Qui est qui sur le Shutei Gohonzon


Ryuei Michael McCormick

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7 - Les devas – Divinités védiques

 

Sur le mandala inscrit par Nichiren se trouvent plusieurs devas, divinités de la cosmologie védique de l’Inde ancienne intégrés dans le bouddhisme en tant qu’habitants célestes, personnifications des forces de la nature, êtres sensitifs bienveillants ayant besoin des enseignements du Bouddha,  protecteurs de son Dharma, et jouant même le rôle de différents bodhisattvas. Par certains côtés ils rappellent les dieux grecs de l’Olympe ou les dieux Ases des anciens mythes nordiques.  En fait, il est possible qu’ils aient une source aryenne commune. Toutefois les divinités védiques du Mont Sumeru n’ont pas disparu mais sont encore vénérées en tant que telles en Inde et apparaissent dans le bouddhisme en tant que gardiens du Dharma, protecteurs de l’humanité et même en tant qu’incarnation de certains aspects de la bodhéité. Devas pourrait être traduit pas « êtres resplendissants » ou bien « ceux qui brillent ».

Dans son ouvrage Les Philosophies de l’Inde, Heinrich Zimmer décrit les divinités védiques comme suit :

« La philosophie indienne classique est issue de l’ancienne religion aryenne des Vedas. A l’origine, le panthéon védique peuplé de divinités décrivait un univers rempli de projections d’expériences humaines et d’idées que l’homme se faisait de lui-même. Les fonctionnalités de la naissance, de la croissance et de la mort, celles du processus de génération ont été projetées sur les phénomènes  de la nature.  Les forces cosmiques et les phénomènes furent personnifiés. Les astres, les variétés et les aspects des nuages, les tempêtes, les forêts, les massifs montagneux, les cours d’eau, les propriétés du sol, les mystères des mondes souterrains ont été compris et exprimés en termes d’existence et de relations entre des êtres divins qui n’étaient que le reflet du monde des hommes. Ces dieux n’étaient que des humains ‘‘supérieurs’’ dotés de pouvoirs cosmiques et qu’on pouvait convier à des fêtes et des sacrifices. Ils étaient invoqués, louangés et réjouis, et on pouvait se les concilier.» (réf.)

Le Guide iconographique résume ainsi le rôle de ces devas dans le bouddhisme :

« Les Devas sont des divinités ordinaires, mineures, qui peuplent les étages célestes du monde et sont, pour la plupart, empruntées au panthéon brahmanique indien.  […] Le bouddhisme des écoles anciennes, nous l’avons vu, n’avait pas renié formellement les divinités brahmaniques, mais au lieu de leur rendre un culte, il les considérait comme des divinités mineures au service du Bouddha et du bouddhisme.
Les dieux bouddhiques ne sont pas des sauveurs mais possèdent plus de pouvoirs que les hommes. Ils mènent des vies de plaisir extraordinairement longues mais finissent par subir le cycle des renaissances et des souffrances. On peut les invoquer pour une aide matérielle. Les premiers écrits bouddhistes racontent les services qu’ils rendirent au Bouddha, leur aide à la propagation  du bouddhisme et leur protection.
C’est ainsi que dans les textes les plus anciens, nous voyons les dieux du panthéon indien assister à tous les événements majeurs de la vie du Bouddha, plus en serviteurs attentifs d’ailleurs que comme fidèles. 
[…]
Les Devas forment la première des huit classes d’êtres surnaturels (hachibutshu) mentionnés dans le Sutra du Lotus comme étant des protecteurs du Bouddha et de la Loi, et combattant victorieusement les forces adverses. Les autres sept classes sont les nagas (dragons), les garudas* (oiseaux mythiques, ennemis mortels des nagas, les asuras* (les anti-dieux ou démons combattants), les yakshas* (génies de la nature), les gandharvas* (les musiciens du paradis d’Indra), les mahoragas*(serpents géants) et les kimnaras* (musiciens célestes avec un corps humain et une tête de cheval ou d’oiseau). Il y a également une autre classe d’êtres associés aux devas* et qu’on appelle les apsaras. Ce sont des serviteurs, des musiciens de cour, des danseurs, des assistants des devas*. On peut dire que c’est la classe la plus populaire des demeures célestes.» (réf.)

