Aujourd’hui, commençons par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

À ce moment, Purna, fils de Maitrayani, qui avait entendu du Bouddha cet exposé du Dharma adapté aux dispositions grâce aux expédients de sa sagesse, qui l'avait aussi entendu conférer aux grands disciples la prédiction de l'Éveil complet et parfait sans supérieur, qui avait en outre entendu ce qui concernait les relations d'existences antérieures, qui avait enfin entendu que les bouddhas avaient des pouvoirs mystiques et souverains, comme jamais auparavant exulta en son cœur d'une pure allégresse. Il se leva aussitôt de son siège et se rendit devant l'Éveillé, inclina la tête jusqu'à ses pieds en révérence, puis se retira sur un côté, où il demeura à regarder en adoration le visage du Vénérable, sans le quitter le moindre instant des yeux. Et il eut cette pensée : "le Vénéré du Monde est fort exceptionnel, ce qu'il fait est rarissime ; il se conforme à la variété des natures de ce monde pour, à l'aide de son savoir et de sa vision expédientiels, leur prêcher le Dharma et extirper les multiples attachements d'avidité des êtres. Pour ce qui est des mérites de l'Éveillé, notre parole est inapte à les exprimer. Seul l'Éveillé Vénéré du Monde peut connaître ce vœu foncier au profond de notre cœur."

* * *

Occultant à l'intérieur leur pratique de bodhisattva,
ils se présentent à l'extérieur en auditeurs-shravakas ;
limitant leurs désirs à la répugnance des naissances et des morts,
en réalité, ils purifient leur propre Terre de Bouddha.
Ils se montrent à la foule pourvus des trois poisons
et présentent même un aspect hérétique.
De cette façon, mes disciples,
par leurs expédients, sauvent les êtres.
Si j'exposais en leur totalité
les métamorphoses et apparitions si variées pour lesquelles ils œuvrent,
les êtres, en m’écoutant,
concevraient en leur cœur doute et égarement.

* * *

Vénéré du Monde, ceci est comparable à quelqu'un qui arriverait chez un ami proche, s'enivrerait de vin et se coucherait. Son proche ami, pour une affaire officielle, doit partir. Il coud un joyau sans prix dans la doublure de l'habit de son invité, puis s'en va. Son ami, affalé dans son ébriété, ne s'aperçoit de rien. Après s'être levé, il part en voyage à l'étranger. Pour s'assurer vivres et vêtements, il s'évertue à les rechercher au prix des plus grandes difficultés. Vient-il à se procurer le moindre gain qu'il s'en contente. Par la suite, son proche ami le rencontre par hasard et lui tient ces propos : « Alors, mon vieil ami, pourquoi donc en arriver là pour te procurer vivres et vêtements ? Autrefois, j'ai voulu assurer ton confort et faire en sorte que tu puisses agir selon tes cinq désirs. En tel jour, tel mois, telle année, j'ai cousu un joyau sans prix dans la doublure de ton vêtement. Il y est bel et bien encore à présent, et tu ne le sais même pas. Rechercher ainsi ta subsistance dans la douleur et la peine, c'est le comble de la stupidité. Tu peux maintenant échanger ce joyau pour te procurer le nécessaire et tu pourras toujours en faire à ta guise sans connaître la gêne. »

La lecture d’aujourd’hui comprend trois brèves sections du Chapitre VIII. Après en avoir pris connaissance, partagez comme les jours précédents le reste de votre temps entre la lecture du Chapitre XVI en shindoku et la récitation de Namu Myoho Renge Kyo en maintenant un esprit cohérent et des efforts constants.

J’ai choisi ces trois sections aujourd’hui principalement pour vous faire ressentir la grande joie éprouvée par Purna, l’un des principaux disciples du Bouddha. Dans le premier paragraphe, il est question des trois grandes révélations qui le réjouiront : la promesse d’Éveil des principaux disciples du Bouddha, la révélation des vies passées du Bouddha ainsi que celle de ses grands pouvoirs. Et après avoir entendu ce qui n’avait encore jamais été révélé, Purna exprime sa joie et son admiration.

Présentons tout d’abord cet homme qui figurait parmi les dix plus importants disciples du Bouddha. Ses efforts pour diffuser les enseignements du Bouddha étaient remarquables. À son propos le Bouddha dit : « Je le loue constamment, disant qu’il excelle à exposer le Dharma ». Après la mort du Bouddha, Purna contribua largement à la propagation du bouddhisme dans ce qui est maintenant l’Asie du Sud-Est. L’iconographie le représente d’ailleurs avec un « egoro », un brûle-encens portable.

Quand j’ai ouvert mon temple à Charlotte*, j’ai choisi Purna comme modèle en raison de sa personnalité et de son esprit, voulant qu’un « egoro » décore l’un des étuis à Sutra du hall principal.

La section suivante traite des nombreux aspects que prennent les disciples du Bouddha lorsqu’ils s’engagent dans la pratique bouddhique. Elle explique également comment ces aspects peuvent parfois paraitre malhabiles, donnant l’impression d’être mus par les trois poisons que sont l’avidité, la colère et l’ignorance. D’une certaine manière, nous pouvons considérer que ces aspects représentent la grande diversité des personnes qui pratiquent le bouddhisme à notre époque.

La dernière section présente une autre parabole importante du Sutra du Lotus. Vous pouvez ainsi voir comme ce Sutra est plein d’histoires intéressantes !

Bien que la parabole du Joyau dans la doublure du vêtement soit très courte, elle contient malgré tout un message très puissant : en chacun de nous se trouve la nature de bouddha, ou potentiel d’Éveil, quelque chose que nous n’avons pas à ajouter à notre personne puisque cette nature est déjà là. Autrement dit, pratiquer le bouddhisme ne consiste donc pas à devenir quelqu’un de différent mais plutôt à se réaliser pleinement. Il n’est par conséquent pas nécessaire de chercher l’Éveil en dehors de nous-même, mais de développer ce que nous possédons déjà en retirant ce joyau de notre doublure et en l’utilisant. Nul besoin donc de continuer à souffrir.


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3020

2La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici