Qui est qui sur le Shutei Gohonzon


Ryuei Michael McCormick

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9 – Sous les Ciels

Tenrin Jo-o
Chakravartin - Roi faisant tourner la Roue du Dharma
 

Le Chakravartin est le monarque idéal et à plusieurs points de vue c’est le double du Bouddha dans le monde séculier. On dit même que les rois chakravartins possèdent les trente-deux marques distinctives, comme les bouddhas, les bodhisattvas célestes et les devas supérieurs. Ils représentent le niveau le plus élevé des vertus et du pouvoir qu’on peut atteindre dans le monde des hommes. Le roi Ashoka qui régna de -268 à  
-232 et qui a unifié l’Inde s’est convertit au bouddhisme et administra son empire selon les principes bouddhiques de non-violence et de tolérance, est souvent considéré comme un chakravartin. Le Dictionnaire des Termes et Concepts bouddhistes dit :

« Les monarques idéaux de la mythologie indienne. Dans le bouddhisme, ce sont des rois qui gouvernent le monde par la justice plutôt que par la force. Ils possèdent les 32 marques distinctives et gouvernent les quatre continents autour du Mont Sumeru en faisant tourner les roues qui leur ont été confiées par les Cieux. Ces roues peuvent être de quatre sortes : or, argent, cuivre et fer. Le roi qui fait tourner la roue en or règne sur les 4 continents, celui qui tourne la roue en argent gouverne les continents de l’est, du sud et de l’ouest ; celui qui fait tourner la roue de cuivre, règne sur l’est et le sud et celui qui a la roue en fer gouverne le continent du sud. Ils apparaissent lors du kalpa de croissance, alors que la durée de la vie des humains est de 20 000 et 80 000 ans, ou bien au début de la première période du kalpa de continuité lorsque la vie humaine se situe entre l’infini et 80 000 ans. »(réf.)

Dans sa Philosophie de l’Inde, Heinrich Zimmer décrit les sept trésors que possèdent les chakravartins et qui leur permettent de gouverner.

« 1 -La roue sacrée (chakra) représente l’universalité. Le chakravartin lui-même est considéré comme le moyeu du monde. Par rapport à lui toutes les choses sont comme des rayons de la roue. Il est l’Etoile Polaire autour de laquelle tourne tout le reste en ordre et harmonie des hôtes des lumières célestes.
2 – Le divin éléphant blanc (hastiratna - le trésor de l’éléphant). Rapide comme la pensée, cet animal divin porte le monarque lors de ses tournées d'inspection dans le monde à travers le firmament. L'éléphant blanc fut l'ancienne monture sacrée des rois pré-aryens.
3 - Le cheval blanc, le valeureux soleil-cheval (asvaratna, trésor du cheval). Le cheval était la monture et tirait le char des envahisseurs aryens. Cet animal blanc de lait joue  le même rôle que l'éléphant blanc divin.
4 - Le Joyau magique (Cintamani, joyau mental ou joyau des souhaits) transforme la nuit en jour et exauce tous les vœux dès qu’ils sont exprimés.
5. Le conjoint parfait (striratna, le trésor de l’épouse. La femme idéale sans faille dans la beauté, comme dans la vertu. Son corps est rafraîchissant pendant la saison chaude et réchauffe quand il fait froid.
6 Le Ministre des Finances parfait (gehapati, grihapati, «maître de maison»). Administrateur sans reproche, il n'est jamais à court d’argent pour mettre en oeuvre  la générosité ; sa charité s’étend à tout l'univers, pour alléger les souffrances des veuves, des orphelins, des personnes âgées et des malades.
7. Le Général-en-chef parfait (parinayaka, le dirigeant).» (réf.)

Dans le chapitre XIV du Sutra du Lotus,  Pratiques paisibles, le Bouddha raconte la parabole du joyau dans l’ushnisha du cakravartin qui donne le Cintamani exaucant tous les vœux. C’est la pierre précieuse donnée à ceux qui le servent, tout comme le Sutra du Lotus que le Bouddha donne à ses adeptes.

Illustration : Un roi idéalisé avec un joyau qui exauce tous les vœux dans l’ushnisha et tenant une roue.

 

Ajase Dai-o
Roi Ajatashat
ru

Ajatashatru était le roi du Magadha, dont la capitale était Rajagriha à l’époque de Shakyamuni. Le Pic du Vautour où fut exposé le Sutra du Lotus se trouve accolé au nord-est de la ville. Ajatashatru apparaît dans la Grande-assemblée dès le 1er chapitre.

