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Maha-parinibbana Sutta DN 16

http://www.canonpali.org/tipitaka/suttapitaka/digha/dn16.html
http://www.dhammadelaforet.org/sommaire/sutta_tipaka/pdf/mahaparinibbanasutta.pdf

Extrait de Last Days of the Buddha : The Maha-parinibbana Sutta, Traduit du Pali par Soeur Vajira & Francis Story (édition révisée), (Kandy: Buddhist Publication Society, 1998). Copyright © 1998 Buddhist Publication Society. Revu en 2003

Texte légèrement modifié pour les pratiquants de Nichiren

Les itinéraires () proviennent de

https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1D8myPgBPxUNfBweFjHaybCT3o4U&ll=25.020906000000014%2C85.41595499999994&z=8

DICTIONNAIRE
 
Version pali légèrement différente des extraits sanskrits existants du Mahāparinirvāṇa Sūtra du Mahayana

Au Magadha ()
Ainsi l'ai-je entendu

A ce moment-là, le Bhagavat demeurait à Rajagriha (), sur le Pic du Vautour. A cette époque, le roi du Magadha, Ajatashatru, fils de la reine Vaidehi*, voulut faire la guerre aux Vajjis*. Il parla de la sorte : "Ces Vajjis*, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je vais les faire périr, je vais complètement les détruire."

Et Ajatashatru, le roi de Magadha, s'adressa à son premier ministre, le brahmane Vassakara*, en disant : "Allons, brahmane, va trouver le Bhagavat, rends-lui hommage en mon nom à ses pieds, souhaite lui bonne santé, force, aisance, vigueur et réconfort, et dis-lui ceci : 'O Seigneur, Ajatashatru, le roi de Magadha, désire faire la guerre aux Vajjis*. Il a dit de la sorte : "Ces Vajjis*, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je vais les faire périr, je vais complètement les détruire'. Et quoi que te réponde le Bhagavat, garde-le bien à l'esprit et informe m'en ; car les tathagatas ne parlent pas faussement."

"Très bien, Seigneur," dit le brahmane Vassakara* en assentiment à Ajatashatru, roi de Magadha. Et il ordonna qu'un grand nombre de voitures magnifiques fut préparé, en monta une lui-même, et accompagné par le reste, sortit de Rajagriha () en direction du Pic du Vautour. Il poursuivit aussi loin que put aller la voiture, puis, en étant descendu de voiture, il s'approcha du Bhagavat à pied. Après avoir échangé de courtoises salutations avec le Bhagavat, de même que bien des paroles agréables, il s'assit sur le côté* et s'adressa comme suit au Bhagavat : "Vénérable Gautama, Ajatashatru, le roi de Magadha, rend hommage aux pieds du Vénérable Gautama et lui souhaite bonne santé, force, aisance, vigueur, et réconfort. Il désire faire la guerre aux Vajjis*, et il s'est prononcé de la sorte : 'Ces Vajjis*, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je vais les faire périr, je vais complètement les détruire.'"

Condition du bien-être d'une nation

A ce moment, le Vénérable* Ananda se tenait derrière le Bhagavat, en train de l'éventer (note), et le Bhagavat s'adressa ainsi au Vénérable* Ananda :

- Qu'as-tu entendu, Ananda : est-ce que les Vajjis* se rassemblent fréquemment, et est-ce que leurs rassemblement sont bien courus?

- J'ai entendu dire, Seigneur, qu'il en est ainsi."

- Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis*, pas à leur déclin. Qu'as-tu entendu, Ananda : est-ce que les Vajjis* s'assemblent et se dispersent en paix et s'occupent de leurs affaires en concorde?

- J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font."

- Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis*, pas à leur déclin. Qu'as-tu entendu, Ananda : est-ce que les Vajjis* n'ont ni promulgué de nouveaux décrets ni aboli ceux qui existent, mais procèdent en accord avec leurs antiques constitutions?

- J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font."

- Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin. Qu'as-tu entendu, Ananda : est-ce que les Vajjis* honorent, estiment, montrent du respect et de la vénération envers leurs anciens, et pensent qu'il vaut la peine des écouter?"

- J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font.

- Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis*, pas à leur déclin. Qu'as-tu entendu, Ananda : est-ce que les Vajjis* évitent d'enlever les femmes et les jeunes filles de bonne famille (note) et des détenir?

- J'ai entendu dire, Seigneur, qu'ils évitent du faire.

- Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis*, pas à leur déclin. Qu'as-tu entendu, Ananda : est-ce que les Vajjis* honorent, estiment, montrent du respect et de la vénération envers leurs sanctuaires (chaitya*), autant ceux qui sont à l'intérieur de la cité que ceux qui sont à l'extérieur, et ne les privent pas des justes offrandes (note) ainsi données et précédemment à eux faites?"

- J'ai entendu dire, Seigneur, qu'ils vénèrent effectivement leurs sanctuaires (chaitya*) et qu'ils ne les privent pas de leurs offrandes."

- Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis*, pas à leur déclin. Qu'as-tu entendu, Ananda : est-ce que les Vajjis* protègent et gardent dûment les arhats, de sorte que ceux qui ne sont pas venus en leur royaume pourraient le faire, et que ceux qui y sont déjà puissent y vivre en paix?

- J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font.

- Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis*, pas à leur déclin.

Et le Bhagavat s'adressa au brahmane Vassakara* en ces paroles :

- Un jour, brahmane, je demeurais à Vaishali, au sanctuaire (chaitya*) Sarandada (note), et ce fut là que j'enseignai aux Vajjis* ces sept conditions qui mènent au bien-être (d'une nation). (réf) Pour le moment, brahmane, ces conditions perdurent toujours chez les Vajjis* et les Vajjis* sont connus pour elles, on peut donc s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.

Là-dessus le brahmane Vassakara* parla ainsi au Bhagavat :

- Si les Vajjis*, Vénérable Gautama, n'étaient dotés que d'une seule ou d'une autre de ces conditions qui conduisent au bien-être, on pourrait s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin. Alors toutes les sept ? Aucun mal, effectivement, ne peut être fait aux Vajjis au combat par le roi de Magadha, Ajatashatru, à part par traîtrise ou discorde. Bien, dans ce cas, Vénérable Gautama, nous allons prendre congé, car nous avons beaucoup à faire, beaucoup de travail à effectuer.

- Fais comme bon te semble, brahmane.

Et le brahmane Vassakara*, premier ministre de Magadha, approuvant les paroles du Bhagavat et ravi par elles, se leva de son siège et partit.

Condition du bien-être des bhiksus

Alors, peu après le départ de Vassakara*, le Bhagavat s'adressa comme suit au Vénérable* Ananda :

- Va maintenant, Ananda, et rassemble dans la salle d'audience tous les bhiksus qui vivent aux alentours de Rajagriha ().

- Très bien, Seigneur.

Et le Vénérable* Ananda fit comme on lui avait demandé et informa le Bhagavat :

- La communauté des bhiksus est rassemblée, Seigneur. Que le Bhagavat fasse maintenant comme il le désire.

Là-dessus le Bhagavat se leva de son siège, monta à la salle d'audience, y prit sa place, et s'adressa ainsi aux bhiksus :

- Je vais exposer sept conditions qui conduisent au bien-être, bhiksus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.

- Qu'il en soit ainsi, Seigneur.

- On peut s'attendre à la croissance des bhiksus, pas à leur déclin, bhiksus, tant qu'ils s'assembleront fréquemment et en grand nombre; se rencontreront et se disperseront en paix et s'occuperont des affaires du Sangha en concorde; tant qu'ils ne promulgueront pas de nouvelles règles et n'aboliront pas celles qui existent, mais procéderont en accord avec le code d'entraînement Vinaya; tant qu'ils honoreront, estimeront, montreront du respect et de la vénération envers les anciens bhiksus, ceux de longue pratique, depuis longtemps passés, les pères et chefs du Sangha, et penseront qu'il vaut la peine des écouter; tant qu'ils ne tomberont pas au pouvoir de l'envie insatiable qui conduit à un nouveau devenir; tant qu'ils chériront les profondeurs de la forêt pour leur demeure; tant qu'ils s'établiront dans l'attention, de sorte que les frères vertueux de l'Ordre qui n'y sont pas encore venus puissent le faire, et que ceux qui y sont déjà venus puissent vivre en paix; tant et si longtemps, bhiksus, que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhiksus et que les bhiksus seront connus pour elles, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.

Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhiksus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.

- Qu'il en soit ainsi, Seigneur.

- On peut s'attendre à la croissance des bhiksus, pas à leur déclin, bhiksus, tant qu'ils ne se régaleront pas, ne se complairont pas et n'apprécieront pas les activités, la conversation, le sommeil et la compagnie; tant qu'ils ne recèleront pas, ne tomberont pas sous l'emprise des mauvais désirs; n'auront pas de mauvais amis, associés, ou compagnons; et tant qu'ils ne s'arrêteront pas à mi-chemin en raison de quelque résultat mineur. Dans cette mesure, bhiksus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhiksus et que les bhiksus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.

Sept bonnes qualités

- Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhiksus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.

- Qu'il en soit ainsi, Seigneur.

- On peut s'attendre à la croissance des bhiksus, pas à leur déclin, bhiksus, tant qu'ils auront foi, tant qu'ils auront de la pudeur et la crainte de l'inconduite, qu'ils seront compétents dans l'étude, résolus, attentifs et sages. Dans cette mesure, bhiksus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhiksus, et que les bhiksus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.

Sept facteurs de l'Éveil*

- Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhiksus. Écoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.

- Qu'il en soit ainsi, Seigneur.

- On peut s'attendre à la croissance des bhiksus, pas à leur déclin, bhiksus, tant qu'ils cultiveront les sept facteurs de l'Éveil, c'est-à-dire : l'attention, l'investigation des phénomènes, l'énergie, la béatitude, la tranquillité, le samadhi, et l'équanimité. Dans cette mesure, bhiksus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhiksus, et que les bhiksus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.

Sept perceptions

- Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhiksus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.

- Qu'il en soit ainsi, Seigneur.

- On peut s'attendre à la croissance des bhiksus, pas à leur déclin, bhiksus, tant qu'ils cultiveront la perception de l'impermanence, du non-soi, de l'impureté (du corps), de la misère (du corps), de l'abandonner, du dépassionnement [non-attachement] et de la cessation. Dans cette mesure, bhiksus, tant que ces sept conditions [choses conditionnées] qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhiksus et que les bhiksus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.

Six conditions à se rappeler (saraniya dhamma)

- Je vais exposer six conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhiksus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.

- Qu'il en soit ainsi, Seigneur.

- On peut s'attendre à la croissance des bhiksus, pas à leur déclin, bhiksus, tant qu'ils auront mutuellement soin les uns des autres avec bonté en actes, en paroles et en pensées, autant en public qu'en privé; tant qu'ils respecteront ce qu'ils reçoivent dûment comme offrandes, même le contenu de leurs bols à aumônes, qu'ils n'en feront pas usage sans en partager avec des membres vertueux de la communauté; tant que, en compagnie de leurs frères, ils s'entraîneront, autant en public qu'en privé, aux règles de conduite, qui sont complètes et parfaites, sans tache et pures, libératoires, louées par les sages, non-influencées (par des préoccupations mondaines), et favorables à la concentration de l'esprit; et en compagnie de leurs frères, préserveront, autant en public qu'en privé, la pénétration qui est noble et libératoire, et conduit celui qui agit dessus à la totale destruction de la souffrance. Dans cette mesure, bhiksus, tant que ces six conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhiksus et que les bhiksus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.

Conseil aux bhiksus

Et le Bhagavat, lorsqu'il était à Rajagriha (), sur le Pic du Vautour, souvent donnait ainsi conseil aux bhiksus :

- Telle et telle est la vertu (sila) ; telle et telle est le samadhi ; et telle et telle est la prajna* . Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions* de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance *."

13. Quand le Bhagavat eut resté à Rajagriha () aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa ainsi au Vénérable* Ananda : "Allons, Ananda, allons à Ambalatthika*." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

Et le Bhagavat prit ses quartiers à Ambalatthika*, de même qu'une grande communauté des bhiksus.

14. A Ambalatthika* le Bhagavat vint demeurer dans la maison de repos du roi (rajagaraka); et là, aussi, le Bhagavat souvent donnait ainsi conseil aux bhiksus :

"Telle et telle est la vertu; telle et telle est le samadhi ; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance*."

15. Quand le Bhagavat eut resté à Ambalatthika* aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable* Ananda ainsi : "Allons, Ananda, allons à Nalanda." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

Et le Bhagavat prit ses quartiers à Nalanda de même qu'une grande communauté des bhiksus, et vint demeurer dans le Bosquet de manguiers de Pavarika*.

() voir l'itinéraire du dernier voyage de Shakyamuni


Le rugissement de lion de Sariputta

16. Alors le Vénérable* Sariputta alla trouver le Bhagavat, les salua respectueusement, s'assit d'un côté*, et lui parla comme suit :

"J'ai, Seigneur, cette foi dans le Bhagavat, qu'il n'y a pas été, qu'il n'y aura pas, ni y a-t-il maintenant, d'autre reclus ou brahmane plus exalté dans l'Éveil que le Bhagavat."

"Noble effectivement est ce discours que tu fais, Sariputta, et seigneurial ! Fiers propos, et véritable rugissement d'un lion ! Mais comment est-cela, Sariputta? Ces Arahats, Pleinement Éveillés du passé - as-tu connaissance directe et personnelle de tous ces Bénis du Ciel, ainsi que de leurs vertus, de leur méditation*, de leur prajna, de leurs demeures, et de leur émancipation*?"

"Ce n'est pas le cas, Seigneur."

"Alors comment est-cela, Sariputta ? Ces Arahats, Pleinement Éveillés du futur - as-tu connaissance directe et personnelle de tous ces Bénis du Ciel ainsi que de leurs vertus, de leur méditation*, de leur prajna, de leurs demeures, et de leur émancipation*?"

"Ce n'est pas le cas, Seigneur."

"Alors comment est-cela, Sariputta? De moi, qui suis à présent l'Arhat, le Pleinement Éveillé, as-tu connaissance directe et personnelle, ainsi que de ma vertu, de ma méditation*, de ma prajna, de mes demeures, et de mon émancipation*?

"Ce n'est pas le cas, Seigneur."

"Alors il est clair, Sariputta, que tu n'a pas une telle connaissance directe et personnelle des Arahats, des Pleinement Éveillés du passé, du futur et du présent. Comment oses-tu donc prononcer un discours aussi noble et seigneurial, des propos aussi fiers, un véritable rugissement de lion, en disant : 'J'ai, Seigneur, cette foi dans le Béni du Ciel, qu'il n'y a pas été, qu'il n'y aura pas, ni y a-t-il maintenant, d'autre reclus ou brahmane plus exalté dans l'Éveil que le Bhagavat ?"

17. "Je n'ai effectivement pas une telle connaissance directe et personnelle, Seigneur, des Arahats, des Pleinement Éveillés du passé, du futur, et du présent; et pourtant j'en suis venu à reconnaître la légitimité du Dhamma. Supposons, Seigneur, qu'une forteresse frontalière d'un roi soit fortement fortifiée, avec de forts remparts et tourelles, et qu'elle n'avait qu'une seule porte, et qu'il y avait là un portier, intelligent, expérimenté et prudent, qui empêcherait l'étranger d'entrer mais permettrait à l'ami d'entrer. En patrouillant le sentier qui fait le tour de la forteresse, il ne perçoit pas de trou ou de fissure dans les remparts même assez grands pour permettre à un chat de s'y glisser. Il en vient donc à la conclusion: 'Quelles que soient les choses vivantes qui doivent entrer ou quitter cette cité, elles devront toutes passer par cette porte.' De même, Seigneur, j'en suis venu à connaître la légitimité du Dhamma.

"Car, Seigneur, tous les Bénis du Ciel, Arahats, Pleinement Éveillés du passé avaient abandonné les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent la prajna; avaient bien établi leurs esprits dans les quatre fondations de l'attention ; avaient dûment cultivé les sept facteurs de l'éveil, et étaient Pleinement Éveillés dans l'Éveil suprême et insurpassé.

"Et, Seigneur, tous les Bénis du Ciel, Arahats, Pleinement Éveillés du futur vont abandonner les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent la prajna; vont bien établir leurs esprits dans les quatre fondations de l'attention ; vont dûment cultiver les sept facteurs de l'éveil, et vont être Pleinement Éveillés dans l'Éveil suprême insurpassé.

"Et le Bhagavat aussi, Seigneur, étant à présent l'Arhat, le Pleinement Éveillé, a abandonné les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent la prajna; a bien établi son esprit dans les quatre fondations de l'attention; a dûment cultivé les sept facteurs de l'éveil, et est Pleinement Éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé."

18. Et aussi à Nalanda, dans le Bosquet de manguiers de Pavarika*, le Bhagavat souvent donnait conseil aux bhiksus ainsi :

"Telle et telle est la vertu; telle et telle est le samadhi; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance*."

19. Lorsque le Bhagavat eut resté à Nalanda aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable* Ananda ainsi : "Allons, Ananda, allons à Pataligama." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Pataligama de même qu'une grande communauté des bhiksus.

20. Alors les dévots de Pataligama vinrent à savoir: "Le Bhagavat, dit-on, est arrivé à Pataligama." Et ils approchèrent le Bhagavat, le saluèrent respectueusement, s'assirent d'un côté*, et s'adressèrent à lui ainsi : "Puisse le Bhagavat, Seigneur, nous faire la bonté de visiter notre salle du conseil." Et le Bhagavat consentit par son silence.

