Le dictionnaire populaire du shintoïsme  définit les kamis de la façon suivante : 
      
      
         « Les kamis  s’attachent aux qualités ou énergies divines, sacrées, spirituelles et  numineuses*   des lieux et des objets, aux divinités de la mythologie impériale  ou locale, aux esprits de la nature et des sites, aux héros divinisés, aux  ancêtres, aux dirigeants et aux hommes d’Etat.» (réf.)
	 
             
            Au Japon fut élaborée une théorie appelée  ‘‘honji-suijaku’’ pour expliquer la relation entre les kamis shinto et les  bouddhas et les bodhisattvas. Ce terme signifie ‘‘essence de la racine  et manifestation de la trace’’. Il fut basé sur l’enseignement tendai selon lequel le bouddha  historique de la première moitié du Sutra  du Lotus était la Manifestation (ojin) du Bouddha 
      Atemporel (honji) de la seconde partie du Sutra. Selon cette théorie honji-suijaku, les  kamis shinto étaient en réalité des incarnations (suijaku) temporelles des  bouddhas et des bodhisattvas. Foundations  of Japanese Buddhism, résume ainsi la relation entre Nichiren et les  kamis :  
      
         « Nichiren était  confronté au même problème que tous les dirigeants de Kamakura face au respect  envers les divinités autochtones. Comme les fondateurs des autres écoles il  avait instinctivement  identifié les  kamis avec le Japon et était pleinement conscient de l’importance des divinités  et des croyances populaires pour les masses qu’il cherchait à convertir.  Pour expliquer le rôle de ces divinités dans  son enseignement, Nichiren se servait de la théorie de ‘‘honji-suijaku’’ (véritable nature -  manifestation). Il considérait toutes les divinités shinto, en commençant par  la divinité du Soleil, comme des ‘‘suijaku’’ (manifestations) du Bouddha 
        Atemporel du Sutra du Lotus. Il  pensait également que ces divinités avaient pour obligation de protéger les  pratiquants du Sutra du Lotus et de  punir ses opposants. Confronté à la domination de son pays par ce qu’il  considérait comme des hérésies étrangères, Nichiren ne pouvait que conclure que  les dieux avaient abandonné la nation et s’en étaient allés vers leurs demeures  célestes.» (réf.)
	 
             
              L’attitude de Nichiren face aux divinités  autochtones était quelque peu ambivalente. Sur l’île de Sado, ceux qui le  voyaient crier au sommet d’une montagne face au soleil et à la lune le  prenaient pour un fou alors que, pour Nichiren, c’était une façon de communiquer  avec les divinités, les implorant de s’acquitter de leurs obligations et de  terrasser les ennemis du Sutra du Lotus pour mettre fin aux hérésies qui prévalaient dans le pays. Il les réprimandait  aussi de négliger leurs devoirs. Ainsi il oscillait entre l’hostilité lorsqu’il  ressentait leur abandon et une certaine croyance en leur protection contre le  mal. (réf.)
	 
       Il se peut également que Nichiren estimait  que les kamis  shinto étaient des divinités locales et donc moins puissantes que  les devas védiques universalisés par le bouddhisme.  Dans le gosho « Sur le comportement du Bouddha » attribué à Nichiren, les  kamis sont comparés aux dieux védiques et tous deux sont considérés comme les  serviteurs et protecteurs de l’Envoyé du Sutra  du Lotus :  
      
         Je suis peut-être bien insignifiant, mais je propage le Sutra du Lotus et je suis donc l'Envoyé du Bouddha Shakyamuni. Tensho Daijin* et Sho Hachiman sont respectés comme les divinités 
                  tutélaires de ce pays, mais ne sont que des divinités 
          mineures si on les compare à Bonten et Taishaku, à Nitten et Gatten ou aux Quatre 
    Grands Rois du Ciel.  
            […] Je suis l'Envoyé 
          du Bouddha Shakyamuni et devant moi Tensho Daijin* et Sho Hachiman doivent 
          joindre les mains et s'incliner avec respect. Parce que je suis le Pratiquant du Sutra du Lotus,Bonten et Taishaku marchent respectivement 
          à ma droite et à ma gauche, et Nitten et Gatten éclairent ma 
          route devant et derrière moi.  
       
      Tensho Daijin 
              C’est la divinité shinto du soleil connue également sous le nom d’Amaterasu Omikami. Le Dictionnaire des  Termes et Concepts bouddhistes fournit sur elle les informations  suivantes : 
      
         « C’est la déesse du Soleil de la  mythologie japonaise qui fut plus tard adoptée comme divinité protectrice du  bouddhisme. D’après les textes les plus anciens, le Kojiki (Chronique des faits anciens) et le Nihon  Shoki (Chroniques du Japon),  elle était la divinité principale et  l’ancêtre de la famille impériale. Dans plusieurs de ses goshos Nichiren décrit  Tensho Daijin comme une personnification des forces qui protègent la prospérité  du peuple qui a foi dans le Vrai          Dharma» (réf.)
	 
