La voix pure et portant loin

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 5, p. 155 ; SG* p.331.
Gosho Zenshu p. 1118 - Bonnon jo gosho (Shijo Kingo dono Gohenji)


Sado - Ichinosawa, septembre 1272, à Shijo Kingo

 

Le duc Huan, seigneur de l'État de Qi, aimait porter des vêtements de couleur pourpre si bien que tous ses sujets en faisaient autant (réf.). Le souverain Zhuang de Chu (note), n'aimait pas les femmes à la taille épaisse. Par conséquent toutes les courtisanes de l'État essayaient d'avoir des tailles fines, et beaucoup d'entre elles mouraient de faim en s'efforçant d'y parvenir. Ainsi, ce qui plaisait à un seul homme, le dirigeant, était suivi par tous les sujets du pays, même si cela ne correspondait pas nécessairement à leur propre goût. On pourrait comparer le dirigeant à un grand vent qui courbe les plantes et les arbres, ou à un grand océan qui attire à lui tous les cours d'eau et les rivières. Quand les plantes et les arbres ne se plient pas sous le vent, ne sont-ils pas brisés et déracinés  ? Et si les petits cours d'eau n'allaient pas vers le grand océan, quelle autre destination pourraient-ils prendre ?

Le roi d'un pays est une personne qui, dans une vie précédente, surpassait de loin tous les autres dans l'observance des grands préceptes, et que, le ciel, la terre et les diverses divinités, comme rétribution, ont autorisée à devenir un dirigeant. C'est selon les mérites qu'il a acquis dans l'observance des préceptes qu'un roi règne sur tel pays ou sur tel autre. Deux ou trois personnes ne sont pas choisies pour gouverner mais seulement une, et toutes les divinités qui régissent le ciel et la terre, les océans et les montagnes, se rassemblent autour d'elle et la protègent. Comment les sujets de ce royaume pourraient-ils donc ne pas obéir à leur souverain ?

Par conséquent, si le dirigeant commet de mauvaises actions ou des crimes, la première, la deuxième ou la troisième fois, les divinités s'efforceront de ne pas le punir. Mais, s'il continue à agir d'une manière qui déplaît aux dieux du Ciel et aux autres divinités, ceux-ci provoqueront l'apparition de prodiges et d'événements inhabituels pour le réprimander. Et, s'il va trop loin dans sa mauvaise conduite, les dieux du ciel et les autres divinités l'abandonneront et quitteront son pays. Ou, si la bonne fortune acquise par ce dirigeant en observant les préceptes s'est totalement épuisée, il est possible que son État tout simplement périsse. Ou encore, s'il accumule un trop grand nombre de crimes et de Mauvaises actions, son État sera conquis par un royaume voisin. Pour le meilleur comme pour le pire, le sort d'un peuple est inévitablement lié au sort de son dirigeant.
Il en va ainsi dans le monde, et cela s'observe aussi en bouddhisme. Le Bouddha, il y a très longtemps, confia au dirigeant la protection de ses enseignements. Car, même si des personnes sages, de mérite et de valeur, apparaissent, si elles sont en conflit avec l'autorité du dirigeant, elles ne parviendront pas à propager le bouddhisme. Ou, même si le bouddhisme parvient à se propager, il rencontrera inévitablement par la suite de grands obstacles.

Le roi Kanishka vécut plus de quatre cents ans après la disparition du Bouddha et gouverna à sa guise le royaume de Gandhara. Il rassembla autour de lui cinq cents arhats et leur rendit hommage, et il permit ainsi la compilation du Daibibasha Ron* en deux cents fascicules. Mais tous les croyants du royaume pratiquaient le Hinayana, et les enseignements du Mahayana ne s'y répandaient qu'avec beaucoup de difficulté. De plus, le roi Pushyamitra entreprit la destruction totale des enseignements du Bouddha dans les cinq régions de l'Inde, faisant décapiter les moines bouddhistes, et personne, pas même un grand sage, ne put s'opposer à lui.

L'empereur Taizong fut un dirigeant de grande valeur. Prenant pour guide le Savant-maître* Xuanzang, il adhéra aux enseignements de l'école Hosso, et aucun de ses sujets ne prit le risque de faire autrement. L'école Hosso est une branche du Mahayana, mais elle enseigne un principe, celui des cinq natures distinctes, qui est un grand fléau du bouddhisme. C'est un principe pernicieux, pire que le plus fallacieux des principes enseignés par des religions non bouddhiques, et il n'aurait jamais dû être accepté par quiconque, dans aucun des trois pays, Inde, Chine et Japon. Pour finir, il fut réfuté au Japon par le Grand-maître* Saicho*. Et pourtant, malgré la gravité des erreurs de l'école Hosso, l'empereur Taizong eut foi en sa doctrine, et tous suivirent cet exemple, sans le contester.

L'école Shingon s'appuie sur les sutras Vairocana*, Kongocho* et Soshitsuji*. On les appelle les trois sutras de Vairocana. Ils furent introduits par les Savants-maîtres* Shubhakarasimha* et Vajrabodhi* sous le règne de l'empereur Xuan-Zong. Ce dernier éprouvait le plus grand respect pour ces sutras, et les considérait comme supérieurs aux enseignements des écoles Tendai et Kegon. A ses yeux, ils dépassaient aussi les enseignements Hosso et Sanron. Si bien que chacun, en Chine, en vint à croire le Sutra Vairocana* supérieur au Sutra du Lotus. Et au Japon aussi, jusqu'à notre époque, les gens ont cru l'école Tendai inférieure à l'école Shingon. Les moines éminents (note) du To-ji et de l'école Tendai qui pratiquent les enseignements Shingon, sont coupables d'une extrême arrogance ; c'est le comble de la présomption que d'agir comme ils le font !

Si l'on met côte à côte le Sutra Vairocana* et le Sutra du Lotus, et si on les étudie sans partialité ni préjugé, on voit que le Sutra Vairocana est comme une luciole, et le Sutra du Lotus comme la pleine lune ; que les enseignements de l'école Shingon sont comme une multitude de petites étoiles tandis que ceux de l'école Tendai sont comme un brillant soleil. Une personne de parti pris en ce domaine dira : "Vous n'avez pas pleinement saisi les principes profonds de l'école Shingon, voilà pourquoi vous ne cessez d'en dire du mal." Mais plus de six cents ans se sont écoulés depuis que le Shingon fut introduit en Chine, et plus de quatre cents ans depuis qu'il s'est répandu au Japon, et j'ai pris connaissance de l'ensemble des attaques ou réfutations qu'il a suscitées de la part des maîtres pendant cette période. Le Grand-maître* Saicho* fut le seul à saisir les points essentiels de la doctrine de cette école. C'est pourtant celle qui, de nos jours, au Japon, commet les plus graves oppositions au Dharma. Elle tient ce qui est inférieur pour supérieur, si bien que maintenant, lorsqu'on lui demande de prier pour repousser l'invasion mongole, ce sont précisément ses prières qui risquent d'attirer l'invasion sur nous (note). L'école Kegon fut fondée par le Maître du Dharma Fazang. Parce que l'impératrice Wu avait pleine confiance en sa doctrine, cette école bénéficia de faveurs qui lui donnèrent la supériorité sur toutes les autres. Ainsi, il semble bien que les mérites relatifs des diverses écoles aient été établis en fonction du pouvoir et de l'autorité des souverains plutôt qu'en fonction des doctrines qu'elles enseignent.

Même les lettrés et les maîtres qui ont compris le sens profond du bouddhisme ne peuvent pas s'élever contre l'autorité du dirigeant. Ceux qui, éventuellement, essayèrent de le faire furent en butte à de grandes persécutions. Le vénérable Aryasimha fut décapité par le roi Dammira, le bodhisattva Aryadeva fut tué par un brahmane, Zhu Daosheng fut contraint de se retirer dans les montagnes du Su-thou, et le Savant-maître* Fadao fut marqué au visage et exilé au sud du Yangzi.

Moi, Nichiren, je ne suis pas digne d'être appelé Pratiquant du Sutra du Lotus, ni de faire partie des membres du Sangha. J'ai même, à un moment donné, fait comme les gens de mon époque et invoqué le nom du bouddha Amida. Le moine Shandao, qui passait pour être la réincarnation d'Amida, a dit : "[Parmi les personnes qui invoqueront le nom du bouddha Amida] dix sur dix, cent sur cent renaîtront dans la Terre pure. Mais pas une personne sur mille ne pourra être sauvée [par le Sutra du Lotus et les autres sutras]." Le moine Honen, révéré comme une réincarnation du bodhisattva Seishi, interpréta cette phrase en disant  : "A l'époque des Derniers jours du Dharma, parmi les personnes qui récitent le Nembutsu mais le mêlent à d'autres pratiques telles que la dévotion au Sutra du Lotus, pas une sur mille ne sera sauvée. Mais parmi celles qui adhèrent exclusivement au Nembutsu, dix personnes sur dix obtiendront de renaître dans la Terre pure."(réf.)