Il était le fils du roi Bimbisara et de la reine Vaidehi. Selon le sutra mahayana Mahaparinirvana, le roi et la reine ne pouvaient pas avoir d’enfants. Un jour, un devin leur dit qu’il y avait dans la forêt un ascète destiné à devenir leur fils après sa mort. Le roi Bimbisara voulant hâter le processus fit assassiner l’ascète. La reine Vaidehi tomba enceinte mais le devin informa le roi qu’à cause du meurtre le garçon, devenu grand, tuerait son père. Effrayé, le roi Bimbisara fit jeter l’enfant du haut de la muraille de sa citadelle mais le bébé survécut et le roi décida qu’il n’allait pas aggraver la situation par d’autres actions négatives. Le nom Ajatashatru signifie ‘‘Ennemi avant la naissance’’.

Huit ans avant le parinirvana de Shakyamuni, Devadatta, déguisé en garçon couvert de serpents, apparut magiquement devant le prince Ajatashatru. Celui-ci fut terrifié par cette apparition mais lorsqu’il s’avéra que ce n’était que Devadatta il fut impressionné par ses pouvoirs surnaturels. A partir de ce moment, tous les deux conspirèrent pour qu’Ajatashatru usurpe le trône du roi Bimbisara et que Devadatta supplante Shakyamuni dans le Sangha. Le prince Ajatashatru devint ainsi le suzerain de Devadatta, lui concédant tout ce que ce dernier demandait et même au-delà. Shakyamuni dénonça alors publiquement les actions de Devadatta devant le Sangha pour que la communauté bouddhique ne puisse plus être tenue pour responsable  des actions de Devadatta. Peu de temps après, Devadatta persuada Ajatashatru d’assassiner le roi, son père.  Le complot fut découvert mais le roi Bimbisara renonça volontairement au trône au profit de son fils. 

Après s’être emparé du trône, Ajatashatru emprisonna son père et le fit mourir de faim. Lorsque sa mère tenta de faire passer de la nourriture au roi déchu, Ajatashatru faillit la tuer de son épée mais ses conseillers l’empêchèrent de commettre un tel acte de haine et elle fut juste confinée dans une chambre du palais.

Après son intronisation, sur l’instigation de Devadatta, un des premiers actes d’Ajatashatru  fut d’envoyer des assassins tuer le Bouddha. Mais ils échouèrent les uns après les autres car personne ne peut tuer un Bouddha. Une fois en sa présence, ils devenaient  tous ses disciples. Plus tard, Devadatta essaya de provoquer un schisme dans la communauté de Shakyamuni mais sa tentative tourna court lorsque les moines qui l’avaient d’abord suivi, retournèrent à leur Sangha premier.

Devadatta mourut peu de temps après et Ajatashatru regretta tous ses crimes. Selon le sutra  Mahaparinirvana,  son corps se couvrit de pustules potentiellement mortelles. Jivaka, le médecin royal, finit par le convaincre de demander l’aide du Bouddha. Ajatashatru fut tellement impressionné par l’enseignement de celui-ci qu’il se repentit aussitôt, prit refuge dans les Trois Trésors et devint son disciple laïc. Il corrigea ainsi son karma négatif qui se manifestait par des pustules mortelles et prolongea sa vie.

Le règne d’Ajatashatru ne fut pas pacifique. Il fut souvent en conflit et même en guerre ouverte contre ses voisins.  Toutefois il fit construire un stupa pour les reliques du Bouddha et c’est grâce à son soutien qu’eut lieu  le premier concile bouddhiste.

Alors que dans la mythologie indienne le Roi chakravartin symbolise l’idéal inaccessible d’un monarque, le roi Ajatashatru représente la réalité brutale de l’histoire de l’Inde. Au cours de sa vie, il tua son père, attenta à la vie de sa mère, fit constamment la guerre et complota contre ses voisins.  Il essaya même de tuer le Bouddha. Dans le sutra mahayana Mahaparinirvana, Ajatashatru représente l’icchantika. Le Dictionnaire des Termes et Concepts Bouddhistes définit ce dernier comme suit :

« A l’origine c’était un hédoniste, celui pour qui comptaient seules les valeurs séculières. Dans le bouddhisme, icchantika désignait celui qui n’avait ni la foi ni le désir de bodhéité et ne recherchait donc pas l’Éveil. On traduit parfois icchantika par ‘‘personne d’une incroyance incorrigible’’.  Certains sutras considèrent les icchantikas comme incapables par essence de parvenir à l’Éveil, alors que d’autres, principalement ceux du Mahayana tardif, affirment qu’ils peuvent atteindre la bodhéité

Le roi Ajatashatru et sa suite sont présents dans le chapitre I, Prologue, du Sutra du Lotus.

