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Extraits de gosho sur |
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affliction - affliger - peine |
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Pourtant,
parce que je suis resté fidèle au Sutra du Lotus,
j'ai été insulté, calomnié, battu et banni.
En pensant à ces persécutions, je crois pouvoir être
comparé aux grands sages qui se sont brûlé le bras,
écrasé la moelle ou qui ont risqué sans hésiter
la décapitation. C'est pourquoi j'éprouve une joie immense.
Le second point important est que je ressens une peine profonde.
Il est dit, dans le quatrième volume du Sutra du Lotus : "Si une personne mauvaise, à l'esprit égaré,
apparaissait devant le Bouddha et le calomniait sans cesse pendant tout
un kalpa, son crime serait relativement
faible. Mais ceux qui prononceraient, ne serait-ce qu'un seul mot malveillant
à l'encontre d'un moine ou d'un laïc qui lit et récite
le Sutra du Lotus, commettraient un crime très grave."(réf.) Quand je lis
ce passage et d'autres semblables, mon corps se couvre de sueur et mes
larmes coulent comme pluie. Je me désole
en pensant que, en étant né dans ce pays, je suis responsable
du mauvais karma de tant de Japonais, le pire karma qu'ils puissent créer
en une vie.
Il suffit
de comprendre, une fois pour toutes, que même le remède du
Dharma offert par les sutras
Kegon*,
Hodo*
et Daibon ne peut pas
guérir la maladie grave affligeant les personnes
dans ces deux états d'auditeurs-shravakas et pratyekabuddhas. De la passion
du roi de Chu pour la déesse, il resta au matin une traînée
nuageuse, et la douleur de Liu, au souvenir de sa rencontre avec une visiteuse
immortelle, s'apaisa à la vue de ses descendants à la septième
génération. Mais où une personne telle que moi pourrait-elle
trouver soulagement à sa peine ? Je me souviens
du poète des temps anciens qui, parce qu'il n'était qu'un
humble montagnard, espérait échapper peut-être à
une telle tristesse. Maintenant, récoltant mes pensées comme
les gens de Naniwa ramassent les
algues pour en extraire du sel, je leur donne forme avec un pinceau pour
que les gens des époques à venir les gardent en mémoire. Plus tard
encore, dans la première année de l'ère Bun'ei
[1264], signe cyclique kinoe-ne,
le cinquième jour du septième mois, une comète apparut
à l'est, et son éclat fut perçu dans tout le Japon.
Il s'agissait d'un mauvais présage tel qu'on n'en avait jamais
vu dans l'histoire. Aucun savant, spécialiste des écrits
bouddhiques comme non bouddhiques, ne pouvait comprendre ce qui avait
provoqué un présage aussi effrayant. J'en devins encore
plus affligé et peiné. Dites aux
jeunes moines de ne pas négliger l'étude. Ne vous affligez
pas trop de mon exil. Les chapitres Kanji*
(XIII) et Fukyo (XX)
établissent clairement [que le pratiquant du Sutra du Lotus
rencontrera des persécutions]. Notre vie est limitée, et
nous ne devons pas la ménager. Le but auquel nous aspirons, en
définitive, est la Terre
de Bouddha. On lit dans
le Sutra Hatsunaion : "Hommes de foi sincère, parce que vous avez commis d'innombrables
offenses et accumulé un
lourd mauvais karma par le passé, attendez-vous à subir
la rétribution de tout ce que vous avez fait. Vous serez peut-être
méprisé, affligé d'une laide apparence,
pauvrement vêtu, vous pourrez manquer de nourriture, rechercher
la richesse en vain, naître dans une famille pauvre ou pratiquant
une religion erronée, ou être persécuté par
votre souverain. C'est grâce aux bienfaits
obtenus en protégeant le Dharmaque l'on peut alléger
ses souffrances et ses rétributions en cette vie." Parce que
je suis convaincu de cela, je ressens une joie sans limite, malgré
mon exil présent. On verse des larmes dans la joie comme dans la
peine. Les larmes expriment notre émotion devant
les bienfaits comme devant l'infortune.
On lit dans
le Sutra Daiengaku shutara ryogi : "Les illusions et
l'obscurité fondamentale affligeant tous les êtres
vivants depuis le temps sans commencement
se produisent toutes dans le coeur des bouddhas parfaitement éveillés
au Dharma." Le peuple
tout entier en vint à s'opposer au Dharma bouddhique, et les royaumes
voisins entreprirent d'envahir le pays. Et tout cela, uniquement parce
que le roi Ajatashatru avait choisi
pour maître un homme mauvais du nom de Devadatta.
Finalement, le quinzième jour du deuxième mois, tout son
corps se couvrit d'horribles pustules et il fut prédit qu'il mourrait
et tomberait dans l'enfer avici, le
septième jour du troisième mois. Fort affligé
de cela, le Bouddha hésita à entrer dans le nirvana. "Si
je parviens seulement à sauver le roi Ajatashatru,
tous les autres hommes mauvais pourront également être sauvés",
pensa-t-il avec regret. Voir mes prophéties
se réaliser me remplit de joie. Mais, d'un autre côté,
cela me peine profondément. Dans cette vie-ci,
je n'ai commis aucun crime. Je n'ai fait qu'exprimer ma gratitude à
l'égard du pays de ma naissance en m'efforçant de le sauver
du désastre. Mais on n'a pas tenu compte de mes conseils. Comme
je le regrette ! Toutefois,
je n'oublie pas que le nyudo m'a
plusieurs fois sauvé la vie en me cachant dans le corridor de sa
maison, et j'aimerais trouver un moyen de lui exprimer ma reconnaissance.
Pourriez-vous demander à Gakujo-bo de lire le Sutra du Lotus
régulièrement sur sa tombe ? Je ne pense pourtant pas
que cela suffise pour lui faire atteindre la bodhéité.
Dites bien à son épouse, la nonne, quelle grande
peine j'éprouve en pensant à sa solitude et à
sa tristesse.
Parmi toutes
les maladies, les cinq forfaits,
l'incroyance incorrigible des icchantika
et l'opposition au Dharma sont des
maladies graves qui désolent particulièrement le Bouddha.
De nos jours, tous les Japonais, sans exception, sont affligés
du plus sérieux de ces maux, la grave maladie d'une grande opposition
au Dharma. Je pense aux adeptes des écoles Zen,
Nembutsu et Ritsu,
et aux maîtres du Shingon.
Précisément parce qu'elle est d'une telle gravité,
eux-mêmes n'ont pas conscience de leur maladie, et les autres ne
les savent pas malades. Parce que cette maladie empire, d'un moment à
l'autre, des guerriers venus des quatre mers vont attaquer, et le dirigeant,
ses ministres et les gens du peuple seront tous détruits. Assister
à cela sous ses propres yeux est véritablement une chose
douloureuse. Lorsque votre
époux, le seigneur d'Ueno, vous a précédé
dans la mort, encore dans la force de l'âge, votre peine
n'a pas été légère. Si vous n'aviez pas été
enceinte de cet enfant, vous auriez peut-être décidé
de le suivre à travers feu et eau. Mais lorsque cet enfant naquit,
en bonne santé, vous avez senti qu'il était impossible de
mettre fin à vos jours et de confier à quelqu'un d'autre
la tâche de l'élever. Ainsi, vous avez repris courage et
vous avez passé les quatorze ou quinze années suivantes
à élever vos enfants.
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Voir également : adversité - difficulté - entraves - épreuves | |||