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Extraits de gosho sur

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Ryokan

"Il y a, en particulier, ce moine éminent, Ryokan, du temple Gokuraku-ji. Chacun, du souverain jusqu'au plus humble de ses sujets, l'admire comme un bouddha vivant, et, en observant sa conduite, on voit bien qu'il est digne de sa réputation. Il a organisé des activités de bienfaisance à Ijima-no-tsu, collecté du riz à la barrière de Mutsura (note), et utilisé ces fonds pour faire construire des routes dans diverses provinces. Il a établi des péages sur sept routes principales (note), prélevé une taxe sur quiconque passait par là, et s'est servi de cet argent pour faire construire des ponts au-dessus de plusieurs rivières. Des actions aussi bienveillantes font de lui l'égal du Bouddha, et ses bonnes actions surpassent celles des sages du passé. Si vous voulez rapidement vous libérer des souffrances de la vie et de la mort, vous devriez observer les cinq préceptes et les deux cent cinquante préceptes. Cultivez votre bienveillance à l'égard des autres, interdisez-vous de tuer tout être vivant, et, comme l'éminent moine Ryokan, entreprenez la construction de routes et de ponts. C'est le plus élevé de tous les enseignements. Etes-vous prêt à y adhérer  ?" L'ignorant joignit les mains avec encore plus de ferveur et dit : "En vérité, c'est mon grand souhait d'y adhérer  ! Je vous en prie, expliquez-moi plus en détail. Vous parlez des cinq préceptes et des deux cent cinquante préceptes, mais j'ignore en quoi ils consistent. Accepteriez-vous de me les énumérer précisément ?
[...] L'ignorant répondit : "Il y peu de temps, un moine éminent est venu me rendre visite et m'a enseigné les cinq préceptes et les deux cent cinquante préceptes. En vérité je suis profondément impressionné par ses enseignements et les trouve tout à fait admirables. Je sais bien qu'il ne m'est pas possible d'égaler l'illustre révérend Ryokan, mais j'ai décidé de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à la réparation des routes en mauvais état et à la construction de ponts au-dessus des rivières trop profondes pour être traversées à gué.
Conversation entre un sage et un ignorant (1265 ? à un samouraï ? )

Ces "moines qui se font passer pour des sages et utilisent leur position pour regrouper autour d'eux toutes les autres personnes mauvaises" où, dans le Japon d'aujourd'hui, faut-il les rechercher  ? Au Mont Hiei  ? Au temple Onjo-ji  ? Au temple To-ji de Kyoto  ? Dans les temples de Nara  ? Au temple Kennin-ji de Kyoto, ou aux temples Jufuku-ji et Kencho-ji de Kamakura  ? Il faut sérieusement se le demander. Ces mots se réfèrent-ils aux moines d'Enryaku-ji [du Mont Hiei] qui portent heaume et armure  ? Désignent-ils les moines du Onjo-ji qui ont consacré leur corps au Dharma et qui pourtant portent des cottes de mailles et des armes  ? Mais ces hommes ne ressemblent pas aux moines vivant dans la forêt "vêtus de haillons et vivant retirés" qui sont décrits dans le Sutra, pas plus qu'ils ne semblent appartenir à la catégorie de ceux qui sont "respectés et révérés par le monde comme des arhats dotés des six pouvoirs mystiques." Ils ne ressemblent pas aux hommes du troisième groupe qui, comme disait Zhanlan*, "sont, de tous, les plus difficile à démasquer". Il se pourrait donc que ces mots désignent des hommes tels que Shoichi de Kyoto et Ryokan de Kamakura. [Même s'ils sont ainsi dénoncés, ] il ne sert à rien de haïr les autres. Lorsque l'on a des yeux, il faut comparer sa propre conduite avec ce qui est écrit dans les sutras.
Par le passé, vers la fin des Jours du Dharma formel, Gomyo, Shuen et d'autres moines présentèrent des pétitions au gouvernement dans lesquelles ils calomniaient le Grand-maître* Saicho*. Maintenant, au début des Derniers jours du Dharma, Ryokan, Nen'a et d'autres ont établi de faux documents qu'ils ont présenté au shogunat. Ne sont-ils donc pas le troisième groupe d'ennemis du Sutra du Lotus ?
Traité pour ouvrir les yeux2 (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Moi, Nichiren, je ne suis pas un sage mais le Roi-Démon du sixième Ciel a néanmoins tenté de s'emparer de moi. Parce que, depuis longtemps, je suis sur mes gardes, il n'ose plus m'approcher. Sachant qu'il n'a aucun pouvoir sur moi, il a pris possession du souverain et de ses hauts dignitaires, ou des moines ignorants comme ce Ryokan, et les pousse à me haïr.
[...] Comme je l'ai souvent déjà souligné par le passé, des maîtres comme Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*, Bodhidharma, Huiko, Shandao et Honen, Kukai* du temple To-ji et Enchin du temple Onjo-ji, Ennin* du Mont Hiei ou Ryokan de la région de Kanto, ont probablement lu les paroles d'or, "Maintenant, ... en rejetant sincèrement les enseignements provisoires, [je n'enseignerai que la voie ultime]"(réf.) en les interprétant comme s'il avait été écrit "en rejetant sincèrement l'enseignement véridique, je n'exposerai que les enseignements provisoires."
Réponse à Sairen-bo (Sado, le 13 avril 1272, à Sairenbo Nichijo)

