Lorsque
l'on veut largement propager les enseignements bouddhiques et apporter
le salut à tous les êtres humains, il faut d'abord prendre
en considération l'enseignement, les capacités des gens,
le temps, le pays, et l'ordre de propagation. Je vais dire ici pourquoi.
Du point de vue du temps, il y a les époques du Dharma
correct, du Dharma formel et des
Derniers jours du Dharma, et, du
point de vue de l'enseignement, il y a les doctrines du Hinayana
et celles du Mahayana. Quant aux
méthodes à adopter, il y a shoju
et il y a shakubuku.
C'est une erreur de pratiquer shakubuku
à une époque où c'est shoju
qui convient ; et il est non moins erroné de pratiquer shoju
quand le moment est venu de faire shakubuku.
La première chose à déterminer, par conséquent,
c'est si, à l'époque actuelle, c'est la méthode de
shoju
ou de shakubuku
qui convient.
Il faut pratiquer shoju
quand, dans un pays, le Sutra du Lotus est le seul enseignement
bouddhique à avoir été propagé, et quand on
n'y trouve pas un seul maître exposant des doctrines erronées.
A une époque pareille, il est loisible de se retirer dans une forêt
en montagne, de pratiquer la méditation sur les dharmas,
ou de poursuivre les cinq, six
ou dix pratiques. Mais l'époque
de shakubuku
est une époque bien différente. C'est un temps où
l'on voit surgir, ici et là, comme autant d'orchidées ou
de chrysanthèmes, de très nombreux sutra et traités ; un temps où les diverses écoles sont renommées et
réunissent des adeptes nombreux, où le vrai et le faux se
côtoient, et où Mahayana
et Hinayana polémiquent
pour prouver leur propre supériorité. En pareille époque,
il faut mettre de côté toute autre préoccupation et
consacrer toute son énergie à réfuter l'opposition
au Dharma. C'est la pratique de shakubuku.
Si, parce que l'on ne parvient
pas à comprendre ce principe, on pratique shoju
ou shakubuku
au moment qui ne convient pas, non seulement on sera incapable d'atteindre
la bodhéité, mais on tombera dans les mauvaises
voies. Ce fait est clairement établi dans le Sutra du Lotus
et le Sutra du Nirvana,
et se trouve nettement affirmé dans les commentaires de Zhiyi
et de Zhanlan. Il s'agit là
d'un principe important de la pratique bouddhique.
Nous pourrions comparer ces deux sortes de pratique aux deux sortes de
mesures, civiles et militaires, prises pour gouverner une nation. Il est
un temps où les mesures militaires doivent avoir la priorité,
et un temps où ce sont les mesures civiles qui s'imposent. Quand
le monde est en paix et que le calme prévaut dans le pays, ce sont
d'abord les arts qu'il faut cultiver. Mais quand les tribus barbares de
l'Est, de l'Ouest, du Nord et du Sud, enflammées par la convoitise*,
se soulèvent comme des frelons, alors la priorité revient
aux mesures militaires. Il en va de même des méthodes de
shoju
et de shakubuku.
Quand seul le Vrai Dharma est propagé et qu'il n'y a ni doctrines
erronées ni mauvais maîtres, on peut s'installer dans une
vallée profonde et vivre, dans le calme et le contentement, en
consacrant son temps à réciter et à copier le Sutra
et à pratiquer la méditation. Cela revient à prendre
le pinceau et la pierre à encre quand le monde est en paix. Mais
quand il y a, dans le pays, des écoles fondées sur des enseignements
provisoires, ou des gens qui s'opposent au Dharma, alors, il est temps
de mettre tout le reste de côté et de s'employer à
réfuter les oppositions au Dharma. C'est comme prendre les armes
sur le champ de bataille.
Voilà pourquoi le Grand-maître
Guanding*,
dans son commentaire sur le Sutra
du Nirvana, déclare : "Jadis, l'époque était
paisible et le Dharma facile à propager dans tout le pays. A l'époque,
il convenait d'observer les préceptes et de ne pas porter de bâton.
