Les sutras antérieurs
au Lotus rapportent comment Ananda intercéda
auprès de Shakyamuni pour qu'il autorise sa tante maternelle,
Mahaprajapati Gautami, à entrer
en religion. Le Bouddha se montre d'abord réticent puis accepte
à condition que les femmes observent 8 règles graves (gurudharma,
kyoho ou kyokai)
qui peuvent se résumer en la soumission totale à l'ordre
des moines. Dans l'Inde de cette époque, où les femmes
n'étaient rien d'autre que la propriété de leurs
pères ou de leurs maris, c'était déjà une
innovation remarquable.
Dès le premier concile après
la mort de Shakyamuni le "méfait" d'Ananda fut dénoncé
et les règles furent précisées et développées.
Les bhiksuni reçurent
un Pénitentiel spécial qui contenait 500 défenses,
soit deux fois plus que celui des moines qui en compte 250. (Ces chiffres
varient selon les écoles.) Au
cours des siècles suivants, la tendance négative à
l'égard des femmes s'accentua fortement et le Sangha
des nonnes vint presque à disparaître. Au IIIe siècle
il n'y aurait eu que 3 monastères de femmes dans tout l'Extrême-Orient.
En 340, lors du concile qui entérina la divergence entre Hinayana (Petit Véhicule) et Mahayana (Grand Véhicule) au sujet du statut de l'arhat
une doctrine avait été fixée qui déniait
expressément aux femmes la possibilité d'atteindre directement
la bodhéité. Appelée henjo nanshi en japonais, cette doctrine considérait qu'une femme
ne pouvait atteindre la réalisation spirituelle à moins
qu'elle ne devienne un homme, soit miraculeusement, soit en renaissant
homme.
Au Japon, les premières nonnes auraient appartenu à l'école
Zen. Bien que leurs supérieures étaient des princesses
ou des femmes nobles elles dépendaient des juridictions de moines.
Bien que Nichiren ait toujours proclamé que les femmes
pouvaient atteindre l'Éveil à l'égal de l'homme, dans
les écoles qui se réclament de lui, les monastères
de nonnes n'existent pas. Il faut noter cependant le développement
du concept de nyudo, moine laïc qui place
la recherche de la bodhéité dans la vie quotidienne.