21. Connaissant le consentement du Bhagavat, les dévots de Pataligama se levèrent de leurs sièges, le saluèrent respectueusement, et tout en gardant leur côté* droit tourné vers lui, partirent pour la salle du conseil. Alors ils préparèrent la salle du conseil en couvrant le sol de tapis et de nattes en plaçant de l'eau, et en installant une lampe à huile. Cela fait, ils retournèrent auprès du Bhagavat, le saluèrent respectueusement, et debout d'un côté*, annoncèrent : "Seigneur, la salle du conseil est prête, avec le sol recouvert de partout, des sièges et de l'eau ont été disposés, et qu'une lampe à huile a été préparée. Que vienne le Bhagavat, Seigneur, à son gré.

22. Et le Bhagavat se prépara, et prenant son bol et sa robe* , il s'en alla à la salle du conseil en compagnie de plusieurs bhiksus. Après s'être lavé les pieds, le Bhagavat entra dans la salle du conseil et prit place tout près du pilier du milieu, face à l'est. La communauté des bhiksus, après s'être lavé les pieds, entra elle aussi dans la salle du conseil et prit place près du mur ouest, face à l'est, de sorte que le Bhagavat se trouva devant eux. Et les dévots de Pataligama, après s'être lavé les pieds et être entrés dans la salle du conseil, s'assirent près du mur est, face à l'ouest, de sorte que le Bhagavat se trouva face à eux.


Les fruits d'une vie morale et d'une vie immorale

23. Là-dessus le Bhagavat s'adressa ainsi aux dévots de Pataligama : "L'homme immoral, maîtres de maison, en s'éloignant de la vertu, va à l'encontre de cinq périls : de grandes pertes de fortune à cause de l'insouciance; une mauvaise réputation; un comportement timide et troublé dans toute société, que ce soit celle des nobles, des brahmanes, des maîtres de maison, ou des ascètes; la mort dans l'hébétude, et à la dissolution du corps après la mort, à une renaissance dans un domaine de misère, dans un état malheureux, dans le monde inférieur, en enfer.

24. "Cinq bénédictions, maîtres de maison, échoient à l'homme honnête à cause de sa pratique de la vertu: grande augmentation de fortune à cause de sa diligence; une réputation favorable; une prestance assurée, sans timidité, dans toute société, que ce soit celle de nobles, de brahmanes, de maîtres de maison, ou d'ascètes; une mort sereine; et, à la dissolution du corps après la mort, une renaissance dans un état heureux, dans un monde céleste."

25. Et le Bhagavat passa une grande partie de la nuit à instruire les dévots de Pataligama dans le Dhamma, les incitant, les édifiant, et les réjouissant, après quoi il leur donna congé, en disant : "La nuit est très avancée, maîtres de maison. Vous pouvez y aller à votre gré. "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et les dévots de Pataligama se levèrent de leurs sièges, saluèrent respectueusement le Bhagavat, et tout en gardant leur côté* droit tourné vers lui, partirent. Et le Bhagavat, peu après leur départ, se retira dans ses quartiers.

26. A ce moment-là Sunidha et Vassakara, les principaux ministres de Magadha , étaient à construire une forteresse à Pataligama en défense contre les Vajjis*. Et des devas en grand nombre, comptés par milliers, avaient pris possession de sites à Pataligama. Dans la région où des devas de grand pouvoir prévalaient, des officiels de grand pouvoir s'occupaient à construire des édifices; et là où des devas de moyen et de moindre pouvoirs prévalaient, des officiels de moyen et de moindre pouvoirs s'occupaient à construire des édifices.

27. Et le Bhagavat vit avec l'oeil céleste, pur et transcendant la faculté des hommes, des devas, comptés par milliers, là où ils avaient pris possession de sites dans Pataligama. Et se levant avant que la nuit fut passée, avant l'aube, le Bhagavat s'adressa ainsi au Vénérable* Ananda : "Qui est-ce, Ananda, qui est en train de construire une cité à Pataligama?" "Sunidha et Vassakara, Seigneur, les principaux ministres de Magadha, sont en train de construire une forteresse à Pataligama, en défense contre les Vajjis*."

28. "C'est, Ananda, comme si Sunidha et Vassakara* avaient pris conseil avec les dieux des Trente-trois. Car j'ai observé, Ananda, avec l'oeil céleste, pur et transcendant la faculté des hommes, un grand nombre de devas, comptés par milliers, qui ont pris possession de sites à Pataligama. Dans la région où des devas de grand pouvoir prévalent, des officiels de grand pouvoir s'occupent de construire des édifices; et là où des devas de moyen et moindre pouvoirs prévalent, des officiels de moyen et moindre pouvoirs s'occupent de construire des édifices. En vérité, Ananda, aussi loin que s'étendent la race aryenne et les routes commerciales, cela sera la très importante cité de Pataliputta, un centre du commerce (note). Mais Pataliputta, Ananda, va être assailli par trois périls - le feu, l'eau et les dissensions."

29. Alors Sunidha et Vassakara* allèrent trouver le Bhagavat, et après avoir courtoisement salué le Bhagavat, et avoir échangé beaucoup de paroles agréables, ils se tinrent d'un côté* et s'adressèrent à lui ainsi : "Puisse le Vénérable Gautama daigner accepter notre invitation au repas de demain, ensemble avec la communauté des bhiksus." Et le Bhagavat consentit par son silence.

30. Connaissant le consentement du Bhagavat, Sunidha et Vassakara* partirent pour leurs propres demeures, où ils firent préparer des mets de choix, durs et tendres. Et quand il fut temps, ils annoncèrent au Bhagavat : "Il est temps, Vénérable Gautama; le repas est prêt." Là-dessus le Bhagavat se prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, il partit ensemble avec la communauté des bhiksus chez Sunidha et Vassakara*, où il prit le siège préparé pour lui. Et Sunidha et Vassakara* eux-mêmes servirent la communauté des bhiksus conduite par le Bouddha, et les servirent avec des mets de choix, durs et tendres. Lorsque le Bhagavat eut fini son repas et eut enlevé sa main de son bol, ils prirent des sièges bas et s'assirent d'un côté*.

31. Et le Bhagavat les remercia avec ces stances :

"Partout où il habite, l'homme prudent
Pourvoit aux besoins du chaste et du vertueux;
Et ayant fait des dons à ces dignes personnes,
Il partage ses mérites avec les devas locaux.
Et ainsi honorés, ils l'honorent en retour,
Ils lui sont gracieux ainsi qu'une mère
L'est envers son propre fils unique;
Et qui jouit ainsi de la grâce des devas,
Et est aimé par eux, il voit sa bonne fortune."

Après ceci, le Bhagavat se leva de son siège et partit.

La traversée du Gange

32. Alors Sunidha et Vassakara* suivirent derrière le Bhagavat, pas à pas, en disant : "Quelle que soit la porte par laquelle sortira l'ermite Gautama aujourd'hui, on l'appellera la 'Porte Gautama'; et le gué par lequel il traversera le Gange, on l'appellera le gué de 'Gautama'." Et il en fut ainsi, en ce qui concerne la porte.

33. Mais quand le Bhagavat arriva au Gange, ce dernier était en pleine crue, de sorte que les corneilles pouvaient en boire. Et des gens partirent à la recherche d'un bateau ou d'un bac, cependant que d'autres assemblaient un radeau, parce qu'ils désiraient traverser. Mais le Bhagavat, aussi vite qu'un homme fort pourrait étendre son bras plié, ou replier son bras étendu, disparut de ce côté du Gange, et se retrouva de l'autre côté. (note)

34. Et le Bhagavat vit les gens qui désiraient traverser chercher un bateau ou un bac, cependant que d'autres assemblaient des radeaux. Et alors le Bhagavat, les voyant ainsi, prononça cette phrase solennelle :

"Ceux qui ont franchi le vaste océan [de la soif],
Laissant loin derrière les terres basses,
Alors que d'autres attachent encore leurs frêles radeaux,
Sont sauvés par la prajna sans pareille."

Le voyage à Vesali

Les Quatre Nobles Vérités

1. Alors le Bhagavat s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Allons, Ananda, allons à Kotigama* ." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Bhagavat prit ses quartiers à Kotigama* de même qu'une grande communauté de bhiksus.

2. Et le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "Bhiksus, c'est par défaut de réalisation, par défaut de pénétration des Quatre Nobles Vérités que vous et moi avons subi et sommes entrés dans cette longue course de la naissance et de la mort.

Que sont ces quatre?
Ce sont la noble vérité de la souffrance;
la noble vérité de l'origine de la souffrance;
la noble vérité de la cessation de la souffrance;
et la noble vérité du chemin de la cessation de la souffrance.

Mais maintenant, bhiksus, que ces vérités ont été réalisées et pénétrées, tranché est le désir insatiable pour l'existence, détruit est ce qui mène au renouvellement du devenir, et il n'y a plus de nouveau devenir."

3. Ainsi fut dit par le Bhagavat. Et le Béni du Ciel, le Maître, dit encore :

"De n'avoir pas vu les Quatre Nobles Vérités,
Long fut le dur chemin de naissance à naissance.
Dès qu'on les connaît, saute la cause de la renaissance,
Arrachée la racine du chagrin [dukkha]; alors prend fin la renaissance."

4. Et à Kotigama* aussi le Bhagavat donnait souvent ainsi conseil aux bhiksus : "Telle et telle est la vertu; telle et telle est le samadhi ; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi ; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance*."

5. Lorsque le Bhagavat eut resté à Kotigama* aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Allons, Ananda, allons à Nadika () [Natika, Niatika]."

"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Bhagavat prit ses quartiers à Nadika () de même qu'une grande communauté de bhiksus, demeurant dans la Maison de Briques. (note)

Les quatre réussites spécifiques

6. Alors le Vénérable* Ananda s'approcha du Béni du Ciel et, après l'avoir salué respectueusement, s'assit d'un côté*. Et il dit au Bhagavat : "Ici à Nadika (), Seigneur, sont décédés le bhiksu Salha* et la bhiksuni Nanda. De même sont décédés le laïc Sudatta et la laïque Sujata* ; de même les laïcs Kakudha, Kalinga, Nikata, Katissabha, Tuttha, Santuttha, Bhadda, et Subhadda. Quel est leur destin, Seigneur? Quel est leur futur état ?"

7. "Le bhiksus Salha*, Ananda, grâce à la destruction des pollutions a atteint en cette vie-même à la délivrance sans tache de l'esprit et à la délivrance grâce à la prajna, l'ayant connu directement et l'ayant réalisé par lui-même (arhat).

"La bhiksuni Nanda, Ananda, grâce à la destruction des cinq chaînes inférieures (qui lient les êtres au monde des sens), est montée spontanément (dans le suddhavasa* des devas) et arrivera à la cessation finale dans en cet endroit-même, non susceptible de revenir de ce monde (anagamin). (note)

"Le laïc Sudatta, Ananda, grâce à la destruction des trois premières chaînes, et l'amoindrissement de la luxure*, de la haine, et de l'illusion, est devenu un ne-revient-qu'une-fois (sakridagamin) et il est en mesure de mettre fin à la souffrance après n'être revenu qu'une fois de plus en ce monde.

"La laïque Sujata*, Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes, est devenue une entrée-dans-le-courant (srotapanna), et ne risque plus de tomber dans les états de misère, assurée qu'elle est, et partie pour l'Éveil.

"Le laïc Kakudha, Ananda, grâce à la destruction des cinq chaînes inférieures (qui lient les êtres au monde des sens), est monté spontanément (parmi les suddhavasas* des devas), et arrivera à la cessation finale en cet endroit-même, non susceptible de revenir de ce monde.

"Il est ainsi de Kalinga, Nikata, Katissabha, Tuttha, Santuttha, Bhadda et Subhadda, et de plus de cinquante laïcs à Nadika (). Plus de quatre-vingt-dix laïcs qui sont décédés à Nadika (), Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes, et l'amoindrissement de la luxure*, de la haine et de l'illusion, sont devenus des ne-revient-qu'une-fois (sakridagamin) et sont en mesure de mettre fin à la souffrance après n'être revenus qu'une fois de plus à ce monde.

"Plus de cinq cent laïcs qui sont décédés à Nadika (), Ananda, grâce à la complète destruction des trois chaînes sont devenus des entrés-dans-le-courant (srotapanna), et ne risquent plus de tomber dans les états de misère, assurés qu'ils sont, et partis pour l'Éveil.

Le Miroir du Dhamma

8. "Mais en vérité, Ananda, il n'est en rien étrange que les êtres humains doivent mourir. Mais si tu dois venir trouver le Tathâgata à chaque fois que cela se produit et l'interroger à leur propos de la sorte, cela le dérangerait effectivement. En conséquence, Ananda, je vais te donner l'enseignement appelé le Miroir du Dhamma, dont le noble disciple lorsqu'il le possède, et s'il devait en avoir l'envie, peut déclarer de lui-même : 'Il n'y a plus de renaissance pour moi en enfer, ni en tant qu'animal ou que fantôme, ni dans aucun domaine de malheur. Je suis en entré-dans-le-courant (srotapanna), ne risquant plus de tomber dans les états de misère, assuré que je suis et parti pour l'Éveil.'"

9. "Et quel est, ô Ananda, cet enseignement appelé le Miroir du Dhamma, en possession dont le noble disciple peut ainsi se déclarer?

"En ce cas, Ananda, le noble disciple possède une foi inébranlable dans le Bouddha de cette manière : 'Le Bhagavat est un Arhat, un Pleinement Éveillé parfait en connaissance et en conduite, le Bienheureux, le Connaisseur du monde, le Suprême entraîneur des êtres, l'Enseignant des dieux et des hommes, l'Éveillé, le Bhagavat.'

"Il possède une foi inébranlable dans le Dhamma de cette manière : 'Bien exposé par le Bhagavat est le Dhamma, évident, hors du temps, il invite à l'examen, il conduit à l'émancipation*, pour que les sages le comprennent, chacun pour lui-même.'

"Il possède une foi inébranlable dans l'Ordre des Disciples du Bhagavat de cette manière : 'Bien portant est l'Ordre des Disciples du Bhagavat, correctement, sagement, et selon le devoir: c'est à dire, les quatre paires des hommes, les huit classes de personnes. L'Ordre des Disciples du Bhagavat est digne d'honneur, d'hospitalité, d'offrandes, de vénération - le champ suprême d'actes méritoires dans le monde.'

"Et il possède des vertus qui sont chères aux personnes nobles, qui sont complètes et parfaites, sans tache et pures, qui sont libératoires, louées par les sages, non-influencées (par des préoccupations mondaines), et favorable à la concentration de l'esprit.

10. "Ceci, Ananda, est l'enseignement appelé le Miroir du Dhamma, par où le noble disciple peut ainsi savoir de lui-même : 'Il n'y aura plus pour moi de renaissance en enfer, ni en tant qu'animal ou que fantôme, ni dans aucun domaine de malheur. Je suis un entré-dans-le-courant (srotapanna), qui ne risque plus de tomber dans les états de misère, assuré que je suis et parti pour l'Éveil.'"

11. Et à Nadika () aussi, dans la Maison de Briques, le Bhagavat souvent donnait conseil aux bhiksus ainsi : "Telle et telle est la vertu; telle et telle est le samadhi; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse *; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance* ..."

12. Lorsque le Bhagavat fut resté à Nadika () aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Allons, Ananda, allons à Vesali." µp45

"Qu'il en soit ainsi, ô Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers dans Vesali de même qu'une grande communauté des bhiksus, et il demeura dans le bosquet d'Ambapali.


Attention et claire compréhension

13. Alors le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "Il faudrait que vous demeuriez attentifs, bhiksus, en état de comprendre clairement; je vous y exhorte.

14. "Et comment, bhiksus, un bhiksu se montre-t-il attentif? Lorsqu'il demeure dans la contemplation du corps dans le corps, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde; et quand il demeure dans la contemplation des sensations dans les sensations, de l'esprit dans l'esprit, des objets mentaux dans les objets mentaux, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde, alors dit-on de lui qu'il est attentif.

15. "Et comment, bhiksus, un bhiksu a-t-il une claire compréhension? Lorsqu'il reste pleinement conscient de ses allées et venues, de ses actions de regarder devant lui ou de détourner le regard, de se plier ou de s'étirer, de porter sa robe et son bol, de manger ou de boire, de mastiquer et de savourer, de déféquer et d'uriner, de marcher, de rester debout, d'être assis ou couché, d'aller dormir ou de rester éveillé, de parler ou de garder le silence, alors dit-on de lui qu'il a une claire compréhension.

"Il faudrait que vous demeuriez attentifs, bhiksus, en état de comprendre clairement; je vous y exhorte."

Ambapali et les Licchavis µ46

16. Alors Ambapali la courtisane vint à savoir : "Le Bhagavat, dit-on, est arrivé à Vesali et demeure maintenant dans mon Verger de manguiers." Et elle ordonna de préparer un grand nombre de magnifiques voitures, monta dans l'une d'elles, et accompagnée par le reste, sortit de Vesali vers son verger. Elle alla en voiture aussi loin que celle-ci put aller, avant de descendre ; et s'approchant du Bhagavat à pied, elle le salua respectueusement et s'assit d'un côté*. Et le Bhagavat instruisit Ambapali la courtisane dans le Dhamma et la stimula, l'édifia, et la réjouit.

