Les
traités écrits par le bodhisattva Nagarjuna
comportent près de trois cent mille vers, mais tous n'ont pas été
transmis en Chine et au Japon. Il est donc difficile de comprendre la
vraie nature de son enseignement. Toutefois, en étudiant les ouvrages
parvenus en Chine, comme le Jujubibasha Ron, le Chu Ron* et le Daichido Ron*, on peut penser que les traités restés en Inde
sont sensiblement identiques.
Question : Ne pourrait-il
y avoir, parmi les commentaires restés en Inde, certains traités
supérieurs à ceux qui furent transmis à l'extérieur,
en Chine ? Réponse : En ce
qui concerne le bodhisattva Nagarjuna,
je n'ai pas besoin d'exprimer mon opinion personnelle. Car le Bouddha
lui-même a prédit que, après sa disparition, un bodhisattva
du nom de Nagarjuna apparaîtrait
dans le sud de l'Inde et que l'essentiel de ses enseignements se trouverait
dans un traité intitulé Chu Ron*.
Telle fut la prédiction du Bouddha. Et nous constatons que par
la suite, soixante-dix maîtres poursuivirent la lignée de
Nagarjuna, tous des grands Maîtres
de doctrine*.
Chacun de ces soixante-dix maîtres appuya son enseignement sur le
Chu Ron*. Le Chu Ron* est un ouvrage en quatre volumes composant vingt-sept
chapitres, et l'essentiel de son enseignement consiste en une strophe
de quatre vers énonçant
que tous les phénomènes sont, à l'origine, interdépendants.
Cette strophe de quatre vers résume les Quatre
Enseignements et la Triple Explication
comme on les trouve dans les sutras
Kegon*
et Hannya* et autres sutras provisoires, mais elle n'énonce pas la Triple
Explication telle que la définit le Sutra du Lotus.
Question : D'autres personnes
partagent-elles votre avis sur ce point ?
Réponse : Zhiyi*
écrivit : "Il est
vain de comparer le Chu Ron*
avec les enseignements du Sutra du Lotus." Et ailleurs encore
: "Vasubandhu et Nagarjuna perçurent clairement la vérité dans leur coeur mais
ne l'enseignèrent pas. Exposant plutôt les enseignements
du Mahayana provisoire*,
ils agirent en fonction du temps." Zhanlan fit remarquer : "Pour réfuter les conceptions erronées
et pour établir la vérité le Chu Ron* n'est en rien comparable au Sutra du Lotus."
Et Zongyi déclara : "Nagarjuna
et Vasubandhu ne soutiennent
pas la comparaison avec Zhiyi*."
Le
choix en fonction du temps (Minobu,
10 juin 1275 ; à Yui)
Toutefois,
si nous y regardons de plus près, nous voyons que le Grand-maître Cien lut le Sutra du Lotus tout en faisant ses maîtres du Sutra
Jimmitsu*
et du Yuishiki Ron, de même
que le Grand-maître Jizang
lut aussi le Sutra du Lotus avec pour maîtres les sutras Hannya*
et le Chu Ron*.
Lettre à Myomitsu
Shonin (Minobu,
le 5ème jour du 3ème mois intercalaire 1276 à Myomitsu Shonin) |