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Extraits de gosho sur |
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tortue borgne |
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En lisant votre lettre, j'ai l'impression de contempler
quelque chose de plus rare encore que l'éclosion de la fleur udum, d'encore plus exceptionnel
que le morceau de bois flottant trouvé par la tortue
borgne, et comportant un creux parfaitement adapté à
sa taille. Empli d'une admiration profonde, j'aimerais ajouter ne serait-ce
qu'un mot ou une phrase pour exprimer ma propre joie et rehausser votre
mérite. Mais, comme les nuages assombrissant la lune ou la poussière
ternissant un miroir, je crains que la maladresse de ma description
ne serve qu'à masquer et à obscurcir les bienfaits extraordinaires
que vous recevrez. Vous me demandez de vous répondre, il m'est
donc impossible de garder le silence. Mais ne voyez là, s'il
vous plaît, qu'une goutte d'eau versée dans l'océan,
que la lueur d'une bougie allant se fondre dans l'éclat du soleil
ou de la lune, dans l'espoir d'accroître, si peu que ce soit,
le volume de l'eau ou l'intensité de la lumière. Tout
d'abord, lorsqu'il s'agit du Sutra du Lotus, comprenez bien
que les bienfaits sont les mêmes
dans tous les cas, que l'on récite la totalité des huit
volumes, ou seulement un volume, un chapitre, un verset, un passage,
ou uniquement le titre. Pourtant,
nous avons obtenu de naître dans le monde des humains, condition
à laquelle il est rare de parvenir, et nous avons rencontré
les enseignements sacrés du Bouddha qu'il est très exceptionnel
d'entendre. Nous sommes comme la tortue
borgne trouvant un bois flottant percé d'un trou exactement
de la taille qui lui convient. Comme il serait regrettable alors que nous
ne saisissions pas cette occasion de trancher les entraves de
la vie et de la mort, et ne fassions pas le plus petit effort pour
nous libérer de la cage du monde des trois
plans. Il fallut plus de mille ans avant que le nom
du Sutra puisse seulement être entendu en Chine, et encore
350 ans, ou plus, avant qu'on ne l'entende au Japon. Ainsi la
rencontre avec ce Sutra est-elle aussi rare que l'éclosion
de l'udumbara, une fleur qui
ne fleurit qu'une fois tous les 3000 ans, ou que la découverte,
par une tortue borgne, d'un morceau
de bois de santal flottant, ce qui ne se produit qu'une fois en d'innombrables kalpas. Le Bouddha
et Devadatta sont comme un corps
et son ombre, vie après vie, ils ne sont jamais séparés.
Le prince Shotoku et [son ennemi
juré] Mononobe no Moriya apparurent en même temps, comme la fleur et la graine de lotus.
S'il existe un Pratiquant du Sutra du Lotus, les trois
grands ennemis existent aussi, immanquablement. Les trois
grands ennemis sont déjà apparus. Qui, alors, est le
Pratiquant du Sutra du Lotus ? Recherchons-le pour en faire
notre maître. [Comme le dit le Sutra du Lotus], trouver
une telle personne est extrêmement rare, aussi rare que la chance,
pour une tortue borgne, de découvrir
un morceau de bois santal flottant creusé d'un trou à la
taille exacte de son ventre. Rien n'est
plus difficile que de rencontrer un bon ami bouddhique. Le Bouddha comparait
cela à la difficulté, pour une tortue
borgne, de trouver un morceau de bois flottant percé d'un
creux assez large pour qu'elle y loge son abdomen, ou à la difficulté
de faire passer un fil lancé du Ciel
de Brahma dans le chas d'une aiguille plantée en terre. De
plus, en cette époque impure des Derniers jours du Dharma,
les mauvais amis sont plus nombreux que toutes les particules de poussière de
la terre, alors que les bons amis sont plus rares que les grains de
poussière pouvant tenir sur un ongle. De plus,
il est extrêmement rare de rencontrer une personne capable d'enseigner
fidèlement ce Sutra. C'est encore plus difficile que
pour une tortue borgne de trouver
un morceau de bois de santal flottant à la dérive ou
que de suspendre le Mont Sumeru à la voûte céleste avec la fibre d'une tige de
lotus. Ce que vous dites à propos du seigneur Niida (note) est sans doute exact. J'ai aussi entendu parler des gens d'Okitsu.
Si l'occasion s'en présente, vous devriez vous conduire exactement
de la même manière. Si des personnes de haut rang vous
reprochent votre foi, considérez-les comme les grands
ennemis du Sutra du Lotus et pensez que c'est une grande
chance de les rencontrer, un événement aussi rare que
la floraison de l'udumbara ou
que le fait, pour la tortue borgne de
trouver un morceau de bois de santal flottant. Répondez-leur
avec calme et résolution. Peut-être
en raison de son karma dans des
vies précédentes, ou pour une tout autre raison, la fille
du nyudo Ishikawa no Hyoe a récité Namu Myoho Renge Kyo au dernier
instant de sa vie. C'est aussi rare que pour la tortue
borgne de trouver une planche flottante creusée d'un trou
à la taille de son ventre, ou que pour un fil tombé du
ciel de passer par le chas d'une aiguille plantée en terre. Comme
c'est extraordinaire ! Pour illustrer l'extrême
rareté de rencontrer ce sutra, le Bouddha l'a comparée
à la difficulté qu'aurait une tortue borgne à trouver
un morceau de bois de santal flottant percé d'un trou. A quatre-vingt mille yojana au fond du grand
océan, vit une tortue. Elle n'a ni pattes ni nageoires. Son abdomen
est aussi brûlant que s'il était posé sur du fer
chauffé à blanc, et sa carapace aussi froide que les montagnes
de glace. Cette tortue n'a qu'un seul désir, jour et nuit, soir
et matin, à chaque instant : rafraîchir son ventre brûlant
et réchauffer la carapace qui recouvre son dos. Le santal rouge est un bois que l'on tient pour sacré. Il est, parmi les
bois, comme un sage parmi les hommes. Comparés à lui,
tous les autres bois semblent ordinaires, comme les autres hommes, comparés
à un sage, semblent ignorants. Ce bois de santal rouge a le pouvoir
de rafraîchir le ventre de la tortue. Elle souhaite ardemment
se hisser sur un morceau de ce bois pour se rafraîchir le ventre,
placer son abdomen dans un creux et laisser le soleil lui réchauffer
le dos. Mais les lois de la nature ne permettent à cette tortue de remonter [d'une profondeur de quatre-vingt mille yojana] à
la surface de l'eau qu'une fois tous les mille ans ; et, même alors,
il reste difficile pour elle de trouver un morceau de bois de santal flottant. L'océan est immense, la tortue toute petite, et les
bois flottants sont rares. Même si une tortue arrivait à
trouver un morceau de bois flottant, ce bois flottant ne serait pas
nécessairement du santal. Et même si elle avait cette chance,
il est peu probable qu'elle découvrirait un morceau de santal creusé d'un trou de la taille exacte pour y loger son abdomen.
Si le trou est trop large, elle tombera, elle ne pourra pas se réchauffer
le dos, et personne ne pourra la hisser de nouveau sur ce morceau de
bois. Au contraire, si le trou est trop étroit, elle ne pourra
pas y loger son ventre, elle sera emportée par les vagues et
retombera au fond de la mer. Même si, par extraordinaire,
la tortue trouvait un morceau de bois de santal flottant percé
d'un trou de taille convenable, parce qu'elle n'a qu'un oeil, sa vision
est déformée. Elle croit qu'il dérive vers l'est
alors qu'il s'en va vers l'ouest. Ainsi, plus elle s'efforce de s'en
approcher, plus elle s'en éloigne. De la même manière,
elle prend le sud pour le nord. Ainsi, elle s'écarte toujours
plus du bois flottant, sans jamais parvenir à l'atteindre. C'est ainsi que le Bouddha
Shakyamuni expliqua la difficulté, même pendant la durée
infinie d'un kalpa, pour une tortue
borgne de rencontrer un morceau de bois de santal flottant percé
d'un trou à la taille convenable. Le Bouddha Shakyamuni illustra
par cette parabole la difficulté de rencontrer le Sutra du
Lotus. |
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