17. Après cela Ambapali la courtisane s'adressa au Bhagavat, en disant : "Puisse le Bhagavat, ô Seigneur, avoir la bonté d'accepter mon invitation pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhiksus." Et par son silence le Bhagavat consentit. Assurée, dès lors, de l'assentiment du Bhagavat, Ambapali la courtisane se leva de son siège, le salua respectueusement, et tournant son côté droit vers lui*, prit congé.

18. Alors les Licchavi de Vesali vinrent à savoir: "Le Bhagavat, dit-on, est arrivé à Vesali et demeure maintenant dans le verger d'Ambapali." Et ils ordonnèrent de préparer un grand nombre de magnifiques voitures, chacun en prit une, et accompagné par le reste, sortit de Vesali. Or, de ces Licchavis, certains étaient en bleu, avec des vêtements et des ornements tout bleus, cependant que d'autres étaient en jaune, rouge, et blanc.

19. Et Ambapali la courtisane en vint donc à croiser les jeunes Licchavis, essieu par essieu, roue par roue, et joug par joug (note). Là-dessus les Licchavis s'exclamèrent : "Pourquoi viens-tu ainsi à notre rencontre, Ambapali ?" "C'est ainsi, effectivement, mes princes, et pas autrement! Car le Bhagavat est invité par moi pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhiksus!" "Laisse tomber le repas, Ambapali, pour cent mille!" Mais elle répliqua : "Même si vous deviez me donner Vesali, messeigneurs*, ensemble avec ses terres tributaires, je ne laisserais pas tomber un repas d'une telle importance." Alors les Licchavis claquèrent des doigts de déplaisir: "Voyez, les amis! Nous sommes vaincus par cette fille aux manguiers! Nous sommes complètement surpassés par cette fille aux manguiers!" Mais ils continuèrent leur route jusqu'au verger d'Ambapali.

20. Et le Bhagavat vit venir de loin les Licchavis. Alors il s'adressa aux bhiksus, en disant : "Ceux d'entre vous, bhiksus, qui n'ont pas encore vu les Trente-trois dieux (note), peuvent regarder l'assemblée des Licchavis, et peuvent les contempler, car ils sont comparables à l'assemblée des Trente-trois dieux."

21. Alors les Licchavis allèrent en voiture aussi loin que celles-ci purent aller, avant de descendre; et s'approchant du Bhagavat à pied, ils le saluèrent respectueusement et s'assirent d'un côté*. Le Bhagavat instruisit les Licchavis dans le Dhamma, et les stimula, les édifia, et les réjouit.

22. Après cela les Licchavis s'adressèrent au Béni du Ciel, en disant : "Puisse le Bhagavat, ô Seigneur, avoir la bonté d'accepter notre invitation pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhiksus." "L'invitation pour le repas de demain, Licchavis, je l'ai acceptée d'Ambapali la courtisane." Alors les Licchavis claquèrent des doigts de déplaisir: "Voyez, les amis! Nous sommes vaincus par cette fille aux manguiers! Nous sommes complètement surpassés par cette fille aux manguiers!" Et alors les Licchavis, approuvant les paroles du Bhagavat et s'en régalant, se levèrent de leurs sièges, le saluèrent respectueusement, et tout en gardant leur côté droit tourné vers lui*, prirent congé. µ49

23. Alors, après qu'ait passé la nuit, Ambapali la courtisane fit préparer des mets de choix, durs et tendres, dans son verger, et l'annonça au Bhagavat : "Il est temps, ô Seigneur; le repas est prêt." Là-dessus le Bhagavat se prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, il partit ensemble avec la communauté des bhiksus pour la demeure d'Ambapali, et là il prit le siège préparé pour lui. Et Ambapali elle-même servit la communauté des bhiksus conduite par le Bouddha, et les servit avec des mets de choix, durs et tendres.

24. Et quand le Bhagavat eut fini son repas et eut enlevé sa main de son bol, Ambapali la courtisane prit un siège bas, et se plaçant d'un côté*, s'adressa au Bhagavat, en disant : "Ce verger, ô Seigneur, je l'offre la communauté des bhiksus conduite par le Bouddha." Et le Bhagavat accepta le verger. Il instruisit alors Ambapali dans le Dhamma, et l'ayant stimulée, édifiée, et réjouie, il se leva de son siège et partit.

25. Et à Vesali aussi, dans le verger d'Ambapali, le Bhagavat souvent donnait conseil aux bhiksus ainsi : "Telle et telle est la vertu* ; telle et telle est le samadhi ; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi ; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance*..."µ49

26. Lorsque le Bhagavat eut resté dans le verger d'Ambapali aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant : "Allons, Ananda, allons au village de Beluva." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Bhagavat prit ses quartiers dans le village de Beluva de même qu'une grande communauté des bhiksus.

µ49fin
La maladie mortelle du Bhagavat (voir la version des Moines de la foret DN 2.22 à 2.26)

27. A ce moment, le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "Allez maintenant, bhiksus, et trouvez refuge n'importe où dans les environs de Vesali où vous soyez les bienvenus, parmi vos connaissances et amis, et passez là la saison des pluies. Quant à moi, je vais passer la saison des pluies ici même, dans le village de Beluva." (note) "Qu'il en soit ainsi, ô Seigneur," répondirent les bhiksus.

28. Mais quand le Bhagavat fut entré dans la saison des pluies, surgit en lui une sévère maladie, et des douleurs aiguës et mortelles lui vinrent. (note) Et le Bhagavat les supporta avec attention, en état de comprendre clairement et imperturbable.

29. Alors il apparut au Bhagavat que : "Il ne serait pas convenable que j'en arrive à mon décès final sans m'adresser à ceux qui m'ont servi, sans prendre congé de la communauté des bhiksus. Alors il faudra donc que je supprime cette maladie par force de volonté, que je me résolve à maintenir le processus de la vie, et que je survive."

30. Et le Bhagavat supprima la maladie par force de volonté, se résolut à maintenir le processus de la vie, et survécut. C'est ainsi que la maladie du Bhagavat fut soulagée.

31. Et le Bhagavat se remit de cette maladie ; et peu après son rétablissement il sortit de sa demeure et s'assit à l'ombre de l'immeuble, sur un siège préparé (note) pour lui. Alors le Vénérable* Ananda s'approcha du Bhagavat, le salua respectueusement, et s'assit d'un côté*, puis il s'adressa au Bhagavat, en disant : "Il est heureux pour moi, ô Seigneur, que je puisse voir le Bhagavat à l'aise à nouveau ! Il est heureux pour moi, ô Seigneur, que je puisse voir le Bhagavat se remettre ! Car en vérité, Seigneur, quand j'ai vu la maladie du Bhagavat ce fut comme si mon propre corps était devenu aussi faible qu'un ver, toute chose tout autour m'était devenue floue, et mes sens m'ont trahi. Et pourtant, Seigneur, il me restait encore un peu de réconfort à l'idée que le Bhagavat n'arriverait pas à son décès final avant d'avoir donné de dernières instructions à propos de la communauté des bhiksus."

32. Ainsi parla le Vénérable* Ananda, mais le Béni du Ciel lui répondit en disant : "Qu'est-ce que la communauté des bhiksus attend de plus de moi, Ananda ? J'ai prononcé le Dhamma sans faire de distinction de doctrine ésotérique et exotérique (note) ; il n'y a rien, Ananda, par rapport aux enseignements que le Tathâgata retienne jusqu'à la fin du poing fermé d'un enseignant qui retient des choses (secrètes) (note) . Quiconque croit qu'il est celui qui doit mener la communauté des bhiksus, ou que la communauté dépend de lui, est celui qui devrait laisser de dernières instructions par rapport à eux. Mais, Ananda, le Tathâgata n'a aucune idée à l'effet que ce devrait être lui qui devrait mener la communauté des bhiksus, ou que la communauté dépendrait de lui. Quelles instructions devrait-il donc donner par rapport à la communauté des bhiksus ?

"Je suis frêle désormais, Ananda, vieux, âgé, très avancé en années. Ceci est ma quatre-vingtième année, et ma vie est passée. De même qu'une vieille charette, Ananda, n'est plus maintenue ensemble qu'avec beaucoup de difficulté, de même le corps du Tathâgata ne continue à fonctionner qu'avec des soutiens. Ce n'est, Ananda, que lorsque le Tathâgata, ne tenant plus compte des objets extérieurs, avec la cessation de certaines sensations, atteint et demeure dans le concentration de l'esprit sans signes (note), que son corps est plus confortable.

33. "En conséquence, Ananda, soyez des îles pour vous-mêmes, des refuges pour vous-mêmes, et ne cherchez aucun refuge extérieur; avec le Dhamma pour votre île (note), le Dhamma pour votre refuge, ne cherchez aucun autre refuge.

"Et comment, Ananda, un bhiksu est-il une île pour lui-même, un refuge pour lui-même, et ne cherche-t-il aucun autre refuge; avec le Dhamma pour son île, le Dhamma pour son refuge, ne cherche-t-il aucun autre refuge ? µ52

34. "Lorsqu'il demeure dans la contemplation du corps dans le corps, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde ; quand il demeure dans la contemplation des sensations dans les sensations, de l'esprit dans l'esprit, des objets mentaux dans les objets mentaux, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde, alors, en vérité, il est une île pour lui-même, un refuge pour lui-même, ne cherchant pas de refuge extérieur ; ayant le Dhamma pour son île (note), le Dhamma pour son refuge, il ne cherche aucun autre refuge.

35. "Ces miens bhiksus, Ananda, qui maintenant ou après mon départ, seront ainsi une île pour eux-mêmes, un refuge pour eux-mêmes, ne chercheront aucun autre refuge ; qui, ayant le Dhamma pour leur île et refuge, ne chercheront aucun autre refuge : ce sont eux qui deviendront les plus hauts, s'ils ont le désir d'apprendre." (note)

Son abandon de l'envie de vivre µ53

La suggestion du Bhagavat (voir la version des Moines de la forêt)

1. Alors le Bhagavat, se préparant dans l'avant-midi, prit son bol et sa robe et partit pour Vesali pour demander l'aumône. Après sa tournée d'aumônes et son repas, à son retour, il s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Prend une natte, Ananda, et allons passer la journée au sanctuaire (chaitya*) de Capala ()." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable* Ananda prit une natte et suivit le Bhagavat, pas à pas.

Voir la version de Dammadana

2. Et le Bhagavat alla au sanctuaire (chaitya*) de Capala () et s'assit sur le siège préparé pour lui. Et quand le Vénérable* Ananda se fut lui-même assis de côté* après avoir respectueusement salué le Bhagavat, le Seigneur lui dit : "Agréable, Ananda, est Vesali; agréables sont les sanctuaires (chaitya*) de Udena, Gotamaka (), Sattambaka, Bahuputta, Sarandada et Capala ()."

3. Et le Bhagavat dit : "Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques* (iddhipada) pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin. (note) Le Tathâgata, Ananda, a ainsi fait. En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin."

4. Mais le Vénérable* Ananda fut incapable de saisir la perche qu'on lui tendait, l'importante suggestion, donnée par le Bhagavat. Comme si son esprit avait été influencé par Mara, (note) il n'implora pas le Béni du Ciel : "Puisse le Bhagavat demeurer, ô Seigneur! Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô Seigneur, tout au long du kalpa, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être et le bonheur des dieux et les hommes !"

5. Et quand pour une deuxième et une troisième fois le Bhagavat répéta ses paroles, le Vénérable* Ananda garda le silence.

6. Alors le Bhagavat dit au Vénérable* Ananda : "Va maintenant, Ananda, et fais comme bon te semble." "Comme vous voudrez, ô Seigneur." Et le Vénérable* Ananda, se levant de son siège, salua respectueusement le Bhagavat, et tenant son côté* droit envers lui, prit place assis sous un arbre à quelque distance de là.

L'appel de Mara Voir la version de Dammadana

7. Et quand le Vénérable* Ananda se fut éloigné, Mara, le Malin, s'approcha du Bhagavat. Et debout d'un côté* il s'adressa au Bhagavat, en disant : "Maintenant, ô Seigneur, que le Bhagavat en vienne à son décès final ; que le Bhagavat disparaisse complètement ! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.

"Car le Bhagavat, ô Seigneur, m'a dit ces paroles : 'Je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que mes bhiksus et bhiksunis, laïcs (upasaka) et laïques (upasika), ne seront pas devenus de vrais disciples - sages, bien disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le Dhamma, s'en tenant au comportement approprié, et ayant appris les paroles du Maître, capables de l'exposer, le prêcher, le proclamer, l'établir, le révéler, l'expliquer en détail, et le rendre clair ; jusqu'à ce que, quand surgissent des opinions adverses, ils puissent être en mesure des réfuter totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.' (note)

8. "Et maintenant, ô Seigneur, bhiksus et bhiksunis, laïcs et laïques, sont devenus les disciples du Bhagavat exactement de cette manière. Donc, ô Seigneur, que le Bhagavat arrive à son décès final ! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.

"Car le Bhagavat, ô Seigneur, m'a dit ces paroles : 'je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que cette conduite sublime (brahmachariya) enseignée par moi n'aura pas été couronnée de succès, ne sera pas prospère, très renommée, populaire, et très répandue, tant qu'elle n'aura pas été bien proclamée parmi les dieux et les hommes.' Et ceci aussi est arrivé exactement de cette manière. Donc, ô Seigneur, que le Bhagavat arrrive à son décès final, que le Bhagavat disparaisse complètement ! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur." µ57


Le Bhagavat abandonne son envie de vivre
(Voir la version de Dammadana)

9. Lorsque ceci fut dit, le Bhagavat s'adressa à Mara, le Malin, en disant : "Ne te préoccupe pas, ô Malin. D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître."

10. Et au (chaitya*) de Capala () le Bhagavat ainsi attentif et en état de comprendre clairement renonça à sa volonté de survivre. Et au moment où le Seigneur renonça à sa volonté de survive, survint un terrible tremblement de terre, épouvantable et abassourdissant, et le tonnerre gronda à travers les cieux. Et le Bhagavat l'observa en comprenant, et fit cette déclaration solennelle :

"Ce qui cause la vie, illimitée ou confinée (note) - son processus du devenir (note) - à cela le Sage renonce. Avec calme et joie intérieurs il rompt, comme une cotte de mailles, la cause de sa propre vie." (note)

11. Alors il vint à l'esprit du Vénérable* Ananda : "C'est effectivement merveilleux, et très extraordinaire! La terre tremble puissamment, terriblement! C'est épouvantable et abassourdissant, comme le tonnerre gronde à travers les cieux! Que pourrait être la raison, que pourrait-être la cause, qu'un si puissant tremblement de terre survienne?"


Huit causes de tremblement de terre

12. Et le Vénérable* Ananda s'approcha du Bhagavat, et le saluant respectueusement, s'assit d'un côté*. Alors il s'adressa au Béni du Ciel, en disant : "C'est effectivement merveilleux, et très extraordinaire! La terre tremble puissamment, terriblement! C'est épouvantable et abasourdissant, comme le tonnerre gronde à travers les cieux! Que pourrait être la raison, que pourrait-être la cause, qu'un si puissant tremblement de terre survienne?"

13. Alors le Bhagavat dit : "Il y a huit raisons, Ananda, huit causes, pour que se produise un puissant tremblement de terre. Que sont ces huit ?

14. "Cette grande terre, Ananda, est établie sur du liquide, ce liquide sur l'atmosphère, et l'atmosphère sur l'espace. Et quand, Ananda, de puissantes perturbations atmosphériques ont lieu, le liquide est agité. Et avec l'agitation du liquide, se produisent des secousses de la terre. Ceci est la première raison, la première cause pour que se produisent de puissant tremblements de terre.

15. "Encore une fois, Ananda, quand un ascète ou un saint homme de grand pouvoir, un qui est arrivé à la maîtrise de son esprit, ou une divinité qui est puissante et efficace, développe une concentration intense sur l'aspect limité de la terre-élément, et à un degré illimité sur l'élément liquide, eux aussi, sont cause que la terre tremble, frémisse et secoue. Ceci est la deuxième raison, la deuxième cause pour que se produisent de puissants tremblements de terre.

16-21. "Encore une fois, Ananda, quand le Bodhisatta quitte le domaine Tusita et descend dans la matrice de sa mère, attentif et en état de comprendre clairement; et quand le Bodhisatta sort de la matrice de sa mère, attentif et en état de comprendre clairement; et quand le Tathâgata devient Pleinement Éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé ; quand le Tathâgata met en mouvement l'excellente Roue du Dhamma; quand le Tathâgata renonce à sa volonté de survivre; et quand le Tathâgata arrive à passer dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement - alors, là aussi, Ananda, cette grande terre tremble, frémit et secoue.

"Ce sont là, Ananda, les huit raisons, les huit causes pour que se produise un grand tremblement de terre. (note)

Huit assemblées

22. "Or il y a là huit sortes d'assemblées, Ananda, c'est à dire, des assemblées de nobles (kshatriyas), de brahmanes, de maîtres de maison, d'ascètes (sadhu), des Quatre Grand Rois, des Trente-trois dieux, des maras, et des Brahmas (dieux védiques).

