Ryuei Michael McCormick Chapitre III - La Roue du Dharma |
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"La Roue du Dharma" (ou "roue de la Loi") désigne dans le bouddhisme l'enseignement que le Bouddha a exposé pour libérer tous les êtres vivants des effets de la souffrance. Dans son premier sermon, le Bouddha a enseigné la Voie moyenne et les Quatre nobles vérités. Il a prêché cet enseignement aux cinq ascètes, qui avaient été ses anciens compagnons, lors de sa propre phase d'austérités. Ceux-ci sont devenus ses cinq premiers disciples, acceptant son enseignement et prenant refuge dans les Trois trésors. La Voie moyenne et les Quatre nobles vérités sont la base des enseignements de tous les bouddhas. Toutes les écoles bouddhiques attestent de leur validité et de leur importance. Les Trois trésors sont : le Bouddha, le Dharma et le Sangha - celui qui enseigne, l'enseignement lui-même et la communauté qui confirme et suit cet enseignement. Dès les débuts du bouddhisme, la prise de refuge dans les Trois trésors était la manière d'exprimer l'engagement sincère d'une personne à suivre le Dharma bouddhique. Les Trois trésors sont ce qui fonde les écoles bouddhiques et les différencie entre elles. Ce chapitre explique la signification et l'importance de la Voie moyenne, des Quatre nobles vérités et des Trois trésors en tant qu'enseignements de base de Shakyamuni et tels qu'ils sont compris et pratiqués dans le contexte du Sutra du Lotus Le Bouddha a commencé son premier sermon par l'exposé de la Voie moyenne, équilibre entre l'auto-complaisance et le renoncement. L'idéal de la Voie moyenne est une vie d'harmonie et d'équilibre, sans une trop excessive indulgence à l'égard de soi. Pour vivre en accord avec la Voie moyenne, le Bouddha a enseigné qu'on devait suivre "l'Octuple noble chemin" qui est en même temps la quatrième noble vérité, exposée tout de suite après la Voie moyenne. L'Octuple noble chemin se rapporte à un mode de vie où chaque pensée, chaque parole et chaque action est "juste" et en accord avec le moment vécu. La Voie moyenne est une manière de vivre et d'agir de façon authentique et non pas imposée. Elle tient compte de toute la dynamique d'une situation donnée, afin d'apporter un maximum de bienfaits à tous ceux qui sont impliqués dans cette situation. Le disciple de la Voie moyenne évite le fanatisme, le fondamentalisme ou le légalisme et agit avec perspicacité et compassion véritables en toutes circonstances. De cette façon, chaque aspect de la vie devient une expression de la liberté et du désintéressement, dans un juste milieu. Les Quatre nobles vérités Après avoir enseigné la Voie moyenne, le Bouddha a exposé
les Quatre nobles
vérités. Ce sont : La vérité de la souffrance est que la vie est incapable de nous offrir ni une plénitude permanente ni la sécurité. La souffrance peut sembler évidente aux uns ou d'un pessimisme excessif à d'autres, selon leur tempérament. Cependant, la vérité de la douleur n'est ni évidence ni pessimisme. Le mot pali dukkha, traduit par "souffrance", aurait pu l'être par "angoisse" ou "insatisfaction". Il s'applique à un très large spectre de sentiments, allant de la simple vulnérabilité et du mal-être à la douleur de la mort. Ce n'est pas une condamnation globale de la vie, mais la constatation critique d'un malaise et d'une instabilité générale. Peu de personnes peuvent déclarer que la vie est pleinement heureuse et exempte d'ennuis, de douleurs et de déceptions. La formule de Thoreau (réf.), "vie du désespoir tranquille", s'appliquerait probablement à la plupart des personnes. La majorité, cependant, admet très rarement qu'il en est vraiment ainsi. Beaucoup s'estiment carrément grugés, dépossédés du bonheur et de la sécurité que la vie était censée leur offrir. Ces personnes ne tiennent aucun compte du fait que jamais la vie ne leur avait promis de telles garanties. Afin d'aider les gens à surmonter de telles prétentions naïves et encourager ceux qui se sont découragés et aigris, la vérité de la souffrance enseigne à reconnaître les faits avec courage et à ouvrir grand les yeux. Une fois que nous avons intégré cette première