Un bouddhisme pour notre temps Une interprétation moderne du Triple Sutra du Lotus par |
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Voir : SUTRA DU LOTUS - CHAPITRE XIV |
Une vie heureuse Dans le chapitre XIII, tous les bodhisattvas ont fait le grand vœu de propager l'enseignement du Sutra du Lotus malgré les persécutions dont ils auront à souffrir. Approuvant leur vœu et profondément ému, le bodhisattva Manjushri demande au Bouddha :
Le chapitre XIV, Une vie heureuse, montre comment, en répondant à cette question de Manjushri, le Bouddha instruit avec un soin particulier les disciples du Sutra du Lotus. Avoir une "vie heureuse" signifie garder en toutes circonstances un esprit paisible et heureux et pratiquer bénévolement les disciplines spirituelles. Celui qui subit des persécutions religieuses en protestant dans son cœur n'a pas l'attitude mentale d'un véritable disciple du Sutra du Lotus ; quelles que soient les difficultés, il doit garder et transmettre le Dharma avec un esprit serein et comblé et pratiquer les disciplines spirituelles avec une totale liberté intérieure. La force mentale de l'homme est vraiment surprenante. Par exemple, dans un film, un homme, inondé de sueur, escalade une montagne avec un sac de 40 kilos sur le dos. Les spectateurs ressentent à quel point cette montée est difficile. Parfois, il lui faut jusqu’à trois heures pour n'avancer que de vingt ou trente mètres. De plus, l'alpiniste risque sa vie à chaque pas. Si la nuit tombe, il s'arrime à la paroi pour dormir par une température qui est parfois inférieure à zéro. Si un homme était obligé de subir une épreuve pareille sous les ordres d’un patron, il serait en droit de se plaindre pour traitement inhumain. Et pourtant, un alpiniste s'impose tout cela volontairement. Bien qu'il ressente certainement la douleur, son esprit est en paix et sa douleur contribue même à son plaisir et à sa joie. En pratiquant l'enseignement du Sutra du Lotus, tant qu'un homme se fait violence pour endurer les persécutions et les calomnies et qu'il en ressent de la colère et du ressentiment, il n'est qu'un débutant dans les disciplines bouddhiques. Une personne qui a atteint la Voie sait garder un esprit paisible, même en souffrant, et peut ressentir de la joie grâce à la pratique. Avant d'atteindre un tel état d'esprit, il faut veiller scrupuleusement à ne pas être agité par les diverses déconvenues et tentations de la vie quotidienne. Le chapitre Une vie heureuse nous enseigne tout cela. Dans le chapitre XIII, les bodhisattvas déclarent avec ardeur leur résolution de supporter les pressions de l'extérieur, tandis que, dans ce chapitre, le Bouddha, comme un père, exhorte avec bienveillance les bodhisattvas à ne pas céder à des tentations intérieures. Ces deux chapitres juxtaposent le père bienveillant qui connaît le monde et le jeune fils à l'esprit primesautier. Avant d'aborder le thème central de ce chapitre, nous devons nous prémunir contre la mésinterprétation de l'expression récurrente "ne pas fréquenter telle ou telle personne". Ces mots ne signifient pas ne pas s'approcher ou ne pas s'associer avec quelqu'un. Le Bouddha, qui avait fait le grand vœu de sauver tous les êtres vivants n'a pu dire une chose pareille. "Ne pas fréquenter" signifie que nous ne devons pas nous aligner sur ces personnes ou nous engager dans des relations d'excessive familiarité, ou pour d'autres motifs. Si nous devons être en rapport avec un roi ou un ministre, nous ne devons attacher aucune importance à leur statut afin d'obtenir une faveur, parce que la vérité est la même pour tout le monde et qu'elle s'applique aux rois de la même manière qu'aux citoyens ordinaires. D'autre part, si nous sommes trop familiers avec les autres, nous risquons d’oublier de tracer une ligne de démarcation entre la vie publique et la vie privée. Le Bouddha nous avertit de ce danger. Le Bouddha nous conseille aussi de ne pas être trop proches des gens dont la profession est de tuer des êtres vivants, (chasseurs, pêcheurs) ou bien des prostituées. Mais cet avertissement provient de son affection bienveillante et veut dire que tout en instruisant ces personnes, nous ne devons pas être influencés par leur mode de vie. Si nous lisons ce chapitre sans ces quelques notions préliminaires, nous risquons de concevoir des doutes sur l'attitude du Bouddha. Les quatre pratiques agréables Le Bouddha répond à la question de Manjushri en disant que si un bodhisattva désire prêcher ce Sutra dans le mauvais âge à venir, il devra être persévérant dans les "quatre pratiques agréables" (shi anraku-gyo) : Le Bouddha nous enseigne comment nous conduire, comment parler, quelle attitude mentale maintenir et comment parvenir à réaliser notre idéal. Le Bouddha divise la pratique agréable du corps en deux parties : la sphère d'activités du bodhisattva et la sphère d'intimité. La première est celle de son attitude fondamentale dans sa conduite personnelle. Un bodhisattva est patient, doux et agréable. Il n'est ni pressé, ni arrogant ; son esprit reste imperturbable et, à la différence de gens ordinaires, il n'est pas vaniteux ni ne s'enorgueillit de ses propres réalisations mais voit toutes les choses dans leur réalité. Il n'est pas partial car il agit envers tous avec une égale compassion et dans la plus grande discrétion. Ensuite, le Bouddha enseigne la sphère d'intimité d'un bodhisattva en la divisant en dix parties : Hormis ces dix points principaux, le Bouddha exhorte les bodhisattvas à préférer toujours la méditation et à cultiver et contrôler leur esprit. Les sujets mentionnés ci-dessus sont la sphère d'intimité d'un bodhisattva. S'il sait observer les sphères d'action et d'intimité, la conduite du bodhisattva est parfaite et il peut prêcher le Dharma, son esprit en paix. Telle est la pratique agréable du corps. La pratique agréable de la bouche Suivent les exhortations du Bouddha concernant la façon de parler. - Premièrement, un bodhisattva ne prend pas plaisir à raconter les erreurs des autres ou à dire du mal des sutras. S'il maintient ainsi un esprit joyeux et ouvert, ceux qui entendent l'enseignement ne s'opposeront pas à lui. À ceux qui posent des questions difficiles, il ne répond pas par les enseignements du Hinayana mais seulement pas ceux du Mahayana, et il leur explique le Dharma afin qu'ils puissent obtenir la connaissance parfaite. La pratique agréable de l'esprit Viennent ensuite les huit exhortations du Bouddha quant à l'attitude mentale du bodhisattva. - Premièrement, il n'entretient pas un esprit envieux ou trompeur. Dans les derniers âges à venir, lorsque le Dharma sera sur le point de périr, le bodhisattva qui garde ce Sutra devra développer l'amour-empathie (maitri) à la fois envers les laïcs et les moines, et une grande compassion (karuna) envers ceux qui ne sont pas encore sur le point de devenir des bodhisattvas, qui sont satisfaits de leurs idées égoïstes et qui recherchent leur seul salut. Pour les personnes qui ne connaissent pas encore le Sutra, il prendra l'engagement de les y guider grâce à ses pouvoirs transcendants et sa sagesse, lorsque lui-même aura atteint l'Éveil parfait sans supérieur. La pratique agréable du vœu consiste à avoir une immense compassion qui guide tous les hommes vers le Sutra du Lotus. Le bodhisattva qui peut parfaitement accomplir la pratique agréable du vœu ne commettra pas d'erreur lorsqu'il prêchera le Dharma. Il sera toujours admiré par tous. Les dieux en prendront soin constamment et le protégeront jour et nuit pour le bien du Dharma, afin qu'il soit capable de rendre heureux tous ses auditeurs. La parabole du joyau dans l'ushnisha Ayant prêché ces quatre pratiques agréables, le Bhagavat souligna l'excellence de l'enseignement du Sutra du Lotus par la parabole du joyau dans l'ushnisha (protubérance au sommet du crâne), la sixième des sept paraboles du Sutra du Lotus.
Il en est de même pour le Sutra du Lotus qui n’a pas été prêché dès le début.
Le Bouddha va immédiatement à l'essentiel en comparant la sagesse de l'homme aux rayons du soleil. L'obscurité n’existe pas en soi : ce n'est qu'une absence de lumière. Si le soleil se met à briller dans le noir, le noir disparaît. Si une personne prend conscience de la sagesse du Bouddha, l'obscurité disparaîtra instantanément de son esprit. Nous devons bien comprendre que la sagesse du Bouddha est totale et que c'est un enseignement qui, s'opposant aux ténèbres, les disperse. Pour finir, ce chapitre proclame qu'une personne qui réalise parfaitement les quatre pratiques paisibles et prêche le Sutra du Lotus fera divers rêves agréables. Nous ne devons pas négliger cette déclaration sous prétexte qu'elle concerne les rêves. La psychologie moderne reconnaît parfaitement leur grande importance. Pour faire court, on peut dire que le rêve est "la mémoire de la journée". Nos expériences durant les heures de veille s'accumulent dans notre inconscient et réapparaissent dans le rêve lorsque nous dormons. Lorsqu'une personne rêve qu'elle voit l'image sacrée du Bouddha, c'est une preuve qu'elle est devenue pure dans les profondeurs de son esprit, qu'elle est devenue compatissante et qu'elle invoque toujours le nom du Bouddha. Même une personne très respectable peut délirer à cause d'une fièvre ou d'un cauchemar. C'est une preuve que son inconscient n'est pas encore purifié. Nous devons aspirer à un esprit si pur que, dans nos rêves, nous verrons les bouddhas aux corps d'or et, nous retrouvant parmi eux, nous joindrons les mains pour louer le Bouddha. Chapitre XIV du Sutra du Lotus
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