Le Hinayana et le Mahayana
provisoire*
furent enseignés dans le premier millénaire parce que ni
les dispositions des gens ni l'époque n'étaient
favorables à la compréhension de l'enseignement
essentiel*.
Grâce aux enseignements du Hinayana
et du Mahayana provisoire*,
les grands bodhisattvas, à l'époque du Dharma correct, permirent
à leurs disciples de récolter le fruit d'une graine semée
par Shakyamuni de son vivant.
Le véritable
objet de vénération (avril
1273 à Toki Jonin)
Par ailleurs, le pratiquant du Sutra du Lotus
qui récite daimoku sans
en connaître l’esprit et éveille en lui-même
la disposition à régresser à la
suite de la menace des savants des autres écoles, est comme le
Prince Huhai qui fut menacé, puis
assassiné par Zhao
Gao.
Réponse
à Messire Soya entré dans la voie
(Minobu, 11e mois de 1277) au nyudo Soya)
Nagarjuna
et Vasubandhu connaissaient
cet enseignement mais ne le propagèrent pas, peut-être parce
que le temps n'était pas venu et que les gens de leur époque
n'avaient pas la capacité de le comprendre. D'autres
ne l'ont pas propagé peut-être parce qu'ils l'ignoraient.
Le bouddhisme se propage en fonction du temps et des capacités
des gens. C'est pourquoi, même si je ne suis pas digne d'exposer
un tel enseignement, je l'expose parce que c'est celui qui correspond
au temps.
Ainsi ai-je entendu (Minobu,
28 novembre 1277, à Soya Kyoshin)
Toute personne désireuse de propager le bouddhisme
doit nécessairement connaître les capacités
de ceux à qui elle s'adresse. Le vénérable Shariputra
voulut enseigner la méditation
sur l'impureté du corps à un forgeron et la maîtrise
de la respiration à un blanchisseur. Au terme de 90 jours, ces
disciples n'avaient toujours pas acquis la plus petite notion de l'enseignement
du Bouddha. Au contraire, ils élaborèrent des conceptions
erronées et devinrent des personnes d'une incroyance incorrigible
(icchantika).
Le Bouddha enseigna la méditation sur la maîtrise de la respiration
à un forgeron et la méditation sur l'impureté du
corps à un blanchisseur et ils parvinrent immédiatement
à l'Éveil. Si même Shariputra,
considéré comme le premier en sagesse, ne parvenait pas
à comprendre les capacités, combien plus
difficile encore doit être cette compréhension pour les maîtres
ordinaires en cette époque des Derniers
jours du Dharma ! Des maîtres ordinaires ne pouvant pas
comprendre les capacités devraient enseigner à
leurs disciples exclusivement le Sutra du Lotus. [...]
Lorsque le Bouddha Shakyamuni apparut en ce monde, il était résolu
à enseigner intégralement le Sutra du Lotus. Mais,
même si les capacités de ses auditeurs étaient
peut-être adéquates, le temps propice n'était pas
encore venu. C'est la raison pour laquelle, pendant quarante et quelques
années, il n'exposa pas ce Sutra [...]
Au cours des quatre cents et quelques années écoulées
depuis le règne de l'empereur Kammu,
tous les habitants du Japon ont la capacité de
parvenir à l'Éveil exclusivement grâce au Sutra du Lotus.
Ils sont comparables aux personnes qui, pendant huit ans, ont écouté
l'enseignement au Pic du Vautour,
et dont les capacités correspondaient à
la doctrine pure et parfaite.
L'enseignement, les capacités, le temps et le pays (Izu,
10 février 1262- ? )
Quel bon karma vous
avez du créer par le passé pour être née avec
la capacité de réciter ne serait-ce qu'un
verset ou un passage du Sutra du Lotus ! [...]
Si l'on ne parvient pas à avoir foi dans le Sutra du Lotus,
ou si l'on a foi en ce sutra tout en le plaçant sur le même
plan que les autres sutras et les enseignements d'autres bouddhas ; ou
si l'on reconnaît sa supériorité tout en s'engageant
sans cesse dans d'autres disciplines religieuses, ne pratiquant le Sutra
du Lotus que de temps en temps ; ou si l'on s'associe et se lie d'amitié
avec des adeptes du Nembutsu qui
ne croient pas au Sutra du Lotus et s'opposent au Dharma ; ou
si l'on pense qu'il n'y a aucune faute à affirmer que le Sutra
du Lotus n'est pas adapté aux capacités
des personnes vivant à l'époque des Derniers
jours du Dharma, tous les mérites acquis par les innombrables
bonnes actions d'une vie entière s'évanouiront en un instant.
Sur la récitation
des chapitres Hoben et Juryo (Kamakura
- 1264 à la femme de Saburo Yoshimoto)
Mais l'Honoré
du monde ne dit pas un mot du principe de l'atteinte de la bodhéité
par les personnes des deux véhicules
(nijo), ni du fait qu'il avait lui-même
atteint la bodhéité dans un passé
atemporel. Il n'exposa pas non plus les principes, les plus vitaux
de tous, de l'atteinte de la bodhéité sans changer d'apparence et d'ichinen sanzen. Et cela
pour une unique raison : ils avaient la capacité de
comprendre mais, parce que le temps n'était pas encore venu, il
n'a rien expliqué
[...] Question : Si le
Grand Dharma est enseigné
à des personnes qui n'ont pas la capacité
de le comprendre, les insensés s'y opposeront certainement et tomberont
ainsi dans les mauvaises voies.
Ne devrait-on pas le reprocher à celui qui l'aura enseignée
? Réponse : Quelqu'un
construit une route. Si certains s'y perdent, est-ce la faute du constructeur
de la route ? Un bon médecin donne un médicament à
un malade. Si le malade refuse de le prendre et meurt, est-ce la faute
du médecin ? [...]
