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Extraits de gosho sur |
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Régents Hojo |
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J'ai encore
une autre raison d'éprouver la plus grande reconnaissance. Au
cours de ma transmigration dans les Six
voies, pendant d'innombrables kalpas,
j'ai peut-être rencontré quantité de souverains,
devenant leur régent ou ministre favori. S'il en est ainsi, j'ai
dû recevoir fiefs, richesses et prébendes. Pas une seule
fois, pourtant, je n'ai encore rencontré le souverain d'un pays
dans lequel le Sutra du Lotus était répandu,
ni eu la possibilité de l'entendre, de le pratiquer, et, pour
cette raison même, d'être calomnié par les autres
et exilé par le souverain. Ma conviction est que la réussite de la propagation de l’enseignement
du Sutra du Lotus dépend de la véracité
ou de l’erreur du Rissho Ankoku-ron, dans lequel je prédisais
les troubles intérieurs et l’invasion étrangère.
L’année dernière, lorsque les lettres officielles
du gouvernement mongol nous parvinrent
en augurant une invasion étrangère, j’écrivis
des lettres à diverses personnes, dirigeants politiques et religieux
du Japon, leur demandant un débat public, mais ne reçus
aucune réponse, qu’elle soit négative ou positive.
Lorsque les lettres officielles du gouvernement mongol sont de nouveau
arrivées cette année, je rédigeai, aux alentours
du 11e mois, une fois de plus, des missives à différents
destinataires, obtenant quelques réactions. Il semblerait que l’opinion
publique soit devenue suffisamment sereine au point de m'accorder à
moi, Nichiren, quelque crédit. Ou alors, mes lettres auront-elles
interpellé le Régent (shikken). Si j'en
crois ce qui m'a été confié, il paraît que,
sous peu, je serais exilé à Sado,
sur ordre du Régent Hojo.
Parmi les trois divinités célestes, la divinité Gatten (Lune), en prenant l'apparence
d'un objet lumineux, me sauva de la décapitation à Tatsunokuchi.
Puis, il y a quelques jours, la divinité des Etoiles est descendue à ma rencontre (note).
Il ne reste plus maintenant que la divinité Nitten (Soleil). Je suis assuré de sa protection. sur l'ordre de l'Empereur
retiré d'Oki, des autels furent élevés et quarante
et un moines, versés dans les pratiques occultes, conduisirent
pour la première fois quinze sortes de cérémonies
ésotériques, afin de vaincre le gouvernement de Kanto par
le pouvoir de leurs incantations.
Au nombre
de ces cérémonies il y eut :
La prière
du Seul-Caractère-de-la-Roue-d'or [ichiji konrin] (conduite par
un Supérieur du Tendai,
l'Administrateur des moines Jien, assisté de douze
moines, à la demande du Régent impérial Motomichi).
Il est
certain que ni Zhiyi* ni Saicho* ne rencontrèrent jamais des persécutions aussi graves
que celles subies par Nichiren pour la cause du Sutra du Lotus.
Ils ne suscitèrent que jalousie et calomnies, alors que j'ai
été à deux reprises exilé par le Régent,
cette fois dans une province lointaine. Qui plus est, je fus bien
près d'être décapité à Tatsunokuchi,
je fus blessé au front à Komatsubara,
et constamment calomnié. Puisque
le Régent n'a pas voulu
goûter aux mets délicieux du vrai bouddhisme, je n'ai rien
pu faire de plus et me suis donc retiré dans la forêt.
Je suis un homme ordinaire (bompu) et trouve le froid de l'hiver ou la chaleur
de l'été difficiles à supporter. Je n'ai pas non
plus suffisamment à manger. Jamais je ne pourrais égaler
l'exploit de cet homme dont on dit qu'il parcourut dix mille kilomètres
en ne prenant qu'un seul repas, ou celui de Confucius et de son petit-fils qui ne mangèrent que neuf fois en cent jours.
