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Extraits de gosho sur

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samourai
 

De tous les temples et sanctuaires construits par l'empereur Kammu et par le Grand-maître* Saicho* au Japon, il n'en est plus un seul qui ne propage la doctrine Shingon. Les aristocrates comme les samouraïs invitent les maîtres du Shingon à conduire leurs cérémonies, les considèrent comme des maîtres, leur confèrent des fonctions et leur confient des temples. Et, pour procéder à la cérémonie de consécration des statues ou images du Bouddha, les huit écoles ont toutes recours aux mudra et mantra dharani* se référant au bouddha Vairocana* !
[...] Aujourd'hui, le shogunat de Kamakura est au sommet de sa prospérité. Les moines Shingon du To-ji, ceux du Mont Hiei, du Onjo-ji et des sept temples principaux de Nara, ainsi que les moines de l'école Hokke qui ont oublié les principes de leur propre école et s'opposent au Dharma, tous s'en vont vers l'est, dans la région de Kanto (note), où ils inclinent la tête, plient les genoux et s'efforcent de diverses manières de gagner les faveurs des samouraïs. En retour, ils obtiennent des positions de supérieur ou d'administrateur des divers temples et monastères de montagne. Et ils continuent à prier pour la paix du pays avec le même enseignement maléfique qui a détruit l'autorité de l'empereur ! Le shogun et sa famille, ainsi que les samouraïs qui sont à leur service, croient-ils que, grâce à de telles prières, le pays restera en paix  ? En fait, tant qu'ils utiliseront les services de moines qui provoquent de graves désastres en ignorant l'enseignement du Sutra du Lotus, le pays courra immanquablement à sa perte.
Le choix en fonction du temps (Minobu, 10 juin 1275 ; adressé à Yui)

Je ne suis jamais indifférent au sort des personnes originaires de ma région et je me préoccupe toujours de ce qui leur advient, même si elles m'ont causé des tourments ou traité avec froideur. Mais votre fils Yashiro, par son allure, se distinguait des autres et j'avais été tout particulièrement frappé par son attitude où l'on ne décelait aucune forme d'entêtement. Il faisait partie d'un groupe auquel j'enseignais le Sutra du Lotus [quand je l'ai vu pour la première fois]. De nombreux inconnus étaient présents et je ne lui ai pas parlé. L'exposé fini, tous mes auditeurs sont partis et votre fils a quitté les lieux avec eux. Mais, un peu plus tard, il m'a envoyé un messager chargé de me dire en son nom : "Je suis originaire d'Amatsu, dans la province d'Awa. Depuis l'enfance, j'ai le plus grand respect pour votre dévouement. Ma mère aussi a pour vous la plus grande estime. Pardonnez la liberté que je prends en m'adressant à vous aussi familièrement, mais j'aimerais vous demander conseil en privé. Je sais que je devrais attendre que nous nous soyons vus plusieurs fois, et que nous nous connaissions mieux. Mais, comme je suis au service d'un samouraï, mon temps est limité, et il m'arrive quelque chose d'important. C'est pourquoi, tout en étant pleinement conscient de mon impolitesse, j'aimerais que vous acceptiez me rencontrer." C'est de cette manière courtoise qu'il a sollicité mon avis. Et comme c'était un garçon de mon pays, je l'ai invité chez moi en lui disant qu'il n'était nul besoin de tant de cérémonies. Il m'a parlé longuement de ce qui s'était passé jusqu'au moment de notre rencontre, du passé et de l'avenir. Puis il m'a dit : "Rien n'est permanent en ce monde. Personne ne peut connaître le moment de sa mort. De plus, je mène la vie d'un samouraï et je dois relever un défi de me battre qui m'a été récemment lancé. Mais je redoute ce qui se passera après ma mort. Je vous supplie de m'aider." Je lui ai exposé des passages de sutra. Alors, Yashiro m'a dit avec tristesse : "Je ne peux rien faire pour mon père qui est déjà décédé. Mais je pense que précéder dans la mort ma mère qui est veuve serait un grave manque à la piété filiale. Si quelque chose m'arrivait, demandez à l'un de vos disciples de se rendre auprès d'elle pour la réconforter." C'est ainsi qu'il m'a présenté cette requête avec politesse. Ai-je raison de supposer qu'à ce moment-là rien de malencontreux ne s'est passé mais que par la suite un événement lui a coûté la vie ? [...] Dans votre lettre, vous dites : "Parce que mon fils a tué d'autres êtres humains, j'aimerais que vous me disiez en quelle sorte de lieu il renaîtra dans sa vie prochaine." Une aiguille, posée sur l'eau, coule au fond ; et la pluie ne peut pas rester suspendue au ciel. Ceux qui tuent même une fourmi tomberont en enfer, et même ceux qui ne font que découper des corps morts ne peuvent éviter de tomber dans les mauvaises voies. Comment les conséquences d'avoir tué un être humain pourraient-elles ne pas être encore plus graves  ? Pourtant, même un énorme rocher, si on le place sur un bateau, peut flotter sur la mer ; et l'eau ne peut-elle pas éteindre même un grand incendie  ? Une faute, même légère, entraînera dans les mauvaises voies ceux qui ne s'en repentent pas. Mais même un crime grave, si l'on s'en repent avec sincérité, peut être expié. [...] Même si les enfants commettent le mal, lorsque leurs parents commettent le bien, on pardonne leurs fautes aux enfants. Par conséquent, même si votre fils défunt Yashiro commit de mauvaises actions, si vous, sa mère, vous vous en désolez pour lui et offrez jour et nuit des prières pour son repos au Bouddha Shakyamuni, comment pourrait-il ne pas être sauvé  ? Et puisqu'il avait foi dans le Sutra du Lotus, ce sera plutôt lui qui servira de guide à ses parents.
Lettre à Konichi-bo (Minobu, mars 1276 à la veuve Konichi, mère de Yashiro)