Illustration : Roi indien avec une épée et un sceptre, éventuellement couvert de pustules et avec une expression de repentir. 

 

Ashura-o
Roi Asura

Les asuras font partie des huit groupes d’êtres surnaturels censés vénérer et protéger le Dharma. Ce sont également les démons combattants en constante rivalité avec les devas, en particulier Indra et les Quatre rois célestes. Ils demeurent dans les six mondes-états inférieurs du samsara et sont caractérisés par la jalousie, l’envie, l’orgueil et une perpétuelle agressivité. Leur nom signifie ‘‘anti-dieux’’  ou ‘‘les privés d’ambroisie’’. Ils sont en compétition avec les devas pour gouverner le monde mais s’allient à eux pour remuer l’océan à la recherche du soma, l’élixir de vie. Les devas parviennent toujours à les tromper et finalement ils n’ont pas accès au vin de l’immortalité. On dit qu’ils habitent dans l’océan et aux abords immédiats du Mont Sumeru. Quatre rois Asura viennent écouter le Sutra du Lotus : Bandhiasura (ou Balin*), Kharaskandha* , Vemacitrin* et Rahu*.

Illustration : Un guerrier de grande taille avec trois têtes et six bras. La tête centrale exprime une grande tristesse, les deux autres sont courroucées. Deux bras tiennent un arc et des flèches,  deux autres portent un petit soleil et une petite lune et les deux dernières mains font le mudra anjali (gassho).

 
 

Dai Ryu-o
Naga-raja - Roi-Dragon

Les nagas font partie des huit groupes d’êtres surnaturels censés vénérer et protéger le Dharma. Ce sont des dragons ou des serpents qui résident au fond des océans et qui contrôlent les marées, le débit des rivières et la pluie.

Le Guide Iconographique les décrit ainsi :

« En réalité  ce sont des serpents, symboles des puissances chtoniennes, associés à l'élément eau. Ils sont, en Inde surtout, les gardiens des trésors de la terre. Bien qu'étant des divinités mineures, largement vénérées cependant par le peuple indien, ce sont des êtres puissants qui posséderaient toutes les sciences. Ce seraient eux qui auraient transmis à Nagarjuna la Prajnaparamita, texte majeur des doctrines du Mahayana. Leur culte semble s'être propagé en Chine (et de là, au Japon), et en Inde du Sud à partir du Cachemire. De nombreux sanctuaires étaient autrefois élevés à ces serpents : le pèlerin Xuanzang en vit au Cachemire au VII siècle. Maintenant encore, en Inde, leur culte est très populaire. C'est tout naturellement que ces divinités chtoniennes furent adoptées par le bouddhisme, et cela dès le début. La légende rapporte qu'un roi des nagas, nommé Elapatra, se déguisa en roi humain afin de venir écouter un prêche du Bouddha. Déjà on voit des rois de nagas assister à la naissance du prince Siddhartha Gautama. L'un d'eux, nommé Muchilinda, aurait même abrité le Bouddha méditant lors d'une grande inondation et d'une pluie torrentielle, formant un siège élevé avec des anneaux de son corps et un auvent protecteur des capuchons de ses sept têtes. Les images rappelant cet épisode sont nombreuses dans l'art bouddhique, et notamment dans le Sud-Est asiatique.» (réf.)

Huit Rois-dragons assistent au sermon du Sutra du Lotus : Nanda, Upananda, Sagara, Vasuki, Taksaka, Anavatapta, Manasvin  et Utpalaka. Dans le chapitre XII, Devadatta, le bodhisattva Manjushri arrive des profondeurs marines du palais du Roi-Dragon Sagara où il avait enseigné le Sutra du Lotus. Il revient avec d’innombrables bodhisattvas qu’il a instruits ainsi qu’avec la fille du Roi-Dragon âgée de huit ans, qui démontre l’atteinte de la bodhéité en un seul instant. Dans les sutras, cet événement est le seul exemple d’atteinte de la bodhéité lors d’un discours de Shakyamuni par une personne qui lui est contemporaine.
Selon la tradition, un des gardiens du temple Kuon-ji au Mont Minobu est Shichimen Daimyojin, le dragon qui réside près du Mont Shichimen. La légende dit qu’une belle femme venait écouter les enseignements de Nichiren. Un jour, il lui demanda qui elle était et elle lui apprit qu’elle était l’esprit du mont Shichimen. Mais Nichiren comprit qu’en réalité elle était un dragon et lui fit promettre de devenir le gardien du temple Kuon-ji.

