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Extraits de gosho sur |
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Prince Shotoku - Jogu |
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En entendant cela, rougissant de colère le visiteur répondit : "L'empereur Ming de la dynastie
des Han postérieurs,
ayant saisi le sens du rêve où lui était apparu
un homme doré, fit bon accueil aux enseignements du bouddhisme
amenés de Chine par des missionnaires montant des chevaux blancs (note).
Après avoir puni Mononobe
no Moriya pour son opposition au bouddhisme, le prince Shotoku entreprit de construire des temples et des pagodes au Japon. Depuis
cette époque, du souverain suprême aux masses innombrables,
tous ont vénéré les statues du Bouddha et ont attentivement
étudié les écrits bouddhiques. Il en a résulté
que dans les monastères du Mont Hiei et de Nara, la capitale
du Sud, dans les grands temples Onjo-ji et To-ji, dans tout le pays à
l'intérieur des quatre mers, dans les cinq provinces autour de
la capitale (note) et dans les sept marches,
les écrits bouddhiques ont été classés,
comme des étoiles dans le ciel, et le pays s'est couvert d'une
nuée de temples. Le Japon
est un pays exclusivement relié au Sutra du Lotus, tout
comme le pays de Shravasti était exclusivement
relié au Mahayana. En Inde, il y eut certains royaumes
où l'on étudiait exclusivement le Hinayana,
certains entièrement consacrés à l'étude
du Mahayana, ou d'autres où
coexistaient Mahayana et Hinayana.
Le Japon est un pays auquel convient exclusivement le Mahayana,
et, plus particulièrement dans le Mahayana,
il devrait se consacrer uniquement au Sutra du Lotus. On trouve
confirmation de cela dans le Yuga
Ron, dans
les écrits de Seng-zhao,
dans les écrits du prince Shotoku,
du Grand-maître* Saicho* et d'Annen. Comprendre cela,
c'est comprendre le pays. Sous le
règne du roi Zhao, quatrième
souverain de la dynastie Zhou, le
grand devin Su-you fit cette prédiction : "Dans mille
ans, les enseignements du Bouddha seront répandus largement dans
ce pays." Le prince héritier Shotoku prédit : "Après mon trépas, quand deux
siècles ou plus se seront écoulés, la ville de Heian sera
établie dans la province de Yamashiro." Et le Grand-maître* Zhiyi* prédit : "Deux cents ans ou plus après mon trépas,
une personne naîtra dans un pays de l'est qui propagera mon Dharma
correct." Chacune de ces prédictions a été
réalisée à la lettre. Le prince Shotoku était le fils du
trente-deuxième souverain du Japon, l'empereur Yomei.
Alors qu'il avait six ans, des hommes assez âgés arrivèrent
au Japon, venant du royaume de Paekche et de Koguryo et de Chine. Le jeune
prince de six ans s'écria : "Ce sont mes disciples ! "
et de leur côté ces personnages âgés joignirent
les mains en signe de respect et répondirent : "Vous êtes
notre maître ! " Ce fut un phénomène bien
singulier. Parlons d'abord
du premier temple du Mont Hiei. Il
fut fondé par le Grand-maître* Saicho* sous le règne de l'empereur Kammu,
deux cent et quelques années après l'introduction du bouddhisme
dans ce pays. Déjà auparavant, le prince Shotoku avait vu dans Kyoto, la future capitale, un lieu parfait pour y établir
la résidence royale. Mais ce ne fut qu'après l'introduction
de l'école Tendai au Japon
que la capitale y fut véritablement installée. Dans les Annales du prince Jogu (Shotoku),
on lit : "Deux cents ans ou plus après mon trépas, le
Dharma bouddhique se répandra à travers le Japon tout entier."(réf.) Par la suite,
à l'ère Enryaku, le Grand-maître* Saicho* fonda le temple du Mont Hiei, et l'empereur Kammu établit Heian-kyo [la
capitale de la Paix]. De cette manière, la prédiction du
Prince Shotoku fut réalisée. Cet objet de dévotion n'est jamais
apparu en Inde ou en Chine. Le temps n'était pas venu, quand
le prince Shotoku, au Japon,
construisit le temple Shitenno-ji,
de sorte qu'il ne put prendre, comme objet de vénération,
qu'une statue d'Amida, un bouddha
d'un autre monde. Quand l'empereur Shomu construisit le temple Todai-ji,
il prit pour objet de vénération une statue du bouddha Vairochana mais ne parvint
pas à pénétrer le véritable sens du Sutra
du Lotus. Sessen
Doji offrit son corps à un démon pour recevoir un enseignement composé de huit caractères.
