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dharani - darani


Shubhakarasimha
* évalua les qualités relatives des sutras Kegon*, Lotus, Vairocana*, etc., il avança une interprétation erronée en disant que, d'un point de vue théorique, tous ces sutras sont de même valeur, mais que, d'un point de vue pratique, le Sutra Vairocana* est supérieur aux autres. Depuis lors, les tenants de cette école n'ont cessé de prétendre avec arrogance que le Sutra du Lotus ne soutient pas la comparaison avec le Sutra Kegon*, et moins encore avec les sutras de l'école Shingon ou que, parce qu'il ne contient ni mudra ni mantra dharani*, le Sutra du Lotus n'est même pas comparable au Sutra Vairocana*.
[...] Il faut ajouter à tout cela que les enseignements ésotériques du Shingon sont différents des autres enseignements bouddhiques. Ils affirment que si l'on a formé avec les mains ne serait-ce qu'un seul mudra, si l'on a prononcé de sa bouche ne serait-ce qu'un seul mantra dharani*, même les crimes les plus graves accumulés dans les trois phases de la vie seront expiés. Ils ajoutent qu'il suffit de poser les yeux sur un mandala ésotérique pour que toutes les fautes et entraves karmiques accumulées pendant d'innombrables koti de kalpa s'effacent immédiatement. Cela aurait dû être d'autant plus vrai dans le cas de ce Savant-maître*, qui avait mémorisé tous les mudra et les mantra dharani* des plus de mille deux cents Honorés, qui avait compris aussi clairement que si elle avait été reflétée dans un miroir la pratique de la contemplation qui permet d'atteindre la bodhéité sans changer d'apparence, et qui, pendant la cérémonie d'onction dans le Monde du Diamant* et dans le Monde de la Matrice*, s'était métamorphosé en roi illuminé Vairocana ou en bouddha Vairocana* lui-même  ! Pourquoi une personne de ce genre devait-elle se présenter devant Emma, le roi des enfers, et subir une punition  ? Moi, Nichiren, parmi les deux voies du bouddhisme, exotérique et ésotérique, j'étais résolu à adhérer à l'enseignement suprême, celui qui nous permet de nous libérer le plus facilement du cycle des souffrances de la vie et de la mort. Par conséquent, j'ai étudié dans ses grandes lignes l'enseignement secret du Shingon et je me suis interrogé sur ce destin de Shubhakarasimha*. Mais personne ne m'a jamais donné de réponse satisfaisante à la question que je posais plus haut. Si lui-même ne parvint pas à échapper aux mauvaises voies, comment, à notre époque, un seul des moines du Shingon ou des laïcs qui n'ont pas fait plus d'un mudra ou récité plus d'un mantra dharani*, pourrait-il espérer ne pas y tomber  ? [...] Shubhakarasimha* a commis ces erreurs, à la rétribution desquelles il est très difficile d'échapper, par conséquent, bien qu'il ait pratiqué les mudra et les mantra dharani* particuliers des divers Honorés, cela n'eut pas le moindre résultat.
[...] Le Savant-maître Shubhakarasimha* professait que le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana* étaient deux sutras méritant un égal respect, prétendant qu'ils étaient identiques d'un point de vue doctrinal mais que, parce que le Sutra du Lotus ne mentionnait ni les mudra ni les mantra dharani*, il était inférieur au Sutra Vairocana*. C'était une théorie erronée. Les maîtres du Shingon qui lui succédèrent allèrent encore plus loin, déclarant que, même du point de vue doctrinal, le Sutra du Lotus est inférieur pour ne rien dire de l'infériorité due à l'absence des mudra et des mantra dharani*. La gravité de leur opposition au Dharma n'en est que plus lourde.
[...] A l'origine, le profond principe d'ichinen sanzen (une pensée - 3000 mondes) n'était mentionné nulle part dans le Sutra Vairocana*. Cette notion ne se trouvait que dans le Sutra du Lotus. Mais Shubhakarasimha*, ayant lu le Sutra du Lotus, entreprit de voler ce profond principe formulé par le Grand-maître* Zhiyi* et l'incorpora dans sa propre interprétation du Sutra Vairocana*. Il affirma ensuite que les mudra et les mantra dharani* du Sutra Vairocana* qui furent à l'origine exposés seulement pour servir d'ornement au Sutra du Lotus, sont précisément les éléments qui fondent la supériorité du Sutra Vairocana* sur le Sutra du Lotus. Shubhakarasimha* développa une théorie fausse lorsqu'il prétendit que les deux sutra sont identiques d'un point de vue doctrinal, et son affirmation que les mudra et les mantra dharani* sont des éléments qui rendent le Sutra Vairocana* supérieur au Sutra du Lotus est également erronée.
Le savant maître Chan-wou-wei (Kamakura, 1270 à Joken-bo et Gijo-bo)

