Un bouddhisme pour notre temps Une interprétation moderne du Triple Sutra du Lotus par |
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Voir : SUTRA DU LOTUS - CHAPITRE VIII |
Cinq cents disciples reçoivent la prédiction Dans ce chapitre, Shakyamuni octroie la prédiction de l'atteinte de la bodhéité à un grand nombre d’adeptes dont Purna, un de ses dix grands disciples. Le Bouddha avait compris que grâce à ses enseignements des sept chapitres précédents ses disciples avaient acquis un haut niveau spirituel. (Le nombre cinq-cents ne doit pas être pris au sens littéral mais comme l'indication d'un très grand nombre.) Purna fut un disciple si convainquant qu'il reçut le titre de "personnification de l'éloquence"; "parler aussi bien que Purna" devint une expression courante. Cependant, il ne fit jamais état de sa supériorité et mena la vie d'un homme ordinaire (bompu). Alors même qu'il semblait débonnaire, il fit toujours preuve d'un authentique courage intellectuel. L'histoire suivante nous vient du plus profond de la tradition. Lorsque Shakyamuni permit à certains de ses disciples de prêcher le Dharma, Purna désirant enseigner dans une région qu'il connaissait bien, le Sronaparanta, lui en demanda l'autorisation. Le Bouddha dit : « Il te sera difficile de faire un travail de missionnaire dans Sronaparanta où les hommes sont très récalcitrants. Que feras-tu si malgré tous tes efforts ils n'écoutent pas ton enseignement ? » Purna répondit : « Même s'ils n'écoutent pas ce que je dis, je ne serai pas déçu ; je me considérerai heureux s'ils ne se moquent pas de moi. » Le Bouddha demanda : « Et s'ils se moquent de toi ? » Purna répondit : « S'il devait en être ainsi, je me considérerais heureux de ne pas être calomnié ». Le Bouddha lui demanda : « Et si tu devais être calomnié ? » Il répondit : « Même si je l'étais, je me considérerais heureux de ne pas être bastonné ou lapidé. » Le Bouddha demanda : « Et si tu étais bastonné ou lapidé ? » Il répliqua : « Je me considérerais heureux de ne pas recevoir un coup de sabre. » Le Bouddha lui demanda alors : « Et si tu étais blessé par un sabre ? » Il répondit : « Même si cela arrivait, je me considérerais heureux de ne pas être tué. » Le Bouddha lui demanda finalement : « Et si tu étais blessé mortellement ? » Il répondit : « Je me considérerais heureux de perdre ma vie en propageant vos enseignements. » Là-dessus, le Bouddha permit à Purna de se rendre dans Sronaparanta, en disant : « Puisque tu possèdes une telle détermination, tu peux aller là-bas accomplir ton travail de missionnaire. » Cette histoire montre bien que Purna n'était pas un prêcheur ordinaire. Ayant entendu les nombreux sermons du Bouddha et assisté à la prédiction faite aux grands disciples de l’Éveil complet et parfait sans supérieur, ayant entendu les histoires de leurs vies précédentes et ayant assimilé les pouvoirs mystiques et souverains des bouddhas, le cœur de Purna fut purifié et exalté par ce Dharma sans précédent.
Le principe d'un demi-pas Pour notre travail de missionnaire ou pour guider les autres, nous pouvons beaucoup apprendre de l'attitude de Purna toujours ferme intérieurement et extérieurement. En présence d'une personne influente dotée d'une grande vertu comme Shakyamuni et bien que cette personne n'affiche pas un air suffisant, tous se jettent à genoux et concentrent leur esprit pour se pénétrer de son enseignement. Mais si quelqu'un ne possède pas cette notoriété et cette vertu les hommes n'écoutent pas avec autant de ferveur son discours sur le Dharma. Si celui qui prêche se donne des grands airs certains en éprouveront de la répulsion alors que d'autres le trouveront inabordable. Purna est pour nous un exemple à suivre. Il va sans dire que nous ne devons pas mépriser les autres ou penser : « Ils sont tellement peu éveillés », mais il est dangereux de croire que nous avons un pas d'avance. Il faut rester au même diapason que les autres. Bien sûr, nous ne saurions guider les autres en étant exactement au même niveau, c'est-à-dire si nous nous conduisons exactement comme ceux qui ne connaissent rien de la Voie du Bouddha. Nous ne devons pas devancer les autres d'un pas mais seulement d'un demi-pas. Ainsi ceux qui nous entourent sentiront que nous sommes toujours proches d'eux et se mettront au diapason avec nous. En nous accompagnant, ils seront influencés par nous et conduits dans la juste voie sans même en être conscients. Mais si nous prêchons l'enseignement de manière supérieure alors que nous-mêmes de l'avons pas vraiment intégré ou si nous sommes menaçants ou agressifs ou encore si nous exerçons une pression pour qu'on suive l'enseignement, nous ne pourrons réellement instruire personne. Ce principe d'un demi-pas est important non seulement dans la transmission du