Bouddhisme de Tiantai


Upaya paramita

septième pratique de la vertu du détachement

Peter Johnson

http://www.Tiantai.net/teachings/dharma/bodhisattva/practices/practice7.htm

7. Pratique du détachement

Le Sutra de la Guirlande de Fleurs (Avatamsaka) dit :

Enfants du Bouddha, quelle est la pratique des bodhisattva-mahasattva pour le détachement ?

Enfants du Bouddha, par leur esprit du non-attachement ces bodhisattvas sont capables de pénétrer dans des mondes incalculables pour embellir et purifier ces mondes dans chacune de leurs pensées. Leur esprit n’est pas attaché à ces mondes. Ils sont en mesure de se rendre auprès d’incalculables Ainsi-venus en les vénérant avec respect et les honorer par d’innombrables fleurs, parfums, chapelets, peintures, huiles parfumées, vêtements, bijoux rares, avec des banderoles, des baldaquins et d’autres ornements merveilleux. Avec ces innombrables dons ils demeureront dans la spiritualité innée, non-créée, du Dharma ineffable. Dans leurs pensées, ils voient les incalculables bouddhas mais leur esprit ne s’attache pas aux bouddhas, à leur monde, aux caractéristiques majeures ou mineures des bouddhas. Ils voient la lumière brillante des bouddhas, ils les entendent enseigner le Dharma, et ils perçoivent les mondes des dix directions ainsi que les hôtes des bouddhas et des bodhisattvas, mais ils ne s’attachent pas à eux non plus. Ayant entendu le Bouddha et le Dharma, leur esprit se réjouit, la force de leur détermination s’accroît et ils sont en mesure d’accéder à la pratique des bodhisattvas et d’y demeurer. Mais, en fait, ils ne sont pas attachés à l’enseignement du Bouddha sur l’Éveil.

Pendant un nombre inexprimable de vies, ces bodhisattvas ont vu apparaître dans le monde un nombre inexprimable de bouddhas. Ils ont servi, fait des dons et vénéré chacun de ces bouddhas, sans laisser tarir leur intérêt pour leur enseignement. Ils ont vu les bouddhas et les hôtes qui les entouraient et les vénéraient mais ils n’ont pas conçu d’attachement. Ils ont vu les mondes impurs et sont restés sans aversion pour le mal. Comment cela se fait-il ? Ces bodhisattva-mahasattva se conforment à l’enseignement du Bouddha. Dans l’Éveil spirituel au Dharma il n’y a pas de klesa sans pureté, pas d’obscurité sans lumière, pas de différence sans similitude, pas de vérité sans erreur, pas de sécurité sans danger et pas de sentier véritable sans faux sentier.

C’est pourquoi les bodhisattvas
- entrent profondément dans le monde de la spiritualité, enseignent et guident les êtres vivants sans éprouver d’attachement aux êtres vivants ;
- reçoivent et gardent les enseignements sans éprouver d’attachement pour les enseignements ;
- inspirent la recherche de la bodhéité et demeurent dans les étapes de l’Éveil sans éprouver d’attachement aux étapes de l’Éveil ;
- enseignent le Dharma par des paroles sans éprouver d’attachement aux paroles ;
- accèdent au destin spirituel des êtres vivants sans éprouver d’attachement pour le destin spirituel des êtres vivants ;
- bien que comprennant le samadhi* et capables d’y entrer et y demeurer, ils n’éprouvent pas d’attachement pour le samadhi*;
- vont dans les innombrables mondes des bouddhas et les visitent ; bien que les voyant et y demeurant, leur esprit ne s’attache pas aux mondes des bouddhas ; quand ils quittent ces mondes ils ne perdent pas ces mondes.

Parce que les bodhisattva-mahasattva sont capables de rester sans attachement, leur esprit ne connaît ni barrière, ni d’opposition aux enseignements du Bouddha. Ils comprennent la bodhi des bouddhas, réalisent les vinayas du Dharma, demeurent dans la vraie doctrine du Bouddha, s’entraînent dans les pratiques de bodhisattva, adhèrent aux pensées de bodhisattva et discutent de la compréhension sans entrave des bodhisattvas. Leur esprit ne s’attache pas aux objets de contemplation des bodhisattvas et n'est pas attaché aux pratiques de bodhisattva. Ils purifient le sentier des bodhisattvas et reçoivent les prédictions d’Éveil. Une fois qu’ils ont obtenu cette prédiction, ils formulent la pensée suivante :

