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Extraits de gosho sur |
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Tsukushi |
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Ces sutras
sont comme ces petits bateaux qui, dans notre monde, peuvent aller de Tsukushi [act. Kyushu] à la
région de Bando [Kanto], ou de Kamakura à Enoshima, mais ne peuvent effectuer la traversée jusqu'en
Chine. Alors qu'avec un bateau chinois, il est tout à fait possible
d'aller du Japon jusqu'en Chine sans difficulté. Le pays du
Japon est divisé en cinq provinces kinai et en sept circuits. Les cinq provinces kinai sont Yamashiro [Kyoto et Nara], Yamato [Nara], Kawachi [Osaka], Izumi [Osaka] et Settsu [Osaka et Hyogo]. Les
sept circuits sont : Tokai-do [Edo (Tokyo) - Osaka, s'étendant
sur 15 provinces], Tosan-do [Honshu du Nord et du Centre] 8 provinces,
Hokuriku-do [côte de la mer du Japon - centre] 7 provinces, San’in-do
[côte de la mer du Japon - sud] 8 provinces, Nankai-do [Shikaku et
environs] 6 provinces, San'yodo [sud du Honshu] 11 provinces et Saikai-do
[Tsukushi, act. Kyushu] 11 provinces
qui est également appelé Dazaifu.
Tout cela représente le Japon. Personne
ne tient compte de ce que dit Nichiren et je passe sans doute pour un
insensé. Pourtant, dans le 10e mois de la 11e année de
l'ère Bun'ei [1274],
quand les Mongols ont attaqué Tsukushi, les défenseurs de l'île de Tsushima ont tenu bon, mais So, le vice-gouverneur
de Tsushima, a pris la fuite.
Si bien que les Mongols ont eu champ libre pour attaquer les paysans
et autres gens du peuple, tuant les hommes ou les faisant prisonniers.
Ils ont regroupé les femmes et les ont ligotées à
leurs bateaux pour les emmener en captivité. Personne n'a pu
leur échapper. La même situation s'est répétée
lorsqu'ils ont attaqué l'île d'Iki. Quand il
a vu les bateaux mongols attaquer Tsukushi,
le gouverneur de la région,
l'ancien gouverneur de Buzen, a pris la fuite. Plusieurs centaines de soldats du clan Matsura ont été
tués ou faits prisonniers. Les habitants des villages côtiers
ont subi, les uns après les autres, le même sort que ceux
d'Iki et Tsushima. En outre,
les six cents et quelques provinces de Koryo, ainsi que les États
de Silla et de Paekche ont déjà tous été conquis par le grand empire
mongol, et de la même manière les Mongols ont attaqué
jusqu'aux îles d'Iki,
de Tsushima et de Tsukushi au Japon. Ainsi, la prédiction du Bouddha concernant la venue
d'une époque de luttes et de conflits ne s'est absolument pas
révélée fausse. C'est comme le flux et le reflux
de l'océan qui ne manquent jamais de se produire, le moment venu. Les sutras
que l'on appelle Hinayana sont
comme une petite barque. Ils peuvent transporter deux ou trois personnes,
mais pas cent ou mille. Même avec seulement deux ou trois personnes
à bord, cette barque doit rester près de la berge et ne
peut pas atteindre l'autre rive.
On peut y placer un petit chargement, mais il est difficile d'y embarquer
des objets de grande taille. [Par contre] les sutras du Mahayana sont
comme un grand vaisseau qui, avec dix ou vingt personnes à bord
et un lourd chargement, peut faire voile, depuis Kamakura,
jusqu'à la province de Tsukushi [au sud] ou jusqu'à la province de Mutsu [au nord]. Alors que le Japon entier se désole,
mes disciples et moi, Nichiren, sommes les seuls à trouver des
raisons de nous réjouir au coeur de l'adversité. Habitant
dans ce pays, nous ne pouvons éviter l'attaque des Mongols, mais,
parce que le Ciel sait que nous avons été persécutés
pour avoir désiré le bien de notre pays, nous pouvons
éprouver la joie de savoir que nous serons immanquablement sauvés
dans notre prochaine vie. Quant à vous, vous avez même
déjà une dette de reconnaissance à l'égard
du pays des Mongols en cette présente vie. Si la menace d'une
invasion n'était pas survenue, puisque cette année marque
le treizième anniversaire de la mort du nyudo
de Saimyo-ji, la chasse commémorant cette occasion aurait
sûrement eu lieu sur vos terres. De plus, vous n'avez pas été
envoyé à Tsukushi comme le seigneur Hojo Rokuro.
