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Extraits de gosho sur |
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sage |
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En distinguant
le vrai du faux, un sage apporte le bien-être au
monde. Il est dit dans le neuvième volume du Sutra
du Nirvana : "Par exemple, si un émissaire,
doué d'éloquence et habile diplomate, est envoyé
par son roi à l'étranger pour y accomplir une mission, il
doit transmettre le message de son souverain sans en omettre un mot, même
s'il risque pour cela sa vie. Un sage devrait agir de
même lorsqu'il enseigne le bouddhisme. Parmi les simples mortels,
il doit être prêt à donner sa vie, exposer sans défaillance l'enseignement
secret (zuitai, himitsu) de l'Ainsi-Venu contenu dans les sutras du Mahayana." Moi, Nichiren, j'ai vécu sur le Mont Kiyosumi,
dans le village Tojo de la province d'Awa.
Dans mon enfance, j'ai adressé au bodhisattva Akasagarbha (Kokuzo) la prière de devenir la personne la plus sage du Japon. Le bodhisattva Akasagarbha s'est changé sous mes yeux en un vénérable moine
qui m'a confié un joyau de sagesse aussi étincelant
que l'étoile du matin. Sans doute est-ce pourquoi maintenant je
comprends, pour l'essentiel, les enseignements des Huit
Écoles ainsi que ceux du Zen et
du Nembutsu. Même un sage ne peut devenir bouddha
en s'appuyant sur les autres sutras, mais avec le Sutra du Lotus,
même un simple d'esprit peut planter les graines de la bodhéité. Le sage est celui qui, comprenant le
temps, propage les enseignements du Sutra du Lotus par la méthode
qui y correspond ; c'est sa tâche la plus importante. Ceux qui ont
soif ont besoin d'eau, et non d'arcs et de flèches, d'épées
ou de bâtons. En Chine [par le passé], Jizang
rassembla une centaine d'autres moines qui, ensemble, reconnurent au Grand-maître
Zhiyi la qualité de véritable
sage. Plus tard, au Japon, deux cents et quelques moines des sept
temples [de Nara] ont conféré au Grand-maître
Saicho le titre de sage.
[...] "Un homme sage ne devrait pas craindre les ennemis de sa famille, les serpents,
le feu, le poison, les coups de tonnerre d'Indra,
les attaques à coups d'épée et de bâton, ou
les bêtes sauvages, les tigres, les loups et les lions. Car tout
cela peut détruire sa vie mais n'a pas le pouvoir de le faire tomber
dans l'enfer avici, qui est véritablement
terrifiant. Ce qu'il devrait craindre est l'offense au grand Dharma, ainsi que la compagnie des opposants
au Dharma, car ils le feront inéluctablement sombrer dans l'effroyable
enfer avici. Un sage est celui qui perçoit
clairement les trois phases de la
vie. On appelle juste celui qui suit la doctrine d'un bon
maître. Et on appelle sage celui qui parvient à
la vérité par lui-même, sans l'aide d'un maître.
En Inde, en Chine et au Japon, depuis la disparition du Bouddha, il y
eut deux sages : Zhiyi
et Saicho (Dengyo).
Ces deux hommes méritent pleinement le titre de sages. On peut
également les appeler des justes, car le Grand-maître Zhiyi pratiqua les principes enseignés par
Huisi (Nan-yue) ; en ce sens, il fut un
juste. Mais il appréhenda aussi, par lui-même, sur le lieu
de méditation, le Véhicule
suprême qui mène à la bodhéité ; en ce sens, il fut un sage. Même
si un sage pratiquait le bouddhisme, comment pourrait-il
le propager sans croyants pour le soutenir ? Comme je m'y
attendais depuis le début, mes avertissements ne furent pas entendus.
Un vieil adage dit que, si le gouvernement rejette trois fois l'avertissement
d'un sage, ce dernier devrait quitter la région.
Prenant ce parti, je quittai Kamakura le douzième jour du cinquième mois (12 mai), et vins ici,
au Mont Minobu. Le sage n'est pas celui qui pratique
le bouddhisme en dehors des règles de la société
mais plutôt celui qui, grâce à une compréhension
profonde du monde, connaît la meilleure manière de s'y comporter Vous demandez s'il y a une différence entre les bienfaits obtenus par la récitation
de daimoku lorsque c'est un sage qui le récite ou un simple mortel comme vous. La réponse
est qu'il n'y en a aucune. L'or reste le même dans les mains d'un
sage ou dans celles d'un insensé, et le feu ne change pas de nature,
qu'il soit allumé par un fou ou par une personne sensée. Tout ignorant que je suis, être considéré
comme un sage par le Bouddha me remplit de joie. Par
contre, il y des sages qui observent les deux cent cinquante préceptes et qui sont aussi unanimement respectés que l'est Taishaku par tous les êtres célestes. Mais que se passera-t-il si,
aux yeux du Bouddha Shakyamuni et du Sutra du Lotus, ils semblent
aussi malfaisants que Devadatta ? Etre sage, c'est mériter le nom
d'être humain. Ne pas réfléchir, c'est n'être
rien de plus qu'un animal. Il y a indéniablement quelque chose d'extraordinaire
dans le flux et le reflux des marées, dans le lever et le coucher
de la lune, et dans la façon dont se succèdent l'été,
l'automne, l'hiver et le printemps. Il en va de même lorsqu'une
personne ordinaire atteint la bodhéité.
A ce moment là, inévitablement les trois
obstacles et les quatre démons apparaissent, et le sage
se réjouit tandis que l'insensé s'enfuit. Un homme véritablement sage ne se laissera emporter par aucun des huit
vents : la prospérité, les revers, la disgrâce,
les honneurs, les louanges, la critique, la souffrance et le plaisir. Même lorsque l'on étudie le bouddhisme,
il reste difficile de le pratiquer correctement, soit en raison de sa
propre ignorance, soit parce que, même si l'on est sage soi-même, on ne sait pas que les conceptions du maître que
l'on suit sont erronées. On dit que l'eau du fleuve Jaune devient claire une fois
tous les mille ans, et que, de même, un sage apparaît
en ce monde une fois tous les mille ans. Le Grand-maître Huisi (Nan-yue)
écrivit : «Si l'on voit un ennemi du Sutra du Lotus s'y opposer sans lui en faire reproche, on devient soi-même une
personne qui s'oppose au Dharma et on tombera dans l'enfer des souffrances incessante.» Même
un grand sage, s'il voit une personne de ce genre sans
rien lui dire, tombera au fin fond de l'enfer des souffrances incessantes
et ne pourra jamais en sortir aussi longtemps que cet enfer durera. |
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Voir également sagesse | |||