Sans nourriture, je ne pourrais pas continuer longtemps à réciter
le Sutra ni me concentrer sur la méditation. Au cours du
règne du 33e empereur Sushun,
le bouddhisme commença à se répandre à travers
le Japon, gagnant de l’ampleur pendant le règne du 34e souverain,
la princesse Suiko. Le Régent de ce dernier, le prince Shotoku,
contribua beaucoup à l’essor du bouddhisme, notamment grâce
à la promulgation de la Constitution en 17 articles (note),
basée sur l'enseignement bouddhique. Ce fut pendant son règne
que les écoles bouddhiques Sanron et Jojitsu ont été transmises au Japon pour la première
fois. Cette école Sanron apparue en Inde, en Chine et au Japon a été la première
école bouddhique, sans distinction encore entre Mahayana et Hinayana. Elle est pour cette
raison appelée la mère ou le père des écoles
bouddhiques. Depuis que j'ai lu le Sutra du Lotus, [j'ai conservé
ma foi sans faiblir] même quand mes parents m'ont supplié
d'arrêter en joignant les mains, quand mon maître a rompu
tous liens avec moi, quand j'ai été exilé à
deux reprises (note) par le Régent de Kamakura, et après
avoir échappé de peu à la décapitation.
Parce que j'ai persévéré sans aucune crainte, certains
aujourd'hui au Japon pensent que j'ai peut-être raison. Je suis
peut-être la seule personne au Japon qui, tout en ayant désobéi
à son souverain, à ses parents et à son maître,
bénéficie finalement de la protection des divinités
célestes. Ainsi,
à certains moments, j'ai été calomnié par
plusieurs centaines de personnes ; à un autre moment, confronté
à mille personnes à la fois, j'ai été persécuté
par le sabre et par le bâton. J'ai été chassé
de ma demeure et banni de ma province. Finalement, à deux reprises,
j'ai encouru la disgrâce du régent du pays, étant
une première fois exilé à Izu,
et une seconde fois, sur l'île de Sado.
Lorsque je fus banni sur cette île de la mer du Nord, je n'avais
ni suffisamment de nourriture pour vivre, ni même des vêtements
en lianes de glycines tressées pour me couvrir le corps. Les
habitants, moines aussi bien que laïcs de cette province, ont été
encore plus hostiles à mon égard que les hommes et les
femmes de la province de Sagami. Abandonné dans un champ, sans
protection contre la neige, j'ai survécu en mangeant des herbes. Fayun avait divisé les enseignements exposés par le Bouddha
de son vivant en cinq périodes. Parmi les enseignements de ces
cinq périodes, il avait choisi trois sutras : le Sutra
Kegon*,
le Sutra du Nirvana et le Sutra du Lotus [et les avait classés par ordre de supériorité
et de profondeur.] Selon lui, entre tous, le Sutra Kegon* occupait la première place, ce qui le rendait comparable au souverain
d'un royaume. Le Sutra du
Nirvana venait en deuxième position, semblable à
un régent ou à un Premier ministre, et le Sutra
du Lotus était troisième, au même rang
que les nobles de la cour. Il considérait que tous les autres
sutras leur étaient inférieurs, comparables à de
simples sujets. S'il s'était
trouvé un dirigeant capable parmi nous, il se serait dit : "Quelle
merveille ! Quelle clairvoyance exceptionnelle ! Ce sont les
divinités bouddhiques Tensho
Daijin* et Hachiman qui ont dû concevoir, par l'intermédiaire de ce moine,
le moyen de sauver le Japon." La réalité fut toute
autre : les représentants du gouvernement me calomnièrent
et ridiculisèrent mes messagers. Ils ignorèrent mes lettres
ou les laissèrent sans réponse, et même lorsqu'ils
y répondirent, ils négligèrent volontairement d'en
référer au Régent.