Mais, maintenant, l'époque est dangereuse et le Dharma obscurci.
Il convient donc de porter un bâton et de ne pas observer les préceptes.
Si le passé, comme le présent, avait été une
époque dangereuse, il aurait convenu aussi de porter des bâtons.
Et si le présent, comme le passé, était une époque
paisible, il conviendrait dans ces deux périodes d'observer les
préceptes. Il faut distinguer entre les méthodes de shoju
et de shakubuku,
et ne jamais utiliser exclusivement l'une ou l'autre."(réf.)
Le sens de ce passage est on ne peut plus clair.
Par le passé, le monde
était honnête, les gens étaient droits, et il n'y
avait ni enseignements ni principes erronés. Il était donc
possible de se comporter dignement, de poursuivre sa pratique religieuse
paisiblement et amicalement. On n'avait nul besoin de s'emparer d'un bâton
et de réprimander les autres, aucune occasion d'attaquer des enseignements
erronés.
Mais l'époque actuelle est une époque souillée. Parce
que l'esprit des gens est faussé et retors, et parce que l'on ne
trouve partout qu'enseignements
provisoires et offenses au Dharma, le Véritable Dharma ne peut
pas prévaloir. A des époques comme celle-là, il est
inutile de pratiquer la lecture, la récitation et la copie [du
Sutra du Lotus], ou de se consacrer aux méthodes ou aux
pratiques de méditation. Il faudrait seulement pratiquer shakubuku,
et si l'on en a la capacité, se servir de son influence et de son
autorité pour éliminer l'opposition au Dharma, et de sa
connaissance des enseignements pour réfuter les principes erronés.
Comme nous l'avons vu, il est dit qu'il faut distinguer entre les méthodes
de shoju
et de shakubuku,
et ne jamais utiliser exclusivement l'une ou l'autre (réf.).
Par conséquent, nous devons observer le monde d'aujourd'hui et
nous demander si nous vivons dans un pays où seul le Vrai Dharma
prévaut, ou dans un pays où les doctrines erronées
sont florissantes.
Conversation
entre un sage et un ignorant (1265
( ? ) à un samouraï ( ? )
Les uns disent,
en critiquant Nichiren : "Sans tenir compte des capacités
des gens [de notre époque], il entreprend de convertir de manière
brutale, voilà pourquoi il rencontre des persécutions."
Les autres disent : "Les pratiques de shakubuku
(note) exposées dans le chapitre
Kanji*
(XIII) sont des pratiques pour des bodhisattvas parvenus à
une étape très élevée.
[Pour les autres] il faudrait pratiquer la méthode de shoju (note)
(note)
exposée dans le chapitre Anrakugyo*
(XIV), mais Nichiren fait le contraire." Certains disent
: "Dans mon coeur, je sais bien, moi aussi, que le Sutra du Lotus
est suprême, mais je ne le crie pas à tous vents." D'autres
encore disent : "Il ne prête attention qu'à la doctrine
[sans rien dire de l'observation du coeur (note)]."
La lettre de Teradomari
(Teradomari,
le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)
Les vingt-quatre
successeurs furent tous envoyés par le Bouddha, qui avait prédit
leur venue. Parmi eux, le quinzième, le bodhisattva Kanadeva,
fut tué par un brahmane et le vingt-quatrième, Aryasimha,
fut décapité par le roi Dammira.
Buddhamitra et le bodhisattva
Nagarjuna furent en butte, eux
aussi, à de nombreuses persécutions, alors que d'autres,
protégés par des rois dévots, purent propager le
bouddhisme sans être inquiétés. Cela semblerait indiquer
qu'il existe à la fois de bons et de mauvais pays de par le monde
et que, de ce fait, il y a deux manières de propager le Dharma
: shoju et shakubuku.
Même en Inde, pays d'origine du bouddhisme, il y eut des persécutions
aux périodes des Jours du Dharma
correct et du Dharma formel.
