DICTIONNAIRE des TERMES BOUDDHIQUES français, japonais, chinois, sanscrit, pali |
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Car il faut bien insister sur le fait que le bouddhisme est athée au sens le plus fort du terme. Le Bouddha a insisté tout au long de sa vie qu'il était venu pour guérir les êtres de leurs souffrances et non pas pour discuter de théories. Son enseignement s'affirme d'amblé par la réfutation des notions de dieu créateur, paradis, âme, réincarnation, idées qui relèvent en grande partie d'une vision inadéquate, voire pathogène, du monde. Le but de Shakyamuni était précisément d'éveiller les hommes à une approche plus réaliste de la vie et de les débarrasser des illusions, cause importante de la souffrance. Ses premiers sermons vont dans ce sens. Mais constatant le peu de capacités de ses contemporains à le suivre sur cette voie, il a passé quelques 40 ans à les former, à leur ouvrir progressivement les yeux pour ne leur expliquer le contenu de son "Éveil" qu'à la fin de sa vie. Les divergences dans les écoles bouddhiques proviennent de ce que très peu de ses disciples ont suivi l'intégralité de son enseignement. La majorité partait prêcher la bonne parole après avoir entendu juste un "cours préparatoire". Le Sutra du Lotus résume l'enseignement du Bouddha et il n'a "d'ésotérique" que la difficulté de le comprendre sans y être longuement préparé. Ce Sutra parle de l'éternité. Il n'y a ni divinité créatrice, ni "début " à l'existence de l'univers. Seul notre esprit limité nous fait percevoir le monde en termes d'espace et de temps. Shakyamuni refuse tout transcendance, créationnisme, magie. Dieu serait un "être transcendant" pour le monde mais immanent en soi (tout-puissant, non-crée) ? ! ? En toute logique on voit mal pourquoi l'immanence ne serait pas applicable directement à l'univers. Le besoin d'un intermédiaire créateur est un fait psychologique dû à notre tendance de tout expliquer à partir d'une position anthropocentrique (dieu à notre image). Pour les mêmes raisons de mésinterprétation du temps comme étant linéaire, Shakyamuni refuse toute idée de "réincarnation" ; il se sert de cette idée qui caractérise l'Inde de son époque, en tant que "comparaison et parabole" pour illustrer le principe de causalité (production conditionnée). Il dit bien que la vie est éternelle, jamais que l'individu puisse l'être, sous quelque forme que ce soit (âme, tulku). L'idée même de karma prend une autre dimension à la lumière de l'éternité. Les écoles syncrétistes nient, de fait, certains des
quatre "seaux du dharma", qui permettaient, à l'origine,
de reconnaître si une théorie ou une doctrine relevait
du bouddhisme : Il n'est nullement question de discuter ici de la "Réalité Ultime". Rappelons la parabole de l'éléphant et l'interprétation qu'en donnent les aveugles. Mais comment appeler "bouddhisme" une doctrine qui réfute l'impermanence et l'anatman en proclamant l'existence d'esprits réincarnés ? Ne serait-il pas plus juste de parler d'écoles issues du bouddhismes, comme on parle du cubisme issu de l'impressionnisme et des différentes techniques de connaissance de soi issues de la psychanalyse ? Il peut être dangereux de confondre symbole et réalité,
dévotion et respect de l'esprit d'un maître. |