DICTIONNAIRE des TERMES BOUDDHIQUES français, japonais, chinois, sanscrit, pali Nichiu |
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Nichiu est considéré comme
le restaurateur de l’école, après une querelle de
moines sur des questions de terrain qui avait duré 70 ans après
la mort de Nichimoku. Nichiu fit reconstruire plusieurs bâtiments du temple et organisa la formation
des moines. Il propagea aussi l’enseignement en différents
points du Japon (Echigo, sur la mer du Japon,
et Kyoto), et y fit bâtir d’autres
temples. Pendant l’une de ses absences, le moine de garde vendit
même le temple, qu’il fallut ensuite racheter. Nichiu mit également en ordre les rituels de l’école. En
1432, conformément à la tradition de Nichiren, il présenta
une lettre de remontrances à l’empereur. Nichiu n’a pas laissé d’écrits. C’est son disciple Nichiju Nanjo qui a pris note de ses enseignements et les a transmis sous le nom de Kegi sho. C’est là que se trouve notamment défini un concept important de la Nichiren Shoshu, celui de kechimyaku (héritage général du Dharma). Dans la Nichiren Shoshu, issue de l’école Fuji, il s’agit de l’héritage de la réalité du Dharma (hottai no kechimyaku), c’est-à-dire de la transmission spécifique faite par une lignée de la doctrine, de Nichiren à Nikko, et ensuite à chacun des Grands Patriarches successifs. Sur la base de ce flux mystique, l’«héritage général de la foi» (shinjin no kechimyaku) coule dans les vies de ceux qui accomplissent correctement la pratique bouddhiste, sous la direction de la personne qui a reçu l’héritage de l’essence du Dharma. Pour toutes ces raisons, les manuels d’histoire de la Nichiren Shoshu et de la Soka Gakkai donnent de Nichiu l’image positive d’un sage administrateur, et d’un réorganisateur d’une école alors très fortement affaiblie. Mais il y a une autre histoire de Nichiu, telle qu’elle est notamment mise en avant par les écoles concurrentes du Taiseki-ji. C’est, en effet, pendant la longue période où Nichiu fut, seul ou avec des successeurs éphémères, la figure principale de son école (1419-1482) que plusieurs doctrines distinctives qui caractériseront plus tard fortement la Nichiren Shoshu firent, semble-t-il, leur apparition. Le premier développement fut un enseignement de Nichigen ( ? -1486), du temple Honmon-ji de Nishiyama qui identifia Nichiren comme le Bouddha de la Cause primordiale, le Bouddha des Derniers jours du Dharma, celui qui, depuis un passé sans commencement, garde le Dharma de l’univers, Namu Myoho Renge Kyo. Cette théorie de Nichiren comme incarnation du "Bouddha Fondamental", d’un Bouddha antérieur au Bouddha historique Shakyamuni, dont l’enseignement correspondait seulement à une époque donnée, serait apparue dans le Gonin-shohasho-kenmon écrit dans les années 1470. Nichigen et Nichiu étaient amis et il est possible que Nichiu lui soit redevable de cette théorie. C’est, du moins, la position des écoles concurrentes du Taiseki-ji, notamment de la Nichiren Shu. Le second développement fut la mention, faite pour la première fois, de "deux documents de transmission" dans un ouvrage rédigé par Nikkyo, en 1480, au temple Taiseki-ji. Ces documents ne sont pas des originaux, mais des copies de lettres (Minobu-san Fuzoku Sho et Ikegami Sojo Sho), par lesquelles Nichiren aurait désigné Nikko comme son successeur. Ces lettres, authentifiées par l’école du Taiseki-ji, sont considérées comme des faux par les autres écoles Nichiren. C’est enfin à l’époque où Nichiu était Patriarche que le Dai-Gohonzon (Le grand Gohonzon) fut, pour la première fois, revendiqué par le Taiseki-ji. Selon la tradition de ce temple, et, plus tard, de la Nichiren Shoshu, le Dai-Gohonzon aurait été inscrit par Nichiren après la persécution d’Atsuhara. Il s’agit d’un Gohonzon gravé sur un morceau de bois de camphrier trouvé dans un ruisseau du Mont Minobu. Le modèle de ce Gohonzon, gravé par un disciple de Nichiren nommé Nippo, aurait été écrit par Nichiren lui-même et dédié à toute l‘humanité. Toujours selon la même tradition, lorsque, en 1289, Nikko quitta le Mont Minobu avec ses disciples pour se rendre chez Nanjo Tokimitsu, où il créa son nouveau temple, il transportait, avec les cendres de Nichiren, le Dai-Gohonzon. Pour la Nichiren Shoshu et la Soka Gakkai, cette tradition est élevée au rang de profession de foi et le Dai-Gohonzon figure au nombre des Trois Grands Dharmas cachés (Sandai hiho). Nichijo (mort en 1493), supérieur du Honmon-ji de Kitayama et contemporain de Nichiu, accusa celui-ci d’avoir purement et simplement fabriqué le Dai-Gohonzon. C’est, en tous cas, à Nichiu que les autres écoles attribuent le Dai-Gohonzon, dont elles nient à la fois l’origine nichirénienne et le caractère mystique. Les accusations ainsi prononcées contre Nichiu ont trouvé leur point culminant dans l’affirmation selon laquelle il aurait été victime de la lèpre à la fin de sa vie en punition de ses erreurs. Quelques sources provenant de la Nichiren Shoshu mentionnent cette lèpre, mais c’est Nichijo, le supérieur du Honmon-ji de Kitayama, qui en donne une interprétation négative : "Nichiu alla à l’encontre de l’intention fondamentale du fondateur ( Nikko) et il inscrivit sur une planche de bois le honzon, dont on n’avait jamais entendu parler auparavant… Il reçut une punition sévère pour sa sagesse pervertie et son blasphème contre le Dharma, en devenant un lépreux, et il mourut à Sugiyama, dans la province de Kai, se cachant lui-même de honte." De source Nichiren Shoshu, il est effectivement attesté qu’il mourut là, dans ce qui était un endroit écarté, de l’autre côté du Mont Fuji. Quelles que soient les interprétations qui sont faites de son rôle, Nichiu apparaît comme une figure clé dans la transmission de l’école Fuji, celle de Nikko. (Références) |