L'Allègement
de la Rétribution Karmique
(Teramadori,
octobre 1271, à
Ota Saemon, Soya Nyudo et Kimbara Hokkyo)
Il est dit
dans le Maka Shikan : "Il y a deux méthodes pour propager
l'enseignement du Bouddha. La première est appelée shoju
et la seconde shakubuku.
Quand le chapitre Anrakugyo*
(XIV) dit qu'il ne faut pas parler des qualités ou
des défauts d'autrui, cela désigne la méthode de
shoju. Mais quand
on lit dans le Sutra du Nirvana : "Portez des sabres et des bâtons et coupez-leur la tête
! ", cela désigne la méthode de shakubuku.
Ces méthodes différent parce que l'une est indulgente et
l'autre sévère, mais toutes deux amènent des bienfaits."
Dans le Guketsu, Zhanlan
commente ce passage ainsi : "A propos des deux méthodes de
propagation de l'enseignement du Bouddha, il est écrit dans le
Sutra du Nirvana : "Portez des sabres et des bâtons" et dans le troisième
volume il est dit que les défenseurs du Dharma correct n'ont pas
besoin d'observer les Cinq préceptes
ou de respecter les règles de la conduite correcte... Et plus loin,
il y est relaté que le roi Sen'yo
mit à mort ceux qui s'opposaient au Dharma. On lit encore : "Le
nouveau médecin, [sachant que le médicament que les gens
avaient utilisé était du poison] leur interdit de le prendre
en disant : "Quiconque prendra encore de ce médicament, sera
décapité."
(note) Tous ces passages décrivent
la méthode de shakubuku,
face à ceux qui s'opposent au Dharma. Aucun sutra ou traité
ne s'écarte de l'une ou l'autre de ces méthodes."
Zhiyi
écrit dans le Hokke Mongu* : "Question : Il est clairement dit dans le Sutra
du Nirvana qu'il faut soutenir le roi, lui obéir en portant
arc et flèches pour l'aider à vaincre les personnes mauvaises.
Et pourtant le chapitre Anrakugyo*
(XIV) conseille de rester à l'écart des personnes
au pouvoir et de se comporter avec humilité et bienveillance. Il
semble y avoir une contradiction majeure entre la sévérité
de l'une de ces attitudes et la douceur de l'autre. Comment expliquer
une telle différence ?
Réponse : Le Sutra
du Nirvana décrit principalement la méthode de
shakubuku. Mais
il mentionne aussi l'état dans lequel on considère [tous
les êtres vivants] comme ses propres enfants. Pourrait-on affirmer
alors qu'il n'utilise pas la méthode de shoju
? Le Sutra du Lotus se préoccupe essentiellement d'exposer
la méthode de shoju.
Mais on trouve aussi [dans le chapitre Darani*
(XXVI), la malédictionselon laquelle]
quiconque offense le Dharma aura la tête
brisée en sept morceaux. N'est-ce pas une description de la
méthode de shakubuku
? Il faut étudier l'une et l'autre et utiliser celle qui convient
au temps."
Dans un commentaire du Sutra
du Nirvana, [Guanding*écrit] : "Si des moines ou des laïcs ont le désir
de protéger le Dharma, le plus important pour eux est d'adopter
l'attitude d'esprit qui convient. Ils ne devraient pas se préoccuper
de détails superficiels, mais adhérer fidèlement
aux principes, et de cette façon propager les enseignements du
Sutra du Nirvana.
Il y est dit, par conséquent, que les défenseurs du Dharma
correct n'ont pas besoin de se plier à dés règles
tatillonnes. Et c'est pourquoi il y est dit qu'ils ont pas besoin de respecter
les règles de la conduite correcte. Jadis, l'époque était
paisible et le Dharma facile à propager dans le pays entier. A
l'époque, il convenait d'observer les cinq
préceptes et de ne pas porter de bâtons. Mais maintenant,
l'époque est dangereuse et le Dharma obscurci. Il convient donc
de porter des bâtons et de ne pas observer les Cinq préceptes.