Dharma. Nous pouvons dire la même chose au sujet de tout le contenu de l’enseignement bouddhique. Même Shakyamuni a guidé les hommes graduellement, partant d'un enseignement simple jusqu'à un exposé plus avancé, parce qu'il savait que prêcher de manière soudaine (tonkyo) l'enseignement suprême les rendrait seulement plus perplexes. Alors combien moins efficaces serions-nous qui n'avons pas le grand pouvoir de persuasion du Bouddha, si nous essayons d'exposer le Dharma en ce qu'il a de plus profond. Dans certains cas, il peut être opportun de guider vers la Voie de Bouddha en commençant par apporter une certaine sérénité en expliquant que la doctrine apporte des bénéfices immédiats, tels que la guérison des maladies ou l'amélioration de la vie quotidienne. Dans le cas des intellectuels, il est souvent efficace de commencer par présenter le Dharma comme un humanisme. Et dans le cas d'un marxiste, on peut le guider vers le bouddhisme en partant de la théorie des Trois mille mondes-états en un instant pensée (ichinen sanzen). En aucun cas, ne devons-nous nous considérer comme possédant la vérité alors que les autres ne l'ont pas. En partant de l'idée fondamentale que tous les êtres possèdent la nature de bouddha nous avons seulement les guider à développer cette nature autant que possible. C'est de ce point de vue que Purna doit nous servir d'exemple. Finalement, le Bhagavat octroie à Purna la prédiction d'atteinte de la bodhéité :
Qu'hommes et devas se rencontrent et se contemplent mutuellement indique un niveau élevé de communication entre le monde-état céleste et celui des hommes, comme cela apparait dans le tableau des dix mondes-états et aussi que le monde des hommes s'approche de la Terre Pure. Le Bouddha poursuit :
Ce passage implique que bien que doté d'un corps matériel, ce sera pour l'être humain comme s'il n'en avait pas. La Terre Pure est cette sorte de lieu mais les paroles sur les deux nourritures indiquent qu'aucun être ne peut vivre pleinement s'il n'entend pas et ne pratique pas le Dharma. Même si pour cela il doit d’abord passer par la Terre Pure. La description continue :
Ensuite le Bhagavat répète cet enseignement en stances ce qui clôt sa prédiction faite à Purna. Après quoi les mille deux-cents arhats qui s'étaient libérés de tous les défilements et obtenu la maîtrise de la pensée voyant le Bouddha octroyer la prédiction à Purna et s'en réjouissant grandement, se firent la réflexion suivante :
Le Bouddha prédit alors la destinée des grands disciples en disant qu'après avoir vénéré d'innombrables bouddhas,
Prêtons toute notre attention à ces derniers vers. Ces cinq-cents arhats "souverains de soi-même" ainsi que d'innombrables shravakas deviendront bouddhas. Shakyamuni interroge Kashyapa pour savoir si celui-ci s'est acquitté de la tâche d'annoncer cela à ceux qui n'étaient pas présents à la Grande assemblée et s'il les a conduits vers la Voie de la bodhéité. "Ceux qui ne sont pas dans cette assemblée" désigne les cinq-mille moines arrogants qui ont quitté l'assemblée, affirmant que puisqu'ils avaient déjà atteint l'Éveil, il était inutiles qu'ils écoutent le Sutra du Lotus. Lors de cet incident, le Bouddha plein de sagesse et de compassion, était demeuré silencieux et ne les a pas empêchés de partir. Dans les vers ci-dessus, il prédit que même ces moines arrogants deviendront bouddhas grâce à la pratique. Ce serait une erreur de considérer cette histoire comme appartenant à un lointain passé. La grande compassion du Bouddha nous fait entrevoir que même ceux qui refusent de l'écouter deviendront par l'entremise de Kashyapa des bouddhas dont le nom sera Samantaprabhasa (Clarté-Universelle), car plus tard ils pratiqueront la voie de bodhisattva. C'est pour nous l'assurance que si nous entrons sur la Voie de l'enseignement du Sutra du Lotus et que si nous accumulons les actions de bodhisattva nous aussi nous deviendrons des "Clarté Universelle". Ce titre s'applique à des personnes dont le rayonnement éclaire toute la société. Nous avons souvent l'occasion de rencontrer des Ainsi-venus "Clarté Universelle" ou tout du moins ses adeptes. De les voir ou de leur parler met de la joie dans nos cœurs. Ces Ainsi-venus sont indispensables dans notre monde Saha et nous aussi nous pouvons devenir de tels Ainsi-venus pour apporter de la clarté autour de nous.
Désirant renforcer cette assertion, les arhats exposent la parabole du joyau dans la doublure du vêtement, la cinquième parabole sur sept du Sutra du Lotus. Parabole du joyau dans la doublure du vêtement
Après avoir conté cette parabole, Ajnata-Kaundinya et les autres exprimèrent de tout cœur leurs remerciements au Bouddha :
Ils répètent ensuite ceci en vers. Chapitre VIII du Sutra du Lotus
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