Lettre au nyudo d'Ichinosawa

(Lettre au moine séculier Ichinosawa)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 6, p. 105
Gosho Zenshu p. 1326 - Ichinosawa nyudo Gosho


Minobu, le 8e j. du 5e mois de 1275, à l'épouse du nyudo d'Ichinosawa, à Sado

 

Le 12e jour du 5e mois, dans la 1ère année de l'ère Kocho [1261] quand le marqueur inverse de Jupiter était dans le ciel sous le signe cyclique kanoto-tori, je fus condamné par les autorités et envoyé en exil au village d'Ito, dans la province d'Izu. C'est en ce lieu qu'avait été banni le commandant en second de la garde impériale, Minamoto no Yoritomo. Mais, un peu plus tard, le 22e jour du 2e mois de la 3e année de l'ère Kocho [1263], je fus gracié.

Puis, le 12e jour du 9e mois de la 8e année de l'ère Bun'ei [1271], j'ai été de nouveau poursuivi par les autorités et, de façon expéditive, condamné à la décapitation. Certaines circonstances firent différer l'exécution. Et pour finir, je fus placé sous la garde de l'ancien gouverneur de Musashi dont le domaine incluait au nord l'île de Sado. Sur la proposition de ses subordonnés, je fus conduit sur cette île.

Les habitants de l'île sont des barbares qui ignorent tout de la loi de causalité. Ils m'ont indéniablement traité avec brutalité. Mais je ne leur en conserve pas rancune. Car même le souverain du Japon, le seigneur de Sagami, qui aurait pu en comprendre le sens, ne fit aucune enquête sur les raisons de ma conduite qui n'avait d'autre but, en réalité, que de venir en aide au pays. Au contraire, au mépris de toute raison et de toute justice, il ratifia ma condamnation à mort. Puisqu'il n'y avait rien à attendre du meilleur de ses sujets, je n'éprouvais pas de haine à l'encontre des plus mauvais.

Depuis le moment où j'ai commencé à proclamer cet enseignement, j'ai consacré ma vie au Sutra du Lotus et j'ai décidé de faire connaître mon nom dans les terres pures de tous les bouddhas des dix directions. Hong Yen mourut en s'ouvrant le ventre pour y insérer le foie de son seigneur défunt, le duc Yi de Wei. Yu Jang s'empala sur son sabre pour venger le déshonneur subi par son seigneur Zhi Bo (note). Ces actes n'avaient d'autre but que de s'acquitter d'une dette de reconnaissance dans le monde profane. Si, depuis d'innombrables kalpas, les êtres humains ne cessent de transmigrer dans les Six voies sans jamais atteindre la bodhéité, c'est parce qu'ils sont avares de leur propre vie et ne la consacrent pas au Sutra du Lotus. Pendant 1200 ans, un bodhisattva nommé Kiken brûla son propre corps pour l'offrir au bouddha Nichigatsu Jomyotoku, et, pendant 72 000 mille ans, se brûla les bras en offrande au Sutra du Lotus, et renaquit par la suite sous la forme du bodhisattva Yakuo*. Pendant de nombreux kalpas, le bodhisattva Fukyo fut calomnié, ridiculisé, attaqué à coups de canne et de bâton, de tuiles et de pierres, uniquement parce qu'il pratiquait le Sutra du Lotus. Mais par la suite, il renaquit sous la forme du Bouddha Shakyamuni. Ainsi la voie qui mène à la bodhéité requiert des formes de pratique différentes en fonction du temps.

De nos jours il est évident que le Sutra du Lotus reste, comme par le passé, l'enseignement suprême. Mais la pratique change selon les époques. Aujourd'hui, se retirer dans les forêts ou les montagnes pour lire ou réciter le Sutra, ou l'exposer en vivant dans un village et en observant quantité de préceptes, ou même se brûler les coudes en offrande ne permet plus d'atteindre la bodhéité.