« Les hommes ordinaires sont fous et ignorants, sans connaissance ni vision, sans foi ni compréhension, sans action intelligente. Ils sont pervers et hypocrites, cupides et entravés ; ils tournent et tournent encore dans le cycle sans fin des vies/morts. Ne cherchant pas à voir le Bouddha, ne suivant pas de guide spirituel, ne croyant pas les maîtres de la spiritualité, ils vivent dans l’erreur, noyés dans la confusion et s’engagent sur le sentier de tous les dangers. Ils ne respectent pas le Seigneur des dix forces spirituelles et ne comprennent pas les mérites des bodhisattvas. Ils chérissent leur propre monde minuscule et s’y accrochent, sont terrorisés quand ils entendent parler de non-substantialité. S’écartant du Vrai Dharma, ils suivent des enseignements erronés. Ils abandonnent le sentier supérieur et universel pour s’engager dans une voie pleine d’embûches et de crevasses. Tournant le dos au désir de bodhéité, ils courent après les séductions diaboliques. Ils sont fermement attachés à toute sorte de choses et refusent de les lâcher. »

Ayant observé cette sorte de comportement, les bodhisattvas-mahasattvas approfondissent leur capacité de compassion et développent les racines spirituelles du bien : ils quittent tous les attachements. Alors ils ont la pensée suivante :

« Je vais passer un nombre incalculable de vies à enseigner et transformer spirituellement chaque être vivant, chaque monde dans les dix directions, sans jamais me lasser ni renoncer. »

En outre, ils vont mesurer la totalité du domaine spirituel en utilisant comme unité de mesure la pointe d’un cheveu et, dans chaque espace ainsi mesuré, ils vont prêcher et guider les êtres au moyen de moyens appopriés*; et cela tout au long d’innombrables vies. Au cours de cette période, ils ne s’attacheront pas à un soi, ils ne croiront pas à l’existence d’un ego ni à celle des possessions, même pas une fraction de seconde ou le temps d’un claquement de doigts. Toujours dans l’avenir, dans chaque endroit mesuré avec la pointe d’un cheveu, ils vont s’adonner à la pratique de bodhisattvas, rejetant l’attachement à leur propre vie, au Dharma, à leurs souvenirs, à leurs vœux, à leurs observations, à la sérénité de la méditation, à leurs enseignements, à l’influence spirituelle, au salut des êtres vivants et même à leur entrée dans le monde spirituel. Pourquoi cela?

Les bodhisattvas-mahasattvas auront la pensée suivante :

« Je constate que :
- le monde de la spiritualité est comme une illusion d’optique ;
- les bouddhas sont comme des reflets ;
- les bodhisattvas sont comme des rêves ;
- les enseignements du Bouddha sont comme un écho ;
- tous les lieux sont comme des fantômes car ils relèvent des actes karmiques et de leurs rétributions ;
- les différentes vies sont comme des mirages car toutes les potentialités proviennent d’actes volontaires ;
- tous les êtres vivants sont comme des bulles de l’esprit car ils sont entachés par les adultérations de la pensée ;
- la spiritualité est en fait ligotée par la réalité car elle ne peut concevoir quelque chose de différent d’elle-même. »

Alors ils auront encore cette pensée :

« Je dois m’exercer à la pratique de bodhisattva partout dans l’univers des dix directions et à travers l’espace vide de la spiritualité, pour trouver le Bouddha dans une vision claire sans me laisser troubler par des hésitations de mes pensées. »

En enseignant le Dharma pour influencer spirituellement les êtres vivants, afin qu’avec une foi pure ils adhèrent à la doctrine du Bouddha, les bodhisattvas-mahasattvas aideront et sauveront chaque personne sans jamais se lasser ni renoncer. Comme ils ne connaîtront ni la fatigue ni le découragement, chaque fois qu’ils verront un être vivant qui n’a pas encore développé ses capacités spirituelles, ils iront vers lui et l’encourageront au moyen de divers moyens appopriés*.

Grâce à ces moyens appopriés* et grâce aux vœux qu’ils auront faits, ils resteront sereins parmi les êtres vivants et demeureront fermes malgré la variété de sons et de voix, d’actions karmiques et d'attachements, malgré les circonstances, les harmonies, les courants d’idées, les créations, les objets et les naissances/morts. Comment cela ? Atteindre le non-attachement, c’est atteindre l’autonomie. Tous les bénéfices, les leurs et ceux des autres, seront emplis de pureté.

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