Commençons comme à notre habitude par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

Et encore, ô Invincible, s'il est des gens qui, à entendre le Bouddha exposer la durée de sa vie, comprennent la portée de ses dires, les mérites qu'ils en obtiendront seront sans limite ni mesure et ils pourront acquérir la sagesse insurpassable des Ainsi-Venus. À plus forte raison encore pour qui entend ce Sutra dans sa portée, ou le fait entendre à autrui, le garde lui-même ou le fait copier à autrui ou bien fait, à ses volumes, offrande de fleurs, d’encens, de guirlandes, de bannières, de dais de soie, d'huiles parfumées, de lampes à beurre clarifié, les mérites de ces gens seront sans mesure ni limite et ils seront capables de produire la sagesse portant sur toutes les espèces. Ô Invincible, si les fils et les filles de foi sincère qui m'entendent exposer l'immensité de mon âge croient et comprennent du profond de leur cœur, il leur sera montré l'Éveillé se tenant en pérennité sur le Pic du Vautour, entouré des multitudes de bodhisattvas et d'auditeurs-shravakas, et prêchant le Dharma. Ils verront encore ce monde Saha dont le sol deviendra de béryl, plat et nivelé, les huit voies en seront délimitées par de la poudre d'or du fleuve Jambu, bordées d'arbres de matières précieuses ; les terrasses, les hauts pavillons, les belvédères y seront tous faits de matières précieuses et habités par une multitude de bodhisattvas. S'il s'en trouve qui puissent le contempler ainsi, sache-le, ce sera le signe de la profondeur de leur foi et de leur compréhension.

* * *

Si on lit, récite, accepte et garde ce Sutra et qu'on l'expose à autrui, si on le copie ou si on le fait copier à autrui, si en plus on est capable d'ériger des stupa et de construire des vihara, de présenter offrandes et louanges à la communauté des auditeurs-shravakas ; si en plus, on fait adresse des centaines de millions et des myriades d'hymnes et de louanges aux mérites des bodhisattvas ; si en plus, à l'intention d'autrui et à l'aide d'une variété de relations, on expose intelligiblement, conformément à son sens, ce Sutra du Lotus du Dharma ; si en plus, on est capable d'observer la moralité en sa pureté et de cohabiter avec les doux et conciliants ; si on est patient et sans colère, ferme dans sa résolution, ayant toujours en estime la méditation assise (dhyana), on obtiendra les diverses concentrations ; énergique et audacieux, on embrassera les bonnes méthodes ; muni de facultés aiguës et de sagesse, on répondra avec maîtrise aux objections.

Ô Invincible3 , après le parinirvana de l'Ainsi-Venu, si des bhiksus, des bhiksunis, des upasakas et upasikas, ou tous autres sages, avancés en âge ou jeunes, ayant entendu ce Sutra et s'en étant réjouis en conséquence, quittent l'assemblée du Dharma et se rendent en un autre lieu - que ce soit en des viharas, un lieu désert, une ville, un bourg, une agglomération, un village - et que, comme ils l'ont entendu, ils l'exposent selon leurs capacités à leur père, leur mère, leur parentèle, leurs bons amis et connaissances ; que ces gens, l'ayant entendu, s'en réjouissent en conséquence et à leur tour s'en aillent propager l'enseignement ; que d'autres, l'ayant entendu, s'en réjouissent aussi en conséquence et propagent l'enseignement, et ainsi de suite de proche en proche jusqu'au cinquantième ; ô Invincible, les mérites venant de la joie conséquente qu'aura ce cinquantième, fils de foi sincère ou fille de foi sincère, je vais maintenant te les exposer, écoute bien.

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Ô Invincible, si quelqu'un se rend, pour l'amour de ce Sutra, dans les vihara et que, soit assis soit debout, il l'écoute et l'accepte ne serait-ce qu'un fort bref instant ; en raison de ce mérite, là où il renaîtra corporellement, il obtiendra d'excellents et merveilleux chars à éléphants et à chevaux, des palanquins aux joyaux de prix et il montera aux palais célestes. Et si quelqu'un encore se trouve assis à l'endroit où s'expose le Dharma et qu'un autre survenant, il exhorte ce dernier à s'asseoir et à écouter, voire partage avec lui son siège, les mérites de cette personne lui feront obtenir, dans sa renaissance corporelle, le trône d'Indra, le trône du roi des Mahabrahmas ou encore le trône où s'assoit le roi qui fait tourner la roue du Dharma.

J’ai sélectionné aujourd’hui quatre paragraphes des deux prochains chapitres du Sutra qui parlent tous des mérites, ou bienfaits, qu’accumuleront ceux qui pratiquent le Sutra du Lotus dans les périodes suivant la mort du Bouddha.

Après les avoir lus, partagez votre temps restant entre la lecture du Chapitre XVI en shindoku et la récitation de Namu Myoho Renge Kyo.

Dans le premier paragraphe desdites sélections, le Bouddha évoque l'importance de considérer sa longévité et explique que par rapport à la pratique des Six paramitas (Six perfections), comprendre et croire en la vie éternelle du Bouddha est en réalité bien plus bénéfique.

Vous vous demandez sûrement pourquoi il est si important que le Bouddha nous parle de la durée infinie de sa vie. L’une des raisons est que sans cette assertion, ou vérité, les Bodhisattvas Surgis-de-Terre n’auraient non seulement pas de maître, mais également pas d’autre alternative que celle d’être en relation avec le Bouddha historique.