       
       Le Dr. Barbara Mori de l’Université Polytechnique de Californie décrit  ainsi l’histoire d’Amaterasu Omikami selon les anciens mythes japonais : 
      
         « Il y a très, très longtemps, il y  avait la déesse connue sous le nom d’Amaterasu. Selon un récit elle était née  du dieu Izanagi alors qu’il lavait son l’œil gauche pour le purifier après une  visite dans le monde sous-terrain. Un autre texte raconte qu’elle était née de  l’union entre Izanagi et Izanami (Nihon  Shoki 720). Elle était la déesse du soleil et régissait la Haute plaine du  Paradis (Takamagahara). Plus tard elle envoya son petit fils Ninigi no  Mikoto pacifier les îles du Japon en lui confiant le miroir, l’épée et le joyau  qui devinrent les insignes sacrés  de la famille impériale. Son arrière-petit-fils devint le premier Empereur  Jimmu. Elle possédait un merveilleux jardin céleste. Dès qu’elle s’approchait,  les oiseaux se mettaient à chanter plus gaiement et les fleurs s’épanouissaient  avec grâce. Elle avait un frère cadet, Susanoo, un dieu de la tempête très  malfaisant.  
          « Un jour, Susanoo regarda le jardin de sa sœur et, n’y voyant personne, a  eu la mauvaise idée de montrer de quoi il était capable. Il souffla des vents  violents qui dispersèrent les magnifiques fleurs  d’Amaterasu dans toutes les directions.  Amaterasu fut si contrariée par ce méfait qu’elle se réfugia dans une grotte et  ferma soigneusement l'entrée d'une lourde pierre. L'univers fut plongé dans  l'obscurité et le froid. 
  « Des jours et des semaines passèrent sans soleil et tous tombèrent  malades et furent désespérés. Un jour une déesse dit : « Je ne peux  plus rester comme cela.  Je vais danser  pour vous tous ». Et elle se mit à danser de façon sensuellement effrénée.  Les musiciens se mirent alors à jouer du tambour et d’autres instruments une  musique excitante et lascive. La danse et la musique étaient  si provocantes que tout le monde rit à gorge  déployée. Et cela s’est terminé par une grande fête orgiaque dans le noir.  
  « Pendant ce temps, derrière  la porte rocheuse   de la grotte, Amaterasu entendit des bruits étranges et se demanda ce qui se passait. Elle s'approcha de la porte et constata que ce bruit était de la musique. Elle sentait que quelque chose d'intéressant se passait  à l'extérieur et s’approcha plus près de la porte. Dehors, Tajikarawo, dieu connu pour sa  musculature attendait  ce moment. Dès qu'il a vu le premier rayon de lumière passer par la porte, il tira sur le  bloc de toute sa force. Amaterasu sortit et brilla de nouveau. L'ordre  fut rétabli. Ce fut le début du pays du Japon». (réf.)
	  
       
      Nichiren a dû sentir qu’il existait  un lien entre sa propre expérience lorsqu’il  vivait dans la province d'Awa où il a commencé à propager le daimoku et le sanctuaire principal  d’Amaterasu Omikami. Dans sa Réponse à  Nii-ama il dit :  
      
        « Le village 
          de Tojo, dans la province d'Awa, 
            est un lieu isolé mais pourrait bien être considéré 
          comme le centre du Japon, car c'est là qu'apparut Tensho Daijin*. Par le passé, 
            elle vivait dans la province d'Ise (note). Mais, par la suite, l'empereur 
            manifesta une foi plus grande envers le bodhisattva Hachiman et la divinité du sanctuaire Kamo, et négligea la déesse 
            du Soleil, Tensho Daijin*  ; qui devint 
            furieuse. A cette époque, Minamoto no Yoritomo écrivit un pacte dans lequel il s'engageait à 
          rester fidèle à la déesse et demandait à 
          Aoka no Kodayu de l'enchâsser dans le sanctuaire d'Ise. Probablement 
            pour avoir ainsi satisfait la déesse, il devint shogun et régna sur tout le Japon. Il décida alors que la région 
            de Tojo serait la demeure de Tensho Daijin*, si bien que 
            cette déesse n'habite plus dans la province d'Ise mais peut-être 
      dans la région de Tojo. 
            […] Parmi tous les  lieux du monde, c'est dans la région de Tojo, dans la province d'Awa, au Japon,  que Nichiren a propagé pour la première fois l'enseignement correct. » 
       
              Dans le gosho Les Sabres du Bien et du Mal attribué à Nichiren on lit :  
      
        « Parmi 
          toutes les régions du Japon,  c'est dans la province d'Awa que Nichiren est né. On dit que la Divinité 
          qui illumine le ciel,  découvrant le Japon,  s'installa d'abord 
            en ce lieu. Son sanctuaire se trouve à Awa. 
              Elle est le parent bienveillant de tout le pays. Aussi cette terre 
              doit-elle avoir une signification profonde. Quel karma passé valut à Nichiren de naître en cette 
        province?»     
         
         
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