Il s'agit là d'un fait d'une extrême gravité. Même
si ces lettres n'avaient concerné que le sort de Nichiren, les
membres du gouvernement auraient dû les communiquer au Régent,
comme l'exigeait leur position. Qui plus est, ces lettres annonçaient
de déplorables événements concernant non seulement
le sort du Régent, mais également celui de tous les membres
du gouvernement. Même s'ils n'avaient aucune intention de tenir
compte de mes remontrances, il était tout à fait déplacé
de leur part d'insulter mes messagers. Tous les Japonais, du plus modeste
au plus haut placé, sont depuis longtemps déjà
hostiles au Sutra du Lotus. Ils ont suscité désastre
après désastre et ils sont devenus la proie des démons.
L'ordre de soumission des Mongols les a privés de ce qui leur
restait de raison. Un prince
héritier, par exemple, qui n'est encore âgé que
d'un, deux ou trois ans, lorsqu'il accédera au trône, régnera
sur le pays entier et le régent, les ministres, comme tous ses
sujets, seront à son service, même s'il n'en a pas conscience.
De même, un bébé, sans savoir ce qu'il fait, grandit
naturellement, en tétant le sein de sa mère. [Par contre],
un ministre orgueilleux, comme Zhaogao,
qui méprise le prince héritier, provoquera sa propre ruine.
Tous les maîtres des diverses écoles qui s'appuient sur
d'autres sutras que le Sutra du Lotus et qui, comme le fit Zhaogao, méprisent le
prince qui récite sincèrement le Titre du Sutra du
Lotus tomberont dans l'enfer avici.
Lorsque je fus exilé sur l'île de Sado,
le gouverneur de la région et les autres dignitaires, respectueux
des intentions du Régent,
m'ont traité avec hostilité. Et les gens du peuple suivent
leurs ordres. De Kamakura, les
adeptes du Nembutsu et les moines
du Zen, du Ritsu et du Shingon ont envoyé
des instructions pour qu'il me soit impossible de revenir [de l'île
de Sado] ; et Ryokan,
du Gokuraku-ji, avec d'autres,
persuada Hojo Nobutoki, de promulguer
en son nom personnel des mesures encore plus répressives à
l'égard de Nichiren qui furent transmises à Sado par des disciples de Ryokan. Comme j’étais la seule personne à être consciente
de cette situation, je compilais d’importants passages des écritures
bouddhiques dans un ouvrage appelé Rissho-ankoku-ron en une tentative pour pour sauver la nation et le Dharma. J’offris
ce traité à Hojo Tokiyori,
régent du bakufu de Kamakura,
mais, comprenant que les officiels à l’intelligence limitée
ne seraient pas capables de le comprendre, je pris sur moi de l’expliquer. Chacun
de vous doit faire preuve du courage d'un lion et ne jamais céder
aux menaces de qui que ce soit. Le lion n'a peur d'aucune autre bête
sauvage, pas plus que ses lionceaux. Les calomniateurs sont comme des
chacals hurlants mais les disciples de Nichiren sont comparables au
lion qui rugit. Hojo Tokiyori et Hojo Tokimune, l'ancien et
l'actuel régents, m'ont
pardonné lorsqu'ils ont découvert que j'étais innocent
des accusations portées contre moi. Le Régent ne punira
jamais plus sans avoir vérifié la validité d'une
accusation, quelle qu'elle soit. Soyez certains que rien, pas même
une personne possédée par un puissant démon, ne
peut vaincre Nichiren parce que Bonten, Taishaku, Nitten, Gatten et les quatre
Rois du Ciel, Tensho Daijin* et Hachiman le protègent. Il arrive
qu'une eau boueuse s'éclaircisse de nouveau. La lune se cache
derrière les nuages, mais, invariablement, elle reparaît.
De même, avec le temps, mon innocence apparut clairement et mes
prédictions se sont révélées justes. C'est
peut-être pourquoi, malgré l'insistance des membres de
la famille Hojo et de certains
seigneurs s'opposant à mon pardon, sur la seule décision
du régent Hojo
Tokimune, j'ai été finalement gracié de ma
peine d'exil, et je suis revenu à Kamakura.
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