Cela vaut pour le passé comme pour le présent. Si l'époque
est dangereuse, il convient de porter des bâtons. Et, au présent
comme par le passé, si l'époque est paisible, il convient
d'observer les Cinq préceptes. Il faut déterminer celle
des méthodes [de shoju
ou de shakubuku]
qui convient et ne jamais adhérer exclusivement à l'une
ou l'autre."
Les moines savants de notre époque trouvent probablement les doutes
que vous formulez tout à fait justifiés. De sorte que, malgré
tous mes efforts pour convaincre mes propres disciples, ils ne semblent
pas avoir encore surmonté leurs doutes. Ils se comportent comme
des icchantika. J'ai donc cité
ces explications de Zhiyi, Zhanlan
et d'autres afin de faire taire leurs critiques non fondées.
Ces deux méthodes de propagation du Dharma, shoju
et shakubuku,
sont comme l'eau et le feu. Le feu fuit l'eau, l'eau exècre le
feu. Le partisan de shoju
se moque des partisans de shakubuku.
Le partisan de shakubuku
se décourage en pensant à shoju.
Quand le pays est seulement empli d'ignorants ou de personnes mauvaises,
c'est la méthode de shoju
qui doit prévaloir, comme il est dit dans le chapitre Anrakugyo*
(XIV). Mais à une époque où abondent
les personnes aux vues erronées et ceux qui s'opposent au Dharma,
c'est shakubuku
qui s'impose, comme il est dit dans le chapitre Fukyo*
(XX). Cela revient à se servir d'eau
froide quand il fait chaud, ou de feu quand il fait froid. Les plantes
et les arbres qui aiment le soleil, souffrent du froid, au clair de lune.
Les eaux aiment la lune ; dans la chaleur, elles perdent leur substance
[et s'évaporent].
A l'époque des Derniers jours du Dharma, il faut utiliser les deux
méthodes de shoju
et de shakubuku.
Car il y a deux sortes de pays, ceux qui sont mauvais de manière
passive et ceux qui cherchent activement à détruire le Dharma.
Il faut déterminer à quelle catégorie appartient
le Japon actuel.
Question
: Si l'on applique la méthode de shakubuku
à une époque où c'est la méthode de shoju
qui convient, ou shoju
alors que c'est shakubuku
qu'il faudrait employer, obtiendra-t-on un bienfait quelconque ?
Réponse : On lit
dans le Sutra du Nirvana
: "Le bodhisattva Kasho
s'adressa au Bouddha et lui demandai : "Le
Corps du Dharma*
que vous possédez est aussi indestructible qu'un diamant. Mais
je ne comprends toujours pas comment vous l'avez acquis. Pourriez-vous
me le dire ? "
"Le Bouddha répondit : "Kasho,
c'est parce que j'ai protégé le Dharma correct que j'ai
pu obtenir ce corps semblable à un diamant, éternel et indestructible.
"Hommes de foi sincère, ceux qui protègent le Dharma
correct n'ont pas besoin d'observer les Cinq
préceptes ou d'obéir aux règles de conduite correcte.
Ils doivent plutôt porter poignards et sabres, arcs et flèches.
"Certains moines enseignent
le Dharma de diverses manières, mais ils ne sont pas capables de
pousser le rugissement du lion" et de réfuter les personnes
mauvaises qui dénigrent le Dharma. Les moines de ce genre ne peuvent
rien pour leur propre bien ni pour celui des autres hommes. Il faut savoir
qu'ils sont en réalité des fainéants et des paresseux.
Même s'ils observent rigoureusement les préceptes et se comportent
de manière irréprochable, vous devez comprendre qu'ils sont
incapables [de protéger le Dharma].