Nichiren dit que tous les dieux ont promis de protéger ceux qui adhèrent au Sutra du Lotus. Il invoque souvent les divinités védiques et les kamis shintoïstes, comme on le voit dans ce passage du gosho Sur les persécutions subies par le Bouddha :

 « Soyez certains que rien, pas même une personne possédée par un puissant démon, ne peut vaincre Nichiren parce que Bonten (Brahma), Taishaku (Shakra), Nitten, Gatten et les Quatre Rois du Ciel, Tensho Daijin* et Hachiman le protègent.»

Mais d’un autre côté, les divinités abandonneront et puniront ceux qui offensent le Sutra du Lotus et s’en détournent comme Nichiren le dit dans la Lettre au nyudo d'Ichinosawa :

« Il faut se demander pourquoi des événements aussi terribles se produisent. La raison en est, comme je l'ai déjà dit, que les habitants de ce pays, sans aucune exception, ont tous commis les trois plus graves des cinq forfaits. Voilà pourquoi Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les Quatre Rois du Ciel ont pénétré le corps du grand roi des Mongols pour le pousser à envahir ce pays et à le punir.»

Nichiren adresse souvent des prières aux divinités et encourage ses adeptes d’en faire de même, mais toujours avec une confiance dans le Sutra du Lotus qui englobe tout.

Dai Bontenno
Brahma - Grand Roi du Ciel

Brahma désigne la classe supérieure des divinités du “Ciel de Brahma”. Ainsi dans le chapitre I du Sutra du Lotus, trois différents Brahmas sont présents au Pic du Vautour : Brahma Roi du Ciel, Grand Brahma Sikhin et le Grand Brahma Lumière et c’est le Brahma Roi du Ciel qui est le chef. On le considère comme omniscient, omnipotent, moralement parfait, créateur du monde qui se trouve dans le Grand Ciel brahmique du Monde de la forme.  Il règne sur le monde Saha et domine la triade qui représente la matière [nature matérielle] : Brahma le créateur, Vishnu le conservateur et Shiva le destructeur. Dans les sutras, il dit de lui-même :

« Je suis le Brahma, le grand Brahma, le conquérant, jamais conquis, celui qui voit tout, aux souhaits duquel tout est soumis, l'omnipotent, le constructeur, le créateur, le suprême, le contrôleur, celui qui est confirmé dans la pratique des dhyanas*, le père de tous ceux qui ont été et seront. » (Brahmajala, DN. 1)

Les autres êtres croient à l’auto-proclamation ou bien ont un vague souvenir de la vie dans le Ciel brahmique et cherchent à renaître en sa présence. L’union avec Brahma et la renaissance dans le Ciel brahmique du monde de la forme (ou dans n’importe lequel des Ciels de la matière) sont considérés par le Bouddha comme une aspiration légitime vers un but inférieur pour ceux qui sont incapables de transcender leurs présupposés théistes sur la finalité de la vie religieuse. Il s’agit d’un but inférieur car il reste à l’intérieur du cycle des six mondes-états du devenir et, qu’au mieux, on demeure dans le monde-état céleste jusqu’à l’épuisement des causes et conditions, en l’occurrence du karma méritoire. En outre, même s’il est l’être prééminent, le premier être parmi les êtres, Brahma reste soumis au cycle des renaissances conformément à la loi de causalité et n’a aucun moyen d’y échapper. Simplement Brahma ne se souvient pas qu’il se trouve dans le Séjour brahmique à la suite de causes et d’effets à l’origine de l’expansion cosmique. Il croit qu’il est l’unique cause de la création du monde et de la multitude des êtres, mais en fait il ne tient pas compte des causes qui l’ont précédé. D’après la Bouddha, son auto-satisfaction (« Je suis le Brahma, etc. ») n’est rien d’autre qu’égotisme et illusion sur lui-même. Etre parmi les êtres, pris comme eux dans le cycle des naissances/morts, Brahma a besoin de l’enseignement du Bouddha malgré ses fanfaronnades.