Illustration : Un roi avec un corps de serpent à partir de la taille. Il porte une couronne ou une auréole avec sept têtes de serpent. Dans sa main droite, il tient une épée et dans sa main gauche il y a un nœud coulant. Il chevauche un nuage. 

 
 

Kishimojin
Hariti

Hariti, dont le nom signifie “voleuse d’enfants, est une yakshini (féminin de yaksha) habitant une tour de Rajagriha. Les yakshas  font partie des huit groupes d’êtres surnaturels censés vénérer et protéger le Dharma. Ce sont des démons dévoreurs de chaire humaine ou des esprits qui forment l’armée Roi-Céleste Vaishravana. A l’origine, les yakshas étaient des esprits des arbres, des forêts et même de villages. Mais ils possèdent un côté féroce démoniaque et on les appelle alors rakshasas. On les range parmi les esprits faméliques (gaki, preta). L’époux de Hariti, Pancika, est un des 28 généraux de Vaishravana. Il est le père de 500 fils.Hariti a aussi dix filles considérées comme rakshasas. Ceci montre à quel point les yakshas et les rakshasas sont interchangeables.

Hariti ne pouvait s’empêcher de manger les enfants de Rajagriha et dévora même son frère, le bienveillant yaksha, gardien de Rajagriha. Même son mari ne parvenait pas à l’arrêter. Ni le roi Bimbisara ni aucune deva n’y parvenant non plus, les citadins, désespérés, se tournèrent finalement vers Shakyamuni. Pendant son absence, le Bouddha se rendit dans sa demeure et usant de ses pouvoirs supranaturels cacha son dernier-né dans son bol à aumônes. Lorsque Hariti revint et ne trouva pas son fils, elle fut si affolée qu’elle alla demander de l’aide au Bouddha. Shakyamuni lui fit remarquer que si elle-même était tellement malheureuse de perdre un seul de ses 500 fils, combien plus devaient être désespérés les parents de Rajagriha lorsqu’elle les privait du peu qu’ils avaient. En entendant cela Hariti éprouva du remord et de la compassion pour ceux qu’elle avait si fortement perturbés. Elle se repentit, prit refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha, observa les cinq préceptes majeurs et fit le vœu de protéger les habitants de Rajagriha. Shakyamuni lui rendit alors son fils. De son côté, Shakyamuni demanda à ses bhiksus de faire dorénavant une offrande symbolique de leur repas aux esprits faméliques. Hariti fut considérée comme la protectrice des enfants et des femmes en couches et aussi comme la protectrice du Dharma. Son effigie souriante de ‘‘donneuse d’enfants’’ la fait parfois confondre avec Avalokiteshvara.

Au chapitre XXVI du Sutra du Lotus, Hariti apparaît avec ses dix filles pour offrir des dharanis protecteurs à ceux qui enseignent le Dharma.

Kishimojin
Hariti

Hariti, dont le nom signifie “voleuse d’enfants, est une yakshini (féminin de yaksha) habitant une tour de Rajagriha. Les yakshas  font partie des huit groupes d’êtres surnaturels censés vénérer et protéger le Dharma. Ce sont des démons dévoreurs de chaire humaine ou des esprits qui forment l’armée Roi-Céleste Vaishravana. A l’origine, les yakshas étaient des esprits des arbres, des forêts et même de villages. Mais ils possèdent un côté féroce démoniaque et on les appelle alors rakshasas. On les range parmi les esprits faméliques (gaki, preta). L’époux de Hariti, Pancika, est un des 28 généraux de Vaishravana. Il est le père de 500 fils. Hariti a aussi dix filles considérées comme rakshasas. Ceci montre à quel point les yakshas et les rakshasas sont interchangeables.

Hariti ne pouvait s’empêcher de manger les enfants de Rajagriha et dévora même son frère, le bienveillant yaksha, gardien de Rajagriha. Même son mari ne parvenait pas à l’arrêter. Ni le roi Bimbisara ni aucune deva n’y parvenant non plus, les citadins, désespérés, se tournèrent finalement vers Shakyamuni. Pendant son absence, le Bouddha se rendit dans sa demeure et usant de ses pouvoirs supranaturels cacha son dernier-né dans son bol à aumônes. Lorsque Hariti revint et ne trouva pas son fils, elle fut si affolée qu’elle alla demander de l’aide au Bouddha. Shakyamuni lui fit remarquer que si elle-même était tellement malheureuse de perdre un seul de ses 500 fils, combien plus devaient être désespérés les parents de Rajagriha lorsqu’elle les privait du peu qu’ils avaient. En entendant cela Hariti éprouva du remord et de la compassion pour ceux qu’elle avait si fortement perturbés. Elle se repentit, prit refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha, observa les cinq préceptes majeurs et fit le vœu de protéger les habitants de Rajagriha. Shakyamuni lui rendit alors son fils. De son côté, Shakyamuni demanda à ses bhiksus de faire dorénavant une offrande symbolique de leur repas aux esprits faméliques. Hariti fut considérée comme la protectrice des enfants et des femmes en couches et aussi comme la protectrice du Dharma. Son effigie souriante de ‘‘donneuse d’enfants’’ la fait parfois confondre avec Avalokiteshvara.

Au chapitre XXVI du Sutra du Lotus, Hariti apparaît avec ses dix filles pour offrir des dharanis protecteurs à ceux qui enseignent le Dharma.

Illustration : Une femme féroce avec des crocs. Ses mains forment le mudra anjali (gassho).

 
 

Jurasetsunyo
Rakshasis

Les dix rakshasis  sont les filles de Hariti. Les rakshasis sont des esprits démoniaques,  dévoreuses de chair et buveuses de sang. Ces êtres cauchemardesques étaient autrefois des yakshasis, esprits des arbres, des forêts et des villages. Elles étaient de sortes d’esprits faméliques dotées de grands pouvoirs. Elles apparaissent en tant que belles femmes (avec des crocs) en habits de cour et portant différentes armes ou d’autres objets symboliques.

1. Lamba avec la main droite tenant un glaive, main gauche tenant un rouleau de sutra.
2. Vilamba tenant des cymbales.
3. Kutadanti, Torses-Dents, tenant dans la main gauche un plateau de fleurs et de la main droite faisant le geste de prendre une des fleurs.
4. Pushpadanti, Dents fleuries, main droite en varada-mudra pendante, cintamani* dans la main gauche.
5. Makutadanti, Dents-Noires, main droite en abhaya-mudra, main gauche tenant une hallebarde.
6. Keshini, Chevelue, main droite tenant une hallebarde, main gauche en abhaya-mudra.
7. Achala, Insatiable, main droite avec sceptre, main gauche avec un vase de fleurs.
8. Maladhari. Porteuse de colliers, tient une guirlande dans ses deux mains.
9. Kunti, tient une lance.
10. Sarvasattvajohari, Dérobeuse du Souffle Vital de Tous les Etres. Elle tient dans la main droite un bâton et dans la main gauche une massue.

Les dix rakshasis  et leur mère Hariti apparaissent dans le chapitre XXVI du Sutra du Lotus et offrent ensemble des dharanis pour la protection de ceux qui enseignent le Sutra du Lotus.

 

Daibadatta
Devadatta

Devadatta était le cousin aîné de Shakyamuni et le frère d’Ananda (aîné ou cadet selon différentes sources).  Certaines versions de la vie du Bouddha le présentent comme le rival de Shakyamuni depuis leur enfance. Un de ces récits raconte qu’un jour Devadatta tira sur un cygne qui tomba aux pieds de Siddhartha. Celui-ci retira la flèche et le soigna jusqu’à son rétablissement.  Mais Devadatta prétendant que ce cygne était à lui parce que c’est lui qui l’avait tiré, les deux garçons s’adressèrent à une cour de justice où les conseillers royaux examinèrent les arguments de chacun. A la fin, un sage déclara que le cygne devait appartenir à celui qui lui avait sauvé la vie et non pas à celui qui avait voulu la lui ravir. On dit également que Devadatta avait été le concurrent malheureux de Siddhartha en demandant la main de Yashodhara.

Devadatta rejoignit le Sangha en même temps que son frère Ananda et d’autres membres du clan Shakya, avec Aniruddha et Upali. C’était peu de temps après la première visite du Bouddha à Kapilavastu, dans la deuxième année après son Éveil. Pendant longtemps Devadatta fut un membre respecté du Sangha et acquit par la méditation de grands pouvoirs surnaturels.  Cependant sa jalousie cachée l’empêcha d’atteindre la véritable lucidité et la délivrance.