"Puis, à d'autres époques, certains transgressent les
préceptes. A peine ont-ils fini d'écouter le moine qui enseigne
le Dharma qu'ils deviennent furieux et l'attaquent. Celui qui enseigne
le Dharma de cette manière, même si pour cela il doit finalement
perdre la vie, est encore digne d'être considéré comme
une personne qui observe les préceptes et obtient des bienfaits pour lui-même et pour les autres."
[Dans le passage cité
plus tôt], Guanding*
dit : "Il faut déterminer celle des deux méthodes
de shoju
et de shakubuku
qui convient et ne jamais adhérer exclusivement à l'une
ou à l'autre."(réf.)
Et, [comme nous l'avons vu], Zhiyi
a déclaré qu'il fallait utiliser la méthode "qui
convient au temps". Sinon, c'est comme repiquer du riz à la
fin de l'automne. Quel que soit le mal que l'on se donne à cultiver
son champ, on ne récoltera pas le moindre grain de riz. Pendant
l'ère Kennin [1201-1204], deux
hommes apparurent, Honen et Dainichi,
qui propagèrent respectivement les enseignements des écoles
Nembutsu et Zen.
Honen [déniant toute valeur
au Sutra du Lotus], déclara : "Depuis que le
monde est entré dans la période des Derniers jours du Dharma,
pas une seule personne n'a pu atteindre la bodhéité [grâce
à ce sutra]"(réf.) et "Pas une personne sur mille [ne peut atteindre l'Éveil
grâce à ces enseignements]". (réf.)
Dainichi prétendit pour
sa part que la véritable transmission des enseignements [du bouddhisme]
s'était effectuée en dehors des sutras. Ces deux doctrines
se sont maintenant répandues dans tout le pays. Les maîtres
des écoles Tendai et Shingon
flattent les tenants du Nembutsu
et du Zen ou les redoutent comme un
chien agite la queue devant son maître ou comme une souris a peur
d'un chat. Ils entrent au service de l'empereur et du shogun
et exposent des enseignements qui causent la destruction du Dharma bouddhique
et la ruine du pays. Ces maîtres des écoles Tendai
et Shingon tomberont dans l'état
d'avidité en cette vie-ci, et connaîtront l'enfer avici dans les vies suivantes.
Même s'ils se retirent dans des forêts de montagne et méditent
intensément sur le principe d'ichinen
sanzen, ou même s'ils vont vivre en un lieu isolé
pour se consacrer aux trois mystères
du corps, de la bouche et de l'esprit, s'ils ne comprennent pas l'époque
ou la capacité des gens et ne perçoivent pas quelle est
celle des deux méthodes, de shoju
ou de shakubuku,
qui convient, ils ne pourront jamais se libérer des souffrances
de la naissance et de la mort.
Question : Quand vous vous
attaquez aux adeptes du Nembutsu
et du Zen et vous en faites des ennemis,
quel profit en tirez-vous ? Réponse
: Dans le Sutra du Nirvana,
il est dit : "Si un bon moine voit quelqu'un s'opposer au Dharma
et n'en tient pas compte, ne lui en fait pas reproche, ne le chasse ni
ne le punit pour son offense, ce moine est un ennemi du Dharma bouddhique.
Mais s'il le chasse, le réprimande avec vigueur ou le punit, alors
il est mon disciple et comprend véritablement mes enseignements."
Guanding*
commente cela ainsi : "Ceux qui détruisent le Dharma bouddhique
ou l'obscurcissent sont des ennemis du Dharma. Si [sachant qu'une personne
s'oppose au Dharma] on reste amical à son égard, sans avoir
la bienveillance de la corriger, on est en fait son ennemi. Mais celui
qui la réprimande et la corrige comprend et défend le Dharma,
en véritable disciple du Bouddha. Il libère de son erreur
la personne qui offense le Dharma et agit ainsi comme un parent à
son égard. Réprimander l'offense le Dharma, c'est être
disciple du Bouddha. Mais ne pas chasser ceux qui l'offensent, c'est être
ennemi du Dharma bouddhique."
[...] Dans le Guketsu,
Zhanlan commente ce passage ainsi
: "A propos des deux méthodes de propagation
de l'enseignement du Bouddha, il est écrit dans le Sutra
du Nirvana : "Portez des sabres et des bâtons"
et dans le troisième volume il est dit que les défenseurs
du Dharma correct n'ont pas besoin d'observer les Cinq
préceptes ou de respecter les règles de la conduite
correcte..
Traité pour
ouvrir les yeux (Sado,
février 1272 à Shijo Kingo)
Le bouddhisme
doit se propager selon les méthodes de shoju
ou de shakubuku,
en fonction du temps. Elles sont comparable à l'emploi de l'écriture
ou à celui des armes dans le domaine profane. Les bodhisattvas
du passé pratiquèrent le Dharma qui convenait à leur
époque. Sessen Doji fit don de son propre corps lorsqu'on lui promit
en échange de lui enseigner le Dharma. Et le prince Sattva
offrit sa chair et son sang pour accomplir la pratique de bodhisattva.
Mais pourquoi sacrifier sa vie à une époque où cela
n'est pas nécessaire ? La Lettre de Sado
(Sado, 20 mars 1272,
à Toki
Jonin)
Comme l'a
déclaré le Grand-maître Guanding*
: "Il faut distinguer entre les méthodes
[de shoju et shakubuku]
et ne jamais utiliser exclusivement l'une ou l'autre."(réf.)
La pratique qu'il faut accomplir pour maîtriser le Dharma correct
et pour atteindre la bodhéité est fonction du temps. S'il
n'y avait pas de papier au Japon, il faudrait s'arracher la peau. Si le
Sutra du Lotus n'avait pas encore été introduit
dans ce pays, et si la seule personne à le connaître était
un démon, il faudrait lui sacrifier son corps. Si nulle part il
n'y avait d'huile, il faudrait brûler ses propres coudes. Mais à
quoi servirait de s'arracher la peau lorsque l'on trouve en abondance
dans le pays du très bon papier ? Lettre à Nichimyo
Shonin (Ichinosawa,
Sado, le 25 mai 1272 à Nichimyo)
Sachez bien
ceci : à l'époque de la propagation
shakubuku, les quatre
bodhisattvas apparaissent sous la forme de rois sages qui réfutent
et convertissent les mauvais rois ; et à l'époque de la
propagation shoju,
ils apparaissent sous la forme de moines qui protègent et propagent
le bouddhisme orthodoxe.
Le véritable
objet de vénération (Sado,
avril 1273 à Toki Jonin)
"La pratique
du Sutra du Lotus est shakubuku,
la réfutation des enseignements
provisoires."(réf.)
Selon ces paroles d'or, les tenants de toutes les écoles basées
sur les enseignements provisoires
pourront en définitive être vaincus et rallier les disciples
du roi du Dharma. Le temps viendra où tous les hommes, y compris
ceux des mondes des auditeurs,
de pratyekabuddha et de bodhisattva,
prendront le chemin de la bodhéité,
et le Dharma Merveilleux seul prospérera à travers tout
le pays.
[...] Quiconque
pratique le bouddhisme doit avant tout comprendre qu'il existe deux types
de propagation - shoju
et shakubuku.
Chaque sutra ou traité doit être pratiqué de l'une
ou l'autre de ces deux manières. Bien que les érudits de
ce pays aient parfois étudié le bouddhisme très en
détail, ils ne savent pas quelle propagation convient au temps.
[...]
Quand il est temps de propager
l'enseignement suprême, les enseignements
provisoires deviennent des ennemis. S'ils sont sources de confusion,
ils doivent être systématiquement réfutés du
point de vue de l'enseignement correct. Parmi les deux formes de propagation,
il s'agit-là de shakubuku,
la pratique du Sutra du Lotus. C'est à juste titre que
Zhiyi déclara : "La propagation
du Sutra du Lotus est shakubuku,
la réfutation des enseignements
provisoires."(réf.)
