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traduction de "Dharma Flower" de Ryuei Michael McCormick de l'ordre bouddhiste Nichiren. |
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Glossaire |
Chapitre
II - La roue du devenir (bhavachakra) |
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Il serait plus juste de se référer aux enseignements du Bouddha en tant que Dharma-Enseignement du Bouddha qu'en tant que bouddhisme. Le bouddhisme n'est pas un -isme parce que ce n'est pas une idéologie ou un ensemble d'affirmations dogmatiques que l'on doit accepter avec une foi aveugle. C'est plutôt un mode de vie conçu pour aider les hommes à voir les choses telles qu'elles sont en réalité, sans illusions, projections, paranoïa et fausses prétentions. Ce mode de vie comprend une doctrine et une discipline qui aident les disciples à faire par eux-mêmes l'expérience de la vérité. Au début, il faut accepter certains éléments par la foi, mais à terme, ceux qui essaient de vivre conformément au Dharma du Bouddha en auront la preuve vécue. De ce point de vue, la foi est la confiance que l'on accorde au sain raisonnement du Dharma du Bouddha et à sa propre capacité de le mettre en pratique. A la différence d'un -isme qui exige une croyance aveugle en quelque chose d'impossible à vérifier, le Dharma bouddhique est plutôt une expérience pour voir la vérité par soi-même, grâce à des méthodes qui nous viennent de Shakyamuni. Comme Nichiren l'écrit dans la Prière pour la pluie des trois maîtres du Tripitaka (réf.) :
Dans ce passage, Nichiren nous indique que l'enseignement et la pratique authentiques du bouddhisme doivent satisfaire à trois critères. Ils doivent correspondre aux transcriptions des sermons bouddhiques, ils doivent se conformer à la raison, sans entrer en conflit avec la logique ou la science, et, le plus important, ils doivent être en mesure de nous libérer des souffrances pour une vie plus heureuse. Le bouddhisme est, par essence, le moyen de trouver le bonheur authentique grâce à l'éveil à sa propre authenticité. Se réveiller du cauchemar de la confusion et de la souffrance, et devenir pleinement conscient de la véritable nature de la vie, c'est devenir bouddha, un Éveillé. Le Sutra du Lotus nous enseigne la chance que nous avons tous, tant que nous sommes, de posséder la capacité de nous éveiller. Notre bodhéité potentielle est inhérente à notre nature de bouddha et nous sommes en mesure de nous éveiller au fait que nous ne sommes pas des individus statiques, séparés les uns des autres, au fait que la réalité est par nature interdépendance dynamique, qui fonctionne selon la loi de la cause et de l'effet. En percevant la véritable nature des phénomènes (shoho jisso) nous devenons aptes à vivre sainement, de façon créative et compatissante, dans la sérénité et la clarté. Si donc nous sommes capables d'atteindre la bodhéité, qu'est-ce qui nous empêche de le faire ? Pourquoi la vie semble-t-elle si pleine de souffrances, de confusions, de déceptions et de frustrations ? Notre existence peut ressembler à un parcours sur des montagnes russes, comme si après chaque période d'envol venait nécessairement une phase d'abattement. Dans le meilleur des métiers on peut avoir des patrons ou des collègues difficiles, même la plus réussie des relations humaines connaît ses moments de crise quand ce n'est pas de tragédie. Chaque acquisition peut en faire craindre la perte. La vie peut aussi ressembler à une roue qui tourne de façon extravagante et où la fortune est une loterie voisinant la perte. Cela a été illustré dans un diagramme tibétain connu sous le nom de "roue du devenir" et qui représente toutes les vicissitudes de la vie, depuis les états les plus misérables d'anéantissement et de souffrance jusqu'aux états les plus exaltants de triomphe et de joie. Cette roue illustre également le cycle de causes et d'effets qui nous maintient sur les montagnes russes du bonheur et de la souffrance. Les descriptions suivantes de la roue se rapportent au diagramme qui se trouve au début du livre. Voir : |
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Le mieux est de commencer par le centre de la roue où se pourchassent
le coq, le serpent et le porc. Ces trois symboles représentent
l'avidité, la colère
et l'ignorance. Ce sont les trois
forces qui empoisonnent notre existence et qui nous maintiennent chevillés
à la roue du devenir, rendant impossible une réalisation
de soi durable. Ces trois poisons créent réellement notre
manière erronée de percevoir la vie, en nous aliénant
nous et les autres. Il semble évident que l'avidité, la
colère* et l'ignorance sont des défauts dont nous aimerions
nous passer. Et pourtant, il est vraiment difficile de les éliminer.
