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Extraits de gosho sur |
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Les pères
fondateurs du Shingon |
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Même
les lettrés des Six Écoles du bouddhisme ancien
qui étudiaient des enseignements du Mahayana
comme du Hinayana, tels que les
sutras Kegon*,
Hannya*,
Jimmitsu*
et Agama*
considéraient le Sutra du Lotus comme l'enseignement suprême.
C'était vrai pour les lettrés des écoles Tendai
et Shingon et encore plus vrai
pour les laïcs sans connaissance approfondie du bouddhisme. Le sage répondit
: "Au début, j'ai accordé ma confiance au bouddha Vairocana*,
et souhaité pratiquer assidument l'enseignement de l'école
bouddhique du Shingon ésotérique.
Mais, lorsque j'ai étudié les principes essentiels de cette
école, j'ai découvert qu'ils s'appuyaient sur des conceptions
qui constituent, en réalité, une offense au Dharma ! Le
Grand-maître du Mont Koya [Kukai*],
dont vous avez parlé, est un maître qui vécut sous
le règne de l'empereur Saga.
L'empereur lui confia officiellement pour tâche d'apprécier
et d'expliquer la valeur relative des divers enseignements bouddhiques
(note). Pour lui obéir, il produisit un ouvrage
en dix volumes intitulé Jujushin
Ron. Parce que cet ouvrage est si vaste et exhaustif, il en fit
une version abrégée en trois volumes qu'il intitula Hizo
Hoyaku. Il y décrit dix étapes dans l'évolution de
l'esprit, de la première étape, "l'esprit d'un homme
bas, apparenté aux chèvres par ses désirs"(note),
jusqu'au dernier stade, "l'esprit glorieux, le plus secret et sacré"(note).
Il range le Sutra du Lotus dans la huitième étape,
le Sutra Kegon*
dans la neuvième, et les enseignements du Shingon
[du Sutra Vairocana*] dans la
dixième. Ainsi, il considère même le Sutra du
Lotus inférieur au Sutra
Kegon*,
et le classe deux rangs plus bas que le Sutra
Vairocana*. Dans son
ouvrage, il écrit : "Chacun des véhicules enseignés
proclame qu'il est le véhicule conduisant à la bodhéité,
mais, lorsqu'on les envisage du point de vue d'un stade plus avancé (note),
tous ne semblent plus que théories puériles." Il définit
également le Sutra du Lotus comme un ouvrage composé
de "mots sauvages et de phrases fleuries", et dénigre
le Bouddha Shakyamuni en le disant égaré au stade de l'obscurité.
Prenez le temps de réfléchir et écoutez bien ce que
je dis ! Dans les cinq ou sept mille volumes de sutra représentant
la totalité des enseignements exposés par le Bouddha de
son vivant, ou dans les trois mille volumes ou plus des écrits confucéens et taoïstes,
trouve-t-on, où que ce soit, un passage établissant clairement
que le Sutra du Lotus est une "théorie puérile"
ou qu'il se place deux rangs en dessous du Sutra
Vairocana*, en étant
également inférieur au Sutra
Kegon*,
ou que le Bouddha Shakyamuni est égaré dans le domaine de
l'obscurité et n'est pas même digne de conduire les boeufs
du bouddha Vairocana* ? Et, même si l'on trouvait un passage de ce genre, il faudrait l'examiner
avec le plus grand soin ! [...] Kukai*
de l'école Shingon,
dans ses écrits affirme que le Sutra du Lotus est inférieur
même au Sutra Kegon*,
et le classe deux rangs en dessous du Sutra
Vairocana*, le qualifiant
de "théorie puérile". Et Shokaku-bo,
de la même école, déclare que le Sutra du Lotus
n'est même pas digne d'être le porteur de sandales du Sutra
Vairocana*, que le Bouddha
Shakyamuni ne mérite même pas de garder les vaches du bouddha
Vairocana. Les Maîtres
de doctrine*
surpassent les simples maîtres et les sutras du Mahayana
définitif*
est supérieur aux sutras
du Mahayana provisoire*.
Par conséquent le Sutra
Vairocana* de l'école Shingon
ne peut pas égaler le Sutra
Kegon*,
et moins encore le Sutra du
Nirvana et le Sutra
du Lotus. Pourtant, lorsque le savant maître Shubhakarasimha*
évalua les qualités relatives des sutras Kegon*,
du Lotus, Vairocana*,
etc., il avança une interprétation erronée en disant
que, d'un point de vue théorique, tous ces sutras sont de même
valeur, mais que, d'un point de vue pratique, le Sutra
Vairocana* est
supérieur aux autres. Depuis lors, les tenants de cette école
n'ont cessé de prétendre avec arrogance que le Sutra
du Lotus ne soutient pas la comparaison avec le Sutra
Kegon*,
et moins encore avec les sutras de
l'école Shingon ou que, parce qu'il ne contient ni mudra
ni mantra
dharani*,
le Sutra du Lotus n'est même pas comparable au Sutra
Vairocana*.
Ou ils soulignent le fait que de nombreux maîtres et patriarches
de l'école Tendai ont
reconnu la supériorité de l'école Shingon,
et que c'est une opinion généralement admise que l'école
Shingonest supérieure aux
autres. Comme
il est regrettable que les successeurs de Zhiyi
aient permis à ces voleurs que sont les fondateurs des
écoles Kegon et Shingon
de s'emparer du joyau sans prix d'ichinen
sanzen pour ensuite, avec tant d'inconscience, épouser
leurs doctrines ! Le Grand-maître* Ennin*,
déclara : "Même si l'on appelle les sutras
Kegon*
et divers autres "ésotériques", ils n'exposent
pas la totalité de l'enseignement
secret*
du Tathagata ; c'est pourquoi
ils sont différents des enseignements du Shingon". (réf.) Le Grand-maître* Enchin*,
déclara : "Comparés au Sutra
Vairocana*, le Sutra
Kegon*
et les sutras du Lotus sont des théories puériles."(réf.)
Et Kukai*,
le Grand-maître* Kukai*,
fit remarquer : "Chaque véhicule proposé se proclame
le véhicule véritable, mais lorsqu'on les considère
d'un point de vue plus large, on voit bien qu'ils ne sont que théories
puériles."(réf.) Quand Kukai*,
fondateur de l'école Shingon
au Japon, ainsi que Ennin*
et Enchin*,
se rendirent en Chine [sous la dynastie Tang], Huiguo
et Faxian leur léguèrent
les principes erronés d'abord défendus par Shubhakarasimha*,
Vajrabodhi*
et Amoghavajra*.
(...) De retour au Japon, ils propagèrent le Sutra du Lotus
et les enseignements Shingon en
s'efforçant de masquer l'éclat de la pleine lune [le Sutra
du Lotus], le Véhicule suprême
qui surpasse tous les autres sutras du passé et de l'avenir, pour
faire briller une faible lueur de lucioles, les deux
mandalas du Shingon. Pis encore,
ils ont dénigré le Sutra du Lotus en prétendant
que sa doctrine était puérile et que le bouddha du Sutra
du Lotus était encore dans l'obscurité. Le moine Shubhakarasimha*
fut pendant un certain temps roi d'Udyana
en Inde. Il renonça à son trône, devint moine, et
au cours de sa pratique bouddhique visita plus de cinquante régions
de l'Inde, jusqu'à maîtriser tous les enseignements
ésotériques et exotériques
du bouddhisme. Plus tard il s'en alla en Chine, et devint le précepteur
de l'empereur Xuan-Zong. Tous
les moines du Shingon, tant en
Chine qu'au Japon, sont depuis devenus ses disciples. En dépit
d'une vie si noble, il mourut subitement, tourmenté par Yama,
le roi des enfers, sans que personne ne sache pourquoi. Dans la 14e
année de l'ère Konin, le 19e jour du 1er mois, le
Grand-maître Kukai*
produisit donc un document accordant à l'enseignement du Shingonla
première place, au Sutra
Kegon*
la deuxième, et au Sutra du Lotus la troisième.
Il écrivit aussi que le Sutra du Lotus était fondé
sur une théorie puérile, que le Bouddha Shakyamuni n'avait
pas dépassé le stade de l'obscurité
et que les tenants de l'école Tendai
étaient des voleurs. À une
époque plus récente, au Japon, il y eut des hommes
tels que Kukai*,
Ennin*
et Enchin*qui
observaient les préceptes avec la même rigueur que les moines
susnommés et dont la sagesse n'était en rien inférieure
à la leur. Mais parce qu'ils affirmaient : "l'enseignement
Shingon du Sutra
Vairocana* vient en
premier et le Sutra du Lotus n'occupe que le deuxième
ou troisième rang", s'il y a dans ce que j'affirme la moindre
parcelle de vérité, ils doivent se trouver eux aussi maintenant
dans la grande citadelle de l'enfer avici. Question
: Kukai*
est originaire de l’île de Shiko. Il fut disciple
du maître Gonso,
un savant et un moine du temple Iwabuchi, dans la préfecture
de Nara. Kukai
acquit une connaissance approfondie de six
écoles, dont Sanron et
Hosso. En mai 804, Kukai,
conformément aux ordres de l’empereur Kammu,
partit en Chine (note)
puis, selon les instructions de l’empereur Junso, il entra au temple
Qing-lung où il étudia les enseignements du Shingon
auprès de Maître Huiguo.
On dit que Maître Huiguo était le moine
de la septième génération après le bouddha
Vairocana*.(note)
Bien que les moines aient changé, les enseignements du Shingonont
été transmis de génération en génération
comme on verse de l’eau d’un récipient dans une autre.
Bien que le récipient soit différent, l’eau qui a
été transmise de Vairocana
à Vajrasattva, Nagabodhi,
Vajrabodhi*,
Amoghavajra*,
Maître Huiguo et à Kukai
est la même. Après avoir terminé ses études
avec Huiguo, Kukai
traversa la vaste étendue d’eaux et retourna au Japon. Par
la suite, Kukai
enseigna les enseignements de l’école Shingon
à trois empereurs, Heijo,
Saga, et Junna. Le 19 janvier 823, Kukai
reçut l’autorisation de l’Empereur de bâtir le
temple To-ji, à Kyoto, et il
commença alors à diffuser les enseignements du Shingon
autour de la région du Kansai, puis au Japon central, dans
les îles de Tsukushi
[Kyushu], Shikoku, Iki et Tsushima,
et finalement, à travers tout le pays. On peut dire que ceux qui
ont fait le pèlerinage dans toutes les parties du Japon, en sonnant
une cloche sur un poteau de l’école Shingon,
étaient tous, sans exception, des disciples de Kukai.
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