vérité, nous pouvons trouver le bonheur, étant libérés de l'illusion que le bonheur nous est dû. Le simple fait de réciter Namu Myoho Renge Kyo est en soi une expression de cette vérité. "Namu" signifie "je consacre ma vie" ou "je prends refuge dans", et exprime la nécessité de prendre refuge et de se consacrer de tout cœur au Dharma Merveilleux de la Fleur de lotus. Si la vie était parfaite, nous n'éprouverions certainement pas le besoin de prendre refuge et de nous consacrer à la vérité ultime exprimée par Namu Myoho Renge Kyo. Exprimer un tel besoin, c'est reconnaître la première noble vérité. Le Bouddha a ensuite exposé les causes et les conditions qui provoquent la douleur et le mal-être, ce qui est la deuxième noble vérité. Celle-ci enseigne que les souffrances prennent leur origine dans le désir insatiable de bonheur. Cet intense désir provient de l'attente irréaliste que la vie peut être une source de bonheur permanent, illusion éliminée par la première noble vérité. Ce désir dévorant va parfois jusqu'à transformer le processus pénible de la vie en un insidieux activisme et en anxiété, même dans les meilleures circonstances. Et si les circonstances sont mauvaises, il peut transformer la vie en un cycle continu d'agonies et de douleurs insupportables. Ainsi, lorsque les circonstances extérieures peuvent provoquer des vécus douloureux ou tragiques, c'est le désir dévorant intérieur qui transforme la simple douleur en atroce souffrance. Ce désir insatiable peut même souiller les circonstances favorables par des exigences incessantes et une vision du monde étriquée. Tout cela ne nie ni ne déprécie le vécu de ceux qui éprouvent de l'affliction, ou bien sont exploités ou encore sont confrontés aux tragédies, mais souligne le fait que, lorsque dans des circonstances pénibles on laisse le désir faire naître des émotions douloureuses, on tombe réellement sous la domination de ce désir. On devient ainsi facilement la proie de l'avidité, de la colère* et de l'ignorance qui sont des réactions naturelles à la souffrance. La deuxième noble vérité introduit l'idée de la "production conditionnée" qui enseigne que "s'il y a ceci, il y a cela". Rien, pas même la souffrance, n'existe en soi, échappant à la loi de causalité. Cependant, si la souffrance provient de causes, il existe alors la possibilité de transformer la situation, en créant d'autres causes et conditions. Pour le Bouddha, la production conditionnée, c'est le Dharma même. Dans le bouddhisme mahayana, la production conditionnée est synonyme de la "vacuité", car nulle part dans l'univers on ne peut déceler quoi que ce soit de substantiel, d'indépendant, de permanent. Toutefois, il ne s'agit nullement d'un morne vide nihiliste. C'est plutôt un "illimité merveilleux et mystérieux" qui permet aux choses d'être ce qu'elles sont, en toute liberté. Malheureusement, cet univers qui surgit de façon conditionnée permet aussi des interactions et des développements qui sont perçus comme n'étant pas du tout merveilleux, car souvent les êtres sensitifs ne peuvent croire au fonctionnement subtil de l'ultime réalité. Ils "s'accrochent" alors à ce qui ne peut pas être saisi et créent des résultats déplaisants. "Myoho" dans le Daimoku signifie "Dharma Merveilleux" ou "Loi merveilleuse". Ce Dharma est en lui-même la non-substantialité de l'univers dont la nature est la production conditionnée et dont nous ne sommes qu'un élément. La récitation du Titre active les fonctionnalités subtiles de ce Dharma, fortifie la confiance qu'on lui porte et permet de reconnaître la deuxième noble vérité, selon laquelle, en dernière analyse, les souffrances n'ont pas de prise sur nous lorsque nous en identifions les causes et œuvrons à les changer. Dans un passage du gosho de la tradition nichirenienne Conversation entre le Sage et l'Ignorant, nous trouvons une présentation très parlante de ces deux premières nobles vérités. Dans ce texte, la souffrance des six mondes-états et le fonctionnement des trois poisons qui nous y maintiennent prisonniers sont décrits du point de vue d'un homme qui a commencé à rechercher le Dharma pour se libérer de la souffrance.
En ce qui concerne la troisième noble vérité, le Bouddha enseigne la possibilité de nous libérer de la souffrance et des désirs aliénants. C'est la noble vérité de la cessation de la souffrance. Si la souffrance est conditionnée, elle n'est pas fatale et peut être évitée. Cette possibilité de délivrance du cercle vicieux de la souffrance est le véritable sens du terme "nirvana". Le nirvana ne se réfère pas à quelque domaine métaphysique de béatitude. Sa signification première est "extinction", celle des flammes dévorantes des désirs incessants qui nous maintiennent enchaînés à une vision du monde autocentrée, ce qui conduit inévitablement au cycle des naissances/morts (samsara). Lorsque l'autocentrisme est dépassé, on se rend compte que la délivrance ne peut pas être une tâche individuelle. C'est une réalité partagée à laquelle participent tous les êtres sensitifs, sans distinction entre soi et les autres. En fin de compte, c'est la compréhension vécue que les dualités telles que passion/éveil, samsara/nirvana sont des dichotomies erronées que transcende l'Éveil bouddhique. "Renge", la fleur de lotus, est le symbole du déploiement de l'Éveil au milieu de la vie quotidienne. La fleur de lotus tire sa nourriture de l'eau boueuse et s'épanouit, pure et sans tache, au dessus de cette eau. De la même manière, la bodhéité se révèle dans nos vies ordinaires et transforme nos passions et notre ignorance en pureté et clarté de l'Éveil. En fin de compte, c'est notre désir dévorant avec ce qu'il provoque de souffrances qui nous pousse à rechercher quelque chose de mieux et, dès qu'on le voit avec l'œil de bouddha, c'est le monde phénoménal qui se révèle être la Terre pure de tranquillité. De plus, tout comme coexistent dans le lotus les fleurs et les graines, la bodhéité est en même temps la graine et le fruit de notre pratique. Si la nature de bouddha n'existait pas de façon intrinsèque, en tant que possibilité toujours présente d'Éveil, est-ce que quiconque essayerait de l'atteindre ? La bodhéité ne serait-elle pas plutôt la prise de conscience de ce qui a toujours été présent ? Alors que Myoho, le Dharma Merveilleux, est à la base d'une compréhension correcte des causes de l'angoisse, Renge, la fleur de lotus, est le symbole des implications positives de cette Loi, de la cessation de la souffrance et de l'atteinte de la bodhéité. La fleur de lotus révèle le sens le plus profond et le plus riche de la troisième noble vérité, et c'est ce qui motive notre pratique de daimoku. L'Octuple noble chemin Comment vivre alors la Voie moyenne
de sorte à mettre un terme aux désirs dévorants
? Le Bouddha revient à nouveau vers l'Octuple chemin qui est
la quatrième noble vérité. Comme nous l'avons déjà
dit, suivre l'Octuple chemin, c'est vivre en accord avec la Voie moyenne.
L'Octuple chemin se compose de : - la vue juste (samma
ditthi) Le terme habituellement traduit par "juste" pourrait l'être également par "parfait", "complet" ou "accompli". Ainsi, chaque segment de cet Octuple chemin indique une facette d'une personne qui doit se réaliser pleinement. Le terme "juste" ne doit en aucun cas être pris au sens moral ou conforme à quelque schéma religieux. Il n'est pas difficile de remarquer qu'une tradition, qui offre la possibilité d'avoir une vie pleinement accomplie, est une tradition valable. C'est là un critère tout à fait pragmatique et universel pour n'importe quelle religion ou pratique, et qui évite le dogmatisme et les spéculations non fondées. Voyons maintenant la spécificité de chaque segment du chemin. - La vue juste. C'est la complète compréhension de la
vie, telle qu'elle a été révélée
par les Quatre nobles vérités. Les Quatre nobles vérités et l'Octuple noble chemin se potentialisent réciproquement. La possibilité de délivrance est annoncée par les Quatre nobles vérités et la mise en pratique dans la vie est concrètement indiquée par l'Octuple noble chemin. La vue juste est en adéquation avec les Quatre nobles vérités. Une vie consacrée à cette appréhension du monde est une vie fondée sur un système de valeurs très différent des partis pris habituels de notre vie ordinaire. Les autres sept segments de l'Octuple chemin sont, d'une certaine manière, des corollaires de la vue juste. A partir du moment où l'on accepte les Quatre nobles vérités, cela n'a plus de sens de continuer à vivre de façon à violer l'Octuple noble chemin. Tous les sutras et commentaires sont, en fait, des exégèses du noble Octuple chemin, car leur seul but est d'amener les gens à la vue juste et de leur montrer comment vivre en accord avec les Quatre nobles vérités. L'Octuple noble chemin peut également être présenté sous l'angle du "triple entraînement" : les préceptes, la méditation et la sagesse. Aux préceptes correspond l'éthique de la parole juste, de l'action juste et du mode de vie juste. Ce sont, en fait, les cinq préceptes qui sont à la base de l'éthique bouddhiste et qui sont : ne pas tuer, ne pas voler, s'abstenir d'inconduite sexuelle, ne pas mentir, ne pas user d'intoxicants. A la méditation correspond le développement de l'esprit : l'effort juste et la concentration juste. Et à la sagesse correspond l'acquisition de la vue et de la pensée justes. Le Bouddha a enseigné qu'il était possible de se libérer des liens de l'avidité dévorante et de l'ignorance et de parvenir au nirvana lorsque les préceptes, la méditation et la sagesse sont développés conjointement. La pratique de l'Octuple chemin peut être très exigeante. Car, en fin de compte, c'est une description du comportement "d'Éveillé". Mais comme peu d'entre nous le sont, c'est une expérience très difficile à vivre. On pourrait même dire que pour devenir Éveillé, il faut être éveillé. Le Sutra du Lotus enseigne cependant que tout le monde peut non seulement suivre pleinement l'Octuple chemin, mais aussi parvenir à la bodhéité. Il faut pour cela maintenir notre confiance dans l'enseignement du Véhicule unique qui conduit à la bodhéité toute l'humanité. Au lieu d'essayer de contrôler méticuleusement chaque pensée, chaque parole et chaque action, afin de les rendre conformes à l'Octuple chemin, il suffit de mettre de côté nos doutes sur nos capacités ainsi que nos récriminations et faire daimoku dans le laisser advenir et dans la joie. Par daimoku, nous établissons un vrai contact avec l'essence de l'Octuple chemin, qui est le déploiement de la vie du Bouddha dans nos vies à tous. A mesure que croissent la vertu, la sérénité et la lucidité dont l'épanouissement est rendu possible par daimoku, nous réalisons graduellement et naturellement l'Octuple chemin. "Kyo" ou sutra représente non seulement le Sutra du Lotus, mais tous les sutras du Bouddha dont la vue et la pratiques justes sont contenues dans Namu Myoho Renge Kyo. Lorsque nous récitons daimoku, nous devons expérimenter que Namu Myoho Renge Kyo est la graine et le fruit de tous les enseignements, que Namu Myoho Renge Kyo exprime l'esprit qui a donné naissance à tous les autres enseignements et à toutes les autres pratiques et auquel tous les enseignements et toutes les pratiques conduisent. Dans un gosho de la tradition nichirenienne, intitulé L'Exil d'Izu, la solution du problème de la souffrance et la voie qui y conduit sont décrites du point de vue du Sutra du Lotus, l'enseignement le plus élevé du Bouddha. Ce gosho enseigne que l'Éveil bouddhique est à notre portée en tant que médicament du Sutra du Lotus. En voici deux extraits :
Une fois que le Bouddha eut fini d'enseigner les Quatre nobles vérités, le plus âgé de ses cinq ex-compagnons ascètes se leva et déclara que le Bouddha avait effectivement découvert le Dharma. Les autres ascètes confirmèrent que le Bouddha avait trouvé et enseigné la Vérité qui mène à la délivrance. Ils devinrent les premiers bhiksus (moines errants) de la communauté bouddhique (Sangha), en prenant refuge dans les Trois trésors que sont justement le Bouddha, le Dharma, le Sangha. A partir de ce moment, le Dharma cessa d'être l'affaire d'un seul homme, mais devint une tradition vivante qui permet à tous les êtres de réaliser leur bodhéité potentielle. L'idée même de prendre refuge est une façon de reconnaître que notre vie ordinaire, telle qu'elle est habituellement perçue, est pleine d'angoisses, d'insatisfactions et parfois de pure souffrance. Nous cherchons à découvrir si la vie peut nous donner quelque réponse dans notre quête du bonheur ou du bien-être. Nous pouvons même nous demander si la vie a un sens ; ou alors baisser les bras, persuadés que la vie est juste un accident fait de gesticulations absurdes dans le vide et de bribes d'interactions cruelles. C'est alors que nous pouvons commencer notre quête sincère de la signification des choses. Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Que signifie finalement tout ce qui se passe ? Certains d'entre nous ont la chance de rencontrer les Trois trésors : le Bouddha, le Dharma et le Sangha. Dans le Bouddha, nous découvrons qu'une personne peut s'éveiller au sens de la vie. Par son exemple, Shakyamuni montre qu'il est possible de résoudre ce genre de doutes permanents, d'une façon qui ne nécessite ni foi aveugle ni soumission à des rites incompréhensibles, à des cérémonies, des dogmes et des institutions, ce qui reviendrait à se trouver confronté à une autre facette du même problème. Le Bouddha Shakyamuni nous fournit un archétype de sagesse et de compassion humaine. En prenant refuge en lui, nous prenons refuge dans la possibilité de notre propre Éveil. Pour ceux d'entre nous qui s'appuient sur Namu Myoho Renge Kyo, cela nous rappelle que le Bouddha Atemporel Shakyamuni n'est ni une entité venue d'un autre monde, ni un idéal abstrait, ni un maître depuis longtemps décédé. Il est plutôt l'esprit d'Éveil qui ne cesse de nous guider vers la bodhéité. Dans le Dharma, nous trouvons un enseignement qui nous permet d’éliminer les illusions et les obstacles karmiques qui nous empêchent de nous éveiller. Le Dharma est une intuition, hors du temps et de l'espace, de l'Ultime réalité de tout ce qui existe. Cette vision éveillée est au-delà des mots et des phrases, mais en même temps elle n'a pas de consistance en dehors de ceux-ci. Par les mots et les phrases des sutras, nous affirmons en quelque sorte que l'Ultime réalité est ce qui nous pousse à réfléchir à la vraie nature de notre vie. Cela nous permet de voir les enseignements en dehors de l'espace-temps et à trouver de plus en plus de joie dans le Dharma. Ceux d'entre nous qui récitent Namu Myoho Renge Kyo se nourrissent de tous les sutras tout autant que de l'insondable Vrai Dharma. Cela est possible, car nous sommes capables de nous réjouir de l'intention véritable de tous les sutras et de nous appuyer directement sur l'inexprimable Dharma à travers le daimoku. Dans le Sangha, nous rejoignons une communauté qui aide et encourage toute vie dévouée à la Voie. Le sangha local est également une communauté de base qui nous permet d'atteindre le Sangha de tous les êtres. Sans le Sangha, nous serions comme une plante privée de ses racines qui meurt rapidement. Nous sommes tout aussi vulnérables sans le support d'une communauté de camarades de pratique. Le chemin d'une personne réellement compatissante est celui d'un engagement auprès de ses compagnons de route. Certes, il n'y a pas de sangha parfait et, bien évidemment, il y a un temps pour la solitude et la réflexion, mais il reste toujours la nécessité de garder un contact avec les autres dans notre pratique et nos préoccupations. Le Sangha bouddhique ne se limite pas aux moines et aux nonnes, bien que beaucoup le pensent à tort. D'après Shakyamuni, le Sangha est fait de tous ceux qui ont commencé à pratiquer le Dharma du Bouddha, qu'ils soient religieux ou laïcs. La communauté religieuse est un cadre institutionnel qui maintient la tradition et procure un environnement où le Dharma peut être pratiqué sans qu'on soit distrait par la famille ou le travail. La communauté laïque réalise le Dharma en l'appliquant à la vie quotidienne et en soutenant la communauté monastique. Dans le bouddhisme Mahayana, le Sangha se compose de ceux qui recherchent la bodhéité pour eux-mêmes afin d'en faire bénéficier les autres. Ce sont des bodhisattvas, peu importe qu'ils soient religieux ou laïcs. Dans le Sutra du Lotus, d'innombrables bodhisattvas surgissent de la Terre et déclarent qu'ils sont les disciples fondamentaux du Bouddha Shakyamuni depuis le passé sans commencement. Ces bodhisattvas de la Terre sont, en fait, les pratiquants du Sutra du Lotus des temps actuels. Nous sommes les disciples primordiaux du Bouddha parce que notre lien avec la bodhéité n'a ni commencement ni fin. Notre transformation de la vie quotidienne, enracinée dans le Dharma Merveilleux, est une "émergence de dessous la terre". Notre adhésion à la communauté des bodhisattvas de la Terre se fait à partir du moment où nous commençons à pratiquer le Sutra du Lotus par la récitation de Namu Myoho Renge Kyo. Le daimoku est comme un mot de passe qui nous ouvre l'entrée du Sangha des disciples primordiaux du Bouddha éternel. Nichiren a souvent souligné l'importance de la gratitude à l'égard de tous ceux qui nous ont rendu possible la vie - les parents, les autres êtres, les maîtres et les dirigeants du pays (qui, à l'époque de Nichiren, représentent l'équilibre entre la nature et les règles édictées par les lois). Par dessus tout, Nichiren était reconnaissant à l'égard des Trois trésors. Car eux seuls, en œuvrant à notre Éveil, permettent de payer notre dette de reconnaissance à l'égard de tous ceux qui nous offrent la chance d'être en vie. Nichiren estimait tellement la gratitude à l'égard de ces quatre groupes qu'il l'évoquait souvent dans ses lettres et traités. Voici comment il parle de l'importance des trois trésors, dans le gosho de la tradition nichirenienne intitulé Les quatre sortes de reconnaissance (réf.) :
Ce passage décrit clairement la profondeur de la foi et la gratitude de Nichiren envers les Trois trésors. Le Bouddha est l'esprit de bodhi toujours à l'œuvre dans nos vies. Le Dharma est le reflet de notre capacité à comprendre et pratiquer la Vérité, et le Sangha est le reflet de notre capacité à partager le Dharma et à créer une communauté paisible et aimante. La prise de refuge dans les Trois trésors nous pousse à accomplir le Triple entraînement des préceptes, de la méditation et de la sagesse et à réaliser en nous les Quatre nobles vérités. Nichiren nous incite à réciter Namu Myoho Renge Kyo afin de centrer nos cœurs et nos esprits sur le Dharma Merveilleux. Daimoku est le Dharma Merveilleux et, en tant que tel, il est la vraie nature des Quatre nobles vérités, le véritable esprit de l'Octuple noble chemin et la source authentique des Trois trésors. |
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