23. "Et je me rappelle, Ananda, comme j'ai assisté à chacune de ces huit sortes d'assemblées, par centaines. (réf.) Et avant de m'asseoir et de commencer la conversation ou la discussion, j'ai fait en sorte que mon apparence ressemble à la leur, que ma voix ressemble à la leur. Et ainsi je leur ai enseigné le Dhamma, et je les ai stimulés, édifiés et réjouis. Et pourtant cependant que je leur parlais ainsi, ils ne me connaissaient pas, et ils se demandaient les uns aux autres : 'Qui était-ce qui nous parle ? Etait-ce un homme ou un dieu?' (note)

"Et telles, Ananda, sont les huit sortes d'assemblées.

Huit champs de maîtrise µ62

24. "Or il y a là huit champs de la maîtrise*, Ananda. Que sont ces huit?

25. "Lorsque, percevant subjectivement les formes* , on voit de petites formes, belles ou laides, extérieures à soi-même*, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le premier champ de la maîtrise.

26. "Lorsque, percevant subjectivement les formes*, on voit de grandes formes, belles ou laides, extérieures à soi-même*, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le deuxième champ de la maîtrise.

27. "Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes* , on voit de petites formes, belles ou laides, extérieures à soi-même*, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le troisième champ de la maîtrise.

28. "Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes*, on voit de grandes formes, belles ou laides, extérieures à soi-même*, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le quatrième champ de la maîtrise.

29. "Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes*, on voit des formes extérieures à soi-même* qui sont bleues, bleues en couleur, d'un lustre bleu comme les fleurs de lin, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est bleue, bleue en couleur, d'un lustre bleu - quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même* qui sont bleues, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le cinquième champ de la maîtrise.

30. "Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes *, on voit des formes extérieures à soi-même* qui sont jaunes, jaunes en couleur, d'un lustre jaune comme la fleur de Kanikara,ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est jaune, jaune en couleur, d'un lustre jaune - quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même* qui sont jaunes, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le sixième champ de la maîtrise.

31. "Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes*, on voit des formes extérieures à soi-même* qui sont rouges, rouges en couleur, d'un lustre rouge comme la fleur de Bandhujivaka, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est rouge, rouge en couleur, d'un lustre rouge - quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont rouges, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le septième champ de la maîtrise.

32. "Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes*, on voit des formes extérieures à soi-même* qui sont blanches, blanches en couleur, d'un lustre blanc comme l'étoile du matin, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est blanche, blanche en couleur, d'un lustre blanc - quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même* qui sont blanches, et qu'on les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont - ceci est le huitième champ de la maîtrise.


Huit libérations (vimukti) 63

33. "Or il y a là huit libérations, Ananda. Que sont ces huit?*

34. "Ayant soi-même une forme*, on perçoit des formes; ceci est la première libération.

35. "Sans avoir conscience de sa propre forme*, on perçoit des formes extérieures à soi-même* ceci est la deuxième libération.

36. "En ressentant la beauté, on y est résolu* ; ceci est la troisième libération.

37. "En transcendant complètement les perceptions de la matière, par la disparition des perceptions de la réaction sensorielle, et en n'accordant aucune attention aux perceptions de la diversité, on devient conscient de, on atteint à, et on demeure dans la sphère de l'espace infini; ceci est la quatrième libération.

38. "En transcendant complètement la sphère de l'espace infini, on devient conscient de, on atteint à, et on demeure dans la sphère de la conscience infinie; ceci est la cinquième libération.

39. "En transcendant complètement la sphère de la conscience infinie, on devient conscient de, on atteint à, et on demeure dans la sphère de la vacuité; ceci est la sixième libération.

40. "En transcendant complètement la sphère de la vacuité, on atteint à, et on demeure dans la sphère de ni-perception-ni-non-perception; ceci est la septième libération.

41. "En transcendant complètement la sphère de ni-perception-ni-non-perception, on atteint à, et on demeure dans la cessation de perception et sensation ; ceci est la huitième libération.

"Et telles, Ananda, sont les huit libérations.

La première tentation de Mara µ64

42. "Il fut un temps, Ananda, où je demeurais à Uruvela, () sur la berge de la rivière Nerañjara (), au pied du banyan du chevrier *, peu après mon Éveil suprême. Et Mara, le Malin, s'approcha de moi, en disant : 'Maintenant, ô Seigneur, que le Bhagavat arrive à son décès final ! Que le Béni du Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.'

43. "Alors, Ananda, j'ai répondu à Mara, le Malin, en disant : 'je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que mes bhiksus et bhiksunis, laïcs et laïques, ne seront pas devenus de vrais disciples - sages, bien disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le Dhamma, s'en tenant au comportement approprié et, ayant appris la parole du Maître, capables de l'exposer, la prêcher, la proclamer, l'établir, la révéler, l'expliquer en détail, et la rendre claire ; jusqu'à ce que, quand surgissent des opinions adverses, ils puissent être capables des réfuter totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.

44. "'Je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que cette vie sainte enseignée par moi n'aura pas été couronnée de succès, ne sera pas devenue prospère, très renommée, populaire, et très répandue, jusqu'à ce qu'elle soit bien proclamée parmi les dieux et les hommes.'

45. "Et encore aujourd'hui, Ananda, au sanctuaire (chaitya*) de Capala (), Mara, le Malin, s'est approché de moi, en disant : 'Maintenant, ô Seigneur, bhiksus et bhiksunis, laïcs et laïques, sont devenus de vrais disciples du Bhagavat - sages, bien disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le Dhamma, s'en tenant au comportement approprié, et ayant appris la parole du Maître, capables de l'exposer, la prêcher, la proclamer, l'établir, la révéler, l'expliquer en détail, et la rendre claire; et quand surgissent des opinions adverses, désormais capables des réfuter totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.

"Et maintenant, ô Seigneur, cette vie sainte enseignée par le Béni du Ciel a été couronnée de succès, est devenue prospère, très renommée, populaire et très répandue, et bien proclamée parmi les dieux et les hommes. En conséquence, ô Seigneur, que le Bhagavat arrive à son décès final! Que le Bhagavat disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur. "

46. "Et alors, Ananda, j'ai répondu à Mara, le Malin, en disant : 'Ne te préoccupe pas, ô Malin. D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître.'

47. "Et c'est ainsi, Ananda, qu'aujourd'hui au sanctuaire (chaitya*) de Capala () le Tathâgata a renoncé à sa volonté de survivre."

L'appel d'Ananda µ66

48. A ces paroles le Vénérable* Ananda s'adressa au Bhagavat, en disant : "Puisse le Bhagavat demeurer, ô Seigneur! Puisse le Bhagavat demeurer, ô Seigneur, tout au long du kalpa, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes!"

49. Et le Bhagavat répondit, en disant : "Suffit, Ananda. N'implore pas le Tathâgata, car le moment est passé, Ananda, de telles supplications."

50-51. Mais une seconde et une troisième fois, le Vénérable* Ananda dit au Béni du Ciel : "Puisse le Bhagavat demeurer, ô Seigneur! Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô Seigneur, tout au long du kalpa, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes!"

52. Alors le Bhagavat dit : "As-tu foi, Ananda, dans l'Éveil du Tathâgata?" Et le Vénérable* Ananda répliqua : "Oui, ô Seigneur, j'ai foi." "Alors comment, Ananda, peux-tu persister contre le Tathâgata même une troisième fois?"

53. Alors le Vénérable* Ananda dit : "Ceci, ô Seigneur, je l'ai entendu dire et je l'ai appris du Bhagavat lui-même quand le Bhagavat m'a dit : 'Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques* pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin. Le Tathâgata, Ananda, a ainsi fait. En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute un kalpa ou jusqu'à sa fin.'"

54. "Et l'as-tu cru, Ananda?" "Oui, ô Seigneur, je l'ai cru." "Alors, Ananda, la faute est tienne. C'est là que tu as failli, en ce que tu as été ainsi incapable de saisir la perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait le Tathâgata, et tu n'as pas alors supplié le Tathâgata de demeurer. Car si tu l'avais fait, Ananda, le Tathâgata aurait pu décliner deux fois, mais à la troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la faute est tienne; c'est là que tu as failli. µ67

55. "A Rajagriha (), Ananda, quand j'étais au Pic du Vautour, je me suis adressé à toi, en disant : 'Agréable, Ananda, est Rajagriha () ; agréable est le Pic du Vautour. Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques* pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin. En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin.'

56. "De même dans le Bosquet de Banyans, à la Falaise de Voleurs, à la Caverne de Sattapanni sur le mont Vebhara, au Rocher Noir d' Isigili, au Bassin des Serpents dans la Fraîche Forêt, au Bosquet de Tapoda, à la Forêt des Bambous dans le Nourrissoir des Ecureuils, à la Forêt de Manguiers de Jivaka, et au Petit Refuge dans le Parc aux Daims, je me suis adressé à toi avec les mêmes paroles, en disant : 'Agréable, Ananda, est Rajagriha (), agréables sont ces endroits. Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques* pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin. En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin." "Mais toi, Ananda, tu as été incapable de saisir la perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait le Tathâgata, et tu n'as pas supplié le Tathâgata de demeurer. Car si tu l'avais fait, Ananda, deux fois le Tathâgata aurait pu décliner, mais la troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la faute est tienne ; c'est là que tu as failli. µ69

57. "Donc à Vesali aussi, Ananda, à différentes reprises le Tathâgata t'a parlé, en disant : 'Agréable, Ananda, est Vesali; agréables sont les sanctuaires (chaitya*) de Udena, Gotamaka (), Sattambaka, Bahuputta, Sarandada, et Capala (). Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques * pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin. En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant tout un kalpa ou jusqu'à sa fin.' "Mais toi, Ananda, tu as été incapable de saisir la perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait le Tathâgata, et tu n'as pas imploré le Tathâgata de demeurer. Car si tu l'avais fait, Ananda, deux fois le Tathâgata aurait pu décliner, mais la troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la faute est tienne; c'est là que tu as failli.

58. "Et pourtant, Ananda, n'ai-je pas enseigné dès le tout début qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, qui est un être composé et sujet à flétrissure, comment peut-on dire : 'Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!' Il ne peut y avoir un tel état de choses. Et de cela, Ananda, dont le Tathâgata en a fini, ce qu'il a mis de côté, laissé tomber, abandonné, et rejeté - sa volonté de survivre - la parole du Tathâgata a été prononcée une fois pour toutes : 'D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître.' Et que le Tathâgata retire sa parole pour continuer à vivre - ceci est une impossibilité.

Dernière admonition

59. "Donc, Ananda, allons à la salle de la Maison aux Pignons*, dans la Grande Forêt (Mahavana)." Et le Vénérable* répliqua : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

60. Alors le Bhagavat, avec le Vénérable* Ananda, partit à la salle de la Maison aux Pignons, dans la Grande Forêt. Et là il s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Va maintenant, Ananda, et rassemble dans la salle d'audience tous les bhiksus qui demeurent aux environs de Vesali." µ70

"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable* Ananda rassembla tous les bhiksus qui demeuraient aux environs de Vesali, et les rassembla dans la salle d'audience. Et alors, en saluant respectueusement le Béni du Ciel, et debout d'un côté*, il dit : "La communauté des bhiksus est rassemblée, Seigneur. Que le Bhagavat fasse maintenant à son gré."

61. Là-dessus le Bhagavat pénétra dans la salle d'audience, et prenant le siège préparé pour lui, il exhorta les bhiksus, en disant : "Maintenant, ô bhiksus, je vous dis que ces enseignements dont j'ai une connaissance directe et que je vous ai fait connaître - il faut que vous les appreniez, les cultiviez, les développiez totalement et que vous les pratiquiez fréquemment, que la vie de pureté puisse être établie et durer longtemps, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être et le bonheur des dieux et les hommes.µ71

62. "Et que sont, bhiksus, ces enseignements? Ce sont les quatre fondations de l'attention (smrti-upasthana ou cattaro satipatthana), les quatre efforts corrects, les quatre composantes des pouvoirs psychiques*, les cinq facultés, les cinq pouvoirs, les sept facteurs de l'éveil, et le Noble Octuple Sentier. Ce sont là, bhiksus, les enseignements dont j'ai une connaissance directe, que je vous ai fait connaître, et que vous devriez apprendre, cultiver et développer totalement, et pratiquer fréquemment, que la vie de pureté puisse être établie et durer longtemps, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes."

63. Alors le Bhagavat dit aux bhiksus : "Donc, bhiksus, je vous y exhorte : Toutes choses composées sont sujettes à la disparition. Efforcez-vous avec sincérité. Le temps du Parinibbâna du Tathâgata est proche. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître."

64. Et ayant prononcé ces paroles, le Bhagavat, le Maître, prit encore une fois la parole, en disant :

"Mes années sont maintenant à pleine maturité, la durée de vie qui me reste est courte.
En partant, je m'éloigne de vous, ne comptant que sur moi-même.
Soyez donc sincères, ô bhiksus, soyez attentifs et purs en vertu!
Avec une ferme résolution, gardez votre propre esprit!
Qui poursuit sans relâche le Dhamma et la Discipline*
Ira au-delà de la ronde des naissances et mettra fin à la souffrance."

Le dernier repas du Bouddha

Le regard de l'éléphant

1. Alors le Bhagavat, se préparant dans l'avant-midi, prit son bol et sa robe et partit pour Vesali pour mendier. Après sa tournée d'aumônes et son repas, à son retour, il regarda Vesali avec le regard de l'éléphant (note), et dit au Vénérable* Ananda : "Ceci, Ananda, est la dernière fois que le Tathâgata regarde Vesali. Allons, Ananda, allons à Bhandagama*." () "Qu'il en soit ainsi, ô Seigneur." Et le Bhagavat prit ses quartiers à Bhandagama* () de même qu'une grande communauté des bhiksus.

2. Et le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "bhiksus, c'est par défaut de réalisation, par défaut de pénétration des quatre principes que vous et moi avons subi et sommes entrés dans cette longue course de la naissance et de la mort. Que sont ces quatre? Ce sont la noble vertu, le noble samadhi, la noble prajna et la noble émancipation*. Mais maintenant, bhiksus, qu'elles ont été réalisées et pénétrées, tranché est le désir insatiable pour l'existence, détruit est ce qui mène au renouvellement du devenir, et il n'y a plus de nouveau devenir."

3. Et ayant prononcé ces paroles, le Bhagavat, le Maître, prit encore une fois la parole, en disant :

"La vertu, le samadhi, la prajna, et l'émancipation* inégalables - ce sont là les principes réalisés par Gautama le renommé ; et, les connaissant, lui, le Bouddha, il a enseigné le Dhamma à ses moines. Lui, le destructeur de la souffrance, le Maître, le Voyant, est en paix."

4. Et à Bhandagama* () aussi le Bhagavat souvent donnait conseil aux bhiksus ainsi : "Telle et telle est la vertu; telle et telle est le samadhi; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance *..."

5. Lorsque le Bhagavat eut resté à Bhandagama* () aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable* Ananda : "Allons, Ananda, allons à Hatthigama* ." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Hatthigama* de même qu'une grande communauté des bhiksus.

Et quand le Bhagavat eut resté à Hatthigama* aussi longtemps qu'il lui avait plu, il prit ses quartiers à Ambagama, () et puis à Jambugama (). Et à chacun de ces endroits le Bhagavat souvent donnait conseil aux bhiksus ainsi : "Telle et telle est la vertu; telle et telle est le samadhi; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance*..."

6. Et quand le Bhagavat eut resté à Jambugama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable* Ananda : "Allons, Ananda, allons à Bhoganagara ()." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Bhoganagara () de même qu'une grande communauté des bhiksus, et il demeura dans le sanctuaire d'Ananda.

Les quatre grandes références

7. Et là le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "Maintenant, bhiksus, je vais vous faire connaître les quatre grandes références* . et soyez attentifs à mes paroles." Et ces bhiksus répondirent, en disant : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

8-11. Alors le Bhagavat dit : "De cette façon, bhiksus, un bhiksu pourrait déclarer: 'Face à face avec le Bhagavat, mes frères, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi : Ceci est le Dhamma et la Discipline*, ce qu'a dispensé le Maître'; ou : 'Dans une demeure de tel ou tel nom vit une communauté avec anciens et un maître. Face à face avec cette communauté, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi : Ceci est le Dhamma et la Discipline*, ce qu'a dispensé le Maître'; ou: 'Dans une demeure de tel ou tel nom vivent plusieurs bhiksus qui sont anciens, qui sont instruits, qui ont accompli leur course, qui sont des protecteurs du Dhamma, de la Discipline*, et des Sommaires. Face à face avec ces anciens, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi : Ceci est le Dhamma et la Discipline*, ce qu'a dispensé le Maître'; ou : 'Dans une demeure de tel ou tel nom vit un seul bhiksu qui est un ancien, qui est instruit, qui a accompli sa course, qui est un protecteur du Dhamma, de la Discipline*, et des Sommaires. Face à face avec cet ancien, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi : Ceci est le Dhamma et la Discipline*, ce qu'a dispensé le Maître.'

