Le
Palais royal
Lettres
et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 3, p. 81; SG* p. 490. |
|
J'ai bien reçu le kan et demi de pièces de monnaie. Je suis très heureux que vous m'ayez informé en détail de l'incendie [qui a détruit le temple Gokuraku-ji]. Les incendies sont mentionnés dans le Sutra Ninno* comme le troisième des sept désastres, et dans le Sutra du Lotus comme le premier des sept désastres. Aucun sabre
ne peut couper l'air, aucun feu ne peut brûler l'eau. Aucun feu
ne peut non plus détruire les saints, les personnes de mérite,
ni celles qui sont dotées de bonne
fortune ou de sagesse. En Inde, il y eut une cité fortifiée
appelée Rajagriha. On
disait qu'elle comptait 900.000 habitations et qu'elle avait été
sept fois détruite par des incendies. Voyant toute la population
prête à quitter la ville, le Grand Roi s'attristait sans
savoir que faire. C'est alors qu'un sage le conseilla en disant : "La
destruction par le feu, l'un des sept
désastres, se produit quand un sage
quitte le pays et quand la bonne fortune
du roi est épuisée. Pourtant, ces incendies répétés
ont détruit les maisons du peuple mais n'ont jamais atteint le
palais royal. Cela indique que la faute n'en incombe pas au roi mais
au peuple. Par conséquent, si vous appelez les maisons de votre
peuple "Palais royal", le dieu du feu répugnera à
les incendier." Le roi pensa que c'était un avis raisonnable
et donna à sa ville tout entière le nom de Rajagriha
[palais royal]. Aucun incendie ne s'y déclara plus par la suite.
Ainsi [ce récit nous enseigne que] les incendies ne peuvent pas
détruire une personne dotée d'une grande bonne fortune. Le nom qu'elle porte exprime la nature d'une chose. Le prétendu sage Ryoka-bo (note) qui s'oppose au Dharma est considéré comme leur maître par tous les habitants de Kamakura, du plus modeste au plus haut-placé. Un premier feu s'est déclaré près de lui, transformant le temple Gokuraku-ji [temple de la béatitude] en Jigoku-ji [temple de l'enfer]. Le second feu s'est répandu dans Kamakura et a détruit le palais royal. De plus, ce double feu a non seulement fait des ravages dans le pays en cette vie-ci mais il est le présage que celui que le Japon tout entier considère comme son maître ainsi que ses disciples [dans leur vie prochaine] tomberont dans l'enfer avici et brûleront dans les flammes de l'enfer avici. Cela est dû au fait que les moines ignorants n'ont pas su tenir compte des propos d'un sage. Comme c'est regrettable, comme c'est regrettable ! Je vous ai déjà écrit longuement à ce sujet. [A propos] j'ai laissé la jument [que vous m'avez donnée] paître en liberté. Elle a trouvé un compagnon et donné naissance à un poulain de robe noisette. J'aimerais pouvoir vous le montrer. Ici aussi j'ai beaucoup entendu parler de la nonne de Nagoe. On m'a dit que quelqu'un l'avait rencontrée et sévèrement prise à parti parce qu'elle faisait l'éloge des principes théoriques [du Tendai]. Pour ce qui est des prières de votre femme, bien qu'elle ne doute pas du Sutra du Lotus, sa foi est peut-être faible. Certains ont parfois l'air de pratiquer comme le Bouddha l'enseigne, mais en réalité leur foi n'est pas solide. Vous le savez parfaitement. D'ailleurs, il serait plus facile de saisir le vent que de comprendre le coeur d'une femme. Le fait que les prières de Nichigen-nyo ne soient pas exaucées fait penser à un bon arc dont la corde ne serait pas assez solide, ou à une personne armée d'un grand sabre mais dénuée de courage. Ce n'est en rien la faute du Sutra du Lotus. Expliquez-lui précisément qu'elle devrait elle-même abandonner une fois pour toutes la pratique du Nembutsu et de Ritsu et, dans toute la mesure de ses capacités, qu'elle devrait convaincre les autres d'en faire autant, de la même manière que vous êtes vous-même resté fidèle à votre croyance sans craindre de susciter des inimitiés. Quelle que soit sa croyance dans le Sutra du Lotus, je ne pense pas qu'elle haïsse les ennemis de ce Sutra autant qu'elle haïrait des courtisanes. En toutes circonstances, en ce monde, ceux qui s'opposent à la volonté de leurs parents ou désobéissent à leur souverain encourront la colère du Ciel pour leur manque de piété filiale ou leur conduite déloyale. Toutefois, si nos parents ou notre souverain deviennent les ennemis du Sutra du Lotus, ne pas leur obéir est un acte de piété filiale et une manière de nous acquitter de notre dette de reconnaissance à l'égard de notre pays. Par conséquent, depuis que j'ai lu le Sutra du Lotus, [j'ai conservé ma foi sans faiblir] même quand mes parents m'ont supplié d'arrêter en joignant les mains, quand mon maître a rompu tous liens avec moi, quand j'ai été exilé à deux reprises (note) par le Régent de Kamakura, et après avoir échappé de peu à la décapitation. Parce que j'ai persévéré sans aucune crainte, certains aujourd'hui au Japon pensent que j'ai peut-être raison. Je suis peut-être la seule personne au Japon qui, tout en ayant désobéi à son souverain, à ses parents et à son maître, bénéficie finalement de la protection des divinités célestes. Observez bien ce qui se passera à l'avenir. Si les moines qui critiquent Nichiren prient pour la paix du Japon, ils ne feront que hâter la ruine du pays. En définitive, [si rien n'est fait pour éviter ces conséquences graves] tous les Japonais, du souverain jusqu'au dernier de ses sujets, seront réduits en esclavage par les soldats mongols aux cheveux noués et le regretteront amèrement. Sans parler de la vie prochaine [dans laquelle ceux qui s'opposent au Dharma connaîtront des souffrances épouvantables] je prie pour que Bonten, Taishaku, les divinités Nitten, Gatten et les quatre Rois du Ciel punissent dans cette vie ceux qui s'opposent au Sutra du Lotus afin que cela serve d'avertissement à tous. Que l'on décide ensuite [d'après la justesse de mes prédictions] (note) si Nichiren est le Pratiquant du Sutra du Lotus ou non. Quand je parle de cette manière, le souverain du pays et d'autres pensent peut-être que je profère des menaces. Mais je ne dis pas cela [le moins du monde] par haine. C'est plutôt motivé par une bienveillance profonde, afin qu'ils puissent effacer en cette vie-ci la cause des tortures dans l'enfer avici [dans lequel ils seront autrement condamnés à tomber]. Le Grand-maître* Guanding* dit : "En permettant à une personne [qui offense le Dharma] de corriger son erreur, on agit comme son parent."(réf.) Moi, Nichiren, qui les réprimande pour leurs erreurs, suis le père et la mère du souverain du pays et le maître de tous les êtres humains. J'aurais encore bien des choses à écrire mais je m'arrêterai ici. Je vous remercie pour votre envoi d'une sacoche de gingembre et de blé. Nichiren. Le douzième jour du quatrième mois de la première année de Kenji (1275). ARRIERE-PLAN
- Cette lettre fut écrite le 12 avril 1275, en réponse
à un rapport de Shijo Kingo informant Nichiren Daishonin du fait
que des incendies s'étaient déclarés à la
fois au temple Gokraku-ji et au palais du Shogun, siège du gouvernement
militaire. L'original de ce gosho a été perdu et il n'en
subsiste que des copies. Par conséquent une légère
ambiguïté demeure concernant l'année où il
fut écrit, certains optant pour 1276, plutôt que 1275. En anglais : The Royal Palace - http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=488&m=1&q=The%20Royal%20Palace |
||
Retour | ||