Ces circonstances vous contrarient peut-être, vous et votre clan,
mais ce n'est pas une punition qui vous est infligée. D'un certain
point de vue, ne pourrait-on pas y voir la protection du Sutra du
Lotus ? Je sais que vous avez l'impression d'avoir subi un
grand tort. Dans des circonstances aussi favorables pour vous, j'aurais
aimé venir vous voir et vous féliciter en personne, mais,
parce que cela aurait pu paraître étrange à certains,
je m'en suis abstenu. J'ai répondu à votre lettre sans
attendre. Je ne connais
ni la province de Tsukushi,
ni l'empire mongol. Pourtant, parce que ma prédiction s'appuyait
sur ma compréhension de tous les sutras, elle s'est d'ores et
déjà révélée exacte. Par conséquent,
si je dis que vous tomberez tous dans l'enfer avici en raison de votre ingratitude, comment mes paroles pourraient-elles
se révéler fausses ? Vous êtes peut-être
en sécurité pour le moment, mais attendez de voir ce qui
se passera à l'avenir. Le Japon tout entier sera frappé
par le même destin qui est aujourd'hui celui [des îles]
d'Iki et Tsushima.
Quand les Mongols s'abattront sur la province d'Awa,
ceux qui, parmi les moines, seront restés attachés aux
enseignements erronés, se recroquevilleront de terreur pour tomber
finalement dans l'enfer avici en
disant : "Je sais maintenant que le moine Nichiren avait raison."
Comme c'est regrettable ! Si la tristesse
vous gagne, pensez aux îles d'Iki et de Tsushima, ainsi qu'au
fort de Dazaifu. Ou pensez aux
gens de Kamakura. Ils goûtaient
peut-être un bonheur céleste, mais quand les soldats durent
partir pour Tsukushi en laissant
derrière eux leur femme et leurs enfants, la séparation
fut aussi douloureuse que si l'on arrachait l'écorce du tronc
d'un arbre. Ils ont pressé leurs visages l'un contre l'autre
sans vouloir se quitter des yeux. Il y eut
autrefois, dans la province de Tsukushi, un daimyo du nom d'Ohashi
no Taro. Ayant encouru la disgrâce du shogun,
il resta prisonnier pendant douze ans d'une cellule creusée dans
les falaises de Yuinohama,
près de Kamakura. Le
jour où l'on vint l'arrêter, contraint de quitter son domaine
de Tsukushi, il dit à
son épouse : "Je suis un samouraï portant arc et flèches pour le service de mon seigneur, je ne
me plaindrai donc pas d'avoir encouru sa disgrâce. Nous vivons
côte à côte depuis notre jeunesse, et maintenant
il nous faut nous séparer. C'est pour moi une grande douleur,
mais de cela non plus je ne veux pas parler. J'ai toujours regretté
que nous n'ayons pas eu d'enfant, ni garçon, ni fille. Et vous
venez tout juste de m'apprendre que vous êtes enceinte. Je suis
bien malheureux de devoir partir sans même savoir si cet enfant
sera une fille ou un garçon ! Quel regret de penser qu'en
grandissant, cet enfant n'aura personne auprès de lui qu'il puisse
appeler père. Mais j'ai beau réfléchir, il m'est
impossible de rien faire." Ayant dit cela, il partit. Les jours
et les mois passèrent. L'enfant qui naquit à terme était
un garçon. Lorsqu'il eut sept ans, sa mère le confia à
un temple dans la montagne. Mais les autres petits pensionnaires du
temple se moquèrent de "l'enfant sans père".