Maintenant, à l'époque des Derniers jours du Dharma, les seuls pratiquants de cette sorte sont Nichiren et ses disciples. Si nous ne pouvons être considérés comme des pratiquants fidèles aux enseignements du Bouddha, alors Shakyamuni, Zhiyi* et Saicho* ne peuvent pas l'être non plus. Pourrait-on appeler pratiquants du Sutra du Lotus Devadatta, Kokalika, Sunakshatra, Kukai*, Ennin*, Enchin, Shandao, Honen, Ryokan et leurs semblables  ?
La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne (mai 1273 à plusieurs de ses disciples)

Maintenant, moi, Nichiren, afin de prouver la véracité des paroles du Bouddha, je lis ces passages du Sutra et les applique à la situation du Japon. Le passage concernant "les moines habitant la forêt et vivant retirés" désigne les [moines des] temples Kencho-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, Kennin-ji, Tofuku-ji et les autres temples des écoles Zen, Ritsu, et Nembutsu au Japon. Ces temples démoniaques sont apparus dans le monde pour détruire les temples bouddhiques du Mont Hiei et les autres temples de l'école Hokke-Tendai. "Vêtus de haillons" et "qui, en apparence, respectent les préceptes [de la vie monastique]" désigne de nos jours "ceux qui observent les préceptes", avec leurs surplis faits de cinq, sept ou neuf pièces d'étoffe (note). Ceux qui sont "respectés et vénérés par le monde" et ceux dont on parle "comme de grands bodhisattvas" sont des hommes comme Doryu, Ryokan et Shoichi. Le "monde" qui leur accorde de la considération, ce sont le souverain et les personnes influentes à notre époque. Et les "ignorants" et les "personnes ordinaires" sont tous les habitants du Japon, nobles aussi bien que de modeste condition.
Réponse au seigneur Hakiri Saburo (Sado, 3 août 1273 à Hakiri Sanenaga)

Le bodhisattva Fukyo fut honni par des moines arrogants qui observaient scrupuleusement les deux cent cinquante préceptes. Moi, Nichiren, j'ai été calomnié et insulté par Ryokan qui passe pour le moine le plus rigoureux dans l'observance des préceptes. Les moines qui avaient tout d'abord calomnié Fukyo se convertirent ensuite à son enseignement. Ils durent néanmoins subir les souffrances de l'enfer avici pendant mille kalpas. Ryokan, quant à lui, n'a encore jamais manifesté le moindre désir de rechercher mon enseignement. Je ne peux donc évaluer la durée des souffrances qui seront les siennes. Peut-être est-il destiné à souffrir en enfer pendant d'innombrables kalpas.
Réfuter l'opposition au Dharma bouddhique pour se libérer de ses fautes passées (Sado, 1273 à Shijo Kingo)

