réside actuellement dans le Ciel Tushita. Le Dictionnaire des termes et concepts bouddhistes en parle de la façon suivante :
A part Siddhartha Gautama et les bodhisattvas dont il était l’incarnation dans ses existences précédentes, Maitreya est le seul bodhisattva reconnu tant par le Theravada que le Mahayana. Sa prochaine venue est prédite dans le canon pali aussi bien que dans les sutras mahayana. Outre le célèbre moine homonyme du IVème siècle, le bodhisattva Maitreya apparaît sous quelques autres formes plus ou moins historiques. La plus connue est celle du moine jovial dont la statue est parfois confondue avec le Bouddha. Taigen Daniel Leighton raconte ce qui suit au sujet de ce personnage légendaire si mal compris :
Le bodhisattva Maitreya joue un rôle très important dans le Sutra du Lotus. Dans le chapitre I, c’est lui qui interroge le bodhisattva Manjushri sur les présages dont s’entoure la Bouddha. Taigen Daniel Leighton commente ainsi ce chapitre :
Maitreya joue également un rôle important dans la Cérémonie dans les Airs, dans le chapitre XV du Sutra du Lotus. C’est lui qui pose la question sur l’origine des bodhisattvas Surgis-de-Terre, demandant comment le Bouddha Shakyamuni a pu les former alors qu’il atteignit l’Éveil seulement quarante ans avant leur apparition. C’est précisément cette interrogation qui, dans ce même chapitre, permet la révélation de l’Éveil atemporel du Bouddha. Dans ce chapitre, Maitreya se fait le héraut de la Grande assemblée en déclarant :
Dans les chapitres XVII et XVIII, c’est à Maitreya que s’adresse le Bouddha en lui expliquant que
Le dernier chapitre (XXVIII) présente Maitreya sous un jour nettement plus avantageux que le chapitre d’introduction. Taigen Daniel Leighton commente :
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SUITE : Les Vidya-rajas |
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