1. Enfance et années d'études
Nichiren, le fondateur du bouddhisme nichiren, est
né le 16 février 1222 à Kominato,
un village de pêcheurs de la
province d'Awa,
actuellement préfecture de Chiba.
Son père s'appelait Nukina Jiro Shigetada
et aurait été un petit fonctionnaire travaillant pour
le manoir voisin. Sa mère s'appelait Umegiku.
On sait très peu de choses sur les parents de Nichiren. Il affirma
plus tard être le fils d'un humble pêcheur. Le nom d'enfant
de Nichiren était Zen-nichi-maro.
Alors qu'il avait 11 ans, son esprit clair et curieux attira l'attention
de la dame du manoir local qui employait son père.
Son patronage a permis à l'enfant d'entrer dans le temple local
de Seicho-ji (sur le Mont Kiyosumi
dera) où il a pu recevoir une éducation et commencer
ses recherches sur le sens de la vie. Il reçut alors le nom de
Yaku-o-maro.
Lors de son entrée au temple, Nichiren a prié le bodhisattva
Akashagarbha (Kokuzo Bosatsu) pour devenir la personne la plus sage du Japon, afin
de découvrir la véritable intention des enseignements
du Bouddha Shakyamuni. Il voulait tout particulièrement comprendre
pourquoi le peuple qui avait placé toute sa confiance dans le
nembutsu continuait à souffrir et
subissait des morts terribles et douloureuses ; il voulait comprendre
pourquoi l'empereur avait été vaincu par le shogunat
en 1221 alors que la divinité Hachiman
avait fait la promesse de soutenir la famille impériale jusqu'au
centième empereur ; enfin, il voulait comprendre quelle école
suivait les véritables enseignements du Bouddha. A l'âge
de 15 ans, Nichiren a été ordonné prêtre.
Son maître était Dozen-bo, pour
lequel Nichiren a toujours ressenti un "devoir de reconnaissance".
Il reçut le nom de Zesho-bo Rencho.
L'année suivante, il partit pour Kamakura,
la capitale du shogunat, pour continuer ses études, et y resta
jusqu'à 20 ans.
Pendant des années, Nichiren voyagea à travers le Japon,
visitant les grands temples et monastères
de son époque, cherchant à pousser plus loin sa formation.
Dans ces lieux, il fit l'expérience directe de toutes les formes
du bouddhisme pratiqué au Japon, y compris le Shingon
ésotérique, la méditation Zen, la dévotion Jodo et la stricte discipline
du vinaya, les préceptes monastiques.
Plus important que tout, il étudia les sutras pour voir par lui-même
ce que le Bouddha Shakyamuni avait réellement enseigné.
Il put séjourner au temple Enryaku-ji
au Mont Hiei, le temple principal de l'école
Tendai de 20 à 31 ans. Après
ses nombreuses années d'études, Nichiren arriva à
la conclusion que le Sutra du Lotus
était le sommet des enseignements du Bouddha où celui-ci
exposait clairement la Vérité ultime du bouddhisme.
2) Fondation du bouddhisme de Nichiren
A l'âge de 31 ans Nichiren revint au temple de
Seicho-ji. Le matin du 28 avril 1253, face
au soleil levant, au sommet du Mont Kiyozumi
il récita Namu Myoho Renge Kyo,
ce qui est considéré comme le début de sa mission
de propagation du Dharma Merveilleux. Il prit également le nom
par lequel il est connu de nos jours et qui signifie "Soleil-Lotus"
en référence à la lumière du soleil qui
dissipe l'obscurité ainsi que la pureté de la fleur du
lotus qui pousse dans les marécages sans que la pourriture environnante
ne la salisse. Les deux images se trouvent en évidence dans le
Sutra du Lotus et ce sont les qualités que Nichiren
souhaitait incarner.
A midi, le même jour, pour célébrer la fin de ses
études Nichiren, a tenu son premier sermon devant son vieux maître
et ses condisciples. Ce sermon a choqué l'auditoire par sa critique
du bouddhisme populaire connu sous le nom de Terre Pure.