Zhiyi dit qu'il faut utiliser l'une
ou l'autre méthode "en fonction du temps." Et Guanding*
dit : "Il faut savoir choisir entre les méthodes de shoju
et de shakubuku et ne pas utiliser
exclusivement l'une ou l'autre." Ces commentaires indiquent que,
à certains moments, si l'on suscite l'opposition, il faut s'abstenir
de propager pendant un certain temps. A d'autres moments, même si
les gens s'opposent, il faut enseigner quand même. A certaines époques,
même si quelques personnes ont la capacité
de croire dans le Dharma
du Bouddha, comme il est probable que dix mille autres s'y opposeront,
il est préférable de ne pas l'enseigner. A d'autres époques,
même si dix mille personnes s'y opposent ensemble, il faut l'enseigner
quand même.
[...]
Question Même les
bodhisattvas, depuis ceux qui sont parvenus au dix
étapes de la Foi jusqu'aux grands bodhisattvas parvenus à
l'étape de togaku
ont du mal à évaluer des facteurs comme le temps et les
capacités. Comment nous, simples mortels, pourrions-nous
y arriver ? N'y a-t-il donc aucun moyen de le déterminer
? Réponse : Il faut
avoir l'oeil du Bouddha. Pour distinguer
le temps et les capacités.
[...] Le Grand-maître Saicho
a dit : "Les époques des jours du Dharma
correct et des jours du Dharma formel
sont presque terminées et l'époque des Derniers
jours du Dharma est proche. C'est maintenant le temps où
le Véhicule unique du Sutra
du Lotus se révélera totalement adapté aux capacités
des hommes. Comment le savons-nous ? Parce qu'il est dit dans le
chapitre Anrakugyo*
(XIV) : "A l'époque des Derniers
jours du Dharma, quand le Dharma est sur le point de disparaître
le Sutra du Lotus sera largement répandu."(réf.)
[...] Les moines savants de notre temps pensent généralement
que les enseignements du Bouddha sont exposés invariablement en
fonction des capacités de ceux qui l'écoutent,
mais, en fait, ce n'est pas véritablement ce qu'enseigne le Bouddha.
S'il était vrai qu'il faille enseigner les doctrines les plus élevées
aux personnes dotées des plus grandes capacités
de compréhension et de sagesse, pourquoi Shakyamuni n'a-t-il pas
enseigné le Sutra du Lotus immédiatement après
avoir atteint l'Éveil ? Pourquoi,
au cours des cinq cents premières
années de l'époque du Dharma correct les sutras du Mahayana
n'ont-ils pas été largement propagés ? S'il
était vrai que les Dharmas
les plus élevées sont enseignés à ceux qui
ont un lien particulier avec le Bouddha, pourquoi Shakyamuni aurait-il
exposé le sutra Kambutsu Zammai au roi Shuddhodana,
son père, et le Sutra
Maya à la reine Maya,
sa mère ? [...] Par conséquent, c'est une grande
erreur d'affirmer qu'il faut toujours enseigner le Dharma en fonction
des capacités de ceux qui écoutent.
Question : Est-ce à
dire que Nagarjuna, Vasubandhu
et d'autres n'ont pas enseigné les véritables principes
du Sutra du Lotus ? Réponse
: C'est exact. Ils ne l'ont pas fait.
[...] C'est parce que tous ces sutras furent exposés par le Bouddha
en fonction des capacités de ceux à qui
il s'adressait. Le Sutra du Lotus est le plus difficile à
croire et à comprendre, parce que l'enseignement
définitif (jikkyo) y est révélé
directement, indépendamment de la capacité
de ses auditeurs à le comprendre."(réf.)
Le choix
en fonction du temps (Minobu,
10 juin 1275 ; adressé à l'un de ses disciples, Yui)
Le Grand-maître Saicho
commenta ainsi cette phrase : "Tous les sutras des quatre premières
des cinq périodes enseignés
auparavant, le Sutra Muryogu
qui fut enseigné en même temps, et le Sutra
du Nirvana qui fut enseigné plus tard, sont tous des enseignements
faciles à croire et faciles à comprendre. C'est parce que
tous ces sutras furent exposés en fonction des capacités
de ceux à qui s'adressait le Bouddha. Le Sutra du Lotus
est le plus difficile à croire et à comprendre, parce que
l'enseignement
définitif (jikkyo) y est révélé
directement, indépendamment de la capacité
de ses auditeurs à le comprendre. (réf.)
[...] La facilité à croire et la facilité à
comprendre dans un cas sont dues au fait que le Bouddha enseigna en fonction
des capacités des gens. La difficulté à
croire et la difficulté à comprendre dans l'autre cas tiennent
au fait qu'il enseigna en fonction de son propre Éveil.
[...]
Aucune autre doctrine ne surpasse cet enseignement du Sutra du Lotus,
grande lanterne qui illumine la longue nuit des souffrances de la vie
et de la mort, épée acérée qui tranche
la racine de l'obscurité fondamentale
inhérente à la vie. Les enseignements des écoles
Shingon et Kegon
entrent dans la catégorie de zuitai. Ils sont par conséquent faciles à croire et faciles à
comprendre puisque le Bouddha les exposa en tenant compte des capacités
ou des désirs des personnes dans les Neuf
états, tout comme un père sage instruirait son enfant
ignorant. Par ailleurs, on appelle zuiji
l'enseignement que le Bouddha exposa en puisant directement dans son état
de bouddha, de la même manière qu'un père sage guide
son enfant ignorant vers la compréhension à laquelle il
est lui-même parvenu.
Comparaison
du Sutra du Lotus avec les autres sutras (Minobu,
le 26 mai 1280 à Toki Jonin, à Shimosa)
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