N'ayant plus d'huile, le bodhisattva Yakuo brûla son coude pour l'offrir au Sutra du Lotus. Dans
notre propre pays, le prince Shotoku s'arracha la peau de la main pour y copier le Sutra du Lotus et l'empereur Tenji brûla son troisième doigt pour l'offrir au Bouddha Shakyamuni.
Des pratiques aussi austères concernent les saints et les sages,
non les hommes ordinaires. Au cours du
règne du 33e empereur Sushun,
le bouddhisme commença à se répandre à travers
le Japon, gagnant de l’ampleur pendant le règne du 34e souverain,
la princesse Suiko. Le Régent de ce dernier, le prince Shotoku,
contribua beaucoup à l’essor du bouddhisme, notamment grâce
à la promulgation de la Constitution en 17 articles (note),
basée sur l'enseignement bouddhique. Ce fut pendant son règne
que les écoles bouddhiques Sanron et Jojitsu ont été transmises au Japon pour la première
fois. Cette école Sanron apparue en Inde, en Chine et au Japon a été la première
école bouddhique, sans distinction encore entre Mahayana et Hinayana. Elle est pour cette
raison appelée la mère ou le père des écoles
bouddhiques. "Maintenant
prend fin la polémique qui depuis si longtemps oppose l'école Sanron à
l'école Hosso. Elle a perdu
toute substance, comme de la glace qui aurait fondu. Tout s'éclaire,
comme lorsque nuages et brouillards se dissipent, laissant voir le soleil,
la lune et les étoiles. Depuis les débuts de la propagation
du bouddhisme au Japon par le prince Shotoku,
il y a plus de deux cents ans, de nombreux sutra et traités ont
été largement commentés, et la supériorité
relative des uns par rapport aux autres a souvent été
discutée, mais jusqu'à présent quantité
de doutes n'étaient toujours pas écartés. De plus,
pendant cette période, la doctrine parfaite et élevée
du Dharma Merveilleux n'avait jamais
encore été correctement expliquée et propagée.
Serait-ce parce que les hommes ordinaires n'avaient pas la capacité
de goûter sa saveur parfaite ? Puis le
prince Shotoku, fils de l'empereur Yomei, commença l'étude
des écrits bouddhiques. Il se fit rapporter de Chine un exemplaire
du Sutra du Lotus, écrivit
des commentaires sur le texte et entreprit d'en propager les enseignements. Venons en maintenant au
Japon. Au cours du règne du trentième souverain, l'empereur Kimmei, le treizième jour
du dixième mois de la treizième année de son règne
(552), signe cyclique mizunoe-saru,
un exemplaire des écrits bouddhiques et une statue du Bouddha
Shakyamuni furent apportés au Japon en provenance de Paekche.
Sous le règne de l'empereur Yomei,
le prince héritier Shotoku commença l'étude du bouddhisme. Il envoya un dignitaire
de la cour, Wake no Imoko, en Chine avec pour mission de rapporter l'exemplaire
du Sutra du Lotus en un volume qui lui avait appartenu dans
une vie antérieure (réf.) et exprima sa détermination d'honorer et de protéger ce
Sutra. Par la suite, sous le règne du trente-septième empereur, Kotoku, les
écoles Sanron, Kegon, Hosso, Kusha et Jojitsu furent introduites
au Japon, et, sous le règne du quarante-cinquième empereur Shomu, ce fut le tour de l'école Ritsu, ce qui porta au total à
six le nombre de ces écoles. Mais, depuis le règne de
l'empereur Kotoku jusqu'au règne du cinquantième souverain,
l'empereur Kammu, soit pendant
une période de cent vingt ans au cours de laquelle régnèrent
quatorze souverains, les écoles Tendai et Shingon n'étaient pas
encore introduites. Le trente
et unième empereur, Bidatsu,
était le deuxième fils de Kimmei.
Il régna pendant quatorze ans avec l'aide de deux grands ministres.
L'un d'eux était un fils de Mononobe
no Okoshi, du nom de Yuge no
Moriya, qui avait hérité de la fonction de son père.
L'autre était un fils de Soga
no Iname qui s'appelait Soga no Umako. C'est sous
le règne de cet empereur [Bidatsu]
que naquit le prince Shotoku,
fils de l'empereur Yomei et neveu
de l'empereur Bidatsu. Un jour
du deuxième mois de l'année, alors qu'il était
âgé de deux ans, il se tourna vers l'est, tendit le majeur
et récita Namu Butsu [dévotion au Bouddha] et l'une des
reliques de Shakyamuni se matérialisa dans la paume de sa main.
C'était la première fois que quiconque au Japon invoquait
le nom du Bouddha. J'aimerai
relater un événement généralement gardé
caché. Dans l'histoire du Japon, deux empereurs furent assassinés.