Se pourrait-il qu'en Inde le Sutra du Lotus ait contenu des descriptions de mudra et de mantra dharani* mais que ceux qui le traduisirent en chinois les aient supprimés - Kumarajiva nommant sa version Myoho Renge Kyo  ? Et que Shubhakarasimha*, en y ajoutant des mudra et des mantra dharani*, ait appelé la sienne le Sutra Vairocana*  ?
La lettre de Teradomari (Teradomari, le 22 octobre 1271, à Toki Jonin)

Mais Shubhakarasimha* et Vajrabodhi*, qui introduisirent les enseignements ésotériques en Chine, s'approprièrent le principe d'ichinen sanzen de Zhiyi*, pour en faire le coeur des enseignements de leur école, tout en y ajoutant la pratique de mudra et de mantra dharani* et prétendirent que leurs enseignements surpassaient ceux de Zhiyi*. De sorte que ceux qui étudiaient le bouddhisme, ignorant les faits réels, en vinrent à croire que le principe d'ichinen sanzen se trouvait déjà dans le Sutra Vairocana* tel qu'il était parvenu d'Inde.
[...] Shubhakarasimha* eut l'occasion de lire le Maka Shikan de Zhiyi* et en retira sagesse et compréhension. Il s'appropria alors le principe d'ichinen sanzen, l'utilisant pour interpréter les passages du Sutra Vairocana* sur "la réalité de l'esprit" ou celui qui dit "Je [Vairocana] suis la source et le commencement de toutes choses", pour en faire le cœur des enseignements Shingon mais en y ajoutant la pratique des mudra et des mantra dharani*.
[...] Il est dit dans le Sutra Rokuharamitsu : "Tous les enseignements corrects exposés par les innombrables bouddhas du passé, et les quatre-vingt-quatre mille lois merveilleuses que j'ai exposées se trouvent dans ce sutra et peuvent dans leur ensemble se diviser en cinq catégories : 1. sutra ; 2. vinaya ; 3. abhidharma ; 4. prajnaparamita ; 5. dharani. Ces cinq sortes d'ouvrages instruiront et éclaireront les êtres sensibles. Parmi ceux-ci, certains ne parviennent pas à croire ni à appliquer les sutras, vinayana, abhidharma et prajnaramita ; ou d'autres commettent diverses mauvaises actions telles que les quatre délits graves, les huit graves infractions, ou les cinq forfaits passibles de l'enfer avici, d'autres encore s'opposent aux sutra du Mahayana et sont d'une incroyance incorrigible. Afin d'effacer de tels crimes, de les délivrer rapidement des souffrances et de leur permettre d'accéder aussitôt au nirvana, je leur ai enseigné cet ensemble de dharani. "On compare respectivement ces cinq catégories aux saveurs du lait frais, de la crème, du lait caillé, du beurre et du ghee (beurre clarifié), le beurre clarifié étant le meilleur. La catégorie qui contient les dharani se compare au beurre clarifié. Parmi ces cinq substances, le beurre clarifié est celle qui a le goût le meilleur et le plus raffiné ; il est capable de guérir diverses maladies et de détendre le corps et l'esprit des êtres sensibles. De même, la catégorie des dharani est la première des cinq formes d'enseignements." [...] Le Sutra Rokuharamitsu [qui prétend que les dharani sont comparables au beurre clarifié], ne soutient pas, en fait, la comparaison avec le Sutra du Nirvana [qui se compare lui-même au beurre clarifié], et encore moins avec les enseignements théorique* et essentiel* du Sutra du Lotus. Et pourtant, le Gand-maître Kukai*, au Japon, égaré par ce sutra, rangea le Sutra du Lotus dans la quatrième catégorie, la saveur du beurre. Alors que le prétendu beurre clarifié des dharani n'est même pas comparable au beurre clarifié du Sutra du Nirvana, comment a-t-il pu faire une aussi grossière erreur  ? Traité pour ouvrir les yeux (Sado, février 1272 à Shijo Kingo)

Quel grand médecin ou quel bon médicament a le pouvoir de guérir tous les êtres à l'époque des Derniers jours du Dharma  ? Ils ne peuvent pas être guéris par les mudra et les mantra dharani* du bouddha Vairocana*, par les quarante-huit voeux du bouddha Amida ou les douze grands voeux du bouddha Yakushi*, ni même par son serment de guérir toutes les maladies. Non seulement de tels remèdes n'ont pas le pouvoir de guérir les maladies mais ils les aggravent.
Le don du mandala du Dharma Merveilleux (Sado, 1273 à Sennichi-ama)

Sous le règne de l'empereur Xuanzang, de la dynastie Tang, Shubhakarasimha*, Vajrabodhi*, et Amoghavajra* ont apporté les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji* d'Inde et les ont introduits en Chine. Les enseignements de ces trois sutras sont très clairement énoncés. Si nous en recherchons le principe essentiel, nous voyons qu'il consiste à réunir les Deux Véhicules et à les remplacer par le Véhicule unique de l'état de bodhisattva, à réfuter les Deux Véhicules pour révéler le Véhicule unique de l'état de bodhisattva. Et la caractéristique de cette école est la pratique des mudra et des mantra dharani*.
[...] Shubhakarasimha* comprit que l'enseignement du Tiantai était encore supérieur à la description qu'on lui en avait faite en Inde et qu'il serait très difficile avec les trois sutras qu'il avait apportés de le dépasser. Aussi, afin de tromper Yixing, il lui dit : "Mon bon moine, vous êtes l'un des hommes les plus intelligents de Chine et l'école Tiantai possède un enseignement véritablement profond et mystique. Mais l'école Shingon dont j'ai apporté les sutras en Chine est supérieure à l'école Tiantai sur un point : elle utilise les mudra et les mantra dharani*."
[...] Shubhakarasimha* eut alors une idée extrêmement rusée. "Le Sutra Vairocana*, expliqua-t-il à Yixing, commence par un chapitre appelé Jushin. De même que le Sutra Muryogi réfute tous les sutras enseignés pendant les quarante et quelques années précédentes, ce chapitre Jushin rend périmés tous les autres sutras. Les chapitres qui suivent, du chapitre Nyumandara jusqu'à la fin du Sutra Vairocana*, ont été présentés en Chine comme deux versions distinctes, le Sutra du Lotus et le Sutra Vairocana*, mais en réalité, en Inde, ils constituaient un sutra unique. Le Bouddha Shakyamuni s'adressa à Shariputra et à Maitreya, leur enseigna le Sutra Vairocana* en l'appelant Sutra du Lotus et en omettant l'enseignement des mudra et des mantra dharani*, n'exposant ainsi que la théorie.
[...] Nombreux sont ceux qui, de nos jours, éprouvent un très grand respect pour ce Kukai*. Mais, j'ai quelque regret à le dire, concernant les enseignements bouddhiques, il a commis beaucoup d'erreurs. Pourquoi  ? Je suppose que c'est parce que, lorsqu'il séjourna en Chine, il étudia seulement l'enseignement de l'école Shingon, la pratique des mudra et des mantra dharani*. Mais il ne semble pas avoir étudié les aspects théoriques de la doctrine.
[...] Quant à l'affirmation que, sans mudra ni mantra dharani*, il est impossible de consacrer une statue ou une image du Bouddha, elle est absurde et puérile. Avant l'apparition de l'école Shingon, n'y avait-il donc pas de consécration des statues ou des images du Bouddha  ? Avant l'apparition du Shingon on rapporte que, en Inde, en Chine et au Japon, des statues ou des peintures du Bouddha ont marché, enseigné le Dharma ou parlé à haute voix. (note) C'est depuis que l'on a commencé à utiliser mudra et mantra dharani* pour consacrer les images du Bouddha que ces cérémonies ont perdu tout pouvoir bénéfique  !
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

En réalité, les sutras du Shingon appartiennent aux enseignements provisoires et sont même inférieurs aux sutras Kegon* ou Hannya*. Pourtant, Ennin* et Kukai* se sont trompés sur ce point et ont prétendu que les sutras du Shingon étaient égaux ou même supérieurs au Sutra du Lotus. La cérémonie "d'ouverture des yeux" d'une nouvelle effigie du Bouddha est donc conduite avec le mudra de la déesse Butsugen-son (Vénérable-œil-du-Bouddha) et le mantra dharani* du bouddha Vairocana*. Il en résulte que toutes les images peintes et sculptures en bois [représentant le Bouddha] au Japon, ont été privées d'âme et d'yeux, et qu'elles sont en fin de compte possédées par le Démon du sixième Ciel.
Lettre aux moines du Seicho-ji (Minobu, le 11 janvier 1276 aux moines du temple Seicho-ji)

