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Extraits de gosho sur |
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Taira no Masakado |
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Sadato a combattu douze ans mais fut vaincu, Masakado lutta huit ans mais s’effondra. Le Roi-Démon
du sixième Ciel et son armée de dix régiments
ont mené une bataille contre le Pratiquant
du Sutra du Lotus sur la mer de la vie
et de la mort, en ce monde souillé de Saha, où résident à la fois les sages et les simples mortels. Mononobe
no Moriya fit incendier des temples et des pagodes, et le nyudo Kiyomori fit détruire les temples Todai-ji et Kofuku-ji, mais les gens
de leur clan n'ont pas nourri de haine à leur égard. Masakado et Sadato se rebellèrent
contre l'empereur et le Grand-maître* Saicho* fut détesté par les moines des sept
temples de Nara, mais il ne fut pas en butte à la haine des
moines, des nonnes, des croyants et croyantes laïques du Japon
tout entier. J'ai fait alors cette prédiction : "Notre pays subira
deux effroyables désastres, la guerre civile et l'invasion étrangère.
La première aura lieu à Kamakura,
et prendra la forme de luttes intestines (note) parmi les
descendants de Hojo Yoshitoki.
La seconde peut venir de partout, mais la plus violente proviendra de
l'ouest. Elle ne se produira que pour une seule raison : parce que toutes
les écoles bouddhiques du Japon sont erronées, et, par conséquent, Bonten et Taishaku ordonneront à
des pays étrangers de nous attaquer. Tant que le pays refusera
de tenir compte de mes avis, il sera certainement vaincu, même
s'il y a cent, mille, ou même dix mille généraux
aussi braves que Masakado, Sumitomo, Sadato, Toshihito ou Tamura. Pourtant,
des moines comme Shubhakarasimha* de l'école Shingon et
les maîtres du Zen ont trahi
cette règle et dénigré le Sutra du Lotus.
La nation japonaise tout entière s'est convertie à leurs
enseignements, s'égarant dans des voies erronées de la
même manière qu'elle s'était laissé tromper
par Masakado et Sadato.
Le pays se trouve maintenant au bord de la ruine parce qu'il est devenu,
depuis des années, l'ennemi juré du Bouddha Shakyamuni,
du bouddha Taho et des bouddhas
des dix directions. Ainsi, ce bien mineur du Nembutsu a des conséquences encore plus graves que les cinq
forfaits. C'est comparable
à Masakado qui, à
l'ère Shohei, prit le contrôle
de huit provinces de la région de Kanto, ou à Sadato qui, à l'ère Tenki, s'empara de la région d'Oshu.
Ayant soulevé les habitants de leur région contre le souverain,
ces hommes furent déclarés ennemis de la cour et furent
finalement vaincus. Leurs complots et rebellions eurent des effets pires
encore que les cinq forfaits. Au cours
du règne de quatre-vingt-onze souverains
humains sur notre pays, vingt-six personnes fomentèrent des
rebellions. Parmi elles, il y eut notamment le prince Oyama et Oishi no Omaru, ainsi que Masakado, Sumitomo et le "mauvais ministre de la Gauche".
Quand ces hommes se réfugièrent dans les forêts
montagneuses de Yoshino ou en bordure de la rivière Totsu, ou
lorsqu'ils allèrent se cacher dans les marais avoisinant Tsukushi et Chinzei, les natifs de toutes les îles de la région
et les guerriers de chaque village alentour voulurent les attaquer.
Mais les sages éminents, les moines, les nonnes des divers temples
et sanctuaires et les simples montagnardes ne les considéraient
pas comme des ennemis personnels. Fan
Kuai et Chang-Liang, Taira no
Masakado et Fujiwara no Sumitomo n'ont jamais fait preuve de lâcheté, car ils avaient un
profond sens de l'honneur et la disgrâce leur était odieuse.
Pourtant le déshonneur dans cette vie n'est rien. Ce qui compte,
c'est le déshonneur qui apparaît dans la vie prochaine. Masakado fut un général célèbre pour son courage et
sa maîtrise de l'art de la guerre ; pourtant il fut vaincu
par les armées de l'empereur. Même Fan-Kuai et Chang-Liang connurent leurs
échecs. Seule la croyance importe vraiment. Nichiren aura beau prier
pour vous avec ferveur, si vous manquez de foi, ce sera comme essayer
de faire du feu avec du bois mouillé. Efforcez-vous de faire surgir
le pouvoir de la foi. Il y avait
autrefois au Japon deux grands clans de guerriers, les Minamoto et les Taira. Ils montaient la
garde comme deux chiens fidèles aux portes du palais impérial.
Ils gardaient l'empereur avec autant de ferveur qu'un bûcheron
admire la lune d'été s'élevant au-dessus des montagnes.
Ils s'émerveillaient des soirées élégantes
données par les nobles de la cour et leurs dames, comme les singes
dans leurs arbres s'extasient devant la lune et les étoiles brillant
dans le ciel. Bien que de condition modeste, ils brûlaient du
désir de se mêler, d'une manière ou d'une autre,
aux cercles de la cour. Pourtant, bien que Sadamori du clan Taira eut écrasé
la rébellion de Masakado il ne fut pas admis à la cour, pas plus que ses descendants,
parmi lesquels figurait pourtant l'illustre Masamori.
C'est Tadamori, le fils de ce
dernier, qui fut le premier de son clan à y être admis. Tant
que l'on ne rencontre aucun adversaire, on est libre de parler et d'agir
de façon aussi fallacieuse et insensée qu'on le veut.
Par exemple, avant que Sadamori et Yoriyoshi ne se manifestent, on dit
que Masakado et Sadato parvenaient
à gouverner leurs domaines, et que leurs épouses et enfants
vivaient en sécurité. Si rien ne fait obstacle, la rosée
s'évapore vers le ciel et la pluie tombe sur la terre. Mais un
vent contraire peut renvoyer la pluie vers le ciel et, lorsque le soleil
se lève, la rosée peut retomber à terre. Parce que vous avez si vigoureusement
protégé les paysans d'Atsuhara,
les gens de ce pays vous considèrent comme un traître,
comme Masakado à l'ère
Shohei (931-938) ou comme Sadato à l'ère Tengi (1053-1058). Tout cela ne vous arrive que
parce que vous avez consacré votre vie au Sutra du Lotus.
Le ciel ne vous regarde en aucune manière comme un homme qui
a trahi son seigneur. |
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