En apparence, le bouddhisme au Japon est prospère. Mais le bouddhisme qu'on y pratique est en réalité bien étrange, même si personne ne semble s'en soucier. Les gens sont comparables à des insectes se précipitant aveuglément dans les flammes ou à des oiseaux se jetant dans la gueule d'un serpent.

Les maîtres de l'école Shingon et les adeptes des écoles Kegon, Hosso, Sanron, Zen, Jodo et Ritsu prétendent s'être éveillés au Dharma. Ils croient s'être libérés des souffrances de la naissance et de la mort. Mais les fondateurs de leurs écoles n'ont pas réussi à comprendre le véritable sens des sutras sur lesquels ils appuient leur doctrine. Ils n'ont procédé que de façon superficielle, en n'utilisant que les sutras de leur choix. Ce faisant ils se sont opposés au Sutra du Lotus, et leurs enseignements ne correspondent pas à la véritable intention du Bouddha. Ils n'en ont pas eu conscience et, au fur et à mesure qu'ils propageaient ces doctrines, les dirigeants du pays aussi bien que le peuple ont commencé à avoir foi en elles. De plus, ces enseignements sont répandus dans d'autres pays depuis très longtemps. Si bien que les lettrés de notre temps, ignorant l'erreur des fondateurs de ces écoles, considèrent comme des sages ceux qui pratiquent et propagent leurs doctrines.

Si la source est souillée, le courant ne peut être pur ; si le corps est courbé, l'ombre ne peut être droite. Shubhakarasimha* et les autres fondateurs de l'école Shingon étaient destinés à tomber en enfer. Peut-être certains d'entre eux se sont-ils repentis à temps pour y échapper. D'autres se sont peut-être contentés de propager les sutras de leur choix, sans formuler ni éloges ni critiques à l'égard du Sutra du Lotus ; ainsi, ils ne seront pas parvenus à se libérer des souffrances de la naissance et de la mort mais ils auront du moins évité de tomber dans les mauvaises voies. Toutefois, les gens de notre époque ne savent rien de cela, et beaucoup ont foi en ces enseignements. On pourrait les comparer à des gens partant sur l'océan à bord d'un bateau qui fait eau, ou à des personnes ivres allant se coucher au beau milieu des flammes.

Dès que j'ai pris conscience de la situation, en moi, Nichiren, s'est immédiatement éveillé le désir de parvenir à la bodhéité et j'ai commencé à parler en ce sens. Dès le début je savais que, de quelque manière que je le dise, on ne me croirait pas. Je savais que je serais probablement condamné à la peine capitale ou à l'exil.

Les Japonais d'aujourd'hui s'opposent au Sutra du Lotus et rejettent le Bouddha Shakyamuni. Cela leur vaudra, dans leur vie future, de tomber dans la grande citadelle de l'enfer avici. Mais dans cette vie aussi, ils connaîtront de grandes épreuves. Plus précisément, des envahisseurs viendront de l'étranger et tous, du souverain aux plus petites gens du peuple, connaîtront la même détresse.

Si, par exemple, mille frères s'unissent pour tuer l'un de leurs parents, la rétribution de leur crime ne sera pas divisée par mille. Chacun d'eux sans exception devra tomber dans la grande citadelle de l'enfer et y endurer les mêmes souffrances pendant la durée d'un kalpa. Il en va de même pour les habitants de ce pays, le Japon.
Ce monde Saha, depuis l'époque infinie de gohyaku-jintengo, est le domaine du Bouddha Shakyamuni, Maître du Dharma. Pas un seul lieu, à travers l'immensité de la terre, du ciel, des montagnes et des mers, des champs et des forêts, n'appartient à un autre bouddha. Et tous les êtres vivants en ce monde sont également les enfants de Shakyamuni.

Ainsi on dit que, au début du kalpa de formation, le dieu Brahma est descendu du Ciel pour donner naissance aux divers êtres qui résident dans les Six voies. Cela fait de Brahma le parent de tous ces êtres. Pareillement, le Bouddha Shakyamuni est le parent de tous les êtres vivant en ce monde. Le Bouddha Shakyamuni est aussi le maître éclairé de tous les êtres vivants en ce pays. C'est grâce à ce maître que nous avons appris à reconnaître nos parents, c'est lui qui nous a permis de distinguer le blanc du noir.

Mais les gens suivent les enseignements d'hommes comme Shandao et Honen, qui furent possédés par le Démon du sixième Ciel. Les pratiquants du Nembutsu bâtissent des temples au bouddha Amida dans tout le pays. Dans chaque province, dans chaque village, dans chaque hameau, ils construisent des salles de pratique consacrées au bouddha Amida. Chacun peint ou sculpte en bois l'image du bouddha Amida pour l'enchâsser dans sa propre maison. Toutes les bouches prononcent son nom. Certains récitent le Nembutsu à voix haute, dix mille fois, soixante mille fois par jour. Et des personnes d'une certaine sagesse s'empressent de les encourager à ces pratiques. C'est comme de l'herbe sèche jetée dans un feu ou un vent soufflant de plus en plus fort pour faire des vagues de plus en plus hautes. Les habitants de ce pays sont tous, sans aucune exception, les disciples ou les sujets du Bouddha Shakyamuni. Ainsi, ceux qui ne peignent ni ne sculptent l'image d'Amida ou d'un autre bouddha que Shakyamuni, et qui ne psalmodient pas le nom d'Amida peuvent bien être des personnes mauvaises, mais concrètement ils n'ont rien fait pour rejeter le Bouddha Shakyamuni. Tandis que vénérer exclusivement le bouddha Amida, c'est déjà clairement manifester son abandon du Bouddha Shakyamuni. Ceux qui récitent cette vaine et stérile invocation du Nembutsu, voilà les personnes véritablement mauvaises. Ce bouddha qui n'est ni leur père, ni leur mère, ni leur souverain, ni leur maître, ils le traitent avec autant de tendresse qu'une épouse bien-aimée. Dans le même temps ils abandonnent Shakyamuni, notre véritable souverain, parent et maître éveillé. Ils n'ouvrent pas la bouche pour réciter le Sutra du Lotus, qui est pourtant notre nourrice. Comment ne pas dire d'eux qu'ils manquent à leur devoir de piété filiale  ?

Et ces personnes déloyales ne sont pas seulement une ou deux, cent ou mille ; ce ne sont pas seulement les habitants d'une ou deux provinces. Du souverain jusqu'aux personnes de condition modeste, tous, dans le Japon entier, sans la moindre exception, commettent les trois plus graves des cinq forfaits !

Voilà pourquoi, voyant cela, le soleil et la lune changent de couleur, la terre tremble et se soulève de colère, de grandes comètes traversent le ciel, et de grands incendies éclatent dans tout le pays. Pourtant ces personnes n'ont pas le sentiment d'être dans l'erreur et se félicitent au contraire en disant : "Nous récitons le Nembutsu inlassablement, nous construisons des temples à Amida, nous respectons le bouddha Amida  ! "

Une telle conduite peut paraître sage, mais elle est en réalité sans valeur. C'est comparable à un jeune couple dont le mari aimerait tant son épouse et la femme aurait tant de tendresse pour son époux qu'ils en oublieraient complètement leurs parents. Ainsi les parents n'auront que des vêtements très minces pendant que le jeune couple sera dans sa chambre bien au chaud. Leurs parents n'auront rien à manger, mais eux ne manqueront de rien. Ce serait l'un des pires manquements à la piété filiale, mais ils n'auraient pas conscience de mal faire. Que dire alors d'une femme qui rejette délibérément sa propre mère, d'un mari qui s'oppose à son propre père  ? Ne se rendent-ils pas coupables d'une faute encore plus grave ?

