Commençons aujourd’hui par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

À ce moment, les bodhisattvas-mahasattvas qui avaient surgi de Terre en nombre égal aux particules de mille mondes, joignirent tous unanimement les paumes devant l'Éveillé, regardèrent avec adoration le visage du Vénéré et s'adressèrent à lui : « Vénéré du monde, après le parinirvana du Bouddha, nous exposerons amplement ce Sutra dans les royaumes où résident les corps d'émanation du Vénéré du monde et où ils seront passés en parinirvana. Pourquoi cela ? C'est que nous aussi nous désirons obtenir pour nous-mêmes ce grand Dharma, authentique et pur, le recevoir et garder, le lire, le réciter, l'expliquer, le copier et lui faire offrande. »

Alors le Vénéré du monde, devant l'ensemble de la multitude, Manjushri et les innombrables milliers de millions de myriades de bodhisattvas-mahasattvas demeurant de longue date dans le monde Saha, ainsi que les bhiksus et les bhiksunis, les upasakas et les upasikas, les devas, nagas, yakshas, gandharvas, asuras, garudas, kimnaras, mahoragas, humains et non-humains, manifesta ses grands pouvoirs supranaturels en sortant une langue large et longue qui monta jusqu'au Séjour de Brahma ; tous ses pores émirent d'innombrables et incalculables rayons de lumière colorée qui illuminèrent universellement les mondes des dix directions. Il en alla de même pour les bouddhas sur leurs trônes léonins au pied de la multitude d'arbres de matières précieuses : ils sortirent une langue large et longue et émirent d'innombrables rais de lumière.

* * *

Les bouddhas Sauveurs Vénérés du Monde
possèdent de grands pouvoirs supranaturels.
Pour mettre les êtres en liesse,
ils manifestent d'innombrables forces divines :

Leur langue atteint le Séjour de Brahma,
leur corps émet d'incalculables rais de lumière.
C'est pour ceux qui sont en quête de la Voie de bouddha
qu'ils manifestent ces rares phénomènes.

Le son guttural des bouddhas,
leurs claquements de doigts,
s'entendent à la ronde dans les royaumes des dix directions ;
le sol tremble partout de six façons.

C'est afin qu'après la disparition du Bouddha,
on puisse garder ce Sutra,
que tous les bouddhas avec joie
manifestent d'innombrables pouvoirs supranaturels.

Parce qu'ils assurent la passation de ce Sutra,
si je devais glorifier durant d'innombrables kalpas
ces gardiens qui reçurent ce texte,
mes louanges n'y suffiraient pas.

Les mérites de ces gens
sont infinis, illimités,
de même que l'espace, dans les dix directions,
ne saurait être délimité.

Quiconque garde ce Sutra
sera désormais capable de me voir
et voir également le bouddha Taho
ainsi que mes émanations ;
et les bodhisattvas qui
ont reçu mes paroles aujourd'hui.

Quiconque garde ce Sutra
met dans l'allégresse
moi-même et mes émanations
ainsi que le bouddha Taho ;
tous tant que nous sommes.

Dans les dix directions, les bouddhas du présent,
tout comme ceux du passé et du futur,
il les voit aussi, leur fait offrande
et les met en liesse.

Le Dharma caché et essentiel, obtenu
par les bouddhas assis au lieu de la Voie,
quiconque garde ce Sutra
avant longtemps l'obtiendra lui aussi.

Quiconque garde ce Sutra
aura, sur le sens des enseignements,
les termes et les locutions,
une prédication joyeuse, inépuisable :
comme le vent dans le ciel
n'a pas le moindre obstacle.

Après l'extinction de l'Ainsi-Venu,
il connaîtra les textes prêchés par l'Éveillé,
leurs relations causales et leur succession,
il les prêchera selon leur sens, comme ils sont réellement.

Comme la clarté du soleil et de la lune
est capable d'éliminer les ténèbres,
une telle personne, parcourant le monde,
pourra dissiper l'obscurité des êtres.
Elle enseignera d'innombrables bodhisattvas
et les fera demeurer dans le Véhicule unique.

C'est pourquoi le sage
qui entend les bienfaits de ces pouvoirs
devra, après ma disparition,
sauvegarder ce Sutra.
Cette personne, dans la Voie de bouddha,
atteindra, sans aucun doute, la bodhéité.

Il effleura3 ainsi par trois fois le sommet du crâne des bodhisattvas-mahasattvas et leur dit ces paroles : « Je me suis exercé durant d'innombrables milliers de millions de myriades de quantités incalculables de kalpas à la pratique de ce Dharma de l'Éveil complet et parfait sans supérieur ; je vous la remets à présent. Vous devrez recevoir, garder, lire, réciter, divulguer amplement ce Dharma et permettre universellement à l'ensemble des êtres de l'entendre et de le connaître. Pourquoi cela ? C'est que l'Ainsi-Venu est de grande compassion, sans aucune avarice et sans crainte non plus : il est capable de donner aux êtres la sagesse d'Éveillé, la sagesse d'Ainsi-Venu et la sagesse existant par elle-même. L'Ainsi-Venu est le grand donateur de l'ensemble des êtres. Vous devez aussi, en conséquence, apprendre le Dharma de l'Ainsi-Venu sans concevoir d'avarice. Dans un âge futur, si un fils de foi sincère, ou une fille de foi sincère, croit en la sagesse d'Ainsi-Venu, il faudra lui exposer ce Sutra du Lotus du Dharma pour lui permettre de l'entendre et de le connaître, afin de le mener à obtenir la sagesse d'Éveillé. S'il y a des êtres qui n'y croient pas, il faudra leur montrer, leur enseigner d'autres enseignements profonds de l'Ainsi-Venu, les en faire bénéficier et s'en réjouir. Si vous êtes capables d'agir ainsi, cela reviendra déjà à rendre les bienfaits des bouddhas. »

