NICHIREN SHU - HISTOIRE

 
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Igarashi, K. J., & Kodera, T. J. (2012). The Development of Kaji Kito in Nichiren Shu Buddhism.

RÉSUMÉ
Les racines historiques et religieuses du kaji kito (" prière rituelle ") se trouvent dans les pratiques bouddhistes ésotériques indiennes et chinoises.
L’influence la plus directe du kaji kito dans le bouddhisme Nichiren Shu, une école bouddhiste japonaise fondée par le moine Nichiren (1222-1282). du bouddhisme Shingon et Tendai, deux traditions qui précèdent l'époque de Nichiren. L'évolution historique et l'incorporation initiale du kaji kito dans le bouddhisme de Nichiren suggèrent que le principal objectif était d'apporter le bonheur aux gens par le biais de la prière. L'analyse du kaji kito après la mort de Nichiren a montré que, bien que différentes méthodes de kaji kito se soient développées, la notion d'apporter le bonheur est restée la même.

Nous analyserons les changements apportés au kaji kito  dans le bouddhisme de Nichiren, et aborderons la pratique physique du kaji kito appelée aragyo, pratique ascétique de 100 jours exécutée annuellement au Japon par certains prêtres Nichiren Shu. (Lire l'article)

Nichiren et son époque:  l’ère du « Mappô » par Rémy Valat (extrait)

https://www.japoninfos.com/nichiren-lhomme-qui-a-lu-la-loi-avec-sa-vie.html 2012

Nichiren a vécu pendant une période troublée durant laquelle de nouvelles forces et aspirations étaient à la recherche d’un changement, d’un renouveau de la société. Au début du XIIIe siècle, le pouvoir shôgunal est contrôlé par le clan fondateur de l’institution, la famille Minamoto (le premier shôgun, Minamoto no Yoritomo, ayant pris le pouvoir en 1192, au terme d’une guerre qui l’a opposé au clan de Taira; le conflit a été popularisé au Japon par la chroniques du Genji). Le siège du pouvoir était installé à Kamakura (nom éponyme de la période 1185-1333, ville située au sud-ouest de l’actuelle capitale, Tokyo), mais peu à peu les rênes du pays passèrent, à l’aide d’une stratégie d’alliances et de mariages politiques, sous le contrôle du clan des Hojo, lequel gouverne à travers la fonction de Shikken (régent). Les traits autoritaires de leur gouvernance, et surtout son caractère illégitime (le pouvoir légitime est celui de l’empereur et du shôgun), sont propices aux oppositions : un complot du parti impérial tente de renverser le clan, mais la conspiration se termine par le bannissement de l’empereur « rebelle » (il s’agissait en réalité de trois empereurs « retirés », c’est-à-dire n’étant pas en exercice, le principal était Gotoba) et de membres de sa famille (1221). Les Hojo installent aussitôt leur quartier général à Kyoto pour garder un œil sur la cour. D’autres révoltes politiques se termineront par la défaite de leurs chefs et l’expropriation de leurs terres au profit du Shôgun. À l’extérieur du Japon, le Mongol Kubilai Khan, devenu empereur de Chine (1260) tentera à deux reprises d’envahir l’archipel (1274 et 1281).

D’un point de vue religieux, la communauté bouddhiste vit dans la peur, une peur identique à celle du Millénarisme chrétien. La tradition bouddhique, en effet, distinguait trois périodes, qui devaient se succéder après la mort du Bouddha: un long cheminement marqué par l’apogée, puis le périclitement de la foi et de la morale, et enfin le dernier âge, les « Derniers jours de la Loi » (mappô, 末法), estimé durer 10 000 ans et qui serait placé sous l’empire de la division et de la violence. C’est dans ce contexte que différents réformateurs (Honen, Shinran, Dogen) vont tenter d’adapter le bouddhisme japonais au danger eschatologique, et Nichiren sera le plus radical d’entre tous.

Au XIIIe siècle, le bouddhisme japonais se subdivise en deux grandes écoles, mais la réalité est nettement plus complexe, en raison du syncrétisme entre le bouddhisme et le Shinto (religion autochtone, animiste), de l’existence d’un bouddhisme populaire et de l’activité d’anachorètes (les yamabushi, 山伏). Les deux grandes écoles sont l’école Shingon (真言) et Tendai (天台). La première doctrine a été introduite au Japon par le moine Kukai (空海, 774-835), appelé également Kobo Daishi : il s’agit d’un bouddhisme ésotérique qui met l’accent sur les manifestations artistiques, comme moyen de compréhension religieuse, et les rituels magiques pour se prémunir du mal et atteindre le salut. Cette religion raffinée était plutôt l’apanage des élites. L’école Tendai, dont il sera fait référence en infra, est liée à la doctrine de Nichiren, car ses conceptions sont puisées dans le Sutra du Lotus.

De nouvelles interprétations du bouddhisme, contemporaines de celles de Nichiren, apparurent, la principale est certainement l’amidisme. Le Bouddha Amida, était très populaire en Chine et sa renommée à tôt fait d’atteindre le Japon. Amida règne sur la Terre Pure (le Paradis de l’Ouest, Jodo, 淨土) et selon la tradition amidiste, louer cette divinité assure une renaissance pour une vie de béatitude sur cette Terre. L’école de la Terre pure a été fondée par Honen (法然, 1133-1212). Le mouvement a connu une extension avec Shinran, 親鸞  (école de la Véritable Terre pure, 1173-1262). Une autre interprétation du bouddhisme est l’école Zen, animée par Dogen, 道元(1200-1253), qui introduisit la pratique de Chine. La voie proposée est d’atteindre l’illumination, comme le fit le Bouddha, par la méditation et la discipline.


Article publié le par Bouddhisme des Trois Rivières (Tendai)

La Nichiren Shu (日蓮宗: « Ecole Nichiren ») est la plus ancienne école du bouddhisme Nichiren. Elle regroupe un ensemble de lignées qui remontent directement aux 6 premiers disciple de Nichiren. Cette école est moins connue en dehors du Japon que la Nichiren Shoshu.

Deux éléments principaux la distinguent de cette dernière : La Nichiren Shu ne partage pas l’idée qui voudrait que Nichiren ait désigné son disciple Nikko comme son seul et unique successeur. Sur le plan de la doctrine, la Nichiren Shu estime que la Nichiren Shoshu a transformé l’enseignement initial de Nichiren et que le seul bouddha en lequel prendre refuge est le bouddha éternel tel qu’il est décrit dans le chapitre 16 du Sutra du Lotus. Nichiren reconnu comme le bodhisattva Jogyo, s’étant donné pour mission, ainsi que l’explique le chap 21, de maintenir dans le monde le Dharma authentique après la passation du Bouddha.

La Nichiren Shu vénère Nichiren comme un bodhisattva et non comme un bouddha, comme c’est le cas dans la Nichiren Shoshu. Elle ne considère pas les autres écoles du bouddhisme comme intrinsèquement erronées.

La Nichiren Shu place Nichiren dans une position élevée en tant que le messager du bouddha éternel originel, mais ne le considère pas comme plus important que Shakyamuni. Le bouddha originel occupe la place centrale, Nichiren Shonin, (le saint Nichiren) est le saint qui a remis Shakyamuni à la place centrale, réfutant les écoles bouddhistes qui mettent l’emphase sur d’autres bouddhas, les seules pratiques ésotériques ou négligent ou sous estiment le Sutra du Lotus.

Le Sutra du Lotus est la pratique supérieure, et les écrits de Nichiren appelés Gosho ou Goibun sont considérés comme des guides pour étudier la doctrine bouddhiste. Il comprend les 5 écrits majeurs de Nichiren dans lesquels est établi la doctrine, l’objet de vénération et sa pratique, ainsi que les nombreuses lettres adressées à ses disciples. Nichiren a souvent écrit, et ses disciples peuvent ainsi vérifier ou corriger leur compréhension de sa doctrine à travers les écrits qu’il nous a légué.

Contrairement à la Nichiren Shoshu, la Nichiren Shu est plus sélective quant à l’authenticité des goshos. Plusieurs des écrits qui sont acceptés par ces deux écoles ne sont pas considérés comme authentiques par la Nichiren Shu, leur authenticité n’étant pas prouvé par les spécialistes. Cela ne signifie pas que ces gosshos (comme le Ongi Kuden) soit rejetés, mais qu’ils sont considérés comme secondaires par rapport aux écrits authentifiés. Une autre différence est la place dans la doctrine du Odaimoku (Namu Myoho Renge Kyo) et du mandala le Gohonzon. La Nichiren Shu les considére comme le Dharma supérieur mais n’ignore pas les autres pratiques du bouddhisme

La méditation silencieuse, shodai-gyo, la copie de l’Odaimoku (shakyo) et l’étude des concepts fondamentaux du bouddhisme comme les quatre nobles vérités, la prise de refuge dans les trois joyaux sont pratiqués dans la Nichiren Shu.

Dans la société japonaise, la Nichiren Shu représente une tradition majeure qui contrairement à la Nichiren Shoshu a continué à avoir des relations avec les bouddhistes d’autres traditions.

La Nichiren Shu est basée sur la communauté des premiers disciples de Nichiren et ses temples comme le Kuon-ji sur le Mont Minobu (身延山 ou Nichiren vécu en exil et demanda à être enterré ou le Ikegami Honmonji ou Nichiren décéda ainsi que d’autres temples possèdent la plupart des objets ou écrits ayant appartenu à Nichiren (beaucoup étant considérés comme des trésors nationaux au Japon).

La Nichiren Shu a commencé récemment à ordonner des non japonais comme représentants, afin de faire connaitre et développer le bouddhisme Nichiren en dehors du Japon.

A consulter également
Issei Takehara : Le bouddhisme dans la période de Kamakura
McCormick Ryuei Michael Histoire des Écoles du Lotus
Stone I. Jacqueline Remontrances aux ennemis du Lotus - L’exclusivisme de Nichiren dans une perspective historique
 
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