Cette école enseignait que la bodhéité ne pouvait
être atteinte qu'après la mort dans une terre pure céleste,
grâce à la psalmodie du nom du bouddha de la Lumière
Infinie, Amida. A la place de cette
pratique Nichiren préconisait la récitation mantraïque
du Grand Titre (Daimoku) du Sutra
du Lotus, Namu Myoho Renge Kyo. Il
enseigna le daimoku en tant que voie pratique et accessible par laquelle
tous les hommes pouvaient réaliser les vérités
fondamentales du bouddhisme. De même que le nom d'un pays pouvait
activer dans l'esprit toutes les caractéristiques de ce pays,
le titre du Sutra du Lotus incarnait tous les mérites
et vertus du Bouddha exposés dans ce Sutra. Nichiren
enseigna que par la récitation de daimoku nous pouvions recevoir
directement du Bouddha Atemporel Shakyamuni la Vérité
ultime du Sutra du Lotus et atteindre la bodhéité dès cette vie. Ce sermon inaugural est commémoré
le 28 avril par les institutions qui se réclament de Nichiren.
Ce sermon valut immédiatement à Nichiren des ennemis.
Le seigneur local, Tojo Kagenobu,
était un fervent disciple de la Terre
Pure. Il qualifia ce sermon de blasphématoire et fit une
tentative pour arrêter Nichiren
Sentant que sa vie était en danger, Nichiren se réfugia
à Kamakura. Il s'installa
dans une masure dans un quartier de la ville nommé Matsubagayatsu.
Il se mit à prêcher aux coins de la rue à des hommes
ordinaires : paysans, marchands, artisans, pêcheurs et même
aux samouraïs de rang moyen. C'est dans les rues de Kamakura que
Nichiren s'est fait connaître comme un grand maître et un
réformateur qui se consacrait à sauver de la souffrance
les gens du commun. Il leur offrait l'essence même des enseignements
les plus élevés du bouddhisme sous la forme d'une pratique
simple mais néanmoins profonde, la pratique du daimoku pour atteindre
la bodhéité. Il mettait également en évidence
les erreurs de l'élitisme, des écoles décadentes
et des mouvements qui déformaient le véritable esprit
du Dharma bouddhique.
3) Rissho Ankoku Ron
De 1257 à 1259 le Japon connut de nombreux désastres naturels :
tremblements de terre, typhons, famine et peste. En réaction
à tant de douleur poignante Nichiren écrivit une de ses
oeuvres les plus importantes, le Rissho
Ankoku Ron (Traité sur la paix dans le pays grâce
à l'établissement du Vrai Dharma). Le 16 juillet 1260, Nichiren présenta ce traité à Hojo Tokiyori, le régent retiré qui était de fait
le véritable chef du shogunat de Kamakura.
Dans cet ouvrage, Nichiren développait les raisons pour lesquelles
le gouvernement devait arrêter toute aide à l'école de
la Terre Pure et soutenir au contraire ceux qui plaçaient leur
foi dans le Sutra du Lotus. Nichiren prévenait le gouvernement
que dans le cas contraire, le Japon devrait faire face à de nouveaux
désastres et que le pays courait le danger d'une guerre civile
et d'une invasion étrangère. Si toutefois le Japon se
tournait vers le Sutra du Lotus, la paix et la prospérité
seraient établies.
Il faut se rappeler certains points concernant ces
remontrances au gouvernement. Tout d'abord que tout comme les conditions
de vie d'une personne sont le reflet de sa vie intérieure, il
en va de même pour une nation. C'est pourquoi Nichiren insistait
sur la nécessité d'une foi positive dans la possibilité
pour les hommes ordinaires d'atteindre la bodhéité et
de la sorte transformer le monde en terre pure selon ce qu'enseigne
le Sutra du Lotus, plutôt que d'avoir une attitude fataliste
à l'égard de cette vie et n'espérer le bonheur
qu'après la mort selon les enseignements de l'école
Jodo.
Le deuxième point est que Nichiren présentait
des remontrances au gouvernement sous forme d'un traité demandant
la protection des vrais enseignements contre des enseignements erronés,
ce qui faisait partie d'une longue tradition en Asie Orientale et dont
les racines remontaient aux tentatives de Confucius
pour réformer le gouvernement de son époque. Nichiren
n'était nullement le premier à agir de la sorte.
En troisième lieu, Nichiren ne préconisait
pas la persécution des autres écoles du bouddhisme ni l'établissement
d'une religion d'Etat. Il en appelait au shogunat pour que celui-ci
cesse de soutenir financièrement les interprétations pernicieuses
du bouddhisme et accorde son soutien aux enseignements réellement
conformes à ce que Shakyamuni prêchait dans ses sutras.
Il faut noter qu'à cette époque au Japon toutes les institutions
religieuses n'existaient qu'avec l'accord et/ou le patronage du gouvernement.
Enfin, le Rissho Ankoku-ron n'est en aucun cas un document
nationaliste plaidant la supériorité du Japon, mais au
contraire une critique de la gestion shogunale des affaires religieuses.