L'un d'eux était le trente-troisième empereur, Sushun. Il était le fils
de l'empereur Kimmei et l'oncle
du prince Shotoku. Il convoqua
un jour le prince Shotoku et
lui dit : "On vous prête un sagesse sans égale. Examinez
Notre physionomie et dites-Nous ce que vous y voyez ! " Le
prince se récusa à trois reprises, mais l'empereur insista.
Alors, ne pouvant plus refuser, le prince examina avec respect la physionomie
de Sushun et déclara : "Il
est inscrit sur le visage de Votre Majesté que quelqu'un va L'assassiner." L'empereur
changea de couleur. "Sur quels indices vous appuyez-vous pour affirmer
cela ? " demandai-t-il. Le prince répondit : "Je
vois des veines rouges dans vos yeux. C'est le signe que vous provoquerez
l'hostilité des autres." Sur ce, l'empereur demanda : "Comment
Notre Majesté peut-elle échapper à ce destin ? "
Le prince répondit : "Il est difficile d'y échapper.
Mais il y a des guerriers que l'on appelle les cinq grands principes
d'humanité. Tant que vous garderez ces guerriers à vos
côtés, vous ne courrez aucun danger. Les écrits
bouddhiques désignent ces guerriers du nom de "patience"
l'une des six paramitas." Pendant
un certain temps, l'empereur Sushun observa fidèlement la pratique de la patience. Mais, de nature
irascible, il viola un jour ce précepte quand un de ses sujets
lui fit cadeau d'un jeune sanglier sauvage. Il décrocha la boucle
qui retenait son sabre au fourreau, et le plongea dans les yeux du sanglier
en disant : "Voilà un jour ce que Nous ferons à cet
homme que Nous haïssons ! " Le prince Shotoku,
qui était présent, s'exclama : "Ah ! C'est effroyable,
effroyable ! Votre Majesté va sûrement éveiller
la haine des autres. Ces mots mêmes que vous venez de prononcer
seront le sabre qui va vous frapper." Le prince se fit sur l'instant
apporter des objets précieux qu'il partagea entre ceux qui avaient
entendu la remarque de l'empereur [dans l'espoir d'acheter leur silence].
L'un d'eux, néanmoins rapporta l'épisode au ministre Soga
no Umako. Umako, croyant
que c'était à lui que l'empereur vouait cette haine, persuada
Atai Goma, fils d'Azumanoaya no Atai Iwai, de tuer l'empereur. Ainsi,
même un souverain sur le trône doit veiller à ne
pas exprimer sans retenue ses pensées. Myoho
Renge Kyo est non seulement le coeur de tous les enseignements
sacrés exposés par Shakyamuni de son vivant, mais
aussi le coeur et le corps du Sutra du Lotus, l'enseignement
suprême. Pourtant, si merveilleux que soit cet enseignement,
pendant les plus de deux mille deux cent vingt ans qui se sont écoulés
depuis la disparition du Bouddha, personne ne l'a propagé. Les vingt-quatre successeurs du Bouddha
ne l'ont pas propagé en Inde, pas plus que Zhiyi* et Zhanlan* en Chine. Au Japon, ni le prince Shotoku ni le Grand-maître* Saicho* ne l'ont propagé. Par conséquent, quand je l'expose, les
gens refusent de le croire pensant qu'il s'agit d'un enseignement faux.
C'est bien compréhensible. Par exemple, si un simple soldat avait
prétendu avoir séduit Wang
Zhao-gun, personne ne l'aurait cru. Puisque Zhiyi* et Saicho*,
d'un rang aussi élevé que celui de ministre et d'aristocrate,
n'ont pas propagé Namu
Myoho Renge Kyo, le coeur du Sutra, comment, se
demandent les gens, un moine d'une position aussi basse que la mienne
pourrait-il le faire ? Le fils d'Omuraji,
le ministre Mononobe no Moriya,
déclara que si les trois empereurs successifs avaient été
emportés par l'épidémie, tout comme son propre
père, c'était uniquement parce que des prières
avaient été offertes au Bouddha. "Que chacun sache,
ajouta-t-il, que le prince Shotoku, Soga no Umako et tous ceux
qui révèrent le Bouddha, sont des ennemis de mon père
et des empereurs défunts ! " En entendant cela, les
princes impériaux Anabe et Yakabe, avec leurs ministres et des milliers de leurs sujets firent
tous alliance [avec Moriya].