Huit ans avant le parinirvana de Shakyamuni, Devadatta apparut magiquement devant le roi Ajatashatru sous l’aspect d’un garçon couvert de serpents et impressionna tellement le roi que ce dernier tomba Ajatashatru contre son père et Devadatta contre Shakyamuni, Devadatta perdit ses pouvoirs magiques à cause de sa jalousie et de son ambition. Il fit une tentative pour supplanter Shakyamuni auprès de sa communauté, prétendant que Shakyamuni devrait se retirer et lui confier sa succession. Shakyamuni rejeta fermement cette proposition et devant l’insistance de Devadatta lui aurait dit :

« Je ne confierai le Sangha des bhiksus ni même à Shariputra ou Maudgalyayana. Comment pourrais-je faire une telle insanité avec un caillot de crachat comme toi ?» (réf.)

Puis il dénonça publiquement la conduite de Devadatta, le rendant seul responsable de ses actes à venir. Après l’usurpation du trône par son protecteur le roi Ajatashatru, Devadatta le poussa à faire assassiner le Bouddha. Mais devant les échecs du roi il décida de le tuer lui-même. Il fit rouler un gros rocher sur le Bouddha au Pic du Vautour, mais Shakyamuni fut seulement blessé au pied. Plus tard Devadatta usa de son influence à la cour pour faire lâcher l’éléphant fou Nalagiri pour qu’il piétine le Bouddha mais celui-ci dompta l’éléphant par la force de sa maitri (amour-empathie). La réputation de Devadatta s’empira alors au point que même Ajatashatru dut lui retirer sa protection. 

Devadatta a toutefois réussi à créer un schisme en proposant de faire adopter par le Bouddha un décret de cinq pratiques ascétiques : 1) les bhiksus devaient résider dans des forêts et non plus dans des villes ou des villages, 2)  pour leur subsistance les bhiksus devaient seulement mendier et ne pas accepter des invitations à partager les repas, 3) les bhiksus devaient se vêtir uniquement de haillons récupérés sur les lieux de crémation et ne pas accepter de robes en cadeau, 4) les bhiksus devaient dormir sous les arbres et non dans des bâtiments, 5) les bhiksus ne devaient consommer que des légumes et refuser la viande et le poisson.  Shakyamuni refusa ce décret mais Devadatta réussit à convaincre 500 novices qui le suivirent parce que ces pratiques étaient plus rigoureuses que celles du Bouddha. Shariputra et Maudgalyayana, firent semblant de se joindre à Devadatta mais réussirent à convaincre les 500 novices à revenir avec eux auprès du Bouddha. La tradition raconte que voyant l’échec de créer un Sangha rival, Devadatta vit la terre s’ouvrir sous ses pieds et qu’il tomba vivant dans l’enfer avici. Selon d’autres sources il aurait essayé de se repentir sur son lit de mort en prononçant « Namah Buddha » mais qu’il était trop tard.

Devadatta n’est pas présent dans la Grande-assemblée du Pic du Vautour. Il est vraisemblable que cette réunion ait eu lieu après sa mort. Dans le chapitre XII, Shakyamuni révèle que dans une vie précédente il avait été un roi qui avait renoncé au trône pour devenir un serviteur de Devadatta qui, à l’époque, était l’ermite Asita qui lui enseignait le Sutra du Lotus. Le Bouddha affirme qu’il a pu atteindre l’Éveil parce que dans une vie précédent Devadatta a été son maître. Il fait ensuite la prédiction étonnante que dans le futur Devadatta deviendrait l'Ainsi-Venu Devaraja et que son monde aurait nom Devasoppana (Voie des devas).

Devadatta est par excellence un commis de l’enfer mais c’est aussi un exemple de premier plan de l’universalité du Sutra du Lotus qui enseigne que même une personne aussi mauvaise que lui peut atteindre la bodhéité. Cela nous enseigne aussi que le pire individu peut être considéré comme notre maître apportant une contribution que nous ne sommes pas toujours en mesure de reconnaître sans la lucidité d’un bouddha. 

Illustration : adolescent tourmenté avec une ceinture de serpents et entouré de flammes ou bien un moine avec une expression sournoise.

 

SUITE : Kami - Les divinités shintoïstes

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