Ce texte visait une réforme spirituelle pour le peuple japonais,
de sorte que tous puissent surmonter leurs souffrances et acquérir
une valeur à partager avec le reste du monde, l'enseignement
et la pratique vrais du Sutra de Lotus.
4) Les quatre grandes persécutions
Les efforts de Nichiren pour promouvoir les réformes étaient
non seulement ignorés mais provoquaient le ressentiment des autorités
bouddhistes ainsi que celui du shogunat qui n'appréciait pas
qu'on critique leurs règles. La nuit du 27 août 1260, une
foule furieuse mit le feu à la masure de Nichiren. Heureusement
qu'il avait été prévenu à temps et a pu
fuir dans les collines. Il resta pendant plusieurs mois hors de Kamakura,
continuant à enseigner le Sutra du Lotus à ses
disciples. Cet événement est commémoré le
27 août en tant que "persécution de Matsubagayatsu",
la première des quatre grandes persécutions qu'il eut
à subir.
Peu de temps après son retour à sa résidence reconstruite
à Kamakura, Nichiren fut arrêté par le shogunat.
Le 12 mai 1261 il fut envoyé en exil dans une petite péninsule
rocheuse de la province d'Izu. Ses ennemis espéraient que l'exposition
aux fortes intempéries de la région lui serait fatale.
Nichiren survécut grâce à l'aide d'un pêcheur
et de sa femme. Plus tard, le seigneur local l'a également traité
en ami, après qu'il fut guéri d'une grave maladie grâce
aux prières de Nichiren. Ce seigneur a non seulement secouru
Nichiren, il lui a fait cadeau d'une statue du Bouddha Shakyamuni qui
a accompagné Nichiren durant toute sa vie. Loin de se sentir
brisé, Nichiren a senti que cet exil lui a donné l'occasion
de vivre le Sutra du Lotus avec tout son être 24 heures
sur 24. Alors que d'autres se contentaient de lire le Sutra
Nichiren vivait en plein accord avec ses enseignements, au risque même
de sa vie. Nichiren a également profité de son exil pour
réfléchir à sa mission. Il a compris que celui
qui enseigne le Dharma doit tenir compte des différences entre
les divers enseignements, de la capacité des pratiquants, de
l'époque, des spécificités du pays et de la chronologie
des sutras. Il établit cinq guides pour
la propagation afin que ses disciples puissent enseigner le Dharma
de façon plus efficace. La deuxième persécution
est commémorée le 12 mai en tant qu'"exil d'Izu".
Le 22 février 1263, Nichiren fut gracié et autorisé
à revenir à Kamakura. Il reprit sa propagation du Sutra
du Lotus. Apprenant que sa mère était malade et à
l'article de la mort (son père était décédé
auparavant), Nichiren prit le risque de revenir dans la
province d'Awa dont le seigneur, Tojo Kagenobu, était
toujours son ennemi juré. En août 1264, il alla voir sa
mère et par ses prières lui permit de retrouver la santé
et de prolonger sa vie de quatre ans. Sur le chemin du retour, Nichiren
et ses disciples, invités par Kudo Yoshitaka,
le seigneur d'Amatsu, tombèrent
dans une embuscade tendue par Tojo Kagenobu
et ses hommes dans la Forêt de Pins appelée Komatsubara.
Dès qu'il apprit cette nouvelle, Kudo Yoshitaka
se précipita au secours de Nichiren avec ses propres hommes.
Dans cette bataille Tojo Kagenobu et Kudo
Yoshitaka furent, tous les deux mortellement blessés.
Kyonin-bo, un des disciples de Nichiren
fut également tué et deux autres disciples grièvement
blessés. Nichiren lui-même en réchappa à
grand-peine, ayant reçu un coup sur la tête. Cette troisième
persécution est commémorée le 11 novembre comme
persécution de Komatsubara.
Nichiren resta dans la région plusieurs années, enseignant
le Sutra du Lotus. Il revint à Kamakura en 1268 après
que des émissaires mongols envoyés de Corée soient
venus demander au Japon de leur payer un tribut. Les Mongols menaçaient
d'envahir le Japon si on ne leur donnait pas satisfaction. Le shogunat
refusa de négocier avec les Mongols qui à ce moment avaient
déjà envahi la Chine et la Corée. Il semblait qu'une
invasion du Japon était imminente et pour la seconde fois Nichiren
essaya de convaincre le gouvernement de changer d'attitude. Il rappela
aux autorités politiques et religieuses que c'était exactement
ce qu'il avait prédit il y a huit ans dans son Rissho Ankoku-ron.
Mais le shogunat n'envisagea aucune réforme.
Le 12 septembre 1271, Nichiren fut arrêté
alors que le shogunat essayait de régler les controverses pour
présenter un front uni face à la menace mongole. A minuit,
le Ministre de la guerre, Nagasaki Yoritusna
fit mener Nichiren au terrain des exécutions sur la plage de
Tatsunokuchi. Nichiren fut
sauvé de la décapitation par l'apparition dans le ciel
d'une boule lumineuse dont le passage terrifia le bourreau et les autres samouraïs.
Presque en même temps, un messager du Régent
arriva avec l'ordre de ne pas exécuter Nichiren mais de l'exiler
dans l'île de Sado. Cette
quatrième persécution, "Tatsunokuchi"
est commémorée le 12 septembre.
5) Ile de Sado
Le 10 octobre 1271, Nichiren fut envoyé dans l'île de Sado.
Au début il vécut dans une cabane délabrée
du cimetière de Tsukahara.
Une fois de plus, ses ennemis espéraient qu'il mourrait de froid
durant l'hiver impitoyable de Sado sans
abri ni provisions. La foi inébranlable de Nichiren et sa détermination
lui permirent cependant de supporter ces conditions extrêmes et
de se lier d'amitié avec les paysans et les samouraïs des environs qui finirent par pourvoir à ses besoins. Cet "Exil
à Sado" est commémoré le 10 octobre.
Non seulement Nichiren a-t-il survécu à toutes ces privations
mais il écrivit deux de ses Ecrits
majeurs durant son exil. Le premier est le Kaimoku-sho
(Ouvrir les yeux [sur le Sutra du Lotus]) qu'il termina en
février 1272. Dans ce traité, Nichiren cherche à
ouvrir les yeux de tous les hommes au fait que le temps était
venu de pratiquer le véritable enseignement du Sutra du Lotus.
Le Kaimoku-sho révèle également que Nichiren
avait pris conscience d'être en train d'accomplir le rôle
du bodhisattva Jogyo en tant que "Envoyé
du Sutra du Lotus". Dans ce Sutra, Jogyo est le chef qui conduit les bodhisattvas Surgis-de-Terre, les disciples primordiaux du Bouddha Atemporel Shakyamuni.
C'est à Jogyo et les autres bodhisattvas
Surgis-de-Terre que le Bouddha a confié la mission de propager
le Sutra du Lotus dans la Dernière période du
Dharma (mappo) lorsque l'esprit des enseignements
du Bouddha sera perdu. A partir de ce moment, Nichiren n'essaya plus
de simplement réformer le bouddhisme, il enseigna le Dharma Merveilleux du Bouddha Atemporel sous la forme de Namu Myoho Renge Kyo, destiné à cet "âge mauvais".
En 1272 Nichiren fut transféré dans une résidence
plus confortable dans l'île de Sado.
[Ichinosawa] A l'abri des éléments
et des privations, Nichiren écrivit son ouvrage le plus important,
le Kanjin Honzon-sho (Contemplation spirituelle et Objet
de Vénération) qu'il termina le 25 avril 1273. Dans
ce traité, il décrit la transmission du Dharma Merveilleux à tous les êtres sensitifs,
lors de la Cérémonie dans les Airs.
Le Bouddha Atemporel destinant le Dharma Merveilleux à tous les
êtres, va devenir pour Nichiren et ses disciples "l'Objet
de concentration dévotionnelle", le Gohonzon.
A la différence des formes précédentes de contemplation
qui dépendaient de la capacité du pratiquant à
percevoir la vraie nature de la réalité, Nichiren enseigna
que la vraie nature de la réalité se manifeste à
nous en tant que Bouddha Atemporel sous la forme de Namu Myoho Renge Kyo. En d'autres termes, la bodhéité
n'est pas quelque chose que nous pouvons développer par nos efforts
conscients. La vraie nature de la réalité nous est révélée
par la présence spirituelle du Bouddha Atemporel dans nos vies,
présence que nous éveillons par notre adhésion
à Namu Myoho Renge Kyo. Cela s'accomplit
naturellement lorsque nous fusionnons de tout notre être avec
le Gohonzon en récitant Namu Myoho Renge Kyo. Le 8 juillet 1273, Nichiren inscrivit le Grand mandala
en caractères chinois et sanskrits pour représenter le
Gohonzon sous une forme calligraphiée.