Vajrabodhi avait, par ailleurs, un disciple que l'on appelait le Savant-maître* Amoghavajra*. Ces trois hommes étaient indiens, issus de familles nobles et d'un caractère bien différent des moines chinois. Les doctrines qu'ils enseignèrent firent une forte impression parce qu'elles comportaient des mudra et des mantra dharani*, éléments inconnus en Chine depuis l'introduction du bouddhisme à l'époque des Han postérieurs. Devant ce nouveau bouddhisme qui semblait si élevé, l'empereur inclina la tête et le peuple joignit les mains, en signe de révérence.
[...] Dans ces conditions, même les moines du Tendai - afin qu'on leur demande de pratiquer les rituels d'"ouverture des yeux" pour consacrer les images du Bouddha sculptées ou peintes - adoptèrent les mudra et les mantra dharani* censés fonder la supériorité de l'école Shingon. Par conséquent, le Japon tout entier s'est adonné à la pratique du Shingon, et il n'y a plus un seul pratiquant de l'école Tendai.
Traité sur la dette de reconnaissance (Minobu, le 21 juillet 1276, à Joken-bo et Gijo-bo)

Quand Shubhakarasimha* entreprit d'évaluer les mérites relatifs du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana*, il avança cette interprétation que tous deux sont "équivalents d'un point de vue théorique, mais que le dernier est supérieur en termes de pratique." Par cela, il voulait dire que, bien que le principe d'ichinen sanzen soit le même dans le Sutra du Lotus et dans le Sutra Vairocana*, le Sutra du Lotus ne mentionne ni mudra ni mantra dharani*, et que, par conséquent, du point de vue des pratiques qu'il enseigne, il est inférieur au Sutra Vairocana*. Puisque l'on n'y trouvait pas concrètement l'énoncé des formules pour la pratique, on ne pouvait pas dire qu'il représentait les enseignements ésotériques à la fois du point de vue de la théorie et de la pratique.
[...] Shubhakarasimha* prétend plus loin que le Sutra Vairocana* est supérieur du point de vue de la pratique parce que, dans le Sutra du Lotus, ne sont mentionnés ni mudra ni mantra dharani*. Dans ce cas, compare-t-il les mérites du Sutra du Lotus et du Sutra Vairocana* dans leurs textes en sanskrit  ? Ou parle-t-il des mérites relatifs de leurs traductions en chinois  ?
[...] La traduction du Hokke Giki (rituels basés sur le Sutra du Lotus) par le Savant-maître* Amoghavajra* indique que le Sutra du Lotus contient, en réalité, des mudra et des mantra dharani*. Et la traduction plus ancienne du Sutra Ninno* par Kumarajiva ne contient ni mudra ni mantra dharani*  ; mais la traduction plus récente du même sutra par Amoghavajra* contient bel et bien des mudra et des mantra dharani*.
[...] Le Sutra du Lotus ne mentionne ni mudra ni mantra dharani*, mais il a le mérite de déclarer que les personnes des deux véhicules pourront atteindre la bodhéité ; il donne même le nom des kalpas au cours desquels cela se produira, les terres où cela aura lieu et le nom que les divers auditeurs-shravakas porteront lorsqu'ils deviendront bouddha. On y lit aussi que le Bouddha atteignit l'Éveil dans un passé illimité. Le Sutra Vairocana* a beau décrire des mudra et des mantra dharani*, il ne dit rien de l'atteinte de la bodhéité par les personnes des deux véhicules ou de l'Éveil primordial du Bouddha dans un passé illimité. Si nous comparons ce principe de l'atteinte de la bodhéité par les personnes des deux véhicules à la question des mudra et des mantra dharani*, nous voyons que leur degré d'importance est aussi différent que le ciel de la terre.
[...] Dans les divers sutras enseignés par le Bouddha pendant quarante et quelques années avant qu'il expose le Sutra du Lotus, les personnes des deux véhicules étaient décrites comme [aussi incapables d'atteindre la bodhéité que] des graines pourries qui ne pourraient germer. Elles étaient condamnées non seulement une fois ou deux, mais dans d'innombrables passages, sutra après sutra. Mais, dans le Sutra du Lotus, tous ces passages sont réfutés ; et il est proclamé que les personnes des deux véhicules peuvent, en réalité, atteindre la bodhéité. Quant aux mudra et aux mantra dharani*, où et dans quel sutra pourrait-on trouver un seul passage les condamnant  ? Et puisqu'ils n'ont jamais été condamnés, le Sutra Vairocana*, comme beaucoup d'autres sutras, n'hésite pas à mentionner les mudra et les mantra dharani* et par conséquent à les enseigner.
Un mudra est un geste fait avec la main. Mais si la main appartient à une personne incapable de devenir bouddha, comment des mudra faits avec la main pourraient-ils la conduire à la bodhéité  ? Un mantra dharani* est un mouvement articulé par la bouche. Mais si la bouche appartient à une personne incapable de devenir bouddha, comment les mantra dharani* prononcés par la bouche pourraient-ils la conduire à la bodhéité  ? Si elle ne rencontre pas le Sutra du Lotus, une personne des deux véhicules peut bien pratiquer les mudra et les mantra dharani* de plus de mille deux cents Honorés pendant d'innombrables kalpas, elle n'atteindra jamais la bodhéité, par le corps, la bouche ou l'esprit. Ceux qui prétendent supérieur [au Sutra du Lotus] un texte qui ne dit rien de la possibilité, pour les personnes des deux véhicules, d'atteindre la bodhéité, uniquement parce qu'il comporte des mudra et des mantra dharani*, sont nécessairement des voleurs, du point de vue des principes, et des hérétiques, du point de vue de la pratique - des gens qui considèrent comme supérieur ce qui est inférieur.
Lettre à Shomitsu-bo (Minobu, 1277 à Shomitsu-bo)

Tenir une cérémonie pour insuffler l’esprit d’une déité dans un objet par des mudra et des mantra dharani*, et le vénérer est une terrible erreur.
Questions - réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)

Le principe de l'ensemencement, de la maturation et de la récolte de la graine est le cœur même et l'âme du Sutra du Lotus. Tous les bouddhas des trois phases de la vie et des dix directions sont immanquablement parvenus à la bodhéité grâce aux graines que sont les cinq caractères de Myo Ho Ren Ge Kyo. Les mots "Namu Amida Butsu" ne sont aucunement les graines de la bodhéité, pas plus que les mantra dharani* ou les cinq préceptes. Il faut bien comprendre cela, autrement, nous faisons apparaître ce défaut appelé adultération*.
Lettre à Akimoto (Minobu, le 27 janvier 1280, à Akimoto)

Peut-être Ennin* et Enchin se sont-ils laissé tromper par les commentaires de Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra*  ? Tous deux semblent avoir été des personnes respectables et sages, mais ils avaient tendance à mépriser le proche pour honorer le lointain. Ils ont été ensorcelés par le fait que trois sutras du Shingon contiennent des mudra et des mantra dharani*, et ont totalement perdu de vue la voie primordiale de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence.
Le principe de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence (Minobu, en 1280   ? , à Myoichinyo)

Les trois maîtres du Tripitaka Shubhakarasimha*, Vajrabodhi* et Amoghavajra* vinrent d'Inde en Chine, apportant avec eux les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*. Par leur personnalité aussi bien que par leurs théories, ces trois hommes étaient très loin de soutenir la comparaison avec les maîtres bouddhistes qui les avaient précédé en Chine. De plus, parce qu'ils introduisaient la pratique de mudra et de mantra dharani* jusqu'alors inconnus, on pensa que le véritable bouddhisme était resté ignoré en Chine avant leur arrivée.
[...] Par la suite, le Grand-maître* Zhanlan* réfuta les principes introduits par les écoles Hosso, Kegon et Shingon, ce que n'avait évidemment pas pu faire le Grand-maître* Zhiyi. Mais ces réfutations ne furent pas prononcées au cours de débats publics, comme ce fut le cas avec le Grand-maître* Zhiyi*. Ainsi, le Sutra du Lotus devint comparable à une pièce de tissu de soie précieuse portée par une nuit obscure, tandis que les mudra et les mantra dharani*, dont il n'est nulle part question dans le Sutra du Lotus, s'étalaient, bien visibles aux yeux de tous.
[...] C'est pourquoi bien qu' ils aient avancé quantité d' arguments habiles, Shubhakarasimha*, Xuanzang, Kukai*, Ennin*, Enchin et les autres ne purent trouver le moindre passage prouvant la supériorité du Sutra Vairocana* sur le Sutra du Lotus. Toute leur argumentation repose seulement sur la présence ou non, dans un sutra, des mudra et des mantra dharani*. Plutôt que de développer leurs théories en cent volumes, de faire d'incessants aller et retours entre la Chine et le Japon, de fomenter d'innombrables intrigues et d'appuyer leur opinion sur l'autorité de décrets impériaux, ils auraient mieux fait de produire un passage clair, une preuve littérale irréfutable, tirée des sutras eux-mêmes.
Le corps et l'esprit des simples mortels (Minobu, à un disciple)


voir également : les doctrines Shingon

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