Les quatre pratiques aisées
du chapitre Anrakugyo*
(XIV) sont shoju.
Les suivre à notre époque serait aussi absurde que de semer
des graines en hiver en espérant moissonner au printemps.
[...] Le véritable
Maître, le Bouddha Shakyamuni, pratiqua shakubuku
pendant les huit dernières années de sa vie, le Grand-maître
Zhiyi pendant plus de trente ans,
et le Grand-maître Saicho
pendant plus de vingt ans. Nichiren réfute les enseignements
provisoires depuis plus
La Pratique telle
que le Bouddha l'Enseigne (mai
1273 à
plusieurs de ses disciples)
Zhiyi
dit qu'il faut utiliser l'une ou l'autre méthode "en fonction
du temps." Et Guanding*
dit : "Il faut savoir choisir entre les méthodes de
shoju et de shakubuku
et ne pas utiliser exclusivement l'une ou l'autre." Ces commentaires
indiquent que, à certains moments, si l'on suscite l'opposition
en exposant l'enseignement du Bouddha, il faut s'abstenir de propager
pendant un certain temps. A d'autres moments, même si les gens s'opposent,
il faut enseigner quand même. A certaines époques, même
si quelques personnes ont la capacité de croire dans le Dharma
du Bouddha, comme [il est probable que] dix mille autres s'y opposeront,
il est préférable de ne pas l'enseigner. A d'autres époques,
même si dix mille personnes s'y opposent ensemble, il faut l'enseigner
quand même.
Le choix en fonction
du temps (Minobu,
10 juin 1275 ; adressé à Yui)
Par le passé,
Sessen Doji fit le sacrifice
de sa vie pour connaître seulement la moitié d'une stance ; le bodhisattva Jotai renonça
à tout ce qu'il possédait ; Zenzai
Doji se jeta dans le flammes ; Gyobo
Bonji arracha un morceau de sa propre peau ; le bodhisattva Yakuo
se brûla le coude ; le bodhisattva Fukyo
reçut des coups de bâtons ; Aryasimha
fut décapité et le bodhisattva Kanadeva
fut tué par un brahmane. Tout cela leur advint parce qu'ils propageaient
le bouddhisme.
Ces événements doivent être compris en fonction de
l'époque et des circonstances dans lesquelles ils se produisirent.
Zhiyi a écrit que la pratique
doit "être en accord avec l'époque."(réf.)
Son disciple Guanding*
interpréta cela en disant : "Vous devriez choisir judicieusement
entre les méthodes de shoju
et de shakubuku
selon l'époque et ne jamais adhérer exclusivement à
l'une ou à l'autre."(réf.)
Le Sutra du Lotus exprime une vérité unique, mais
sa pratique et sa propagation varie selon les dispositions des hommes
et l'époque.
Sur le comportement
du Bouddha (Minobu,
1276, à Konichi-ama)
De plus, il
existe des différences selon les époques, celles du Dharma
correct, du Dharma formel et des Derniers jours du Dharma ; et il y a
encore une différence si l'on pratique shoju
ou shakubuku.
Il faut également conserver en mémoire l'expression employée
par Zhiyi "[aussi insolite qu']
un tigre sur la place du marché"(réf.).
Dorénavant, ne tenez plus de débats à Shimosa. Après
avoir vaincu Ryosho-bo et Shi'nen-bo, si vous débattez de nouveau
avec d'autres, cela ne pourra qu'amoindrir l'effet des victoires déjà
remportées.
Le troisième
enseignement (Minobu,
1er jour du 10e mois de 1277, à Toki Jonin)
[Zhiyi
déclare : ] "La pratique du Sutra du Lotus est shakubuku,
la réfutation des enseignements
provisoires."(réf.)
Le Sutra du Lotus est, en vérité, de tous les enseignements
le plus profond et le plus ésotérique.
La persécution
par le sabre et le bâton (Minobu,
20 avril 1279 à Nanjo Tokimitsu)
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