Le bouddha Amida réside dans une région lointaine, séparée de la notre par des milliards de Terres de bouddha, et n'a pas le moindre lien avec notre monde Saha. On aura beau clamer le contraire, cette affirmation n'a rien de concret. C'est comme vouloir accoupler un cheval avec une vache, ou une guenon avec un chien  ! Moi seul, Nichiren, ai conscience de cela. Si pour ménager ma vie je m'abstenais de le dire, non seulement je ne m'acquitterais pas de ma dette de reconnaissance envers mon pays mais j'agirais aussi en ennemi du Bouddha Shakyamuni. D'un autre côté, je savais depuis le début que si, abandonnant toute crainte, je disais les choses telles qu'elles étaient, je risquais la peine capitale. Et que, même si j'échappais à l'exécution, je serais certainement condamné à l'exil. Mais parce que je fais passer avant tout ma dette de reconnaissance envers le Bouddha, je ne me suis pas laissé intimider et j'ai dit ce que je savais.

Comme je l'avais prévu, j'ai été exilé, à deux reprises. [Au cours de la seconde de ces condamnations], pendant l'été de la 9e année de l'ère Bun'ei [1272], alors que je me trouvais sur l'île de Sado, je fus envoyé à Ichinosawa dans le domaine d'Ishida. Le seigneur de la région où j'étais assigné à résidence et ses hommes, en privé comme en public, me traitèrent avec plus de cruauté encore que si j'avais été l'ennemi juré de leurs parents en cette vie-ci et dans les vies antérieures. Mais le nyudo qui m'hébergeait dans sa demeure, ainsi que son épouse et les personnes à leur service, surmontant leur peur initiale, en privé ont manifesté leur pitié à mon égard, peut-être en raison de liens déjà formés dans une vie précédente.

La nourriture octroyée par l'intendant de la région était très maigre. Et comme les disciples qui m'accompagnaient étaient assez nombreux, nous n'avions souvent guère plus de deux ou trois bouchées de riz par personne. Parfois, nous répartissions la nourriture sur les bouts d'écorce qui nous servaient d'assiettes, parfois nous la recevions simplement dans le creux de la main pour la manger aussitôt. A l'extérieur, le maître de maison semblait redouter les autorités, mais en privé il éprouvait pour nous une grande pitié et nous traitait avec bienveillance. Je ne l'oublierai jamais, dans aucune vie future. Il fut alors pour moi plus précieux que les parents qui m'avaient donné la vie. La dette que j'ai contractée à son égard est si grande que je dois m'en acquitter à tout prix. Encore moins pourrais-je manquer à la promesse que je lui ai faite.

Mais le nyudo, profondément préoccupé par la vie future, s'est consacré depuis longtemps à la récitation du Nembutsu. De plus, il a fait construire une salle de pratique pour le bouddha Amida et lui a offert ses terres. Par crainte aussi de l'intendant local, il ne s'est pas immédiatement converti à la pratique du Sutra du Lotus. Peut-être, de son point de vue, était-ce plus raisonnable. Mais, du même coup, il est certain qu'il tombera dans la grande citadelle de l'enfer avici. J'ai pensé, en particulier, que même si je lui faisais parvenir un exemplaire du Sutra du Lotus, par crainte des personnes de son entourage, il ne consentirait pas à abandonner la pratique du Nembutsu. Cela ne ferait rien de plus que verser un peu d'eau sur le feu, ou plutôt la grande quantité d'eau de son opposition au Dharma éteindrait sans nul doute la faible flamme de sa foi dans le Sutra du Lotus. Et s'il tombait en enfer ce serait moi, Nichiren, qui serais à blâmer. Ainsi, tout en m'interrogeant sans cesse sur ce qu'il convenait de faire, je ne lui avais toujours pas envoyé cet exemplaire du Sutra du Lotus.