Depuis plus de cinquante ans, dans ce pays du Japon, tous, sages comme insensés, ont respecté cette doctrine et ont eu foi en elle, et personne ne l'a mise en doute. Moi seul, Nichiren, je me distingue des autres en soulignant que le bouddha Amida, dans son voeu originel, exprima le désir de sauver tout le monde "à l'exception de ceux qui commettent les cinq forfaits ou qui calomnient le véritable Dharma." (note) Et je fais également remarquer que, selon le Sutra du Lotus, "celui qui refuse d'avoir foi en ce Sutra, et au contraire s'y oppose, détruit immédiatement les graines qui permettent d'atteindre la bodhéité en ce monde (...) Après sa mort, il tombera dans l'enfer avici."(réf.) Ces affirmations révèlent que Shandao et Honen s'opposent au véritable Dharma, et que, par conséquent, ils ont sûrement été abandonnés par le bouddha Amida dont ils attendent la protection. Et puisqu'ils ont eux-mêmes déjà rejeté tous les autres sutras et bouddha, ils ne peuvent aucunement attendre de leur part le salut. Exactement comme il est dit dans le Sutra du Lotus, il ne fait aucun doute qu'ils tomberont inéluctablement dans l'enfer avici.

Mais, puisque tous les habitants du Japon sont des disciples de Shandao et de Honen [en tenant de tels propos], je ne peux évidemment pas échapper à de grandes épreuves. Voilà pourquoi les gens me haïssent et intriguent sans cesse en secret pour me nuire.

Je ne reviendrai pas sur diverses persécutions subies auparavant, et me contenterai de rappeler que, l'année dernière, le douzième jour du neuvième mois, ayant encouru la colère des autorités gouvernementales, j'aurais dû, dans la nuit du même jour, être décapité. Pour quelque raison, j'ai survécu jusqu'au matin, et je suis venu dans cette partie de l'île de Sado, où je réside depuis. J'ai été abandonné par le monde, abandonné par le Dharma du Bouddha, et le Ciel ne me manifeste aucune clémence. Le monde profane comme le monde bouddhique m'ont rejeté.

Et malgré tout, vous avez eu la sincérité d'envoyer votre messager de très loin jusqu'ici, avec des offrandes, pour la troisième cérémonie anniversaire à la mémoire de votre mère bien-aimée (note), moment marquant dans votre vie. Aussi, ces deux ou trois derniers jours, j'ai vécu comme dans un rêve. J'éprouve la même impression que l'administrateur du temple Hossho-ji lorsque, en exil sur l'île de Iogashima, il rencontra soudain le jeune homme qui avait été longtemps à son service. Quand Yang Gong, barbare du nord prisonnier en Chine, fut emmené vers le sud, voyant des oies sauvages traverser le ciel [ et pensant qu'elles devaient venir du nord, la direction de son pays natal], il poussa des soupirs de nostalgie. Mais ce qu'il ressentit en cette occasion n'est rien, comparé à ce que je ressens maintenant.

Il est dit dans le Sutra du Lotus  : "S'il est une personne, homme ou femme, qui, à l'époque qui suivra ma disparition, enseigne à une autre ne serait-ce qu'une seule phrase du Sutra du Lotus, il faut savoir qu'elle est le messager du Bouddha, envoyée pour accomplir l'oeuvre du Bouddha."(réf.) Une personne qui récite ne serait-ce qu'un mot ou une phrase du Sutra du Lotus, et qui le fait connaître aux autres, est envoyée par le vénérable Bouddha Shakyamuni. Et moi, Nichiren, malgré ma position modeste, j'en ai reçu l'ordre royal du vénérable Shakyamuni, et je suis venu dans ce pays. Il est donc évident, d'après le Sutra, que quiconque dira un mot d'insulte à mon égard commettra un crime le condamnant à l'enfer avici, et que quiconque prononcera, ne serait-ce qu'un mot ou une phrase pour ma défense, obtiendra des bienfaits plus grands que s'il avait fait des offrandes à d'innombrables bouddhas.

Le Bouddha Shakyamuni est le seigneur de tous les enseignements bouddhiques, le guide et le maître de tous les êtres humains. Les quatre-vingt mille enseignements qu'il exposa sont tous des paroles d'or  ; les douze catégories de sutras sont véridiques, toutes sans exception. L'interdiction de proférer des mensonges, observée par le Bouddha pendant d'innombrables millions de kalpa, a produit la totalité des sutras. Il ne peut y avoir de doute concernant la véracité d'aucun d'eux.

Toutefois, c'est là le point de vue général. Si on les étudie de manière plus spécifique, les enseignements sortis de la bouche d'or du Bouddha peuvent être divisés en catégories distinctes - Hinayana et Mahayana, enseignements exotériques et ésotériques, sutra provisoires et définitifs. Il est dit dans le Sutra du Lotus  : "En rejetant sincèrement les enseignements provisoires, [j'exposerai uniquement la Voie suprême]."(réf.) Il y est dit aussi  : "L'Honoré du monde a longtemps exposé ses doctrines, et doit maintenant révéler la vérité."(réf.) A la lumière de ces affirmations, comment douter [du fait que le Sutra du Lotus représente la vérité ultime]  ? Et à cela vint s'ajouter le témoignage du bouddha Taho et de tous les autres bouddhas qui tirèrent la langue jusqu'au Séjour de Brahma en guise de confirmation supplémentaire.

Ainsi, l'ensemble du texte constitue en réalité trois textes, chacune de ses phrases représente trois phrases, chacun de ses mots vaut trois mots, car le bienfait procuré par le Sutra du Lotus est tel qu'un seul de ses mots contient les triples bienfaits des bouddhas Shakyamuni, Taho et de tous les autres bouddhas des dix directions.

On pourrait comparer cela au joyau qui exauce tous les voeux. Un joyau de cette sorte est l'équivalent de cent joyaux de même nature. Un de ces joyaux a le pouvoir de procurer d'innombrables trésors, et cent joyaux peuvent également procurer des trésors inépuisables. C'est comme réduire en poudre cent plantes médicinales pour confectionner un médicament, ou pour en fabriquer cent. Qu'il n'y en ait qu'un ou qu'il y en ait cent, dans tous les cas, le remède aura le pouvoir de guérir la maladie. C'est comparable encore au grand océan  : chacune de ses gouttes est faite des divers cours d'eau qui se jettent dans l'océan, et l'océan lui-même contient la saveur de tous les cours d'eau qui se déversent en lui.

Myoho Renge Kyo est le nom de l'ensemble, alors que chacun des vingt-huit chapitres a son titre particulier. De même, Gasshi (note) est le nom qui désigne l'Inde en général, tandis que, plus spécifiquement, l'Inde comprend cinq régions qui ont chacune leur nom. Ou encore, nous parlons du Japon, nom désignant ce pays en général, ou bien, quand nous voulons être plus précis, nous en nommons les soixante-six provinces (note).

Les joyaux exauçant tous les voeux sont les reliques du Bouddha Shakyamuni. Les Rois-dragons les ont reçus et les ont portés sur la tête, et Taishaku les a tenus en main, faisant pleuvoir des trésors. La raison pour laquelle le corps et les os du Bouddha peuvent devenir des joyaux exauçant les voeux est que les grands préceptes (note), qu'il observa pendant d'innombrables kalpas, ont imprégné son corps de leur parfum et pénétré ses os, jusqu'à en faire des joyaux capables de sauver tous les êtres.

Les gens disent que les crocs d'un chien se dissolvent au contact des os d'un tigre, ou que le souffle des cormorans fait fondre les arêtes de poisson (note). Ou encore que, si des cordes de koto sont en boyaux de lion, lorsqu'on les gratte, les cordes faites avec les boyaux d'autres animaux se rompent immanquablement, sans que personne ne les coupe. On compare l'enseignement du Dharma par le Bouddha au rugissement du lion et le Sutra du Lotus est le plus fort rugissement du lion.

Un bouddha a trente-deux traits caractéristiques. Chacun de ces traits comporte un ornement, résultat de cent bienfaits qu'il a acquis. La protubérance de chair sur le haut du crâne, la touffe de poils blancs entre les sourcils, et d'autres traits distinctifs, peuvent être considérés comme les fruits, et les pratiques passées du Bouddha, comme des fleurs qui ont produit tous ces bienfaits  ; c'est ainsi que les trente-deux traitss finissent par apparaître sur le corps du Bouddha.

Un de ces traits est la protubérance invisible au sommet de sa tête. Le corps du Bouddha Shakyamuni mesurait seize pieds de haut. Mais un brahmane appelé Canne de bambou fut incapable de le mesurer. Lorsqu'il voulut voir le haut du crâne de Shakyamuni, il n'y parvint pas. Le bodhisattva Oji, pareillement, ne réussit pas à voir le haut du crâne du Bouddha, et le dieu Daibonten n'y parvint pas non plus. Si l'on s'interroge sur les raisons d'un tel phénomène, on voit que, par le passé, le Bouddha inclina la tête jusqu'au sol pour rendre hommage à ses parents, à son maître et à son souverain, et qu'il en acquit ce trait comme rétribution. Le plus exceptionnel des trente-deux traits du Bouddha est sa voix pure et portant loin. Les petits rois, les grands rois et les rois faisant tourner la roue possèdent tous ce trait à quelque degré. Par conséquent, un mot de l'un d'entre eux a le pouvoir de détruire le royaume ou d'y instaurer l'ordre. Les édits promulgués par les dirigeants sont un aspect de la voix pure et portant loin. Dix mille mots prononcés par dix mille sujets ordinaires sont moins écoutés qu'un seul mot prononcé par un roi. Les ouvrages connus sous le titre de Trois Recueils et Cinq Canons sont les paroles de petits rois.

Ce qui amène l'ordre dans le petit royaume du Japon, ce qui permet au dieu Daibonten de régner sur les habitants du monde des trois plans, et ce qui permet au Bouddha de commander à Daibonten, à Taishaku et aux autres divinités n'est autre que la voix pure et portant au loin. Les paroles du Bouddha sont devenues les ouvrages constituant l'ensemble des sutras et apportant des bienfaits à tous les êtres vivants. Et, parmi les sutras, le Sutra du Lotus est la forme écrite du voeu du Bouddha Shakyamuni ; les mots écrits contiennent sa voix. Ainsi, ces mots écrits sont la concrétisation de l'esprit du Bouddha. On pourrait comparer cela à des graines qui germent, qui donnent des pousses et produisent du riz. La forme du riz peut changer, mais la nature du riz, essentiellement, reste la même. Le Bouddha Shakyamuni et les mots écrits du Sutra du Lotus sont deux choses distinctes, mais leur intention est identique. Par conséquent, lorsque vous jetez les yeux sur les mots du Sutra du Lotus, vous devriez penser que vous êtes devant le corps vivant du Bouddha Shakyamuni.

Le Bouddha Shakyamuni sait déjà que vous avez envoyé des offrandes jusque dans cette province reculée de Sado. Il ne peut y avoir, en vérité, d'acte plus loyal ni plus sincère.

Avec mon profond respect,
Nichiren.

La neuvième année de Bun'ei (1272)

ARRIERE-PLAN. - Le neuvième mois de 1272, Nichiren Daishonin écrivit cette lettre d'Ichinosawa, sur l'île de Sado, à Shijo Kingo, un samouraï de ses disciples qui vivait à Kamakura. Elle était motivée par la gratitude de Nichiren Daishonin pour des offrandes que Shijo Kingo lui avait fait parvenir par un messager, en même temps que sa demande de dire une prière à la mémoire de sa mère, à l'occasion du troisième anniversaire du décès de celle-ci.
Shijo Kingo était au service de la famille Ema, une branche du clan des Hojo, au pouvoir. Il excellait dans la médecine aussi bien que dans les arts martiaux, et il avait un caractère droit, loyal et passionné. On rapporte qu'il se serait converti au bouddhisme de Nichiren Daishonin vers 1256, à peu près à la même époque que les frères Ikegami et Kudo Yoshitaka. Lorsque Nichiren Daishonin fut conduit sur la plage de Tatsunokuchi, le douzième jour du neuvième mois de 1271, Shijo Kingo l'accompagna, bien décidé à mourir à ses côtés. Peu après l'arrivée de Nichiren Daishonin sur son lieu d'exil, à Sado, Kingo lui envoya un messager avec divers dons. C'est à ce même messager que Nichiren Daishonin confia, pour qu'il le remette à Kingo, son "Traité pour ouvrir les yeux", qu'il avait terminé le deuxième mois de 1272. Quelques mois plus tard, Kingo fit lui-même le voyage jusqu'à Sado pour rendre visite à Nichiren Daishonin. Il revint le voir le cinquième mois de 1273. [...]
A l'époque féodale, celle où vivait Nichiren Daishonin, tout comme à des époques antérieures en Chine et en Inde, le pouvoir du souverain et des ministres sur leurs sujets était pratiquement absolu. Comme le souligne ce gosho, sans leur consentement, il était extrêmement difficile de propager les enseignements bouddhiques, et les moines devaient obtenir le soutien de protecteurs puissants afin de conserver la Loi. (Commentaire ACEP)

En anglais : The Pure and Far-reaching Voice

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=328&m=1&q=The%20Pure%20and%20Far-reaching%20Voice
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_PureFarReachingVoice.htm

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