Jozo et Jogen

(Les deux fils Pure-Resserre et Pure-Vision)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 7, p. 267; SG* p. 1059.
Gosho Zenshu p. 1396 - Jozo Jogen goshosoku


Minobu, 27 septembre 1280 à Matsuno   ?

 

J'ai bien reçu le sac de riz, le panier de melons, les ignames et autres dons que vous m'avez fait parvenir.

Il y eut autrefois un homme au service d'un riche personnage nommé Rakutoku. De jour comme de nuit, lui, sa femme et leurs enfants étaient soumis aux plus dures corvées. Finalement, excédé par tant de mauvais traitements, il se cacha et s'enfuit dans un autre pays. Après avoir servi un certain temps à la cour du grand roi de ce pays, il devint d'abord un fonctionnaire important et finalement Premier ministre. Par la suite, grâce à l'armée de son pays d'adoption, il vainquit le pays où résidait Rakutoku, son maître d'antan. Ce dernier, lorsqu'il reconnut en ce Premier ministre l'homme jadis à son service, fut grandement effrayé et regretta de l'avoir tant maltraité par le passé. Il se mit immédiatement au service du Premier ministre, et lui fit don de plusieurs trésors. Et sans se soucier le moins du monde d'avoir été vaincu, il ne se préoccupa plus que d'avoir la vie sauve.

Il en va de même pour le Sutra du Lotus : il est le souverain du bouddha Yakushi* à l'est, aussi bien que de tous les bouddhas du sud, de l'ouest, du nord et des mondes du zénith et du nadir. Le Bouddha Shakyamuni et les autres bouddhas révèrent les caractères du Sutra du Lotus avec la même crainte respectueuse que les peuples manifestent envers leurs rois ou la même vénération que les étoiles ont pour la lune.

Toutefois, nous, simples mortels, sommes depuis longtemps sous l'emprise du Démon du sixième Ciel. Il nous a gardés prisonniers des mondes-états d'enfer, des esprits faméliques* et des animaux, sans un instant de répit, jour et nuit, nous sommes torturés par les gardiens de l'enfer. Mais si, d'une façon ou d'une autre, nous parvenons à nous placer sous la protection du Sutra du Lotus, le Bouddha Shakyamuni et les bouddhas des dix directions nous traiteront comme leurs enfants, et même les divinités célestes Bonten et Taishaku auront peur de s'approcher de nous. Et le Démon du sixième Ciel nous craindra encore bien davantage  ! Même si ce Roi-démon était auparavant notre maître, il adoptera désormais une attitude de crainte respectueuse à notre égard. Et, craignant par-dessus tout qu'en nous causant des troubles sa situation ne fasse qu'empirer quand il se présentera devant le Sutra du Lotus et les bouddhas des dix directions, il nous fera des dons. Voilà pourquoi il accomplit tous les efforts et utilise tous les moyens possibles pour empêcher les êtres vivants dans les Six Voies d'accepter le Sutra du Lotus.

Quelle chose mystérieuse  ! Vous m'avez pris en pitié, moi Nichiren, que tous haïssent, et vous m'avez fait parvenir divers aliments jusqu'en ce lieu de montagne bien plus d'une ou deux fois. C'est là quelque chose de peu ordinaire. Peut-être est-ce le Bouddha Shakyamuni lui-même qui vous habite, à moins que votre fils défunt, une fois devenu bouddha, soit entré dans leur cœur afin de guider son père et sa mère.

Le roi Myoshogon était un mauvais roi. Pourtant, parce que ses deux fils, Jozo et Jogen, le guidèrent sur la Voie, lui et son épouse eurent tous deux foi dans le Sutra du Lotus et devinrent bouddha. Comme il est merveilleux que votre situation ressemble à ce point à la sienne !

Kai-ko [Nichiji] m'a dit [en parlant de votre fils défunt] : "Sa prestance était peu commune, tout comme la beauté de ses traits. De plus, il avait un cœur honnête et une grande sagesse. J'ai ressenti un profond chagrin en voyant quelqu'un de si remarquable mourir si jeune. Mais, en y réfléchissant, j'ai compris que c'était grâce à la mort de ce garçon que sa mère s'était mise à rechercher la Voie, et que son père avait commencé à pratiquer, en priant pour son repos dans les vies futures. Quel lien mystérieux  ! De plus, s'ils ont eu foi dans le Sutra du Lotus, que tous détestent, c'est sans doute que leur fils aîné est venu près d'eux pour les encourager dans cette croyance."

Moi, Nichiren, je suis du même avis. Auparavant, je connaissais votre sincérité et la savais authentique, mais maintenant, pour la première fois, je ressens toute la profondeur de votre foi. Si quelque chose devait vous arriver, les cinq caractères de Myoho Renge Kyo seront pour vous comme la lune qui apparaît pour dissiper l'obscurité et illuminer la nuit. Et dans cette lune, j'en suis convaincu, vous verrez le Bouddha Shakyamuni, les bouddhas des dix directions et le fils qui vous a précédé dans la mort. Je vous écrirai plus longuement en une autre occasion.

Avec mon profond respect,
Nichiren.

Le 7e jour du 7e mois

ARRIERE-PLAN - Cette lettre fut écrite le septième jour du septième mois de 1280 mais on n'est pas certain de son destinataire. Il existe une version selon laquelle il s'agirait de Matsuno Rokuro Zaemon no jo, qui vivait dans le village de Matsuno dans le District de Ihara dans la province de Suruga, tandis qu'une autre dit qu'elle a été envoyée à Niike Zaemon-no-jo. La description de Kai-ko sur l'apparence et la personnalité du fils suggère qu'il le connaissait personnellement, soutenant ainsi l'idée que la lettre était destinée à Matsuno Rokuro Zaemon, le frère aîné de Nichiji.(Commentaire ACEP)

En anglais : Jozo and Jogen ou The Sons Pure Storehouse and Pure Eye

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=1049&m=1&q=Pure%20Storehouse
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_JozoJogen.htm

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