6. Mouvement machishu et le Hokke Ikki
Ryuei Michael McCormick |
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Après Nisshin, les différentes lignées
de Kyoto se lancèrent dans des conflits les unes avec les autres.
Chacune se proclamait l'unique détentrice des véritables
enseignements de Nichiren. Un grand nombre de ces factions s'en tenaient
rigoureusement au principe de fuju fuse et de vigoureux shakubuku.
Ainsi en 1451, le temple Myoman-ji édicta
une série de règlements encore plus stricts que ceux que
Nichi-jo avait établi
pour le temple Myokaku-ji en 1413. Pourtant
les différents temples se rendaient compte qu'il fallait mettre
de côté leurs querelles pour présenter un front
uni face à la menace des moines-guerriers
du Mont Hiei. Cela aboutit en 1466
à l'accord de Kansho qui comportait
six points acceptés par tous les temples de Kyoto, à l'exception
du temple Honjo-ji de la lignée de Nisshin. L'accord de Kansho n'a pas duré longtemps. La guerre Onin de 1467 - 1477 fut particulièrement violente et en 1469 les moines-guerriers du Mont Hieibrûlèrent une large partie des quartiers aristocratiques du Nord de Kyoto. Les temples de Nichiren se trouvaient majoritairement dans la partie Sud et ils devinrent des lieux de rencontre pour les marchands qui y vivaient. Les machishu (citadins, marchands et artisans) formèrent leurs propres milices pour se protéger des moines-guerriers, des paysans rebelles et des seigneurs de guerre des provinces. Comme ces citadins étaient souvent des bouddhistes nichireniens, les temples devinrent parfois de vraies forteresses. Et à partir de ce moment les temples reprirent leur lutte pour le pouvoir. Nisshîn (1444-1528) était un moine qui a fait ses études au temple Myohon-ji (précédemment Myoken-ji). C'était un partisan du shoretsu et accordait une importance particulière au chapitre XVI. Il quitta le Myohon-ji pour fonder le temple Honryu-ji à Kyoto en 1489. C'est actuellement le temple principal de l'école Hokke Shu Shin-Monryu (fondée en 1488). Avec la création de cette nouvelle école, les Accords de Kansho se révélèrent comme totalement inefficaces pour endiguer la prolifération de nouvelles branches. Malgré les luttes pour le pouvoir et les conflits doctrinaux, l'importance des milices des temples de Kyoto croissait alors que le pouvoir shogunal Ashikaga déclinait et se termina en anarchie dans tout le Japon. Lorsque les rébellions paysannes soutenues par le courant "Terre Pure" menacèrent Kyoto en été 1535 ces milices se présentèrent en force pour défendre la cité et ce sont elles qui dirigèrent la ville durant les quatre années suivantes. Ce bref passage au pouvoir des citadins du bouddhisme Nichiren porte le nom de "Ligue du Lotus" (Hokke Ikki) par opposition à la rébellion paysanne Jodo qui est connue comme "Ligue de l'Idée Unique" (Ikko Ikki) [branche Ikko du Jodo Shin-shu]. La Ligue du Lotus finit de façon désastreuse en 1536 lorsqu'un adepte laïc nichirenien provoqua puis écrasa un moine tendai dans un débat public. Fous de colère, les moines-guerriers du Mont Hiei descendirent en force dans Kyoto et brûlèrent 21 temples principaux de l'école Nichiren, toute la moitié Sud de la ville ainsi qu'une partie de la moitié Nord. Ce fut la "Persécution Tenmon". Après cette persécution, beaucoup de religieux nichireniens et d'adeptes laïcs cherchèrent refuge à Sakai près d'Osaka. Ils obtinrent l'autorisation de revenir à Kyoto seulement en 1542. En 1545, quinze temples principaux ont été restaurés et, une fois de plus, les différents temples ont été obligés de laisser de côté leur sectarianisme pour affronter le Mont Hiei et d'autres ennemis. En 1564, quinze temples signèrent l'Accord d'Eiroku par lequel ils essaient de réconcilier les partisans du shoretsu et d'ichi. En 1575, ces compromis furent développés et aboutirent à l'Accord de Tensho. En dépit de leur nouvelle unité et l'anéantissement de Hiei par l'autocratique Oda Nobunaga en 1571, les temples nichireniens de Kyoto n'ont plus jamais retrouvé le pouvoir et le prestige de la période de la Ligue du Lotus. La destruction
du Mont Hiei par
Oda Nobunaga n'était nullement une faveur accordée
à l'école Nichiren de Kyoto. En fait, Nobunaga
cherchait à mettre toutes les écoles bouddhistes sous son contrôle.
En 1579, il décida de donner aux bouddhistes de Nichiren une
leçon qu'ils ne seraient pas prêts d'oublier. Il demanda
la convocation d'un débat au château d'Azuchi
entre les représentants du bouddhisme Nichiren et du bouddhisme
de la Terre Pure. Malgré la supériorité des arguments
des bouddhistes nichireniens, il déclara vainqueurs les moines
amidistes et condamna à mort les trois représentants nichireniens.
Après quoi il demanda que l'école Nichiren paie des réparations
à l'école Jodo, qu'elle signe un reconnaissance de défaite
et cesse tout prosélytisme à Kyoto. Cet évènement
est connu comme "Persécution d'Azuchi".
Il en résulta que la majeure partie des branches nichireniennes
préféra la méthode shoju
à celle de shakubuku.
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SUITE : Débat de Fuju Fuse | ||