Dans sa pétition à Hojo Tokimune, Ryokan, de l'école Ritsu, a écrit  : "Je dois me plaindre de ce fait  : Il y a un moine, du nom de Nichiren, qui prétend que ceux qui observent les préceptes tomberont en enfer. Dans quel sutra ou traité trouve-t-on une telle affirmation  ? [C'est la première question que je pose.] De plus, alors que, de nos jours, on ne trouve presque personne, des milieux les plus haut placés aux plus modestes, qui ne récite le Nembutsu, il prétend que le Nembutsu crée une cause karmique qui fait tomber dans l'enfer avici. Quel passage de sutra peut fonder une telle assertion  ? Je voudrais demander au moine Nichiren quelle preuve littérale peut justifier ses déclarations. [Telle est ma deuxième question]." Il a envoyé aux autorités une lettre comportant six questions concernant le bouddhisme, et demandant s'il était possible de parvenir à l'Éveil par la pratique des sutras antérieurs au Sutra du Lotus. Si Ryokan, du temple Gokuraku-ji, fait à nouveau savoir, comme il le dit dans sa pétition, qu'il est prêt à débattre avec moi, demandez au gouvernement de rencontrer Ryokan et dites lui : "Mon maître [Nichiren] a été banni sur l'île de Sado dans la huitième année de Bun'ei (1272). Puis, dans le premier mois (note) de la neuvième année de Bun'ei (1274), il a été gracié et il est revenu à Kamakura. A son retour, il a fait des remontrances à Hei no Saemon sur divers sujets puis il s'est retiré au fin fond de la montagne, dans la province de Kai. Mon maître a déclaré que, même si l'empereur ou l'impératrice l'ordonnaient, il ne quitterait jamais sa retraite pour débattre avec les moines des autres écoles. Par conséquent, bien que je sois un novice et que ma connaissance de son enseignement soit aussi minime qu'un poil dans le pelage de neuf vaches, si certains ont des questions à propos du Sutra du Lotus, je ferai de mon mieux pour répondre à sa place." Et exposez franchement mon enseignement quand des questions vous seront posées. De plus, en répondant aux six questions difficiles posées par Ryokan dans sa pétition, souvenez-vous, comme je l'ai enseigné depuis longtemps, que les disciples de Nichiren n'accompliront jamais rien s'ils sont lâches. Lorsque, pour déterminer quel est le sutra le plus élevé et le plus profond, vous comparez le Sutra du Lotus aux autres sutras, ou quand vous vous demandez quels sont ceux qui permettent d'atteindre la bodhéité, rappelez-vous que le Shakyamuni des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus, et même des enseignements provisoires du Sutra du Lotus, est facile à vaincre ; les bodhisattvas parvenus à l'étape de togaku [étape juste avant l'Éveil parfait] sont encore moins redoutables, et vous n'aurez guère à vous préoccuper des adeptes des enseignements provisoires. En débattant, soyez bien convaincu que, parce que nous défendons le Sutra du Lotus, notre fonction est comparable à celle du roi du ciel Daibonten, et qu'il n'est pas faux de considérer les adeptes des enseignements provisoires comme des personnes de qualité inférieure ou même comme des ogres maléfiques.
[...] Vous devriez leur demander : "Qui, parmi les disciples de Ryokan de l'école Ritsu, observe ne serait-ce qu'un seul des préceptes énoncés dans les sutras Saiho, Shobonen et autres  ?
[...] On m'a rapporté que, lorsque Ryokan a su que je vivais retiré dans une province lointaine, il a dit à la ronde  : "J'aimerais que Nichiren revienne le plus tôt possible à Kamakura. En tenant un débat sur la doctrine avec lui, je dissiperais les doutes." Demandez donc si se vanter ainsi en rabaissant les autres fait partie des préceptes de l'école Ritsu. Car, lorsque je suis rentré à Kamakura, il a fait barricader son entrée et fermer ses portes. Parfois, il s'est même déclaré malade, prétendant avoir attrapé froid. Dites-lui  : "Je ne suis pas Nichiren, mais seulement l'un de ses disciples. Je n'ai guère de talent pour parler et ma compréhension de sa doctrine est incomplète, mais je soutiens comme lui que l'école Ritsu conduit à la trahison."
Enseignement, pratique et preuve (Minobu, 1274 ? à Sammi-bo)