"Dans un tel cas, bhiksus, la déclaration d'un tel bhiksu ne doit être reçue ni avec approbation ni avec mépris. Sans approbation et sans mépris, mais en étudiant avec soin les phrases mot à mot, on devrait les chercher dans les Discours* et les vérifier par la Discipline* . Si on ne peut les retrouver ni dans les Discours* ni vérifiables par la Discipline*, on devrait conclure ainsi : 'Certainement, ceci n'est pas une déclaration du Bhagavat ; cela a été mal entendu par ce bhiksu - ou par cette communauté, ou par ces anciens, ou par cet ancien.' De cette manière, bhiksus, vous devriez la rejeter. Mais si les phrases concernées peuvent être retracées dans les Discours* et vérifiées par la Discipline*, alors on devrait conclure ainsi : 'Certainement, ceci est une déclaration du Bhagavat; cela a été bien compris par ce bhiksu - ou par cette communauté, ou par ces anciens, ou par cet ancien.' Et de cette manière, bhiksus, vous pouvez l'accepter d'après la première, la seconde, la troisième, ou la quatrième référence. Ce sont là, bhiksus, les quatre grandes références* que vous devrez préserver."

12. Et à Bhoganagara () aussi, au sanctuaire d'Ananda, le Bhagavat souvent donnait conseil aux bhiksus ainsi : "Telle et telle est la vertu; telle et telle est le samadhi; et telle et telle est la prajna. Grand devient le fruit, grand est le gain du samadhi lorsqu'il est pleinement développé par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la prajna lorsqu'elle est pleinement développée par le samadhi; l'esprit qui est pleinement développé dans la prajna est complètement libéré des pollutions de la luxure*, du devenir* et de l'ignorance*."

13. Lorsque le Bhagavat eut resté à Bhoganagara () aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Allons, Ananda, allons à Pava ()."

"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Bhagavat prit ses quartiers à Pava () de même qu'une grande communauté de bhiksus, et il demeura dans le Bosquet de Manguiers de Cunda, qui était de par sa famille un travailleur des métaux. (note)

Dernier repas

14. Et Chunda le métallier vint à savoir : "Le Bhagavat, dit-on, est arrivé à Pava (), et demeure dans mon bosquet de manguiers." Et il alla trouver le Bhagavat, et l'ayant salué respectueusement, s'assit d'un côté*. Et le Bhagavat instruisit Chunda le métallier dans le Dhamma, et le stimula, l'édifia et le réjouit.

15. Alors Chunda s'adressa au Bhagavat, en disant : "Puisse le Béni du Ciel ô Seigneur, avoir la bonté d'accepter mon invitation pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhiksus." Et par son silence le Bhagavat consentit.

16. Assuré, alors, du consentement du Bhagavat, Chunda le métallier se leva de son siège, salua respectueusement le Bhagavat, et tenant son côté droit envers lui * , prit congé.

17. Et Chunda le métallier, dès que la nuit fut passée, fit préparer des mets de choix, durs et tendres, dans sa demeure, de même qu'une quantité de sukara-maddava, (note) et l'annonça au Bhagavat, en disant : "Il est temps, ô Seigneur, le repas est prêt."

18. Là-dessus le Bhagavat, dans l'avant-midi, s'étant préparé, prit son bol et sa robe et partit avec la communauté des bhiksus pour la maison de Chunda, et là s'assit sur le siège préparé pour lui. Et il s'adressa à Chunda, en disant : "Les sukara-maddava, (note) que tu as préparés, Chunda, tu peux me les servir; le reste des mets, durs et tendres, tu peux les servir à la communauté des bhiksus." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et les sukara-maddava, (note) préparés par lui, il les servit au Bhagavat; et les autres mets, durs et tendres, il les servit à la communauté des bhiksus.

19. Après cela le Bhagavat s'adressa à Chunda, en disant : "Quoi qu'il reste, Chunda, des sukara-maddava, (note), enterre-le dans un trou. Car je ne vois pas dans tous ce monde, avec ses dieux, maras, et Brahmas (dieux védiques), parmi la foule des ascètes et des brahmanes, des dieux et des hommes, quiconque qui pourrait les manger et les digérer entièrement à l'exception du seul Tathâgata." Et Chunda le métallier répondit au Béni du Ciel en disant : "Qu'il en soit ainsi, ô Seigneur." Et ce qui restait des sukara-maddava, (note) il l'enterra dans un trou.

20. Alors il revint au Bhagavat, le salua respectueusement, et s'assit d'un côté*. Et le Bhagavat instruisit Chunda le métallier dans le Dhamma, et le stimula, l'édifia, et le réjouit. Après ceci il se leva de son siège et partit.

21. Et peu après que le Bhagavat eût mangé le repas fourni par Chunda le métallier, une horrible maladie tomba sur lui, probablement la dysenterie (note), et il souffrit des douleurs aiguës et mortelles. Mais le Bhagavat les supporta avec attention, en état de comprendre clairement et imperturbable.

22. Alors le Bhagavat s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Allons, Ananda, allons à Kusinara ()

." Et le Vénérable* Ananda répondit : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

23. Lorsqu'il avaient mangé la nourriture de Chunda, ai-je entendu :

Avec force morale les mortelles douleurs il supporta.
A cause des sukara-maddava, (note) une atroce et épouvantable maladie vint au Seigneur.
Mais les tourments de la nature il endura. "Allons, partons pour Kusinara ()," fut son indomptable parole. (réf.)


L'éclaircissement des eaux

24. Or, en chemin le Bhagavat s'écarta de la route et s'arrêta au pied d'un arbre. Et il dit au Vénérable* Ananda : "Je t'en prie, plie ma robe supérieure en quatre, Ananda, et pose la par terre. Je suis fatigué et je veux me reposer un peu."

"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable* Ananda plia la robe en quatre et l'étendit par terre.

25. Et le Bhagavat s'assit sur le siège préparé pour lui et dit au Vénérable* Ananda : "Je t'en prie, apporte-moi de l'eau, Ananda. J'ai soif et je voudrais boire."

26. Et le Vénérable* Ananda répondit au Bhagavat : "Mais juste à l'instant, Seigneur, un grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, sont passés, et la profondeur de l'eau a été traversée par les roues, de sorte qu'elle est maintenant trouble et boueuse. Mais la Kakuttha*, Seigneur, est assez près, et ses eaux sont claires, agréables, fraîches, et translucides. On peut facilement s'en approcher et elle est délicieusement située. Là le Bhagavat pourra étancher sa soif et rafraîchir ses membres."

27-29. Mais une seconde fois le Bhagavat fit sa requête, et le Vénérable* Ananda lui répondit comme devant. Et alors pour une troisième fois le Bhagavat dit : "Je t'en prie, apporte-moi de l'eau, Ananda. J'ai soif et je veux boire."

30. Alors le Vénérable* Ananda répondit, en disant : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et il prit son bol et alla au cours d'eau. Et la profondeur de l'eau, qui avait été traversée par les roues de sorte qu'elle coulait trouble et boueuse, était devenue claire et avait décanté, pure et agréable alors que s'approchait le Vénérable* Ananda.

31. Alors le Vénérable* Ananda se dit : "Merveilleux et bien extraordinaires sont effectivement le pouvoir et la gloire du Tathâgata!"

32. Et il prit de l'eau dans son bol et la rapporta au Bhagavat, et dit : "Merveilleux et bien extraordinaires sont effectivement le pouvoir et la gloire du Tathâgata! Car cette profondeur de l'eau, qui avait été traversée par les roues de sorte qu'elle coulait trouble et boueuse, était devenue claire et avait décanté, pure et agréable, alors que je m'en approchais. Maintenant que le Bhagavat boive de l'eau. Que le Bhagavat boive." Et le Bhagavat but de l'eau.

Pukkusa le Malla ()

33. Il se produisit alors qu'un Pukkusa du clan des Mallas , qui était un disciple d'Alara Kalama, passait par là, de Kusinara à Pava ().

34. Et quand il vit le Bhagavat assis au pied d'un arbre, il s'approcha de lui, le salua respectueusement, et s'assit d'un côté*. Et il s'adressa au Bhagavat, en disant : "Il est merveilleux, Seigneur, il est bien extraordinaire, ô Seigneur, l'état de calme dans lequel demeurent ceux qui ont quitté le monde.

35. "Car une fois, Seigneur, Alara Kalama était en voyage, et il s'écarta de la route et s'assit au bord de la route au pied d'un arbre pour laisser passer la chaleur de la journée. Et il se produisit, Seigneur, qu'un grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, passa près de lui, un par un. Et alors, Seigneur, un certain homme qui suivait derrière ce train de chariots, s'approcha et s'adressa à lui, en disant : 'Avez-vous vu, Vénérable, un grand nombre de chariots passer près de vous?' Et Alara Kalama lui répondit : 'Je ne les ai pas vu, mon frère.' ' Mais le bruit, Vénérable, sûrement vous l'avez entendu?' 'Je ne l'ai pas entendu, mon frère.' Alors cet homme lui demanda : 'Alors, Vénérable, peut-être dormiez vous?' 'Non, mon frère, je ne dormais pas.' 'Alors, Vénérable, étiez vous conscient?' 'Je l'étais, mon frère.' Alors cet homme dit : 'Alors, Vénérable, tout en étant conscient et éveillé vous n'avez pourtant pas vu le grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, passer près de vous un après l'autre, ni entendu le bruit? Pourtant, Vénérable, votre robe elle-même est recouverte de leur poussière!' Et Alara Kalama répliqua, en disant : 'Ainsi en est-il, mon frère.'

36. "Et à cet homme, ô Seigneur, vint l'idée : 'Il est merveilleux, Seigneur, il est bien extraordinaire, effectivement, l'état de calme dans lequel demeurent ceux qui ont quitté le monde!' Et là surgit en lui une grande foi en Alara Kalama, et il reprit sa route."

37. "Alors qu'en penses-tu, Pukkusa? Qu'est-ce qui est le plus difficile à faire, le plus difficile à trouver - qu'un homme, cependant que conscient et éveillé, puisse ne pas voir un grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, qui ont passé près de lui un après l'autre, ni n'entendre le bruit, ou qu'un autre, conscient et éveillé, au milieu d'une forte pluie, avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui tombe, puisse ni ne voir ni n'entendre le bruit?"

38. "Que sont, ô Seigneur, cinq cent chariots - que dis-je, six, sept, huit, neuf cent, ou mille, voire des centaines de milliers de chariots - comparé à ceci?"

39. "Or une fois, Pukkusa, je demeurais à Atuma (), et j'avais là ma demeure dans une grange. Et en ce temps-là il y eut une forte pluie, avec le tonnerre qui grondait, les éclairs qui éclataient, et la foudre qui tombait. Et deux fermiers qui étaient frères furent tués près de la grange, de même que quatre boeufs, et une grande foule sortit d'Atuma (pour voir) l'endroit où ils furent tués.

40. "Or en ce temps-là, Pukkusa, j'étais sorti de la grange et j'allais et venais pensif devant la porte. Et un certain homme de la grande foule s'approcha de moi, me salua respectueusement, et se tint d'un côté*.

41. "Et je lui demandai : 'Pourquoi, mon frère, cette grande foule s'est-elle assemblée?' Et il me répondit : 'Juste à l'instant, Seigneur, il y a eu une forte pluie, avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui tombe. Et deux fermiers qui étaient frères ont été tués tout près de là, de même que quatre boeufs. C'est à cause de cela que cette grande foule s'est assemblée. Mais vous, Seigneur, où étiez vous?' "J'étais ici, mon frère.' 'Et pourtant, Seigneur, ne l'avez-vous point vu?' 'Je ne l'ai pas vu, mon frère.' 'Mais le bruit, Seigneur, vous l'avez sûrement entendu?' 'Je ne l'ai pas entendu, mon frère.' Alors cet homme me demanda : 'Alors, Seigneur, peut-être dormiez vous?' 'Non, mon frère, je ne dormais pas.' 'Alors, Seigneur, vous étiez conscient?' 'Je l'étais, mon frère.' Alors cet homme dit : 'Alors, Seigneur, cependant que conscient et éveillé, au milieu d'une forte pluie, avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui tombe, vous n'avez ni vu ni entendu le bruit?' Et je lui ai répondu, en disant : 'Non, mon frère.'

42. "Et à cet homme, Pukkusa, vint l'idée : 'Il est merveilleux, Seigneur, il est bien extraordinaire, effectivement, l'état de calme dans lequel demeurent ceux qui ont quitté le monde!' Et là surgit en lui une grande foi, et il me salua respectueusement, et tenant son côté droit envers moi* , il reprit sa route."

43. Lorsque ceci eut été dit, Pukkusa du clan des Mallas dit au Béni du Ciel : "La foi, Seigneur, que j'avais en Alara Kalama je la disperse maintenant au vent puissant, je la laisse se faire emporter comme par un courant d'eau! Excellent, ô Seigneur, très excellent, ô Seigneur! C'est tout comme si, Seigneur, on avait redressé ce qui avait été renversé, ou qu'on révélait ce qui avait été caché, ou qu'on montrait le chemin à qui s'était égaré, ou qu'on allumait une lampe dans l'obscurité de sorte que ceux qui ont des yeux puissent voir - même ainsi le Bhagavat a prononcé le Dhamma de plusieurs façons. Et c'est pourquoi, ô Seigneur, je prend refuge dans le Bhagavat, le Dhamma, et la Communauté de bhiksus. Puisse le Bhagavat m'accepter pour son disciple, un qui a pris refuge jusqu'à la fin de sa vie."

44. Alors Pukkusa du clan des Mallas s'adressa à un certain homme, en disant : "Apporte moi tout de suite, ami, deux ensembles de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à porter." Et l'homme lui répondit : "Qu'il en soit ainsi, Vénérable."

45. Et quand les robes furent apportées, Pukkusa du clan des Mallas les offrit au Bhagavat, en disant : "Puisse le Bhagavat, ô Seigneur, par compassion, accepter ceci de ma part." Et le Bhagavat dit : "Habille-moi donc avec l'une, Pukkusa, et avec l'autre, habille Ananda." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et là-dessus, il habilla le Bhagavat avec une, et avec l'autre, il habilla le Vénérable* Ananda.

46. Et alors le Bhagavat instruisit Pukkusa du clan des Mallas dans le Dhamma, et le stimula, l'édifia, et le réjouit. Et après cela, Pukkusa se leva de son siège, salua respectueusement le Bhagavat, et tenant son côté droit envers lui*, reprit sa route.

47. Et peu après que Pukkusa du clan des Mallas soit parti, le Vénérable* Ananda arrangea l'ensemble de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à porter, sur le corps du Bhagavat. Mais quand l'ensemble de robes eut été arrangé sur le corps du Bhagavat, il était devenu comme fané, et sa splendeur avait pâli.

48. Et le Vénérable* Ananda dit au Bhagavat : " C'est merveilleux, Seigneur, c'est bien extraordinaire, effectivement, comme la peau du Tathâgata semble claire et radieuse! Cet ensemble de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à porter, Seigneur, maintenant qu'il est disposé sur le corps du Bhagavat semble s'être fané, sa splendeur pâlie."

49. "C'est vrai, Ananda. Il y a deux occasions, Ananda, quand la peau du Tathâgata semble excessivement claire et radieuse. Que sont ces deux? La nuit, Ananda, où le Tathâgata devient Pleinement Éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé, et la nuit où le Tathâgata arrive à son décès final dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement. Et telles, Ananda, sont les deux occasions où la peau du Tathâgata semble excessivement claire et radieuse.

50. "Et aujourd'hui maintenant, au cours de la dernière veille de cette nuit-même, Ananda, dans le Bosquet de shala des Mallas, aux environs de Kusinara (), entre deux arbres shala, le Tathâgata va arriver à son Parinibbâna. Donc, Ananda, allons maintenant à la rivière Kakuttha*."

51. Vêtu du cadeau de Pukkusa, les robes d'or, la forme du Maître était radieuse à voir.

A la rivière Kakuttha, le Bouddha apaise les remords de Chunda [voir la version de Dammadana ]

52. Alors le Bhagavat partit pour la rivière Kakuttha* de même qu'une grande communauté de bhiksus.

53. Et il descendit dans l'eau et se baigna et but. Et sortant de l'eau encore une fois, il partit pour le Bosquet des Manguiers, et là s'adressa au Vénérable* Cundaka, en disant : "Je t'en prie, plie ma robe supérieure en quatre, Cundaka, et étend-la par terre. Je suis fatigué et voudrais me reposer un peu."

"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et Cundaka plia la robe en quatre et l'étendit par terre.

54. Et le Bhagavat s'étendit sur son côté droit, dans la posture du lion, un pied posé sur l'autre, et ainsi se disposa lui-même, attentif et en état de comprendre clairement, avec le moment pour se lever à l'esprit. Et le Vénérable* Cundaka s'assit juste devant le Bhagavat.

55. Le Bouddha à la rivière Kakuttha* vint,
Où frais et limpide coule l'agréable courant;
Là lava dans l'eau clair sa carcasse fatiguée
Le Bouddha - lui, dans tous les mondes suprême!
Et s'étant baigné et ayant bu, l'Enseignant tout droit
Traversa, les bhiksus se pressant dans son sillage.
Discourant de saintes vérités, le Maître grand
Du Bosquet des Manguiers prit le chemin.
Là à l'ancien Cundaka il s'adressa :
"Etend ma robe, je t'en prie, pliée en quatre."
Alors l'ancien, vif comme l'éclair,
A la requête de l'Enseignant se hâta d'obéir.
Fatigué, le Seigneur s'étendit alors sur la natte,
Et Cundaka sur le sol devant lui s'assit.

56. Alors le Bhagavat s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Il pourrait arriver, Ananda, que quelqu'un veuille causer du remords à Cunda le métallier, en disant : 'Ce n'est pas un gain pour toi, ami Cunda, mais une perte, que que ce soit de toi que le Tathâgata ait pris son dernier repas d'aumônes, et qu'ensuite il ait trouvé sa fin.' Alors, Ananda, le remords de Cunda devrait être dissipé de la manière qui suit : 'C'est un gain pour toi, ami Cunda, c'est une bénédiction que le Tathâgata ait pris son dernier repas d'aumônes de toi, et qu'ensuite il ait trouvé sa fin. Car, ami, face à face avec le Bhagavat, je l'ai entendu dire et j'ai appris : "Il y a deux offrandes de nourriture ce qui sont de pareil fruit, de résultat égal, excédant en grandeur le fruit et le résultat de toute autre offrande de nourriture. Quels deux? Celui qu'a partagé le Tathâgata avant de passer dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement. Par cet acte, le valeureux Cunda a accumulé un mérite qui compte pour une longue vie, la beauté, le bien-être, la gloire, une renaissance céleste, et souveraineté."' C'est ainsi, Ananda, que le remords de Cunda le métallier devrait être dissipé."

57. Alors le Bhagavat, comprenant le problème, proféra cette déclaration solennelle :

"Celui qui donne, ses vertus augmentera;
Qui est bien dressé, aucune haine ne porte;
Quiconque est habile en vertu, le mal rejette,
Et par l'éradication de la luxure* et de la haine
Et de toute illusion, vient à être en paix."

KUSINARA : dernier lieu de repos

1. Alors le Bhagavat s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Allons, Ananda, traversons de l'autre côté de la Hiranyavati, et allons au Bosquet de shala des Mallas, aux environs de Kusinara ()." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

2. Et le Bhagavat, de même qu'une grande compagnie de bhiksus, partit de l'autre côté de la Hiranyavati au Bosquet de shala des Mallas, aux environs de Kusinara (). Et là il s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant :

3. "Je t'en prie, Ananda, prépare moi une couche entre les arbres shala jumeaux, avec la tête au nord. Je suis fatigué, Ananda, et je veux m'étendre." (note) "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable* Ananda fit comme le Bhagavat lui demandait de faire. Alors le Bhagavat s'étendit sur son côté droit, dans la posture du lion, un pied posé sur l'autre, et ainsi disposé lui-même, attentif et en état de comprendre clairement.

4. A ce moment, les arbres shala jumeaux se mirent à fleurir, quoique ce ne fut pas la saison de leur floraison. Et les fleurs plurent sur le corps du Tathâgata et tombèrent et s'éparpillèrent et furent étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et des fleurs de mandarava célestes et de la poudre céleste de bois de santal tombèrent du ciel sur le corps du Tathâgata, et tombèrent et s'éparpillèrent et furent étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et le son de voix célestes et d'instruments célestes fit de la musique dans l'air par révérence pour le Tathâgata.

5. Et le Bhagavat s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Ananda, les arbres shala jumeaux sont en pleine fleur, quoique ce ne soit pas la saison de leur floraison. Et les fleurs pleuvent sur le corps du Tathâgata et tombent et s'éparpillent et sont étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et des fleurs de corail célestes et de la poudre céleste de bois de santal pleuvent du ciel sur le corps du Tathâgata, et tombent et s'éparpillent et sont étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et le son de voix célestes et instruments célestes fait de la musique dans l'air par révérence pour le Tathâgata.

6. "Et pourtant ce n'est pas ainsi, Ananda, que le Tathâgata est respecté, vénéré, estimé, adoré, et honoré au plus haut degré. Mais, Ananda, quel que soit le bhiksu ou la bhiksuni, le laïc ou la laïque, qui demeure par le Dhamma, vit droitement dans le Dhamma, marche dans la voie du Dhamma, c'est par une telle personne que le Tathâgata est respecté, vénéré, estimé, adoré, et honoré au plus haut degré. En conséquence, Ananda, c'est ainsi que vous devriez vous entraîner: 'Nous demeurerons dans le Dhamma, vivrons droitement dans le Dhamma, marcherons dans la voie du Dhamma.'"

Le chagrin des dieux

7. A ce moment le Vénérable* Upavana se tenait devant le Bhagavat, en train de l'éventer. Et le Bhagavat le réprimanda, en disant : "Mets-toi de côté*, bhiksus, ne te tiens pas devant moi."

8. Et au Vénérable* Ananda vint la pensée : "Ce Vénérable* Upavana est au service du Bhagavat depuis longtemps, associé de près avec lui et le servant. Et pourtant maintenant, tout à la fin, le Bhagavat le réprimande. Quelle pourrait donc être la raison, que pourrait-être la cause de ce que le Bhagavat réprimande le Vénérable* Upavana, en disant : 'Mets-toi de côté*, bhiksu, ne te tiens pas devant moi'?"

9-10. Et le Vénérable* Ananda dit sa pensée au Bhagavat. Le Béni du Ciel dit : "A travers le décuple système cosmique, Ananda, il n'y a presqu'aucun des devas qui ne soit venu se rassembler pour voir le Tathâgata. Car sur douze yojanas de distance tout autour du Bosquet de shala des Mallas aux environs de Kusinara () il n'y a pas un seul endroit qu'on pourrait piquer avec le bout d'un cheveu qui ne soit rempli de puissants devas. Et ces devas, Ananda, se plaignent : 'De loin sommes nous venus pour voir le Tathâgata. Car rare dans le monde est l'apparition de Tathâgata, d'Arhats, de Pleinement Éveillés. Et en ce jour, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Mais ce bhiksu de grand pouvoirs s'est placé juste en face du Bhagavat, le cachant, de sorte que maintenant, à la toute fin, sommes empêchés du regarder.' Ainsi, Ananda, se plaignent les devas."

11. "De quelles sortes de devas, Seigneur, le Bhagavat est-il conscient?"

12-13. "Il y a des devas, Ananda, dans l'espace et sur terre, qui ont une mentalité terrienne; échevelés ils pleurent, les bras au ciel ils pleurent; se jetant par terre, ils se roulent d'un côté à l'autre, en geignant : 'Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt va disparaître l'Oeil du Monde, hors de vue!'

14. "Mais ceux des devas qui sont libérés de passion, attentifs et comprenant, réfléchissent de cette façon: 'Impermanentes sont toutes choses composées. Comment pourrait-il en être autrement? "

15. "Auparavant, Seigneur, en quittant leurs quartiers après les pluies, les bhiksus demandaient à voir le Tathâgata, et nous avions le gain et le bénéfice de recevoir et de nous associer avec ces très révérends bhiksus qui venaient demander audience au Bhagavat et venaient le servir. Mais, Seigneur, après le départ du Bhagavat, nous n'aurons plus ce gain et ce bénéfice."

Quatre lieux de pélerinage

16. "Il y a quatre endroits, Ananda, qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence. Que sont ces quatre?

17. "'Ici est né le Tathâgata!' (note) Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.

18. "'Ici le Tathâgata s'est Pleinement Éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé!' (note) Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.

19. "'Ici le Tathâgata a mis en route la Roue du Dhamma sans pareille!' (note) Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.

20. "'Ici le Tathâgata est passé dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement!' Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.

21. "Ce sont là, Ananda, les quatre endroits qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence. Et en vérité, viendront à ces endroits, Ananda, de pieux bhiksus et bhiksunis, laïcs et laïques, en se disant que : 'Ici est né le Tathâgata! Ici le Tathâgata s'est Pleinement Éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé! Ici le Tathâgata a mis en route la Roue du Dhamma sans pareille ! Ici le Tathâgata est passé dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement !'

22. "Et quiconque, Ananda, devrait mourir en un tel pélerinage avec son coeur établi dans la foi, à la dissolution du corps, après la mort, renaîtra dans un domaine de bonheur céleste."

23. Alors le Vénérable* Ananda dit au Bhagavat : "Comment, Seigneur, devrions-nous nous comporter envers les femmes?" "Ne les voyez pas, Ananda." "Mais, Seigneur, si nous les voyions?" "Ne leur parle pas, Ananda.""Mais, Seigneur, si elles devaient nous parler?" "Alors, Ananda, il vous faudra établir l'attention."

24. Alors le Vénérable* Ananda dit : "Comment devrions-nous agir, Seigneur, pour respecter le corps du Tathâgata?"

"Ne vous embarassez pas, Ananda, à honorer le corps du Tathâgata. Au contraire, efforcez-vous, Ananda, et soyez zélés pour vous mêmes (note), pour votre propre bien. Sans flancher, ardemment, et résolument appliquez-vous à votre propre bien. Car il y a, Ananda, de sages nobles, de sages brahmanes, et de sages maîtres de maison qui sont dévoués au Tathâgata, et ce sont eux qui vont rendre les honneurs au corps du Tathâgata."

25. Alors le Vénérable* Ananda dit : "Mais comment, Seigneur, devraient-ils agir pour respecter le corps du Tathâgata?" "De la même manière, Ananda, que pour le corps d'un monarque universel." (note) "Mais comment, Seigneur, font-ils pour respecter le corps d'un monarque universel?"

26. "Le corps d'un monarque universel, Ananda, est d'abord enveloppé dans du lin neuf, et ensuite dans du coton peigné, et ce à concurrence de cinq cent couches de lin et cinq cent de coton. Lorsque c'est fait, le corps du monarque universel est placé dans un récipient à huile en fer (note), qui est enclos dans un autre récipient en fer, on construit un bûcher funéraire de toutes sortes de bois aromatiques, et on brûle ainsi le corps du monarque universel; et à un carrefour on élève un stupa pour le monarque universel. C'est ainsi qu'on fait, Ananda, avec le corps d'un monarque universel. Et donc, Ananda, ainsi qu'il est fait avec le corps d'un monarque universel, ainsi doit-on faire avec le corps du Tathâgata; et à un carrefour également devrait-on élever un stupa pour le Tathâgata. Et quiconque apportera à cet endroit des guirlandes ou de l'encens ou de la pâte de bois de santal, ou fera des révérences, et dont l'esprit deviendra calme à cet endroit - ce sera pour son bien-être et son bonheur pour longtemps.

27. "Il y a quatre personnes, Ananda, qui sont dignes d'un stupa. Qui sont ces quatre? Un Tathâgata, un Arahat, un Etre pleinement éveillé sont dignes d'un stupa; l'est également un Paccekabuddha (pratyekabouddha), et un disciple d'un Tathâgata, ainsi qu'un monarque universel.

28-31. "Et pourquoi, Ananda, un Tathâgata, un Arahat, un Etre Pleinement Éveillé sont-ils dignes d'un stupa? C'est parce que, Ananda, à la pensée : 'Ceci est le stupa de ce Bhagavat, de cet Arahat, de cet Etre Pleinement Éveillé!' les coeurs de nombreuses personnes vont être calmés et rendus heureux; et ainsi calmés et avec leurs esprits ainsi établis dans la foi, à la dissolution du corps, après la mort, ils vont renaître dans un domaine de bonheur céleste. Et de même aussi à la pensée : 'Ceci est le stupa de ce Paccekabuddha!' ou 'Ceci est le stupa d'un disciple de ce Tathâgata, Arahat, Etre Pleinement Éveillé!' ou 'Ceci est le stupa de ce juste monarque qui régna selon le Dhamma!' -- les coeurs de nombreuses personnes seront calmés et rendus heureux; et ainsi calmés et avec leurs esprits ainsi établis dans la foi, à la dissolution du corps, après la mort, ils vont renaître dans un domaine de bonheur céleste. Et c'est à cause de cela, Ananda, que ces quatre personnes sont dignes d'un stupa."

Le chagrin d'Ananda

32. Alors le Vénérable* Ananda partit dans le vihara (note) et s'appuya contre l'encadrement de la porte et pleura : "Je ne suis encore qu'un apprenti (note), et je dois encore m'efforcer pour ma propre perfection. Mais, hélas, mon Maître, qui était si compatissant envers moi, est sur le point de décéder!"

33. Et le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "Où, bhiksus, est Ananda?" "Le Vénérable* Ananda, Seigneur, est allé dans le vihara (note) et il est là, appuyé contre l'encadrement de la porte à pleurer: 'Je ne suis encore qu'un apprenti (note), et je dois encore m'efforcer pour ma propre perfection. Mais, hélas, mon Maître, qui était si compatissant envers moi, est sur le point de décéder!'"

34. Alors le Bhagavat demanda à un certain bhiksu à lui amener le Vénérable* Ananda, en disant : "Va, bhiksu, et dis à Ananda, 'Ami Ananda, le Maître t'appelle.'" "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et ce bhiksu partit et s'adressa au Vénérable* Ananda comme le Bhagavat le lui avait demandé. Et le Vénérable* Ananda alla trouver le Béni du Ciel, s'inclina vers lui, et s'assit d'un côté*.

35. Alors le Bhagavat s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Cela suffit, Ananda! Ne te chagrine pas, ne te plains pas! Car n'ai-je pas enseigné dès le tout début qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, a été composé, et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire : 'Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!'? Il ne peut y avoir un tel état de choses. Or depuis longtemps, Ananda, tu as servi le Tathâgata avec amour et bonté en actes, en paroles et en pensées, gracieusement, gentiment, de tout ton coeur et sans mesure. Un grand bien tu as rassemblé, Ananda! Maintenant, il te faut faire preuve d'énergie, et bientôt, toi aussi tu seras libre de pollutions." (note)

Louange d'Ananda

36. Alors le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "bhiksus, les Bénis du Ciel, les Arahats, les Pleinement Éveillés des temps passés avaient eux aussi d'excellents et dévoués bhiksus à leur service, comme c'est mon cas avec Ananda. Et il en ira de même, bhiksus, des Bénis du Ciel, des Arahats, des Pleinement Éveillés des temps à venir.

37. "Capable et judicieux est Ananda, bhiksus, car il sait quel est le bon moment pour les audiences des bhiksus avec le Tathâgata, et le bon moment pour les bhiksunis, le bon moment pour les laïcs et les laïques; le bon moment pour les rois et les ministres d'état; le bon moment pour les enseignants d'autres écoles et leurs disciples.

38. "Chez Ananda, bhiksus, on trouve quatre qualités rares et superlatives. Que sont ces quatre? Si, bhiksus, une compagnie de bhiksus va trouver Ananda, ils se réjouissent à le voir; et s'il leur parle ensuite du Dhamma, ils sont réjouis par ses propos; et quand il se tait, ils sont déçus. Donc il en va de même quand bhiksunis, laïcs ou laïques vont trouver Ananda : ils se réjouissent à le voir; et s'il leur parle ensuite du Dhamma, ils sont réjouis par ses propos; et quand il se tait, ils sont déçus.

39. "Chez un monarque universel, bhiksus, on trouve quatre qualités rares et superlatives. Que sont ces quatre? Si, bhiksus, une compagnie de nobles va trouver le monarque universel, ils se réjouissent au voir; et si ensuite il parle, ils sont réjouis par son discours; et quand il se tait, ils sont déçus. Donc il en va de même quand une compagnie de brahmanes, de maîtres de maison, ou d'ascètes va voir un monarque universel.

40. "Et exactement de la même manière, bhiksus, chez Ananda on trouve ces quatre rares et superlatives qualités."

La gloire passée de Kusinara

41. Lorsque ceci eut été dit, le Vénérable* Ananda s'adressa au Béni du Ciel, en disant : "Ne permettez pas, Seigneur, que le Bhagavat décède dans ce méchant endroit, cette bourgade du milieu de la jungle, loin de la civilisation, simple poste avancé de province. Il y a de grandes cités, Seigneur, comme Campa (), Rajagriha (), Savatthi (), Saketa (), Kosambi () et Bénarès ()

- que le Bhagavat ait son décès final dans une d'elles. Car dans ces cités habitent de nombreux riches nobles, brahmanes et maîtres de maison qui sont dévots du Tathâgata, et ils rendront les honneurs qu'ils méritent aux reliques du Tathâgata."

42. "Ne dis pas ça, Ananda! Ne dis pas : 'Ce méchant endroit, cette bourgade du milieu de la jungle, loin de la civilisation, simple poste avancé de province.' Il y a longtemps, Ananda, il y eut un roi du nom de Maha Sudassana (réf.), qui était un monarque universel, un roi de justice, un conquérant des quatre quartiers de la terre, dont le domaine était établi dans la sécurité, et qui était doté des sept joyaux. (note) Et ce roi Maha Sudassana, Ananda, avait sa résidence royale ici à Kusinara (), qui s'appelait alors Kusavati, et elle s'étendait sur douze yojanas de l'est à l'ouest, et sur sept du nord au sud.

43. "Et puissante, Ananda, était Kusavati, la capitale, prospère et bien peuplée, très fréquentée par les gens, et abondamment fournie en nourriture. Tout comme la résidence royale des devas, Alakamanda, est puissante, prospère, et bien peuplée, largement fréquentée par les devas et abondamment fournie en nourriture, ainsi était la capitale royale de Kusavati.

44. "Kusavati, Ananda, résonnait sans cesse jour et nuit de dix sons - le barrissement des éléphants, le hennissement des chevaux, le grondement des chariots, les battements des tambours et des timbales, de la musique et des chants, des acclamations, des battements de mains, et des cris de 'Mangez, buvez, et soyez gais!'

Lamentations des Mallas

45. "Va maintenant, Ananda, à Kusinara () et annonce aux Mallas : 'Aujourd'hui, Vasetthas, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du Tathâgata va avoir lieu. Approchez-vous, O Vasetthas, venez tout près! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords à la pensée : "C'est dans notre bourgade qu'a eu lieu le Parinibbâna du Tathâgata, mais nous n'avons pas été le voir à la fin!"'-"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable* Ananda se prépara, et prenant son bol et sa robe, partit avec un compagnon à Kusinara.

