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Extraits de gosho sur |
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Nembutsu |
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L'invocation
du nom du bouddha Amida
a du pouvoir tant que le Sutra du Lotus n'est pas propagé,
mais une fois connue l'invocation de Nam Myoho Renge Kyo, le Nembutsu
sera comme un chien reculant devant un lion ou comme la lumière
des étoiles pâlissant lorsque le soleil arrive. Le moment
est venu de largement propager Myoho Renge Kyo. Comprendre cela, c'est
comprendre le temps. Mais au Japon, à notre époque, des
maîtres exhortent à abandonner la pratique du Sutra du
Lotus pour se consacrer exclusivement à l'invocation du nom
du bouddha Amida.
Certains enseignent les préceptes du Hinayana,
et parlent avec mépris des grands moines du Mont Hiei tandis que d'autres font état d'une vérité
particulière (note)
qui leur aurait été transmise en dehors des sutras, dénigrant le Véritable Dharma du Sutra du Lotus. L'éminent
moine Honen rassembla
les passages les plus importants des divers sutras et propagea la doctrine
de la dévotion exclusive à la pratique du Nembutsu.
En particulier, les voeux originels
du bouddha Amida surpassent, en valeur et en importance,
ceux de tous les autres bouddhas. Du premier voeu - que les trois
mauvaises voies n'existent plus sur sa Terre
- jusqu'au dernier - que les bodhisattvas puissent parvenir aux trois
sortes de perception - tous les voeux compatissants du bouddha Amida
méritent une grande reconnaissance. Mais son dix-huitième
voeu nous concerne tout particulièrement. De plus, même ceux
qui ont commis les dix mauvaises
actions ou les cinq forfaits
ne sont pas exclus ; et aucune discrimination ne doit être faite
entre ceux qui n'ont récité le Nembutsu
qu'une fois et ceux qui l'ont beaucoup récité. Pour cette
raison, le pays entier, du souverain au petit peuple, place cette école
au-dessus de toutes les autres. Et l'on ne compte plus le nombre de personnes
qui ont obtenu de renaître dans la Terre
pure grâce à lui ! " Et pourtant,
nous voyons que, dans le pays tout entier, les femmes ne récitent
pas Namu Myoho Renge Kyo. Au contraire,
elles font confiance à des ouvrages tels que le Sutra
Muryoju ou le Sutra
Kammuryoju qui ne pourront jamais conduire à la Terre
pure ou à la bodhéité. Elles psalmodient le
nom du bouddha Amida soixante mille ou cent mille fois
par jour. Amida est bien le nom d'un bouddha et l'invoquer
peut sembler une pratique louable. Mais, parce que les femmes qui le font
s'appuient sur des sutrsa qui dénient aux femmes la possibilité
d'atteindre la bodhéité, c'est en fait comme si elles se
bornaient à compter les richesses des autres. Le Bouddha affirme ici que ceux qui, à notre époque,
se font moines et sombrent dans l'insouciance et la paresse furent des
disciples des six maîtres non bouddhistes du temps du Bouddha. Les
disciples de Honen, qui se disent
adeptes de l'école du Nembutsu, non seulement
éloignent leurs adeptes du Sutra du Lotus en leur disant
de "le rejeter, le fermer, l'ignorer et l'abandonner", mais
leur conseillent d'invoquer uniquement le nom d'Amida,
un bouddha mentionné dans les enseignements
provisoires. On peut bien dire d'un caillou que c'est une pierre précieuse,
mais cela n'en fait pas pour autant une pierre précieuse. On peut
bien dire d'une pierre précieuse qu'elle est un caillou, elle n'en
reste pas moins une pierre précieuse. A notre époque, les
doctrines du Nembutsu et des autres écoles basées
sur les sutras provisoires sont toutes comme des cailloux. Les gens peuvent
bien dire que l'enseignement du Nembutsu est l'égal
du Sutra du Lotus, cela ne le rend pas tel pour autant. Et ils
peuvent décrier le Sutra du Lotus, cela n'a pas plus d'effet
sur lui que l'appellation de caillou n'en a sur une pierre précieuse. Moi, Nichiren,
je ne suis pas digne d'être appelé Pratiquant
du Sutra du Lotus, ni de faire partie des membres du Sangha.
J'ai même, à un moment donné, fait comme les gens
de mon époque et invoqué le nom du bouddha Amida.
Le Bouddha Shakyamuni, Zhiyi,
Saicho, ou Nichiren et ses disciples
pourraient-ils être des adeptes des écoles Nembutsu,
Shingon, Zen,
Ritsu ou autres ? Pourrait-on
appeler le Sutra du Lotus enseignement provisoire, et le Sutra
Amida et d'autres pourraient-ils
être le Sutra du Lotus ? Cela ne pourrait jamais être,
même si l'Ouest se changeait en Est et l'Est en Ouest Demandez-leur
si, parmi les trois sutra de l'école
Jodo, il existe des passages pour étayer les principes qu'ils
défendent. Chacun révère le Nembutsu.
Mais, là encore, demandez-leur s'il existe un enseignement qui
offre une base littérale solide pour cette pratique de l'invocation
du nom du bouddha Amida. Empli d'admiration
respectueuse, Yi-long fit ce serment : "A dater de ce jour, jamais
plus je ne calligraphierai un seul caractère d'écrits non
bouddhiques." Son attitude était identique à celle
du bodhisattva Vasubandhu jurant
de ne plus jamais réciter les sutras du Hinayana,
ou celle de Nichiren déclarant qu'il ne réciterait jamais
plus le nom du bouddha Amida. Mais les gens
suivent les enseignements d'hommes comme Shandao
et Honen, qui furent possédés
par le Roi-Démon du sixième
Ciel. Les pratiquants du Nembutsu bâtissent
des temples au bouddha Amida dans tout le pays. Dans
chaque province, dans chaque village, dans chaque hameau, ils construisent
des salles de pratique consacrées au bouddha Amida.
Chacun peint ou sculpte en bois l'image du bouddha Amida
pour l'enchâsser dans sa propre maison. Toutes les bouches prononcent
son nom. Certains récitent le Nembutsu à
voix haute, dix mille fois, soixante mille fois par jour. Et des personnes
d'une certaine sagesse s'empressent de les encourager à ces pratiques.
C'est comme de l'herbe sèche jetée dans un feu ou un vent
soufflant de plus en plus fort pour faire des vagues de plus en plus hautes.
Les habitants de ce pays sont tous, sans aucune exception, les disciples
ou les sujets du Bouddha Shakyamuni. Ainsi, ceux qui ne peignent ni ne
sculptent l'image d'Amida ou d'un autre bouddha que Shakyamuni,
et qui ne psalmodient pas le nom d'Amida peuvent bien
être des personnes mauvaises, mais concrètement ils n'ont
rien fait pour rejeter le Bouddha Shakyamuni. Tandis que vénérer
exclusivement le bouddha Amida, c'est déjà
clairement manifester son abandon du Bouddha Shakyamuni. Ceux qui récitent
cette vaine et stérile invocation du Nembutsu,
voilà les personnes véritablement mauvaises. Ce bouddha
qui n'est ni leur père, ni leur mère, ni leur souverain,
ni leur maître, ils le traitent avec autant de tendresse qu'une
épouse bien-aimée. Dans le même temps ils abandonnent
Shakyamuni, notre véritable souverain, parent et maître éveillé.
Ce que l'on appelle Nembutsu est un
mantra, une psalmodie du titre,
basé sur les sutras Muryogi,
Kammuryoju et Amida
qui sont des sutras du Mahayana
provisoire*.
Si le mantra des sutras du
Mahayana provisoire*
est largement répandu et propagé, n'est ce pas un
prélude à la propagation du daimoku du Sutra du
Mahayana
définitif* ? Ceux qui ont l'esprit de recherche devraient réfléchir avec
soin à cela. Si les sutras provisoires sont largement propagés,
le Sutra définitif le
sera aussi nécessairement. Si le daimoku
des sutras provisoires se propage de tous côtés, le daimoku
du Sutra définitif se
répandra aussi de tous côtés. De tels événements, ainsi que les persécutions
que vous avez subies, peuvent finalement être attribués au
fait que le souverain de ce pays est devenu un ennemi du Sutra du Lotus.
Son opposition a été suscitée par les moines hostiles
au Dharma qui suivent
les préceptes du Hinayana
ou les doctrines du Nembutsu
ou du Shingon. Les enseignements
des huit et neuf écoles diffèrent
les uns des autres, mais, d'un point de vue général, nous
voyons que, dans la majorité des cas, les fondateurs et maîtres
de ces écoles ont récité le nom du bouddha Amida.
Viennent ensuite, par ordre d'importance, ceux qui récitèrent
le nom du bodhisattva Kannon, ceux
qui invoquèrent le nom du Bouddha Shakyamuni, suivis par ceux qui
psalmodièrent le nom de Vairocana,
de Yakushi* ou d'un autre bouddha.
Mais, pour une raison quelconque, aucun d'eux n'a jamais récité
le Titre du Sutra du Lotus, le coeur même et l'essence
de l'enseignement dispensé par le Bouddha tout au long de sa vie. Nous prîmes
cette route et vers midi nous arrivâmes à Echi. Nous nous
rendîmes à la résidence de Homma
Rokuro Zaemon. Là, je commandai du saké et en offris
aux soldats. Quand vint pour eux le moment de partir, certains dirent,
en joignant les mains et en inclinant la tête de la façon
la plus respectueuse : "Nous ne savions absolument pas qui vous étiez.
Nous vous détestions uniquement parce que l'on nous avait dit que
vous calomniiez le bouddha Amida que nous vénérons.
Mais maintenant que nous avons vu votre noblesse de nos propres yeux,
nous allons abandonner le Nembutsu que nous pratiquons
depuis si longtemps." Certains allèrent même jusqu'à
sortir leur chapelet Nembutsu de son étui et à
le jeter au loin. D'autres firent serment de ne jamais plus pratiquer
le Nembutsu. Les moines
entreprirent d'exposer leurs doctrines, tirées du Maka
Shikan, du Shingon et du Nembutsu.
Je contre-attaquai, leur faisant confirmer leurs propos, puis leur posant
à mon tour des questions précises. Ils parvinrent tout juste
à répondre un ou deux mots, puis tous se turent, dans l'impasse.
Ils étaient bien inférieurs à leurs collègues
de Kamakura. Vous pouvez imaginer
le débat : je réfutai leurs arguments aussi facilement qu'une
épée acérée tranche un melon, ou qu'un vent
fort courbe les herbes. Non seulement ils connaissaient mal l'enseignement
bouddhique, mais encore ils se contredisaient eux-mêmes. La plupart
des gens pensent que ceux qui récitent Namu Amida Butsu
au dernier moment de leur vie pourront renaître dans la Terre
pure de la béatitude parfaite parceque ce sont les paroles
d'or du Bouddha. Mais - et c'est un grand motif d'étonnement -
Shakyamuni à plusieurs reprises est revenu sur cette affirmation
et a déclaré : "[Pendant plus de quarante ans] je n'ai
pas encore révélé la vérité"(réf.)
et "En rejetant honnêtement les enseignements
provisoires je révélerai la Voie
ultime."(réf.) L'Ouest est
celle des dix directions
vers laquelle tous les Japonais se tournent (note).
Parmi tous les bouddhas, le bouddha Amida est celui qu'ils
révèrent ; parmi toutes les pratiques, c'est l'invocation
du nom du bouddha Amida qu'ils choisissent. Certains
s'appuient sur ces trois éléments tout en poursuivant d'autres
pratiques, tandis que d'autres se consacrent exclusivement au Nembutsu.
Quant à moi, pendant plus de vingt ans, depuis la cinquième
année de l'ère Kencho
(1253)
(note) jusqu'à
présent, j'ai entrepris de clarifier les enseignements exposés
par le Bouddha de son vivant, en fonction de leur valeur relative, de
leur séquence de propagation, et de leur profondeur ; et cela m'a
conduit à affirmer la supériorité du daimoku du Sutra
du Lotus sur la récitation du nom du bouddha Amida. Mais toutes
les femmes du Japon ont été abusées par des moines
comme Shandao en Chine, ou Genshin*,
Eikan et Honen
au Japon, si bien que pas une d'elles dans le pays entier ne récite
Namu Myoho Renge Kyo, [l'invocation]
qu'elles devraient pourtant révérer plus que tout. Elles
ne récitent que Namu Amida Butsu une fois, dix
fois, cent mille milliards de fois, trente mille ou cent mille fois par
jour. Leur vie durant, à chaque heure de la journée et de
la nuit, elles ne font rien d'autre. Les femmes dotées d'un fort
esprit de recherche, aussi bien que les femmes mauvaises, toutes s'appuient
exclusivement sur le bouddha Amida. Ce bouddha
Amida n'est ni notre parent, ni notre souverain, ni notre
maître. Il est seulement quelqu'un qui, dans un certain sutra, a
formulé 48 vœux fallacieux. Pourtant, des insensés,
en croyant qu'il tiendra ses engagements, frappent le gong, comme pris
de folie, dansent et trépignent en récitant le nom du bouddha
Amida. Ils se sont détournés avec dégoût
du monde de leurs parents, mais le bouddha Amida, malgré
sa promesse de venir à leur rencontre, ne se manifeste toujours
pas. Ils s'égarent, quelque part au ciel, dans un état indéterminé
entre la mort et la vie, et, entraînés vers le bas par le
karma d'opposition
au Dharma, ils tombent dans la prison des trois
mauvaises voies. Mais je récite
Namu Myoho Renge Kyo, que personne
au Japon n'avait encore jamais récité au cours des plus
de sept cents ans passés. Ensuite, j'ai déclaré que
réciter le nom du bouddha Amida comme le font
les gens, avec autant de respect qu'ils en auraient pour leurs parents,
le soleil et la lune, ou leur seigneur, - en croyant avoir trouvé
le bateau qui permet d'effectuer la traversée, l'eau qui étanche
la soif, ou la nourriture qui apaise la faim - crée en réalité
un karma qui les conduira à
tomber dans l'enfer où ils souffriront
sans répit. Ou encore,
il est possible d'être cette sorte de pratiquant du Sutra du
Lotus dont la bouche récite un instant Namu
Myoho Renge Kyo, et l'instant d'après Namu
Amida Butsu. C'est comme introduire des ordures dans du riz, ou y
ajouter du sable et des cailloux. Contre cela, le Sutra du Lotus
met en garde : "en croyant et en pratiquant uniquement le Sutra
du Mahayana, sans jamais accepter
un seul vers des autres sutras."(réf.)
De nos jours, ceux qui récitent Namu Amida
Butsu se moquent de ceux qui récitent Namu
Myoho Renge Kyo ou tentent de les égarer. C'est comme si le
millet dénigrait le riz, ou comme si un fermier exprimait la haine
de ses propres champs.Cela fait penser à des bandits qui, en l'absence
d'un général en chef, croient que leurs raids nocturnes
ou leurs actes de pillage resteront impunis ; ou à des taupes,
qui, tant que le soleil ne s'est pas levé, se promènent
sur le sol en se croyant en sécurité. Mais qu'apparaisse
le commandant suprême ou le soleil, Namu Myoho Renge Kyo, ils disparaissent
aussi rapidement que l'eau éteint des flammes furieuses, ou que
des singes apeurés s'enfuient devant des chiens. De nos jours,
quand ceux qui psalmodient Namu Amida Butsu entendent
le son des voix récitant Namu
Myoho Renge Kyo, leur visage perd ses couleurs et leurs yeux brûlent
de colère, ils perdent la raison et ils tremblent de tout leur
corps. Dans le Sutra
Amida ainsi que dans d'autres sutras exposés
par le Bouddha au cours des quarante et quelques premières années
de son enseignement, il est dit que Shariputra
acquit un grand mérite en récitant un million de fois le
nom du bouddha Amida en l'espace de sept jours (note). Mais
puisque ces sutras furent réfutés par la phrase : "Pendant
quarante et quelques années le Bouddha n'a pas encore révélé
la vérité"(réf.),
cette pratique est devenue aussi inutile que de faire bouillir de l'eau
pendant sept jours pour la jeter ensuite dans l'océan. C'est grâce
à l'échafaudage qu'une pagode peut être construite,
mais personne n'aurait l'idée de démonter la pagode pour
rendre un culte à l'échafaudage. Et pourtant, ceux qui recherchent
la voie bouddhique, de nos jours, passent leur vie entière à
réciter exclusivement le nom du bouddha Amida,
sans réciter une seule fois Namu
Myoho Renge Kyo. Ils sont comparables à des personnes qui démoliraient
une pagode pour vénérer un échafaudage. |
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