Non seulement ils brûlèrent les images du Bouddha et les
temples [dans lesquels elles se trouvaient], mais une bataille eut lieu
au cours de laquelle Moriya périt. Au cours de la période de trente-cinq ans qui avait
suivi l'introduction du bouddhisme au Japon, pas une seule année
ne s'était écoulée sans que sévissent les trois calamités et les sept désastres, au nombre
desquels les épidémies. Mais lorsque, Mononobe
no Moriya ayant été tué par Soga
no Umako, le pouvoir du Bouddha fut reconnu comme supérieur
à celui des divinités [du Japon], tous les désastres
cessèrent immédiatement. Le Sutra
du Lotus faisait partie des textes introduits au Japon à
cette époque. Plus tard, toutefois, le prince Shotoku,
fils du trente-deuxième souverain, l'empereur Yomei,
envoya une mission en Chine pour qu'elle en ramène une autre
copie du Sutra du Lotus, et il en propagea les enseignements
partout au Japon. Depuis lors, plus de sept cents ans se sont écoulés. Le bouddhisme
fut pour la première fois introduit au Japon à partir de
la Corée pendant le règne du 30ème empereur Kimmei.
Pendant 30 ans, ou à peu près, après son introduction,
il y eut des controverses sur les différences entre le shintoïsme et le bouddhisme. Le bouddhisme fut initialement propagé à
travers tout le Japon par le prince Shotoku sous le règne du 34ème empereur, Suiko [593-628]. Les grands
moines Hyekwan (Ekan) et Kwalluk (Kanroku) vinrent de Corée au Japon et propagèrent l’école Sanron. Mille deux cents ans après
la mort du Bouddha Shakyamuni, le Sutra du Lotus fut introduit
en Chine, mais toujours pas au Japon (note).
C'est plus de mille deux cents ans après la disparition du Bouddha,
sous le règne du trentième empereur, Kimmei,
que le bouddhisme fut pour la première fois introduit au Japon,
en provenance de Paekche. De
plus, depuis le jour où le prince Shotoku permit l'introduction du bouddhisme en provenance de Chine jusqu'à
présent, pendant sept cents ans, tous les sutras, y compris le Sutra du Lotus, ont été largement propagés,
du souverain au plus humble de ses sujets ; ceux qui ont l'esprit de
recherche en sont venus à adhérer aux huit volumes, à
un volume ou à un chapitre du Sutra du Lotus, pour exprimer
la reconnaissance qu'ils doivent à leurs parents. Ainsi, les
gens pensent qu'ils pratiquent véritablement le Sutra du
Lotus. Mais leur bouche n'a jamais récité Namu
Myoho Renge Kyo et, bien qu'ils semblent croire au Sutra du
Lotus, en réalité ils n'y croient absolument pas. Pourtant, aucun temple n'a pris pour objet de
vénération le Shakyamuni qui atteignit la bodhéité
dans le passé illimité accompagné des bodhisattvas Surgis de Terre qui sont ses disciples
primordiaux. Dans aucun des trois pays il n'en fut question auparavant.
Ceux qui ont fait construire par milliers de temples au Japon ne savaient
pas qu'ils auraient dû prendre pour objet de vénération
le Bouddha de l'enseignement essentiel* accompagné des quatre bodhisattvas. Même le prince Shotoku (note),
lorsqu'il fit construire l'ancien temple Shitenno-ji,
le premier temple bouddhique au Japon, prit pour objet de culte le bouddha Amida accompagné de bodhisattva
comme Kannon, en y ajoutant des
images des quatre Rois du Ciel. Par exemple
[lorsque le bouddhisme fut introduit au Japon], Moriya rendait un culte aux nombreuses divinités apparues au cours des
sept règnes des divinités célestes et des cinq
règnes des divinités terrestres. Il pria pour faire obstacle
à la propagation du bouddhisme et pour que les textes confucianistes
soient respectés comme auparavant. Par contre, le prince Shotoku choisit de vénérer le Bouddha Shakyamuni, Maître
du Dharma, et adopta comme textes
sacrés, le Sutra du Lotus et les autres sutras. Les
deux parties luttèrent pour l'emporter, mais, en définitive,
le culte des divinités fut vaincu et la victoire revint au Bouddha. Puis, le
quinzième jour du deuxième mois de la deuxième
année du règne de l'empereur Bidatsu,
le prince Shotoku, fils de l'empereur Yomei, se tourna vers l'est et
récita Namu Shakyamuni Butsu, après quoi les reliques du Bouddha se matérialisèrent dans sa main. Durant la
sixième année du règne de l'empereur Bidatsu,
le prince lut et récita le Sutra du Lotus. Depuis lors,
plus de sept siècles se sont écoulés, plus de soixante
empereurs ont régné, et le bouddhisme, peu à peu,
s'est répandu dans le Japon entier. Dans les soixante-six provinces
et les deux îles, il est parvenu partout. |
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