Aujourd’hui, nous lirons les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

Nakchatra-raja-samkusumitabhijana, tout comme, par exemple, l'océan est primordial parmi l'ensemble des eaux, fleuves et rivières, ainsi en est-il également de ce Sutra du Lotus du Dharma, qui est le plus profond et le plus grand des sutras exposés par les Ainsi-Venus.

De même encore, que de la multitude des montagnes, le Mont de Terre, Kalaparvata (le Mont Noir), le Mont Chakravala (Enceinte de Fer), le Mont Mahachakravala (Grande Enceinte de Fer) et les dix monts Précieux ce soit le Mont Sumeru qui est primordial, ainsi en est-t-il de ce Sutra du Lotus du Dharma, qui est le plus éminent des sutras.

De même encore, que dans la multitude des étoiles, c'est la divine lune qui est primordiale, ainsi en est-il de ce Sutra du Lotus du Dharma, qui est le plus lumineux des milliers de millions de myriades de textes et enseignements.

De même encore, que le divin soleil est capable de dissiper les ténèbres, ainsi en est-il de ce Sutra, capable d'éliminer l'obscurité de l'ensemble des manquements au bien.

De même encore, que parmi les rois mandalins le roi balachakravartins soit le plus éminent, ainsi en est-il de ce Sutra, qui est le plus vénérable des sutras.

De même encore, qu'Indra soit roi parmi les trente-trois devas, ainsi en est-il de ce Sutra, qui est roi parmi les sutras.

De même encore, que le grand roi des devas Brahma soit le père de tous les êtres, ainsi en est-il de ce Sutra, qui est le père de tous les sages et les saints, des apprentis et de ceux qui sont au-delà de l'étude, ainsi que de ceux qui ont déployé la pensée de bodhisattva.

De même encore, que parmi tous les profanes le srotaapanna (l'entré dans le courant), le sakridagamin (celui qui ne revient qu'une fois), l'anagamin (le sans-retour), l'arhat, le pratyekabuddha soient primordiaux, ainsi en est-il de ce Sutra, qui est éminemment primordial parmi les textes et enseignements, qu'ils aient été exposés par tous les Ainsi-Venus, par les bodhisattvas ou par les auditeurs.

Et il en est de même de ceux qui sont capables de recevoir et garder ce Sutra : ils sont aussi les premiers de l'ensemble des êtres.

Parmi l'ensemble des auditeurs-shravakas et des pratyekabuddha, les bodhisattvas sont primordiaux ; il en est de même de ce Sutra, qui est éminemment primordial parmi l'ensemble des textes et enseignements.

De même que l'Éveillé est roi des enseignements, ainsi en est-il de ce Sutra, qui est roi des sutras.

Nakchatra-raja-samkusumitabhijana, ce Sutra peut sauver l'ensemble des êtres, ce Sutra peut permettre à l'ensemble des êtres de se dégager des affres passionnelles, ce Sutra peut dispenser une abondance de bienfaits à l'ensemble des êtres et combler leurs vœux, de même qu'une pièce d'eau pure et fraîche peut combler tous ceux qui ont soif. Comme le feu pour qui a froid, comme le vêtement pour qui est nu, comme le chef de caravane pour un marchand, comme la mère pour un enfant, comme le bac pour qui veut traverser, comme le médecin pour un malade, comme la lampe dans l'obscurité, comme le trésor dans la pauvreté, comme le roi pour le peuple, comme la mer pour le commerçant qui voyage, comme la torche qui dissipe les ténèbres, ainsi en est-il de ce Sutra, qui est capable de mener les êtres à se dégager de toutes les douleurs et de toutes les maladies et qui est capable d'affranchir de toutes les entraves de la naissance et de la mort.

Si l'on obtient d'entendre ce Sutra du Lotus du Dharma, si on le copie soi-même ou si on le fait copier par autrui, même en dénombrant leur quantité à l'aide de la sagesse de bouddha, on n’arrivera pas à épuiser l’ensemble des mérites qu’il recèle.

Si l'on copie les volumes de ce Sutra et si on leur fait des offrandes de fleurs, d'encens, de guirlandes, de fumigations, de poudres, d'onguents, de bannières, de dais, de vêtements, de toutes sortes de lampes - lampes à beurre clarifié, lampes à huile, lampes aux diverses essences : lampes à huile d'atimuktaka, lampes à huile de sumana, lampes à huile de patala, lampes à huile de jasmin varshika, lampes à huile de navamallika -, les mérites obtenus seront également innombrables.

Comme les jours précédents, consacrez votre temps de pratique restant à lire le Chapitre XVI en shindoku et à réciter Namu Myoho Renge Kyo. J’espère d’ailleurs que vous lisez maintenant le Chapitre XVI avec plus de facilité ! Si vous éprouvez encore quelques difficultés, ne vous découragez pas : il peut falloir beaucoup de temps pour en avoir une lecture fluide. Même une lecture imparfaite vous apportera de grands bienfaits : ne pensez donc surtout pas que cela ne sert à rien.

Le passage que nous avons lu aujourd’hui parle des bienfaits incomparables que nous obtiendrons en mettant en pratique, aussi peu soit-il, le Sutra du Lotus. J’aimerais souligner ce passage : « Comme la torche qui dissipe les ténèbres, ainsi en est-il de ce Sutra, […] capable de mener les êtres à se dégager de toutes les douleurs et de toutes les maladies et […] capable d'affranchir de toutes les entraves de la naissance et de la mort. »

Imaginez une grotte qui n’a pas vu la lumière depuis des milliers d’années. Il suffit pourtant d’y porter une torche allumée pour que l’endroit s’illumine en un instant... Quelles que soient la profondeur de l’obscurité ou la durée de cet éclairage, il en va de même de nos vies.

Peu importe la mauvaise opinion que nous avons de notre vie, ou la durée pendant laquelle nous n’avons pas pratiqué le Sutra du Lotus : l’effet d’un seul instant de pratique peut éliminer toutes les souffrances accumulées. Bien que nous puissions penser que ce phénomène est impossible, ou que nous ne remarquions pas de changement, une telle transformation est néanmoins bien réelle.

Voyons donc les choses ainsi : soyons sûrs que pendant notre psalmodie et pratique s’instaure un changement dans notre façon de penser, même si très bref. Avez-vous déjà remarqué la présence d’une ornière sur une parcelle d’herbe fréquemment foulée ? De nombreux pas ont en réalité déformé le sol et fait disparaitre l’herbe, durcissant la terre et empêchant l’herbe de croître.

Aussi, lorsque les gens ne marchent plus sur l’herbe, les conditions redeviennent favorables à sa croissance, mais que l’herbe repousse demandera du temps. Il en est de même de nos vies : si nous cessons de créer de mauvaises causes, le temps finit lui aussi par réduire nos souffrances.

Pour en revenir à la parcelle : si nous arrêtons de la fouler et qu’en plus, nous ameublissons le sol, plantons quelques graines et l’arrosons, de telles actions aideront l’herbe à repousser plus vite. Ainsi en est-il lorsque nous commençons à pratiquer le bouddhisme.

Bien que nous ne devenions pas plus conscients des causes que nous créons, nous nous éloignons des impuretés qui gisent tout au fond de nous. Notre pratique nous permet de commencer à planter et arroser des graines. Tant que nous pratiquons, nous prenons soin de notre parcelle d’herbe, de notre vie : nous nourrissons ce qui y est bon et, nourrissant des graines qui sont source du plus grand bonheur, nous commençons à éliminer les causes de nos souffrances.

Lorsque nous regardons notre parcelle d’herbe, tout ce que nous y voyons change en fait très rapidement, même si nous ne notons pas immédiatement les résultats de notre travail. Il en est de même pour notre vie et notre pratique bouddhique : des changements se produisent, même s’ils ont besoin de temps pour apparaitre.

Considérant votre pratique de cette manière, vous éliminez les ornières qui existent dans votre vie et changez vos modèles de comportement accumulés pendant des vies et des vies.

Continuez donc aujourd’hui à observer les huit voies justes de l’Octuple Noble Sentier et vos relations à autrui, tout en considérant ces pratiques comme des moyens pour nourrir les causes de votre Éveil.


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3112

2Traduction en français accessible sur http://www.nichiren-etudes.net/lotus/lotus-23.htm