Aujourd’hui, nous commencerons par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :
À ce moment, le Vénéré du monde déclara à Mahakashyapa et aux grands disciples :
C'est bien, c'est fort bien, Kashyapa, tu as fort bien exposé les mérites réels de l'Ainsi-Venu. Il en est véritablement comme tu l'as dit, et l'Ainsi-Venu possède encore d'innombrables et infinis mérites incalculables ; même si tu les exposais pendant d'innombrables myriades d'âges cosmiques, tu ne saurais les épuiser.
Il te faut le savoir, Kashyapa, l'Ainsi-Venu est roi des enseignements ; rien de ce qu'il prêche n'est vain. L'ensemble des enseignements, c'est par les expédients (hoben) de sa sagesse qu'il les expose. Les lois qu'il prêche, toutes tant qu'elles sont, font atteindre à la terre de l'omniscience. L'Ainsi-Venu sait par son discernement où mène l'ensemble des enseignements, de même qu'il sait ce qui s'opère au plus profond de la pensée des êtres ; sa pénétration perspicace est sans obstacle. De plus, il est d'une lucidité consommée pour ce qui est des enseignements, et montre aux êtres l'ensemble des sagesses.
Kashyapa, imagine, par exemple, les herbes et les arbres, les forêts et les simples qui poussent de par les monts et les fleuves, les vallées et les sols du monde tricosmique ; dans leur diversité et leur variété, chacun est différent par son nom et sa forme. Une dense nuée va s'étendant de plus en plus largement jusqu'à couvrir l'ensemble du monde tricosmique ; en un même moment, elle se répand en une pluie égale, dont l'humidité fertilise universellement herbes et arbres, forêts et simples ; petites racines, petits troncs, petites branches, petites feuilles, racines moyennes, troncs moyens, branches moyennes, feuilles moyennes, grandes racines, grands troncs, grandes branches, grandes feuilles ; les arbres grands et petits, selon qu'ils sont de haute, moyenne ou basse taille, en reçoivent chacun. Avec la pluie d'un seul et même nuage, ils obtiendront, conformément à leur nature séminale, de croître, de fleurir et de porter des fruits. Bien que nés d'un même sol, fertilisés d'une même pluie, herbes et arbres sont tous distincts les uns des autres.
Il te faut le savoir, Kashyapa, il en va de même pour l'Ainsi-Venu ; il apparaît au monde comme surgit le grand nuage ; il porte, de sa grande voix, à l'universalité des devas, hommes et asuras du monde, de même que le grand nuage couvre universellement les terres du monde tricosmique. Au sein d'une grande foule, il proclame ces paroles : "Je suis l'Ainsi-Venu, Arhat, Samyak-Sambuddha, Vidya-carana-sampanna, Sugata, Lokavit, Purusa-damya-sarathi, Sasta deva-manusyanam, Buddha, Bhagavat, celui qui fait passer ceux qui ne sont pas encore passés, qui libère ceux qui ne sont pas libérés, qui soulage ceux qui ne sont pas en paix, qui mène au nirvana ceux qui n'y sont pas encore. Les existences présentes et à venir, je les connais en leur réalité ; je suis l'omniscient, l'omnivoyant, celui qui connaît la Voie, celui qui ouvre la Voie, celui qui expose la Voie. Vous tous, multitude de devas, d'hommes, d'asuras, devez venir ici afin d'écouter le Dharma."
À ce moment, toutes sortes d'êtres, en d'innombrables milliers de myriades, viennent écouter le Dharma. L'Ainsi-Venu discerne alors le caractère aigu ou obtus des facultés des êtres, leur énergie ou leur inertie, et leur expose le Dharma en d'innombrables variétés selon ce qu'ils peuvent en admettre, les menant tous à la joie et à l'obtention allègre de bienfaits. Ces êtres, ayant entendu le Dharma, sont soulagés pour l'existence présente et, pour l'existence suivante, renaîtront en des lieux propices, où ils recevront, selon leur voie, la félicité et obtiendront encore d'entendre le Dharma. Une fois qu'ils l'auront entendu, ils seront dégagés des obstacles et, au sein des différents enseignements, conformément à ce que leur force permettra, ils entreront graduellement dans la Voie, de la même façon que le grand nuage ayant répandu sa pluie sur les herbes et les arbres, les forêts et les simples, tous bénéficient de l'aspersion selon leur nature séminale, et obtiennent chacun de croître.
Le Dharma que prêche l'Ainsi-Venu a un unique aspect, une unique saveur, à savoir l'aspect de délivrance, l'aspect d'abandon, l'aspect d'extinction, parachevé dans la science de toutes les espèces. Ceux des êtres qui entendent le Dharma de l'Ainsi-Venu, soit qu'ils le préservent, le récitent ou le pratiquent tel qu'il fut exposé, ne se rendent pas compte des mérites qu'ils acquièrent ainsi. Comment cela se fait-il ? C'est que seul l'Ainsi-Venu connaît l'espèce, l'aspect, la substance, la nature d'un être, ce à quoi il pense, ce à quoi il réfléchit, ce à quoi il s'exerce, comment il y pense, comment il y réfléchît, comment il s'y exerce, selon quelle méthode il pense, selon quelle méthode il réfléchit, selon quelle méthode il s'exerce, et par quelle méthode il obtient tel Dharma. La variété des terres où demeurent les êtres, seul l'Ainsi-Venu la perçoit en sa réalité, avec une lucidité à laquelle rien ne fait obstacle, de la même façon que les herbes et les arbres, les forêts et les simples ne savent pas d'eux-mêmes qu'ils sont de nature supérieure, moyenne ou inférieure, alors que l'Ainsi-Venu sait qu'il s'agît d'un Dharma d'aspect unique et de saveur unique, à savoir l'aspect de délivrance, l'aspect de dégagement, l'aspect d'extinction, parachevé dans l'aspect éternellement apaisé du nirvana et qui converge finalement vers la vacuité. L'Éveillé, ayant pris connaissance de cela, considère les désirs dans la pensée des êtres et se soucie de préserver ces derniers ; c'est pourquoi il ne leur prêche pas immédiatement la science de toutes les espèces.
Vous autres, Kashyapa, avez la chance rarissime de pouvoir prendre connaissance du Dharma que l'Ainsi-Venu prêche en l'accommodant aux dispositions, de pouvoir le recevoir et y prêter foi. Comment cela se fait-il ? C'est que le Dharma que les bouddhas, Vénérés du monde, prêchent en l'accommodant aux dispositions est difficile à comprendre et difficile à connaître.
Il s’agit de l’une des nombreuses brèves paraboles que l’on trouve dans le Sutra du Lotus. Après avoir lu ce passage, partagez la suite du temps que vous vous êtes imparti à lire le Chapitre XVI en shindoku et à réciter Namu Myoho Renge Kyo. Nous nous entrainerons quotidiennement à la lecture du Chapitre XVI afin que vous puissiez lire aisément cette partie majeure du Sutra du Lotus.
Hier, je vous demandais de choisir l’une des Huit voies justes et de la mettre en pratique pendant la journée. J’espère que vous poursuivrez cette pratique pendant le reste de la semaine. Il est en effet plus facile selon moi de commencer par en choisir une, plutôt que d’essayer de pratiquer les huit à la fois, ce qui pourrait décourager. N’oubliez pas que nous essayons, jour après jour, de nous préparer à des efforts que nous devrons poursuivre pendant toute notre vie.
Pour en revenir à la parabole que nous venons de lire, celle-ci est importante à plus d’un titre. L’un d’eux est que l’enseignement du Bouddha est disponible de manière égale pour tous, et que chacun l’intègre et l’exprime selon ses capacités. Peu importe en fait nos capacités ou aptitudes : la pluie du Dharma nourrit tout le monde, sans distinction.
La pluie du Dharma nourrit toutes les plantes : les petites comme les grandes, les arbres fruitiers comme les buissons à fleurs. Les distinctions sont infinies, mais le Dharma est universel et ne dépend pas de la capacité ou de l’aptitude de celui qui reçoit cette nourriture.
Même si cela n’apparait pas dans la partie lue aujourd’hui, le mérite ou la promesse de ce que nous pouvons attendre de notre pratique bouddhique et du Sutra du Lotus apparait dans ce chapitre : la promesse d’être en paix dans la vie que nous menons présentement. Il n’y a là rien de matériel, car il ne s’agit pas d’une pratique pour devenir prospère, mais pour goûter paix et sérénité. À ma connaissance, aucune théorie ne prouve que la prospérité matérielle induise ou influence le fait d’être en paix et serein.
Aujourd’hui encore, après avoir lu cette partie du Sutra, consacrez votre temps restant à la lecture du Chapitre XVI et la récitation de Namu Myoho Renge Kyo. Continuez également de vous concentrer sur la voie juste que vous avez choisie, et ne vous découragez pas si vous avez de la peine à y arriver : l’intention est la clé !
1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=2993
2La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici