|
Extraits de gosho sur |
|
|
ascèse
- austérités |
|||
Quand
Shakyamuni, seigneur du monde des trois
plans, parvint à l'âge de dix-neuf ans, il quitta la
ville de Gaya (note)
et se retira sur le Mont Dandaka
(note) où il pratiqua diverses
austérités difficiles et pénibles.
Il atteignit la bodhéité à l'âge de trente
ans, et, à ce moment-là, élimina instantanément
les trois catégories d'illusion,
et mit un terme à la nuit profonde de l'ignorance.
[...] Il se rendit au Mont Dandaka
où, pendant douze ans, il ramassa du bois mort sur les hautes pentes,
puisa de l'eau dans les vallées profondes, s'imposa diverses austérités
et pratiques difficiles. A l'âge de trente ans, il obtint le fruit
merveilleux de l'Éveil, devenant le seul être digne de respect dans
le monde des trois plans, et le seigneur
de toutes les doctrines qu'il exposa sa vie durant. Le Grand-maître Saicho écrivit un ouvrage
intitulé Hokke Shuku dans
lequel il déclara : "Ni les maîtres ni les disciples
n'ont besoin de passer par d'innombrables kalpas
de pratique des austérités pour atteindre
la bodhéité. Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus,
ils peuvent y parvenir sans changer d'apparence." Ainsi, il expliqua
clairement pourquoi la fille du Roi-Dragon
avait pu devenir bouddha. Ces grands
bodhisattvas, divinités, dragons, etc. qui participèrent
à l'Assemblée décrite dans le Sutra
Kegon* étaient des êtres qui avaient atteint le stade de l'Éveil
fushigi
(note) avant l'apparition de Shakyamuni.
Peut-être étaient-ils des disciples de Shakyamuni quand le
Bouddha pratiquait les austérités de bodhisattva dans ses vies précédentes. Dans une autre
existence passée, Shakyamuni pratiquait les austérités d'un bodhisattva à la recherche du Dharma bouddhique. Un jour,
un lépreux lui dit : "Je possèdu Dharma correct, un
enseignement de vingt caractères. Si vous massez mon corps lépreux,
si vous le prenez dans vos bras et le léchez, et si vous me nourrissez
de deux ou trois livres de votre propre chair chaque jour, je vous l'enseignerai."
Shakyamuni fit exactement ce que le lépreux lui avait demandé,
obtint l'enseignement en vingt caractères et atteignit ainsi la bodhéité. Dans le chapitre
Juryo*,
il est écrit : "Depuis que j'ai atteint la bodhéité,
une période d'une durée inimaginable s'est écoulée.
Ma vie se poursuit depuis d'innombrables kalpas.
Elle a toujours existé et n'aura jamais de fin. Hommes de foi sincère,
j'ai aussi jadis pratiqué les austérités de bodhisattva et la vie que j'ai acquise alors n'est pas encore épuisée. Les quatre-vingt
mille bodhisattva, y compris le bodhisattva Daishogon,
comprirent parfaitement pourquoi Shakyamuni avait exposé les enseignements
provisoires, démontrèrent que ces enseignements n'étaient
rien de plus que des moyens, et finalement les rejetèrent totalement.
Ils exprimèrent leur compréhension en déclarant que
personne ne peut atteindre l'Éveil suprême en adhérant à
l'un ou l'autre des sutras provisoires qui préconisent la pratique
des austérités de bodhisattva pendant des
millions de kalpa.
Le Sutra Muryogi n'établit-il pas clairement que Shakyamuni enseigna la pratique des austérités bouddhiques pendant des myriades de kalpa avant de déclarer : "En plus de quarante ans, je n'ai pas encore révélé la vérité"(réf.) ? Enseignement, pratique et preuve (Minobu, 1274 ? à Sammi-bo) Nous parlons
de la pratique du Sutra du Lotus. C'est un sutra unique, mais
la façon de le pratiquer peut varier en fonction du temps. Il y
a des époques où l'on devient bouddha en s'arrachant la
peau pour en faire don à son maître. D'autres où l'on
fait de son corps un tapis pour l'offrir à son maître, ou
bien une bûche pour alimenter les flammes. D'autres encore, où
les pratiquants de ce Sutra reçoivent des coups de canne et de
bâton, pratiquent l'ascèse ou observent divers préceptes.
Mais il peut y avoir des moments où, malgré ces pratiques,
il reste impossible de devenir bouddha. Tout cela est fonction du temps
et n'est pas fixé de manière immuable. C'est pourquoi le
Grand-maître Zhiyi* écrivit qu'il fallait utiliser la méthode "en fonction
du temps"(réf.).
Il existe
par ailleurs deux périodes où le Sutra
du Lotus se propage : l’époque du Bouddha Shakyamuni
et la fin du Dharma. L’ascèse également montre deux significations : du vivant de l’Éveillé,
c’était l’unique enseignement
parfait*,
alors que le temps présent, fin du Dharma après l’extinction
[du Bouddha], est le temps où uniquement la doctrine
honmon doit être propagée. Cela fait désormais
plus de deux cents ans que le temps de la propagation de la doctrine
shakumon est révolu. Votre mari
a donné sa vie pour le Sutra du Lotus. Son seul moyen
d'existence était un petit fief qui lui fut confisqué en
raison de sa foi. Cela revenait surement à donner sa vie pour le Sutra du Lotus. Sessen
Doji offrit la sienne rien que pour une demi-stance d'un enseignement
bouddhique et le bodhisattva Yakuo* se brûla les coudes afin d'en faire offrande au Bouddha. Ils étaient tous deux des saints, et ils enduraient
ces austérités avec autant de facilité
que l'eau éteint le feu. Mais votre mari était un simple
mortel, il se trouvait donc à la merci des souffrances, comme du
papier jeté au feu. Aussi recevra-t-il certainement des bienfaits aussi grands que les leurs. Dans un lointain
passé, Shariputra commença
sa pratique des austérités de bodhisattva à l'époque des Derniers
jours du Dharma d'un bouddha nommé Sendara.
Il avait déjà pratiqué pendant soixante kalpa
quand le Démon du sixième
Ciel réalisa avec inquiétude qu'il ne restait plus à
Shariputra que quarante kalpa pour achever sa pratique de bodhisattva. Le démon se déguisa
en brahmane, et supplia de lui
donner un de ses yeux. Shariputra lui donna un oeil, mais, dès lors il perdit toute volonté
de pratiquer et abandonna, tombant de ce fait dans l'enfer avici
pendant d'innombrables kalpas. En apprenant
cela, je me suis réjoui, disant que je m'y attendais depuis longtemps.
Par le passé, Sessen Doji fit le sacrifice de sa vie pour connaître seulement la moitié
d'une stance ; le bodhisattva Jotai renonça à tout ce qu'il possédait ; Zenzai
Doji se jeta dans le flammes ; Gyobo
Bonji arracha un morceau de sa propre peau ; le bodhisattva Yakuo* se brûla le coude ; le bodhisattva Fukyo reçut des coups de bâtons ; Aryasimha fut décapité et le bodhisattva Kanadeva fut tué par un brahmane. Tout cela leur advint parce qu'ils propageaient
le bouddhisme. Si cette fois-ci vous avez l'occasion de donner votre
vie pour le Sutra du Lotus, pourquoi donc le regretter ? Le bodhisattva
Yakuo* brûla son propre corps
pendant mille deux cents ans et devint bouddha. Le roi Suzudan
fit de son propre corps un tapis [pour son maître] pendant mille
ans et renaquit sous la forme du Bouddha Shakyamuni. Le Grand-maître Saicho, fondateur du temple Enrakyu-ji
du Mont Hiei, le premier à
répandre les véritables enseignements du Sutra du Lotus au Japon, commente ce point en ces termes : "Ni maîtres ni disciples
n'ont besoin de persévérer dans la pratique des austérités [vie après vie] pendant d'innombrables kalpas
pour atteindre la bodhéité. Le Sutra du Dharma Merveilleux a le pouvoir de faire atteindre la bodhéité sans changer
d'apparence."(réf.) Ainsi, pour
atteindre la bodhéité,
Shariputra pratiqua les austérités de bodhisattva pendant soixante kalpa,
mais il finit par céder devant les obstacles et retomba dans les
voies des deux véhicules. Même
ceux qui reçurent l'enseignement de Shakyamuni, alors qu'il était
le seizième fils du bouddha Daitsu,
sombrèrent dans le monde des souffrances pendant la durée
de sanzen-jintenngo. Seule l'école Tendai-Hokke énonce clairement
ce principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence."
Dans ce même Hokke Shuku,
il est dit encore : "Ni le maître ni les disciples n'ont besoin
de pratiquer des austérités pendant d'innombrables
kalpas avant d'atteindre la bodhéité.
Grâce au pouvoir du Sutra du Lotus, ils peuvent y parvenir
sans changer d'apparence." Sessen
Doji offrit son corps à un démon pour recevoir un enseignement
composé de huit caractères. N'ayant plus d'huile, le bodhisattva Yakuo* brûla son coude pour
l'offrir au Sutra du Lotus. Dans notre propre pays, le prince
Shotoku s'arracha la peau de la
main pour y copier le Sutra du Lotus et l'empereur Tenji brûla son troisième doigt pour l'offrir au Bouddha Shakyamuni.
Des pratiques aussi austères concernent les saints
et les sages, non les hommes ordinaires. |
|||
Voir également : Yakuo | |||