Le Bouddha fut en tous cas très critique à l’égard des brahmanes et de leur enseignement védique qui prêchait une voie d’union avec Brahma. Il démontrait qu’en dernière analyse les enseignements théistes étaient basés sur des on-dit et ne pouvaient donner une idée correcte de ce qu’était réellement Brahma. En tant que « moyen salvifique » le Bouddha enseigna la purification de l’esprit, le renoncement à la vie laïque et la méditation sur les quatre bienveillances infinies « séjours brahmiques » associés à Brahma : amour-empathie, compassion, joie partagée, équanimité. De cette façon on pouvait être uni à Brahma au moment de la mort grâce au développement de qualités, de vertus et de méditations.

Le Dharma bouddhique est toutefois en mesure de mener ceux qui y adhèrent bien au-delà du monde-état céleste. Le Bouddha avait compris que même ces états divins n’étaient que des phénomènes soumis à la disparition comme tout autre phénomène. Alors que l’union avec Brahma et la renaissance dans le monde-état céleste étaient considérés comme des objectifs valables susceptibles d’être atteints, cela ne pouvait pas être le but final, car seul le nirvana peut apporter la vraie paix. Le Bouddha affirmait cependant que dans ses vies passées en tant que bodhisattva, il avait aussi été uni à Brahma.

D’après les sutras, le Bouddha après l’atteinte de la bodhéité aurait hésité à enseigner le Dharma. Brahma en personne serait alors descendu de son Ciel pour convaincre le Bouddha d’enseigner et qu’il y aurait des personnes pour le comprendre. Cette histoire est racontée dans le chapitre II du Sutra du Lotus où Brahma apparaît en compagnie du Roi du Ciel Shakra (Indra) et des Quatre Grands Rois du Ciel et bien d’autres dieux. Brahma est aussi une des divinités qui offre périodiquement à la Grande-assemblée de la musique, des pluies de fleurs et des étoffes célestes. Dans le chapitre VII du Sutra du Lotus, les Mahabrahmas Divinités Rois du Ciel des millions de myriades de terres se réunissent pour faire des offrandes à l’Ainsi-Venu Mahabhijnajnanabhibhu (Grands Pouvoirs Vainqueur en Sagesse) et lui demandent de tourner la Roue du Dharma.

Le chapitre XVIII dit :

« Si quelqu'un encore se trouve assis à l'endroit où s'expose le Dharma et qu'un autre survenant, il exhorte ce dernier à s'asseoir et à écouter, voire partager avec lui son siège, les mérites de cette personne lui feront obtenir, dans sa renaissance corporelle, le trône d'Indra, le trône du roi des Mahabrahmas ou encore le trône où s'assoit le roi qui fait tourner la Roue du Dharma. »

C’est donc que pour devenir Brahma, une des causes est de partager avec les autres le Sutra du Lotus. Le chapitre XIX dit :

« De plus, les fils et filles de divinités, Indra, Brahma et d'autres devas, entendant la progression des discours qu'il exposera de sa voix profonde et sublime, viendront tous tant qu'ils sont pour l'écouter. »

Le chapitre XXIV dit :

« Le bodhisattva Gadgadasvara fait apparaître une variété de corps qui, en tous endroits, exposent ce Sutra à l'intention des êtres : soit qu'il apparaisse dans le corps du seigneur Brahma, soit qu'il apparaisse dans le corps d'Indra, soit dans le corps du Souverain Shakra, soit dans le corps du Grand-Souverain Maha Ishvara, soit dans le corps d'un général en chef céleste, etc.»