Sur ces entrefaites, j'ai appris que l'exemplaire du Sutra du Lotus que j'avais l'intention de lui offrir a brûlé lors d'un incendie à Kamakura. Une fois encore, le nyudo semblait n'avoir aucun lien avec le Sutra du Lotus, et je m'étonnais moi-même de lui avoir fait cette promesse.

Qui plus est, quand la nonne de Kamakura (note) quitta Sado, elle manquait d'argent pour rentrer chez elle. Bien à contrecœur, j'ai demandé au nyudo de pourvoir à ses frais, et maintenant je le regrette. J'aurais pu évidemment me contenter de rembourser cette somme d'argent en y ajoutant les intérêts. Mais mes disciples m'ont fait remarquer que cela ne correspondait pas à la promesse faite. J'ai longtemps hésité sur la décision à prendre, mais je ne veux surtout pas agir comme un irresponsable ou un menteur. Voilà pourquoi j'ai décidé, en définitive, de vous offrir un exemplaire complet du Sutra du Lotus en dix volumes. Et parce que la grand-mère du nyudo m'a paru plus attirée par la croyance dans le Sutra que le nyudo lui-même, c'est à vous que je le confie pour elle.

Personne ne tient compte de ce que dit Nichiren et je passe sans doute pour un insensé. Pourtant, dans le 10e mois de la 11e année de l'ère Bun'ei [1274], quand les Mongols ont attaqué Tsukushi, les défenseurs de l'île de Tsushima ont tenu bon, mais So, le vice-gouverneur de Tsushima, a pris la fuite. Si bien que les Mongols ont eu champ libre pour attaquer les paysans et autres gens du peuple, tuant les hommes ou les faisant prisonniers. Ils ont regroupé les femmes et les ont ligotées à leurs bateaux pour les emmener en captivité. Personne n'a pu leur échapper. La même situation s'est répétée lorsqu'ils ont attaqué l'île d'Iki.

Quand il a vu les bateaux mongols attaquer Tsukushi, le gouverneur de la région, l'ancien gouverneur de Buzen, a pris la fuite. Plusieurs centaines de soldats du clan Matsura ont été tués ou faits prisonniers. Les habitants des villages côtiers ont subi, les uns après les autres, le même sort que ceux d'Iki et Tsushima.

Qu'adviendra-t-il lorsque les Mongols lanceront une nouvelle invasion  ? Quand, par milliers et par millions les guerriers mongols encercleront le Japon, que se passera-t-il  ? Leurs forces venues du nord attaqueront tout d'abord l'île de Sado. En peu de temps, ils tueront les intendants et gouverneurs de la région. Et quand les paysans tenteront de s'enfuir dans les montagnes du nord, ils seront tués, faits prisonniers ou mourront dans les montagnes.

Il faut se demander pourquoi des événements aussi terribles se produisent. La raison en est, comme je l'ai déjà dit, que les habitants de ce pays, sans aucune exception, ont tous commis les trois plus graves des cinq forfaits. Voilà pourquoi Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel ont pénétré le corps du grand roi des Mongols pour le pousser à envahir ce pays et à le punir.

Nichiren est peut-être un insensé, mais celui qui se déclare l'envoyé du Bouddha Shakyamuni, le Pratiquant du Sutra du Lotus, il est stupéfiant que ses propos n'aient éveillé aucun écho. C'est en raison de cette erreur que le pays est maintenant menacé de disparition. [Non seulement on n'a pas tenu compte de mes paroles mais] de plus, j'ai été chassé de province en province, j'ai été traité comme un criminel, attaqué, battu et exilé, et mes disciples ont été tués ou dépossédés de leurs terres.

Si vous traitez ainsi une personne véritablement envoyée par vos parents, pouvez-vous vous attendre à de bons résultats  ? Or Nichiren est le parent de tous les habitants du Japon, leur souverain, leur maître éclairé  ! Ont-ils le droit de se retourner contre lui ?

Ceux qui récitent le Nembutsu sont immanquablement destinés à tomber dans l'enfer avici. Telle est la rigueur absolue du Dharma bouddhique !

Quand les Mongols envahiront le pays, que ferez-vous  ? Même si vous mettez ces volumes du Sutra du Lotus sur votre tête ou si vous les suspendez à votre cou avant de vous enfuir vers les montagnes du nord, il n'en restera pas moins vrai que pendant de nombreuses années vous avez soutenu les adeptes du Nembutsu, que vous avez vous-même récité le Nembutsu, et que cela fait de vous l'ennemi du Bouddha Shakyamuni et du Sutra du Lotus.

Si, à ce moment-là, il vous faut mourir, n'en tenez pas rigueur au Sutra du Lotus. Et quand vous comparaîtrez devant le roi Yama dans son palais, que lui direz-vous  ? Aussi insensé que cela vous paraisse, vous direz peut-être alors que vous êtes disciple de Nichiren.

Mais laissons cela. Pour ce qui est de l'exemplaire du Sutra du Lotus que je vous envoie, demandez au moine Gakujo de vous le lire régulièrement. Mais, quoi que l'on vous dise, ne laissez jamais ouvrir ces volumes du Sutra par aucun moine du Nembutsu, du Shingon ou par ceux qui observent les préceptes. Et ne leur faites pas confiance, même si certains se disent disciples de Nichiren, s'ils ne vous en apportent pas une preuve établie de ma main.

Avec mon profond respect,
Nichiren.

Le 8e jour du 5e mois.

ARRIERE-PLAN - Nichiren Daishonin écrivit cette lettre du Mont Minobu, le 8e jour du 5e mois de 1275, à l'âge de cinquante-quatre ans. Il l'adressa à l'épouse du nyudo d'Ichinosawa, moine laïque qui vivait à Ichinosawa, sur l'île de Sado. Cependant, par la suite, ce gosho fut intitulé " Lettre au nyudo d'Ichinosawa ", probablement parce qu'elle contient des conseils adressés au mari.
En 1272, les 16e et 17e jours du 1er mois, Nichiren Daishonin avait débattu avec plusieurs centaines de moines d'autres écoles bouddhiques venus dans ce but jusqu'à sa hutte délabrée de Tsukahara, sur l'île de Sado. Son triomphe en cette occasion amena de nombreuses conversions à son enseignement. Le 2e mois, la prédiction de "luttes intestines", formulée par Nichiren Daishonin dans le "Rissho Ankoku Ron" s'accomplit lorsque Hojo Tokisuke, un demi-frère aîné du régent, tenta de s'emparer du pouvoir et que la guerre éclata entre factions de la famille Hojo à Kyoto et à Kamakura. Ces événements valurent à Nichiren Daishonin un respect grandissant, et le 4e mois de 1272 il fut transféré de son misérable abri de Tsukahara au domaine du nyudo d'Ichinosawa, où il vécut pendant près de deux ans, jusqu'au 3e mois de 1274, date à laquelle son pardon lui fut notifié.
Dès lors, le nombre d'habitants de l'île de Sado ayant foi dans les enseignements de Nichiren Daishonin ne cessa de croître, et le laïc Abutsu-bo ainsi que son épouse Sennichi-ama devinrent les piliers de cette communauté. La femme du nyudo d'Ichinosawa se convertit et le nyudo lui-même développa une attitude favorable, tout en restant croyant du Nembutsu. Il mourut en 1278 sans s'être jamais converti. (Commentaire ACEP)

En anglais : Letter to Ichinosawa Nyudo ou Letter to the Lay Priest Ichinosawa

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=526&m=1&q=Lay%20Priest%20Ichinosawa
- commentaire : http : //nichiren.info/gosho/bk_LetterIchinosawaNyudo.htm

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