Alors que le gouvernement du Régent ne savait quelle décision prendre, des moines du Jodo, du Ritsu, du Shingon et d'autres écoles, comprenant que leur sagesse était insuffisante pour vaincre Nichiren dans un débat religieux, envoyèrent des pétitions au gouvernement. Voyant que celles-ci restaient sans effet, ils se rendirent auprès des femmes et des veuves des hauts dignitaires pour me dénigrer. Ces femmes rapportèrent leurs calomnies aux autorités en disant : "D'après certains moines, Nichiren a déclaré que les défunts régents Hojo Tokiyori et Hojo Shigetoki sont tombés dans l'enfer avici ; il a dit qu'il faudrait brûler les temples Kencho-ji ; Jufuku-ji, Gokuraku-ji, Choraku-ji et Daibutsu-ji, et que des grands patriarches comme Doryu et Ryokan devraient être décapités. Ses déclarations prouvent qu'il est coupable de tout ce dont on l'accuse. Et puisque le conseil suprême de la Régence n'a pu encore décider de sa punition, il faudrait le faire venir pour qu'il confirme s'il a bel et bien fait de telles déclarations." C'est ainsi que je fus appelé à comparaître en justice.
[...] De la même manière que je l'avais fait le 10, au tribunal, ce soir-là, le 12, j'exposai en détail à Hei no Saemon les hérésies des écoles Shingon, Zen et Jodo, ainsi que l'incapacité de Ryokan de faire tomber la pluie par ses prières. En entendant cela, les soldats tantôt éclataient de rire, tantôt devenaient furieux. Mais je n'entrerai pas plus avant dans les détails.
[...] Ryokan pria pour faire tomber la pluie du dix-huitième jour du sixième mois (18 juin) au quatrième jour du mois suivant (4 juillet) mais mon pouvoir rendit ses prières inefficaces. Ryokan eut beau suer tant qu'il put, rien d'autre ne tomba que ses propres larmes. Aucune pluie ne tomba sur Kamakura mais de fortes bourrasques ne cessèrent de souffler.
Ayant appris cela, je lui envoyais un messager à trois reprises, en lui disant : "Celui qui n'est pas capable de passer une rivière large de dix pieds, comment peut-il en traverser une de cent ou de deux cent pieds  ? Izumi Shikibu, poétesse licencieuse, transgressa celui des huit préceptes interdisant la poésie, mais elle parvint quand même par un poème à faire tomber la pluie. Le moine Noin réussit à faire pleuvoir par un poème, bien qu'il ait transgressé les préceptes. Comment se fait-il alors que des centaines et des milliers de moines rassemblés, observant tous scrupuleusement les deux cent cinquante préceptes, ne parviennent toujours pas à faire pleuvoir au terme d'une ou de deux semaines de prières, ne provoquant que la tempête  ? Cela devrait vous indiquer clairement qu'aucun de vous ne parviendra jamais à la bodhéité."
En lisant ce message, le moine Ryokan pleura de honte et parla de Nichiren avec haine. Lorsque je lui rapportai ces faits, Hei no Saemon essaya de défendre Ryokan, mais en vain. Finalement, il ne fut plus capable de dire un seul mot.
[...] Comment le gouvernement de Kamakura aurait-il pu prospérer et établir sa domination sur tout le Japon si Wada Yoshimori et l'ex-empereur Go-Toba ne s'étaient opposés à lui  ? En ce sens, ses opposants furent les meilleurs amis (zenchishiki) de ce gouvernement. Pour moi, mes meilleurs amis, ceux qui m'aident à devenir bouddha, sont Hei no Saemon et le régent Hojo Tokimune, aussi bien que Tojo Kagenobu et les moines Ryokan, Doryu et DoAmidabutsu. Je leur suis reconnaissant quand je pense que, sans eux, je n'aurais pu prouver que je suis le Pratiquant du Sutra du Lotus.
[...] Les laïcs, ayant entendu cela, dirent entre eux : "Ce moine a peut-être des pouvoirs occultes extraordinaires. Ce qu'il décrit est vraiment effrayant  ! Dorénavant, ne faisons plus d'offrandes aux moines du Nembutsu et du Ritsu  ! " Les moines du Ritsu, disciple de Ryokan, et les moines du Nembutsu dirent : "Puisqu'il prédit une rébellion à Kamakura, peut-être ce moine fait-il lui-même partie du groupe des conspirateurs  ? " Puis la situation redevint un peu plus calme.Alors, les moines du Nembutsu se réunirent et se dirent : "Si nous laissons les choses continuer ainsi, nous allons mourir de faim. Déjà plus de la moitié des habitants de la région, autrefois nos fidèles, ont été convertis par ce moine. Par conséquent, si nous voulons survivre, nous devons à tout prix l'éliminer. Comment faire  ? " YuiAmidabutsu, qui dirigeait les moines du Nembutsu, ainsi que Dokan, un disciple de Ryokan et Shoyu-bo, dirigeants du Ritsu, se rendirent en toute hâte à Kamakura ; arrivés là, ils se rendirent à la résidence de Hojo Nobutoki, seigneur de la province de Musashi.
Sur le comportement du Bouddha - 1276