Il y eut autrefois, dans la province de Tsukushi, un daimyo du nom d'Ohashi no Taro. Ayant encouru la disgrâce du shogun, il resta prisonnier pendant douze ans d'une cellule creusée dans les falaises de Yuinohama, près de Kamakura. Le jour où l'on vint l'arrêter, contraint de quitter son domaine de Tsukushi, il dit à son épouse : "Je suis un samouraï portant arc et flèches pour le service de mon seigneur, je ne me plaindrai donc pas d'avoir encouru sa disgrâce. Nous vivons côte à côte depuis notre jeunesse, et maintenant il nous faut nous séparer. C'est pour moi une grande douleur, mais de cela non plus je ne veux pas parler. J'ai toujours regretté que nous n'ayons pas eu d'enfant, ni garçon, ni fille. Et vous venez tout juste de m'apprendre que vous êtes enceinte. Je suis bien malheureux de devoir partir sans même savoir si cet enfant sera une fille ou un garçon  ! Quel regret de penser qu'en grandissant, cet enfant n'aura personne auprès de lui qu'il puisse appeler père. Mais j'ai beau réfléchir, il m'est impossible de rien faire." Ayant dit cela, il partit.
L'histoire d'Ohashi no Taro (Minobu, le 24e jour du 3e mois intercalaire de 1276 à Nanjo Tokimitsu)

Par contre, l'affirmation que le Sutra du Lotus est supérieur aux divers autres sutras ne s'appuie pas sur les propos des Maîtres de doctrine* mais sur le texte du Sutra lui-même. Ceci est comparable à un souverain affirmant sa supériorité sur ses sujets, ou à un guerrier rappelant à un homme de basse condition qu'il ne fait pas partie de la classe des samouraïs. Quel mal y a-t-il à cela  ? Le Sutra du Lotus est le sutra qui correspond à la véritable intention du Bouddha. C'est le point central que saisirent Zhiyi* et Zhanlan*. Parvenir directement à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus (Minobu, mars 1277 ? à Myoho-ama)

Lorsqu'il apprit cela, le sage Nichiren déclara : "Il faut, d'une manière ou d'une autre, que je parvienne à l'arracher à son arrogance et à ses illusions, et à lui épargner l'agonie dans l'enfer avici." En l'entendant dire cela, ses autres disciples et moi, Yorimoto, inquiets, lui avons conseillé : "Nous savons bien que vos paroles sont motivées par une profonde bienveillance, et par votre respect du Sutra du Lotus ; mais puisque le moine Ryokan est révéré dans le Japon entier, et en particulier par les samouraïs de Kamakura, peut-être devriez-vous éviter de le contredire de manière trop radicale... "
[...] Il dit aussi : "Ceux qui détruisent le Dharma bouddhique ou l'obscurcissent sont des ennemis du Dharma. Si sachant qu'une personne s'oppose au Dharma on reste amical à son égard, sans avoir la bienveillance de la corriger, on est en fait son ennemi. Mais celui qui réprimande et corrige une telle personne comprend et défend le Dharma (...) il libère de son erreur la personne qui offense le Dharma, et agit ainsi comme un parent à son égard."(réf.) Les autres samouraïs de mon rang penseront peut-être que moi, Yorimoto, je manque aux convenances envers vous, mais en tout autre domaine, dans la vie profane, j'obéirais scrupuleusement aux ordres de mon seigneur et de mes parents.
[...] M'apercevant de ces erreurs, à mon modeste niveau, j'ai eu l'audace de les porter à votre attention. Ceux qui sont au service d'un seigneur le respectent tous, chacun selon son rang. Si, pour ma part, sachant mon seigneur en danger, dans cette vie-ci comme dans la suivante, je m'abstenais de le lui dire, par crainte des samouraïs de mon rang, ou du monde en général, ne serais-je pas autant que vous coupable d'opposition au Dharma ?
Lettre de pétition de Yorimoto (Minobu, le 25 juin 1277, requête au seigneur Ema au nom de Shijo Kingo)

