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Extraits de gosho sur |
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Yuinohama
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J'ai voulu
faire savoir aux gens que des événements d'une gravité
sans précédent étaient sur le point de se produire
en ce monde du Jambudvipa.
J'ai donc rédigé un ouvrage, le Rissho
Ankoku ron et l'ai présenté à sa seigneurie
le nyudo de Saimyo-ji. Dans ce
texte, je disais principalement : "Ce phénomène d'une
gravité exceptionnelle [le grand tremblement
de terre] présage que notre pays est sur le point d'être
envahi et détruit par un pays étranger. Il en sera ainsi
parce que les moines du Zen, du Nembutsu et d'autres écoles veulent
faire disparaître le Sutra du Lotus. Si ces moines ne
sont pas décapités et leur tête jetée sur
la plage de Yuinohama à Kamakura (note),
ce pays sera détruit." La deuxième
fois, ce fut le douzième jour du neuvième mois, dans la
huitième année de l'ère Bun'ei (1271), à l'heure du Singe
[entre 15h et 17h]. J'ai dit au magistrat Hei
no Saemon : "Nichiren est le pilier et la poutre du Japon.
Si vous perdez Nichiren, ce sera comme si vous détruisiez les
piliers et les poutres du Japon. Peu après surviendront les désastres
des "luttes intestines" et de " l'invasion étrangère
". Non seulement les habitants de ce pays seront tués, mais
beaucoup d'entre eux seront aussi faits prisonniers. Il faudrait faire
brûler jusqu'à la dernière pierre tous les temples
du Nembutsu et du Zen, Kencho-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, Daibutsu-den et Choraku-ji,
et conduire les maîtres de ces écoles sur la plage de Yuinohama pour les décapiter (note). Sinon, il est certain que
le Japon sera détruit ! " Le 2e mois
de l'année dernière, j'ai été gracié,
et le 13e jour du 3e mois j'ai quitté la province de Sado pour arriver à Kamakura le 26e jour du même mois. Le 8e jour du 4e mois, j'ai rencontré Hei no Saemon. Il m'a posé
plusieurs questions au cours de la discussion, et m'a demandé : "Quand les Mongols lanceront-ils une invasion contre le Japon ? " Je lui
ai répondu : "Cette année. Et si vous abandonnez Nichiren,
personne ne pourra sauver le Japon ! Pour le salut du pays, ce
sont tous les moines du Nembutsu,
du Zen, du Ritsu et d'autres écoles du Japon
qu'il aurait fallu faire décapiter, en exposant leurs têtes
sur la plage de Yuinohama.
Mais maintenant, il est sans doute déjà trop tard." Il y eut
autrefois, dans la province de Tsukushi,
un daimyo du nom d'Ohashi
no Taro. Ayant encouru la disgrâce du shogun,
il resta prisonnier pendant douze ans d'une cellule creusée dans
les falaises de Yuinohama,
près de Kamakura. Le
jour où l'on vint l'arrêter, contraint de quitter son domaine
de Tsukushi, il dit à
son épouse : "Je suis un samouraï portant arc et flèches pour le service de mon seigneur, je ne
me plaindrai donc pas d'avoir encouru sa disgrâce. Nous vivons
côte à côte depuis notre jeunesse, et maintenant
il nous faut nous séparer. C'est pour moi une grande douleur,
mais de cela non plus je ne veux pas parler. J'ai toujours regretté
que nous n'ayons pas eu d'enfant, ni garçon, ni fille. Et vous
venez tout juste de m'apprendre que vous êtes enceinte. Je suis
bien malheureux de devoir partir sans même savoir si cet enfant
sera une fille ou un garçon ! Quel regret de penser qu'en
grandissant, cet enfant n'aura personne auprès de lui qu'il puisse
appeler père. Mais j'ai beau réfléchir, il m'est
impossible de rien faire." Ayant dit cela, il partit. Pour finir j'ai crié : "Si je dois être exécuté
ce soir et accéder à la Terre
pure du Pic du Vautour, je
rapporterai immédiatement au Bouddha Shakyamuni que Tensho
Daijin* et Hachiman ont trahi la promesse qu'ils lui avaient faite. Si cela vous semble
insupportable, vous feriez mieux d'agir sans tarder ! " Puis,
ayant dit ce que j'avais à dire, je suis remonté à
cheval. Alors que
le cortège passait à la hauteur du sanctuaire de la plage
de Yuinohama, j'ai parlé
à nouveau : "Arrêtez-vous un instant, messieurs, j'ai
un message à faire porter à quelqu'un qui vit près
d'ici."
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