Félicitations à l’occasion du début de votre cinquième et dernière semaine d’étude de ce guide ! Vous pouvez hautement vous féliciter de tout le travail accompli jusqu’à présent : vous avez lu de grandes et importantes parties du Sutra du Lotus et commencé à développer une pratique que vous pourrez utiliser ultérieurement comme fondement de votre vie de pratiquant ; vous êtes de plus en train d’accomplir quelque chose de grand, qui correspond aux prédictions du Sutra du Lotus et exprime votre reconnaissance envers le Bouddha de vous avoir confié ses enseignements.

Si le Bouddha avait choisi de garder son Éveil pour lui-même, les gens de notre époque, dont nous-mêmes, n’aurions peut-être pas trouvé la porte nous permettant d’atteindre l’Éveil. De plus, si le Bouddha n’avait pas enseigné le Sutra du Lotus, nous qui sommes les générations suivant sa mort, n’aurions eu aucune assurance de trouver une pratique ou un enseignement bouddhique approprié.

Dans aucun autre sutra, le Bouddha ne consacre autant de temps et d’efforts à un enseignement destiné à la période suivant son extinction ; un enseignement spécifiquement destiné à une époque où l’effet du Dharma sera amoindri, diminué.

Aujourd'hui, nous lisons la grande promesse que les Bodhisattvas Surgis-de-Terre ont faite au Bouddha : celle de pratiquer et d’enseigner le Sutra du Lotus dans les périodes qui suivront sa disparition. Nous lisons également que les bouddhas transmirent les enseignements du Sutra du Lotus à de futurs pratiquants tels que nous.

J’aimerais signaler ici que c’est de l’extrait en stances du Chapitre XXI, que vous avez lu plus haut, que Nichiren tira une partie de son nom : le passage qui dit « comme la clarté du soleil » correspond à « Nichi », le premier caractère de son nom ; le second, « Ren », correspond au caractère « Renge », ou Lotus. Nichiren signifie donc « Soleil Lotus ».

Ayant écrit d’assez longs articles ces derniers jours, je tâcherai aujourd’hui de ne pas écrire autant et les raccourcir un peu. Avant de conclure toutefois, j'aimerais attirer votre attention sur la fin de la partie du Chapitre XXII que vous venez également de lire. Le Bouddha y dit que lorsque nous parlons du Sutra du Lotus, chacun n’est pas nécessairement prêt à y croire ou même à être ouvert à ce que nous souhaitons lui faire partager. Puissions-nous ne pas nous en décourager !

Si quelqu’un ne peut accepter le Sutra du Lotus, nous devrions partager avec lui d'autres enseignements bouddhiques dans le but de lui apporter joie et bienfait. Nous pourrions par exemple lui ouvrir les yeux sur des concepts tels que ceux de la loi de cause et effet, ou de l'origine interdépendante de tous les dharmas, comme vous-même les avez étudiés et pratiqués tout au long de ce guide. Nous pouvons aussi envisager de partager l'enseignement de l'équité, ou même celui des bienfaits des huit voies exposées dans l’Octuple Noble Sentier.

Nombre de concepts bouddhiques peuvent en effet être présentés sans même mentionner le terme « bouddhique ». Une telle démarche sera profitable et aidera quiconque à planter des racines de bonne fortune dans sa vie pour pouvoir y croire dans l’une de ses existences ultérieures.

En tant que bouddhiste, nous ne devrions jamais perdre de vue la nature infinie de la vie. Selon ce point de vue, il n’existe pas qu’une seule vie, mais d'innombrables vies qui mèneront, tôt ou tard, chaque personne à manifester son état de bouddha.

Aujourd’hui, alors que vous entamez votre cinquième semaine de pratique, c’est le bon moment de vous intéresser aux voies justes restantes de l’Octuple Noble Sentier : tâchez de les analyser en tenant compte de ce que vous avez réalisé jusqu’à présent. En vous concentrant sur certaines d’entre elles, vous influencerez les autres, et même si cela prend du temps, il vous sera alors plus facile de les suivre toutes.

Continuez aujourd’hui votre pratique en récitant Namu Myoho Renge Kyo et en lisant le Chapitre XVI en shindoku. Continuez également de réciter daimoku selon vos possibilités en vaquant à vos activités quotidiennes.

Et encore une fois, toutes mes félicitations à la veille de votre cinquième semaine de pratique !


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3104

2La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici

3La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici