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6. Enseignement de tous les bouddhas

Ryuei Michael McCormick

Récemment on m'a demandé  « Si une personne veut approfondir sa compréhension du bouddhisme, par quoi doit-elle commencer ? »

Cette question se pose depuis plus de 2.500 ans, depuis que le Bouddha Shakyamuni et ses disciples ont commencé leurs pérégrinations à travers l'Inde puis au-delà. Mon anecdote préférée se passe en Chine. 

Un jour, le célèbre poète Bai Juyi demanda au moine bouddhiste Niaowo : « Comment dois-je conduire ma vie pour être complètement en harmonie avec la Voie ? »

Niaowo répondit : « Evitez de faire le mal et faites le bien. »

Bai Juyi, pas convaincu, répliqua : « Un enfant de trois ans sait cela! »

Niaowo lui répondit alors : « Un enfant de trois ans le sait mais même un centenaire ne peut le réaliser. »

Niaowo était certes intelligent mais il n’a pas cité la phrase en entier. En réalité, Shakyamuni a dit :

« Ne pas faire le mal, cultiver le bien et purifier l'esprit. Tel est l'enseignement de tout bouddha. »

Cette déclaration se trouve dans le Dhammapada (stance 183). C'est un résumé très concis du bouddhisme. Dans cette stance, ce n’est pas tant du bien et du mal qu’il est question mais de la purification de l’esprit. Sans purifier l'esprit, il est très difficile de s'abstenir de faire le mal et de se consacrer au bien. Parfois, vu nos confusions et nos faiblesses, il est même difficile de savoir ce qui est bon et ce qui est mauvais à un moment donné.

La déclaration de Shakyamuni repose sur l'idée fondamentale que la vie se déroule conformément à la loi de la cause et de l'effet. Nous devrions donc créer de bonnes causes - en pensée, en paroles et en action - parce que ces causes déterminent la nature des effets que nous subirons. Le proverbe "On récolte ce que l'on sème" illustre très bien la loi de causalité. Ainsi au lieu de tuer, de voler, d’être infidèle, de consommer abusivement de l’alcool et des drogues qui rendent malade notre corps et notre esprit, il vaut mieux créer des causes bénéfiques en encourageant les autres, en étant généreux, fidèles, honnêtes et en cultivant un corps et un esprit sains.

Par-dessus tout, il convient de purifier notre esprit des trois poisons qui sont l'avidité, la colère* et l'ignorance afin de voir la Réalité telle qu'elle est et non pas comme nous voudrions qu’elle soit. En nous éveillant à la Réalité, nous nous libérons de nos souffrances et nous pouvons aider les autres à en faire autant.

Mais il est plus facile de dire que de faire. C’est la raison pour laquelle les bouddhistes pratiquent la méditation et la non-pensée afin de devenir plus conscients des causes qu’ils créent et de comprendre que la Réalité est impermanente et que les phénomènes sont interdépendants les uns des autres. Selon Nichiren, le meilleur moyen de parvenir à cette prise de conscience est de réciter Namu Myoho Renge Kyo (Je me consacre au Dharma Merveilleux de la Fleur du Lotus).

Nichiren a écrit que cette adhésion au Sutra du Lotus dépasse toutes les autres pratiques. Cette adhésion va jusqu’au cœur de notre être et peut racheter les pires fautes. Cela va même au-delà des notions du bien et du mal.

« Même si une personne a commis les dix mauvaises actions ou les cinq forfaits, aussi longtemps qu'elle ne s'écarte pas du Sutra du Lotus, il est certain qu'elle renaîtra sur la Terre pure et atteindra la bodhéité dans sa prochaine vie. Au contraire, le Sutra nous enseigne que même une personne observant les préceptes, adhérant à tous les autres sutras, et croyant en divers bouddhas et bodhisattvas, tombera à coup sûr dans les Voies mauvaises, si elle ne parvient pas à avoir foi dans le Sutra du Lotus» (Sur la récitation des chapitres Hoben et Juryo. Kamakura - 1264)

Nichiren signifie-t-il par là que la foi aveugle dans le Sutra nous permettra de dépasser le bien et le mal ? Je ne le pense pas. Nichiren essayait de montrer que la meilleure façon de s'abstenir de faire le mal est de réaliser la dignité suprême de toute vie, de comprendre que tous les êtres sont destinés à devenir bouddha – des êtres pleinement éveillés. La meilleure façon de faire le bien est de transmettre cet enseignement à d'autres personnes, en exprimant notre adhésion au Sutra du Lotus. Dans ce sens, le Sutra du Lotus n’est ni un livre ni un sermon de bouddha mais la vérité suprême que tous les êtres sont destinés à réaliser pour devenir bouddha. La bodhéité fait partie de notre nature, que nous en soyons conscients ou non. Nous devons seulement le reconnaître et vivre nos vies avec sérénité et compassion en nous appuyant sur l’enseignement du Sutra du Lotus. Nichiren dit :

« L’esprit de celui qui récite daimoku en suivant l'enseignement du Sutra du Lotus ne sera jamais déformé. Car, il faut le savoir, si l'esprit du Bouddha n'avait pas pénétré dans notre corps, il nous serait impossible, en fait, de réciter daimoku (Lettre à Myomitsu Shonin. Minobu 1276)

Ainsi, quand nous récitons daimoku, nous purifions nos esprits en permettant à notre esprit de s’épanouir pleinement comme l'esprit de bouddha. Nichiren utilise l’image du "bouddha pénétrant dans notre corps." Cela signifie que dans nos pensées, nos paroles et nos actions nous nous consacrons à la Réalité Ultime qui nous permet, au sein de nos vies ordinaires, de révéler la fleur de notre propre éveil : la bodhéité. L'adhésion menant à l’Éveil est le moyen de purifier l'esprit. Elle nous permet de reconnaître les mauvaises causes et de les éviter. Elle nous permet de reconnaître les bonnes causes, pour nous et pour les autres, et de les mettre en pratique.

Ainsi, pour ne pas être comme l'homme centenaire de Niaowo, nous pouvons commencer immédiatement à mettre le conseil du Bouddha en pratique en nous abstenant de faire le mal, en nous consacrant à faire le bien et en purifiant notre esprit en adoptant la foi dans le Sutra du Lotus et en récitant Namu Myoho Renge Kyo, ce qui permettra à nos pensées, nos paroles et nos actions d’être les pensées, les paroles et les actions de la bodhéité.

SUITE : La cérémonie d’Urabon

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