Et le chapitre XXV :

« Fils de foi sincère, s'il se trouve des êtres d'un royaume qui doivent obtenir le salut grâce à un corps de bouddha, le bodhisattva Avalokiteshvara apparaît alors en corps de bouddha pour leur prêcher le Dharma. S'ils doivent obtenir le salut grâce à un corps de pratyekabuddhas, il apparaît alors en corps de pratyekabuddha pour leur prêcher le Dharma. S'ils doivent obtenir le salut grâce à un corps d'auditeur-shravaka, il apparaît alors en corps d'auditeur-shravaka pour leur prêcher le Dharma. S'ils doivent obtenir le salut grâce à un corps de seigneur Brahma, il apparaît alors en corps de roi Brahma pour leur prêcher le Dharma.»

Si donc on se réfère au témoignage du Sutra du Lotus, le Grand Roi du Ciel Brahma est un adepte du Sutra du Lotus et serait un bodhisattva céleste qui garde ce sutra.

 

Illustration : Divinité avec quatre bras et quatre visages dont chacun a un troisième œil. Il porte les ornements d’un roi indien, dont une couronne sur chaque tête. Dans la main droite supérieure il tient une lance. La main droite inférieure fait le mudra varada, geste de l’offrande. La main gauche supérieure tient un lotus avec une longue tige et la main gauche inférieure tient un vase d’ambroisie. Il est assis sur une fleur de lotus qui repose sur quatre (ou sept) oiseaux.

 
 

Dairokuten Ma-o
Roi Mara du Sixième Ciel

Mara désigne un meurtrier (mara = mort, marana = meurtre).

On appelle ainsi l’entité qui cherche à briser la vie spirituelle des autres. Bien qu’il soit une personnification des illusions et même du mal, il est très différent du diable des autres traditions religieuses. Et tout d’abord, il n’est pas le chef des démons combattants (asura ) qui se rebellent contre les dieux, et n’habite pas non plus en enfer. Il habite le Ciel supérieur du monde du désir d’où il peut manipuler, exploiter et se jouer de ceux qui se trouvent dans le monde du désir, y compris les divinités des Ciels inférieurs. Son but principal est de s’assurer que personne ne s’échappe du cycle vie/mort. C’est, en quelque sorte, un geôlier qui essaie de garder tous ses prisonniers pris au piège du samsara. Il est aussi comme un propriétaire de casino qui utilise toute sorte de jeux et, occasionnellement, prend en otage les joueurs pour les attacher à la roulette et aux cartes. En fin de compte, les joueurs sont toujours perdants mais Mara fait tout son possible pour les maintenir dans la folle illusion qu’ils pourraient décrocher le jackpot et trouver le bonheur suprême dans le monde du désir.

Dans les sutras, Mara commence par envoyer ses filles séduire Siddhartha à la veille de son Éveil. Lorsque celui-ci voit au-delà de leur beauté des vieillardes décrépies Mara lui envoie une armée de démons pour le terroriser. Cela échoue également.Siddharthane bronche pas et les flèches et les lances des démons se transformant en fleurs avant de l’atteindre. Finalement, Mara demande à Siddhartha ce qui lui permet d’atteindre la bodhéité. Ce dernier touche la terre et la prend à témoin des nombreux mérites qu’il a accumulés au cours de ses innombrables vies passées en tant que bodhisattva. Après l’Éveil de Shakyamuni, Mara essaya de le persuader qu’il ne pourra jamais enseigner à quiconque le Dharma et lui conseilla d’entrer immédiatement dans le parinirvana, mais Brahma vint en personne affirmer au Bouddha qu’il était possible de transmettre le Dharma à tous. Mara revient aussi plus tard dans la vie du Bouddha et tente vainement de le convaincre de passer au plus tôt dans le parinirvana avant que le Dharma et le Sangha puissent être fermement établis. Le bouddhisme de Nichiren se réfère fréquemment à Mara en tant que partie constituante des sansoshima (trois obstacles et quatre démons) enseignés par Zhiyi, le fondateur du bouddhisme Tiantai.