46. Or en ce temps-là les Mallas s'étaient rassemblés dans la salle du conseil pour quelque affaire publique. Et le Vénérable* Ananda s'approcha d'eux et annonça : "Aujourd'hui, Vasetthas, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du Tathâgata va avoir lieu. Approchez-vous, Vasetthas, venez tout près! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords à la pensée : 'C'est dans notre bourgade qu'a eu lieu le Parinibbâna du Tathâgata, mais nous n'avons pas été le voir à la fin.'"

47. Quand ils entendirent le Vénérable* Ananda prononcer ces paroles, les Mallas avec leurs fils, leurs femmes, et les épouses de leurs fils, furent profondément touchés, touchés jusqu'au coeur et affligés; et certains, avec leurs cheveux tout ébouriffés, les bras levés au ciel de désespoir, pleurèrent; se jetant par terre, ils se roulaient d'un côté à l'autre, en geignant : "Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! L'Oeil du Monde va trop tôt disparaître"

48. Et ainsi affligés et remplis de chagrin, les Mallas, avec leurs fils, leurs épouses, et les épouses de leurs fils, partirent pour le Bosquet de shala, le parc de détente des Mallas, à l'endroit où le Vénérable* Ananda se trouvait.

49. Et la pensée vint au Vénérable* Ananda : "Si je dois laisser les Mallas de Kusinara faire des révérences au Bhagavat un par un, la nuit aura laissé place à l'aube avant qu'ils se soient tous présentés à lui. En conséquence je vais les répartir par clans, chaque famille dans un groupe, et les présenter ainsi au Bhagavat : 'Le Malla de tel ou tel nom, Seigneur, avec ses épouses et enfants, ses serviteurs et ses amis, rend hommage aux pieds du Bhagavat.'"

50. Et le Vénérable* Ananda répartit les Mallas par clans, chaque famille dans un groupe, et les présenta au Bhagavat. C'est ainsi que le Vénérable* Ananda fit que les Mallas de Kusinara fussent présentés au Bhagavat par clans, chaque famille dans un groupe, jusqu'au cours de la première veille de la nuit

Un dernier disciple

51. Or en ce temps-là un ascète errant nommé Subhadda habitait à Kusinara (). Et Subhadda l'ascète errant entendit dire : "Aujourd'hui dans la troisième veille de la nuit, le Parinibbâna de l'ascète Gautama va avoir lieu."

52. Et la pensée surgit en lui : "Je l'ai entendu dire par de vieux et vénérables ascètes errants, maîtres d'enseignants, que l'apparition de Tathagatas, d'Arahats, Pleinement Éveillés, est rare dans le monde. Et pourtant en ce jour même, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna de l'ascète Gautama va avoir lieu. Or il me vient là un doute; mais j'ai tellement foi en l'ascète Gautama, qu'il pourrait m'enseigner le Dhamma en sorte de m'enlever ce doute."

53. Alors l'ascète errant Subhadda partit au Bosquet de shala, le parc de détente des Mallas, et s'approcha du Vénérable* Ananda, et dit au Vénérable* Ananda sa pensée. Et il s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Ami Ananda, il serait bon qu'on me permette d'être admis en présence de l'ascète Gautama."

54. Mais le Vénérable* Ananda lui répondit, en disant : "Suffit, ami Subhadda! Ne trouble pas le Tathâgata. Le Bhagavat est fatigué."

55-56. Et pourtant une seconde et troisième fois l'ascète errant Subhadda fit sa requête, et une seconde et troisième fois le Vénérable* Ananda lui refusa.

57. Et le Bhagavat entendit la discussion entre eux, et il appela le Vénérable* Ananda et dit : "Arrête, Ananda! Ne refuse pas Subhadda. Ananda, admets Subhadda en présence du Tathâgata. Car quoiqu'il me demande, il le demandera aux fins de la connaissance, et ce ne sera donc pas une offense. Et la réponse que je lui donnerai, il la comprendra facilement."

58. Là-dessus le Vénérable* Ananda dit à l'ascète errant Subhadda : "Va, dans ce cas, ami Subhadda, le Bhagavat t'en donne la permission."

59. Alors l'ascète errant Subhadda s'approcha du Bhagavat et le salua avec courtoisie. Et après avoir échangé avec lui d'agréables et civiles salutations, l'ascète errant Subhadda s'assit d'un côté* et s'adressa au Bhagavat, en disant : "Il y a, Vénérable Gautama, des ascètes et des brahmanes qui sont chefs de grandes compagnies de disciples, qui ont d'énormes suites, qui sont chefs d'écoles, bien connues et renommées, et tenus en haute estime par la multitude, des maîtres comme Purana Kassapa, Makkhali Gosala*, Ajita Kesakambali, Pakudha Kaccayana, Sañjaya Belatthiputta, Nigantha Nataputta. Ont-ils tous atteint la réalisation, ainsi que chacun d'eux voudrait le faire croire, ou aucun d'entre eux, ou est-ce que certains l'ont atteint et d'autres pas?"

60 "Suffit, Subhadda! Laisse les faire, qu'ils aient tous atteint la réalisation, ainsi que chacun d'eux voudrait le faire croire, ou qu'aucun d'entre eux, ou que certains l'aient atteint et d'autres pas. Je vais t'enseigner le Dhamma, Subhadda; écoute et sois bien attentif, et je vais parler." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

Le rugissement du Lion

61. Et le Bhagavat prit la parole, en disant : "Dans tout Dhamma et Discipline*, Subhadda, où on ne trouve pas le Noble Octuple Sentier, on ne trouvera pas de véritable ascètes (sadhu) du premier, second, troisième, ou quatrième degrés de sainteté. Mais dans tout Dhamma et Discipline* où on trouve le Noble Octuple Sentier, on trouve là un véritable ascète du premier, second, troisième, et quatrième degrés de sainteté* .[54] Or dans ce Dhamma et Discipline*, Subhadda, on trouve le Noble Octuple Sentier; et en lui seul trouve-t-on aussi de véritables ascètes du premier, second, troisième, et quatrième degrés de sainteté. Dépourvus de véritables ascètes sont les systèmes des autres maîtres. Mais si, Subhadda, les bhiksus vivent justement, le monde ne sera pas dépourvu d'arahats.

62. "En âge je n'avais que vingt-neuf ans, Subhadda,
Lorsque je renonçai au monde pour chercher le Bien;
Cinquante-et-un ans ont passé depuis lors, Subhadda,
Et pendant tout ce temps un voyageur j'ai été
Dans le domaine de la vertu et de la vérité,
Et sauf là-dedans, il n'est pas de saint (du premier degré).
"Et il n'y en a aucun du second degré, ni du troisième degré, ni du quatrième degré de sainteté*.
Dépourvus de véritables ascètes sont les systèmes des autres maîtres.
Mais si, Subhadda, les bhiksus vivent justement, le monde ne sera pas dépourvu d'arahats."

63. Lorsque ceci fut dit, l'ascète errant Subhadda s'adressa au Béni du Ciel, en disant : "Excellent, ô Seigneur, vraiment excellent, ô Seigneur! C'est comme si, Seigneur, on avait redressé ce qui avait été renversé, ou qu'on révélait ce qui avait été caché, ou qu'on montrait le chemin à qui s'était égaré, ou qu'on allumait une lampe dans l'obscurité de sorte que ceux qui ont des yeux puissent voir - même ainsi, le Bhagavat a prononcé le Dhamma de plusieurs façons. Et c'est pourquoi, ô Seigneur, je prend refuge dans le Bhagavat, le Dhamma, et la Communauté des bhiksus. Puissé-je recevoir du Béni du Ciel l'admission dans l'Ordre et également l'ordination supérieure."

64. "Quiconque, Subhadda, ayant été auparavant un disciple d'une autre croyance, souhaite recevoir admission et ordination supérieure dans ce Dhamma et Discipline*, reste en probation pour une période de quatre mois. A la fin de ces quatre mois, si les bhiksus en sont satisfaits, ils lui concèdent l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhiksu. Et pourtant dans cette affaire, je reconnais des différences de personnalités."

65. "Si, ô Seigneur, quiconque, ayant été auparavant un disciple d'une autre croyance, souhaite recevoir admission et ordination supérieure dans ce Dhamma et Discipline*, reste en probation pour une période de quatre mois, et qu'à la fin de ces quatre mois, si les bhiksus en sont satisfaits, ils lui concèdent l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhiksu - alors je resterai en probation pour une période de quatre années. Et à la fin de ces quatre années, si les bhiksus sont satisfaits de moi, alors qu'ils me concèdent l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhiksu."

66. Mais le Bhagavat appela le Vénérable* Ananda et lui dit : "Ananda, qu'il soit accordé à Subhadda l'admission dans l'ordre." Et le Vénérable* Ananda répliqua : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."

67. Alors l'ascète errant Subhadda dit au Vénérable* Ananda : "C'est un gain pour toi, ami Ananda, c'est une bénédiction, qu'en présence du Maître lui-même tu aies reçu l'aspersion de l'ordination en tant que disciple."

68. Donc il se produisit qu'à l'ascète errant Subhadda, en présence du Bhagavat, fut donné l'admission et l'ordination supérieure. Et à partir du moment de son ordination, le Vénérable* Subhadda demeura seul, reclus, attentif, ardent, et résolu. Et avant longtemps, il atteint au but pour lequel un homme digne quitte le domicile pour le sans-domicile-fixe, le but suprême de la vie sainte; et l'ayant par lui-même réalisé avec la connaissance supérieure, il y demeura. Il sut que : "Détruite est la naissance; la vie supérieure est accomplie; il ne reste plus rien à faire, et au-delà de cette vie plus rien ne reste." Et le Vénérable* Subhadda devint encore un autre parmi les arahats, et il fut le dernier disciple converti par le Bhagavat lui-même.

Parinibbana

Les dernières paroles du Bouddha (Autre version)

1. Or le Bhagavat s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Il se pourrait, Ananda, qu'à certains d'entre vous vienne l'idée : 'Terminée est la parole du Maître; nous n'avons plus de Maître.' Mais il ne faudrait pas, Ananda, voir les choses comme cela. Car ce que j'ai proclamé et fait connaître comme le Dhamma et la Discipline*, c'est là ce qui sera votre Maître quand je serai parti.

2. "Et, Ananda, alors que maintenant les bhiksus s'adressent les uns aux autres ainsi 'ami,' (avuso) que ce ne soit plus le cas quand je serai parti. Les bhiksus anciens, Ananda, pourront s'adresser aux plus jeunes par leur nom, leur nom de famille, ou ainsi 'ami' (avuso); mais les bhiksus plus jeunes devront s'adresser aux plus anciens ainsi : Vénérable*, Bhante ou Révérend (ayasma).

3. "Si on le souhaite, Ananda, le Sangha pourra, quand je serai parti, abolir les règles mineures et moins importantes. (note)

4. "Ananda, quand je serai parti, imposez la pénalité la plus grande au bhiksu Channa." (note)

"Mais quelle est, Seigneur, la pénalité la plus grande?"

"Le bhiksu Channa, Ananda, pourra dire ce qu'il voudra, mais les bhiksus ne devront ni converser avec lui, ni l'exhorter, ni l'admonester."

5. Alors le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "Il se pourrait, bhiksus, qu'un de vous soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au Sentier ou à la pratique. Alors posez vos questions, bhiksus! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords avec la pensée : 'Le Maître était avec nous face à face, et pourtant face à face nous ne lui avons pas demandé.'"

6. Mais quand ceci fut dit, les bhiksus gardèrent le silence. Et pourtant une seconde et une troisième fois le Bhagavat leur dit : "Il se pourrait, bhiksus, qu'un de vous soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au Sentier ou à la pratique. Alors posez vos questions, bhiksus! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords avec la pensée : 'Le Maître était avec nous face à face, et pourtant face à face nous ne lui avons pas demandé.'"

Et pour une seconde et troisième fois les bhiksus gardèrent le silence. Alors le Bhagavat leur dit : "Il se pourrait, bhiksus, que par respect pour le Maître vous ne lui posiez pas de questions. Alors, bhiksus, que l'ami le communique à l'ami." Et pourtant toujours les bhiksus gardèrent le silence.

7. Et le Vénérable* Ananda s'adressa au Bhagavat, en disant : "C'est merveilleux, ô Seigneur, vraiment c'est vraiment extraordinaire! Cette foi que j'ai dans la communauté des bhiksus, que pas même un bhiksu ne soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au Sentier ou à la pratique."

"C'est par foi, Ananda, que tu parles ainsi. Mais ici, Ananda, le Tathâgata sait avec certitude que parmi cette communauté de bhiksus il n'y a pas même un bhiksu qui soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au Sentier ou à la pratique. Car, Ananda, parmi ces cinq cent bhiksus même le plus bas est un entré-dans-le-courant (srotapanna), à l'abri de la chute, assuré, et en marche vers l'éveil."

8. Et le Bhagavat s'adressa aux bhiksus, en disant : "Soyez attentifs maintenant, bhiksus, je vous y exhorte : Toutes choses composées sont sujettes à disparaître. Efforcez-vous avec sincérité-appamada !" (note)

Ce furent les dernières paroles du Tathâgata.


Le passage en nibbana

9. Et le Bhagavat entra dans le premier jhâna (méditation). En sortant du premier jhâna, il entra dans le second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le quatrième jhâna. Et en sortant du quatrième jhâna, il entra dans la sphère de l'espace infini. En sortant de l'accès à la sphère de l'espace infini, il entra dans la sphère de la conscience infinie. En sortant de l'accès à la sphère de la conscience infinie, il entra dans la sphère de la vacuité. En sortant de l'accès à la sphère de la vacuité, il entra dans la sphère de la ni-perception-ni-non-perception. Et en sortant de l'accès à la sphère de la ni-perception-ni-non-perception, il atteint à la cessation de la perception et de la sensation.

10. Et le Vénérable* Ananda s'adressa au Vénérable* Anuruddha, en disant : "Vénérable* Anuruddha, le Bhagavat est décédé."

"Non, ami Ananda, le Bhagavat n'a pas disparu. Il est entré dans l'état de la cessation de la perception et de la sensation." (note)

11. Alors le Bhagavat, sortant de la cessation de la perception et de la sensation, entra dans la sphère de la ni-perception-ni-non-perception. En sortant de l'accès à la sphère de la ni-perception-ni-non-perception, il entra dans la sphère de la vacuité. En sortant de l'accès à la sphère de la vacuité, il entra dans la sphère de la conscience infinie. En sortant de l'accès à la sphère de la conscience infinie, il entra dans la sphère de l'espace infini. En sortant de l'accès à la sphère de l'espace infini, il entra dans le quatrième jhâna. En sortant du quatrième jhâna, il entra dans le troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le premier jhâna.

En sortant du premier jhâna, il entra dans le second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le quatrième jhâna. Et, en sortant du quatrième jhâna, le Bhagavat immédiatement trépassa.

L'écho du monde

12. Et quand le Bhagavat eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna se produisit un terrible tremblement de terre, épouvantable et abasourdissant, et le tonnerre roula à travers les cieux.

13. Et quand le Bhagavat eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, Brahma Sahampati* prononça cette stance :

"Tout doit partir - tous les êtres qui ont la vie.
Doivent quitter leur agrégat des formes.
Oui, même quelqu'un,
Un Maître tel que lui, un être sans pareil,
Puissant dans la prajna, l'Éveillé, est décédé."

14. Et quand le Bhagavat eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, Sakka, roi des dieux* , prononça cette stance :

"Transitoires sont les choses composées,
Sujettes à survenir et à disparaître;
Etant venues à l'existence elles disparaissent;
Bonne est la paix quand elles cessent pour toujours."

15. Et quand le Bhagavat eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, le Vénérable* Anuruddha prononça cette stance :

"Sans mouvement de la respiration, mais d'un coeur assuré,
Libéré du désir et tranquille - c'est ainsi que le sage
Arrive à sa fin. Par les affres de la mort inébranlé,
Son esprit, tel une flamme éteinte, trouve la libération."

16. Et quand le Bhagavat eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, le Vénérable* Ananda prononça cette stance :

"Alors terreur il y eut, et les cheveux se hérissèrent, quand lui,
Le Tout-accompli, le Bouddha, trépassa."

17. Alors, quand le Bhagavat eut trépassé, certains bhiksus, pas encore libérés de la passion, levèrent leurs bras au ciel et pleurèrent; et certains, se jetant par terre, se roulèrent d'un côté à l'autre et pleurèrent, en geignant : "Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!"

Mais les bhiksus qui étaient libérés de la passion, attentifs et en état de comprendre clairement, réfléchirent comme suit : "Impermanentes sont toutes choses composées. Comment pourrait-il en être autrement?"

18. Et le Vénérable* Anuruddha s'adressa aux bhiksus, en disant : "Suffit, amis! Ne vous chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Car le Béni du Ciel n'a-t-il pas déclaré qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, a été composé et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire : 'Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!'? Les devas, amis, sont affligés."

"Mais, Vénérable, de quels devas le Vénérable* Anuruddha est-il conscient?"

