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Extraits de gosho sur |
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paramita - patience |
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Par exemple Shariputra,
bien qu'il soit parvenu à l'étape d'arhat,
se laissait parfois emporter par la colère. Pilindavasta,
bien que s'étant libéré des illusions
de la pensée et du désir, faisait encore preuve d'arrogance,
et Nanda, bien que s'étant
libéré des désirs sexuels, continuait à
rechercher le contact des femmes. Même ces disciples du Bouddha
dans l'état d'auditeurs-shravakas,
ayant éliminé les désirs, en conservaient des vestiges.
Pourrait-il en être autrement lorsqu'il s'agit de simples mortels ? Pourtant, le Bouddha Shakyamuni fit sa venue dans notre monde
saha paré du titre de Nonin [le
Persévérant]. On l'appelle ainsi parce qu'il ne
réprimande pas les simples mortels pour leurs offenses au Dharma, mais fait preuve de patience à leur égard. Alors même que j'attendais
de vos nouvelles avec impatience, le messager que vous vous êtes
donné la peine de m'envoyer est arrivé. Dans ma situation
actuelle, votre don d'argent est bien plus précieux que n'importe
quel trésor existant sur terre ou dans la mer. Il
est préférable d'éviter les troubles imprévisibles
et de faire preuve d'endurance et de patience. Au cours des cent jours
qui suivront la lecture de cette lettre, ne sortez pas imprudemment
la nuit pour boire, avec vos collègues ou d'autres, en dehors
de chez vous. Si votre seigneur vous convoque dans la journée,
allez-le voir immédiatement. Si c'est à la nuit tombée,
faites-lui dire à trois reprises que vous êtes malade.
S'il persiste et vous appelle encore, demandez à vos serviteurs
ou à quelqu'un d'autre de s'assurer que la route est sûre
avant de répondre à cette convocation [de votre seigneur].
Si vous vous comportez avec une telle prudence et si, au même
moment, les Mongols attaquent notre pays, les sentiments des autres
à votre égard changeront et ils ne vous manifesteront
plus d'hostilité. Dans l'histoire du Japon, deux empereurs furent assassinés.
L'un d'eux était le trente-troisième empereur, Sushun. Il était le fils
de l'empereur Kimmei et l'oncle
du prince Shotoku. Il convoqua
un jour le prince Shotoku et
lui dit : "On vous prête un sagesse sans égale. Examinez
Notre physionomie et dites-Nous ce que vous y voyez ! " Le
prince se récusa à trois reprises, mais l'empereur insista.
Alors, ne pouvant plus refuser, le prince examina avec respect la physionomie
de Sushun et déclara : "Il
est inscrit sur le visage de Votre Majesté que quelqu'un va L'assassiner." L'empereur
changea de couleur. "Sur quels indices vous appuyez-vous pour affirmer
cela ? " demandai-t-il. Le prince répondit : "Je
vois des veines rouges dans vos yeux. C'est le signe que vous provoquerez
l'hostilité des autres." Sur ce, l'empereur demanda : "Comment
Notre Majesté peut-elle échapper à ce destin ? "
Le prince répondit : "Il est difficile d'y échapper.
Mais il y a des guerriers que l'on appelle les cinq grands principes
d'humanité. Tant que vous garderez ces guerriers à vos
côtés, vous ne courrez aucun danger. Les écrits
bouddhiques désignent ces guerriers du nom de "patience"
l'une des six paramitas." Pendant
un certain temps, l'empereur Sushun observa fidèlement la pratique de la patience. Mais, de nature
irascible, il viola un jour ce précepte quand un de ses sujets
lui fit cadeau d'un jeune sanglier sauvage. Il décrocha la boucle
qui retenait son sabre au fourreau, et le plongea dans les yeux du sanglier
en disant : "Voilà un jour ce que Nous ferons à cet
homme que Nous haïssons ! " Le prince Shotoku,
qui était présent, s'exclama : "Ah ! C'est effroyable,
effroyable ! Votre Majesté va sûrement éveiller
la haine des autres. Ces mots mêmes que vous venez de prononcer
seront le sabre qui va vous frapper." Le prince se fit sur l'instant
apporter des objets précieux qu'il partagea entre ceux qui avaient
entendu la remarque de l'empereur [dans l'espoir d'acheter leur silence].
L'un d'eux, néanmoins rapporta l'épisode au ministre Soga
no Umako. Umako, croyant
que c'était à lui que l'empereur vouait cette haine, persuada
Atai Goma, fils d'Azumanoaya no Atai Iwai, de tuer l'empereur. Ainsi,
même un souverain sur le trône doit veiller à ne
pas exprimer sans retenue ses pensées. Confucius était pour le principe de "Neuf pensées pour un mot",
ce qui signifie qu'il réfléchissait par neuf fois avant
de parler. Dan, duc de Zhou, était
si soucieux de bien recevoir ceux qui lui rendaient visite qu'il s'interrompait
trois fois en se lavant les cheveux, ou reposait trois fois ce qu'il
allait mettre à la bouche au cours du repas, [afin de ne pas
les faire attendre]. Si vous êtes impatient de
me voir, priez en vous tournant vers le soleil, et au même moment
vous y verrez mon reflet. J'ai bien reçu le
kimono blanc et les dix ryo de coton
que vous avez eu la bonté de me faire parvenir. La fin de l'année
approche et, ici, sur cette montagne où je me trouve, le vent
souffle très fort et ma petite demeure est aussi trouée
qu'un panier tressé. Le sol est un tapis d'herbes, mes vêtements
sont en papier (note), mon corps est froid comme
de la pierre, et ce que je mange est glacé. Aussi, dès
que j'ai reçu ce kimono, j'ai voulu le mettre pour me réchauffer.
Mais, comme vous aviez écrit qu'il fallait le porter le premier
jour de l'année prochaine, j'attends le Jour de l'An avec autant
d'impatience que le vénérable Mahakashyapa,
retiré sur le Mont Kukkutapadai, attendit l'apparition du bodhisattva Maitreya pendant 5 670 millions
d'années. Cela fait longtemps que je ne vous y ai pas vu. Venez donc me rendre
visite dès que possible. Je vous attends avec une grande impatience. |
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