Les disciples laïcs de Nichiren 6 - Ryoke-no-ama et Nii-ama Rév. Kanji Tamura, Associate Professor, Rissho Universityhttp://www.nichiren-shu.org/newsletter/nichirenshu_news/NichirenSN172.pdf |
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D'après la tradition, Nichiren aurait été le fils du régisseur du domaine
de "Tohoku-no Sho" dans la province d'Awa.
Les seigneuries (domaines privés) avaient vu le jour au cours de la période
Nara (710-794). Ryoke-no-ama, épouse du seigneur du lieu, était une
nonne laïque qui, sous l'influence de
Nichiren, avait adopté la foi dans le Sutra du Lotus. A peu près à l'époque où Nichiren établissait son école
bouddhiste et instaurait la récitation du daimoku,
Tojo Kagenobu, un seigneur local du comté
de Tojo, avait tenté d'envahir le territoire voisin de Tohoku-no Sho appartenant
à la famille Ryoke. Kagenobu, adepte du bouddha Amida,
essayait de convertir les moines des temples Seichoji
et Futama-dera situés dans le comté de Tojo. Solidaire de la famille Ryoke,
Nichiren aida celle-ci à gagner le procès qui lui permettrait de conserver
sa terre et participa à la réduction de l'influence de Kagenobu dans les
deux temples. Nichiren n'était pas seulement un moine érudit, il était également bien
au courant des procédures judiciaires. On dit qu'il fut chargé de régler
certains différends au sein du temple de Seichoji. Débouté, Kagenobu devint un ennemi acharné de Nichiren.
Le onzième mois de 1264, il fomenta une attaque contre Nichiren à Komatsubara
(actuellement Kamogawa). Le couple Ryoke et les parents de Nichiren étant
très liés en tant que seigneurs et vassaux, à la suite de ces événements,
l'épouse de Ryoke et sa fille (ou belle-fille ?) devinrent de fidèles
disciples de Nichiren. Ce dernier nomma la mère « O-ama (nonne aînée)
» et la fille « Nii-ama (nouvelle nonne) ». Plus tard, le dixième mois de 1271, Nichiren fut exilé sur l'île de Sado à la suite de l'annulation de son exécution à Tatsunokuchi (Kamakura). Le groupe de ses disciples fut victime d'une grave persécution de la part de Hei no Yoritsuna associé à d'autres personnalités du shogunat de Kamakura. Au cours de ces événements dramatiques, Nichiren dispensa de nombreux encouragements à ses disciples et amis. O-ama Ryoke abandonna la foi dans le Sutra du Lotus
alors que Nii-ama continua à envoyer des dons à Nichiren sur l'île de
Sado. Celui-ci fut profondément touché de la constance de la jeune femme.
Nichiren fut gracié le troisième mois de 1274 et revint à Kamakura
d'où il envoya un avertissement au shogunat sur l'imminence de l'invasion
mongole avec une troisième admonestation concernant la pratique bouddhique
erronée. Sachant que son action était dangereuse et vaine, il se retira
au Mont Minobu le cinquième mois de
la même année. Au cours du deuxième mois de l'année suivante, Nichiren reçut au Mont Minobu des algues* séchées de la part de Nii-ama et O-ama. Dans une lettre de remerciements à Nii-ama, Nichiren écrit :
Cette lettre exprime ses sentiments complexes d'avoir reçu des dons de la part de O-ama qui avait abandonné la foi dans le Sutra du Lotus. Puis il décrit les conditions géographiques du Minobu dans sa lettre de remerciements à Nii-ama :
Nichiren décrit les environs du Mont Minobu comme s'il les observait en vue aérienne. Les femmes, qui vivaient dans la péninsule de Boso, pouvaient ainsi se faire une idée du sévère paysage montagneux dans lequel vivait Nichiren. Celui-ci est encore décrit plus loin dans la lettre :
Dans cette lettre de remerciements, on perçoit toute la nostalgie de Nichiren, loin de sa région natale. Refus de donner un Gohonzon à Ryoke-no-ama A Ichinosawa, sur l’île de Sado,
Nichiren écrivit le Kanjin Honzon-sho
(Traité sur le Véritable Objet de Vénération), l’un de ses traités
majeurs, dans lequel il se présente comme un bodhisattva missionné
par le Bouddha Atemporel pour propager son enseignement dans notre monde
lors des Derniers jours du Dharma. S'appuyant
sur cette prise de conscience, il inscrivit pour la première fois un Gohonzon
(Objet de Vénération) sous la forme d’un mandala.
Par la suite, il confia ces mandalas à plusieurs de ses disciples. Il
existe à ce jour plus de 120 mandalas, authentifiés comme étant inscrits
de la main de Nichiren. Comme plusieurs pratiquants de sa connaissance avaient reçu ces mandalas, Ryoke-no-ama en demanda un pour elle. Cependant Nichiren refusa de le lui donner, bien qu’il eût sérieusement hésité. En effet, Ryoke-no-ama était l’épouse d’un daimyo qui avait beaucoup aidé Nichiren ainsi que les parents de celui-ci. Mais sa foi n’était pas assez ferme pour que Nichiren lui confie un Gohonzon. La valeur du Gohonzon Nichiren explique dans sa Lettre à Nii-ama :
Cette révélation commence au chapitre XI avec l’apparition
de la Tour aux Trésors. Cette Tour s’élève
dans les Airs ainsi que Shakyamuni et toute la Grande-assemblée. Le chapitre XVI qui révèle l’atemporalité du Bouddha, contient
implicitement les caractéristiques de tous les participants à la Cérémonie
dans les Airs et que Nichiren va inclure dans le mandala. Dans les chapitres
XXI et XXII la signification du Gohonzon est parachevée par la transmission
du Sutra du Lotus aux bodhisattvas Surgis-de-Terre, les disciples atemporels du Bouddha. Nichiren en parle ainsi dans sa Lettre à Nii-ama :
Ce Gohonzon-mandala nous pouvons l’installer dans un endroit précis en
tant qu’objet de vénération, ou bien le porter sur nous ou encore le mentaliser
lors de méditations. O-ama est réprimandée pour son manque de foi Nichiren poursuit :
Finalement, en suivant l’esprit du Sutra du Lotus, Nichiren
lui fait dire qu’il ne peut pas lui donner un Gohonzon. |
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