La plupart des participants commencèrent à partir, et Homma Rokuro Zaemon et ses hommes s'apprêtèrent à faire de même. C'est alors que j'ai appelé Homma, en indiquant que je voulais lui parler. Quand le seigneur revint de l'autre bout du jardin, je lui demandai à quel moment il se rendrait à Kamakura. Il me répondit que ce serait probablement vers juillet, quand ses fermiers auraient fini les travaux des champs. Je lui dis alors : "Un samouraï doit être toujours prêt, aux moments périlleux, à prendre arc et flèches pour porter secours à son seigneur et cela lui vaut des terres en récompense. C'est sa manière à lui de cultiver les champs. La guerre est imminente à Kamakura. Allez-y vite, distinguez-vous dans la bataille et vous recevrez de nouvelles terres. Vos guerriers sont réputés dans la province de Sagami. Si vous restez à la campagne à cultiver vos rizières et vos champs et si vous arrivez trop tard pour la bataille, ce sera pour vous une grande honte." Homma partit en toute hâte, sans rien dire de ses intentions. Ne participez plus à aucune réunion. La nuit, soyez vigilant. Soyez en bons termes avec les gardiens de nuit (note) et demandez-leur leur aide. Vous devriez toujours rester en leur compagnie. Si vous n'êtes pas à nouveau expulsé par votre seigneur, il y neuf chances sur dix pour que les samouraïs de votre clan essaient d'attenter à votre vie. Quoi qu'il arrive, n'encourez jamais une mort pitoyable.
Mise en garde contre l'attachement à son domaine (Minobu, juillet 1277, à Shijo Kingo)

Comme je l'ai souvent dit, un mérite invisible entraîne une rétribution apparente. Les autres samouraïs de votre clan ont eu beau vous calomnier auprès de votre seigneur, et même ce dernier croire [un instant] à leurs accusations, parce que, depuis des années, vous avez sincèrement souhaité le salut de votre seigneur dans sa vie prochaine, vous avez pu obtenir ce bienfait. Et ce n'est là qu'un début : soyez convaincu que votre grande rétribution est encore à venir.
Mérite invisible et rétribution apparente (Minobu, avril 1278 à Shijo Kingo   ? )

Moi [Nichiren], je suis arrivé à la conclusion, après avoir ré-examiné cet incident, que le camp de la cour impériale a perdu la guerre parce qu’ils ont adressé des prières selon les principes de l’école Shingon qui sont erronés, mensongers et déviés. Même s’il n’y avait eu qu’une personne pour offrir une prière à une loi aussi peu fiable, cette prière pourrait causer un tel désastre que même une nation pourrait être ruinée – à plus forte raison quand le dirigeant adresse des prières, à l’unisson avec 300 moines, au Dharma de l’école Shingon qui considère le Sutra du Lotus comme son plus grand ennemi  ! C’était une conséquence inévitable que le camp de la cour impériale ait été battu. Les années passant, les enseignements erronés de l’école Shingon qui ont causé la catastrophe, se sont progressivement répandus dans la région de Kanto, où les moines du Shingon, devenus des administrateurs de grands temples, ont commencé à propager leur enseignements erronés. Dans cette région, la plupart des gens qui sont issus de samouraïs rustres n’ont ni la connaissance, ni la capacité pour comprendre la différence entre enseignements véritables et enseignements faux, mais ils croient simplement que les Trois trésors, - le Bouddha, le Dharma et le Sangha, devraient être respectés. Ainsi, ils sont devenus naïvement des fidèles de l’école Shingon.
Questions - réponses concernant l’objet de vénération (Minobu,  septembre 1278 à Joken-bo)