Ils sont décrits ainsi dans  Fleur du Dharma :

« Les trois obstacles et quatre démons est une classification de Zhiyi des phénomènes qui nous éloignent de la pratique du bouddhisme. Les trois obstacles consistent en désirs et défilements (asrava) égoïstes ainsi que les habitudes néfastes qui naissent de ces défilements menant à des conséquences douloureuses. Les trois obstacles décrivent le cercle vicieux que crée notre interaction habituelle avec le monde : la façon dont nous nous apportons tant de souffrances inutiles qui, bien évidement entrainent d’autres frustrations et angoisses qui, à leur tour, mènent à des actions motivées par l’égo et ainsi de suite, jusqu’à la nausée. Tout cela nous rive à la contemplation de nos problèmes. Si nous n’y prenons garde, cela nous empêche de mettre en pratique les enseignements de ce qui pourrait interrompre ce cercle vicieux.» (réf.)

Les quatre démons sont : celui des cinq agrégats* (on-ma), celui des défilements-asrava (bonno-ma), celui de la mort (shi-ma) et le Roi-Démon du Sixième Ciel (tenji-ma). Le démon des agrégats se réfère à l’insécurité, à l’anxiété et d’autres souffrances résultant de notre propension à nous identifier à différents éléments physiques ou mentaux qui ne sont que des flux incessants. Le démon des défilements-asravas se réfère à la manière dont se manifestent les désirs égocentrés ayant pour base les besoins du corps et de l’esprit : nourriture, sécurité, stimulations agréables et dépassement de soi. Le démon de la mort se réfère à l’horrible peur et la terreur face à l’inévitable dissolution du corps-esprit après la mort. Le Roi-Démon du Sixième Ciel se réfère à toutes ces choses de la vie qui nous font oublier la pratique bouddhique et qui nous poussent à nous consacrer uniquement à des aspirations et buts mondains. Le Roi-Démon du Sixième Ciel personnifie les personnes, les situations, les pulsions qui nous poussent à abandonner le bouddhisme et à retourner au cycle des anciennes habitudes inconsidérées, des plaisirs éphémères et des douleurs coutumières. On pourrait appeler le Roi-Démon du Sixième Ciel « notre démon familier », celui qui essaie de nous effrayer ou qui nous cajole en nous incitant à nous éloigner du territoire inconnu de la délivrance pour revenir au cercle vicieux de l’égocentrisme.

Illustration : Divinité vêtue comme un grand roi (maharaja) et paré de guirlandes. Il tient un arc d’une main et cinq flèches de l’autre.

 
 

Shakudaikannin Dai-o
Shakra Devanam Indra ou Taishakuten

Indra est à la tête des autres 32 devas du « Ciel des 33 devas » au sommet du Mont Sumeru et c’est également le chef des Quatre Grands Rois du Ciel. C’est le dieu du tonnerre et des éclairs ; il est le dispensateur de pluie et c’est la divinité la plus puissante dans le Monde du désir. C’est lui qui conduit la lutte contre les démons combattants (asuras) qui complotent constamment, essaient de renverser les dieux et, à l’occasion, tentent d’attaquer les palais célestes sur les versants du Mont Sumeru. Le terme Shakra signifie ‘‘Puissant’’,  Devanam signifie ‘‘Chef des devas’’ et Indra signifie ‘‘Seigneur’’. Indra est également appelé Vajrapani, ‘‘Celui qui Maîtrise les Vajra’’  parce que la foudre qu’il détient est appelé ‘‘matrice de diamant’’  ou vajra. A la différence du Brahma lointain et serein qui se prend pour un créateur omnipotent, Indra se voit en puissant Seigneur qui dirige les résidents des demeures célestes.

Indra est également un disciple du Bouddha et un protecteur du Dharma. En fait, Indra se manifeste souvent pour tester la détermination, la patience, la générosité et la compassion des bodhisattvas, y compris le Bouddha Shakyamuni dans ses vies antérieures. Par exemple, le Sutra du Nirvana raconte l’histoire d’un bodhisattva (qui plus tard deviendrait Shakyamuni) et qui était alors un jeune ascète des Montagnes Neigeuses (Himalaya). Indra prit l’aspect d’un féroce démon rakshasa et se mit à réciter les stances :

« Tout change, rien n'est constant.
Telle est la loi de la naissance et de la mort ».