"Il y a des devas, ami Ananda, dans l'espace et sur la terre qui ont une mentalité terrienne; échevelés ils pleurent, les bras au ciel ils pleurent; se jetant par terre, ils se roulent d'un côté à l'autre, en geignant : 'Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!' Mais ceux des devas qui sont libérés de la passion, attentifs et en état de comprendre clairement, réfléchissent de cette façon: 'Impermanentes sont toutes choses composées. Comment pourrait-il en être autrement?'"

19. Or le Vénérable* Anuruddha et le Vénérable Ananda passèrent le reste de la nuit à parler du Dhamma. Alors le Vénérable Anuruddha s'adressa au Vénérable* Ananda, en disant : "Va maintenant, ami Ananda, à Kusinara (), et annonce aux Mallas : 'Le Bhagavat, Vasetthas, est décédé. Faites maintenant comme bon vous semble.'" "Qu'il en soit ainsi, Vénérable," Et le Vénérable* Ananda se prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, partit avec un compagnon pour Kusinara ().

20. A ce moment les Mallas de Kusinara s'étaient rassemblés dans la salle du conseil pour considérer cette affaire-même. Et le Vénérable* Ananda s'approcha d'eux et annonça : "Le Bhagavat, Vasetthas, est décédé. Faites maintenant comme bon vous semble." Et quand ils entendirent le Vénérable* Ananda dire ces paroles, les Mallas avec leurs fils, leurs épouses, et les épouses de leurs fils, furent profondément touchés, touchés jusqu'au coeur et affligés; et certains, avec leurs cheveux tout ébouriffés, les bras levés au ciel de désespoir, pleurèrent; se jetant par terre, ils se roulaient d'un côté à l'autre, en geignant : "Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! "Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!"

Hommage aux restes et partage des reliques :

21. Alors les Mallas de Kusinara donnèrent des ordres à leurs hommes, en disant : "Rassemblez maintenant tous les parfums, les guirlandes de fleurs, et les musiciens, même tous qui sont dans Kusinara ()." Et les Mallas, avec les parfums, les guirlandes de fleurs, et les musiciens, et avec cinq cent ensembles de vêtements, partirent pour le Bosquet de shala, le parc de détente des Mallas, et s'approchèrent du corps du Bhagavat. Et s'en étant approchés, ils rendirent hommage au corps du Bhagavat avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et érigeant baldaquins et pavillons, ils passèrent la journée à montrer respect, honneur, et vénération au corps du Bhagavat. Et alors la pensée leur vint : "Maintenant la journée est trop avancée pour que nous puissions incinérer le corps du Bhagavat. Demain nous le ferons."

Et un second jour, et un troisième, un quatrième, un cinquième, et un sixième jour, ils rendirent hommage au corps du Bhagavat avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et érigeant baldaquins et pavillons, ils passèrent la journée à montrer respect, honneur, et vénération au corps du Bhagavat.

Mais le septième jour la pensée leur vint : "Nous avons rendu hommage au corps du Bhagavat avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération; transportons maintenant le corps du Béni du Ciel vers le sud, dans la partie sud du bourg et au-delà, et là incinérons le corps du Bhagavat au sud du bourg."

Et huit Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée : "Nous soulèverons le corps du Bhagavat," tentèrent de le faire mais ne le purent pas.

22. Alors les Mallas s'adressèrent au Vénérable* Anuruddha, en disant : "Quelle est la cause, Vénérable* Anuruddha, quelle est la raison de ces huit Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée : 'Nous soulèverons le corps du Bhagavat,' tentent de le faire mais n'y arrivent pas?"

"Vous autres, Vasetthas, avez un propos, les devas en ont un autre."

"Alors, Vénérable, quel est le propos des devas?"

"Votre propos, Vasetthas, est celui-ci : 'Nous avons rendu hommage au corps du Bhagavat avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération; transportons maintenant le corps du Béni du Cielvers le sud, dans la partie sud du bourg et au-delà, et là incinérons le corps du Bhagavat au sud du bourg.' Mais le propos des devas, Vasetthas, est celui-ci : 'Nous avons rendu hommage au corps du Bhagavat avec des danses célestes, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération; transportons maintenant le corps du Béni du Ciel vers le nord dans la partie nord du bourg; et l'ayant porté par la porte nord, passons par le centre du bourg, et ensuite vers l'est, à l'est du bourg; et ayant passé par la porte est, transportons le au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, et là incinérons le corps du Béni du Ciel.'" "Comme le voudront les devas, Vénérable, qu'il en soit ainsi."

23. A ce moment-là, tout Kusinara (), même les tas de poussière et les tas d'ordures, fut recouvert à hauteur de genoux de mandarava célestes. (note)] Et les devas aussi bien que les Mallas de Kusinara rendaient hommage au corps du Bhagavat. Avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, autant divins qu'humains, on montrait respect, honneur, et vénération. Et ils transportèrent le corps du Bhagavat vers le nord dans la partie nord du bourg; et l'ayant porté par la porte nord, ils repartirent par le centre du bourg, et ensuite vers l'est à l'est du bourg; et ayant passé par la porte est, ils transportèrent le corps du Bhagavat au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, et là l'étendirent par terre.

24. Alors les Mallas de Kusinara s'adressèrent au Vénérable* Ananda, en disant : "Comment devrions-nous faire, Vénérable* Ananda, par respect pour le corps du Tathâgata?" "De la même manière, Vasetthas, que pour le corps d'un monarque universel." "Mais comment fait-on, Vénérable* Ananda, pour respecter le corps d'un monarque universel?" "Le corps d'un monarque universel, Vasetthas, est d'abord enveloppé dans du lin neuf, et ensuite dans du coton peigné. Et encore il est enveloppé dans du lin neuf, et encore dans du coton peigné, et ce à concurrence de cinq cent couches de lin et cinq cent de coton. Lorsque c'est fait, le corps du monarque universel est placé dans un récipient à huile en fer (note), qui est enclos dans un autre récipient en fer et on construit un bûcher funéraire de toutes sortes de bois aromatiques, et c'est ainsi qu'on brûle le corps du monarque universel. Et à un carrefour on élève un stupa pour le monarque universel. C'est ainsi qu'on fait, Vasetthas, avec le corps d'un monarque universel. Et même, Vasetthas, ainsi qu'avec le corps d'un monarque universel, ainsi doit-on faire avec le corps du Tathâgata; et à un carrefour il faut également élever un stupa pour le Tathâgata. Et quiconque apportera à cet endroit des guirlandes ou de l'encens ou de la pâte de bois de santal, ou fera des révérences, et dont le l'esprit devient calme à cet endroit - ce sera pour son bien-être et son bonheur pendant longtemps."

25. Alors les Mallas donnèrent des ordres à leurs hommes, en disant : "Rassemblez maintenant tout le coton peigné des Mallas!" Et les Mallas de Kusinara enveloppèrent le corps du Bhagavat dans du lin neuf, et ensuite dans du coton peigné. Et ils l'enveloppèrent encore dans du lin neuf, et encore dans du coton peigné, et ce jusqu'à cinq cent couches de lin et cinq cent de coton. Lorsque cela fut fait, ils placèrent le corps du Bhagavat dans un récipient à huile en fer (note), lui-même enclos dans un autre récipient en fer, et ils construisirent un bucher funéraire de toutes sortes de bois aromatiques, et sur lui ils étendirent le corps du Bhagavat.

26. Or en ce temps-là le Vénérable* Maha Kassapa se déplaçait de Pava () à Kusinara () de même qu'une grande compagnie de cinq cent bhiksus. Et en chemin, le Vénérable* Maha Kassapa s'écarta de la route et s'assit au pied d'un arbre. Et un certain Ajivaka passa par là, en route pour Pava (), et il avait pris une fleur de mandarava de Kusinara. Et le Vénérable* Maha Kassapa vit l'Ajivaka venir de loin, et comme il arrivait tout près il s'adressa à lui, en disant : "Savez-vous, ami, quoi que ce soit de notre Maître?" "Oui, ami, je sais. Il y a maintenant sept jours que l'ascète Gautama a disparu. C'est de là que j'ai apporté cette fleur de mandarava."

27. Là-dessus certains bhiksus, pas encore libérés de la passion, levèrent leurs bras au ciel et pleurèrent; et certains, se jetant par terre, se roulèrent d'un côté à l'autre et pleurèrent, en geignant : "Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Bhagavat arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!"

28. Or en ce temps-là, un certain Subhadda*, qui n'avait renoncé que dans sa vieillesse, était assis dans l'assemblée. Et il s'adressa aux bhiksus, en disant : "Suffit, amis! Ne vous chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Nous sommes bien débarrassés de ce grand ascète. Trop longtemps, amis, avons-nous été opprimés par par lui qui disait : 'Ceci est approprié pour vous; cela n'est pas approprié pour vous.' Maintenant nous pourrons faire à notre gré, et ce dont nous n'avons pas envie, nous ne le ferons pas."

Mais le Vénérable* Maha Kassapa s'adressa aux bhiksus, en disant : "Suffit amis! Ne vous chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Car le Béni du Ciel n'a-t-il pas déclaré qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, qui a été composé, et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire : 'Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!'?"

29. Or en ce temps-là quatre Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée : "Nous allons allumer le bûcher du Bhagavat," tentèrent de le faire mais ne le purent pas. Et les Mallas s'adressèrent au Vénérable* Anuruddha, en disant : "Quelle est la cause, Vénérable* Anuruddha, quelle est la raison que ces quatre Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée : "Nous allons allumer le bûcher du Béni du Ciel,' tentent de le faire mais n'y arrivent pas?" "Vous autres, Vasetthas, avez un propos, les devas en ont un autre."

"Alors, Vénérable, quel est le propos des devas?" "Le propos des devas, Vasetthas, est celui-ci : 'Le Vénérable* Maha Kassapa est en route de Pava () à Kusinara () de même qu'une grande compagnie de cinq cent bhiksus. Ne permettons pas que le bûcher du Bhagavat soit allumé avant que le Vénérable* Maha Kassapa n'ait rendu hommage aux pieds du Béni du Ciel.'"

"Comme le voudront les devas, Vénérable, qu'il en soit ainsi."

30. Et le Vénérable* Maha Kassapa s'approcha du bûcher du Bhagavat, au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, dans Kusinara (). Et il arrangea sa robe supérieure sur une épaule, et avec ses mains jointes élevées en salutation, il marcha trois fois autour du bûcher, tenant son côté* droit envers le corps du Bhagavat, et il rendit hommage aux pieds du Bhagavat. Et il en alla de même des cinq cent bhiksus.

Et quand le Vénérable* Maha Kassapa et les cinq cent bhiksus eurent rendu hommage, le bûcher du Bhagavat éclata en flammes de lui-même.

31. Et il se produisit que quand le corps du Bhagavat eut été brûlé, on ne vit ni cendres ni particules de ce qui avaient été peau, tissus, chair, nerfs, ou fluides; seuls restèrent des os. Tout comme lorsque on brûle du beurre clarifié ou de l'huile, cela ne laisse ni particules ni cendres derrière, de même quand le corps du Bhagavat eut été brûlé, ni cendres ni particules ne purent être vues de ce qui avaient été peau, tissus, chair, nerfs, et fluides; seuls restèrent des os. Et des cinq cent enveloppes de lin, seuls deux ne furent pas consumées, la plus intérieure et la plus extérieure.

32. Et quand le corps du Bhagavat eut été brûlé, de l'eau plut du ciel et éteingnit le bûcher du Bhagavat, et des arbres shala de l'eau sortit, et les Mallas de Kusinara apportèrent de l'eau parfumée avec plusieurs sortes de parfums, et eux aussi éteignirent le bûcher du Bhagavat.

Et les Mallas de Kusinara déposèrent les reliques du Bhagavat dans leur salle du conseil, et les entourèrent d'un treillis de lancent et les encerclèrent d'une clôture d'arcs; et là pendant sept jours ils rendirent hommage aux reliques du Bhagavat avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et montrèrent respect, honneur, et vénération aux reliques du Bhagavat.

Partition des Reliques

33. Alors le roi de Magadha, Ajatashatru, fils de la reine Videhi, vint à savoir qu'à Kusinara () le Bhagavat avait trépassé. Et il envoya un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était de la caste des guerriers, et je le suis aussi. Je suis digne de recevoir une portion des reliques du Bhagavat. Je vais ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur."

34. Et les Licchavis de Vesali vinrent à savoir qu'à Kusinara () le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Bhagavat. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur."

35. Et les Sakyas de Kapilavatthu vinrent à savoir qu'à Kusinara () le Bhagavat avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était le plus grand de notre clan. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur."

36. Et les Bulis de Allakappa vinrent à savoir qu'à Kusinara () le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Bhagavat. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur."

37. Et les Kolis de Ramagama vinrent à savoir qu'à Kusinara () le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Bhagavat. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur."

38. Et le brahmane Vethadipa vint à savoir qu'à Kusinara () le Béni du Ciel avait trépassé. Et il envoya un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était de la caste des guerriers, et je suis un brahmane. Je suis digne de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Je vais ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur."

39. Et les Mallas de Pava () vinrent à savoir qu'à Kusinara () le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Bhagavat. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur."

40. Mais quand ils entendirent ces paroles, les Mallas de Kusinara s'adressèrent à l'assemblée, en disant : "Le Bhagavat est décédé dans notre bourgade. Nous ne nous séparerons d'aucune portion des reliques du Bhagavat." Alors le brahmane Dona s'adressa à l'assemblée, en disant :

"Un mot de moi, je vous prie, d'écouter!
Notre Bouddha nous a toujours enseigné à nous garder;
Inconvenant ce serait si querelle survenait
Et guerre et sang versé, à propos de la garde
De ses restes, qui fut le meilleur des hommes!
Mettons nous tous, en amitié d'accord
Pour partager huit portions - en sorte que de tous côtés
Des stupas puissent surgir, et que les voyant, l'humanité
La foi dans le Parfaitement-Éveillé puisse trouver!"
"Qu'il en soit ainsi, brahmane! Divise toi-même les reliques en huit égales portions."

Et le brahmane Dona dit à l'assemblée : "Qu'il en soit ainsi." Et il divisa justement en huit égales portions les reliques du Bhagavat, et ayant ainsi fait, il s'adressa à l'assemblée, en disant : "Que cette urne me soit donnée. Sur cette urne je vais ériger un stupa, et en son honneur je vais tenir un festival." Et l'urne fut donnée au brahmane Dona.

41. Alors les Moriyas de Pipphalivana vinrent à savoir qu'à Kusinara () le Bhagavat avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant : "Le Bhagavat était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Bhagavat. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Bhagavat et tenir un festival en leur honneur." "Il ne reste aucune portion des reliques du Bhagavat; les reliques du Béni du Ciel ont été partagées. Mais prenez d'ici les cendres." Et ils prirent de là les cendres.

42. Et le roi de Magadha, Ajatashatru, fils de la reine Videhi, érigea un stupa sur les reliques du Bhagavat à Rajagriha (), et en leur honneur tint un festival. Les Licchavis de Vesali érigèrent un stupa sur les reliques du Bhagavat à Vesali, et en leur honneur tinrent un festival. Les Sakyas de Kapilavatthu érigèrent un stupa sur les reliques du Bhagavat à Kapilavatthu, et en leur honneur tinrent un festival. Les Bulis de Allakappa érigèrent un stupa sur les reliques du Bhagavat à Allakappa, et en leur honneur tinrent un festival. Les Kolis de Ramagama érigèrent un stupa sur les reliques du Bhagavat à Ramagama, et en leur honneur tinrent un festival. Le brahmane Vethadipa érigea un stupa sur les reliques du Bhagavat à Vethadipa, et en leur honneur tint un festival. Les Mallas de Pava () érigèrent un stupa sur les reliques du Bhagavat à Pava (), et en leur honneur tinrent un festival. Les Mallas de Kusinara érigèrent un stupa sur les reliques du Bhagavat à Kusinara (), et en leur honneur tinrent un festival. Le brahmane Dona érigea un stupa sur l'urne, et en son honneur tint un festival. Et les Moriyas de Pipphalivana érigèrent un stupa sur les cendres à Pipphalivana, et en leur honneur tinrent un festival.

Il se produisit donc qu'il y eut huit stupas pour les reliques, un neuvième pour l'urne, et un dixième pour les cendres.

Et ainsi il en alla dans les jours anciens.

43. Huit portions il y eut de ses reliques,
Celui-qui-Voit-Tout, le plus grand des hommes.
Sept dans Jambudipa sont honorées, et une l'est
Dans Ramagama, par les rois de la race des Nagas.
Une dent est honorée dans le ciel de Tavatimsa,
Une l'est dans le royaume de Kalinga, et une par les rois Nagas.
De leur clarté cette terre généreuse
De ses vraiment excellents cadeaux est dotée;
Car ainsi les reliques de Celui-qui-Voit-Tout sont le mieux honorées
Par ceux qui sont dignes d'honneurs - par dieux et Nagas
Et seigneurs des hommes, oui, par le meilleur de l'humanité.

Rendez hommage à mains jointes! Car dur effectivement c'est à travers des centaines d'âges de rencontrer un Parfaitement-Éveillé! (réf.)

 

Voir d'autres versions du Sutra du Nirvana

Pali (en français):

Parinibbāna de Bouddha

Extraits du Maha-parinibbāna Sutta (DN 16) «Les Derniers Jours du Bouddha »

Mahayana (en anglais)

The Mahayana Mahaparinirvana Sutra (les 7 premiers chapitres)

 

 

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