Votre foi en l'enseignement de Nichiren vous a valu l'inimitié de tous les Japonais, celle de tous les habitants de Kamakura aussi bien que des serviteurs de votre seigneur et des membres du clan. Que vous restiez ainsi fidèle à votre foi était déjà difficilement compréhensible. Que vous n' ayez pas été exclu du clan de votre seigneur était également mystérieux. Qui plus est, à chaque fois qu'un domaine vous était proposé, invariablement, vous le refusiez. Ces refus devaient paraître bien étranges aux samouraïs de votre rang, et votre comportement aurait pu irriter votre seigneur !
[...] Les autres samouraïs, comme vos proches, vous avaient abandonné et tourné en ridicule. L'octroi d'un fief quel qu'il soit, même inférieur à Tono'oka, aurait donc pu paraître une bonne chose. Or, votre nouveau domaine est trois fois plus étendu. Même si vous en trouvez la terre mauvaise, ne vous en plaignez à personne, ni aux autres ni à votre seigneur. Si vous dites, en toutes circonstances, que vous trouvez ces terres excellentes, il n'est pas impossible que, par la suite, votre seigneur vous en octroie de nouvelles. Mais si vous dites que vous les trouvez pauvres et d'un maigre rapport, le ciel et les hommes, inévitablement, vous abandonneront. Soyez bien conscient de cela.
[...] Ce qui vous arrive est de même nature. Vos frères vous ont abandonné, vos compagnons samouraïs vous ont détesté, vous avez été persécuté par les membres de votre clan, et haï à travers tout le Japon. Pourtant, le 12e jour du 9e mois de la 8e année de Bun'ei, entre l'heure du Rat et celle du Boeuf* (note) alors que moi, Nichiren, j'avais encouru la disgrâce des autorités, vous m'avez accompagné, de Kamakura à Echi dans la province de Sagami, en tenant fermement mon cheval par la bride. Parce que, dans le monde entier, il n'y eut jamais plus valeureux défenseur du Sutra du Lotus que vous, Bonten et Taishaku n'ont probablement pas pu se résoudre à vous abandonner.
L'octroi d'un nouveau domaine (Minobu, octobre 1278, à Shijo Kingo)

Mais le Grand-maître* Kukai* n'accorde au Sutra du Lotus que la troisième place, tandis que le Grand-maître* Ennin* le classe au deuxième rang, et le Grand-maître* Enchin* suit sur ce point Ennin*. C'est pourquoi, à présent, quand les moines du Mont Hiei, ceux des temples To-ji et Onjo-ji, ont sous les yeux le Sutra du Lotus, ils lisent bien le passage affirmant qu'il est de tous les sutras le plus élevé, mais, même en lisant cela, ils pensent, en réalité, que le Sutra du Lotus n'occupe que le deuxième ou troisième rang. Les nobles et les samouraïs ne savent pas précisément tout cela. Mais puisque les moines éminents qui les guident dans la foi partagent tous cette opinion, les disciples laïques et leurs maîtres commettent la même erreur.
Lettre à Akimoto (Minobu, le 27 janvier 1280, à Akimo to)

Si quelqu'un, né dans une famille de roturiers, se prétendait aussi noble qu'un samouraï, il serait nécessairement puni. A plus forte raison s'il disait : "Je suis du même rang que le souverain du pays, et même supérieur à lui"  ! Non seulement il serait puni, mais ses parents, son épouse et ses enfants en souffriraient aussi. C'est comparable à un grand incendie détruisant des maisons, ou bien à un grand arbre qui, en tombant, entraîne également dans sa chute les arbustes qui l'entourent.
Réponse à la mère du seigneur d'Ueno (Minobu, octobre 1280 à la mère de Nanjo Tokimitsu)

Pour revenir à vous, Ueno Shichiro Jiro, vous êtes un simple mortel, à l'époque des Derniers jours du Dharma, et vous êtes né dans une famille de samouraïs  ; on pourrait vous considérer comme un homme mauvais, et pourtant votre coeur est celui d'un homme bon. Parce que tous, du plus puissant au plus humble, refusent d'avoir foi en mes enseignements. Ils harcèlent le petit nombre des croyants, leur imposent de lourdes taxes ou confisquent leurs domaines, leurs rizières et leurs champs, et même, dans certains cas, les mettent à mort. Il est donc difficile de croire en mes enseignements, et pourtant votre mère et votre défunt père ont eu le courage d'y adhérer.
La preuve du Sutra du Lotus (Minobu, 28 février 1282 à Nanjo Tokimitsu)

 

 

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