Le garçon supplia le démon de lui enseigner la suite mais le démon demanda de lui donner sa chair en échange. Le garçon y consentit et le démon récita :

« En mettant un terme au cycle de la naissance et de la mort
un être entre dans la joie du nirvana.»

Le garçon inscrivit cet enseignement sur les falaises et les arbres autour de lui puis se précipita dans la gueule du démon. Mais au dernier moment Indra reprit sa véritable forme et le rattrapa dans ses bras.

Dans ses vies antérieures, alors qu’il n’était que bodhisattva, Shakyamuni prenait parfois la forme d’Indra et il arrivait que d’autres bodhisattvas renaissent en tant qu’Indra.

Indra est également connu pour son filet. Celui-ci s’étend sur tout l’univers et à chaque croisement de mailles est fixé un joyau qui reflète tous les autres. C’est une façon de représenter l’interdépendance de tous les phénomènes telle que la présentent les enseignements du Bouddha. Cette image est surtout associée au Sutra de la Guirlande des Fleurs (Kegon).

Dans le chapitre II du Sutra du Lotus, Indra est une des divinités qui accompagnent Brahma lorsque celui-ci persuade Shakyamuni d’enseigner le Dharma. C’est également une des déités qui offre à la Grande-assemblée des ornements célestes, des feurs du lotus et de la musique. Le chapitre XVIII dit que celui qui persuade les autres de s’asseoir et d’écouter le Sutra du Lotus obtiendra le trône d’Indra. Ainsi une des causes pour devenir Indra est de partager le Sutra du Lotus avec les autres. Le chapitre XIX dit qu’Indra viendra écouter quiconque enseigne le Sutra du Lotus. Les chapitres XXIV et XXV que les bodhisattvas Gadgadasvara (Myoon) et Avalokiteshvara (Kanzeon) sont capables de se transformer (entre autres) en Indra pour exposer le Dharma et sauver les autres. Ainsi, d’après le témoignage du Sutra du Lotus Indra est un adepte de ce sutra et pourrait être en fait une manifestation des bodhisattvas célestes qui vénèrent le Sutra du Lotus.

Illustration : divinité dorée avec un troisième œil et qui porte une armure. Indra tient un vajra dans la main droite alors que son poing gauche repose sur sa hanche. Il est assis calmement  dans une posture royale sur un éléphant blanc qui tient dans sa trompe un autre vajra.

 

Dai Nittenno
Surya

Surya est le dieu védique du soleil et l’un des 33 devas du Ciel. Dans le bouddhisme ésotérique, Surya représente la bodhicitta, l’aspiration de tous les êtres sensitifs d’atteindre l’Éveil.

Illustration : divinité tenant dans la main droite le disque solaire, la main gauche fermée posée sur sa hanche. Il est assis sur un lotus tiré par trois chevaux.

 

Dai Gattenji
Chandra


Chandra est le dieu védique de la lune et l’un des 33 devas du ciel. Dans le bouddhisme ésotérique, Chandra représente la pureté universelle de la nature, l’univers de pureté de la nature de bouddha qui apaise les passions et détruit les trois poisons.

Illustration : divinité tenant dans la main droite le disque lunaire, la main gauche fermée posée sur sa hanche. Il est assis sur un lotus tiré par trois oies sauvages.

 
 

Myojo Tenji
Aruna

D’après  Les mythes et dieux de l’Inde. (réf.) Le char du soleil est conduit par Aruna (Aurore) le frère aîné sage de Garuda (Ailes de la parole ou parole magique).Aruna tout comme le resplendissant Vivasvat (un autre fils de Kasyapa) est une divinité de l’aube. Il se tient sur un char face au soleil et son corps puissant abrite le monde de la fureur du soleil. On dit qu’Aruna est même plus beau que la lune.

Illustration : déité au corps rose ou rouge  conduisant un char.

 
 

SUITE : Quatre rois célestes

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