De retour chez lui, il posa à sa mère des questions sur
son père, mais elle ne sut que pleurer, sans rien lui dire. Le dixième
mois de la même année (octobre 1274), les Mongols attaquèrent
le Japon ; non seulement ils envahirent les deux îles Iki et Tsushima et les prirent,
mais ils infligèrent aussi une défaite aux forces gouvernementales
du Dazaifu à Tsukushi. Lorsqu'ils
apprirent cette invasion, les chefs militaires du Dazaifu, Shoni Sukeyoshi et Otomo Yoriyasu s'enfuirent, et leurs soldats qui
restèrent furent capturés sans difficulté. Bien
que les forces mongoles se soient retirés, le pays semblait trop
faible pour pouvoir résister à une nouvelle attaque. De plus,
dans le Ichijo Yoketsu du supérieur des moines Genshin*,
on lit : "Partout au Japon, à la cour comme à
la campagne, dans les régions proches comme éloignées,
tous, moines, laïcs, nobles et roturiers, peuvent parvenir à
la bodhéité grâce à l'enseignement
parfait*,
tous devraient donc avoir foi en la doctrine du Véhicule
unique." Ce passage
signifie que les habitants du Japon, qu'ils vivent à Kyoto, à Kamakura, dans les régions
de Tsukushi, Chinzei ou Michinoku, qu'ils soient près
ou loin, ne peuvent atteindre la bodhéité que par l'enseignement
du Véhicule unique du Sutra du Lotus. Le Japon est donc
un pays où les personnes de haute comme de basse condition, qu'elles
appartiennent à l'aristocratie ou au peuple, qu'elles observent
les préceptes ou les brisent, les hommes aussi bien que les femmes,
tous pourront atteindre la bodhéité grâce au Sutra
du Lotus. Après avoir terminé ses études
avec Huiguo, Kukai* traversa la vaste étendue d’eaux et retourna au Japon. Par
la suite, Kukai* enseigna les enseignements de l’école Shingon à trois empereurs, Heijo, Saga, et Junna. Le 19 janvier 823, Kukai* reçut l’autorisation de l’Empereur de bâtir le
temple To-ji, à Kyoto, et il
commença alors à diffuser les enseignements du Shingon autour de la région du Kansai, puis au Japon central, dans les
îles de Tsukushi, Shikoku, Iki et Tsushima,
et finalement, à travers tout le pays. On peut dire que ceux qui
ont fait le pèlerinage dans toutes les parties du Japon, en sonnant
une cloche sur un poteau de l’école Shingon,
étaient tous, sans exception, des disciples de Kukai*. Nous, simples
mortels, sommes si ignorants que nous ne craignons pas les mises en
garde des sutras et des traités et ne croyons pas qu'elles nous
concernent directement. Mais vous devriez être pleinement préparés
aux persécutions que Hei no
Saemon et Adachi Yasumori, furieux comme ils le sont, vont très probablement faire s'abattre
sur nous. On envoie en ce moment des hommes à Tsukushi pour se battre contre les
Mongols ; sachez que vous êtes dans la même situation que
ceux qui partent pour le champ de bataille ou s'y trouvent déjà.
Jusqu'à présent, nos croyants n'ont encore rien subi d'une
horreur semblable. Mais les soldats à Tsukushi sont maintenant confrontés à un effroyable destin et s'ils
sont tués à la bataille, ils seront condamnés à
tomber en enfer. Même si nous devions, nous aussi, rencontrer
des épreuves aussi sévères, nous atteindrons la bodhéité à
l'avenir. Nos épreuves actuelles sont comme la cautérisation
par le moxa, une douleur minime
qui guérit d'un mal plus grave. Au cours
du règne de quatre-vingt-onze souverains
humains sur notre pays, vingt-six personnes fomentèrent des
rebellions. Parmi elles, il y eut notamment le prince Oyama et Oishi no Omaru, ainsi que Masakado, Sumitomo et le "mauvais ministre de la Gauche".
Quand ces hommes se réfugièrent dans les forêts
montagneuses de Yoshino ou en bordure de la rivière Totsu, ou
lorsqu'ils allèrent se cacher dans les marais avoisinant Tsukushi et Chinzei, les natifs de toutes les îles de la région
et les guerriers de chaque village alentour voulurent les attaquer.
Mais les sages éminents, les moines, les nonnes des divers temples
et sanctuaires et les simples montagnardes ne les considéraient
pas comme des ennemis personnels. Tandis que lorsqu'il s'agit de moi,
hommes et femmes, nobles ou roturiers, nonnes et moines aussi bien que
sages éminents, tous me considèrent comme leur ennemi
personnel.
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