Dans votre lettre officielle, vous déclarez également : "Je révère l'aîné du temple Gokuraku-ji (Ryokan) comme la réincarnation de l'Honoré du monde." Or, à cela, je ne peux pas souscrire. En voici la raison : si ce que dit le Sutra est vrai, le sage Nichiren est l'envoyé du Bouddha qui atteignit la bodhéité dans le passé infini, la manifestation provisoire (note) du bodhisattva Jogyo, le Pratiquant de l'enseignement essentiel* du Sutra du Lotus, et le grand guide dans la cinquième période de cinq cents ans après la disparition du Bouddha. Voulant faire exécuter ce sage, le moine Ryokan a présenté une lettre de pétition aux autorités demandant qu'il soit décapité, mais, pour une certaine raison, la condamnation n'a pas été exécutée et s'est changée en bannissement sur l'île lointaine de Sado. Cela ne serait-il pas une nouvelle manigance du moine Ryokan  ? Je joins à ma lettre une copie de la pétition de ce moine. Il a beau prêcher jour et nuit la plus stricte observance des six jours de purification (note), et proscrire l'acte d'ôter la vie, même à un brin d'herbe, le moine Ryokan a bel et bien proposé de faire décapiter le moine qui propage le véritable enseignement du Sutra du Lotus. Ne contredit-il pas ainsi lui-même de manière flagrante les préceptes qu'il enseigne aux autres  ? Le moine Ryokan n'est-il pas possédé par le Démon du sixième Ciel  ? Laissez-moi vous expliquer comment la situation en est arrivée là. Dans tous ses prêches, le moine Ryokan se lamentait, en disant : "Je m'efforce d'aider tous les habitants du Japon à devenir des "personnes qui observent les préceptes, et à leur faire respecter les huit préceptes afin que cessent définitivement dans ce pays le meurtre et l'ivrognerie ; mais l'opposition de Nichiren m'empêche de réaliser mon voeu." Lorsqu'il apprit cela, le sage Nichiren déclara : "Il faut, d'une manière ou d'une autre, que je parvienne à l'arracher à son arrogance et à ses illusions, et à lui épargner l'agonie dans l'enfer avici." En l'entendant dire cela, ses autres disciples et moi, Yorimoto, inquiets, lui avons conseillé : "Nous savons bien que vos paroles sont motivées par une profonde bienveillance, et par votre respect du Sutra du Lotus ; mais puisque le moine Ryokan est révéré dans le Japon entier, et en particulier par les samouraïs de Kamakura, peut-être devriez-vous éviter de le contredire de manière trop radicale... "
Puis, lors de la grande sécheresse, le dix-huitième jour du sixième mois de la huitième année de l'ère Bun'ei (1271), signe cyclique kanoto-hitsuji, le gouvernement ordonna au moine Ryokan de conduire une cérémonie pour faire venir la pluie, afin de mettre un terme aux souffrances du peuple. En apprenant cette nouvelle, le sage Nichiren déclara : "Même s'il n'est guère sérieux de prier pour des buts tels que faire tomber la pluie, peut-être devrais-je saisir cette occasion pour montrer à tous le pouvoir du Dharma en laquel je crois." Il envoya un message à la résidence du moine Ryokan, disant : "Si le moine Ryokan parvient à faire tomber la pluie dans les sept jours qui suivront sa prière, moi, Nichiren, je cesserai d'enseigner que le Nembutsu conduit à l'enfer avici ; je deviendrai son disciple et j'observerai fidèlement les deux cent cinquante préceptes. Mais, si aucune pluie ne tombe, cela indiquera clairement que le moine Ryokan, tout en donnant l'apparence d'observer les préceptes, trompe et égare délibérément les autres.
[...] Le sage Nichiren envoya ce message à Ryokan par l'intermédiaire de Suo-bo et du nyudo Irosawa, qui sont des croyants du Nembutsu. Ce moine et ce laïc sont des disciples de Ryokan, en même temps que des fervents du Nembutsu, et ne croient pas encore à l'enseignement de Nichiren. Par conséquent, le sage Nichiren leur dit : "Nous établirons quel est l'enseignement correct grâce à la prière pour la pluie. S'il pleut dans les sept jours, vous pouvez croire que vous renaîtrez sur la Terre pure grâce à l'observance des huit préceptes et à la récitation du Nembutsu, que vous pratiquez déjà. Mais s'il ne pleut pas, vous devriez n'accorder foi qu'au Sutra du Lotus." Se réjouissant d'une telle proposition, les deux hommes délivrèrent ce message au moine Ryokan, au temple Gokuraku-ji. Avec des larmes de joie, le moine Ryokan, et avec lui plus de cent vingt de ses disciples, offrirent des prières avec tant d'énergie que la sueur de leur visage s'élevait en fumée et que leur voix résonnait jusqu'au ciel. Ils récitèrent le Nembutsu, le Sutra de la prière pour la pluie, et le Sutra du Lotus, et Ryokan prêcha l'observance des huit préceptes, en souhaitant de toutes ses forces faire tomber la pluie dans les sept jours. Au bout de quatre ou cinq jours, ne voyant pas le plus petit signe annonciateur de pluie, il s'affola, et il invita plusieurs centaines de ses disciples du temple Taho-ji à se joindre à lui, épuisant toutes ses forces dans la prière. Mais, au bout de sept jours, la plus petite goutte de pluie n'était toujours pas tombée.
[...] Comment se fait-il que le moine Ryokan - qui observe tous les préceptes et toutes les règles, qui maîtrise les doctrines Hokke et Shingon, et dont la compassion est proverbiale - ne réussit pas à faire tomber la pluie en sept jours, même assisté par des centaines de ses disciples  ?
[...] Lorsque, le septième jour, à l'heure du Singe [de 3 à 5 h du matin], le messager transmit mot pour mot le message de Nichiren, le moine Ryokan pleura, et ses disciples et adeptes exprimèrent eux aussi à grands cris leur chagrin. Quand le moine Nichiren, ayant suscité la colère du gouvernement de Kamakura, fut interrogé à ce sujet, il relata la chose telle qu'elle s'était réellement passée. Il déclara donc : "Si le moine Ryokan avait eu la moindre pudeur, il aurait disparu de la vue du public et se serait retiré dans une forêt de montagne. Ou, en devenant mon disciple comme il l'avait promis, il aurait au moins fait preuve d'un peu d'esprit de recherche. Mais, en réalité, il n'a cessé de porter de fausses accusations contre moi pour tenter de me faire exécuter. Est-ce une conduite digne d'un noble membre du clergé  ? " Moi-même, Yorimoto, j'ai été témoin de cette situation.
[...] Même si moi, Yorimoto, je comparais Ryokan à un moustique, un taon, ou un crapaud, parce que de telles affirmations s'appuient très clairement sur les sutras, vous n'auriez nulle raison de m'en tenir rigueur.
[...] Lorsque le sage Nichiren, envoyé du Bouddha Shakyamuni, fut exilé en raison des accusations fausses portées contre lui par le moine Ryokan, dans les cent jours qui suivirent des combats éclatèrent, exactement comme il l'avait prédit - et de nombreux guerriers périrent. Parmi eux se trouvaient des descendants du clan Nagoe. Le moine Ryokan n'est-il pas seul responsable de leur mort  ? Si vous partagez maintenant les vues des moines Ryuzo et Ryokan et me contraignez à prendre cet engagement écrit, ne partagerez-vous pas aussi avec eux cette responsabilité  ?
Lettre de pétition de Yorimoto
(Minobu, le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)

Le fait que vous ayez de plus en plus d'ennemis au sein du clan Ema est sûrement dû aux intrigues de Ryokan et de Ryuzo. Si vous faisiez serment par écrit de renier votre foi, leur troupe n'en deviendrait que plus arrogante et ils en répandraient partout la nouvelle. Alors, tous mes disciples de Kamakura seraient pourchassés jusqu'à ce qu'il n'en reste plus un seul.
Mise en garde contre l'attachement à son domaine (Minobu, juillet 1277, à Shijo Kingo)

Pourtant, grâce à la profondeur de votre foi, les dix Filles-démones ont dû vous venir en aide et provoquer la maladie de votre seigneur. Il ne vous traite pas en ennemi mais parce que, en une occasion, il a mal agi à votre égard en croyant ce qu'ils avaient dit, il est tombé gravement malade et sa maladie persiste. Ryuzo-bo, que ces gens considéraient comme le pilier sur lequel ils s'appuyaient, a déjà été renversé, et ceux qui ont menti à votre sujet ont contracté la même maladie que votre seigneur. Ryokan commet une faute encore plus grave qu'eux. Il aura sans doute un grave accident, ou provoquera des troubles majeurs et se retrouvera dans une terrible détresse. Il n'échappera sûrement pas à la rétribution.
Les trois sortes de trésor (Minobu, le 11 septembre 1277, à Shijo Kingo)

Aucun père, aucune mère n'exhorteront jamais [leur enfant] à renoncer au monde pour atteindre la bodhéité. Mais, dans votre situation, les moines et adeptes du Ritsu et du Nembutsu ont influencé votre père pour vous faire tomber, vous et votre frère [et vous faire abandonner votre foi]. On m'a rapporté que Ryoka-bo persuade les autres de réciter un million de nembutsu en s'efforçant de créer la discorde entre les gens et de détruire les graines du Sutra du Lotus. Hojo Shigetoki, qui fit construire le temple Gokuraku-ji pour Ryokan, semblait être une personne de mérite. Mais trompé par les croyants du Nembutsu, il m'a traité avec haine et cela entraîna non seulement sa propre perte mais celle de tout son clan.
Les Trois Obstacles et les Quatre Démons (Minobu, le 20 novembre 1277 à Hyoe no Sakan Munenaga)

De même, lorsque l'eau d'un étang s'assèche, les poissons qui s'y trouvent s'affolent, et lorsque le vent souffle, la mer est agitée. A l'époque des Derniers jours du Dharma, parce que sécheresses, épidémies, pluies torrentielles et ouragans se succèdent, il est dit dans le Sutra que même des personnes naturellement généreuses agiront de façon mesquine, et même ceux qui recherchent la Voie adopteront des croyances erronées. En pareil cas, sans même parler des conflits entre étrangers, les sutras nous apprennent que père et mère, mari et femme, frère aîné et frère cadet s'affrontent avec autant de violence qu'un chasseur et un daim, un chat et une souris, ou un faucon et un faisan. Ryokan et d'autres moines, poussés par les démons, ont trompé votre père Saemon-no-tayu et tenté de vous détruire tous deux en vous faisant abandonner la foi, mais vous avez fait preuve de sagesse et tenu compte de mes mises en garde.
La conversion d'un père (Minobu en 1277 à Ikegami Hyoe-no-sakan Munenaga)

Lorsque je fus exilé sur l'île de Sado, le gouverneur de la région et les autres dignitaires, respectueux des intentions du Régent, m'ont traité avec hostilité. Et les gens du peuple suivent leurs ordres. De Kamakura, les adeptes du Nembutsu et les moines du Zen, du Ritsu et du Shingon ont envoyé des instructions pour qu'il me soit impossible de revenir [de l'île de Sado] ; et Ryokan, du Gokuraku-ji, avec d'autres, persuada Hojo Nobutoki, de promulguer en son nom personnel des mesures encore plus répressives à l'égard de Nichiren qui furent transmises à Sado par des disciples de Ryokan. Il semblait donc impossible que je puisse rentrer indemne. J'ignore quel était le dessein du Ciel, mais le seigneur et les fervents adeptes du Nembutsu ont surveillé jour et nuit mon ermitage afin d'empêcher quiconque de venir me voir.
Le sutra permettant véritablement d'honorer sa dette (Minobu, le 28 juillet 1278 à Sennichi-ama)

Le Grand-maître* Saicho* dit que les laïcs, hommes et femmes, qui croient en ce Sutra, même s'ils manquent de connaissances ou transgressent les préceptes, doivent avoir la préséance sur les moines du Hinayana qui observent strictement chacun des deux cent cinquante préceptes. Les moines de ce Sutra mahayana doivent par conséquent être placés encore plus haut. Ryokan, du temple Gokuraku-ji, passe pour un bouddha vivant, mais les hommes et femmes qui croient au Sutra du Lotus devraient être placés bien au-dessus de lui. Il semble tout à fait extraordinaire que ce Ryokan, qui observe les deux cent cinquante préceptes, enrage et fulmine dès qu'il voit Nichiren ou qu'il entend parler de lui. On pourrait croire ce sage possédé par un démon. Il est comme une personne habituellement d'humeur égale qui, une fois ivre, révèle un côté malfaisant et crée du désordre.
Lettre à Niike (Minobu, février 1280 à Niike Saemon no jo)

 

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