On pourrait dire que nous sommes biologiquement programmés pour
chercher à obtenir ce que nous voulons, à rejeter ce que
nous ne voulons pas et à ignorer ce qui nous dérange ou
nous indiffère. A un certain niveau ces instincts sont même
nécessaires pour notre survie et notre bien-être. Aussi,
est-il très difficile d'aller contre nos pulsions naturelles, même
lorsque celles-ci se déguisent ou se pervertissent. En outre, comme
ces trois poisons ne nous laissent aucun répit, nous ne nous rendons
jamais compte de la véritable nature de l'existence et restons
des acteurs passifs de la roue du devenir. Cependant, par la pratique
et la récitation de Namu Myoho Renge Kyo nous pouvons acquérir la distance nécessaire à une
réaction positive, afin de contrôler la direction que prend
notre vie et éventuellement sortir, avec les autres, du cercle
infernal que représente cette roue. L'avidité est un poison, car sous son influence nous réduisons tout chose et toute personne à un objet de consommation. Nous sommes incapables d'apprécier quoi que ce soit dans sa réalité, mais seulement du point de vue de la gratification de nos désirs ou de nos besoins. Ainsi, nous passons à côté de la beauté et de la valeur réelle des choses et des hommes. Même lorsque nous parvenons à obtenir l'objet de nos désirs, peu de temps après nous constatons que soit il nous déçoit soit nous l'avons perdu. En conclusion, l'avidité nous fait rechercher le bonheur à l'extérieur de nous au lieu de le rechercher en nous, là où il peut éventuellement être trouvé. La colère* est le résultat naturel de l'avidité. C'est notre réaction face à ce qui vient faire obstacle à nos désirs. Cependant, comme tous les objets de nos désirs sont susceptibles d'être perdus ou impossibles à obtenir tout de suite, nous passons beaucoup de temps à accumuler de la colère sous forme de ressentiment ou de frustration. Là encore, cela nous empêche d'apprécier la vraie valeur des personnes, des lieux et des objets qui font notre vie, et cela nous conduit à toutes sortes d'hostilités et de paranoïa. La colère* peut également être un poison au sens littéral. Elle provoque souvent un stress qui nous rend plus vulnérables aux maladies. En conclusion, la colère* est l'état d'esprit de celui qui n'a pas compris que la véritable sécurité ne peut venir que de l'intérieur, la sécurité qui transcende nos angoisses devant les agressions extérieures. L'ignorance nous empêche de voir ou de reconnaître la nature impermanente de tout ce qui est. Elle est le voile qui cache les racines de l'avidité et de la colère*, et se trouve à la source de l'une comme de l'autre. L'ignorance nous pousse à croire que nous pouvons obtenir quelque chose sans contrepartie, que nous pouvons nous en sortir par des actes immoraux censés nous assurer une parfaite sécurité, que nous pouvons atteindre la pleine réalisation de soi au milieu d'un tout éphémère, et que notre moi est séparé du monde dans lequel nous vivons. L'ignorance ne voit pas que tout apparaît et disparaît en fonction de facteurs et de circonstances générés par la loi de causalité. En dernière analyse, l'ignorance est la peur devant la non-substantialité et l'insondabilité de la réalité. L'avidité, la colère* et l'ignorance détruisent non seulement nos vies intérieures, mais peuvent aussi se manifester par des actes d'exploitation des autres, de violence et de malhonnêteté. Même si beaucoup de souffrances de la vie sont inévitables, nous créons beaucoup de souffrances inutiles pour nous-mêmes et pour les autres en violant les principes éthiques de base, afin de satisfaire nos désirs. Un coup d'oeil sur n'importe quelle émission d'information, un magazine ou un journal, suffit à nous fournir des exemples sans fin de ces trois poisons. Fournir à cela un antidote est un aspect très important de la récitation de Namu Myoho Renge Kyo . En faisant daimoku, le processus invisible des trois poisons est interrompu et nos pensées se tournent vers le Dharma Merveilleux. Dans un moment de crise, la récitation mantraïque de Namu Myoho Renge Kyo , ou même sa récitation uniquement mentale, est une manière rapide et puissante de nous rappeler que dans nos vies, il y a bien autre chose que les trois poisons. Quand nous ne voyons plus la vraie nature de notre vie, le fait de réciter Namu Myoho Renge Kyo nous permet de constater que l'égoïsme étroit et confus n'a plus de prise sur nous. |
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Examinons maintenant le cercle autour du moyeu. Nous voyons un groupe de personnes dont certaines montent vers des états de vie supérieurs alors que d'autres tombent dans le cercle central, selon qu'elles laissent ou non les trois poisons dominer leur pensées, leurs émotions et leurs actions. En règle générale, nous aimerions tous progresser. Mais que faisons-nous pour cela ? Il ne suffit pas de se débarrasser des trois poisons, même si c'est un bon début. Nous devons également stimuler nos émotions positives et les attitudes saines dans notre relation à nous-mêmes et aux autres. Le bouddhisme enseigne qu'il existe quatre "vertus infinies". Ce sont : l'amour-empathie (maitri, ji), la compassion (karuna, jihi), la joie altruiste (mudita) et l'équanimité (upeksha). On les appelle "vertus infinies" parce qu'en les développant nous prenons le chemin d'un bonheur infini. On les qualifie également de "demeures divines" parce que grâce à elles on se rend digne de renaître dans un "royaume céleste". En d'autres termes, les "vertus infinies" ou les "demeures divines" désignent des qualités que les hommes attribuent généralement à Dieu. Toutes correspondent aux voies par lesquelles les autres religions cherchent l'union avec Dieu. Le Bouddha les a intégrées dans une forme de contemplation pour ceux qui avaient à surmonter des sentiments d'aversion, de haine ou de mépris pour les autres. Ces vertus furent également enseignées à ceux qui croyaient fermement que le but suprême dans la vie était la recherche de l'union avec une déité ou une puissance supérieure, car ils n'étaient pas prêts à entendre l'enseignement sur le bonheur qui venait de leur propre éveil. Pour le Bouddha, ce sont juste des qualités que nous pouvons semer, cultiver et nourrir en nous par la pratique bouddhique. C'est un des aspects possibles de la pratique de daimoku, un chemin qui nous ramène vers le Dharma Merveilleux, source de bonté, compassion, joie et équanimité. La pratique de Namu Myoho Renge Kyo nous permet de greffer le Dharma Merveilleux directement dans notre vie, de telle sorte que nous devenons capables de nous ouvrir aux autres de manière chaleureuse et dépourvue d'égoïsme. Nous nous rendons compte alors que la plus grande "bénédiction" est d'être rempli d'amour et de sérénité dans toutes nos pensées, paroles et actions. A ce sujet, Nichiren écrit à l'un de ses disciples :
L'amour-empathie (maitri) est la plus importante des quatre vertus infinies parce que les trois autres n'en sont que différents aspects. L'amour-empathie est une attitude d'ouverture et d'amitié sans égoïsme envers tous les êtres. Les miséricordieux ne souhaitent rien d'autre que le bonheur et l'absence de souffrance pour tous. Ils n'éprouvent ni colère ni ressentiment. Mais par ailleurs, l'amour-empathie ne repose pas sur l'orgueil et ne doit pas devenir une obsession. Il serait plus juste de parler d'amour inconditionnel qui s'étend sur tous les êtres, qui nous amène à les traiter en amis et à oeuvrer à leur bonheur comme si c'était le nôtre. La compassion (karuna, jihi) est une attitude d'ouverture et de sollicitude à l'égard de ceux qui souffrent. Elle nous arrache à notre auto-complaisance et notre indifférence mais ce n'est ni la pitié ni la condescendance. C'est un aspect de l'amour-empathie, celui qui nous pousse à aider ceux qui souffrent et les encourager à s'aider soi-même. La véritable compassion consiste à se voir dans les autres et oeuvrer avec eux pour améliorer les choses. Elle s'exprime toutes les fois que nous prêtons une oreille attentive ou tendons une main secourable, que nous offrons du temps, de l'argent ou quelque autre bien pour aider ceux qui ont besoin d'aide. La joie altruiste (mudita) est celle qui nous fait partager les bonheurs et les triomphes des autres personnes. C'est l'absence d'envie ou de jalousie. Si l'amour-empathie est un souhait de voir les autres heureux et prospères d'une façon générale, la joie-mudita est ce que nous ressentons quand les autres sont heureux et libérés de la souffrance. La joie-mudita, c'est la reconnaissance que la vie en elle-même est une valeur et que le bonheur augmente réellement lorsqu'il est partagé. L'équanimité (upeksha) est la capacité de garder l'équilibre et l'impartialité dans nos relations quotidiennes avec les autres. Elle ne doit pas être confondue avec l'indifférence ou la froide réserve. C'est plutôt un profond sentiment d'engagement, sans parti pris, qui ne se laisse troubler ni par les triomphes ni par les tragédies de la vie. Celui qui a développé l'équanimité accepte les personnes et les situations pour ce qu'elles sont, puis agit de façon créative afin de susciter des résultats, les meilleurs possibles pour chacun. Parfois l'équanimité réclame simplement de la tolérance, de la compréhension et de la patience. L'équanimité est également un sentiment profond de paix qui ne se laisse troubler ni par les hauts ni par les bas de la vie. Ceux qui ont remplacé les trois poisons par les quatre vertus infinies sont non seulement peu enclins à commettre des actes qui nuisent aux autres, mais deviennent des personnes qui sont reconnues pour leur générosité, leur intégrité et leur sereine confiance en soi. Lorsque le coeur est plein d'amour, de compassion, de joie et d'équanimité, on provoque tout naturellement des changements positifs dans son environnement et auprès de ses proches. La nouvelle attitude peut dans un premier temps s'exprimer par des gestes simples comme de céder sa place dans les transports ou par la manière dont on salue ses collègues ou ses clients. Puis, à mesure que les quatre vertus grandissent, on peut ressentir le désir d'aider par un travail bénévole ou par des dons en argent ou d'autres biens. Une telle ouverture et l'enthousiasme à oeuvrer pour le bien-être de tous est le début de l'Éveil et d'un vrai bonheur, but du Dharma du Bouddha. Au début de la lettre Le riche Sudatta, gosho de la tradition Nichiren, l'auteur écrit :
Nul besoin de croire en un quelconque système
métaphysique de récompenses et punitions pour se rendre
compte qu'une personne qui est dominée par l'avidité, la
colère* et l'ignorance est une personne malheureuse. Ses actions,
ses relations avec les autres et son environnement seront l'inévitable
reflet de la frustration, de l'animosité et de la confusion que
signent les trois poisons. Cela étant, le Bouddha a enseigné que la
vie s'étend au-delà d'une unique naissance et mort. En s'appuyant
sur son profond Éveil au processus de la vie/mort
ainsi que sur la loi de causalité, le Bouddha a compris que ce
que nous sommes et ce à quoi nous sommes confrontés dans
cette existence, est lié aux actions commises dans nos vies précédentes.
Tout comme ce que nous deviendrons dans nos existences futures dépend
de ce que nous faisons dans le présent. En d'autres termes, chaque
pensée, chaque parole et chaque action a le pouvoir de créer
notre destinée dans cette existence et celles à venir. |
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Dans la vision que le Bouddha
a du monde et du processus universel des renaissances gouvernées
par la loi de causalité ou karma, nos actions et nos prises de
position ne nous qualifient pas toujours pour une renaissance en tant
qu'êtres humains. En d'autres termes, le fait d'être né
en tant qu'être humain fait déjà partie de l'enjeu.
Si nous cédons régulièrement aux trois poisons et
vivons de façon inhumaine, nous renaîtrons dans un état
non-humain. Et à l'inverse, ceux qui vont au-delà de la
morale quotidienne et cultivent avec succès les quatre Demeures
divines auront la possibilité d'accéder à une existence
future plus céleste et raffinée. Les différents Mondes-états
(y compris celui de l'humanité) par lesquels transitent les êtres
vivants, conformément à la loi de causalité, sont
appelés les "six Mondes-états" ou les Six chemins
de transmigration. Ils sont représentés sur le cercle suivant
de la roue du devenir. |
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Avant d'entrer dans le détail de ces six Mondes, il faut préciser qu'il ne convient pas de prendre cet enseignement au sens littéral. Ce ne sont pas des descriptions d'êtres réels ou d'endroits localisables, mais des métaphores pour des états d'esprit et des façons de voir et d'interagir avec le monde en fonction de ses habitudes, de ses tendances et de ses préjugés. En fait, selon le bouddhisme, il est plus important d'apprendre à contrôler notre vie actuelle et nous diriger vers des états humains et merveilleux plutôt que de spéculer sur l'après-mort. L'image des six Mondes nous aide dans l'effort que nous faisons pour prendre conscience de la façon dont ces états se manifestent à chaque instant. Nichiren souligne souvent ce point. Voici un passage particulièrement explicite dans le gosho traditionnellement intitulé Enfer et bodhéité :
Cela étant précisé, examinons chacun
des six Mondes-états afin de savoir les reconnaître. Voilà les Mondes-états que tout le monde peut expérimenter à tout moment dans la vie quotidienne. Chaque état succède rapidement ou lentement à un autre, plusieurs fois par jour. Dans l'un de ses Traités majeurs, le Kanjin no honzon sho (Traité sur l'observation du coeur), Nichiren remarque :
Chaque état d'esprit renferme en soi tous les autres. Ils ne s'excluent pas mutuellement : le désespoir, l'avidité, l'instinctivité, la raison, l'orgueil et la béatitude témoignent d'une certaine condition sous-jacente aux autres, et tous ces états peuvent évoluer de l'un à l'autre. Par exemple, si nous rationalisons une pulsion irréfléchie destinée à satisfaire un désir, tout en maintenant notre sens moral, nous mélangeons les mondes des humains, des animaux, des esprits affamés et des démons combattants. Ou bien, si un toxicomane touche le fond et qu'il s'ensuit une conversion religieuse, il démontre à quel point les mondes des esprits affamés, de l'enfer et de l'état céleste sont proches et découlent l'un de l'autre. Et ce ne sont là que deux des innombrables combinaisons possibles. Chacun de nous, cependant, s'ancre dans la vie en laissant prédominer habituellement un ou deux de ces mondes-états. L'un des premiers buts de la récitation de Namu Myoho Renge Kyo est d'élever notre esprit jusqu'à la clarté et la stabilité relative du monde des humains, de sorte que le véritable cheminement vers l'éveil puisse commencer. Selon le Bouddha, le tourbillon des quatre mondes inférieurs nous pousse à croire que la souffrance est inévitable et aggrave les trois poisons qui nous tirent vers le bas. De même, le monde céleste peut trop facilement mener à la satisfaction et nous faire penser que la souffrance ne nous concerne pas. Notre tâche ultime est de nous libérer de la roue du devenir. Mais cela est extrêmement difficile à réaliser si l'on se prélasse dans le luxe ou si l'on est accablé par la tragédie. Prenons, par exemple, le cas d'un homme dont le toit fuit. Lorsqu'il pleut, l'homme se plaint que les conditions sont trop mauvaises pour entreprendre des réparations et qu’il doit supporter la souffrance d'un toit percé. Quand le soleil luit, l'homme proclame que le jour est trop merveilleux pour s'inquiéter d'un toit délabré. Alors qu’il devrait réparer son toit dès la première occasion et cesser de se chercher des excuses, qu’un temps couvert devrait le dissuader de partir pique-niquer et plutôt lui rappeler la pluie à venir afin de le motiver à réparer sa maison, il n’en est absolument rien. De la même façon, l'état d'humanité présente une tension égale entre le bonheur et la souffrance. C'est pourquoi cet état est le plus favorable à la recherche de la délivrance (gedatsu). Tous ceux qui sont dominés par les six Mondes-états ont en commun la recherche du bonheur en dehors d'eux-mêmes. Même ceux qui ont élevé leur conscience en cultivant les quatre Vertus infinies en dehors du Dharma bouddhique échouent à en découvrir la véritable source. Ils ne réalisent pas que la source des vertus et du bonheur est le Dharma Merveilleux qui doit être développé dans leur vie à partir de leur nature de bouddha. Du Ciel le plus élevé jusqu'à l'enfer le plus profond, tous les êtres sont capables de s'éveiller à la vraie nature de la réalité. C'est la fonction du bodhisattva présent dans chacun des six Mondes de la roue du devenir. Il représente le potentiel qu'il appartient à chacun de développer, tout ce qui vit possédant la nature de bouddha. Ces bodhisattvas représentent également la présence du Bouddha dans les six Mondes-états. Ils manifestent les intentions du Bouddha de mener tous les êtres à la bodhéité par la propagation du Véhicule unique explicité dans le Sutra du Lotus. Un gosho de la tradition nichirenienne dit :
Cela ne signifie pas que nous soyons possédés
ou que Shakyamuni parle par notre bouche. L'esprit du Bouddha éternel
pénètre en toute chose et éclaire la foi. Si bien
que celle-ci confirme l'enseignement du Lotus afin que tous les êtres
puissent atteindre la bodhéité. |
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Les
Trois Obstacles et Quatre Démons |
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Par analogie avec notre conscience primaire qui, en se développant, ouvre nos sens et nous pousse à entrer en contact avec les objets matériels, il serait logique de penser que s'il existe des instances spirituelles supérieures susceptibles de nous toucher directement, la condition psychologique de leur activation est l'existence en nous d'une fonction inconsciente par laquelle ces instances peuvent se réaliser. En outre, les circonstances et les événements extérieurs semblent mystérieusement correspondre aux nécessités de notre vie intérieure, nous fournissant les catalyseurs nécessaires pour faciliter notre développement en tant qu'êtres humains. C.G. Jung appelle "synchronicité" ces coïncidences significatives. Mais quel que soit le nom ou l'explication de ces forces internes ou externes, elles sont un facteur important dans la vie de beaucoup de gens, particulièrement chez des personnes sensibles ou attentives à ces phénomènes. Les dieux, démons et autres entités surnaturelles des six Mondes sont là pour nous rappeler que nos vies sont régies par bien autre chose que nos décisions conscientes ou le caractère aléatoire des événements extérieurs. Nichiren cite souvent Zhiyi (538-597), le fondateur chinois de l'école bouddhiste Tiantai, à propos d'obstacles extérieurs et intérieurs auxquels il faut se confronter dès que l'on commence à suivre la Voie bouddhique. Le passage suivant en est un bon exemple :
Nichiren a également parlé de bienfaits et de transformations positives qu'apporte la récitation de Namu Myoho Renge Kyo , à propos des différents êtres des six Mondes-états, tels que les bouddhas, les bodhisattvas et les disciples libérés de la roue du devenir. De son point de vue, faire appel au Dharma Merveilleux en récitant Namu Myoho Renge Kyo n'est pas uniquement une contemplation individuelle et une transformation intérieure. C'est, en fait, un processus cosmique qui invoque la nature de bouddha universelle et grâce auquel nous découvrons notre unité avec tout ce qui vit, en nous libérant de l'intérêt mesquin pour nous-mêmes et en dévoilant le chemin caché vers la bodhéité. Un passage de gosho inspiré de la tradition nichirenienne dit :
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