Quoiqu’il s’agisse là, bien sûr, d’une belle théorie que relate noir sur blanc le Sutra du Lotus, notre pratique a néanmoins pour objet d’actualiser ce principe. À mesure que se développe notre foi grâce à notre pratique et que nous expérimentons le Sutra du Lotus, changent également notre relation à lui ainsi que notre compréhension du Bouddha éternel, reléguant au second plan ce que cette idée peut avoir de théorique et lui substituant une réalité vécue. Cela prend évidemment du temps, mais pendant cet intervalle le Bouddha nous assure que les bienfaits que nous accumulons sont inimaginables, dépassant même ceux des pratiquants contemporains du Bouddha ou les bienfaits de ceux pour qui la croyance en un Bouddha éternel ne revêt pas d’importance particulière.

Si nous examinons les prédictions d'Éveil faites aux contemporains du Bouddha, nous constatons qu'ils atteindront tous l’Éveil à un moment donné en raison de leur relation à Shakyamuni, le Bouddha historique. Mais ceux qui enseignent et pratiquent le Sutra du Lotus après la mort du Bouddha, les Bodhisattvas Surgis-de-Terre, ont une relation à lui, au Bouddha, qui s'étend depuis un passé infini ; autrement dit, une relation bien plus ancienne qui leur a permis d’obtenir de grands pouvoirs surnaturels ainsi que toutes ses marques bouddhiques.

Les Bodhisattvas Surgis-de-Terre ne viennent pas dans ce monde Saha, monde de souffrances, dans le seul but de pratiquer pour atteindre l’Éveil : ils apparaissent en ce monde pour enseigner comment atteindre l’Éveil après le décès du Bouddha. Ces Bodhisattvas Surgis-de-Terre ont donc préalablement développé une pratique bien plus élevée que celle des contemporains du Bouddha historique.

Il revient évidemment à chacun selon sa personnalité, sa sensibilité, de révéler cette réalité, cette « vérité », grâce à sa pratique du Sutra du Lotus. Tout comme les Bodhisattvas Surgis-de-Terre ont surgi des profondeurs de la Terre, nous aussi émergeons de nos vies apparemment banales, et révélons le Bouddha qui est en nous.

Avant de conclure, parlons un peu maintenant des bienfaits de la cinquantième personne dont vous avez pris connaissance au chapitre XVIII. Le paragraphe du début de ce chapitre évoque la joie, une idée selon moi extrêmement importante. Ce paragraphe parle en effet des bienfaits qui reviendront à la cinquantième personne qui entendra, même indirectement, parler de la joie que ressentit la toute première personne qui entendit parler et pratiqua le Sutra du Lotus : c'est dire à quel point l'enseignement du Sutra du Lotus est puissant et capable de transmettre un fort sentiment de joie.

Lorsque nous récitons Namu Myoho Renge Kyo, nous nous engageons en réalité dans une activité très profonde. Nombreux sont ceux arrivés au bouddhisme ayant à l’esprit un point de vue judéo-chrétien, même si seulement de loin. Pour certains d'entre nous, prier ou l’idée que l’on s’en fait équivaut à demander quelque chose, à rechercher une certaine intercession auprès d’une force extérieure. Bien que cela ne signifie pas que toutes les religions ou leurs fidèles prient de cette manière, beaucoup partagent cette vision.

Dans le bouddhisme, et en particulier lorsque nous récitons daimoku, nous ne nous engageons pas dans ce genre de prière, mais « prions » pour louer le Sutra du Lotus, célébrer les vérités que recèle cet enseignement bouddhique et s’en réjouir. Nos prières ne concernent pas quelque création que ce soit : notre méditation concerne les changements qui ont lieu au sein de notre vie grâce à notre pratique et à la joie que nous éprouvons de constater ces changements.

Éprouver de la joie et exprimer de la gratitude sont des pratiques bouddhiques fondamentales. Lorsque nous pratiquons, nous prononçons le mot sanscrit Namu parce que nous apprécions notre vie, à savoir notre pratique et notre relation au Sutra du Lotus, laquelle s’exprime par Myoho Renge Kyo, le titre du Sutra du lotus. Namu est donc l’expression de notre relation au Sutra du Lotus. Namu n'est pas plus une demande qu’une requête, ni même l’expression d’une recherche de quelque chose qui se trouverait à l’extérieur de nous : Namu est l’expression de ce qui existe déjà à l’intérieur de nous, ainsi que l’expression de notre relation personnelle allant toujours plus profondément vers ces réalités-vérités. Namu ne veut donc pas dire « Je veux ça », mais plutôt « Je suis ça ».

Ces passages que nous avons lus aujourd'hui révèlent qu'en raison de la relation que nous créons avec le Sutra du Lotus, nous serons assurés d'un grand bienfait : celui d’éveiller ce qui est déjà là, présent à l’intérieur de nous, la bouddhéité. J'ai souvent entendu dire que le mot Namaste, familier des yogis, se traduit par « Le divin en moi s'incline devant le divin en vous ». Ainsi en est-il lorsque nous ajoutons cette signification à Myoho Renge Kyo : le Bouddha en moi s'incline devant le Bouddha du Sutra du Lotus.

Considérez cette idée lorsque vous réciterez Namu Myoho Renge Kyo au cours de votre journée. Ne la perdez également pas de vue lorsque vous vous exercerez dorénavant à suivre vos trois voies justes. N'oubliez pas de garder cette joie au cœur et de la partager en pensée pendant la journée avec tous ceux qu’un lien profond relie à vous ! Ainsi la joie que vous exprimez est-elle transmise et profite-t-elle à d'innombrables autres personnes.


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3096

2La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici

3La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici