Chapitre premier - Des conditions extérieures

(1) La 1ère condition extérieure

Si un disciple entreprend la pratique de Dhyana* et désire mettre en action les leçons de ce livre il doit remplir les cinq conditions extérieures. Il doit être résolu d'observer les Préceptes (s'abstenir de tuer, de voler, d'impureté sexuelle, de mentir et de l'usage d'intoxicants), comme il est dit dans le Sutra c'est par l'obéissance aux Préceptes que toute intelligence est développée et toute souffrance terminée. Il est donc du devoir de tout disciple de garder purs les Préceptes.

Cependant il y a trois sortes de disciples qui observent les Préceptes sous différentes conditions :

Les premiers sont ceux qui avant de devenir des disciples n'ont commis aucun des cinq grands crimes. Après s'être trouvés en rapport avec un maître instruit ils apprennent les Trois Refuges et les cinq préceptes fondamentaux qui doivent être observés par tout fidèle du Seigneur Bouddha. S'il ne se produit pas d'empêchements pendant leur étude, on leur enseigne à observer les dix Préceptes additionnels. Ensuite, comme ils deviennent bhiksus et bhiksunis, on leur apprend à observer l'esprit entier des Préceptes. Si après leur étude ils sont capables d'observer les Préceptes à la lettre et dans leur esprit, ils sont comptés comme disciples dignes de suivre le Maitre Bouddha et pourront assurément réaliser le Dharma du Bouddha par leur pratique assidue du Dhyana. Pour eux c'est comme si leur robe était parfaitement blanche et prête à être teinte.

Les disciples de la deuxième sorte sont ceux qui observent les principaux préceptes et négligent ceux de moindre importance, mais à cause de leur pratique de Dhyana, ils s'en repentent. Ceux-là sont reconnus également comme des observants purs des Préceptes et ils peuvent progresser dans la pratique du Dhyana et la réalisation de la sagesse. Pour eux, c'est comme si leur robe ayant été tachée et souillée pouvait être portée de nouveau, après avoir été lavée et nettoyée.

La troisième sorte de disciples sont ceux qui ont appris à observer les Préceptes mais qui sans même suivre les plus importants négligent aussi ceux qui le sont moins. Suivant les règles du Hinayana il n'existe aucune, manière d'effacer la souillure causée par les quatre grandes fautes (toute façon de tuer, de voler, de convoiter, de tromper). Mais, dans le Mahayana, des cérémonies religieuses sont accomplies pour purifier de telles offenses, à condition qu'il existe un sentiment sincère de repentir et de regret. Le Sutra enseigne qu'il est deux sortes de disciples « sains », ceux qui ne commettent pas de fautes et ceux qui les ayant commises en ont un regret sincère.

Celui qui se repent doit donner dix indications de sa sincérité :

  1. une compréhension claire et l'acceptation de la cause et de l'effet de sa faute
  2. en ressentir de la crainte
  3. en être humilié
  4. rechercher les moyens de se purifier et quand il les a trouvés dans les sutras du Mahayana avoir la volonté d'en user
  5. avouer franchement sa faute
  6. rompre le courant des pensées relatives à sa faute
  7. profiter du courage protecteur que lui donne le Dharma
  8. souhaiter la libération de tous les êtres animés et renouveler son voeu de les y aider tous
  9. garder continuellement présente à l'esprit la notion de la non-existence de la faute comme du repentir (note)

Si un disciple donne ces signes de sincérité, il doit préparer un autel avec des ornements rituels et une disposition pure. Ensuite, étant vêtu de vêtements propres et soignés, il offrira sur cet autel, devant une image du Bouddha, une offrande de fleurs et d'encens. Il continuera alors ceci comme témoignage de son repentir pendant une semaine, ou trois semaines, ou un mois, ou trois mois, ou même une année, ou tant que demeurera dans son esprit la conception de sa culpabilité.

Mais l'on peut se demander comment il saura qu'il est dégagé de sa faute ? Quand nous accomplirons de tout notre coeur ces rites de repentir ainsi qu'ils ont été indiqués, nous ressentirons divers sentiments qui nous guideront. Pendant que nous pratiquerons le repentir nous pourrons sentir notre corps et notre esprit dans une disposition alerte et légère et, dans nos rêves, nous verrons de bonnes visions, ou bien nous verrons des signes particulièrement remarquables de bons auspices où nos pensées se développeront favorablement. Ou bien notre corps nous semblera comme un nuage flottant dans l'air libre ou comme (si nous sommes en Dhyana) si nous étions assis dans l'ombre de notre corps. Dans toutes ces conditions nous arriverons graduellement à réaliser beaucoup des aspets de Dhyana ou à obtenir soudainement l'Eveil. Nous comprendrons alors la signification de tous les phénomènes et de plus nous gagnerons une conception plus profonde du sens et de l'importance des enseignements que nous recevons des sutras. Il ne demeurera plus de chagrins ni de soucis dans nos esprits, comme nous pénétrerons plus avant dans la joie du Dharma. Nous reconnaîtrons dans tout ceci une manifestation et une preuve de notre purification de la violation des Préceptes qui a été un empêchement à notre pratique de Dhyana. Donc observant exactement les Préceptes, nous pratiquerons justement Dhyana et les autres remarqueront que nous sommes purifiés. Cela est comme si une robe qui a été déchirée et salie était nettoyée, raccommodée et teinte de nouveau.

Si quelqu'un ayant violé les préceptes principaux sent que cela l'empêchera de pratiquer Dhyana avec succès, qu'il se rende devant une image du Bouddha et, en sincère humilité, qu'il fasse l'aveu de cette violation. Cette méthode de pratiquer le repentir n'est pas en accord avec la voie montrée dans le Sutra, cependant qu'il cesse de se remémorer sa faute et reprenne la pratique de Dhyana restant assis, droit, déterminé, et se souvenant que ses actions mauvaises n'ont pas de nature propre ou indépendante et, gardant à l'esprit la réalité des bouddhas dans les six directions. Si ses pensées glissent hors de cette pratique, qu'il se lève et se rende de nouveau devant l'image du Bouddha, qu'il y offre de l'encens et répète sa confession d'un coeur humble et sincère, qu'il récite les préceptes et un sutra du Mahayana. Les empêchements à la pratique de Dhyana disparaîtront peu à peu ; la tentation d'oublier les préceptes sera surmontée et l'on progressera dans la pratique de Dhyana. Dans l'Ecrit du Merveilleux Propos il est dit :

Si quelqu'un, ayant commis un crime se trouve dans un grand trouble d'esprit et désire ardemment se purifier, il n'est pas de meilleur moyen que de pratiquer Dhyana. »

Il doit rechercher une place calme, en plein air et, avec l'esprit résolu et concentré, réciter des sutras du Mahayana. Il se libérera ainsi graduellement de la pensée de sa faute et réalisera en leur temps le Dhyana et les samadhis habituels.

(2) La 2ème condition extérieure que l'on doit obtenir, si l'on souhaite le succès dans la pratique de Dhyana, se rapporte aux vêtements et à la nourriture. Nous devons considérer l'habillement de trois points de vue :

(a) Si nous avons la force de volonté de supporter le froid, nous pouvons suivre l'exemple des maîtres de Himalaya (réf.) et n'avoir qu'un seul vêtement juste pour couvrir notre nudité.

(b) Si nous parcourons le monde comme moines errants nous devons suivre l'exemple de Mahakasyapa et limiter nos vêtements au nombre de trois et ceux-ci vieux et provenant de rebuts.

(c) Si nous habitons des régions froides il est permis par le Bouddha d'avoir un vêtement de plus. Quant aux centaines d'autres choses qui nous semblent nécessaires, il ne nous est permis d'en conserver qu'une seule et de nous en contenter. Si nous laissons notre esprit devenir avare pour beaucoup de choses, nos pensées seront distraites et toutes ces choses deviendront des obstacles pour atteindre l'Eveil.

En ce qui concerne la nourriture. Il y a quatre moyens de vivre :

(a) Le premier est la voie suivie par les grands maîtres des hautes régions montagneuses qui se nourrissent d'herbes et de fruits de la saison.

(b) Le deuxième moyen est celui suivit par le moine errant qui va en mendiant sa nourriture et qui est capable de résister à la tentation de vivre en suivant les quatre mauvaises voies qui sont travailler pour les autres en se faisant payer, vivre en faisant des prédictions sur l'influence des astres sur les affaires humaines, en faisant de la géomancie, des prédictions et surtout des flatteries aux riches et aux puissants. Les dangers de ces mauvaises façons de vivre ont été décrits par Shariputra.

(c) La troisième façon juste de vivre est de s'établir dans une place solitaire et de dépendre des dons des laïcs généreux.

(d) La quatrième façon de vivre est de se joindre à un sangha et participer à son existence.

Si nous vivons de l'une de ces quatre façons, nous sommes assurés de la nourriture et des vêtements nécessaires. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que si nous manquons de l'une de ces bonnes conditions nos esprits ne seront pas en paisible quiétude et cela sera un obstacle à 1'Eveil.

(3) La 3e condition exterieure que l'on doit obtenir, si l'on espère réussir dans la pratique de Dhyana, est relative à l'habitation. Un abri satisfaisant pour un disciple doit être tranquille et libre de tous ennuis ou inconvénients de toutes sortes. Il est trois sortes d'endroits qui sont bons pour prati quer le Dhyana :

(a) un ermitage dans une haute montagne presque inaccessible ;

(b) une hutte comme celle d'un mendiant ou, d'un moine errant, celle-ci devra se trouver au moins à 1 mille 1/2 (2.400 m.) d'un village, être hors de portée des cris des gardiens de troupeaux, du bruit et de l'agitation ;

(c) un lit dans un monastère à part de l'habitation des hommes.

(4) La 4e condition extérieure que l'on doit posséder, si l'on espère réussir la pratique de Dhyana, se rapporte à la libération des liens de toute affaire matérielle.

(a) Cela veut dire quitter tous les engagements et responsabilités sociales ;

(b) se retirer de toutes les relations et intérêts mondains (ceci veut dire supprimer toute vie mondaine) ;

(c) abandonner tous les intérêts matériels tels que les activités de fabricants, médecins, employés, commerçants, devins, etc. ;

(d) ne pas poursuivre les études, même celles qui semblent bonnes telles que la lecture, ni écrire des discours ou des livres, ni écouter des cours, etc.

Et pourquoi faut-il abandonner tout ceci ? C'est parce que si notre esprit s'intéresse à ces choses, il ne sera pas calme et libre pour la pratique de Dhyana et l'atteinte de l'Eveil. De plus, si notre esprit est distrait ou fatigué ou agité, on peut à peine pratiquer Dhyana.

(5) La cinquième condition externe (que l'on doit posséder si l'on souhaite obtenir le succès en Dhyana concerne les personnes avec qui nous sommes en relations. Nous devons nous rapprocher de trois sortes de gens à l'esprit noble. Les premiers sont les laïcs qui nous donnent notre nourriture et nos vêtements et veillent avec intelligence à nous protéger des ennuis et des soucis. Les seconds sont les membres du sangha avec lesquels nous vivons amicalement dans un esprit de mutuelle tolérance et bienveillance. Les troisièmes sont nos maîtres et gurus qui nous enseignent et nous guident dans les moyens d'obtenir les conditions externes et internes et qui nous apprennent à prendre de l'intérêt et à nous réjouir dans la pratique de Dhyana.

Ceci termine la description, du contrôle des conditions externes. Nous verrons maintenant les conditions internes et comment les contrôler.

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