6) Mont Minobu
En mars 1274, Nichiren fut gracié et autorisé à
revenir à Kamakura. Le gouvernement chercha à le rallier
à sa cause en lui offrant un temple en échange de ses
prières contre l'invasion mongole. Nichiren refusa tout compromis
et insista une fois de plus sur la nécessité pour le gouvernement
de retirer son soutien aux enseignements qui obscurcissaient le véritable
enseignement du Bouddha Shakyamuni. En voyant que sa troisième
admonestation du gouvernement ne rencontrait aucun écho, Nichiren
décida de suivre le conseil de Confucius
de se retirer dans les "montagnes et forêts" si trois
essais d'admonestation du gouvernement restaient sans effet. (La première
avait été le Rissho Ankoku-ron en 1260 et la
deuxième après la mission des Mongols en 1268). En mai
1274, Nichiren quitta Kamakura et établit son ermitage sur le
Mont Minobu.
Au Mont Minobu, Nichiren se consacra à la formation de ses disciples
et à la correspondance d'encouragement avec ses partisans dispersés
un peu partout. C'est là que lui parvinrent les nouvelles des
deux tentatives d'invasion du Japon par les Mongols,
en octobre 1274 puis en juin 1281. Bien que le Japon fut sauvé
les deux fois par des tempêtes qui détruisirent la flotte
mongole, Nichiren continua ses mises en garde. En effet, les conditions
spirituelles qui avaient rendu le Japon vulnérable n'avaient
pas changé et conduiraient inévitablement à la
souffrance du peuple japonais. Ses prédictions se réalisèrent
en 1333, lorsque le shogunat de Kamakura tomba, plongeant tout le pays
dans des siècles de guerres et luttes intestines. Par une ironie
du sort la chute du shogunat était en partie provoquée
par les subventions exorbitantes que le gouvernement accordait pour
des rituels bouddhiques ésotériques destinés à
procurer la sécurité au pays et se mettait ainsi dans
l'impossibilité de payer les samouraïs qui aurait dû
défendre le gouvernement.
Nichiren eut également à souffrir des persécutions
dirigées contre ses disciples dont le sort l'a toujours beaucoup
préoccupé. Un grand nombre de ses adeptes furent en conflit
avec leur famille ou le seigneur du clan. La pire persécution
eut lieu à Atsuhara en 1279, lorsque
vingt fermiers furent arrêtés sur l'ordre du Ministre des
guerriers Nagasaki Yoritsuna et trois d'entre
eux décapités parce qu'ils refusaient d'abjurer leur foi
dans le Sutra du Lotus. Nichiren a constamment prié
pour le bien-être de ses adeptes et leur envoya un grand nombre
de lettres d'encouragement.
Il écrivit en ce temps les deux derniers de
ses cinq Ecrits majeurs. En juin 1275, il rédigea le Senji-sho
(Sélection du temps). Il y reprend les cinq
guides de propagation : quel sutra diffuser, capacité des
auditeurs à comprendre le sutra, l'époque de la diffusion,
le lieu de la diffusion et la personne qui diffuse. Son traité
met particulièrement l'accent sur le fait que le temps était
maintenent venu pour propager le Sutra du Lotus, le privilégiant
par rapport à tous les autres sutras et que la délivrance des souffrances pouvait être obtenue par la pratique de Namu Myoho Renge Kyo.
Nichiren écrivit le Ho-on-jo
(Sur la dette de reconnaissance) en juillet 1276, après la mort
de Dozen-bo, le maître qui l'avait ordonné
et guidé dans son enfance. Dans ce traité, Nichiren insiste
sur le fait que la pratique bouddhique doit être motivée
par le désir de libérer tous ceux à l'égard
de qui on a une dette de gratitude et que la meilleure façon
pour cela est de leur enseigner le Sutra du Lotus. Dans le
Ho-on-jo, il décrit pour la première fois les
Trois Grands Dharmas Cachés : le Gohonzon, le Daimoku et le Kaidan.
Les nombreuses difficultés et les persécutions qu'avaient
subies Nichiren pendant des années réclamaient leur dû.
Le 8 septembre 1282, il quitta le Mont Minobu pour s'occuper de sa santé.
Ses disciples l'avaient persuadé de se rendre aux sources chaudes
de Hitachi mais il dut s'arrêter
en chemin chez son adepte dévoué, Ikegami
Munenaka. Le 8 octobre Nichiren nomma six disciples aînés
et leur confia la propagation de son enseignement après sa mort.
Le 13 octobre, à l'âge de 60 ans Nichiren mourut entouré
de ses disciples et adeptes laïcs.
Après la mort de Nichiren, son bouddhisme continua
à se développer. Avec le temps il devint l'une des plus
grandes écoles bouddhiques au Japon. Actuellement, on trouve
ses adeptes qui récitent Namu Myoho Renge Kyo, un peu partout dans le monde.